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Collin de Plancy convainc le gouvernement coréen de participer à l’exposition universelle

PREMIÈRE PARTIE : DÉCOUVRIR LA CORÉE, UN PAYS MÉCONNU : 1887-1894

II.3. Le pavillon coréen à l’exposition universelle de 1900

II.3.1.1. Collin de Plancy convainc le gouvernement coréen de participer à l’exposition universelle

L’invitation officielle du gouvernement de la République française à participer à l’exposition universelle de 1900 parvient en Corée en janvier 1896 par l’intermédiaire de G. Lefèvre, chargé d’affaires de France en Corée 463 . Le gouvernement coréen répond favorablement mais ne promet qu’une chose, l’envoi d’un délégué officiel accompagnant les commerçants coréens susceptibles de

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Michel Corday, « Les étrangers à l’exposition », op.cit., 1899, p.558 460

Elisabeth Chabanol, « Le pavillon de la Corée à l’Exposition universelle de 1900 à Paris. 14 avril (inauguration officielle) – 12 novembre 1900 », dans Souvenirs de Séoul, op.cit., 2006, p. 133

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Daniel Kane, « Display at Empire’s End. Korea at the World’s Fairs », Korean Culture, 2001, 22(2), p. 23 462

Elisabeth Chabanol, « Le pavillon de la Corée à l’exposition universelle de 1900 à Paris », op.cit., 2006, p. 134 463 Elisabeth Chabanol, « Le pavillon de la Corée à l’exposition universelle de 1900 à Paris », op.cit., 2006, p.134

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participer à l’exposition464. Cela est loin d’être suffisant pour participer à une exposition universelle. Chaque pays invité doit mettre en place une structure pour organiser, décider et gérer ses intérêts en fonction de ses moyens. L’ensemble des frais nécessaires à la mise en place de ce pavillon est en effet à la charge du pays participant. Or les ressources financières de la Corée sont limitées, comme le souligne déjà Frandin en 1893, qui indique que le pays est « plus riche en bonne volonté qu’en argent (…) et qu’il y aurait à l’aider pécuniairement, soit par l’achat des collections, soit en facilitant le transport des marchandises et des personnes qui seraient dirigées vers Paris465. »

C’est à Collin de Plancy qui retrouve son poste en Corée en avril 1895 qu’il incombe de concrétiser la participation du tout jeune Empire. En octobre 1896, il demande à la partie coréenne de désigner un délégué466. Ces délégués sont des ambassadeurs éphémères, commissaires généraux extérieurs. A l’époque, la Corée n’a pas de représentant diplomatique en Europe, et le choix d’un délégué de confiance sur place s’avère délicat. Afin d’aider la Corée, Alfred Picard (1844-1913), commissaire général de l’exploitation de l’exposition propose qu’un Français, Edouard Mène (1833-1912), médecin de l’hôpital de Saint Jean de Dieu, ancien président de la société des études japonaises, chinoises et indochinoises en 1885 qui s’occupe tout spécialement des questions d’Asie467, veille aux intérêts coréens468. Mais les Coréens tardent à se décider. L’envoi d’un ambassadeur coréen en Europe, le général Min Tong-hwan, cousin de la reine Min et du roi de Corée, semble être une solution. Mais ce dernier ne parvient jamais à Paris469. Le gouvernement coréen désigne enfin – sur l’insistance de Collin de Plancy – un représentant en France, le tailleur de diamant français Charles Roulina (1836-1912)470. Ce dernier avait présenté

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AMAE, Affaires diverses commerciales. 1894-1901. Exposition de 1900. Corée. Annexe à la dépêche commerciale envoyée par G.Lefèvre, commissariat de la République française en Corée à la Sous-direction des affaires commerciales, 28 janvier 1896.

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AMAE, Affaires diverses commerciales. 1894-1901. Exposition de 1900. Corée. 12 juillet 1893. Lettre du ministre des Affaires étrangères au ministre du Commerce et de l’Industrie, à laquelle est jointe la copie de la lettre du 7 mai 1893 envoyée par le consul de France à Séoul au ministre des Affaires étrangères.

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Elisabeth Chabanol, « Le pavillon de la Corée à l’exposition universelle de 1900 à Paris », op.cit., 2006, p. 134 467 Base LEONORE, Dossier LH/1823/50, Edouard Mène

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Elisabeth Chabanol, « Le pavillon de la Corée à l’exposition universelle de 1900 à Paris », op.cit., 2006, p. 135 469

Elisabeth Chabanol, « Le pavillon de la Corée à l’exposition universelle de 1900 à Paris », op.cit., 2006, p.134 470 Base LEONORE, Dossier LH/2397/68, Charles Roulina

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son artisanat lors de l’exposition universelle de 1889. Un livret joint à son dossier personnel de Légion d’honneur présente son activité « Tailleries françaises de diamants », et les difficultés rencontrées (techniques provenant de Hollande, difficultés à trouver des apprentis, manœuvres « déloyales » des concurrents). La raison pour laquelle il a été désigné par le gouvernement coréen pour être le consul général du pays en France reste pour l’instant mystérieuse, mais peut-être son expérience en tant que participant à une exposition universelle a-t-elle convaincu les officiels coréens qu’il était bien placé pour organiser la participation du pays à la manifestation de 1900.

Cependant, malgré la nomination de Charles Roulina en tant que consul, aucun commissaire général n’est désigné. Ces commissaires sont pourtant des maillons indispensables de la participation des pays étrangers. « A ces ambassades éphémères, il faut des ambassadeurs. Ce sont les commissaires généraux étrangers. Leur tâche est lourde. Ils servent constamment d'intermédiaire entre leur pays et l'administration de l'Exposition. Sous ce double contrôle, ils sont, comme leur titre l'indique, les grands maîtres, les seuls organisateurs de leur Exposition471. » « La moitié de ces commissaires généraux appartiennent d'ailleurs au corps diplomatique. Une dizaine occupent ou occupèrent de hautes situations politiques. Des hommes de science ou de négoce complètent ce remarquable ensemble472. » Pour la Corée, le choix est d’autant plus crucial que le commissaire ne doit pas seulement être un diplomate, un facilitateur. C’est d’un mécène dont le pays a besoin. Alors que « les parlements votent à l'envi des subventions destinées à couvrir les frais de cette participation officielle473 », le pays n’a que peu de moyens pour financer la réalisation d’un pavillon national et la présentation d’œuvres coréennes en France. Il lui faut donc compter sur des financements privés.

C’est encore Collin de Plancy qui vient au secours du gouvernement coréen en proposant à celui-ci de nommer le Baron Alphonse Delort de Gléon (1843-1899) en

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Michel Corday, « Les étrangers à l’exposition », op.cit., 1899, p. 360 472

Michel Corday, « Les étrangers à l’exposition », op.cit., 1899, p.360 473 Michel Corday, « Les étrangers à l’exposition », op.cit., 1899, p. 360

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tant que délégué du gouvernement impérial en France, chargé de l’organisation du pavillon474.

II.3.1.2. Rassembler les amis de la Corée : la commission chargée de

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