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6. RÉSULTATS ET DISCUSSION

6.1.1 Développement de l’AAO en L2 de Gabriel à travers le PEE d’une durée d’un

Tableau 8

Données thématiques tirées de la première entrevue du participant Gabriel au T1

Le tableau 8 représente les thèmes et les sous-thèmes recueillis au cours de la première entrevue semi-structurée menée avec Gabriel, notre premier participant. Gabriel était un étudiant de 19 ans en première année de licence d’économie/business. Avant de participer au PEE, Gabriel avait déjà un historique assez extensif de contact avec la langue. Concernant son expérience de la culture anglophone, il a passé ses années d’enseignement collégiales dans un collège bilingue en France. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il était lui-même bilingue, mais que les étudiants avaient un contact plus important avec la langue anglaise en L2 que la plupart des écoles publiques ou privées françaises ordinaires.

Selon lui, son apprentissage de l’anglais oral s’est essentiellement déroulé au cours d’un échange linguistique d’une durée d’un an en Australie. Pourtant, c’est de retour en France qu’il dû apprendre à écrire en anglais de manière grammaticalement correcte, ayant l’habitude d’utiliser la langue anglaise de manière sociale en Australie et non formelle. En tout, Gabriel a suivi un enseignement d’à peu près 10 d’anglais en L2 avant sa participation au PEE à l’étude. D’autres expériences liées à l’anglais qu’il a vécu avant de participer au programme incluent l’écoute de musique anglophone en général et le visionnage de films provenant de pays anglophones. Avant de prendre part à l’étude, Gabriel avait déjà vécu pendant un semestre dans le contexte de PEE de l’Université Bishop’s.

Il est à noter que le fait que Gabriel avait déjà fait un semestre à l’Université Bishop’s avant de participer à notre étude, ainsi que son année passée en Australie, ajoutent une nouvelle variable à notre étude puisque une expérience antérieure des PEE si importante peut avoir des conséquences sur les résultats de notre étude. L’impact de cette expérience antérieure à l’étude est discuté au cours de la partie Discussion de notre mémoire.

Durant l’entrevue au T1, il nous a expliqué apprécier la musique anglaise, peu importe le style musical, mais qu’il ne comprenait pas forcément le sujet des paroles lors de ses écoutes. Vis-à-vis de ses passe-temps, les films qu’il regardait étaient généralement doublés en français. Dès son arrivée sur le campus de l’université, il a commencé à tenter de créer des opportunités d’interactions en L2 en parlant avec les étudiants anglophones, mais également avec les membres du personnel de l’université et les étudiants québécois, tentant de s’abstenir de parler en français même avec les étudiants francophones.

Concernant les raisons qui l’ont poussé à participer au PEE, plusieurs sujets ont été soulevés. Tout d’abord, il nous a expliqué avoir appris l’existence des programmes d’études à l’étranger par l’intermédiaire du voyage qu’il avait entrepris en Australie. De plus, les membres de sa famille se trouvaient être familier avec le concept, son grand frère ayant participé à un programme d’échange similaire pendant un an aux États-Unis. Ces parents ont donc été une force directrice dans sa participation, en lui proposant l’alternative, ce qu’il accepta. C’est par l’intermédiaire d’une amie de la famille que Gabriel a appris l’existence de l’université et les avantages financiers qu’étudier au Québec offrait aux étudiants français. Des représentants de l’Université Bishop’s sont également venus promouvoir l’université québécoise aux étudiants de son lycée international.

Concernant ses attentes personnelles vis-à-vis du programme, Gabriel a pu décrire ses buts, les détails concernant sa motivation première à participer au PEE et les qualités personnelles qui lui sont propres pouvant l’aider à réussir. Vis-à-vis des buts qu’il s’était pausé par rapport à l’apprentissage de l’anglais en L2, il a été très précis.

Extrait 1 : Gabriel, première entrevue (le 8 février, 2016)

Gabriel (G): Even though, I feel like I’m not really bad in English, but I’d

like to get way more confortable, and, some people here in Quebec, they think

don’t think I’m that good, so I’d like to get a little better. Be like, I’d like to be

able to play, hum, like, just like, if I was born English.

Ici, il explique qu’il aimerait pouvoir être plus confortable à l’oral en anglais et présente le désir de pouvoir parler aussi aisément qu’un locuteur natif, même si cela semble être difficile à atteindre. Bien que sa participation à ce PEE lui ait été proposée par ses parents (participation aidée par une influence externe), il a lui-même fait le choix et les démarches pour venir étudier au Québec (choix interne). Selon lui, ses plus grandes qualités pouvant l’aider à atteindre les buts qu’il s’est fixé ont été sa grande capacité d’adaptation à différents milieux et différentes cultures, développée à travers de nombreux voyages et échanges linguistiques.

Concernant ses connaissances sur le Canada avant de venir y étudier, il a avoué avoir arboré certaines idées préconçues. Par exemple, il pensait que le Canada était un pays froid tout au long de l’année et qu’il était économiquement fort, mais moins orgueilleux que les États-Unis. Cependant, à son arrivé, Gabriel a découvert certaines vérités qui s’opposaient à ses croyances sur le Québec, à savoir, que la population était plus importante qu’il l’aurait pensé, et les villes étaient plus grandes qu’il l’aurait cru.

Concernant les influences qui lui permettraient d’évoluer au sein d’un milieu anglophone, Gabriel a exprimé l’importance de certains lieux lui permettant de se concentrer d’avantage sur son usage de la langue. Il a dit porter une grande attention en classe sur la façon dont ses professeurs, ainsi que les autres étudiants internationaux, parlaient et il portait particulièrement attention à leurs accents pour améliorer le sien. Le bureau de ses professeurs était également un lieu important pour lui puisqu’il lui permettait de parler seul à seul avec ses professeurs et de leur poser toutes les questions qu’ils se posaient sur le matériel étudié en classe.

Gabriel a également expliqué que certaines personnes étaient plus importantes que d’autres dans son évolution orale, tels que ces amis et les employés de l’université, mais il préférait leur parler dans des endroits calmes et peu peuplés. Enfin, selon lui, les sujets qui l’influençaient le plus à parler anglais étaient les sujets sur lesquels il possédait déjà certaines connaissances solides, mais également un des sujets de sa licence, la macro économie. Le fait d’étudier ce sujet en anglais lui permettait de le mettre en contact avec le monde actuel, puisque le sujet est généralement abordé en langue anglaise dans l’actualité télévisuelle.

Tableau 9

Données thématiques tirées de la deuxième entrevue du participant Gabriel au T2

Le tableau 9 représente les thèmes et les sous-thèmes recueillis au cours de la seconde entrevue semi-structurée menée avec Gabriel. Lors de cette deuxième entrevue,

Gabriel nous a parlé en détails des changements ayant eu lieu depuis notre dernière rencontre. Concernant son historique de contact avec la langue, il a expliqué avoir vécu de nouvelles expériences en lien avec la culture typique canadienne par l’intermédiaire du hockey et le fait de traverser régulièrement la frontière avec ses amis pour aller skier. Il a dit qu’il écoutait toujours de la musique anglophone, et ce même en étudiant, et commençait à écouter les paroles pour en comprendre le sens. Ses expériences avec les films anglophones n’avaient cependant pas évolué, car il n’avait pas assez de temps pour regarder des films du fait de beaucoup plus de travail et de progrès de sa part concernant son niveau de lecture en anglais et son investissement, essayant régulièrement de rencontrer de nouvelles personnes avec qui parler de nouveaux sujets qu’il ne maitrisait pas forcément, de manière à s’améliorer.

Concernant les changements ayant eu lieu pendant le programme, il a mis une grande emphase sur les points fondamentaux étant ressortis du programme afin d’atteindre ses buts, expliquant qu’il était très impliqué dans ses travaux académiques et qu’il avait rejoint différents clubs afin de pouvoir avoir davantage d’opportunités d’interactions, avec des locuteurs natifs. Les membres de son club de leadeurship voulaient qu’il se présente pour une position de vice-président du comité des étudiants. De plus, au travers de son investissement personnel, il s’est rendu compte de certaines différences entre lui et les autres étudiants étrangers. Selon lui, alors que lui s’investissait le plus possible, beaucoup d’autres étudiants n’en faisaient pas autant, certains allant même à ne pas aller en cours pour dormir plus longtemps. En étudiant davantage, Gabriel a également découvert qu’il avait subi un changement d’état d’esprit en étant en contact avec une culture anglophone de façon authentique. Il expliquait qu’avant de participer au programme, il pensait venir au Canada seulement pour étudier. Mais à présent, il pensait pouvoir trouver un travail au Canada et y vivre après ses études.

Concernant ses gains personnels à la participation au programme, il exprimait avoir réalisé à quel point il utilisait l’anglais dans sa vie de tous les jours, ce qui le mettait en confiance quant à l’achèvement de son but de parler couramment anglais comme

un locuteur natif. Il a dit également apprécier pouvoir parler plus aisément la langue, bien qu’il ait, selon lui, fait de grand progrès de confiance en son potentiel.

Extrait 2 : Gabriel, deuxième entrevue (le 8 mars, 2016)

Gabriel (G): My goal was to, and still is to become 100% fluent, like

bilinguals, which is almost impossible because I wasn’t born in an Anglophone

environment, but I don’t know. I just want to feel more comfortable, and maybe, one other goal could be that, even though we had a big party and had lots of drinks; I would still be able to speak English. I also want to improve my public speaking cause I got presentations quite often in Business, so yeah.

Il disait s’investir seul dans la plupart des activités qu’il entreprenait. Cependant, il a dit qu’il commençait également à vouloir faire confiance aux autres étudiants et les laisser lui proposer des activités et l’aborder afin de créer des conversations plus organiques, authentiques, au lieu de toujours aller voir les autres. Parlant des qualités lui permettant d’évoluer, il expliquait avoir gagné un goût pour l’investissement dans l’apprentissage de la langue et aimait parler en anglais, même avec des français, pour partager l’expérience linguistique avec d’autres membres de sa communauté.

Concernant les nouvelles connaissances qu’il avait acquis sur la culture canadienne il a avoué qu’avant de participer au programme, il était très en faveur du concept d’indépendance langagière du Québec. Cependant, depuis qu’il a commencé l’expérience d’une vie en contexte anglophone journalier, il a exprimé son appréciation pour les cultures bilingues puisqu’il voyait maintenant l’importance de la richesse qu’apportent deux langues différentes à une culture.

Enfin, concernant les influences l’aidant à développer son AAO, il a exprimé que les lieux où il se sentait le plus apte à parler la langue étaient ses salles de classe, au travers des discussions de groupes et des débats lui permettant d’interagir avec

d’autres étudiants dans la L2, ainsi que le club de leadeurship dont il faisait partie. Les personnes l’influençant le plus à parler en L2 étaient ces professeurs d’origine anglaise et ses amis internationaux, et le sujet qui l’influençait le plus était l’entreprenariat, sujet directement lié à sa licence.

Tableau 10

Données thématiques tirées de la troisième entrevue du participant Gabriel au T3

Le tableau 10 représente les thèmes et les sous-thèmes recueillis au cours de la troisième entrevue semi-structurée menée avec Gabriel. Lors de cette troisième entrevue, Gabriel a partagé les changements ayant eu lieu pour lui après ce semestre en PEE. Concernant son historique de contact avec la langue, il a expliqué avoir vécu de nouvelles expériences en lien avec la culture typique canadienne. Ces activités ont inclus : faire du ski-doo, du traineau tiré par des chiens et être allé à une cabane à sucre. Il continuait cependant toujours à jouer au hockey. Vis-à-vis de son expérience avec la musique anglophone, il a dit qu’il écoutait encore plus de musique et qu’il n’écoutait maintenant que de la musique anglophone. Son expérience en lien avec les films n’avait cependant pas changé. Son vécu en lien avec l’usage de la langue, quand a lui, s’est prouvé être très complet, se sentant plus confortable dans sa vie de tous les jours en contexte anglophone. Il se préparait activement pour son futur au Canada et dans ses études, décidant d’accepter de nouvelles responsabilités en louant une maison à partager avec ses amis pour l’année prochaine et prenant part à une expérience bien plus authentique en faisant des recherches auprès des autres étudiants internationaux, principalement les anglophones, pour trouver des meubles pour cette future maison.

Concernant les changements ayant eu lieu pendant le programme, il nous a expliqué qu’il s’investissait encore plus qu’auparavant dans les activités contrôlées par des locuteurs natifs pour développer son AAO, ce qui lui a permis d’accroitre sa confiance en son potentiel linguistique au fur et à mesure des nouvelles rencontres qu’il a entrepris. Son investissement de plus en plus important, lui a permis d’adopter un regard critique sur les autres étudiants étrangers. Selon lui, il était un des rares étudiants à être attentifs en cours. De plus, les autres étudiants avaient un accent fort en L2 mais ne tentaient pas de l’améliorer, ne parlant en anglais que lorsque cela était nécessaire.

De par son investissement et son vécu pendant le programme, Gabriel a subi une nouvelle évolution de son état d’esprit concernant le Canada. A son arrivée, il avait

prévu de pouvoir prendre part à un échange universitaire dans un autre pays anglophone, tel l’Afrique du Sud pour approfondir ses connaissances des différents accents anglophones et développer son oral avec de nouveaux locuteurs natifs de l’anglais. Cependant, après sa participation au programme, il a dit vouloir se concentrer sur son expérience canadienne et la vivre pleinement, autant socialement que professionnellement. Son ouverture d’esprit l’a également amené a voyagé davantage sur le territoire québécois à Trois-Rivières, Toronto et Montréal.

Concernant ses gains personnels à la participation au programme, il exprimait avoir gardé le même but tout au long du programme, soit avoir un plus grand niveau oral en aisance L2 et se trouvait être bien plus confortable à l’oral qu’au début du PEE. Il a également exprimé que le fait de pouvoir vivre dans un contexte entièrement anglophone a été une grande opportunité pour lui de pratiquer son habilité à parler en publique et a pu constater une grande amélioration dans ce domaine.

Extrait 3 : Gabriel, troisième entrevue (le 25 avril, 2016)

Gabriel (G): My goal was to get better in English and get more comfortable

and I’m getting more confident. The thing now that I really want to work on is public speaking, because we have so many presentations at Bishop’s

University, so that’s the thing I really want to work on. And like my last presentation was last week, and like it was the best presentation I ever done at Bishop’s University, so I feel like I’m kind of working on it. And just getting

to experience the Canadian culture and being in an Anglophone Environment is the big thing, and it’s the reason why I want to be here, so I

want to stay around here for a bit.

Avant, Il disait s’investir seul dans la plupart des activités qu’il entreprenait. Cependant, lors de notre dernière entrevue, il a exprimé l’importance de pouvoir effectivement s’investir personnellement dans l’expérience du PEE, mais qu’il était également important de laisser les autres l’influencer à s’améliorer. Il a exprimé

l’importance d’avoir une interaction fonctionnant dans les deux sens pour vraiment pouvoir vivre des interactions authentiques avec la L2. Parlant des qualités lui ayant permis d’évoluer tout au long du programme, il expliquait qu’être sociable et vouloir parler aux autres était une qualité fondamentale pour tout apprenant. De plus, il a exprimé que son désir de vouloir travailler dans cette communauté anglophone a été pour lui une motivation de poids.

Concernant les nouvelles connaissances qu’il avait acquises sur la culture canadienne, il a avoué avoir découvert de grandes différences entre ses idées préconçues et la réalité vécue sur le terrain. Tout d’abord, il s’est rendu compte que l’hiver canadien n’était pas aussi dur qu’il le pensait. De plus, il s’est rendu compte que la température n’était pas aussi désagréable qu’il le pensait.

Enfin, concernant les influences l’aidant à développer son aisance à l’oral, il a exprimé que les lieux où il se sentait le plus apte à parler la langue étaient encore une fois, le bureau de ses professeurs. Les personnes l’influençant le plus à parler en L2 étaient ses amis internationaux, et le sujet qui l’influençait le plus était toujours l’entreprenariat, sujet directement lié à sa licence.

6.1.2 Développement de l’AAO en L2 de Raphael à travers le PEE d’une durée