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LA CROISSANCE MONDIALE RÉSISTE MÊME SI ELLE S’ESSOUFLE

En 2007, l’activité économique mondiale (à l’extérieur de la zone euro) s’est quelque peu modérée par rapport aux conditions particulièrement favorables enregistrées au cours des trois années précédentes. Les tensions fi nancières qui sont apparues à la mi-2007 et ont dominé les évolutions économiques mondiales ainsi que l’arrivée à maturité du cycle manufacturier mondial ont concouru à cette situation. La croissance économique s’est fortement ralentie aux États-Unis au quatrième trimestre de 2007 en dépit du caractère limité des retombées immédiates de l’apathie du marché immobilier américain sur les autres composantes de la demande intérieure, qui s’est par ailleurs nettement renforcée aux deuxième et troisième trimestres de l’année. Les répercussions internationales des perspectives économiques moins favorables outre-Atlantique sont cependant demeurées relativement restreintes en 2007. Dans les principales économies émergentes, les turbulences ont temporairement intensifi é la volatilité du marché fi nancier, mais ces économies se sont montrées plus résistantes que par le passé. Sur l’ensemble de l’année, l’expansion économique sur les marchés émergents s’est poursuivie à un rythme soutenu, particulièrement dans les pays asiatiques.

Parallèlement, l’incertitude quant aux perspectives économiques mondiales s’est accrue, dans le contexte de la réévaluation généralisée des risques, du durcissement des conditions de fi nancement, du renchérissement des matières premières et d’un recul des indicateurs de confi ance.

Alors que les pressions infl ationnistes mondiales sont demeurées généralement contenues jusqu’en septembre 2007, l’infl ation globale a grimpé dans la plupart des économies vers la fi n de l’année sous revue (cf. graphique 2).

Dans les pays membres de l’OCDE, la hausse globale des prix à la consommation s’est accélérée pour s’établir à 3,3 % en décembre 2007. Cette augmentation est essentiellement due à la hausse des prix des matières premières

et à des effets de base défavorables. Eu égard au durcissement des conditions de marché, le cours du pétrole a continué de grimper en 2007. De plus, les prix des matières premières non pétrolières ont continué de s’apprécier fortement au premier semestre de 2007 et sont ensuite demeurés relativement volatils, à des niveaux élevés. Ces évolutions ont découlé d’un

Graphique 2 Principales évolutions dans les grandes économies industrialisées

Royaume-Uni Japon États-Unis

Zone euro

Croissance de la production 1)

(variations trimestrielles en pourcentage ; données trimestrielles)

(prix à la consommation ; variations annuelles en pourcentage ; données mensuelles)

2007

Sources : Données nationales, BRI, Eurostat et calculs de la BCE 1) Les données relatives à la zone euro et au Royaume-Uni sont celles d’Eurostat ; pour les États-Unis et le Japon, les données nationales sont utilisées. Les chiffres concernant le PIB sont corrigés des variations saisonnières.

2) IPCH pour la zone euro et le Royaume-Uni, IPC pour les États-Unis et le Japon

net renchérissement des produits agricoles, en particulier des denrées alimentaires, qui n’a été que partiellement compensé par une baisse des prix des métaux. Les prix des produits agricoles ont de nouveau été affectés par la vigueur de la demande en provenance des économies émergentes, par le développement de la production de biocarburants et par la médiocrité des récoltes dans plusieurs pays.

Compte tenu de la pondération plus élevée des denrées alimentaires dans leur indice des prix, les pressions infl ationnistes ont été encore plus prononcées sur les marchés émergents que dans les pays industrialisés. Cependant, à l’exclusion des produits alimentaires et énergétiques, la hausse des prix à la consommation est demeurée modérée, affi chant 2,1 % en décembre dans les pays membres de l’OCDE.

Aux États-Unis, le taux de croissance annuel du PIB réel a atteint 2,2 % pour l’ensemble de 2007, soit 0,7 point de pourcentage de moins qu’en 2006. Déjà entamée en 2006, la correction du marché immobilier est demeurée le principal frein à la croissance, réduisant la progression du PIB de près d’un point de pourcentage complet dans le contexte du recul des investissements résidentiels. De plus, les turbulences liées aux crédits hypothécaires à risque survenues sur les marchés fi nanciers se sont intensifi ées à partir de l’été de 2007 et ont contribué à brider la croissance vers la fi n de l’année. L’activité économique a été volatile dans le courant de 2007 : le PIB est passé sous son taux potentiel au premier trimestre, l’a dépassé aux deuxième et troisième trimestres et est fi nalement reparti à la baisse au quatrième trimestre.

Au vu de cette volatilité, la croissance de la consommation privée est restée étonnamment vive, en dépit de la cherté des produits énergétiques et des turbulences sur les marchés immobilier et financier, essentiellement en raison de la persistance de la progression de l’emploi et des revenus, qui s’est cependant sensiblement détériorée vers la fi n de l’année.

En outre, la croissance des investissements non résidentiels des entreprises privées a été vigoureuse, soutenue par les niveaux élevés de la rentabilité des entreprises et, au

premier semestre de l’année, les conditions de fi nancement favorables. En 2007, la contribution des exportations nettes a été positive pour la première fois depuis 1995, traduisant la vigueur de la croissance mondiale ainsi que la dépréciation du taux de change effectif réel du dollar des États-Unis. Ces facteurs expliquent également le resserrement du défi cit du compte de transactions courantes, qui est revenu de 6,2 % du PIB en 2006 à 5,5 % du PIB pendant les trois premiers trimestres de 2007. L’essentiel de cette amélioration est attribuable à la réduction du défi cit commercial.

Les turbulences sur les marchés fi nanciers, qui ont découlé de la hausse des taux de défaillance et de saisies sur le marché hypothécaire à risque américain, se sont intensifi ées en été.

Cependant, leurs effets sur l’économie réelle américaine sont demeurés relativement restreints pendant la majeure partie de 2007 et ont surtout été liés à la disponibilité et aux coûts des emprunts, particulièrement ceux des emprunts hypothécaires non conformes. Par ailleurs, les turbulences ont principalement affecté les marchés monétaires et le secteur fi nancier, les banques ayant été contraintes de procéder à d’importantes réductions de valeurs.

Aux États-Unis, le taux de variation annuel de l’IPC s’est élevé à 2,8 % en 2007, alors qu’il affichait 3,2 % l’année précédente.

La hausse des prix à la consommation s’est accentuée au premier semestre de l’année en raison du net renchérissement de l’énergie et d’une accélération de la composante de l’IPC ayant trait à l’équivalent du loyer pour les propriétaires. Après être demeurées relativement contenues pendant les mois d’été, les pressions infl ationnistes se sont sensiblement accrues, la variation annuelle de l’IPC ayant atteint un pic de 4,3 % en novembre. Ce vif accroissement est en particulier attribuable à d’importants effets de base ainsi qu’aux affermissements des prix des produits énergétiques et alimentaires vers la fi n de l’année. Le taux annuel d’infl ation hors produits énergétiques et alimentaires a également présenté les signes d’une nouvelle accélération au cours des derniers mois de

l’année. Globalement en 2007, il s’est établi à 2,3 %, soit 0,2 point de pourcentage de moins qu’en 2006.

Au premier semestre de 2007, le Comité fédéral de l’open market (FOMC) du Système fédéral de réserve a maintenu inchangé le taux objectif des fonds fédéraux à 5,25 %. Après l’avivement des turbulences sur les marchés fi nanciers à la fi n de l’été, le Système fédéral de réserve a procédé à une série de baisses des taux en septembre et en octobre totalisant 75 points de base. Réduit de 25 points de base supplémentaires en décembre, le taux objectif est ressorti à 4,25 % à la fi n de l’année, soit un point de pourcentage complet en deçà du niveau qu’il affi chait en janvier. Le Système fédéral de réserve a également recouru à d’autres outils de politique monétaire. En août, il a resserré l’écart entre le taux des fonds fédéraux et le taux d’escompte, le portant de 100 à 50 points de base. Le 12 décembre, il a annoncé que de nouveaux changements seraient apportés à ses outils de politique monétaire. Il a mis sur pied un dispositif temporaire d’adjudication en dollars (Temporary Term Auction Facility) dans le but d’allouer, à des institutions dépositaires, des fonds à terme pour des échéances plus longues et contre un éventail de garanties plus large que lors des opérations d’open market.

Parallèlement, il a accepté de mener des opérations temporaires d’apport de liquidités en collaboration avec la BCE et la Banque nationale suisse afi n qu’elles puissent fournir des dollars des États-Unis aux établissements qui dépendent de leur juridiction.

S’agissant de la politique fi scale, le défi cit budgétaire fédéral s’est réduit pendant l’exercice 2007 par rapport à l’année précédente. Ce fléchissement est essentiellement dû à une hausse de l’impôt sur le revenu et à un recul des dépenses. D’après les estimations des services budgétaires du Congrès, le défi cit budgétaire fédéral s’est chiffré à 1,2 % du PIB au cours de l’exercice 2007.

Au Japon, la reprise économique s’est poursuivie en 2007 en dépit d’un affaiblissement de la demande intérieure et en particulier de la

consommation privée. L’expansion de l’activité réelle s’est tassée en 2007 : le PIB réel a progressé de 2,1 % contre 2,4 % en 2006, demeurant proche de la croissance potentielle pour la quatrième année consécutive. Si la persistance de la vigueur des exportations a continué de porter l’activité économique, la contribution de la demande intérieure à la croissance du PIB s’est réduite. Les activités d’exportation ont bénéfi cié de l’évolution du taux de change effectif du yen japonais et d’une demande extérieure solide, particulièrement en provenance d’Asie. La progression de la consommation privée s’est ralentie pour passer de 2 % en 2006 à 1,4 %, même si les conditions d’emploi sont demeurées globalement favorables. De plus, nonobstant le dynamisme des exportations, la croissance des investissements privés s’est ralentie. Cet essouffl ement s’explique, d’une part, par un recul des investissements résidentiels lié à la révision de la Loi relative aux normes en matière de construction qui a engendré une contraction de l’activité dans ce secteur, et, d’autre part, par un ralentissement des investissements non résidentiels, sous l’infl uence d’une légère baisse de confi ance des entreprises, en particulier celles de petite et moyenne tailles. En dépit de la modération des conditions économiques, les prêts bancaires ont continué de progresser en 2007, quoiqu’à un rythme moindre qu’en 2006, dans le contexte d’incertitudes accrues quant à l’environnement fi nancier mondial.

La hausse des prix à la consommation est demeurée contenue au Japon en 2007, en raison essentiellement de la modestie de la croissance des revenus. Après avoir été positive en 2006 en raison des renchérissements des matières premières, la hausse annuelle des prix à la consommation a affi ché un niveau négatif au début de 2007, avant de redevenir positive en octobre consécutivement au nouvel affermissement des prix des matières premières importées. Sur l’ensemble de l’année, le taux annuel de variation des prix à la consommation est ressorti à 0 %, contre 0,3 % en 2006 ; en excluant les produits frais, l’infl ation s’est établie à 0 %, contre 0,1 % en 2006. En 2007, la Bank of Japan a maintenu sa politique de

resserrement très progressif des conditions monétaires, dans le sillage de la modération des pressions infl ationnistes. Pour la deuxième fois depuis qu’elle a mis un terme à sa politique d’assouplissement quantitatif en mars 2006, la Bank of Japan a décidé en février 2007 de relever l’objectif du taux cible au jour le jour non garanti, le portant de 0,25 à 0,5 %.

Dans les économies émergentes, le rythme de l’activité économique est demeuré vigoureux et a été le principal moteur de l’expansion du PIB mondial en 2007, dans la mesure où la croissance des économies matures a commencé à s’essouffl er (cf. graphique 3). Certaines pressions infl ationnistes se sont fait jour dans plusieurs pays.

L’activité économique est demeurée robuste dans les économies émergentes asiatiques. Malgré un environnement extérieur peu favorable au second semestre de l’année, la vigueur de la demande intérieure a concouru au dynamisme de la croissance, particulièrement dans les plus grandes économies de la région. Les pressions infl ationnistes sont demeurées contenues dans la plupart des économies grâce, notamment, au resserrement de la politique monétaire mis en œuvre dans nombre d’économies. Seule la Chine, où l’infl ation a progressé dans le courant de l’année,

a fait exception. La valorisation des marchés boursiers locaux a poursuivi son ascension dans un contexte de fl uctuations marquées, ce qui traduit la solidité des performances macroéconomiques de la région. Les évolutions sont apparues plus variées sur les marchés de change. Certaines devises des économies asiatiques émergentes – comme le baht thaïlandais et la roupie indienne – se sont sensiblement appréciées en termes réels dans le contexte d’importantes rentrées de capitaux, tandis que d’autres devises sont demeurées globalement stables voire se sont dépréciées en termes réels.

L’économie chinoise a poursuivi sa vive expansion l’année dernière. Le PIB réel a progressé de 11,4 % en 2007, contre 11,1 % en 2006, sous l’infl uence de la vigueur à la fois de la demande intérieure et des exportations nettes.

Les pressions infl ationnistes se sont intensifi ées, la hausse des prix à la consommation étant passée de 2,2 % en janvier à 6,5 % en décembre, du fait essentiellement du renchérissement des produits alimentaires. Le yuan renminbi a continué de s’apprécier progressivement par rapport au dollar des États-Unis tout au long de l’année, même si les fl uctuations en termes réels ont été moins marquées. En mai, la Banque populaire de Chine a annoncé un élargissement de la fourchette de fl uctuation journalière du taux de change du yuan renminbi par rapport au dollar des États-Unis, qui est passée de

± 0,3 à ± 0,5 % du taux de référence. L’excédent commercial a continué de s’amplifi er, portant l’excédent cumulé à 262 milliards de dollars des États-Unis en 2007 – quelque 8 % du PIB –, soit près de 50 % de plus que l’excédent atteint sur l’ensemble de l’année précédente. Dans ce contexte, les réserves de change ont poursuivi leur progression et ont totalisé 1 500 milliards de dollars des États-Unis à la fi n de l’année sous revue, soit presque la moitié du PIB.

La croissance économique est également demeurée soutenue en Amérique latine, même si les performances en matière d’infl ation et de croissance ont présenté une certaine hétérogénéité entre les économies. Les perspectives économiques ont continué à être portées par une amélioration des fondamentaux Graphique 3 Contributions géographiques à

la croissance du PIB mondial

(en pourcentage)

Économies avancées 1)

Source : Calculs des services de la BCE

Note: Estimations d’après la base de données du FMI, Perspectives de l’économie mondiale et prévisions d’octobre 2007 intégrant les taux de change révisés fondés sur les parités de pouvoir d’achat.

1) États-Unis, Japon et zone euro 2) Brésil, Russie, Inde et Chine

macroéconomiques, une nouvelle diminution des vulnérabilités fi nancières, la cherté des matières premières et la robustesse de la demande intérieure. Les conditions fi nancières extérieures se sont détériorées dans le sillage des récentes turbulences sur les marchés fi nanciers, quoique dans une moindre mesure que lors des précédentes périodes de volatilité des marchés.

S’agissant de la dette souveraine de l’Amérique latine, les écarts de rendement sur les swaps de défaut se sont en particulier creusés, même s’ils sont demeurés historiquement bas. Dans les principales économies de la région, alors que le rythme de l’activité économique a été robuste au Brésil, il a été plus modéré au Mexique, ce qui refl ète la présence d’un environnement extérieur moins favorable, tandis que l’infl ation a été jugulée dans ces deux pays. L’Argentine a, quant à elle, de nouveau enregistré des taux de croissance du PIB réel exceptionnels ainsi qu’un taux d’infl ation élevé.

LES ÉVOLUTIONS DES PRIX DES MATIÈRES