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Un connecteur entre la New geography et l’Europe francophone : Ottawa

Des lieux sporadiques accueillant des figures novatrices et un connecteur transatlantique — Les

Encadré 2.1 François Durand-Dastès : sa rencontre avec Ch P Péguy et son choix de l'innovation théorique et méthodologique en climatologie 103 (Durand-

2. Un connecteur entre la New geography et l’Europe francophone : Ottawa

L’université d’Ottawa, lieu mixte d’un point de vue linguistique (anglais et français), a représenté pour de nombreux témoins un point de contact essentiel entre la new geography nord- américaine et la géographie francophone. Cette université, sise dans la capitale fédérale du Canada, pourrait ainsi avoir été un lieu d’incubation de la géographie théorique et quantitative européenne francophone.

Parmi les témoignages, Micheline Cosinschi a été essentielle pour révéler le rôle complexe de ce centre, que nous pouvons analyser comme une sorte d’interface entre plusieurs mondes et un incubateur pour les géographes d’Europe francophone qui l’ont fréquenté à la fin des années soixante avant de trouver un poste universitaire en France ou en Suisse à la fin de la décennie ou au début des années soixante-dix, tels Jean-Bernard Racine à Lausanne (1973) et Henri Reymond à Strasbourg (1973). Étudiante québécoise, M. Cosinschi (née en 1949) (entretien, 9/12/2011) se souvient qu’en 1967, il n’y avait pas encore d’approche spécifiquement quantitative à l’université d’Ottawa, même si elle avait pu assister à des cours de statistiques uni- et bivariées destinées à la géographie physique, spécialité prédominante à cette époque-là. M. Cosinschi ignorait encore que la new geography « existait au Canada, non seulement à Toronto, mais aussi à Mc Master (Hamilton) grâce à Leslie King (premier inspirateur de Denise Pumain) et à McGill grâce à Bryn Greer- Wootten » (Racine, entretien, 9/12/2011). Dans un département de petite taille (à peine trente étudiants en première année), M. Cosinschi115 relève le dynamisme qu’y faisait régner Hugues Morissette, le directeur, qui aurait « fait énormément pour le développement de ce département dans l’innovation » (Cosinschi, entretien, 9/12/2011). M. Cosinschi nous relate en ces termes sa première rencontre avec celui qui amena l’innovation à Ottawa et permit l’un des contacts majeurs entre la new geography et l’Europe francophone :

115 L’un des étudiants de sa promotion n’était autre que Guy Lemay qui rejoignit rapidement Roger Brunet à Reims

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« Tous les printemps, il était de tradition que le directeur fasse une garden party pour les professeurs et leurs épouses. Il nous a demandé, à Guy [Lemay] et à moi, alors président et secrétaire-trésorière de l’association des étudiants du département, d’y assister et de donner notre opinion éclairée d’étudiants sur un nouveau candidat-professeur venant de Sherbrooke en tractation d’engagement à Ottawa. Il s’appelait Jean-Bernard Racine. On a ainsi rencontré Jean-Bernard et Annie, sa femme, à cette soirée informelle. On a bien discuté avec lui. On l'a trouvé « sympa », pour un Français, surtout parce qu’on était habitué à des Français qui venaient, un peu hautains, faire un peu trop facilement un petit cours, puis s'en allaient heureux des bonnes conditions de travail. J.-B. Racine semblait sincèrement avoir des projets et vouloir s’investir. En effet, il nous a précisé qu'il avait eu une grosse bourse canadienne et qu'on lui avait demandé de se mettre à la nouvelle géographie théorique et quantitative, alors l’apanage des anglo-saxons. Il avait eu des fonds pour aller aux États-Unis, rencontrer tous les principaux acteurs de la quantitative. » (Cosinschi, entretien, 9/12/2011)

J.-B. Racine (né en 1940), qui avait soutenu une thèse d’Université à l’Université d’Aix- Marseille en juillet 1965, avait été engagé en septembre 1965 à l’université de Sherbrooke, au Québec, à la suite d’une série de hasards (voir ci-dessous).

L’évolution théorique et méthodologique de J.-B. Racine vint en effet du refus, alors qu’il était encore à l’université de Sherbrooke, du projet de thèse d’État sur la croissance de l’agglomération de Montréal qu’il avait soumis au Conseil des Arts du Canada, dans lequel il annonçait « vouloir travailler à travers une superposition de cartes », selon les méthodes largement maîtrisées en géographie française. Ce serait « la critique d'un projet de thèse d'État par les géographes nord-américains déjà engagés dans le quantitatif qui [l']aurait mis sur la voie » : Brian Berry de Chicago, Bryn Green-Wootten de l’Université McGill à Montréal et Leslie King de Mc Master, à Hamilton, qu'il qualifie de « meilleurs spécialistes du moment ». Il se rappelle l'appréciation de Brian Berry :

« Jeune homme sans doute doué mais totalement ignorant de la dimension théorique prise par la géographie nord-américaine. On ne peut pas trouver des corrélations uniquement par le biais de la citation de Pierre George dans Les méthodes de la Géographie (1970) qui donne à sa thèse un caractère purement inductif et qualitatif. Au contraire il aurait dû insister sur le rôle joué par le renversement de la théorie de Von Thünen démontré par Robert Sinclair de l'Université de Détroit en 1967 dans les Annales de l'Association des géographes américains pour expliquer les nouvelles formes de transformation des périphéries urbaines. » (B. Berry selon les souvenirs de J.-B. Racine, entretien, 9/12/2011)

J.-B. Racine nous a avoué n'avoir pas encore lu ce travail à ce moment-là, illustrant bien les manques en termes d’ouverture théorique des géographes français, affirmant que :

« Ce sont ces deux critiques, l’une d’ordre méthodologique (les outils de la connaissance), l’autre concernant la démarche (l’absence de tout référentiel théorique en amont) qui ont complètement changé l'orientation de ma thèse, me permettant de demander au Conseil des Arts du Canada, en plaidant ma cause de francophone immigré en Amérique du Nord [et donc ignorant des dernières avancées méthodologiques et théoriques de la discipline], d'aller voir les personnes importantes sur les conseils de Bryn Green-Wooten, de reformuler mon projet et d'obtenir de l'argent pour développer la quantitative à Ottawa. » (ibid.)

J.-B. Racine se souvient du rôle important de B. Greer-Wootten — d’origine britannique et qui avait circulé dans plusieurs universités du Canada et des États-Unis, qui lui « a indiqué le

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rôle joué par B. Berry et proposé d’aller le voir de sa part, après [l']avoir invité à McGill pour une conférence, par curiosité, travaillant lui-même sur Montréal » (Racine, entretien, 9/12/2011).

M. Cosinschi se rappelle le projet de J.-B. Racine de développer avec les étudiants d’Ottawa la géographie quantitative, dans ce lieu facilitateur de contact entre deux cultures :

« Il voulait lancer cette approche à l’université d’Ottawa, cette institution à cheval sur les deux cultures francophone et anglophone lui facilitant la tâche. Il nous a dit : « Mais, à Ottawa, personne ne peut vraiment m'aider dans ce domaine nouveau. Vous êtes des étudiants débutants, si je vous prenais comme assistants, vous pourriez m'aider avec l'informatique et la statistique. On pourrait lancer ces choses en équipe. » On allait vers l'inconnu, ne comprenant à vrai dire pas vraiment les enjeux ; mais c’était nouveau, cela semblait intéressant, et la dynamique nous a séduits. Alors on s’est embarqué dans ce bateau assez enthousiasmés dès le départ. » (Cosinschi, entretien, 9/12/2011)

J.-B. Racine fait figure de véritable étendard de la modernisation de la géographie francophone aux yeux de ses étudiants de l’époque, formant donc une équipe organisée pour la développer :

« Nous nous sommes partagé la thématique. Jean-Bernard mit l’accent sur la théorie, fort de son bagage français, et travailla la statistique comme telle. Guy Lemay, Marc Cavalier, moi- même, puis d'autres qui venaient s’ajouter épisodiquement à l’équipe, avons dû nous mettre à l'informatique, bien volontiers d’ailleurs ». (ibid.)

Pourtant J.-B. Racine arriva selon lui par hasard à l'Université de Sherbrooke puis à celle d’Ottawa116. Au départ, à Sherbrooke, il donna des cours de géographie sociale du type Pierre George117, assez loin d’hypothétiques ambitions rénovatrices. Mais J.-B. Racine enseigna au fur et

à mesure de nouveaux cours, suite à « cette immersion dans un milieu nouveau, et à l’écoute de [ses] premiers collègues rencontrés à Montréal et Laval [à Québec], au fil des premiers colloques et congrès organisés par les uns et les autres » (Racine, entretien, 9/12/2011) tout en soulignant ne pas avoir eu à renier ses premiers maîtres. Il qualifie la période de changement dans la

116 J.-B. Racine : « Après son veuvage, mon père a épousé une Canadienne, médecin à Montréal, qu’il avait

rencontrée lors d’un long séjour forcé et inattendu dans cette ville. Immédiatement après leur mariage, j’y suis allé en vacances pour faire plus ample connaissance avec ma belle-mère. J'ai finalement atterri à l'Université de Sherbrooke par le plus grand des hasards. La veille de mon départ à Montréal, je suis allé écouter une conférence à Nice de Raoul Blanchard qui avait fait don de sa bibliothèque à l'Université de Nice. Il consacra une partie de son intervention au « Canada français ». À la fin de sa conférence, je suis allé le saluer en lui disant : « je pars à Montréal demain. » Et il me répondit : « Dans ce cas allez donc saluer le directeur de l'Institut de géographie de ma part ». En arrivant à Montréal, accompagné de ma femme et de ma petite fille (qui avait un an), je téléphone au secrétariat de l'Institut, et je dis : « est-ce que je peux visiter l'Institut de Géographie ? Je téléphone de la part de Raoul Blanchard qui m’a prié de saluer le directeur ». Raoul Blanchard, c'était le Dieu pour les Québécois à l'époque. On m'a dit : « je vous passe le Directeur ! » Et puis le Directeur me reçoit l’après-midi même. On parle, on parle. Il me demande ce que je fais dans la vie. Je lui dis que je viens de faire une thèse de Doctorat. Je lui commente ma thèse en quelques mots. Il me dit : « dommage ! Je viens d'engager un coopérant français que je ne connais pas ». Il me dit : « si vous voulez rester, un des professeurs de l'Université de Sherbrooke vient de partir au Gouvernement. Il y a un poste. Attendez, je vais téléphoner ». Il téléphone au doyen. Il dit : « il y a un jeune géographe français qui est là ». Et puis le doyen de Sherbrooke lui dit: « envoyez-le moi ». Le lendemain j'y suis allé. J'étais engagé en vingt minutes. Vingt minutes! C'était Août. Ils n'avaient pas le professeur. Je suis resté quatre ans à Sherbrooke et entre temps je m'étais fait connaître. Et le directeur d'Ottawa m'a proposé de venir. Il m'avait entendu parler dans un congrès. » (Racine, entretien, 9/12/2011)

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continuité. Loin d’évoquer les mots de rupture, l’opportunité d’innover en géographie semble se dessiner à ce moment-là.

M. Cosinschi nous indique comment il a amené l’innovation et comment ils l’ont développée au moyen de l’informatique :

Une fois, Jean-Bernard est revenu de l’un de ses périples aux États-Unis avec des boîtes et des boîtes de cartes perforées que Brian J. Berry et d'autres lui avaient données (analyses factorielles, analyses typologiques, analyses discriminantes, cartographie, etc.). Et Jean- Bernard nous a mis le tout sur la table. « Cela s'appelle des cartes perforées. Cela fait des calculs. Qu'est-ce qu'on en fait ? » Alors Guy Lemay, Marc Cavalier et moi-même, avons cherché tout simplement dans le bottin de l’université l'adresse du Centre informatique : il se trouvait en Faculté des Sciences, totalement dédié aux physiciens. On a pris les cartes perforées sous le bras et on s'est pointé au Centre informatique en disant à qui voulait bien nous écouter : « Qu'est-ce qu'il faut faire pour mettre cela en route ? » On nous a répondu : « C'est du Fortran, donc il faut apprendre le Fortran. Mais cela ne suffira pas. Il faudra apprendre le Job Control Language (JCL) », parce qu’à l’époque sur les gros ordinateurs, il fallait soi-même contrôler les entrées-sorties, les mémoires nécessaires pour les calculs, les formats d’impression, tout cela dans le détail. C'était un gros IBM 370, et à l’époque, il n’y avait pas de souris, pas d’écran de travail, pas de disques amovibles, pas d’éditeur, etc. « Et puis à partir de là, vous pourrez faire lire vos programmes en contrôlant tout vous-même. » On a commencé comme cela, petit à petit, à aller suivre des cours, s'acheter des bouquins et entrer dans ces domaines, beaucoup en autodidacte. Tous les traitements étaient très lourds donc on s'est petit à petit spécialisé : Guy Lemay s'est attaqué au Fortran pur et dur pour les routines internes, moi au Fortran mou à travers les entrées-sorties, les mises en page des résultats, les contrôles des données. Mais tous avons dû faire l’effort de nous astreindre au JCL, un vrai calvaire que nous avons heureusement à peu près maîtrisé grâce au travail d’équipe. Nous allions au centre de calcul tous les jours ou presque du matin jusqu’au soir très tard. » (Cosinschi, entretien, 9/12/2011)

Pour M. Cosinschi et J.-B. Racine, c’est bien un travail d’équipe d’auto-formation qui a ancré le département de géographie d’Ottawa dans la modernité. Ils se rappellent leurs réunions le soir dans le bureau de J.-B. Racine, à son domicile, pour faire des bilans avec les résultats obtenus au centre de calcul, accompagnés d’ouvrages de statistiques pour interpréter les résultats. De très fortes relations se seraient nouées, ce qui amena M. Cosinschi à venir ensuite en Europe francophone, pour y développer les nouvelles méthodes de recherche, notamment par l’enseignement, en 1973.

Comme le souligne M. Cosinschi, un autre point important de ce qui faisait la force d’Ottawa dans ce rôle de connecteur est la fréquente venue de professeurs étrangers en provenance des États-Unis et d’Angleterre ; cela contribuait à former cette jeune équipe et à diffuser dans le même temps la géographie théorique et quantitative (fin des années 1960) :

« Avec Jean-Bernard Racine qui avait du financement pour des recherches dans le domaine et Hughes Morissette qui était le principal moteur de la dynamique du département, il y a eu beaucoup de professeurs invités. Nous recevions chaque année des professeurs importants dans le domaine de la quantitative. Par exemple, Stanley Gregory de Sheffield (Angleterre) venait nous enseigner la statistique appliquée en géographie puisqu’il avait publié l’un des tous premiers ouvrages pour l'enseignement de la statistique chez les géographes. Des États-Unis, il y a eu aussi William Bunge. Je me rappelle également de Bryn Greer-Wooten, sans doute le plus pédagogue des enseignants dans le domaine de la démarche quantitative. Jean-Bernard retournait les voir aussi. Il se faisait expliquer et ramenait des informations nouvelles qu’il nous transmettait ensuite. » (ibid.)

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Parallèlement, M. Cosinschi et J.-B. Racine insistent sur l’importance de la venue de géographes français à Ottawa durant la même période. Ses premiers efforts furent ainsi facilités par la présence au même moment à Ottawa de Sylvie Rimbert, alors professeur invité qui s'ouvrait aux mêmes préoccupations, se formant avec eux au Fortran pour se donner les moyens de calculer les corrélations, et du professeur Stanley Gregory, l'auteur de Statistical Methods and the Geographer (1963) acceptant de les encadrer à la fin de chaque journée. Auparavant, en 1966, pour l’aider dans son entreprise de modernisation de la discipline, autant que par affinités personnelles, et selon ses propres mots, J.-B. Racine « fit venir » Henri Reymond d'Aix-en-Provence, H. Reymond étant alors déjà intéressé par la modélisation graphique. M. Cosinschi relève également l’arrivée à Ottawa d’Henri Reymond en provenance de Sherbrooke (en 1970), peu après celle de Jean-Bernard Racine, en précisant qu’il participa activement à la dynamique de l’équipe de géographie théorique et quantitative d’Ottawa. J.-B. Racine invita également P. Claval, autre figure de la modernisation de la discipline, en 1969118. Ce fut pour ce dernier, comme pour d'autres, « une expérience essentielle,

celle de la découverte de l'Amérique du Nord » (Claval, entretien, 20/06/2012) même s'il précise qu'à Sherbrooke même c'était « un peu terne »119, contrairement à Laval où il aurait rencontré des

personnes plus « stimulantes ». Il discutait néanmoins de « géographie quantitative » avec Henri Reymond qui était selon lui « l'élément le plus dynamique du département » (ibid.). C'est d'ailleurs à ce moment-là qu'il rencontra pour la première fois S. Rimbert avec qui il affirme avoir beaucoup échangé. S. Rimbert venait également régulièrement à Ottawa donner des cours de cartographie alors qu’elle était en poste à Strasbourg. Elle fut rapidement séduite par ces nouvelles méthodes. Une anecdote racontée par M. Cosinschi montre très clairement ce moment de contact entre la new geography et l’école française de géographie :

« Sylvie Rimbert commença avec nous son premier cours de cartographie avec comme outils les plumes, les calques et « allez-y à la main ». Elle voyait bien que nous n’étions pas très enthousiastes. Nous utilisions déjà les logiciels de cartographie automatique dont le fameux SYMAP de Harvard. De notre côté, tout en suivant les cours, on travaillait avec ces logiciels de cartographie automatique. Au bout de deux ou trois séances, on a fait remarquer « très gentiment » à Sylvie Rimbert : « Nous, vous savez, le dessin, cela ne nous motive pas tellement. Regardez ce que l'on arrive à faire autrement ». Elle a alors fait quelque chose de très apprécié : « arrêtons mon cours et vous m'apprenez à faire cela ». On a ainsi bénéficié des deux aspects de la cartographie parce qu’elle, en retour, nous a aidés à évaluer puis jeter un regard critique sur ce que l'on faisait. De notre côté, on lui a appris les nouvelles technologies, du moins celles que l’on pratiquait, ce qu'on pouvait faire et comment on pouvait changer de paradigme en cartographie. Passer de la représentation à l’inférence et l’expérimentation. » (Cosinschi, 9/12/2011)

118 Paul Claval : « Jean-Bernard Racine m'a invité à enseigner à l'Université de Sherbrooke à l'automne 1969. Entre le

moment où il m'a invité et mon arrivée, il avait été appelé à Ottawa. Je ne l'ai donc rencontré que rapidement. » (Claval, entretien, 20/06/2012)

119 D'autres Français étaient présents selon les propos de P. Claval (entretien, 20/06/2012) : Pierre Clément qui

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Encadré 2.2 - Henri Reymond : de la rencontre des mondes nouveaux de la

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