• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Le néolibéralisme et Jean-Paul II

2. Jean-Paul II et sa critique du néolibéralisme

2.2 La critique des idées libérales dans les encycliques de Jean-Paul II

Si le terme «néolibéralisme» n’apparaît pas dans les encycliques sociales de Jean- Paul II, la réalité y est tout de même présente. Comme deux des encycliques ont été écrites à l’occasion d’un anniversaire de Rerum novarum de Léon XIII (.Laborem exercens pour le

Jean-PaulII, «Ecclesia in America», La documentation catholique, 2197 (7 février 1999), p. 128.

Jean-PaulII, «Ecclesia in America», p. 128.

Jean-Paul II, «Un État moderne ne peut pas faire de l'athéisme ou de la religion un de ses fondements», La documentation catholique, 2177 (le1 mars 1998), p, 230-231.

28

90e anniversaire et Centesimus annus pour le 100e), Jean-Paul II rappelle les problèmes causés par le libéralisme économique du XIXe siècle. Le «système socio-politique libéral», écrit le pape, «ne se préoccupait pas suffisamment des droits du travailleur, en affirmant que le travail humain est seulement un instrument de production, et que le capital est le fondement, le facteur et le but de la production29». La personne du travailleur devenait secondaire, au profit du capital qui considérait le travail comme une marchandise «qui pouvait être librement acquise et vendue sur le marché et dont le prix n’était établi qu’en fonction de la loi de l’offre et de la demande, sans tenir compte du minimum vital nécessaire à la subsistance [...]. De plus, le travailleur n’était pas même certain de réussir à vendre sa “marchandise” et il se trouvait constamment sous la menace du chômage, ce qui, en l’absence de protection sociale, lui faisait courir le risque de mourir de faim30.» Bref, la doctrine libérale du XIXe siècle contenait un ensemble de règles qui devaient permettre à l’économie de se développer. Toutefois, !’application de ces règles se faisait sans tenir compte de la réalité du travailleur et en faisant fi des conséquences humaines, ce qui fut dénoncé par Léon XIII.

Le libéralisme du XIXe siècle est-il maintenant chose du passé? Les effets néfastes de son application sont-ils maintenant corrigés? Pour Jean-Paul II, il faut rester vigilant. Sans mentionner explicitement le néolibéralisme, Jean-Paul II aborde cette réalité lorsqu’il affirme : «l’erreur du capitalisme primitif peut se répéter partout où l’homme est en quelque sorte traité de la même façon que l’ensemble des moyens matériels de production31». Les capitalistes sont toujours tentés de placer la personne des travailleurs en second, surtout face au profit réalisable. Après avoir cité les critiques que Léon XIII adressait au libéralisme de son temps, Jean-Paul II écrit : «Dieu veuille que ces phrases, écrites tandis que progressait ce qu’on a appelé le “capitalisme sauvage”, ne soient pas à reprendre et à répéter aujourd’hui avec la même sévérité32!» C’est pourtant le cas puisque le pape

29 JEAN-PAUL II, «Le travail humain. Lettre encyclique "Laborem exercens" à l'occasion du 90e

anniversaire de l'encyclique "Rerum novarum"», dans L'Église et la question sociale de Léon XIII à Jean-Paul II, Montréal, Corporation des Éditions Fides (coll. «L'Église aux quatre vents»), 1991,

p. 336-337.

J° JEAN-PAUL II, «Centesimus annus. Lettre encyclique à l'occasion du centenaire de l'encyclique Rerum Novarum», dans L'Église et la question sociale de LéonXIII à Jean-Paul II, Montréal, Corporation des Éditions Pides (coll. «L'Église aux quatre vents»), 1991, p. 467-468.

31 Jean-PaulII, «Le travail humain», p. 334-335.

32 Jean-PaulII, «Centesimus annus», p. 474.

énumère une série de situations où les droits des travailleurs sont encore aujourd’hui bafoués33. En d’autres mots, «malgré les changements importants survenus dans les sociétés les plus avancées, les déficiences humaines du capitalisme sont loin d’avoir disparu34».

La situation actuelle revêt toutefois un caractère qui lui est propre : celui de la mondialisation. Les problèmes ne sont plus confinés à l’intérieur des frontières nationales.

Selon Jean-Paul II, c’est Paul VI qui a été le premier à introduire dans la doctrine sociale de l’Église la dimension internationale des problèmes35. D’une problématique de classes au XXe siècle, nous sommes passés aujourd’hui à une dynamique mondiale. «Si, autrefois, on mettait surtout en évidence [...] le problème de la “classe”, à une époque plus récente on met au premier plan le problème du “monde”. On considère donc non seulement le cadre de la classe mais, à l’échelon mondial, celui des inégalités et des injustices, et, par voie de conséquence, non seulement la dimension de classe mais la dimension mondiale des tâches à accomplir pour avancer vers la réalisation de la justice dans le monde contemporain36.»

Le problème n’en est pas un de classe, mais de justice mondiale. Pour cette raison, Jean- Paul II n’hésite pas à parler d’une «‘‘prolétarisation ” effective37» de certains groupes sociaux qui n’entraient pas auparavant dans la classe prolétarienne. Bref, il faut, selon le pape, élargir les horizons et considérer les problèmes dans une optique mondiale.

Cette situation n’est pas sans causer plusieurs problèmes touchant concrètement les populations, en premier lieu le chômage qui «est toujours un mal et, lorsqu’il en arrive à certaines dimensions, peut devenir une véritable calamité sociale38». Jean-Paul II condamne ainsi toute doctrine économique qui tente de maintenir un certain niveau de chômage pour garder le niveau des salaires le plus bas possible. Il rappelle aussi que donner des prestations pour les chômeurs est un devoir pour l’État. D’autres groupes sociaux sont aussi

Voir : JEAN-PAUL II, «Centesimus annus», p. 474-475.

JEAN-PAUL II, «Centesimus annus», p. 508.

Jean-Paul II, «L'intérêt actif de l'Église pour la question sociale. Encyclique "Sollicitudo Rei Socialis" à l'occasion du vingtième anniversaire de l'encyclique "Populorum progressio"»,dans L'Église et la question sociale de Léon X1JJ à Jean-Paul II, Montréal, Corporation des Éditions Fides (coll. «L'Église aux quatre vents»), 1991, p. 398-399.

Jean-PaulII, «Le travail humain», p. 324.

JEAN-PAUL II, «Le travail humain», p. 337.

JEAN-PAUL II, «Le travail humain», p. 362.

victimes d’un système économique qui considère le travail de l’homme comme une marchandise et qui ne voit plus la personne humaine derrière le travailleur. À commencer par les femmes, surtout les mères, qui sont parfois marginalisées par les employeurs du fait de leur situation ou qui se voient obligées de renoncer à avoir des enfants pour se maintenir dans leur carrière. Jean-Paul II rappelle que «la vraie promotion de la femme exige que le travail soit structuré de manière qu’elle ne soit pas obligée de payer sa promotion par l’abandon de sa propre spécificité et au détriment de sa famille dans laquelle elle a, en tant que mère, un rôle irremplaçable39.» Par ailleurs, le pape mentionne le sort des personnes handicapées qui se voient souvent exclues du travail à cause de leur faible capacité de production. Elles ont droit, elles aussi, à un travail qui les intègre pleinement à la société.

Jean-Paul II écrit : «La personne handicapée est l’un de nous et participe pleinement à notre humanité. Il serait profondément indigne de l’homme et ce serait une négation de l’humanité commune de n’admettre à la vie sociale, et donc au travail, que des membres dotés du plein usage de leurs moyens, car, en agissant ainsi, on retomberait dans une forme importante de discrimination, celle des gens forts et sains contre les personnes faibles et malades40.» De plus, le pontife dénonce !’exploitation des émigrés qui n’ont pas toujours les protections légales dans le domaine du travail : «L’émigration pour motif de travail ne peut d’aucune manière devenir une occasion d’exploitation financière ou sociale41.» En outre, Jean-Paul II mentionne la dette des pays pauvres qui, au lieu d’être un tremplin pour le développement des peuples, est devenue un poids considérable sur toute la population des pays concernés42. Il mentionne aussi les problèmes de drogue43 et d’écologie44 qui frappent les pays occidentaux, mais aussi tous les pays. Cet aperçu des problèmes concrets causés par le néolibéralisme permet à Jean-Paul II de montrer que le système est défaillant.

Si le pape analyse les conséquences du néolibéralisme sur les personnes, il fait aussi une critique plus large de la situation. En premier lieu, il critique la société de

Jean-Paul II, «Le travail humain», p. 367.

JEAN-PAUL II, «Le travail humain», p. 372.

JEAN-PAUL II, «Le travail humain», p. 374.

JEAN-PAUL II, «Centesimus armus», p. 511.

Jean-Paul II, «Centesimus annus», p. 513.

JEAN-PAUL II, «Centesimus annus», p. 514.

consommation qui s’est installée en même temps que le système néolibéral : «plus on possède, plus aussi on désire, tandis que les aspirations les plus profondes restent insatisfaites, peut-être même étouffées45». Le pape propose plutôt de soumettre les besoins à «une image intégrale de l’homme qui respecte toutes les dimensions de son être46». Il ne faut pas viser l’avoir, mais l’être. Toujours dans une critique plus large des problèmes causés par le néolibéralisme, mais dans un autre ordre d’idées, Jean-Paul II condamne les multinationales qui «imposent les prix les plus élevés possible pour leurs produits et cherchent en même temps à fixer les prix les plus bas possible pour les matières premières ou les produits semi-finis47». Cela cause de grandes inégalités entre pays riches et pauvres.

En ce sens, Jean-Paul II écrit : «il est nécessaire de dénoncer l’existence de mécanismes économiques, financiers et sociaux qui, bien que menés par la volonté des hommes, fonctionnent souvent d’une manière quasi automatique, rendant plus rigides les situations de richesse des uns et de pauvreté des autres48.» La main invisible du marché ne peut être utilisée pour justifier des situations d’injustice et de pauvreté. Il est toujours possible pour les hommes, en particulier les hommes d’affaires, de prendre des décisions qui tiennent compte des personnes humaines qui travaillent et qui subissent les conséquences de ces décisions. En résumé, la société en général ou les grandes sociétés économiques sont critiquées par le pape lorsqu’elles subordonnent l’homme à des impératifs de consommation, de profit, de concurrence, etc.

Face à ces problèmes, il faut que l’État intervienne sans priver la société civile de sa responsabilité. «En effet, il semble que les besoins soient mieux connus par ceux qui en sont plus proches ou qui savent s’en rapprocher, et que ceux-ci soient plus à même d’y répondre49.» L’État doit intervenir dans une certaine mesure. Il doit le faire indirectement en suscitant des conditions favorables pour l’activité économique. Il doit intervenir aussi directement, «en imposant, pour la défense des plus faibles, certaines limites à l’autonomie des parties qui décident des conditions du travail, et en assurant dans chaque cas un

JEAN-PAUL H, «L'intérêt actif de l'Église pour la question sociale», p. 424.

Jean-PaulII, «Centesimus annus», p. 512.

Jean-Paul II, «Le travail humain», p. 360.

Jean-PaulII, «L'intérêt actif de l'Église pour la question sociale», p. 408.

Jean-PaulII, «Centesimus annus», p. 530-531.

49

minimum vital au travailleur sans emploi50». Il ne peut pas laisser le marché suivre son cours sans lui donner un cadre et sans supporter les hommes qui sont marginalisés par le système économique. De plus, c’est le rôle de l’État de veiller à ce que les droits de l’homme soient respectés par les entreprises : «L’État a par ailleurs le devoir de surveiller et de conduire !’application des droits humains dans le secteur économique51», même s’il n’est pas le seul, ni même le premier responsable, de cette tâche. Bref, Jean-Paul II se situe entre une conception «communiste» de l’État où celui-ci contrôle tout et une conception

«néolibérale» où celui-ci est réduit à un strict minimum.

Au fond, ce qui rend le capitalisme néolibéral condamnable par le pape, c’est qu’il voit en lui un matérialisme qui ne prend pas acte du fait qu’il existe un être humain à qui les biens doivent être ordonnés. C’est pour cette raison que Jean-Paul II désigne le néolibéralisme comme un «économisme matérialiste».

Ce qui, pour cette façon de penser et de juger, constitue une occasion systématique et même en un certain sens, un stimulant, c’est le processus accéléré de développement de la civilisation unilatéralement matérialiste, dans laquelle on donne avant tout de l’importance à la dimension objective du travail, tandis que la dimension subjective - tout ce qui est en rapport indirect ou direct avec le sujet même du travail - reste sur un plan secondaire. Dans tous les cas de ce genre, dans chaque situation sociale de ce type, survient une confusion, ou même une inversion de l’ordre établi depuis le commencement par les paroles du Livre de la Genèse : l’homme est alors traité comme un instrument de production alors que lui - lui seul, quel que soit le travail qu’il accomplit - devrait être traité comme son sujet efficient, son véritable artisan et son créateur. C’est précisément cette inversion d’ordre, abstraction faite du programme et de la dénomination sous les auspices desquels elle se produit, qui mériterait [...] le nom de «capitalisme»52.

Le capitalisme a fondamentalement en lui une tendance à donner la priorité aux biens et à leur accumulation. Il en vient à classer l’homme dans la catégorie matérielle. Le néolibéralisme montre bien que cette tendance a pris, ces dernières années, de plus en plus d’importance. Cela ne veut pas dire qu’il faille abolir le capitalisme. Jean-Paul II affirme :

«Il semble que, à l’intérieur de chaque pays comme les rapports internationaux, le marché libre soit l’instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre

JEAN-PAUL II, «Centesimus annus», p. 484.

Jean-Paul II, «Centesimus annus», p. 529.

Jean-Paul II, «Le travail humain», p. 334.

efficacement aux besoins53.» Le marché a une utilité pour répondre à certains besoins, mais il ne peut pas les combler tous, à commencer par les besoins spirituels. «On retrouve ici une nouvelle limite du marché, écrit Jean-Paul II : il y a des besoins collectifs et qualitatifs qui ne peuvent être satisfaits par ses mécanismes; il y a des nécessités humaines importantes qui échappent à sa logique; il y a des biens qui, en raison de leur nature, ne peuvent ni ne doivent être vendus ou achetés54.» Les dirigeants économiques et politiques doivent constamment veiller à ce que le capitalisme soit mis au service de l’homme et non l’inverse. En d’autres mots, le capitalisme ne doit pas tomber dans l’erreur économiste «qui consiste à considérer le travail humain exclusivement sous le rapport de sa finalité économique55».

En ce sens, il existe, pour Jean-Paul II, un «bon» et un «mauvais» capitalisme. C’est ce qu’il explique lorsqu’il énonce son avis sur le système économique qu’il faut proposer suite à la chute de l’URSS. En réponse à la question : «Est-ce ce modèle [le capitalisme]

qu’il faut proposer aux pays du Tiers-Monde qui cherchent la voie du vrai progrès de leur économie et de leur société civile?», il répond :

La réponse est évidemment complexe. Si sous le nom de «capitalisme» on désigne un système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l’entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu’elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique, la réponse est sûrement positive, même s’il serait peut-être plus approprié de parler d’«économie d’entreprise», ou d’«économie de marché», ou simplement d’«économie libre». Mais si par «capitalisme» on entend un système où la liberté dans le domaine économique n’est pas encadrée par un contexte juridique ferme qui la met au service de la liberté humaine intégrale et la considère comme une dimension particulière de cette dernière, dont l’axe est d’ordre éthique et religieux, alors la réponse est nettement négative56.

Le «bon» capitalisme consisterait à reconnaître le rôle que jouent les entreprises, le marché ainsi que la propriété privée et à leur reconnaître une juste autonomie. Le «mauvais»

capitalisme serait celui qui n’encadre pas juridiquement le marché et qui ne place pas la

Jean-PaulII, «Centesimus annus», p. 509.

JEAN-PAUL II, «Centesimus annus», p. 517-518.

Jean-PaulII, «Le travail humain», p. 350.

Jean-PaulII, «Centesimus annus», p. 520.

liberté économique au service de la liberté humaine. Bref, Jean-Paul II ne dit pas non au capitalisme, mais plutôt à sa dérive néolibérale.

Finalement, le véritable problème du néolibéralisme est de réduire la société à une société de production de biens et de services. Cela se produit lorsqu’est oubliée la dimension éthique et religieuse. Jean-Paul II écrit :

Si elle [l’économie] devient un absolu, si la production et la consommation des marchandises finissent par occuper le centre de la vie sociale et deviennent la seule valeur de la société, soumise à aucune autre, il faut en chercher la cause non seulement et non tant dans le système économique lui-même, mais dans le fait que le système socio-culturel, ignorant la dimension éthique et religieuse, s’est affaibli et se réduit alors à la production des biens et des services57.

Le problème est socio-culturel à la base, et non pas d’abord économique. C’est pour cette raison que l’analyse de la critique de Jean-Paul II à partir de la théorie de la modernité de Marcel Gauchet ne peut se limiter à ce que dit Jean-Paul II du système économique (ce que j’ai développé dans ce chapitre). C’est en analysant ce qu’il propose comme vision de la société et de l’homme et qui sert de base à sa critique du néolibéralisme que l’on pourra mieux comprendre où se situe Jean-Paul II.

JEAN-PAUL II, «Centesimus annus», p. 517.

57

Analyse de la critique de Jean-Paul II

Jean-Paul II critique le néolibéralisme en tant qu’économisme matérialiste. Il condamne cette doctrine économique lorsqu’elle a pour conséquence des effets néfastes sur les individus et les populations. De plus, il propose une vision de l’homme et de la société différente de celle proposée par les «matérialistes», qu’ils soient libéraux ou socialistes.

C’est cette vision de Jean-Paul II sous-jacente à sa critique du néolibéralisme que j’analyserai dans ce chapitre à partir du cadre théorique élaboré dans les trois premiers

chapitres.

Je ne peux analyser ici tous les concepts utilisés par Jean-Paul II. Je me suis concentré sur quatre d’entre eux qui m’apparaissent centraux pour comprendre la critique du pape à l’endroit de l’économie néolibérale. Le premier concept que j’aborderai est celui de «personne». Ensuite, je m’attarderai à la notion de «travail», particulièrement dans l’encyclique Laborem exercens qui porte directement sur cette notion. Puis, je ferai ressortir le concept de «progrès» pour terminer avec celui de «communion».

1. Le concept de «personne»

Le concept de «personne» occupe une place importante dans !’argumentation de Jean- Paul II. Il est à la base de sa critique tant du capitalisme néolibéral que du socialisme marxiste. Selon le pape, les conceptions capitalistes et marxistes du développement sont

«toutes deux imparfaites et [ont] besoin d’être radicalement corrigées1». En ce qui a trait au capitalisme, son erreur provient de son penchant économiste, c’est-à-dire lorsqu’on en arrive «à considérer le travail humain exclusivement sous le rapport de sa finalité économique2». Pour ce qui est du marxisme, son erreur est anthropologique : l’individu est réduit à «une molécule de l’organisme social, de sorte que le bien de chacun est tout entier subordonné au fonctionnement du mécanisme économique et social3». Dans les deux cas, c’est une conception de l’homme qui est condamnée par Jean-Paul II. Dans le cas du capitalisme, l’homme est considéré comme un être économique. Dans le cas du socialisme,

«toutes deux imparfaites et [ont] besoin d’être radicalement corrigées1». En ce qui a trait au capitalisme, son erreur provient de son penchant économiste, c’est-à-dire lorsqu’on en arrive «à considérer le travail humain exclusivement sous le rapport de sa finalité économique2». Pour ce qui est du marxisme, son erreur est anthropologique : l’individu est réduit à «une molécule de l’organisme social, de sorte que le bien de chacun est tout entier subordonné au fonctionnement du mécanisme économique et social3». Dans les deux cas, c’est une conception de l’homme qui est condamnée par Jean-Paul II. Dans le cas du capitalisme, l’homme est considéré comme un être économique. Dans le cas du socialisme,