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Convergence des résultats de la prospective entre pays européens

Prospective de la relation formation-emploi dans un territoire Richesse des outils, cohérence de l’analyse et incohérence dans l’action

2. Convergence des résultats de la prospective entre pays européens

Une problématique identique sur le thème de la prospective est formulée par les Observatoires nationaux de la formation et de l’emploi des pays de l’Est11 qui cherchent à développer, à la suite de l’effondrement du mur de Berlin et des conséquences politiques qui s’en sont suivies comme la rupture avec le modèle de planification autoritaire, des 8 Ceci est d’autant plus remarquable que la Bourgogne, région vieillissante, se caractérise par une population de jeunes qui est moins importante que dans d’autres régions et en nette diminution.

9 Une démarche de Contrat d’études prospectives (CEP) a été réalisée au niveau de la France en 1995. cf. ministère de l’Emploi et de la Solidarité, 1997, «Hôtellerie, restauration, cafés. Analyse et enjeux en matière d’emploi et de formation professionnelle», Prospective formation emploi, La Documentation française.

10 L’enquête s’est effectuée dans le cadre de l’OREF Bourgogne par entretien téléphonique au cours des mois d’octobre et novembre 2000 auprès d’un panel d’entreprises de Côte-d’Or, soit 46 hôtels, cafés et restaurants.

11 L’OREF Bourgogne a été sollicité dès 1996 par la Fondation Européenne pour la Formation (European Training Foundation) dans le cadre du développement des observatoires nationaux des pays de l’Est. La Fondation Européenne pour la Formation est une agence de l’Union Européenne établie à Turin, qui travaille dans le domaine de l’enseignement et de la formation professionnelle en Europe centrale et orientale, dans les nouveaux États indépendants et en Mongolie. Depuis 1998, les pays méditerranéens sont concernés.

méthodes de prospective pour identifier les besoins en qualification des entreprises, définir des stratégies et des politiques de réforme adéquates.

C’est en partie pour répondre à ce défi que la Fondation Européenne pour la Formation a développé durant ces dix dernières années un réseau d’Observatoires Nationaux dans les pays de l’Est. Ces derniers ont en charge de recueillir, d’analyser et de diffuser de l’information sur le développement des compétences, le marché du travail en vue de soutenir sur le long terme les réformes des systèmes de formation professionnelle dans les pays concernés.

Dans le cadre du programme européen Leonardo Da Vinci « Prospective des besoins en formation », recenser et comparer les données du marché du travail et les outils d’analyse des besoins en qualification des entreprises dans quatre pays européens (Allemagne, France, Irlande, Pays-Bas) avec les situations actuelles de trois pays candidats à l’Union européenne (Pologne, République Tchèque, Slovénie) a constitué une première approche. La démarche commune aux sept pays a été de définir les conditions de mise en œuvre d’une étude prospective quantitative. Le second axe de travail privilégié a été de déterminer les besoins en qualification dans un secteur économique particulier, l’hôtellerie- restauration-tourisme, l’analyse comparative étant limitée à la France, la République Tchèque et la Slovénie12.

L’une des innovations, en particulier pour les pays de l’Est, de la méthodologie utilisée a été de confronter les résultats des enquêtes, résultats qui ont le statut d’hypothèses de travail ou de réflexions, aux observations de professionnels, de représentants de syndicats professionnels, des pouvoirs publics nationaux ou régionaux. Cette méthode13 apparaît appropriée pour dynamiser l’implication des acteurs de la vie socio-économique, pour accroître un engagement qui se révèle d’autant plus important que le diagnostic et la prospective sont largement discutés.

Quelques résultats qui concernent la France, la Tchéquie et la Slovénie pour l’analyse du secteur de l’hôtellerie-restauration-tourisme sont rapidement présentés. Pour ces trois pays, ce secteur occupe une part non négligeable de la population active, représentant plus de 5 % de l’emploi total. Il constitue un atout réel et prometteur pour le développement économique à venir. Le champ de l’analyse comparative retenu est de travailler au seul niveau régional, en particulier la Bourgogne pour la France, le Nord-Ouest Bohemia pour la République Tchèque et la region Podravje pour la Slovénie. Cette préférence d’une analyse sectorielle au niveau régional n’est pas le fruit du hasard. Il permet, en complément des études quantitatives nationales, de développer une méthode d’analyse qualitative des qualifications émergentes proche des réalités et des particularités locales14.

2.1. Identifier les facteurs de changement

À travers les résultats de l’enquête, les facteurs de changement se regroupent en trois grands types.

Le premier concerne l’ouverture des frontières : cet élément est évoqué par la Slovénie et la Tchéquie. Il est fait allusion à l’impact positif de

la globalisation, l’accès à de nouveaux marchés et à des clients potentiels, l’accès aux fonds structurels de l’Union Européenne, à la position géographique de la région de Podravje. Dans le même ordre

d’idées, on s’attend à une suppression des barrières

pour voyager et augmenter le nombre de touristes en République Tchèque.

Le deuxième facteur porte sur un thème déjà rencontré en Bourgogne, celui de la modification de la demande des clients : dans les deux autres régions, la transformation de la demande est aussi soulignée, les clients devenant plus exigeants au niveau des prix, de la qualité et de la diversification des services.

12 Cf. “Training and Employment”, n°42.

13 Elle a également été mise en œuvre dans un second programme «Anticipation des compétences au niveau régional dans des économies en transition» qui a impliqué deux autres observatoires nationaux de l’emploi et de la formation, de Mongolie et du Kirghizstan.

14 Afin de déterminer les besoins en qualification ainsi que leurs évolutions à venir, une enquête qualitative a été réalisée par des interviews de responsables d’entreprise du secteur de l’hôtellerie-restauration. Un questionnaire qui comprend plusieurs items

Enfin, les bouleversements provoqués par les nouvelles technologiques sont abordés : elles modifient les modes de communication, les modalités de la publicité et l’organisation des services.

Hormis ces facteurs de changements, les enquêtes menées en Slovénie et en Tchéquie indiquent l’existence de plusieurs axes de développement comme celui de centres d’information touristique et l’extension des liens qui existent entre les entreprises et les acteurs institutionnels ou politiques régionaux du tourisme. Ainsi, la Slovénie considère comme un atout les liens et connections

mutuels. Il apparaît nécessaire d’associer de plus en

plus souvent l’évolution du secteur de l’hôtellerie- restauration avec celle du tourisme. A signaler, ce qui conforte un précédent résultat vérifié en région Bourgogne, qu’aucune transformation radicale des métiers de l’hôtellerie-restauration traditionnelle n’est suggérée dans les deux autres régions européennes enquêtées.

2.2. Appréhender les compétences attendues Il ressort des trois enquêtes menées plusieurs points semblables quant aux compétences professionnelles supplémentaires à maîtriser dans le futur (cf. tableau ci-dessous) : la connaissance des langues étrangères, l’informatique (internet…), les nouvelles techniques de conservation et de préparation de repas, les démarches commerciales, pour ne citer que les principales.

Ces besoins sont recueillis dans des pays où les salariés de l’hôtellerie-restauration sont en majorité formés et qualifiés. En région de Prodjave, seulement 4 % des individus sont déclarés non qualifiés alors que la proportion en Bourgogne atteint 20 %. En Slovénie, plus d’un salarié sur deux possède un premier niveau de formation et 45 % d’entre eux ont suivi des études secondaires et plus. En Bourgogne, près de 70 % des employés ont été formés dans les métiers de l’hôtellerie-restauration.

Podravje Bohème Bourgogne

Connaissance des langues :

allemand, anglais Connaissance des langues Connaissance des langues Communication Relations humaines

Management et travail en groupe

Préparation des aliments Décoration des aliments et desserts

Habilités manuelles

Base professionnelle générale Technicités

Connaissance spécifique professionnelle

Hygiène, garantie des aliments

Techniques de conservation cuisine light, plats diversifiés

Compétences informatiques Compétences informatiques Compétences informatiques

Organisation de projets de

voyage Stratégie de planificationCréativité

Service

Préparation de la table/couverts Compétences commerciales Vente de voyage organisé Marketing Compétences financières Compétences de vente Marketing Compétences de vente Expertise en vin

Compétences de manager Compétences de manager

Tableau n°1. Compétences attendues

Ce tableau récapitulatif présente les compétences attendues dans les années à venir. En gras apparaissent celles qui sont fortement souhaitées, en lettres italiques celles qui sont moyennement citées et en caractère standard celles qui sont peu évoquées.

Afin de pallier cette insuffisance de qualification, l’utilité de la formation continue est reconnue bien qu’elle ne soit pas perçue à l’identique par les entreprises. Le contenu des formations dispensées est néanmoins proche quel que soit le pays. Il s’agit de la cuisine, du service, de l’hygiène, de l’accueil des clients, du marketing et du management. La durée souhaitée des formations est courte, en général une semaine. Les obstacles au développement de la formation continue en Slovénie et République Tchèque sont de trois types : le coût élevé de la formation, la distance entre lieu de travail et lieu de formation et l’inadaptation des formations aux besoins des entreprises. En Bourgogne, ce sont plutôt les difficultés de remplacement, le manque de temps mais aussi l’inutilité de ces formations (le boulot s’apprend sur le tas) qui sont évoqués. L’amélioration de la situation passe naturellement par la levée des obstacles qui viennent d’être signalés. A ce titre, le thème du co-financement de la formation est soulevé.

2.3. Partager des informations

Outre l’analyse quantitative et qualitative, la méthodologie utilisée est de confronter les résultats des enquêtes aux remarques et observations de professionnels. Par exemple, en Bourgogne, les informations sont discutées au cours de réunions avec le Conseil régional, les représentants de l’État et de la branche professionnelle. En Tchéquie, outre les interviews auprès des chefs d’entreprises, sont organisées deux réunions de travail avec des experts régionaux issus d’administrations, de syndicats professionnels. Pour la Slovénie, cinq représentants d’entreprises ou d’institutions du tourisme sont aussi associés à la réflexion.

Dans le cas de la Bohème, le thème des relations entre l’école et l’entreprise est plus spécialement traité. Le recrutement des sortants du système scolaire, le degré de satisfaction des employeurs et les formes de coopération entre écoles et entreprises sont les principaux sujets discutés. Il en ressort qu’il ne semble pas exister un écart trop important entre écoles et entreprises, que les modes de coopération les plus souvent indiqués sont l’accueil des élèves en entreprises pour leur permettre d’acquérir une pratique professionnelle. La discussion a porté sur les possibilités pour les

sortants de formation d’obtenir un emploi et sur la participation des professionnels dans le processus éducatif à l’école.

En ce qui concerne la région de Prodjave, plusieurs résultats de l’enquête sont validés : développer un crédit formation (voucher system), encourager la formation à distance, l’usage des technologies de l’information ainsi que la maîtrise des outils de communication modernes. Une plus grande sollicitation et implication du second degré sont souhaitées, que ce soit pour éviter de voir diminuer le nombre de jeunes préparant des formations de serveurs, ou pour combler l’insuffisance de compétences dans l’hôtellerie-restauration, en particulier pour les serveuses.

Enfin, en Bourgogne, la discussion a abordé une préoccupation récurrente, outre la prospective des qualifications : comment limiter le nombre des départs des travailleurs juvéniles ayant intégré le secteur ? C’est moins le système de formation et sa réactivité, ou encore l’attractivité des métiers afférents qui sont mis en cause (d’une année sur l’autre, quasiment autant de jeunes souhaitent intégrer ce secteur d’activité) que les conditions de travail dans les entreprises qu’il conviendrait d’améliorer.

En définitive, de nombreux constats sont similaires dans les trois régions, seuls leurs degrés de développement ou de mise en œuvre diffèrent. Aussi, après avoir attesté de la richesse des outils d’analyse disponibles et identifié des éléments de convergence entre les démarches prospectives européennes élaborées à propos du secteur de l’hôtellerie-restauration, nous aborderons une nouvelle thématique qui est relative à la présence de logiques d’incohérence dans l’action.

3. Cohérence de l’analyse et présence de

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