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Corpus, méthodologie et analyse :

2. Le corpus : « un éventail d’arc-en-ciel »

2.1 Corpus : tour d’horizon et définitions

Dans notre thèse, il est question de cerner le corps, de délimiter l’espace de son évolution et de retracer son mouvement dans The Rainbow et dans ses deux traductions françaises. Nous envisageons la traduction de la métaphore corporelle comme un processus de transplantation périlleuse qui ne peut se concrétiser sans la prise en compte de multiples

facteurs. Par ailleurs, l’omniprésence de la métaphore dans l’écriture lawrencienne risque de rendre extrêmement difficile le choix des exemples à analyser au niveau de leur taille et de leur nombre. La tâche se révèle dès lors compliquée, car « un grand chantier s’ouvre pour celui ou celle qui souhaite mener une analyse exhaustive d’une œuvre et de sa traduction » (Hewson, 2017 : 517).

L’une des difficultés majeures que nous avons rencontrée est celle de la contextualisation de notre interprétation. En effet, il est essentiel que les échantillons métaphoriques sélectionnés pour analyse soient placés dans un contexte plus large que la phrase ou le paragraphe qui les abritent. Certes, nous ne proposerons que certains exemples extraits de différents chapitres du roman pour mettre en relief le devenir du corps et l’évolution des représentations mentales résultant des métaphores, mais nous veillerons à injecter tout élément utile à notre microlecture. Une telle démarche établit un cadre interprétatif, car comme l’explique Hewson,

[i]l serait vain de procéder à la validation de choix de traduction en dehors de tout cadre interprétatif établi en amont. Comme dans le domaine de la critique des traductions (Hewson 2011), le cadre interprétatif permet d’asseoir des prises de position argumentées ; il constitue le fondement sur lequel s’appuient les arguments avancés par l’expert lorsque celui-ci se prononce sur des choix traductifs potentiellement créatifs. (Hewson, 2017 : 507)

C’est dans le cadre des études descriptives que notre recherche se situe, à la croisée des études sur/de corpus et d’une approche interprétative. Autrement dit, il s’agit d’une démarche qui permet au traductologue d’entreprendre une lecture mettant en lumière « les similarités et les divergences » non pour donner un jugement de valeur, mais pour mieux comprendre ce qui a motivé les choix du traducteur. Hewson affirme que le cadre interprétatif « invite à un va-et-vient entre le niveau macrostructurel, où se dégagent les pistes de lecture jugées fondamentales, et le niveau microstructurel, examiné dans le cadre

d’un choix traductif particulier » (Hewson, 2017 : 507). Nous prendrons ainsi en compte la dimension macrostructurelle et la dimension microstructurelle pour que d’autres pistes de lecture puissent émerger. En procédant de la sorte, nous espérons que le choix des exemples qui compose notre corpus sera pertinent et permettra d’avoir des données exploitables, grâce aux diverses fonctionnalités du concordancier que nous développerons ultérieurement.

Nous souhaitons d’abord retracer l’émergence des corpus en traductologie. Il convient de rappeler que l’utilisation des corpus s’inscrit dans le cadre de la recherche empirique qui explore les données récoltées afin d’en déduire des pistes de réflexions théoriques novatrices. Au début des années 1990, la présence du corpus en traductologie gagne progressivement du terrain grâce à une synergie entre les Descriptive Translation Studies (les études descriptives en traductologie ou la traductologie descriptive) et les Corpus Linguistics (la linguistique de corpus). Le corpus est devenu ainsi un paradigme empirique.

Les travaux de James Holmes (1972) représentent la pierre angulaire des études descriptives en traductologie. Holmes met en place un schéma proposant trois branches distinctes, mais étroitement liées : la dimension descriptive, la branche théorique et l’aspect appliqué. S’inspirant des travaux de Holmes, Toury esquisse en 1995 les contours d’un cadre théorique qui situe la méthode descriptive au cœur de la traductologie. La méthodologie développée par les recherches de nature descriptive considère les traductions comme « un (sous)-système » distinct s’inscrivant dans une culture cible spécifique. Il est nécessaire de tenir compte de l’influence de la « théorie du polysystème » développée par Itamar Even-Zohar (1979). Ce dernier définit le texte en tant qu’espace régi par des relations complexes et dynamiques. En ce sens, tout texte, y compris les traductions, est perçu comme un sous-système faisant partie d’un système plus large, à savoir le

polysystème littéraire. Selon cette théorie, la traduction a besoin d’un texte source pour exister, mais une fois effectuée, cette même traduction devient autonome du texte générateur et suit sa propre trajectoire. Selon Toury, les traductions représentent « des textes à part entière non pas des représentations d’autres textes » (Toury, 1995 : 29).

Les travaux de Toury, dans le cadre de la traductologie descriptive, ont ouvert la voie à l’émergence de diverses études utilisant les corpus. Cela dit, l’utilisation du terme « corpus » chez Toury diffère de celle des linguistes de corpus, comme l’explique Sara Laviosa :

Within this target-oriented and empirical perspective, the initial criteria for selecting individual texts or a corpus of texts are external, provisional, and firmly based on the target system. In Toury’s programme for Translation Studies the term ‘corpus’ does not have the same specialised meaning assigned to it by the discipline of corpus linguistics, but it generally refers to a relatively small collection of texts assembled and searched

manually according to specified criteria. These collections include, for example, the texts

of a particular translator, school of translators, author, or period of time. (Laviosa, 2002 : 13, nous soulignons)

Ainsi, selon Toury, un corpus est un ensemble de textes relativement petits, assemblés et recherchés manuellement selon des critères spécifiques. Le corpus permet d’observer des phénomènes traductifs et d’en tirer des éléments de référence, à savoir des normes qui établissent ce qui est « correct et incorrect », « approprié et inapproprié » au sein d’une communauté et dans une situation donnée (Toury, 1995 : 55). Toutefois, la norme n’est pas une règle rigide et stricte. Il s’agit d’une unité évolutive, non pas un élément universel. Ici, la norme s’inscrit dans une culture et dans un cadre spatio-temporel spécifiques : « […] norms are descriptive, rather than prescriptive constructs and are reflected in the observable regularities of translational behaviour. They guide the translator’s choices and are dependent on the position assigned to translation in a given target culture system » (Laviosa, 2002 : 16). À notre avis, les normes sont une sorte de guide qui couvre

deux dimensions, celle de la culture source et celle de la culture cible — notons que les frontières des deux dimensions sont variables et qu’elles peuvent être parfaitement distinctes ou bien mêlées en divers points. Par ailleurs, la norme se vêt de différentes robes ; elle peut être sociale, lexicale ou stylistique, par exemple. Cela dit, la précaution est de mise, car la présence de tendances ou d’aspects réguliers n’implique pas systématiquement l’influence d’une règle normative : « regularities in behaviour do not however necessarily indicate that normative forces are at play; tracing regularities does not tell us what induced the regularities » (Brownlie, 1999 : 18). Il semble utile d’expliciter la notion de régularité au niveau des comportements en faisant référence aux travaux du sociologue Pierre Bourdieu. Ce dernier explique que « l’habitus, comme système de dispositions à la pratique »

[est] un fondement objectif de conduites régulières, donc de la régularité des conduites, et si l’on peut prévoir les pratiques (ici la sanction associée à une certaine transgression), c’est que l’habitus est ce qui fait que les agents qui en sont dotés se comportent d’une certaine manière dans certaines circonstances. Cela dit, cette tendance à agir d’une manière régulière qui, lorsque le principe en est explicitement constitué, peut servir de base à une prévision (équivalent savant des anticipations pratiques de l’expérience ordinaire), ne trouve pas son principe dans une règle ou une loi explicite. (Bourdieu, 1986 : 40).

Bourdieu établit donc une différence entre la règle prescriptive et « l’habitus » tout comme Toury qui distingue la règle de la norme. En traduction, étudier la norme permet d’anticiper certaines pratiques du traducteur et de les situer dans leurs contextes.

Reprenons à présent la chronologie du développement du corpus en traductologie. Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l’évolution du corpus dans le cadre de la linguistique. Pour ce qui est de la linguistique, l’utilisation des corpus remonte au début des années 1960 (Kucera et Francis, 1967) et va de pair avec la révolution numérique et le perfectionnement de la performance des ordinateurs et de leur commande :

Corpus design and computerised methods of corpus analysis constitute the methodology of corpus linguistics, which in an integral part of the definition of this discipline and an essential factor in its development. The latter is confirmed by the rapid expansion of corpus-based research during the last 20 years when the refinement of text retrieval software, the increased storage and processing power of computer hardware together with the development of computer type-setting, word-processing, automatic data capture (Leech, 1991a) and CD-ROM optical disks, made it possible to create corpora of hundreds of millions of words, such as the British National Corpus, and design other corpus types […]. (Laviosa, 2002 : 7)

Laviosa fait référence à deux « générations » au sein de la linguistique du corpus : une première vague allant des années 1960 aux années 1970 et une deuxième couvrant les années 1980 et les années 1990. Or, il convient de souligner que la linguistique chomskyenne, qui date également des années 1960 et 1970, stipule que l’utilisation des corpus est inutile. En partant du constat de Chomsky, certains avancent que la linguistique peut être étudiée en analysant seulement la phrase isolée ou bien les données collectées « intuitivement » : « The critical problem for grammatical theory today is not a paucity of evidence but rather the inadequacy of present theories of language to account for masses of evidence that are hardly open to serious question » (Chomsky, [1965] 2015 : 19-20).

C’est en Grande-Bretagne, sous l’influence de « la seconde génération de linguistes de la London School fondée par John Rupert Firth et Daniel Jones, que l’utilisation des corpus s’est progressivement répandue (Léon, 2008 : 12). Jacqueline Léon avance que les deux vagues correspondent en réalité à deux courants qui se veulent distincts : le courant « ‘corpus-based’ », sous la direction de Geoffrey Leech, et le courant « ‘corpus-driven’ », représenté par John Sinclair. Les adeptes du premier courant préconisent une méthode qui s’appuie sur une logique déductive. En effet, ces derniers se servent du corpus comme outil qui vérifie des aspects théoriques préexistants. Pour les adeptes du deuxième courant (Francis, 1993 ; Tognini-Bonelli, 2001), le corpus joue le rôle d’un support qui

permet de suivre un raisonnement inductif sans appui théorique préalable. Dans ce cas, il s’agit d’effectuer des analyses textuelles et d’en extraire des tendances pour enrichir la théorie. À notre avis, que le raisonnement soit inductif ou déductif, il émane souvent d’une idée, d’une intuition qui amène le chercheur à entreprendre une aventure. Cela va de pair avec l’affirmation de Paillé et Mucchielli :

[…] il n’y a pas de point de référence absolu et stable autour duquel pourrait se constituer le regard théorique du chercheur : celui-ci est constamment en construction. Du même coup, il n’y a pas de position de départ absolue et figée pour la recherche, pas de repère fixe pour la connaissance, pas de prétest/posttest possible à ce niveau. (Paillé et Mucchielli,2012 : 125)

De ce point de vue, l’intuition n’est ni contraire à la perspicacité ni à la scientificité du chercheur. En outre, la limite entre les deux courants mentionnés n’est pas toujours nette. En effet, Léon suggère que cette distinction est « d’ordre purement conjoncturel et politique », car leurs adeptes qui sont « tous deux d’origine britannique et issus de la London School, utilisent parfois les mêmes corpus et partagent certains supports de publications » (Léon, 2008 : 13). Nous ne parcourrons pas ici la chronologie de développement de la linguistique de corpus (voir l’article détaillé de Léon), mais il convient de mentionner que l’étude des corpus est étroitement liée à la tradition britannique dans le domaine de la linguistique ; elle-même influencée par l’expansion massive de la machine et de l’informatique.

Avant d’aborder l’utilisation des corpus en traductologie, nous souhaitons d’abord consulter quelques définitions. À l’entrée « corpus » dans le Trésor de la langue française informatisé, on peut lire ceci : « recueil réunissant ou se proposant de réunir, en vue de leur étude scientifique, la totalité des documents disponibles d’un genre donné », « ensemble de textes établi selon un principe de documentation exhaustive, un critère thématique ou

exemplaire en vue de leur étude linguistique », et « ensemble de données exploitables dans une expérience d’analyse ou de recherche automatique d’informations ». Ainsi, un corpus peut être considéré comme une sorte de répertoire qui regroupe des informations, traitées ou brutes, sous forme numérique ou autre, dans le but de les analyser. Selon Francis (1991), un corpus représente un ensemble de textes qui est supposé être représentatif d’une langue donnée, d’un dialecte ou d’un autre sous-ensemble d’une langue, qui doit être utilisé pour une analyse linguistique. Dans « Corpora in Translation Studies: An Overview and Some Suggestions for Future Research », Mona Baker explique que le mot corpus signifiait à l’origine un ensemble de textes écrits, traités ou non traités, généralement par un même auteur. Mais, sous l’influence de la linguistique de corpus, cette définition a subi des changements importants :

(i) corpus now means primarily a collection of texts held in machine-readable form and capable of being analysed automatically or semi-automatically in a variety of ways; (ii) a corpus is no longer restricted to ‘writings’ but includes spoken as well as written text, and (iii) a corpus may include a large number of texts from a variety of sources, by many writers and speakers and on a multitude of topics. What is important is that it is put together for a particular purpose and according to explicit design criteria in order to ensure that it is representative of the given area or sample of language it aims to account for. (Baker, 1995 : 225)

Il va de soi que la notion de corpus s’est complexifiée grâce à l’influence de l’informatique. À présent, le corpus est défini comme un ensemble de textes qu’un ordinateur peut traiter afin d’en extraire, d’une manière automatique ou semi-automatique, des éléments intelligibles. Le corpus peut également regrouper des données sous diverses formes : écrites, audio, visuelles ou multimodales (utilisation combinée).

D’un point de vue linguistique, le corpus est une grande quantité de textes « bruts » qui sont traités pour que le chercheur trouve des évidences objectives : « large quantities of ‘raw’ text are processed directly in order to present the researcher with objective

evidence » (Sinclair, 1991 : 4). Cette vision exclut donc la dimension extratextuelle, à savoir l’aspect sociolinguistique auquel Benoît Habert (2000) fait référence. Selon ce dernier, un corpus est « une collection de données langagières qui sont sélectionnées et organisées selon des critères linguistiques et extra-linguistiques explicites pour servir d’échantillon d’emplois déterminés d’une langue » (Habert, 2000 : 13). En revanche, dans le cadre du courant « corpus-based », les corpus sont des outils qui permettent d’analyser des phénomènes relatifs aux langues et contribuent à établir une nouvelle linguistique dont la méthodologie est distincte : « a new philosophical approach […] a new way of thinking about language » (Leech, 1992 : 106). Ici, le critère qui importe le plus dans la mise en place d’un corpus demeure son utilité et sa représentativité.

Disons d’emblée que les études fondées sur corpus se sont progressivement fait une place en traductologie grâce aux contributions des divers traductologues qui se sont inspirés de la linguistique de corpus. Certains acquis de celle-ci sont désormais couramment utilisés pour enrichir la méthodologie et la réflexion dans notre discipline. Mais cet intérêt est également l’un des résultats de l’essor considérable des logiciels de traduction automatique et du besoin d’établir des glossaires techniques, comme l’a précisé Baker, il y a déjà vingt ans :

The potential for using corpora is beginning to take shape in translation studies. Computerised corpora are becoming increasingly popular in those areas of the discipline which have close links with the hard sciences. This is particularly true of terminology and machine translation, where the emphasis is primarily, if not exclusively, on scientific and technical texts. (Baker, 1995 : 224)

Sans doute, l’emploi des corpus peut être significativement utile pour les traducteurs de textes techniques. Mais qu’en est-il de la traduction des textes littéraires ? Si certains semblent persuadés qu’il existe une césure entre le domaine pragmatique et le domaine littéraire, nous demeurons persuadée que toute avancée dans l’un enrichirait l’autre. Car la

mise en place de nouvelles techniques traductives, grâce au développement technologique, ne peut que nourrir la réflexion théorique du traductologue, en particulier dans le cadre de des études descriptives :

It goes some way towards fulfilling the growing need for a rigorous descriptive methodology in an attempt to increase the inter-subjectivity of the applied areas of translation studies, such as translator training and translation criticism, and of course in the pursuit of a more satisfying theoretical account of the phenomenon of translation

itself. (Baker, 1995 : 224, nous soulignons)

Selon Baker, avoir recours au corpus permet d’instaurer une méthodologie rigoureuse qui contribue non seulement à mieux comprendre le « phénomène de la traduction », mais également à affiner son aspect pratique en enrichissant la formation du traducteur et en aiguisant le regard critique qu’on porte au niveau théorique et pratique. Il va de soi que les études de/sur corpus sont à présent une branche reconnue de la traductologie descriptive. Ce sont des études qui explorent différentes pistes de réflexion que Federico Zanettin (2013 : 20-32) détaille, dans son article « Corpus Methods for Descriptive Translation Studies ». Selon Zanettin, l’utilité des corpus se vérifie selon trois axes : le volet le plus important concerne la vérification des « universaux de traduction » (translation universals). Il s’agit d’aspects invariables inhérents aux traductions quelle que soit la langue. Selon Baker (1993), ces universaux sont des tendances que l’on détecte dans les textes traduits. Baker en propose quatre : l’explicitation, la simplification, la normalisation et le nivellement. La première tendance peut être observée quand la traduction rend plus clair l’énoncé du texte source (phrase plus longue, ajout lexical et utilisation de charnières, par exemple). La simplification est détectée quand des aspects lexicaux, syntaxiques ou stylistiques dans le texte source perdent leur intensité ou variété dans la traduction. La normalisation, quant à elle, est utilisée pour que le contenu du texte

source soit adapté aux normes stylistiques de la langue cible (contourner la répétition, par exemple, en utilisant un système de synonymes). Enfin, le nivellement est la tendance qui permet d’instaurer une forme d’équilibre dans la traduction.

Le deuxième volet, suggéré par Zanettin, cible les particularités stylistiques du traducteur, « les variations individuelles » qui caractérisent sa plume. Ces variations peuvent être identifiées, par exemple, en comparant le style de plusieurs traducteurs à la fois et en mettant en relief les choix propres à chacun. Quant au dernier volet, qui une combinaison des deux premiers, il se focalise sur les normes traductives, aspect étroitement lié aux contextes (Zanettin, 2013 : 21).

Après avoir abordé l’émergence du corpus et son évolution, nous souhaitons à présent explorer les différentes classifications de corpus avant d’entamer l’analyse des échantillons métaphoriques sélectionnés pour retracer la représentation du corps et son devenir dans l’écriture lawrencienne ainsi que dans la traduction d’Albine Loisy et celle de Jacqueline Gouirand.