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Les actions entreprises dans le bassin d’éducation et de formation d’Hayange

Encadré n° 1 Rôle du comité de pilotage et des commissions de travail

3. Les actions entreprises dans le bassin d’éducation et de formation d’Hayange

Thionville

3.1. La mise à plat de l’expérience

En accord avec les priorités définies à l’échelon académique et dans la logique du positionnement de l’offre de formation au centre des activités du bassin, les actions entreprises se sont intéressées prioritairement à la maîtrise collective de l’offre de formation. Elles se sont déclinées en deux grands exercices : l’un périodique, revenant chaque année, relatif à la préparation de rentrée, l’autre ponctuel, consistant en l’élaboration d’un diagnostic. Une troisième opération centrée sur des actions portant sur l’information et l’orientation, est venue se greffer et impliquait les relations avec les entreprises locales.

► Les exercices de préparation de rentrée ou les tentatives de transformation de la carte des formations

Chaque année, durant quatre ans, la préparation de la rentrée suivante a été l’occasion pour les Directrices de C.I.O. et les chefs d’établissement du bassin, essentiellement les Proviseurs de lycée et de lycée professionnel, de mener une réflexion commune et de se concerter sur l’évolution de l’offre de formation. L’innovation était majeure dans la mesure où jusqu’ici les prévisions d’effectifs et les transformations de l’offre de formation faisaient l’objet de négociations individuelles dans l’ombre d’un bureau académique. Elles ignoraient les intentions des établissements voisins et faisaient fi, dans les vœux formulés par les établissements, du respect des équilibres locaux.

La démarche collective a supplanté l’exercice solitaire. La recherche de la complémentarité entre lycées a remplacé la notion de concurrence et les velléités de développement au détriment de l’établissement voisin. Des enquêtes, des réunions de travail, des échanges ont permis de conduire une analyse et une réflexion globales, de déterminer des critères, de convenir d’une méthodologie, de dégager des orientations communes, d’établir des propositions partagées par tous. Les travaux prenaient en compte les prévisions d’effectifs, les demandes de formation, l’analyse de la situation de l’orientation et de l’affectation.

A partir des constats issus du diagnostic et de ceux établis par chacun des établissements à l’occasion de la rentrée précédente, des orientations en terme d’objectifs à atteindre étaient définis pour le bassin. Chaque année, l’ensemble de ce travail collectif a donné lieu à l’élaboration d’un livret de préparation de rentrée.

La préparation de rentrée se voulait un exercice prospectif mais, par commodité, pour biaiser en réalité sur une difficulté d’ordre méthodologique et masquer également l’incapacité à établir des prévisions à moyen terme, le travail en bassin n’a jamais dépassé le terme de l’année et n’a pu s’inscrire dans une perspective pluriannuelle.

► L’expérience de la réalisation du diagnostic Au printemps 2001, dans le cadre de l’animation des bassins, le Recteur décide de retenir quatre à six bassins dans l’académie pour engager une action pilote permettant d’envisager « la préparation de la rentrée 2002 dans la perspective d’une réflexion pluriannuelle ». La commande prévoyait, « qu’à partir d’un constat partagé des forces et des faiblesses du bassin, à l’interne, mais aussi des opportunités et des menaces, à l’externe, les Inspecteurs d’académie, Directeurs des Services Départementaux et les acteurs de bassin pousseraient le diagnostic réalisé par le bassin vers la formulation de préconisations de développement ».

L’action engagée à la rentrée 2001 et qui n’était pas achevée un an plus tard, s’apparente à un exercice de dialectique. Au niveau de la méthode utilisée, l’expérience conduite est assimilable à une situation de recherche-action avec des allers et retours incessants entre les acteurs du bassin, les partenaires extérieurs, les services académiques. Les approches, les constats, les analyses, les observations n’étaient jamais stabilisées. Les versions N+1 ont succédé aux versions N : le document, en gestation permanente, a été régulièrement remis sur le métier de par le jeu des regards croisés et des consultations sans cesse réitérées. Avec le temps, les indicateurs, les recommandations, les commandes ont été renouvelés, redéfinis et reprécisés, relançant la réflexion et provoquant par conséquent une nécessaire réactualisation du travail.

Au niveau des réponses à apporter, le champ du diagnostic s’est inscrit dans une problématique particulièrement large de questionnement du système éducatif et de son environnement socioéconomique. Aucun thème de réflexion, qu’il ait été lié à l’information, à l’orientation, à l’affectation, au suivi des parcours, au devenir des élèves, à l’insertion sociale et professionnelle de tous les élèves, à la formation tout au long de la vie, aux relations avec les entreprises, à l’évolution de l’offre de formation…, n’était a priori à exclure de l’observation ou de l’analyse.

Dans la définition de la grille d’analyse, il fallait, dans les éléments à retenir, tenir compte des recommandations académiques, sans ignorer les caractéristiques locales. Ainsi, certaines problématiques présentes dans le diagnostic

répondaient à un questionnement de l’institution ; d’autres exprimaient des interrogations émises par les membres du bassin.

► L’organisation de stages dans le milieu industriel pour les professeurs principaux et les Conseillers d’orientation psychologues

Certaines orientations définies dans le cadre de la préparation de rentrée demandaient à être soutenues par des actions connexes, réalisées en amont dans le domaine de l’information et de l’orientation. De façon identique, la synergie qu’il fallait impulser avec les milieux économiques locaux exigeait que des opérations de rapprochement soient lancées avec les entreprises du secteur.

L’organisation de stages d’immersion dans le milieu industriel pour les professeurs principaux et les Conseillers d’orientation psychologues a été à cet égard une action exemplaire.

Dans la logique du développement du partenariat avec les entreprises locales et d’une meilleure connaissance de l’environnement socioéconomique, une rencontre en collaboration avec une association d’entreprises industrielles du secteur a été organisée à l’attention expresse des Professeurs principaux de Troisième et des Conseillers d’orientation psychologues du bassin. Elle fut l’occasion pour les services de la sous- préfecture de dresser le tableau socioéconomique de la zone d’emploi et pour les chefs d’entreprises de l’industrie de présenter sous forme de témoignages le secteur d’activité de la mécanique et sensibiliser ainsi les participants à ce pan de l’économie locale en tentant de modifier leurs représentations.

Dans le prolongement de cette manifestation, des stages d’immersion de trois jours, dans trois entreprises de taille différente situées dans un même secteur industriel, ont été organisés avec l’aide et le soutien du même réseau d’entrepreneurs locaux, à destination des Professeurs des collèges afin de leur permettre de découvrir un secteur généralement méconnu. La mise sur pied de ces stages a constitué le point de départ et le prétexte à une collaboration fructueuse et assidue avec les représentants des entreprises.

Les développements pris par ces différentes expériences peuvent être regardés intrinsèquement comme de modestes succès. Toutefois, cette réussite relative s’est trouvée limitée par des facteurs extérieurs, échappant à la volonté exclusive des acteurs du bassin.

3.2 Des expériences contrariées

► Les réticences idéologiques

L’adhésion à la démarche initiée dans le cadre du bassin d’éducation et de formation d’Hayange Thionville a reçu un enthousiasme qu’il faut nuancer selon les chefs d’établissements. Tous, plus particulièrement ceux de lycée professionnel, n’ont pas abandonné d’emblée les anciennes pratiques. Chez certains, la loi du plus fort est restée le mode de régulation de référence. D’autres, contournant les contraintes de l’examen collectif des projets d’évolution de l’offre de formation, ont utilisé les brèches ouvertes par les contradictions de l’institution (voir ci-après). D’autres encore ont pratiqué le double discours. La pratique d’une analyse du système vu sous la seule lorgnette de l’offre de formation est susceptible de réduire à la seule insertion professionnelle les missions dévolues à l’Ecole et les objectifs qu’elle se fixe, ce qui heurte les valeurs traditionnelles auxquelles le système se réfère.

► Les contradictions fonctionnelles

Les services académiques ont initié avec la mise en place des bassins d’éducation et de formation de nouveaux modes opératoires sans abandonner les anciens, qui ont survécu concomitamment, entraînant des contradictions et des incohérences et exposant les membres du bassin à d’inconfortables injonctions paradoxales. La superposition de l’ancien et du nouveau modèle n’a pas été sans incidence sur la reconnaissance apportée à l’engagement et à l’investissement de chacun, ni sans conduire les uns et les autres à se poser des questions existentielles sur les raisons de leur action au sein du bassin (la nouvelle organisation interrogeant chaque année le B.E.F. sur des propositions d’évolution de l’offre de formation, l’ancienne les examinant et les refusant sans jamais fournir d’éléments d’explication).

Au delà du prétexte idéologique, les degrés d’appropriation et d’adhésion des acteurs locaux à la démarche ont pu varier également pour des raisons fonctionnelles. Les Principaux de collège moins impliqués dans les opérations de préparation de rentrée ont occupé une position plus marginale et n’ont pas toujours trouvé leur intérêt dans les thématiques développées à côté. A un autre niveau, seuls les personnels d’encadrement, à l’exclusion des autres personnels, ont été impliqués dans l’animation du bassin d’éducation et de formation.

Ce constat illustre parfaitement le parti pris académique de faire du maillage en bassin un mode de pilotage du système éducatif.

► Les limites spatiales

Un bassin d’éducation et de formation ne constitue pas un système autarcique, se suffisant à lui-même. Il se trouve en interaction avec les autres systèmes qui l’environnent, tels les bassins limitrophes ou proches, l’enseignement privé, la voie de l’apprentissage, la conjoncture économique également. Or, les prévisions établies faisaient abstraction (par commodité, par ignorance et par défaut de maîtrise) de l’ensemble de ces facteurs.

De même, le choix des usagers du système éducatif n’est pas maîtrisable même si la mobilité scolaire consentie par les élèves aujourd’hui est plus restreinte que ne le sera leur mobilité professionnelle demain. La faiblesse de la mobilité des jeunes est liée à la sectorisation mais tient également au fait que dans leur choix d’orientation, ils accordent plus d’importance à la proximité du lieu de formation qu’à la nature même de la formation.

► Les limites de l’adéquation emploi-formation L’adéquation emploi / formation a été plus facilement réalisable pour les formations conjoncturelles que pour les formations structurelles. S’agissant des jeunes restés sans solution scolaire, le travail accompli dans le cadre du bassin d’éducation et de formation a permis d’obtenir une analyse plus fine de leur profil, quel qu’ait été leur niveau de formation. Les formations conjoncturelles mises en place pour les accueillir (dispositif d’aide à l’insertion, formation intégrée, formation complémentaire d’initiative locale, BEP ou BAC pro aménagés) ont été créées avec le

souci d’accompagner au mieux ces jeunes vers la vie active. Le contenu de ces modules de formation a été déterminé en fonction de l’expression des besoins économiques locaux afin de permettre un accès rapide de ces jeunes vers l’emploi.

A noter enfin que les travaux ont concerné exclusivement la formation initiale et pas la formation tout au long de la vie.

Conclusion

Le travail sur la carte des formations est strictement resté un travail de régulation interne au système éducatif. D’une part, les modifications proposées ont avant tout permis de préserver les équilibres entre les établissements scolaires du bassin. D’autre part, elles ont soulagé des pressions internes (en satisfaisant les demandes des élèves et de leur famille dans un contexte d’auto alimentation du bassin) plus qu’elles n’ont répondu à des pressions externes exercées par le monde économique. Les transformations intervenues n’étaient pas réellement le reflet d’un changement dans le paysage économique local.

Fondamentalement, avec le temps, l’expérience vécue du travail en réseau dans le contexte du bassin d’éducation et de formation a métamorphosé sauf exception les pratiques professionnelles des chefs d’établissement et changé le regard qu’ils pouvaient porter sur le devenir de leur établissement et sur son environnement. Les chefs d’établissement ont pris conscience de l’imminence de la baisse démographique et de l’impact qu’elle ne manquerait pas d’avoir sur l’avenir des unités d’enseignement. Certains ont accompli leur révolution copernicienne et révisé la place occupée par leur établissement dans le système scolaire. Ils sont parvenus à rejeter l’idée de concurrence entre unités de formation et ont admis la nécessité de donner la priorité aux complémentarités. Un bout de chemin a ainsi été effectué dans l’acceptation de la constitution d’établissements multi-sites. Parallèlement, le sentiment d’appartenance à un réseau a suscité l’apparition de collaborations locales nouvelles, comme celles avec les Centres d’information et d’orientation ou les Inspecteurs de l’Education nationale.

L’ensemble de ces remarques doit être relativisé car il ne peut pas être généralisé. La caractéristique d’une expérience de bassin est d’être singulière parce qu’expression d’une situation locale à un moment donné. Elle n’est transférable ni dans l’espace, ni dans le temps.

Bibliographie

La circulaire n°2001-114 du 20 juin 2001 fixe le cadre général des missions et de l’organisation des bassins d’éducation et de formation.

Les académies sous le regard des inspections

générales : bilan des dix premières évaluations de l’enseignement en académie, Juin 2003, N°03 022 N° 03 040, ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la recherche, Inspection générale de l’Éducation nationale, Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la recherche.

Les bassins d’éducation et de formation : quelle

plus-value pour le service public ?, Rapports de l’IGEN, juin 2003 (25 p.).

Julien REYSZ Pôle d‘Etudes des Politiques Sociales et Economiques (PEPSE) - UPMF, Grenoble

Une tendance commune : l’orientation vers des politiques d’emploi plus actives

Bien que les taux de chômage soient relativement différents dans chaque pays européen, il apparaît que celui des chômeurs non qualifiés y est beaucoup plus homogène, de même que la part de chômeurs de longue durée est assez proche d’un pays à l’autre (Barbier, 1997). Comme le temps passé au chômage dépend bien souvent du niveau de qualification, on peut dès lors dire que la difficulté majeure à laquelle l’Europe est aujourd’hui confrontée est le chômage des personnes faiblement qualifiées – tant en termes de volume qu’en termes de durée. Si l’Europe souffre d’un chômage important, elle souffre également d’un manque de main d’œuvre qualifiée dans le même temps. Comment concevoir qu’une économie puisse à la fois regorger de chômeurs et souffrir d’un manque de main d’œuvre dans certains secteurs ? En réalité, les pénuries de main d’œuvre sont dues à une mauvaise adéquation entre l’offre et la demande de travail. Pour remédier à ce problème, il appartient donc de faire en sorte que les personnes exclues du marché du travail disposent des qualifications nécessaires pour occuper les postes où existent des pénuries de main d’œuvre. Le haut niveau de chômage des personnes non qualifiées nécessite donc, pour le réduire, que des efforts particuliers soient entrepris en direction de cette catégorie pour qu’elle comble son déficit de qualifications. Le moyen d’y parvenir réside donc dans une intensification des actions de formation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la formation sera, à n’en pas douter, la préoccupation centrale de la politique d’emploi que devront mener les gouvernements européens dans les années à venir.

La formation au cœur des préoccupations politiques sur l’emploi

Si la nécessité de développer davantage les politiques de formation ne prête pas véritablement à discussion, la forme à adopter suppose quant à elle réflexion et demande à ce qu’on s’y attarde un peu.

Depuis le début des années 80 et, plus vigoureusement encore, depuis le début des années 90, l’Europe est affectée par un mal social qui perdure : le chômage de masse de long terme. En effet, le chômage structurel auquel doivent faire face la plupart des pays européens pèse sur les finances publiques en même temps qu’il induit un phénomène de pauvreté croissant. Contraintes à une compétitivité accrue sur les marchés mondiaux et limitées dans leurs marges de manœuvre budgétaire et monétaire, les économies européennes ont dû faire face à ce problème de manière très pragmatique. En effet, l’impératif de rigueur budgétaire que se sont imposés les pays de l’Union européenne les a empêchés de mener des politiques d’emploi de grande envergure. La croissance inexorable du poids des dépenses passives (indemnisation du chômage en grande partie), conséquence de l’augmentation du nombre de chômeurs, est venue encore alourdir le budget consacré à la politique d’emploi et, compte tenu de la réduction mécanique des recettes, réduire d’autant plus les moyens consacrés à la lutte contre le chômage. Or, le chômage s’accompagne d’une perte de revenu qui constitue un risque plus élevé de pauvreté mais également d’exclusion sociale. Dans une société où la norme prédominante est celle du travail rémunéré et où l’emploi constitue le vecteur privilégié d’une insertion durable, comment concevoir alors de pouvoir « exister » hors de tout exercice d’une activité professionnelle ? En fait, il y a là un problème majeur, celui de savoir comment favoriser l’insertion professionnelle des personnes les plus éloignées du marché du travail sans que les mesures d’insertion mises en place ne pèsent trop lourdement sur les dépenses de la politique pour l’emploi. A ce questionnement crucial, et au paradoxe auquel il fait référence (insérer plus tout en dépensant moins), la réponse des pays de l’Union est, depuis les années 90, de s’engager délibérément dans une orientation de la politique de l’emploi vers une forme plus « active ».

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