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Les comportements discriminatoires des usagers découlant du contexte « racial » français

➢ La dévalorisation du travail féminin :

B. La lutte contre les discriminations raciales ou ethniques est-elle pérenne ? : Lacunes actuelles et comportements des usagers

2. Les comportements discriminatoires des usagers découlant du contexte « racial » français

L’idée de « races » est selon Aníbal QUIJANO l’instrument de domination sociale le plus efficace inventé ces cinq cent dernières années591. La notion de « race » relève d’une construction sociale qui se fonde sur des caractéristiques visibles (aspect physique, couleur de la peau, texture des cheveux…), et sur des différences religieuses et culturelles qui considèrent que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement inférieures à d’autres. Certains chercheurs et scientifiques tentent de justifier la situation en donnant une valeur scientifique aux « races ». On peut situer l’émergence du racisme vers le XVe siècle avec l’avènement des grandes découvertes et l’expansionnisme occidental. Le racisme est une idéologie relevant de cette hiérarchisation que les catégories dominantes utilisent pour légitimer des traitements inégalitaires infligés aux catégories dominées.

590 BOËTON, Marie. « Discrimination positive en France », Études, vol. tome 398, no. 2, 2003, pp. 175-184.

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Dans son Essai sur l’inégalité des races humaines, GOBINEAU592 exposait la théorie du racisme « biologique » :

« Race noire ».

« La variété mélanienne [à pigment de peau foncé] est la plus humble et gît au bas de l’échelle. Le caractère d’animalité empreint dans la forme de son bassin lui impose sa destinée, dès l’instant de la conception. Elle ne sortira jamais du cercle intellectuel le plus restreint. […]. Si ces facultés pensantes sont médiocres ou même nulles, il possède dans le désir, et par suite dans la volonté, une intensité souvent terrible. Plusieurs de ses sens sont développés avec une vigueur inconnue aux deux autres races : le goût et l’odorat principalement ». […] Mais là, précisément, dans l’avidité même de ses sensations, se trouve le cachet frappant de son infériorité. Tous les aliments lui sont bons, aucun ne le dégoûte, aucun ne le repousse. Ce qu’il souhaite, c’est manger, manger avec excès, avec fureur ; il n’y a pas de répugnante charogne indigne de s’engloutir dans son estomac. Il en est de même pour les odeurs, et sa sensualité s’accommode non seulement des plus grossières, mais des plus odieuses. À ces principaux traits de caractère il joint une instabilité d’humeur, une variabilité de sentiments que rien ne peut fixer, et qui annule, pour lui, la vertu comme le vice. On dirait que l’emportement même avec lequel il poursuit l’objet qui a mis sa sensitivité en vibration et enflammé sa convoitise, est un gage du prompt apaisement de l’une et du rapide oubli de l’autre. Enfin il tient également peu à sa vie et à celle d’autrui ; il tue volontiers pour tuer, et cette machine humaine, si facile à émouvoir, est, devant la souffrance, ou d’une lâcheté qui se réfugie volontiers dans la mort, ou d’une impassibilité monstrueuse ».

La « Race jaune ».

« […] Une tendance générale à l’obésité n’est pas là un trait tout à fait spécial, pourtant il se rencontre plus fréquemment chez les tribus jaunes que dans les autres variétés. Peu de vigueur physique, des dispositions à l’apathie. Au moral, aucun de ces excès étranges, si communs chez les Mélaniens. […] Des désirs faibles, une volonté plutôt obstinée qu’extrême, un goût perpétuel mais tranquille pour les jouissances matérielles ; avec une rare gloutonnerie, plus de choix que les nègres dans les mets destinés à la satisfaire. En toutes choses, tendances à la médiocrité ; compréhension assez facile de ce qui n’est ni trop élevé ni trop profond ; amour de l’utile, respect de la règle, conscience des avantages d’une certaine dose de liberté. Les jaunes sont des gens pratiques dans le sens étroit du mot. Ils ne rêvent pas, ne goûtent pas les théories, inventent peu, mais sont capables d’apprécier et d’adopter ce qui sert. Leurs désirs se bornent à vivre le plus doucement et le plus commodément possible. On voit qu’ils sont supérieurs aux nègres. C’est une populace et une petite bourgeoisie que tout civilisateur désirerait choisir pour base de sa société […].

La « Race blanche ».

« Viennent maintenant les peuples blancs. De l’énergie réfléchie, ou pour mieux dire, une intelligence énergique ; le sens de l’utile, mais dans une signification de ce mot beaucoup plus large, plus élevée, plus courageuse, plus idéale que chez les nations jaunes ; une persévérance qui se rend compte des obstacles et trouve, à la longue, les moyens de les écarter; avec une plus grande puissance physique, un instinct extraordinaire de l’ordre, non plus seulement comme gage de repos et de paix, mais

592DE GOBINEAU, Joseph-Arthur : (1816-1882), Diplomate et écrivain français, fondateur des théories racistes.

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comme moyen indispensable de conservation, et, en même temps, un goût prononcé de la liberté, même extrême ; une hostilité déclarée contre cette organisation formaliste où s’endorment volontiers les Chinois, aussi bien que contre le despotisme hautain, seul frein suffisant aux peuples noirs. Les blancs se distinguent encore par un amour singulier de la vie. Il paraît que, sachant mieux en user, ils lui attribuent plus de prix, ils la ménagent davantage, en eux-mêmes et dans les autres. Leur cruauté, quand elle s’exerce, à la conscience de ses excès, sentiment très problématique chez les noirs. En même temps, cette vie occupée, qui leur est si précieuse, ils ont découvert des raisons de la livrer sans murmure. Le premier de ces mobiles, c’est l’honneur, qui, sous des noms à peu près pareils, a occupé une énorme place dans les idées, depuis le commencement de l’espèce. Je n’ai pas besoin d’ajouter que ce mot d’honneur et la notion civilisatrice qu’il renferme sont, également, inconnus aux jaunes et aux noirs ».

(Extraits de Joseph Arthur, comte de Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines. Livres 1 à 4, Éditions Pierre Belfond, 1967).

On notera par ailleurs que le développement d’Arthur de GOBINEAU ne considère principalement que les hommes. Il fait intervenir les femmes lorsqu’il développe une caractéristique inférieure.

Le racisme caractérise un ensemble de personnes par des attributs naturels, en les associant en même temps à des caractéristiques intellectuelles et morales qu’il applique à chaque individu relevant de cet ensemble. Dans son roman L’origine de l’autre, l’écrivaine africaine-américaine Toni MORISSON écrit que la rencontre avec autrui n’a pas eu lieu parce qu’elle a été faussée dès le départ par les histoires de sexe, de classe, de race593. Le discours oppresseur procède d’abord d’une question de classement catégorique, et non à véritablement connaitre autrui dans un ordre de rencontres sociales, politiques ou éthiques. Loin de seulement représenter ou refléter les personnes et les choses, le langage est un acte, une performance construisant et modelant le monde, le langage raciste EST le racisme. On peut le constater dans les écrits d’auteurs célèbres :

[...] Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elle. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures [...]. Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s’acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation » Jules Ferry, (1885)

Et quant à la discrimination raciale, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CIEFD)594 la définit comme :

593 MORISSON, Toni. L’origine des autres, Bourgeois, Paris, 2018, 110 p.

594 Adoptée et ouverte à la signature et à la ratification par l'Assemblée générale dans sa résolution 2106 A(XX) du 21 décembre 1965 ; Entrée en vigueur : le 4 janvier 1969, conformément aux dispositions de l'article 19.

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« Toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique, qui a pour but ou pour effet de détruire ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice, dans des conditions d’égalité, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social et culturel, ou dans tout autre domaine de la vie publique ».

Le contexte historique marquant le départ de la légitimation juridique du phénomène de discrimination raciale envers les personnes d’ascendance africaine (« noire »)595 est la controverse de Valladolid. Cet évènement a tranché sur l’humanité (ou plutôt l’inhumanité) des « noir⸱e⸱s » légitimée à l’instar de l’infériorité des femmes, par l’église et par le droit international.

L’invention du mythe du sauvage à travers les spectacles anthropozoologiques (exposition zoologique de Paris) prescrit le passage du racisme scientifique au racisme colonial vulgarisé (voir figure 1 et 2 ci-dessous), et pour Gilles BOËTSCH et Pascal BLANCHARD, le lien est direct : « […] Pour les visiteurs, voir des populations derrière des barreaux, réels ou symboliques, suffit à expliquer la hiérarchie : on comprend tout de suite où sont censés se situer le pouvoir et le savoir »596. Et les femmes « noires » vont en quelque sorte rester à l’image de la tristement célèbre « Vénus Hottentote »597 – Saartjie BAARTMAN, une Sud-Africaine dite callipyge dont le corps dénudé fut exhibé, mesuré, disséqué en Europe du début du XIXe siècle598 – qui était « aussi l’occasion de se rincer l’œil à moindre frais dans une société très prude qui tolère peu la nudité »599. Il a été prêté au corps « noir » une

595 Cf. la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine (2015-2024), entrepris par le Conseil des droits de l'homme à Genève.

596BOËTSCH, Gilles ; DEROO, Eric; BLANCHARD, Pascal ; BANCEL, Nicolas (Dir). Zoos humains : au temps des exhibitions humaines, Bancel, La Découverte, 2004, 490 p.

597 LEFEBVRE, Marielle. « La Vénus hottentote », Chroniques de femmes, Terre des femmes, [En ligne], le avril 2005, [Consulté le 22 octobre 2018].

Url: https://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2005/04/la_nbspvnus_hot.html.

598 KECHICHE, Abdelatif. « La Venus noire », [En ligne], mis en ligne 27 octobre 2010, [Consulté le 3 juillet 2018]. Url : https://www.dailymotion.com/video/xf2tcu.

https://www.ldh-france.org/IMG/pdf/Suppl3COuleurs_Venus_noire.pdf. En 1994, à la fin de l’apartheid, le peuple Khoïsan demande à Nelson Mandela d’exiger la restitution des restes de Saartjie à la France. Les autorités et les scientifiques refusent au nom du patrimoine inaliénable du musée de l’Homme et de la science. En 2000, l’Afrique du Sud avait demandé la restitution du corps de Saartjie Baartman par la France pour enterrer ses restes. Cependant, la légitimité de cette restitution avait fait l’objet d’un débat à l’Assemblée nationale.

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tendance à la légèreté600, à la nudité sauvage, un droit sur ce corps. Ann L. STOLER explique très bien cette production de fantasmes genrés et sexuels sur les colonisé·e⸱s dans son dernier ouvrage La Chair de l’empire. Savoirs intimes et pouvoirs raciaux en régime colonial601. FASSIN présente cette œuvre comme « une réponse non seulement aux dénonciations rituelles de la ‹ repentance ›, selon lesquelles l’histoire doit rester à sa place, c’est-à-dire dans le passé, mais aussi aux polémiques à répétition dans le monde scientifique français […] contre les études ‹ postcoloniales ›, accusées d’écraser dans un même terme passé et présent »602.

Des images de l’exposition universelle de liège montrent des personnes qui ont été dépouillées de tout droit humain.

Figure 5 : Le bassin du « village sénégalais». Exposition universelle de Liège, carte postale, héliotypie, 1905

© P. BLANCHARD / Collection Groupe de recherche ACHAC

600 DAVIS, Angela. Femmes, races et classe, éd. Des femmes, Essais, traduit en français par Dominique TAFFIN, 2013, p. 9.

601 GOERG, Odile. « Ann Laura Stoler, La Chair de l'empire. Savoirs intimes et pouvoirs raciaux en régime colonial. Paris, La Découverte, 2013 », Clio. Femmes, Genre, Histoire, vol. 38, no. 2, 2013, p. 367a-367a.

602 STOLER, Ann Laura. La Chair de l’empire. Savoirs intimes et pouvoirs raciaux en régime colonial, Paris, La Découverte, 2013, 299 pages, traduit en français par Sébastien Roux, p. 17.

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Figure 6 : Représentation de Saartjie Baartman dans le salon de la Duchesse de Bercy (1830)

© CNRS Le journal, no 263, Aux origines du racisme, p. 20, 2011.

Encore au XXIe siècle, être femme et « noire » en France, c’est naviguer à vue entre sexisme, racisme et le classisme, et bien d’autres maux comme la mysogynoir⸱e, traduire en permanence.

La jeune réalisatrice, comédienne et afroféministe française Amandine GAY illustre les clichés qui accompagnent les femmes « noires » en France dans un documentaire (« Ouvrir la voix ») dans lequel vingt-quatre femmes dans un monde blanc racontent les insultes, volontaires ou pas, les fantasmes érotiques, les interdits qu’elles ont vécus603. Elle réalise ce film à partir de son expérience personnelle qui commence avec sa carrière de comédienne, le moment où elle découvre qu’elle est noire. Elles sont confrontées dans le cinéma français aux mêmes types de rôles (droguée, prostituée, migrante, fille qui sort de prison, femme de ménage…) et doivent souvent adopter des accents antillais, de certaines

603 MONGIBEAUX, Daphné. « Femme et noire : la double peine » (avec Amandine Gay). [En ligne], mis en ligne le 9 octobre 2017, [Consulté le 18 juin 2018].

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nationalités africaines604 ou à des réflexions au croisement du sexisme et du racisme (Exemple : « Vous êtes belle pour une noire »).

En France les femmes « noires » (parmi lesquelles les étrangères en tête de liste) sont perçues de facto comme illettrées. Depuis l’esclavage, elles n’ont plus jamais obtenu de l’opinion « occidentale » réparation des stigmates qui leur ont été attribués. Sur le plan professionnel, elles ont toujours été associées aux métiers du service (ménage, vendeuse), sinon aux études courtes. Et paradoxalement, plus elles sont diplômées, et plus elles sont exposées aux discriminations à l’emploi. La référence en la matière est l’enquête TeO « Trajectoires et Origines » réalisée par l’INED en 2008605. Dix ans après, une étude de France stratégie conclut également que les hommes sans ascendance migratoire ou d'origine européenne demeurent favorisés sur le marché du travail au détriment des femmes et des candidats d'origine africaine606. Être femme et africaine « noire » est donc très handicapant pour la recherche d’emploi. Dominique MEURS et Ariane PAILHE, qualifient de « triple discrimination » la situation des femmes, filles d’immigrés, et « noires »607, touchées par le chômage, alors que les descendantes d’immigré·e.s poursuivent des études plus longues que leurs frères. Les qualificatifs de « double », « triple » ou « multiples » ont depuis les années 2000 pris l’appellation de discriminations intersectionnelles. Discriminées en tant que personnes « noires » à travers le monde, et en tant que femmes en général, la situation générale des africaines « noires » montre qu’elles sont exposées à une domination étendue non seulement à la domination masculine, mais également à la domination « blanche » en générale à travers

604 GOUËSET, Catherine, GUINARD, Clémence. « Ça commence le jour où on découvre qu'on est noir », [En ligne], le 13 décembre 2013, Vidéo, [consulté le 3 octobre 2018].

Url : https://www.lexpress.fr/actualite/monde/video-ca-commence-le-jour-ou-on-decouvre-qu-on-est-noir_1859299.html.

605 BEAUCHEMIN, Cris ; HAMEL, Christelle ; SIMON, Patrick (Dir). Trajectoires et origines - Enquête sur la diversité des populations en France, INED, 2016, 624 p.

606 BRUNEAU, Catherine, DHERBECOURT, Clément, FLAMAND, Jean, GILLES, Christel. « Marché du travail : un long chemin vers l’égalité », France Stratégie, n°42, 2016, 12 p.

607 MEURS, Dominique, PAILHE, Ariane. « Descendantes d’immigrés en France : une double vulnérabilité sur le marché du travail ? », in Margaret MARUANI (dir.), Travail, genre et sociétés, n° 20, Migrations et discriminations, 2008.

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la mysogynoir⸱e et le slut-shaming608. On constate que la société établit une hiérarchisation en fonction de la teinte de la peau et de l’origine. Le phénomène du colorisme – non pas l’art exprimé par TITIEN et BONNARD – est un système de jugement de valeur fondé sur la carnation de la peau selon qu’elle soit foncée ou claire. Il peut être esthétique, morale, sociale et professionnel. Il consiste ainsi à valoriser les peaux les plus claires et à dévaluer par conséquent les plus « noires ». Le blanc est associé à la richesse, au succès, au pouvoir, à la beauté, à la propreté, à la classe, tandis que le « noir » est lié à la misère, à la violence, à la stupidité, au malheur, au négatif, au sale, à la vulgarité… Ainsi, les femmes « noires » vont être hiérarchisées à la fois par les personnes de la mêmes catégorie (hommes et femmes) et par les personnes non « noires », sur la base du colorisme, créant une séparation de fait et de droits, et par conséquent des privilégiées dominantes et des dominées.

Pour les activistes, le colorisme est un héritage de l’esclavage. Pendant cette période, il y avait une nette distinction entre les esclaves à la peau claire, et celleux ayant une peau plus foncée. Considéré·e.s comme plus « ressemblants » des « blanc·he⸱s » par leur couleur, ils/elles étaient perçus comme plus intelligent·e⸱s, moins violent·e⸱s, et surtout plus facilement « civilisables ». On les appelait « mulâtre·sse·s » et non plus « nègre·sse·s ». Quand on avait une peau plus claire, on se voyait confier les tâches domestiques dans la maison de leurs maîtres, et on pouvait bénéficier de privilèges. Ces esclaves s’habillaient et se coiffaient mieux que leurs pairs à la peau plus foncée travaillant dur sous le soleil toute la journée dans les plantations. Classer les esclaves par importance selon la couleur de leur peau pendant l’esclavage aurait été une méthode développée et répandue par William Lynch, un esclavagiste anglais (1712). Il conseillait à ses pairs d’éviter les pendaisons, les amputations et les meurtres des esclaves qui tentaient de s’échapper, trop coûteux. Il leur recommandait de jouer sur la méfiance et le manque de confiance en soi en opérant une division parmi les esclaves qui formaient un bloc. Il suffisait selon lui de les opposer en exagérant leurs différences selon la couleur de peau plus claire ou plus foncée, la taille, les cheveux lisses ou crépus.

608 Littéralement, ce mot anglais signifie « Faire honte aux salope ». Il désigne un comportement destiné à stigmatiser, blesser, une femme sur la base de son attitude, son apparence physique jugé trop provoquant et indigne. Plusieurs symboliques entrent considération comme l’argent, les biens matériels, le pouvoir, etc.

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William Lynch, 1712., Cf. The great debaters, Denzel WASHINGTON, 2007.

« L’esclave noir, après avoir reçu ce lavage de cerveau, perpétuera de lui-même et développera ces sentiments qui influenceront son comportement pendant des centaines voire des milliers d’années, sans que nous n’ayons plus besoin d’intervenir. Leur soumission à nous et à notre civilisation sera non seulement totale mais également profonde et durable. N’oubliez jamais que vous devez opposer les adultes et les noirs âgés aux plus jeunes, les noirs à peau foncée aux noirs à peau plus claire, la femme noire à l’homme noir »609.

La source de ce discours n’est pas très détaillée, mais c’est une théorie qui a beaucoup d’ampleur dans l’environnement afrodescendant⸱e⸱s et surtout auprès des activistes. Ce passage ci-dessus a par ailleurs eu droit citer dans une adaptation cinématographique inspirée d’une histoire vraie réalisée par l’acteur et réalisateur Africain-américain Denzel WASHINGTON « The great debaters »610. Pure construction imagée dans l’intention de heurter les consciences « noires » ou réalité historique, ces propos portent le concept bien connu du « diviser pour mieux régner » que nous connaissons bien.

Une étude américaine intitulée « L’incidence d'une peau claire sur les peines purgées en prison par les délinquantes noires »611, démontre qu’entre 1995 et 2009, dans les prisons américaines, les femmes « noires » à la peau claire étaient en moyenne condamnées à des peines 12% moins longues que les femmes « noires » à la peau foncée. En 2006, Matthew HARRISON (université de Georgia (États-Unis)), mène une étude qui démontre que les noirs à la peau claire étaient bien plus souvent choisis par les employeurs que les « noirs » à la peau foncée : « Nos résultats indiquent que les employeurs semblent avoir une préférence pour la teinte de la peau lors de leur sélection. Peut-être à cause de l'idée répandue que les noirs à la peau claire ont plus de similitudes avec les blancs que les noirs à la peau

609 SAE, Robert. « Le syndrome de Lynch », intervention au Lycée Professionnel Dumas Jean-Joseph (Martinique) le Jeudi 09 Février 2017, [En ligne] le 10 février 2017, [consulté le 31 juillet 2020].

Url : https://www.madinin-art.net/le-syndrome-de-lynch/.

610 WASHINGTON, Denzel. The Great Debaters, D. Washington, Forest Steven Whitaker, Nate Parker,

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