• Aucun résultat trouvé

Développement de l’Alliance française dans le pays

L’AF se développe sur le territoire argentin de manière inégale avant 1914, sous l’impulsion des communautés françaises ou à l’initiative des dirigeants d’entreprise, les Comités d’action ainsi créés n’étant pas systématiquement sous la gouvernance de l’AFBA, mais en lien direct avec l’AF de Paris75. Ces tentatives d’implantation d’un réseau d’AF en Argentine ne donnent pas systématiquement lieu à une entreprise d’enseignement du français et se délitent assez rapidement76.

L’AFBA, à partir de 1914, avec l’ambition de rassembler de la communauté française sur l’ensemble du territoire argentin, se lance dans une entreprise de structuration d’un réseau intra-argentin des AF. Pour ce faire, le Comité de Buenos Aires oriente son action dans deux directions : il s’agit d’imposer Buenos Aires à l’AF de Paris comme contact référent sur le territoire argentin pour tout le réseau, et d’encourager la fondation de comités sous tutelle de Buenos Aires, grâce au contrôle des statuts et au contrôle progressif des contenus d’enseignement. Le Comité de Buenos Aires soutient ainsi la création de comités en procédant à l’envoi de subventions et de programmes d’examens. Pour l’année 1916, par exemple, Buenos Aires en envoie 50 exemplaires à Rosario, 25 à Bahia Blanca et 25 à La Plata, et des livres de prix pour les réceptions de remises de diplômes, mais aussi d’examinateurs en charge de faire passer les examens dans les filiales. De plus, le Comité de Buenos Aires encourage la création d’AF enseignantes par l’envoi prospectif de programmes d’examens. Ainsi, en septembre 1916, 50 programmes d’examens sont envoyés à Córdoba.

Au cours de cette période, tous les comités se constituant sur le territoire argentin sont considérés comme des filiales de l’AFBA qui est comptable de leur bon fonctionnement.

Ainsi, lorsque survient un litige, en avril 1915, à l’AF de Bahia Blanca, l’AFBA envoi un délégué en charge de trouver une solution au conflit.

75 Le Comité de Cordóba est déjà formé en 1896, sans intervention du Comité de Buenos Aires.

76 Le Comité de Cordóba, par exemple, malgré cette fondation première, n’est véritablement fondé qu’en 1932.

134 Le réseau se développe donc autour de deux types d’AF : des AF enseignantes, qui développent immédiatement des cours de français et dont la constitution est motivée par l’ouverture d’un cours, auquel s’ajoute, a posteriori, la constitution d’un Comité AF, et des AF non enseignantes, dont le point de départ est la constitution d’un Comité, cherchant par la suite à ouvrir des cours de français.

En 1914, il existe trois filiales de l’AF sur le territoire argentin : deux filiales enseignantes, Rosario et Bahia Blanca, et une filiale non-enseignante, Tucuman. En 1918, à la fin de la Ière GM, il en existe six auxquelles s’ajoutent quatre institutions scolaires demandant leur affiliation à l’AFBA.

Figure 11. Le développement du réseau des Alliances françaises sur le territoire argentin en 1914 et en 1918

Légende :

: AF

: École affiliée Source : création de l’auteur grâce à l’outil carte de Google maps

135 Tableau 13 . Situation des AF en Argentine en 1914

Le tableau ci-dessus donne à voir l’état des AF en Argentine en 1914. L’AF de Rosario est la plus développée et il faut ajouter que c’est la seule AF dont les diplômes auront une valeur légale et officielle sur le territoire argentin. En effet, le 6 novembre 1915, le Gouvernement de Santa-Fe (province dans laquelle se trouve Rosario, cf. carte de l’Argentine p.11 et Annexes, Section 1, Document N°2, p.11) reconnaît les diplômes délivrés par l’AF (Annexes, Section 3, Document N°23, p.35). Ce fait est d’importance, car Rosario se trouve en pleine zone céréalière et constitue un axe stratégique pour l’expansion du réseau de chemin de fer français (cf. infra, p.142). Le développement de ces AF, comme dans le cas du Comité de Buenos Aires, est étroitement lié au développement économique de la communauté française sur le territoire. Ainsi les cours de l’AF de Bahia Blanca, se déroulent dans le local de la Banque française, tandis que le Comité de Tucuman est une AF non enseignante. Le Comité de Tucuman ne dispose pas d’école, malgré les sollicitations de Buenos Aires en vue de l’ouverture de cours de français dans la ville, mais réunit les Français de la ville en Comité.

Tableau 14. Développement des AF de 1915 à 1918 en Argentine Année de création Création AF Affiliation d’école

Novembre 1915 La Plata

Septembre 1916 Chascomus

Avril 1918 Gualeguay

Pigüe

Rio Cuarto

Il se crée, de 1914 à 1918, trois comités AF supplémentaires sur le territoire et deux collèges demandent leur affiliation à l’AF. Le cas de Pigüe est particulièrement intéressant pour illustrer la tentative de l’AFBA de regroupement de la communauté française au cours de la Ière GM. Pigüe est une « colonie française » fondée en 1884 par Clément Cabanettes et peuplée de migrants béarnais (Andreu, 1986 ; Monferran, 1955). On constate qu’après trente-quatre années d’existence, la transmission du français aux générations suivantes

AF Rosario Bahia Blanca Tucuman

Nombre de cours 7 cours 10 cours 0 cours

Nombre d’élèves 272 190 (70 femmes/ 120

hommes)

0

Nombre d’adhérents Non renseigné 115 Non renseigné

Subvention AFBA 1300 francs Non renseigné Aucune

136 devient un élément important pour la ville qui, de ce fait, procède à un rapprochement avec des institutions centralisatrices comme l’AFBA. À l’instar de Pigüe, le Comité Patriotique77 français de la ville de Mendoza adresse une lettre à Buenos Aires pour demander la création d’une filiale dans la ville au sortir de la guerre, en mai 1918. Enfin, l’AFBA renforce son lien avec les écoles françaises présentes dans le pays. Dès lors, aux deux écoles disposant d’un rattachement à l’AF avant la Ière GM (Santa-Fe depuis 1894 et l’école de Bahia Blanca depuis 1913) s’y ajoutent deux nouvelles78.

Documents relatifs