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IMPLANTES COCHLEAIRES

II.4. D ESIGN STATISTIQUE

II.5.1. Evaluation du développement global des enfants (BL-R) 1 Développement global et rapport à la norme

II.5.1.2. Développement postural

Dans le domaine postural, nous pouvons observer Figure 17 que les courbes d’évolution de tous les enfants de notre cohorte suivent une tendance ascendante, proche de celle observée chez leurs pairs normo-entendants, liée à la maturation.

Figure 17. Evolution des âges de développement postural des enfants de notre cohorte obtenus au BL-R, en

comparaison avec la norme, du bilan pré-implant à 12 mois post-activation.

Néanmoins, les enfants présentent en moyenne à tous les temps, un retard postural par rapport à la norme (moyenne des QDP de T1 à T5 < norme, Wilcoxon, p<.05 pour toutes les comparaisons). Cependant, la variabilité interindividuelle est importante. Une classification hiérarchique des données (méthode de Ward7) confirme cette observation, deux clusters pouvant être nettement distingués : Diane, Timéo et Eliott constituent le premier groupe, Jeanne et Léo en forment un second. Maël et Nadia ont été exclus de cette analyse, car ils plafonnent dès T2 (3 valeurs manquantes pour l’étude longitudinale). Si les QDP moyens des deux groupes sont significativement inférieurs à la norme (Wilcoxon, p<.05), les enfants du premier groupe présentent seulement un léger retard voire ont des scores compris dans les variations normales de développement, alors que ceux du deuxième cluster ont un retard de développement important.

Afin de représenter graphiquement ces différences de manière plus lisible qu’avec les quotients de développement partiels, tout en conservant une relative indépendance vis- à-vis de la variabilité de l’âge initial des enfants, nous avons calculé un quotient de retard postural :

𝑄𝑄 =Age chronologique (mois)−Age de développement postural(mois)Age chronologique (mois) ∗ 100

7 La méthode de Ward pour distance Euclidienne permet d’agréger les participants dont les scores sont proches.

5 15 25 35 45 5 15 25 35 45 Ag e de ve lo ppe me nt po st ur al

Age chronologique(en mois)

Timéo Diane Eliott Jeanne Léo Maël Nadia Norme Plafond test

Figure 18. Evolution du retard postural présenté par les enfants de notre cohorte en fonction du temps.

Comme nous pouvons le voir sur la Figure 18, le retard évolue de manière différente au cours du temps pour chaque enfant.

Jeanne, présentant le plus grand retard, peine à acquérir la coordination de ses mouvements. De ce fait, même si l’on observe une légère amélioration de ses performances à T3, elle retrouve, à T4, le même niveau de retard qu’à T1 : à 6 et à 9 mois post-activation, elle ne marche pas à reculons, et ne court pas encore. L’acquisition de l’équilibre est également complexe : elle ne tient pas sur un pied avec aide à 12 mois post-activation. Ceci peut être expliqué par son hypotonie axiale initiale imputable à l’étiologie de sa surdité (CMV).

Timéo, enfant le plus jeune de notre cohorte, présente des compétences posturales proches de la norme à T1 (QDPT1=89). Son retard s’accroit à T2 (QDPT2=83) et fluctue par la

suite (QDPT3=86, QDPT4=94 ; QDPT5=85). Il est cependant difficile de savoir s’il s’agit de ses

capacités réelles, car il oppose beaucoup de refus dans la réalisation des tâches. Néanmoins, il semble se développer sans réelle difficultés dans ce secteur.

Diane pour sa part présente, lors du bilan pré-implant, un léger retard de développement (QDPT1=80), car elle ne fait pas encore de mouvements nets de déplacement

et ne réussit pas encore à passer de la position couchée à la position assise. Néanmoins, elle se tient bien assise et tient debout avec support. Ce retard postural, observé à 10 mois, est comblé quelques mois plus tard (QDPT2=96 ; QDPT3=92 ; QDPT4=94). A 12 mois post-

activation (soit à 28 mois et 24 jours d’âge réel), Diane est une petite fille qui s’est bien développée : elle marche et court, donne un coup de pied dans le ballon… Son quotient de développement postural est légèrement inférieur à la norme (QDPT5=85), mais les items

attendus à 24 mois sont tous acquis.

Eliott, quant à lui est en retard sur le plan postural jusqu’à ses 23 mois environ (QDPT1=86 ; QDP T2=79 ; QDP T3=75) puis rattrape la norme à T4 (QDPT4=92).

0 10 20 30 40 T1 T2 T3 T4 T5 Q uo ti en t de r et ar d po st ur al Temps Timéo Diane Eliott Jeanne Léo Maël Nadia

Synthèse :

· Le quotient de développement postural des enfants varie de 64 à 89 lors du bilan pré- implant et de 75 à 85 à T5 (pour les enfants ayant mois de 30 mois). Tous les enfants ont donc des résultats significativement inférieurs à la moyenne théorique (QDP=100). On observe néanmoins une variabilité interindividuelle importante dans le développement postural des enfants de notre cohorte. Certains présentent des résultats très retardés alors que d’autres ont des QDP compris dans les variations normales de développement.

· Notons toutefois que certains items semblent plus difficiles à acquérir que d’autres (cf. items de 30 mois).

Cependant, nous pouvons remarquer pour ces trois enfants (Timéo, Diane et Eliott) que, bien qu’ayant des trajectoires développementales quelque peu différentes sur le plan postural, aucun ne réussit à acquérir les items attendus à 30 mois (« monte l’escalier seul en alternant les pieds », « se tient sur un pied sans aide », items effectivement proposés à l’enfant au cours de la passation). Leur QD postural à T5 est donc chuté.

Léo, enfin, stagne entre T3 et T4 à un développement de 27 mois, ne réussissant pas à se tenir sur un pied sans aide, ce qu’il réussit à T5, alors qu’il a 38 mois.

Dans le cas des deux enfants les plus grands qui plafonnent rapidement, aucune analyse fine ne peut être effectuée. Cependant, nous observons que Nadia n’a pas acquis les items attendus à 30 mois lors du bilan pré-implant, alors qu’elle a déjà 36 mois d’âge réel.

Ces vignettes, réalisées pour chaque enfant, nous permettent de mieux comprendre les trajectoires développementales individuelles sur le plan postural. Néanmoins, si l’on raisonne de manière globale, les différences observées entre les quotients de développement postural des enfants à T1 et à tous les autres temps, ainsi qu’entre chacun des autres temps ne sont pas significatives (Wilcoxon, p>.05 pour toutes les comparaisons). Le quotient de développement postural des enfants fluctue donc certes au cours du temps, mais n’est en réalité pas fondamentalement différent d’un temps à l’autre.

II.5.1.3. Développement de la coordination oculo-manuelle