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Le nouveau préfet se nomme Alexandre Louis d’Allonville Il est issu d’une famille noble d’extraction chevaleresque, provenant de la Beauce et connue par son ancêtre Payen d’Allonville dès le XIIème siècle. Plusieurs de ses aïeux ont servi à des postes prestigieux : Charlot, chambellan

de Louis XI ; Simon, Grand maître des eaux et forêts de France ; Charles-Auguste, chambellan de Philippe V d’Espagne. La famille se subdivise en trois branches sous le règne de Louis XI : les Réclainville, les Louville et les Oisonville. C’est de cette dernière dont fait partie Armand-Jean d’Allonville, père d’Alexandre Louis, né en 1732 dans l’actuelle Haute-Marne, pays de Champagne où sont installés les Oisonville. Il fait sa carrière dans les armes au service du roi. Entré en 1745 comme officier de cavalerie, il est capitaine durant la guerre de Sept ans et, grièvement blessé, il obtient la croix de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis . Colonel de plusieurs régiments de cavalerie, il est fait maréchal de camp en 1784. Deux de ses frères périssent pendant la Révolution : le premier, Antoine Charles Augustin, sous-gouverneur du premier dauphin, périt le 10 août 1792 en prenant part à la défense du roi au palais des Tuileries ; le second, Jean-Nicolas, est tué le 2 décembre 1793 à la bataille de Berstheim en Alsace, dans les troupes de Louis V Joseph de Bourbon-Condé contre les troupes républicaines. Jean-Armand lui-même émigre en 1791 et se met à la tête des gentilshommes de Champagne et combat à Maastricht en 1793. Il rejoint ensuite en Angleterre avec ses hommes pour préparer un débarquement en vendéen, qui n’advient pas, et ses troupes sont licenciées en 1796. Il est fait maréchal de camp de l’armée des émigrés en 1797 et demeure à Londres, où il y meurt en janvier 181113.

De son union en 1764 avec Marie-Françoise Jehannot de Bartillat, fille d’un marquis et colonel de régiment de dragons, naissent cinq enfants, quatre fils et une fille. Toute la famille part avec le père en 1791 et ses garçons combattent avec les émigrés. Ils le suivent en Angleterre, où deux d’entre- eux meurent à Londres, Antoine Jean Baptiste, major au service du Portugal, en septembre 1811 puis Alexandre Louis, officier d’artillerie, en janvier 1814.

Troisième enfant de la fratrie, Alexandre Louis naît à Paris le 18 février 1774. Combattant également pour la défense de Maastricht, il rentre en France en 1797 après avoir donné sa démission d’officier du régiment Loyal-Émigrant. Les possessions familiales ayant été vendues 12 AN F/7/9664 : lettre du préfet par intérim Robinet au ministre de l’Intérieur, 18 juillet,

13 SAINT-ALLAIS Nicolas de, Nobiliaire universel de France ou recueil général des généalogies historiques des

comme biens nationaux, il suit l’année suivante le général Dommartin, son parent, dans l’expédition française en Égypte menée par Bonaparte14. Il y est nommé directeur des domaines et des droits sur

le commerce le 20 avril 1798 jusqu’à son retour en France le 20 novembre 1801. Placé le 10 mai 1802 sur ordre du premier Consul dans l’administration de l’enregistrement et des domaines, comme receveur dans le département de Jemmapes (actuelle Belgique) puis comme vérificateur dans la Sézia (actuelle Italie) et de l’Eure, enfin comme inspecteur dans la Meuse et dans l’Aisne15.

Par le décret du 14 germinal an XIII, il récupère une partie de l’héritage de son défunt oncle Antoine Charles Augustin, somme jugée toutefois peu de chose en comparaison des richesses définitivement perdue par l’effet de la Révolution. Le 3 avril 1814, il adresse un courrier à à son directeur général pour le convaincre de rallier son administration à la cause des Bourbons. Non sans entregent, il fait valoir sa belle initiative auprès de l’abbé de Montesquiou, alors membre du gouvernement provisoire, via la comtesse de Simiane, qui fut l’amie des parents de d’Allonville. Monsieur, comte d’Artois et lieutenant-général du royaume, le fait préfet de la Creuse le 22 avril 1814 où il y remplace du Martroy, dont la démission a été acceptée. D’Allonville est assez peu satisfait de son poste à Guéret, préfecture qui avec moins de 4000 habitants est l’une des plus petites du royaume aux côtés de celles de Privas (Ardèche), Digne (Basses-Alpes) et Foix (Ariège). Il adresse une lettre le 21 décembre à son protecteur, devenu ministre de l’Intérieur :

« Lorsque, sur votre demande, S.A.R Monsieur m’eût nommé préfet, vous me témoignâtes un mécontentement très obligeant de ce que contre votre vœu, on m’avait envoyé dans le département de la Creuse. À cette époque, quoique j’eusse par devers les 15 années d’expérience dans les fonctions administratives des finances, je me défiais de mes forces, et je n’osai vous prier de me faire appeler à l’administration d’un département plus considérable. Aujourd’hui, monseigneur, je crois avoir complété mon noviciat »16.

Tenant du secrétaire général Guizot que le ministre reconnaissait dans son administration « autant de modération, d’activité et même de sagesse que de dévoûment au roi »17, d’Allonville demande

une préfecture plus proche de Paris. Il n’obtient rien et se retire dans sa famille après sa révocation au retour de Bonaparte, le 22 avril 1815, soit le même jour que celle de De Brévannes en Ille-et- Vilaine. Au retour du roi, d’Allonville y gagne son fauteuil par l’ordonnance du 12 juillet tandis que son devancier est nommé deux jours plus tard à la difficile préfecture de l’Hérault. Son appel à Rennes constitue une promotion pour notre homme, qui passe d’une préfecture de troisième à seconde classe. De Paris où il se trouve, d’Allonville accuse réception de l’acte de nomination qui le 14 Biographie des préfets des 86 départements de la France, par un sous-préfet, Paris, Chez les marchands de

nouveautés, 1826, p. 10.

15 AN F/1BI1/553 : notice de renseignements sur le préfet d’Allonville, 12 décembre 1820. 16 AN F/1BI1/553 : lettre du préfet d’Allonville au ministre de l’Intérieur, 21 décembre 1814. 17 Ibid.

somme « de [s]e rendre sur le champ à [s]a destination »18 sans avoir à faire préalablement son

serment auprès du roi. Après avoir mis en ordre ses affaires, il arrive à Rennes le 26 juillet 1815.

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