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CHAPITRE 6 : ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

6.1 Collecte de données et analyses

6.1.2 Déroulement du terrain et des entretiens

Dans cette section, je présenterai le déroulement du terrain, en tentant le mieux possible de respecter la chronologie de cet itinéraire de recherche. Les prochaines pages seront divisées en fonction de cinq grandes étapes : le processus d’entrée sur le terrain, le choix des quartiers, la première phase d’entretiens, la seconde phase d’entretiens et, finalement, les contextes d’observation.

Processus d’entrée sur le terrain

L’entrée formelle sur le terrain a débuté peu de temps après l’obtention du certificat éthique auprès du Comité d’éthique en recherche avec des êtres humains de l’INRS, soit plus précisément en février 2016. Je connaissais déjà quelques intervenantes travaillant dans deux des comités logement à l’étude, ce qui a facilité la prise de contact initiale. En effet, bien avant mon entrée sur le terrain, j’étais déjà actif dans certains réseaux militants oeuvrant autour du droit à la ville et de la réappropriation de l’espace public. En 2013, j’ai effectué quelques actions bénévoles auprès du Comité logement de La Petite-Patrie et participé, à l’automne 2014, à un forum public intitulé « Habiter La Petite-Patrie ». Puis, j’ai rédigé à l’été 2015 un petit article pour le journal de l’Association des locataires de Villeray sur la conversion du Centre 7400 (situé au 7400, boulevard Saint-Laurent) en condos de luxe ainsi que sur le rôle des Clercs de St-Viateur dans cette transaction. Le monde des comités logement ne m’était donc pas totalement étranger, sans non plus m’être complètement familier. En parallèle, j’avais aussi déjà tissé des liens de collaboration avec des organisations oeuvrant davantage avec les personnes vieillissantes et autour des questions urbaines, comme la Table de concertation des aînés de l’Île de Montréal (TCAIM). Dans les premières années de la thèse doctorale, j’avais l’intention d’étudier la présence des personnes vieillissantes dans les enjeux urbains au sens large - donc dans l’action collective sur la ville80 - en ne distinguant pas les causes ou les thèmes de mobilisation. Je voulais documenter

leur présence dans les consultations publiques et dans les mobilisations liées aux transports, à l’aménagement, aux services et, ultimement, au logement. Je m’intéressais également au pouvoir gris, sous toutes ses formes. À l’époque, en 2013, une petite mobilisation menée par les « carrés gris », des membres vieillissants locataires d’OSBL pour aînés à Verdun, visait à améliorer la desserte en autobus de la Société de transport de Montréal près de leur immeuble. Ces personnes vieillissantes avaient donc adapté le « carré rouge » de la grève étudiante de 2012 en le changeant en gris, pour faire lumière sur les enjeux touchant spécifiquement la population vieillissante81. Au printemps 2015, j’assistais à une discussion collective sur la gentrification au

Comité d’action des citoyennes et citoyens de Verdun (CACV). Je fus surpris de voir la grande proportion de personnes vieillissantes locataires dans la salle et de découvrir que les impacts négatifs de la gentrification sur cette population était un objet de discussion central. Je décidai à

80 Voir la distinction faite au quatrième chapitre.

81 Cette avenue aurait effectivement pu être intéressante. Pendant le terrain, quelques manifestations de personnes

vieillissantes ont eu lieu après le décès de piétons âgés, souvent dans des zones situées près de lieux d’hébergement collectif (résidences, logements sociaux).

ce moment de restreindre ma recherche, alors à l’étape de l’élaboration initale, à l’univers du logement. En février 2016, une fois le certificat d’éthique en main, je contactai immédiatement quatre comités logement dans autant de quartiers centraux montréalais pour débuter la première phase d’entretiens.

Choix des quartiers

Après avoir momentanément envisagé de travailler dans l’arrondissement du Sud-Ouest (Saint- Henri, Pointe-St-Charles, Petite-Bourgogne), j’ai choisi de concentrer la recherche sur le « Cœur de l’île de Montréal », soit les arrondissements de Rosemont-La Petite-Patrie, Le Plateau-Mont- Royal et Villeray-St-Michel-Parc Extension. Les quartiers spécifiques sont au nombre de quatre : Rosemont, La Petite-Patrie, le Plateau-Mont-Royal (incluant le secteur Saint-Louis-du-Parc) et Villeray.

Figure 6.1 : Quartiers à l’étude

La première raison de ce choix géographique est d’ordre personnel. Ce sont là les quartiers que je connais le mieux à Montréal, pour y avoir vécu de nombreuses années. Je savais implicitement que ma connaissance des lieux allait devenir un atout dans la collecte de données. Effectivement, autant lors des entretiens, de la prise de contact avec les intervenants, que de la participation à des activités organisées par les comités, ma familiarité avec la géographie locale m’a permis d’entrer en relation avec différents acteurs en partageant principalement des anecdotes sur la transformation des commerces de proximité et sur le changement d’affectation des terrains. La plupart du temps, lorsqu’une informatrice me faisait part d’une situation se déroulant dans un espace précis – par exemple, la construction d’un édifice de condos à un coin de rue spécifique – j’avais une image mentale juste de l’endroit en question, ce qui permettait de relancer la discussion et/ou approfondir le contact avec la personne.

Puis, l’impulsion première ayant présidé au choix de cet objet de recherche fut la lecture de l’étude de Jean-Pierre Lavoie et Damaris Rose sur la gentrification et les personnes vieillissantes dans quartier de La Petite-Patrie (Lavoie et al. 2011). Comme je désirais prolonger cette étude pour prendre en compte la précarité résidentielle dans l’expérience de gentrification des personnes vieillissantes, inclure La Petite-Patrie allait de soi. D’autre part, tout semblait indiquer que les quartiers adjacents à La Petite-Patrie subissaient également des processus de gentrification. La comparaison, ou du moins la prise en compte simultanée des réalités de ces quatre quartiers, s’en trouvait dès lors facilitée. Comme nous le verrons dans le prochain chapitre, les quartiers à l’étude abritent une importante population vieillissante précaire et même « vulnérable », du moins en termes de santé publique. Le choix des quatre comités logement a directement découlé du choix des quartiers. Ainsi, en premier lieu, l’Association des locataires de Villeray (ALV) couvre

le territoire de Villeray, dans un quadrilatère compris entre la rue Saint-Laurent à l’ouest, Crémazie au nord, De Lorimier à l’est et Jean-Talon au sud. Un seul autre comité logement poursuit officiellement des activités dans l’arrondissement de Villeray-St-Michel-Parc-Extension, soit le Comité d’action de Parc-Extension (CAPE), qui se limite, comme son nom l’indique, au quartier Parc-Extension, que j’ai toutefois décidé de laisser de côté. Puis, le territoire du Comité logement de La Petite-Patrie (CLPP) couvre un territoire compris entre la rue Hutchison à l’ouest, la rue

Jean-Talon au nord, la rue Papineau à l’est et le chemin de fer du Canadien National au sud. Le Comité logement Rosemont, quant à lui, s’adresse aux locataires résidants entre la rue Iberville

logement du Plateau-Mont-Royal s’étend de la rue Hutchison à l’ouest, au chemin de fer du

Canadien National au nord et à l’est (près de la rue Iberville) et à la rue Sherbrooke au sud82.

Première phase d’entretiens (n=13) : intervenantes

Cette première phase d’entretiens avec des intervenantes des comités logement et/ou oeuvrant autour de l’enjeu croisé des personnes vieillissantes et du logement nourrissait un objectif double. Je voulais d’abord documenter leurs perspectives sur la situation générale des locataires vieillissantes, mais également expliciter mes intentions auprès d’elles, tout en établissant des relations de recherche à moyen terme. L’idée était donc de mieux cerner l’objet de recherche, tout en ouvrant des canaux de communication et d’échanges, qui se sont avérés cruciaux pour la suite du terrain. En effet, tout au long de la collecte de données, certains invervenant-e-s me contactaient pour me référer des personnes vieillissantes potentiellement intéressées à participer à l’étude, me communiquaient des dates importantes (manifestations, ateliers) ou m’invitaient à écrire dans leurs publications et à donner des ateliers. Je tenais rigoureusement un calendrier de terrain où j’inscrivais chacune de ces dates, de manière à m’assurer d’assister au maximum d’évènements possible. Au total, j’ai interviewé treize personnes dans cette première phase : huit intervenantes employées au sein des quatre comités logement à l’étude, une travailleuse sociale membre d’une table de quartier « aînée », un consultant, deux avocats et un membre retraité d’une organisation nationale oeuvrant pour le droit au logement.

En d’autres mots, j’ai tenté de diversifier ce recrutement pour accéder à des regards croisés, ancrés dans des positions sociales variées, mais toujours autour de l’objet précis des personnes vieillissantes et du logement. Bien que la majorité des entretiens de la première phase se soient déroulés entre le mois de février 2016 et le mois de juin de la même année, quelques entretiens ont été menés pendant la seconde phase, essentiellement durant l’année 2017. Au départ, la grille d’entretien était divisée en deux grandes sections83, intitulées « les personnes âgées dans

votre quartier d’ancrage professionnel » et « les personnes âgées dans votre organisation ». Dans la première section, je désirais obtenir des informations sur la présence des personnes vieillissantes, en tant que groupe social, dans le quartier où travaillaient les intervenant-e-s. Je posais donc des questions sur le changement de l’offre de services, sur les espaces de socialisation destinés aux personnes vieillissantes et sur les rapports au logement de cette

82 Une caractérisation sociologique et statistique plus détaillée de ces quartiers sera présentée au prochain chapitre. 83 Voir l’annexe 2 pour consulter la grille d’entretien complète de la phase I.

population. Dans la seconde section, je les questionnais sur la présence et la participation des personnes vieillissantes dans leur organisation et s’il était possible de dégager des profils d’engagement.

Très vite, cette grille s’est avérée plutôt limitée en tant qu’outil de recherche, comme c’est souvent le cas dans la recherche qualitative. Au moment des entretiens, certains intervenants n’étaient en poste que depuis quelques mois, alors que d’autres cumulaient plus d’une décennie d’expérience dans le même organisme. La précarité résidentielle, comme objet d’étude central de la recherche, ne s’est imposée en force que plus tard dans la thèse, au fil du terrain. En menant les entrevues de la première phase, j’ai découvert que l’objet de recherche initial, soit la participation des personnes vieillissantes dans les mouvements sociaux urbains, n’était peut-être pas aussi porteur que ce que j’aurais pensé. Il fallait comprendre le phénomène par le biais d’angles variés et diversifiés. Enfin, j’avais décidé de ne pas m’intéresser directement aux parcours de vie des intervenant-e-s, ni à leurs motivations professionnelles ; je ne posais donc aucune question directe autour de ces thématiques. Ces données auraient été tout simplement trop loin de l’objet d’étude. Néanmoins, les intervenants faisaient minimalement état, par eux-mêmes, de la durée de leur engagement au sein de l’organisation en question et de leurs principales motivations les poussant à travailler dans le domaine du droit au logement. Au final, dans l’analyse, le contenu de ces entretiens aura surtout servi à contextualiser les propos des personnes vieillissantes interviewées. La grande majorité des entrevues de cette phase furent enregistrées à l’aide d’un appareil ZOOM H1 et trois d’entre elles furent simplement annotées dans un cahier, sans support audio, à la demande des participantes. La totalité des treize informatrices ont signé un formulaire de consentement84, garantissant leur anonymat dans l’analyse et la diffusion des données de

cette recherche.

Seconde phase (n=18) : personnes vieillissantes locataires

À l’été 2016, j’ai débuté les entrevues avec les personnes vieillissantes locataires. J’ai interviewé la première personne vieillissante locataire, Ginette Richer85 (PII-I) lors de deux séances s’étant

déroulées respectivement en février et en juillet, mais je n’ai véritablement débuté le recrutement qu’autour du mois d’octobre de la même année. Ce premier entretien visait à tester la grille

84 Voir l’annexe 1 pour une reproduction complète du formulaire de consentement.

85 Nom fictif, comme tous ceux qui relèvent des deux phases d’entretiens. La nomenclature est expliquée dans quelques

d’entrevue. En septembre 2016, une affiche invitant des personnes « retraitées » à participer à l’étude fut distribuée aux quatre comités logement, de même qu’au FRAPRU et au RCLALQ86, où

elle fut accrochée sur les murs de locaux pour un certain temps. Par contre, cette technique de recrutement ne donna aucun résultat. Bref, j’ai très vite réalisé qu’une des méthodes de recrutement les plus efficaces résidait dans la prise de contact directe (Beaud et Weber 2003, 119), ainsi que dans le recrutement facilité par des tierces parties, c’est-à-dire, via les intervenantes des comités logement. Dans le premier cas, il m’est donc arrivé de rencontrer des participantes en personne, dans une manifestation, un atelier ou au détour d’une conversation informelle. Je laissais mes coordonnées à la personne, qui me donnait les siennes en retour. Quelques jours après cette première rencontre, je reprenais contact avec elle via téléphone ou courriel et convenait d’un rendez-vous pour réaliser une entrevue en lui réexpliquant les tenants et aboutissants de la recherche. Quelquefois, cette démarche ne donnait rien, car nous avions du mal à nous joindre, mais cette procédure fonctionnait la plupart du temps. De plus, j’ai aussi fait des interventions au micro dans divers évènements tenus dans les comités logement, soit essentiellement des ateliers et des discussions collectives sur la gentrification. Je laissais alors une feuille pour que les personnes intéressées à participer à l’étude me communiquent leur numéro de téléphone ou leur adresse courriel et je restais disponible après l’activité pour répondre directement aux questions sur la recherche.

Dans le deuxième cas, les intervenantes identifiaient parmi leurs membres des cas perçus comme « intéressants ». J’ai maintenu des critères de sélection assez larges, de manière à ne pas me couper de témoignages potentiellement riches : avoir au-dessus de 60 ans, vivre un problème de logement (peu importe lequel) au moment du recrutement, être membre d’un comité logement ou, minimalement, avoir eu accès à leurs services ou leurs conseils. Au début, je ne concentrai mon attention que sur les personnes vieillissantes que je percevais comme étant « militantes ». J’ai donc interviewé, au total, deux personnes vieillissantes engagées activement dans le droit au logement ne vivant pas de problèmes de logement. J’ai donc classé ces informatrices dans la première phase et les ai comptabilisées ainsi. Ce n’est qu’un peu plus tard que j’ai systématiquement maintenu ce critère pour le recrutement. En effet, les comités logement restent tout de même des milieux fréquentés par un nombre constant, mais assez limité de personnes : ces répondants ou répondantes qui cadraient dans la vision étroite que j’avais alors étaient donc peu nombreuses. J’ai vite réalisé que cette catégorie était non seulement artificielle, mais qu’elle me coupait d’une part importante des membres des comités logement, peut-être moins « actifs »

et moins visibles que certains, mais qui avaient des récits extrêmement riches à raconter. Les cas perçus comme « intéressants » par les intervenants des comités logement étaient majoritairement le fait de personnes vieillissantes qui vivaient, au moment du terrain et de la mise en contact, un conflit avec leur propriétaire et qui avaient décidé de contester une hausse de loyer, une reprise de possession ou une éviction. Bref, je fus en quelque sorte « happé » par ces situations, par la force motrice de ces épisodes d’expulsion en train de se dérouler87.

Cette transition dans la méthode de recrutement s’est donc reflétée dans le contenu des entretiens. La grille d’entretien initiale de la phase II se concentrait surtout autour de l’expérience de l’engagement dans les comités logement88. Au départ, la grille était divisée en trois grandes

sections. La première portait sur l’histoire de vie et d’engagement, où je demandais aux participantes de me parler de leur trajectoire professionnelle et de leur carrière militante ou associative. La seconde s’intitulait « vie de quartier, transformations urbaines et vieillissement », où je m’intéressais à leurs pratiques spatiales, à leurs choix résidentiels et à leur perception de la gentrification en cours dans leur quartier. Enfin, la dernière section portait plus spécifiquement sur leur engagement au sein de leur comité logement d’appartenance. Or, dès les premiers entretiens de la seconde phase, j’ai constaté que les personnes interviewées désiraient d’abord et avant tout me faire part des dynamiques entourant leur situation de logement. Comme Rubinstein (2002, 143) le suggère dans le contexte de la recherche en gérontologie sociale, « successful qualitative interviewing will always follow informants’ leads and issues of interest, for they are at the heart of an informant personal-meaning system ». On me présentait les défauts des logements, pièce par pièce. On me montrait également des objets, comme sur la photo ci-bas (figure 6.2), lorsque Pierino di Tonno nous a dévoilé son travail de photographe auprès du star-système italien et états- unien. J’entrais dans le logement, on m’offrait souvent un café et souvent, avant même que l’on s’assoie pour signer le formulaire de consentement et installer l’enregistreuse, les descriptions de leur situation résidentielle étaient déjà bien entamées. Je prenais alors un moment pour leur expliquer toutes les sections du formulaire de consentement et m’assurer qu’elles étaient à l’aise d’être enregistrées. Une fois le formulaire dûment signé, nous reprenions la conversation. Certaines personnes me montraient les papiers qu’elles avaient accumulés pour monter leur dossier à la Régie du logement. En fait, comme j’étais souvent référé par les intervenantes des

87 Le 2 mars 2016, j’écrivais dans mon journal de réflexion de terrain : « Il y a vraiment un momentum par rapport aux

évictions d’aînés…Je me demande si ce n’est pas là-dessus mon étude, plutôt que sur ‘la participation politique aînée’ ». Quelques mois plus tard, en août 2016, j’avais véritablement opéré un coup de barre analytique : « La phénoménologie du déplacement forcé me semble très pertinente à creuser, j’ai l’impression que ce sera quelque chose qui va ressortir. La liminalité de l’entre-deux, de ne pas savoir où on va se retrouver, mais la volonté d’agir tout de même… ».

comités logement et que je participais moi-même à certaines de leurs activités, j’étais régulièrement perçu, lors du tout premier contact avec les locataires, comme un employé d’un de ces comités. Avant l’entrevue, au moment de faire signer le formulaire de consentement, je devais clairifer ma posture et mon appartenance universitaire.

Figure 6.2 : Visite chez Pierino Di Tonno en février 2016

Source : Pierre Ouimet. Reproduction autorisée par le photographe.

Cela dit, j’ai donc décidé de débuter chaque entretien en les suivant dans leurs récits et en les laissant parler librement de la situation, tout en creusant le registre des stratégies mises de l’avant par leurs propriétaires de même que leurs perceptions de leur avenir résidentiel souvent incertain. Quelques entretiens ont aussi eu lieu dans des cafés, à la demande des informatrices. La totalité des entrevues de cette phase furent enregistrées à l’aide d’un appareil ZOOM H1 et transcrites. J’ai décidé de conserver les jurons et la forte présence du joual - le parler populaire québécois - dans les verbatims, pour ne pas édulcorer la colère que ces personnes ressentaient. Les dix-huit entretiens de cette phase ont duré en moyenne 71 minutes. L’anonymat, garanti dans le formulaire