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2 : Offrir aux volontaires des gages de reconnaissance.

C. Choix de la chronologie et des corps étudiés.

Ces précautions d'usage étant prises, on peut maintenant définir chronologiquement notre travail. Le bilan pris en exemple est dressé le 21 décembre 1815, ce qui correspond aux cinq premiers mois 7 MACHIN Howard, « Comment on révoquait un préfet au XIXe siècle », dans AUBERT Jacques et al., Les préfets en

France (1800-1940), Genève, Droz, 1978, p. 34.

8 BERGÈRE Marc, LE BIHAN Jean (dir.), Fonctionnaires dans la tourmente. Épurations administratives et

de l'administration de d'Allonville, soit la phase épuratoire reconnue par l'historiographie. Mais plutôt que de conclure à cette date, il nous faudra continuer plus loin, jusqu'au terme du travail de notre préfet au sein du département. Voir ce qu'il a été de la période post-épuration, dans des moments moins éclairés par les projecteurs de l'historien, jusqu'en octobre 1817, moment où d'Allonville quitte l'Ille-et-Vilaine. Les châtiments cessent-ils nettement ? Et à quelle date ? Se perpétuent-ils plus ou moins pernicieusement ? Ou au contraire est-il question de réintégrer les fonctionnaires évincés9?

Enfin, il nous semblait essentiel de ne pas se focaliser sur la seule seconde Restauration, et de pouvoir juger de sa spécificité, car spécificité il y a, d'après les régimes précédents et les mouvements de personnel qui leur sont propres. C'est pourquoi nous reviendrons lorsqu'il nous est possible sur les périodes consulaire, impériale et royale (en y incluant les Cent Jours, sans quoi l'on perdrait beaucoup pour comprendre l'épuration au second retour du roi).

Ces exigences multiples obligent, pour ne pas se perdre dans un dédale dont l'ambition dépasserait de très loin le cadre de ce chapitre, à nous focaliser sur quelques grands corps bien précis.

Nous opérerons par cercles concentriques. Tout d'abord en se penchant sur les collaborateurs les plus proches du préfet (sous-préfets, secrétaires et conseillers de préfecture). Étant donné qu'ils sont un petit nombre et que leurs fonctions sont cruciales à l'administration départementale, nous sommes bien documenté sur ces individus et leur carrière. Nous nous appuierons sur les dossiers individuels contenus aux archives départementales et nationales (ADIEV série 2/M et AN série F/1BII), source première de renseignements, ainsi que sur la correspondance politique du préfet au ministre de l'Intérieur et celle entretenue avec les sous-préfets eux-mêmes dans l'exercice de leurs fonctions (AN F/1BII et 1CIII, séries départementales, ADIEV 1/M), et ce, dans les grands tumultes politiques comme dans les périodes d'accalmie.

Nous travaillerons ensuite sur les commissaires de police d'une part, les juges de paix d'autre part. Nous disposons pour les premiers de leurs dossiers personnels (AN série F/7), ceux-ci comprennent des pièces produites par les commissaires eux-mêmes, les tableaux généraux de candidatures dressés par le préfet et les avis particuliers sur chacun de ces fonctionnaires, émanant du ministère de la Police comme des brétiliens questionnés ou non sur le sujet. On trouve également aux archives départementales (ADIEV série 4/M) des chemises nominatives qui renferment les mêmes types de pièces mais circulant à l'échelon inférieur, c'est à dire du préfet aux sous-préfets et aux maires. 9 Laquelle réintégration peut perpétuer la sanction dans le cas d'un poste plus modeste. LIGNEREUX Aurélien, VINCENT Marie-Bénédicte, « L'après-épuration. Réintégrer les fonctionnaires après une césure politique, XIXe-

Enfin des instructions ministérielles relatives, pour notre intérêt, aux changements de régime et aux dispositions prises envers le personnel complètent notre corpus archivistique.

Le juge de paix n'a quant à lui pas à de de fiches de carrières, du moins pour notre époque10 mais

ce manque n'empêche en rien d'établir un relevé précis du personnel puisque nous disposons par ailleurs des bulletins de traitement perçus annuellement et des ordonnances royales de nomination. De plus, la correspondance entretenue par les principaux administrateurs à propos de ces juges (ADIEV série 8/U) permet de reconstituer plus en détail les itinéraires de carrières. Les dénonciations et louanges émanant de personnes diverses (magistrats, édiles, députés, anonymes) éclairent enfin, sans toujours les expliquer complètement, les mécanismes profonds de tel ou tel déplacement (AN série BB/8).

Notre attention pour finir sera fixée sur les maires, adjoints et conseillers municipaux de toutes les communes du département. Ils ont nourri une correspondance abondante dont l'essentiel repose au sein des archives départementales. Nous avons pris comme support les listes et tableaux contenus dans la série 2/M (séries générales par arrondissement et dossiers détaillés commune par commune, particulièrement celles au-dessus de 5000 âmes, lesquelles sont traitées à part dans la correspondance et qu'il nous a fallu comptabiliser au reste). Il existe néanmoins des lacunes, particulièrement pour la période des Cent Jours. En revanche, un répertoire précieux du personnel administratif, inscrit sous la cote 4/K/22, nous permet d'avoir un bilan complet du renouvellement municipal des premières années de la seconde Restauration.

On comprend bien ce que l'exercice peut avoir de fastidieux et de redondant, mais les spécificités inhérentes à chaque corps étudié, le nombre d'individus impliqués (quatre secrétaires de sous préfecture en vingt années de service contre plusieurs milliers de maires et d'adjoints dans le même temps) les logiques épuratoires diverses, la chronologie et les consignes différentes d'un ministère à un autre sont autant de raisons qui nous obligent à une séparation nette. Nous gommerons ces frontières en conclusion afin de distinguer quelques traits communs aux catégories étudiées : l'atmosphère de délation entretenue dans le contexte de la Chambre introuvable ; le profil des bons et nouveaux candidats royalistes ; la ligne de conduite du préfet, souhaitant punir et remplacer sans adjoindre aux fonctionnaires gardés des incapables en nombre, violemment ultracistes.

10 Il faut attendre pour cela la fin du XIXe siècle. FARCY Jean-Claude, Les carrières des magistrats (XIXe-XXe siècles).

Annuaire rétrospectif de la magistrature. Note de synthèse, rapport à la Mission de recherche Droit et justice, juin

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