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IMPLANTES COCHLEAIRES

ADL 12 mois post-activation

II.5.1.5. Développement de la sociabilité

On observe ici (Figure 22) qu’aucun enfant n’atteint l’âge plafond dans ce domaine. L’item de 30 mois « comprend deux prépositions : dans, sur, derrière, devant, dessous » n’est jamais acquis par les enfants, même par les plus âgés qui dépassent 30 mois.

On peut également noter que certains items non langagiers ne sont pas acquis pour quelques enfants, alors qu’ils le devraient :

- Fait boire, fait manger ou coiffe l’adulte (2 réussites sur 3, attendu à 17 mois) pour Timéo à 18 mois 21 jours, Eliott à 19 mois 18 jours et Jeanne à 21 mois 8 jours : ils peuvent le faire avec la poupée mais ne sont pas encore entrés dans le jeu social avec l’adulte.

- Lave ses mains et essaie de les essuyer (attendu à 24 mois) pour Eliott à 25 mois 29 jours ;

- Enfile seul ses chaussons ou ses chaussettes pour Nadia (attendu à 30 mois) à 36 mois 24 jours et à 43 mois 7 jours.

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Age chronologique (en mois)

Sociabilité

(Tous modes de communication)

Figure 22. Evolution des âges de développement social des enfants de notre cohorte en comparaison avec la

norme, du bilan pré-implant à 12 mois post-activation.Le premier graphique représente l’âge de développement en sociabilité des enfants lorsque les items sont cotés à l’oral seul, le deuxième graphique prend en compte tous les modes de communication qu’ont les enfants à leur disposition.

Une analyse de corrélation a été effectuée afin d’étudier le lien entre l’âge à l’activation et les QDS obtenus par les enfants à chaque temps. Seule une corrélation a été mise en évidence à T3 (rs=-.82, p<.02). Plus les enfants sont implantés tôt, meilleur est leur développement de la sociabilité 6 mois post-activation.

II.5.1.5.1. Comparaison par rapport à la norme

L’analyse statistique effectuée à l’aide du test de Wilcoxon met en évidence une différence significative entre les résultats obtenus par les enfants de notre échantillon et la norme théorique (QD=100), à tous les temps (p<.05). Une analyse de cluster (méthode de Ward) a ensuite été appliquée (même si les cohortes sont déjà très petites) afin de vérifier qualitativement les regroupements observés sur les graphiques (Figure 22). Eliott, Diane et Timéo constituent un groupe homogène, rejoint par Jeanne. Eliott et Maël, quant à eux, forment un second groupe alors que Nadia est isolée. Mais, lorsqu’une analyse de Wilcoxon est réalisée sur le premier cluster, leurs résultats n’apparaissent plus significativement différents de la norme. Cependant, étant donné la faible puissance des tests, la fiabilité de ces analyses reste discutable. Nous avons donc préféré ici la compléter avec des vignettes présentant chaque enfant.

0 10 20 30 40 50 0 20 40 Ag e de ve lo ppe me nt s oc ia bi lit é

Age chronologique (en mois)

Sociabilité (Oral seul)

Timéo obtient des scores proches de la norme en pré-implant (QDST1=89). Il

manifeste quand on met un objet hors de sa portée et comprend une défense (avec geste de la main ou toucher). Cependant, les items attendus à 10 mois -âge qu’il vient juste d’atteindre- ne sont pas encore acquis : il ne regarde pas encore ce que l’adulte regarde, et ne recommence pas à faire les mimiques qui ont fait rire l’adulte. Il reste encore très égocentré. Ses performances progressent en post-implant, mais de manière plus lente qu’attendu. De fait, Timéo présente un retard léger à T2 (QDST2=82) qui s’accroit par la suite

(QDST3=79 ; QDST4=72). A 21,5 mois (T3), Timéo n’est pas encore entré dans le jeu

symbolique (attendu à 20 mois). Il joue très peu à faire semblant, et n’est pas en mesure d’exécuter des instructions avec la poupée, même signées. A 25 mois (T4), le jeu symbolique est en place, mais l’exécution de consignes même simples reste complexe. Cette capacité se met progressivement en place. A 28 mois (T5), il se montre capable d’exécuter des instructions (brosser la poupée, la faire boire), lorsque la consigne lui est présentée en LSF, mais pas à l’oral. Ses capacités en socialisation passent alors de déficitaires à légèrement inférieures à la norme (QDST5 sans LSF=71 ; QDST5 avec LSF=85).

Diane présente un léger retard en pré-implant puisqu’elle ne réussit pas les items attendus à 10 mois (QDST1=83). Ce retard est observé également à tous les autres temps

(QDS respectivement : 88, 85, 79 et 71), d’autant plus que les items de sociabilité demandent de plus en plus de capacités langagières à mesure que l’âge augmente. Ce retard peut être comblé à 9 mois post-activation (QDST4=94), et est limité à 12 mois post-

activation (QDST5=85) si l’on prend en compte l’utilisation du code pour donner les

consignes.

Eliott présente des résultats légèrement retardés par rapport à la norme en pré- implant (11 mois 17 jours), car il ne s’intéresse pas au jeu de coucou (attendu à 7 mois), et n’obtient aucun item attendus à 12 mois. Ces items sont présents à T2 alors qu’il a 19 mois. En revanche, son entrée dans le jeu avec l’adulte (attendu à 17 mois) n’est observée qu’à T3, alors qu’il est âgé de plus de 22 mois. Son niveau augmente néanmoins entre T1 et T3, ses performances se rapprochant de la norme (QDST1= 82; QDS T2=87 ; QDS T3=88). Mais à 9 et

12 mois, une chute de QDS très importante est observée (QDST4=77 ; QDS T5=68). A T4, l’item

de 24 mois, « lave ses mains et essaie de les essuyer » n’est pas réussi alors qu’il a 25 mois. Or, cet item étant le seul permettant d’obtenir ce niveau, Eliott stagne à un niveau de sociabilité de 20 mois au BL-R. A T5, il n’obtient aucun des items de 30 mois et n’exécute aucune instruction avec la poupée. Ne pouvant pas déterminer s’il s’agit d’un refus ou d’une difficulté, nous ne lui avons pas crédité, même s’il l’avait obtenu à 6 et 9 mois post- activation, à l’oral seul.

Jeanne, pour sa part, présente lors des premières évaluations une passivité dans les interactions et une difficulté pour comprendre les consignes. Ses performances en sociabilité s’améliorent nettement entre T3 et T4, au même moment où l’on observe chez

elle une évolution langagière importante. Elle rattrape alors son retard (QDST4=91), et peut

être un partenaire d’interaction actif, utilisant quelques mots familiers à l’oral et commençant à répondre à des consignes simples à l’oral seul. Néanmoins, son score chute à T5 (QDST5=81), reflétant alors probablement l’impact de son retard langagier et moteur sur

la sociabilité.

Léo présente des capacités égales à la norme en pré-implant (QDS T1=105), alors qu’il

a 17 mois. Cependant, son niveau décroit en post-activation. En effet, Léo ayant été implanté 7 mois après le bilan pré-implant, n’a été revu à trois mois post-activation qu’un an plus tard. Or, à 29 mois, les attentes en sociabilité sont plus importantes. Même s’il peut exécuter les instructions lorsque celles-ci lui sont données en LSF (à 3, 6 et 9 mois), il présente des difficultés pour acquérir les items de 30 mois. L’item langagier de sociabilité attendu à 20 mois n’est acquis à l’oral seul qu’à 12 mois post-activation. Son implantation tardive semble donc avoir impacté ses acquisitions langagières mais aussi celles de sociabilité, puisqu’elles font intervenir le langage, et qu’il ne l’a développé (en signes comme à l’oral) qu’à un âge plus avancé.

Maël, âgé de 25 mois lors du bilan pré-implant, échoue à l’item de sociabilité nécessitant des capacités langagières en réception (« exécute des instructions avec la poupée », attendu à 20 mois). De fait, son QDS est retardé (QDST1=79), et continue de

diminuer à trois mois post-activation (QDST2=71), échouant en plus l’item langagier de

sociabilité de 30 mois. Les performances de Maël en LSF à partir de 6 mois post-activation, lui permettent d’obtenir l’item de 20 mois (coté uniquement lorsque tous les modes de communication sont pris en compte), mais l’item attendu à 30 mois (compréhension de prépositions), n’est jamais obtenu par Maël. De ce fait, son QDS diminue jusqu’à atteindre 55 (ou 62 si l’on prend en compte l’utilisation de la LSF) à 12 mois post-activation.

Nadia est dans la même situation que Maël. Cependant, étant plus âgée que lui, ses QDS sont plus faibles (compris entre 46 et 59). Par ailleurs, l’item « enfile seul ses chaussons ou ses chaussettes » n’est acquis chez Nadia qu’à 45 mois, ses parents avouant ne pas la laisser faire avant.

II.5.1.5.2. Lien entre langage et sociabilité

Le développement de ce domaine semble se faire par paliers, impactés par la réussite ou non à l’item de 20 mois faisant intervenir du langage en réception : « exécute des instructions avec la poupée ». Les quotients de développement de sociabilité sont d’ailleurs significativement corrélés au QD de langage à différents temps (cf. Tableau 27, ci-après).

Tableau 27

Corrélations de Spearman entre les QD de sociabilité et les QD langagiers aux cinq temps QDS QDL T1 T2 T3 T4 T5 T1 .87** T2 T3 .90** .87** T4 .90* .93** T5 .85* .94**

Note. Corrélations de Spearman, rs et p-value (n=7).

Ne sont présentés ici que les résultats significatifs, obtenus dans les deux cas à l’oral seul. Significativité : * p<.05, ** p<.01 , *** p<.001.

Cet item de sociabilité faisant intervenir des compétences langagières est réussi plus tôt lorsque l’expérimentateur donne les instructions en français signé (chez quatre enfants sur sept : Timéo, Léo, Maël et Nadia) ou en utilisant la LPC (pour une enfant : Diane). Au niveau individuel, nous observons donc un impact réel des modes de communication augmentatifs. Cependant, aucune différence statistique significative n’a été constatée sur les performances de notre échantillon à aucun des temps (Wilcoxon, NS : différence sur un seul item).