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Contexte de travail et langues du corpus

1. Le sous-corpus ESLO sélectionné

Qu‟il s‟agisse du français extrait du corpus ESLO1, de l‟arabe marocain ou du berbère tamazight, dont les corpus ont été recueillis auprès de locuteurs marocains arabophones et berbérophones résidant à Orléans, chaque corpus représente un peu plus de sept heures d‟enregistrement, soit environ vingt-deux heures au total.

Le corpus du français parlé à Orléans comprend sept enregistrements extraits de l‟ESLO1 réalisés entre 1969 et 1970 :

Enregistrements ESLO

N° enregistrement Code témoin Durée Sexe Age profession Niveau scolaire

008

GJ 131 54 M 48 Contrôleur P&T Fin d‟études 16 ans

106

NA 487 61 F 60 Sans activité Fin d‟études 12 ans

107 NI 526 55 F 30 Sans activité Fin d‟études 16 ans, 5e

, diplôme : CEP

109 OB 557 66 F 53 Ouvrière confection Fin d‟études 13 ans, CEP

110 OH 593 66 M 19 Décorateur et étalagiste

Fin d‟étude 16 ans, CET (menuisier)

118 QG 109 51 M 46 Chef comptable Fin d‟étude 17 ans, Brevet commercial

129 TS 165 79 M 69 Vitrailliste Fin d‟études 14 ans, CEP

Tous les enregistrements qui ont été transcrits et validés sont d‟une qualité acoustique satisfaisante et d‟une durée totale équivalent à celle des corpus de l‟arabe marocain et du berbère tamazight. L‟échantillon sélectionné, à défaud de pouvoir être considéré comme représentatif a été équilibré autant qu‟il était possible en termes d‟âge, de sexe et de catégorie

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socioprofessionnelles (CSP). Les CSP des locuteurs ont été sélectionnées pour être proches de celles de l‟arabe marocain (AM) et du berbère tamazight (BT).

Toutefois, une différence d‟importance est à signaler : le corpus du français, tiré de l‟ESLO, date de 1968-1970, alors que ceux de l‟AM et du BT ont été constitués en 2008-2009 à Orléans.

2. L’Enquête sociolinguistique à Orléans (ESLO) 2.1. Origines et buts de l’ESLO

ESLO est une enquête conduite par des universitaires britanniques dans

l‟agglomération orléanaise :

Les origines de l‟ESLO remontent en 1966, à la période de la "révolution audio-visuelle" de l‟enseignement des langues modernes en Grande Bretagne. L‟introduction de nouvelles techniques et surtout, l‟importance croissante accordée à la parole non littéraire, faisaient ressortir un besoin aigu d‟échantillons authentiques de français parlé spontané. Mais dès le début il s‟agissait d‟autre chose que d‟une simple chasse aux images sonores ; bien sûr, il fallait fixer des propos vivants, mais d‟une façon systématique, afin de permettre des études fondamentales dans le domaine de la linguistique descriptive, sans lesquelles le renouveau de la pédagogie ne serait, au mieux que superficiel. (Catalogue ESLO, 1974)

L‟objectif était de recueillir un échantillon authentique du français parlé spontané à des fins didactiques et linguistiques. L‟enquête avait de multiples buts14

:

réunir un corpus d‟enregistrements du français parlé, recueillis à l‟intérieur d‟une société urbaine, le choix des témoins devant être dicté par des critères sociologiques explicites afin d‟assurer la représentativité du corpus ;

transcrire un échantillon représentatif de ce corpus,

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préparer et publier un catalogue descriptif et analytique des documents sonores et écrits afin de les rendre disponibles aux chercheurs,

créer des ensembles pédagogiques pilotes destinés à l‟enseignement secondaire et supérieur,

réaliser des études pilotes de description et d‟analyse linguistique.

2.2. Constitution du corpus ESLO

2.2.1. La localisation géographique

Les initiateurs d‟ESLO ont choisi Orléans parce qu‟elle répondait à des critères à la fois « nécessaires » (localisation, dialectalisation et accent négligeables, tradition historique…) et « factuels » (développement lié à la régionalisation, création d‟une université, proximité de Paris)15. Orléans a été choisi non en tant que donnée géographique mais en tant qu‟ :

Unité à l‟intérieur de laquelle reconstruire, à un moment précis, la dynamique des formes linguistiques simultanément présentes – plutôt qu‟en concurrence – dans une cité assez vaste pour que la variation y soit accusée et perpétuée à travers des réseaux d‟échange linguistiques autonomes, et assez restreinte pour que n‟importe quel membre de cette communauté linguistique ait dû interférer dans les circuits de communication des autres groupes (Bergounioux et al. (1992 : 79)).

C‟est ce qui explique le fait que l‟on recense, parmi les locuteurs, des personnes qui ne sont pas originaires du Centre16. Il ne s‟agissait pas de chercher un standard mais de rendre compte de la variété des français parlés dans une ville du Centre. Le lieu de l‟enquête étant choisi, restait à convenir d‟un échantillonnage.

15

Bergounioux et al. (1992 : 84).

16 Parmi les locuteurs retenus : « Trois personnes originaire d‟Algérie […], deux Aquitains, dix Bretons un Lorrain, dix Parisiens… » (Ibid.).

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2.2.2. Panel et échantillonnage

Les initiateurs d‟ESLO ont fait appel à l‟INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) pour réaliser une sélection aléatoire de six cents témoins répartis selon les critères sociologiques de sexe, âge, catégories socioprofessionnelles, etc. Cet échantillon ne se voulait pas représentatif mais diversifié avec un nombre suffisant de locuteurs pour une étude de ce type :

Pour éviter toute ambiguïté, précisons que cet échantillon ne prétend à aucune représentativité, ni par rapport à la population globale d‟Orléans, ni par rapport à la répartition relative des différentes catégories socio-professionnelles. En revanche cet échantillon offre un nombre égal suffisant de témoins dans chaque catégorie, suffisant en tout cas, selon nous, pour une étude linguistique. » (Biggs et Blanc (1971 : 23)

Trois principes de classification ont été retenus dans la détermination de l‟échantillon :

 le sexe (80 hommes, 76 femmes)

 l‟âge : trois tranches d‟âge (18-29, 30-50 et plus de 50 ans) ont été retenues ;

 Six catégories socioprofessionnelles (obtenues par agrégat de catégories INSEE) :

o Patrons de l‟industrie et du commerce : 29 témoins ;

o professions libérales et cadres supérieurs : 29 ;

o cadres moyens : 19 ;

o employés : 30 ;

o ouvriers : 42 ;

o personnel de service : 7.

Signalons qu‟il s‟agit d‟une sélection a posteriori, détérminée par l‟importance des refus dans les classes populaires.

Les catégories INSEE sont complétées par l‟échelle AM (pour Alix Mullinaux) qui comprend cinq groupes codés de A à E. L‟échelle de catégories socio-culturelles construite par Alix Mulineaux « constitue une tentative de classement de la population française en

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fonction de paramètres de mobilité sociale et de niveau de culture »17 (catalogue ESLO, 1974).

Par ailleurs, les témoins peuvent être répartis également selon l’âge de fin d’études (14, 15/16, 17, 18/20 et 21 et +).

2.2.3. Les situations de parole

Une fois constitué, l‟échantillon a été sollicité pour un entretien en face à face sur la base d‟un questionnaire, un type d‟entretien privilégié parce qu‟il permettait de limiter les variations : « Les mêmes questions sont posées par les mêmes personnes dans les mêmes conditions » (Blanc & Biggs (1971 : 17)).

Et pour étendre les témoignages au français spontané, l‟équipe a complété le corpus d‟entretiens par le recours à des situations moins conventionnelles. En effet, d‟autres enregistrements ont été recueillis « pour croiser variétés des situations sociales et variétés des conditions de discours » 18 :

6. Entretiens face à face : 157 entretiens (constitution d‟une gamme sociologiquement