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Première partie : Contexte de la recherche et problématique

Partie 2 : Volet théorique : Les modèles du développement professionnel continu (DPC) et de

4. Synthèse: Evaluation des pratiques professionnelles, Développement Professionnel Continu, changement des pratiques, un chaînon manquant

4.3. De l’analyse à l’évaluation des pratiques professionnelles

La réflexion sur les pratiques dans une visée de transformation des pratiques pose des questions pratiques : sur quoi réfléchir, comment réfléchir et pourquoi réfléchir ?

L’analyse des pratiques ne doit pas se limiter à une approche analytique descriptive. L’approche analytique ou approche linéaire, héritée d’Aristote et rendue "opérationnelle" par Descartes au 17e siècle, préconise de découper un problème en sous problèmes, et de résoudre chronologiquement les sous problèmes considérés comme indépendants, afin de résoudre le problème principal.

L’approche analytique permet de décrire et isoler les différentes séquences de la relation entre le praticien et son patient. C’est un recueil organisé de données, une phase

descriptive, qui ne tient pas compte des interactions multiples de la relation de soins. Les

limites de cette approche exclusive du mode de pensée linéaire sont souvent évoquées

(Lapointe, 1993.)198.

La première tient en la fragmentation du savoir en autant de domaines qu’il y a de phénomènes à étudier, entraînant la surspécialisation, et une difficulté de communication

197 Perrenoud, P. (2001). « Mettre la pratique réflexive au centre du projet de formation », Cahiers pédagogiques,

(390), p.42-45.

198 Lapointe J., 1993. L’approche systémique et la technologie de l’éducation, in Les fondements de la

technologie éducative, Educatechnologiques., Québec, Université Laval, n°1, février, 54-87 http://www.fse.ulaval.ca/fac/ten/re...

entre les spécialistes, donc un isolement des disciplines scientifiques les unes envers les autres d’une part, et face à l’exercice réel d’autre part.

La deuxième tient en une définition étroite des situations rencontrées et donc une efficacité moindre face à des situations dites complexes.

Les pratiques réelles mobilisent des ressources propres à chaque individu et intègrent les perceptions individuelles de la situation rencontrée. La dimension formative de l’évaluation dans une perspective d’amélioration des pratiques professionnelles, au nom du service médical rendu au patient, exige un haut niveau de réflexivité qui va au-delà de la simple analyse des pratiques. Limiter l’analyse des pratiques à une approche linéaire revient à

effacer la richesse et la complexité de la relation de soins.

Ces situations, dites complexes, doivent pouvoir être étudiées sous différentes perspectives, sous différents angles, en fonction de plusieurs structures cognitives et de divers systèmes de valeurs. Le Moigne (1977)199 propose une nouvelle approche, l’approche systémique. Elle favorise tout d’abord une vision globale de la réalité considérée comme un système200

, éventuellement constitués de sous-systèmes. « Les objets à expliquer sont considérés comme parties de plus grands touts, plutôt que comme des touts qu’il faut décomposer en parties » (Ackoff, 1972)201.

L’analyse et l’évaluation vont alors se concentrer sur les interactions et leurs effets. Elles prennent en compte l’environnement : « un phénomène demeure incompréhensible

tant que le champ de l’observation n’est pas suffisamment large pour qu’y soit inclus le contexte dans lequel ledit phénomène se produit » (Watzlawick et al, 1972)202. Le principe étant qu’il est toujours arbitraire de délimiter un système puisque tout système est lui-même inséré dans un système englobant. Selon l’approche systémique, le tout est plus que la

somme des parties. Le système a des propriétés que ses sous-ensembles pris

individuellement n’ont pas. Enfin « interpréter l’objet non pas en lui-même mais par son comportement. Comprendre ce comportement et les ressources qu’il mobilise par rapport aux projets que, librement, le modélisateur attribue à l’objet203

»

199 Le Moigne, J.L. (1977). La théorie du système général, Théorie de la modélisation, Paris :Col., Systèmes-

Décisions, Presses Universitaires de France.

200

Donnadieu D, Karsky M, La systémique, penser et agir dans la complexité. Paris : Ed. Liaisons, 2002

201 Ackoff R.L. and Emery F.E. (1972) On Purposeful Systems. Tavistock Publications, Londres: 288 pp. 202

Watzlawick et al. – Une logique de la communication – New York : Seuil, 1972

203 Lapointe J., 1993. L’approche systémique et la technologie de l’éducation, in Les fondements de la

technologie éducative, Educatechnologiques., Québec, Université Laval, n°1, février, 54-87 http://www.fse.ulaval.ca/fac/ten/re...

La figure 4 contribue à identifier l’interaction entre analyse des pratiques et évaluations des pratiques professionnelles. L’analyse vise à décomposer en éléments distincts pour décrire

et comprendre les modèles d’action. L’évaluation, en référence à un référentiel, a pour objectif de réguler l’action en la resituant dans son contexte.

La science ou théorie de l’action (praxéologie) est issue de la théorie du praticien réflexif des travaux de Schön. Elle est « une démarche construit, d’autonomisation et de conscientisation de l’agir dans son histoire, dans ses pratiques quotidiennes, dans ses processus de changement et dans la mesure de ses conséquences » 204 . Elle fournit des outils pour amener les personnes en situation professionnelle ou en formation à réfléchir dans et sur leur action.

Dialogue entre le sujet et les évènements, le praticien est amené à expliciter et à prendre conscience des valeurs en jeu dans son agir professionnel dans une perspective d’amélioration de ses pratiques.

Figure 4 : De l’analyse à l’évaluation : les étapes du processus réflexif d’évaluation des pratiques professionnelles

Source : Adapté d’après Jorro A. L’évaluation génératrice de développement professionnel ? Evaluation et

développement professionnel, L’Harmattan, p. 11-37, 2007, Pratiques en formation.

L’évaluation de pratiques professionnelles se propose comme une évaluation formative. La finalité pédagogique est d’aider les apprenants à progresser à améliorer leurs pratiques.

204 Lhotellier A et St Arnaud Y. 1994. Pour une démarche praxéologique. Nouvelles pratiques sociales, vol. 7, n°

2, 1994, p. 93-109. http://id.erudit.org/iderudit/301279ar

Analyser

Décomposer en éléments distincts

Pour décrire et comprendre les modèles d’action

Évaluer

Confronter les normes, les valeurs. Questionner les

interactions

Pour interpréter et réguler

Les étapes du processus réflexif

L’approche analytique permet d’établir un constat, là où l’approche systémique permet de questionner, problématiser, confronter des valeurs pour comprendre et réguler.

La dimension réflexive de l’évaluation des pratiques professionnelles est un objectif fort du développement professionnel continu. Former des praticiens à une posture réflexive,

voire à une compétence réflexive nécessite une démarche pédagogique centrée sur

l’apprenant, qui ne vise plus à produire des comportements reproductibles, mais à développer des capacités à produire des conduites adaptées face à des situations

complexes diverses et variées.

4.4. Un cadre de référence émergent : la visée réflexive de l’Evaluation des pratique

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