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Une sociabilité et une transmission inter-jeunes pour des chercheurs en herbe

IV.2. b) Le carnet de recherche « Hypothèses »

IV.2.b) Le carnet de recherche « Hypothèses »

Dans cette lignée collaborative de partage de temps, de connaissances donc de biens intellectuels et expérientiels, un carnet de recherche a été mis en place assez rapidement

au début de ce laboratoire junior. Ceci quasiment en même temps que l’ouverture du site Web. Ce carnet permet de suivre l’activité du groupe. En effet, c’est le modèle du « crowdsourcing » ou « approvisionnement par la foule » qui opère. A petite échelle, ce carnet a pour principe de base que n’importe quel membre et/ou intervenant et/ou auditeur participant aux séances, possède des compétences et que son témoignage est digne d’intérêt. En tant que tel, chacun est susceptible de pouvoir intervenir dans ce carnet « hypothèses ».

De fait, la circulation des informations passe par l’échange, principalement de vive voix en face à face, lors des séances et/ou en dehors, c’est-à-dire, lors de discussions de couloirs, à table, etc. Les discussions se font aussi par téléphone. Mais, cet échange se concrétise principalement via l’outil informatique (carnet, site Web, mails, etc.). « En général, le mail venait plutôt sanctionner un échange réel. A la sortie

des séances on discutait, on mangeait ensemble et on se disait : j’aimerais bien faire un travail sur ça. Untel a lancé telle piste. Moi, ça m’intéresserait de faire la prochaine séance là-dessus. Bertrand envoyait un mail par exemple en disant : prochaine séance, c’est untel qui travaille sur ça. » (Justine)14.

Pour compléter ce rodage, le carnet « Hypothèses » semble être d’une grande aide technique. En effet, il constitue un support interactif où les séances en face à face peuvent prendre de l’ampleur via différents moyens : rédaction de billets principalement, de comptes-rendus, de textes des communications présentées au laboratoire, etc. Grâce à ces supports écrits, les uns et les autres réagissent à leur guise. C’est Mylène, membre du bureau au début de LJHL, doctorante en SIC à l’Ecole Y, qui est à l’origine de ce système (elle en détenait la licence) et nombre de membres passaient par son intermédiaire pour y publier. Il n’y a pas de contrôle véritable au niveau du contenu. Seul, un souci concernant des normes académiques (en termes de typographie, longueur, etc.) était imposé pour que les articles et billets soient le plus lisibles possible. Sur ce point typologique, l’imitation des normes de recherches seniors par les juniors, réapparaît.

La publication sur le carnet est donc assez libre et si des personnes faisaient, à l’époque, appel à Mylène, c’était plus à cause d’une incompétence technique que pour d’autres raisons. Cependant, lorsque j’aborde le point du carnet « Hypothèses » en entretien, je constate que ce qui est publié par les membres du laboratoire junior, est systématiquement suggéré par tel ou tel membre du bureau. On se trouve donc face à un phénomène de régulation interne par incitation ciblée à la publication. Le caractère dirigiste de la sociabilité senior se retrouve ici par mimétisme de la part des membres dirigeants du bureau de LJHL. Pour voir jusqu’où va ce dirigisme, un exemple empirique peut être traité : le cas du morceau de mémoire que Manon a publié sur les conseils de Justine. Cette dernière est devenue la codirectrice « non officielle15 » de Manon pour son mémoire de master 2.

14 Entretien individuel du 15 février 2012

Les concepts tardiens d’imitation et d’invention s’invitent à LJHL

Concernant cette « régulation par incitation interne », ceci fait écho à certains principes16 de Tarde : celui d’imitation d’abord et celui d’invention ensuite. En somme, dans un groupe tout se passe comme si, admirant son voisin, son collègue, chaque membre dudit groupe se met à l’imiter, le prenant ainsi pour modèle en quelque sorte. Cependant, chacun s’approprie ce qu’il imite en intégrant dans ce comportement mimétique des phases d’invention tout à fait personnelle. L’invention réside dans le croisement, l’articulation des diverses imitations dont chacun s’empare pour que l’autre se reconnaisse en soi et vice et versa. L’imitation est au cœur de la vie sociale. L’individu se donne une place grâce aux relations et à l’influence psycho-sociale qu’il a sur autrui au travers du réseau qu’il tisse autour de lui.

Odette s’approprie par imitation, le comportement novateur des membres du bureau qui, au début, imprimaient leur marque et l’orientation de leur choix aux activités de LJHL. Ainsi, en se présentant comme une membre « active » de LJHL, elle les imite et elle innove en cherchant « à mettre en lien les gens et les activités. (…)

D’où l’idée d’amener des gens qui seraient intéressés. Mais aussi d’amener le laboratoire, là où moi j’avais des connaissances17. C’est l’idée qu’il fallait faire vivre

le laboratoire. »

En somme, les membres du bureau de LJHL essaient de diriger les membres équipiers : « Par exemple, Justine, a codirigé mon mémoire, elle l’a lu et elle

m’a proposé de faire une intervention sur la base de mon mémoire qu’elle trouvait potentiellement intéressant. » (Manon).

On peut dire que LJHL fonctionne avec des attentes similaires à celles des laboratoires seniors professionnels dans lesquels les membres (en réunions d’équipe, ou en colloques, etc.) se doivent de rendre compte de l’avancée de leurs travaux à leurs collègues.

Le carnet « Hypothèses » sert, quant à lui, de « vitrine personnelle » aux membres, bien qu’ils ne le revendiquent pas comme tel. Séléna, étudiante en agrégation à l’Ecole Y, concédera en entretien, le 18 octobre 201318, que l’apport de sa participation à LJHL au niveau de son Curriculum Vitae n’est ni neutre ni anodin.

« Je ne crois pas que ce soit une priorité pour moi. Mais, en même temps, je

trouve que c’est important ; le CV c’est un raccourci pour montrer aux futures personnes avec qui on va travailler, ce par quoi on est passé. Mais c’est aussi une manière de leur dire symboliquement ce qu’on peut tirer de cette expérience-là. De même, c’est drôle comme chacun était hyper fier de pouvoir dire qu’on travaillait avec un médecin, un biologiste, des artistes, (dans ce laboratoire junior) parce que je pense que c’était aussi une manière de légitimer nos propres réflexions en montrant que, ça peut avoir un écho dans ces pratiques-là ! C’est le souci d’être peut-être reconnu

16 Tarde explique par les mouvements sociaux des groupes d’individus par les principes d’imitation et d’invention.

17 Odette a proposé un projet de journée dans un IEP (institut d’études politiques)lors d’une semaine thématique sur laquelle on reviendra plus loin.

18 L’entretien a duré près de deux heures et a eu lieu dans le petit salon au rez de chaussée du bâtiment administratif de l’Ecole Y.

différemment. » (Séléna).

L’expérience de LJHL en tant que projet de recherche, travail de groupe, engagement personnel et affectif (fierté, légitimation par des autruis signifiants, etc.) dont témoignent ces paroles, est source de révélation individuelle, individuante. En tant que construction identitaire par une « invention de soi » (Kaufmann , 2004) – et une invention collective pour ces membres – cette expérience du laboratoire junior est valorisable professionnellement parlant. Or, précisément, comment les membres de LJHL se racontent-ils et racontent-ils les séances qu’ils ont vécues et/ou animées ?

IV.3 Les séances du laboratoire junior LJHL : la place du débat

Les « membres équipiers » de LJHL ont été très enthousiastes à l’idée d’échanger sur leur action au sein du laboratoire junior. Ces derniers ne font pas partie du « bureau », ce qui explique peut-être leur engouement en regard des réactions des membres du bureau, nommés eux, par opposition aux équipiers, « membres dirigeants ». Ainsi, certains des membres dirigeants se sont révélés plus réservés vis-à-vis de ma présence parmi eux. Il faut savoir que d’entrée de jeu, certaines règles m’ont été données quant à ma conduite durant les séances auxquelles j’allais assister. Celles-ci m’ont été spécifiées sur le mode de la confidence, par Justine, lors d’un entretien individuel dans son bureau19. Elle m’expliqua alors que je ne pouvais pas, sans conséquences, venir déjeuner avec elle et les membres du laboratoire. Ma présence et/ou l’enregistrement des échanges dans ce cadre ne lui convenaient pas.

« Tu vois je te donne un exemple : l’autre jour j’étais en train de parler avec

Mylène, on était en train de préparer une séance de labo junior. En fait, elle a cette habitude, comme toi, de souvent enregistrer les discussions pour qu’il en reste des choses après. Et donc elle était en train d’enregistrer. Il y a une de mes collègues qui frappe à la porte (moniteur elle aussi) et (…) là, à cette occasion je dis à ma collègue qu’il y avait un problème avec un élève (…). Donc, ce n’était pas secret puisque Mylène était là. Simplement, de fait ça s’est trouvé enregistré (…). Après, j’ai dit en plaisantant à Mylène : tu l’enlèveras ? Parce que ça « parasite » en fait (Rire). »

En réalité, Justine m’explique dans la suite qu’elle a parlé a posteriori à sa collègue de cet enregistrement involontaire, réalisé à son insu. Cette collègue aurait trouvé cela « bizarre, parce que ça changeait la nature de la discussion. » Justine interprète la situation négativement, n’assumant pas la teneur de ses propos envers cet étudiant, générant de son comportement propre une situation de malaise et de secret bien qu’elle s’en défende instinctivement. Elle est dans le contrôle permanent de son discours et de son image. C’est pourquoi la notion de « parasitage » prend un sens très fort dans les propos de Justine, apparentant ce petit incident insignifiant à de la véritable contamination de sa relation « à deux ».

Le caractère confiant du consentement qui semble avoir été établi entre Justine et sa collègue dans « un rapport intime » est capital. Ceci, dans la mesure où, en ce qui concerne Mylène (collègue de laboratoire junior mais non pas de travail), ce rapport

19 Dans le bâtiment Recherche de l’Ecole Y le 15 février 2012, elle était encore doctorante en quatrième année de thèse.

confiant fait relativement défaut, lui intimant d’ôter les propos qu’elle juge secrets. Cette notion de consentement s’apparente à une forme privilégiée de contractualisation. C’est un contrat émotionnel autant que professionnel. En effet, il est fait d’« émotions » car ces discussions à deux sont, en fait, selon ses propres termes, personnelles : « En

général (…), le fait que les discussions soient très informelles, c’est aussi vécu comme personnel. » Si elle échange avec nombre de collègues moniteurs, en réalité, ils ne

« discutent (que) très rarement tous ensemble en même temps (…). Mais souvent ça se

fait dans la confiance d’un rapport à deux, une forme d’intimité. » (Justine). Ce contrat

est aussi professionnel puisque Justine et sa collègue parlaient bien d’un problème de pédagogie lié à un élève qu’elles avaient toutes les deux en cours.

Le fait que Justine ait pour habitude de déjeuner sur son lieu de travail avec ses collègues est un autre signe qui montre ce côté « professionnel », et en même temps « amical » de la relation intimiste avec ses collègues. « On déjeune à différents moments

avec différentes personnes (il y a donc un certain brassage de relations) et on ne parle pas forcément de la même façon à chacun et en même temps on parle un peu des mêmes choses20, (…), quand on arrive à parler de ces questions, on ne se donne pas rendez-vous pour en parler. C’est quelque chose qui surgit dans l’intimité d’une discussion quand on prend un café, etc. » (Justine).

Ainsi, pour préserver ce pan intime de la sociabilité, la possibilité de mener librement une observation participante de ce type de contextes m’est restée interdite21. En somme, ce contrat est fait de contextes de « coopération », que Crozier et Friedberg (Crozier & Friedberg, 1977, 4ème de couverture) définissent comme solutions potentielles pour que s’articulent entre elles deux réalités antagonistes : la liberté des acteurs et l’existence d’organisations (comme un laboratoire junior, ou encore le système de monitorat pendant la thèse). Ainsi, à propos de ces solutions on peut dire que : « en tant que modes d’articulation et d’intégration de comportements divergents

et contradictoires – on ne parle pas à tout le monde de la même façon –, elles supposent et instituent à la fois une structuration humaine – la relation à deux ou à plusieurs – c’est-à-dire un minimum d’« organisation », des champs de l’action (…). Cette structuration n’en reste pas moins toujours et fondamentalement un artefact humain22

qui – en orientant les comportements des acteurs et en circonscrivant leur liberté et leurs capacités d’action – rend possible le développement des entreprises collectives des hommes, mais conditionne en même temps profondément leurs résultats. » (Crozier

& Friedberg, 1977, p. 16).

20 Les sujets de conversation en question sont le plus souvent relatifs, selon Justine, au travail professionnel (de thèse, de l’enseignement, etc.). Cela, me semble t-il, n’a rien à voir avec des sujets intimes, secrets. Elle se contrôle, se restreint dans ses propos et les sujets abordés au quotidien. Le faux-semblant fait partie du rôle qu’elle adopte sur son lieu de travail.

21 Ces restrictions et refus de diverses personnes (souvent des directeurs de structure) reflètent les difficultés rencontrées par l’ensemble des chercheurs thésards ou statutaires – comme Florence Weber (anthropologue) ou comme Joëlle Le Marec (ethno-sémiologue) – qui ont eu pour ambition de réaliser un travail de recherche similaire au mien, c’est-à-dire portant sur les relations socio-professionnelles en recherche (notamment au CNRS pour F. Weber). A ma connaissance, aucune personne n’a, semble t-il à ce jour, pu mener à terme ce type d’enquête sur la sociabilité en recherche en SHS, du fait des entraves objectives et subjectives, réelles et symboliques, que ce sujet « entre pairs » véhicule.

Ainsi, on comprend par cet extrait, que ce qui conditionne la possibilité de la réussite d’une entreprise collective, quelle qu’elle soit, repose sur une « relation de tractation » entre ce qui est considéré comme « permis » du fait du climat de confiance instauré et ce qui est perçu comme du « parasitage » dans cette relation contractuelle stabilisée entre individus dotés pourtant d’intérêts différents. Sont instaurées en filigrane, des « règles » permettant l’émergence de modes d’intégration garantissant la nécessaire coopération entre acteurs sans supprimer leur liberté23. Pour rendre visible le type de « règles » établies, on peut comprendre les premières réactions face aux enregistrements des entretiens ou des séances publiques données par LJHL, comme des normes implicites.

« Mais, le fait que ce soit enregistré, ce n’est pas pareil ! (…) On s’en est rendus

compte dans le labo junior (…) que d’enregistrer ça ne fonctionnait pas. On l’a fait très peu en fait, parce que nous (sous-entendus les philosophes, les biologistes, etc.) on n’a pas cette culture de l’enregistrement. » (Justine).

Une sociabilité organisée dans un système donné demande une certaine culture comportementale commune. C’est en accord avec un habitus, en tant que « système de dispositions réglées », que les règles du jeu d’acteurs se créent, permettant ainsi de se mouvoir sans difficulté dans le monde social tout en développant une interprétation à la fois individuelle et commune des autres acteurs de ce monde. Ces dispositions favorisent la liaison, au sens de mise en relation des acteurs sociaux. « C’est donc une

relation24 qui, en tant que médiation spécifique et autonome des objectifs divergents des acteurs, est toujours liée à une structure de jeu : cette structure en effet définit la pertinence des sources d’incertitudes « naturelles » et « artificielles » que ceux-ci peuvent contrôler. » (Crozier & Friedberg, 1977, p. 30).

Au moins un cas d’ « incertitude » a été vécu à LJHL. Cette incertitude est à la fois « artificielle », car due à un enregistrement mécanique qui fixe la volatilité des discours, et à la fois « naturelle », car surgie dans un contexte normal de séance. Cette incertitude a surgi dans un cadre habituel connu et a priori maîtrisé par tous, à cause de l’importation d’un habitus, propre aux SIC dont est issue Mylène, différent de celui des autres membres de LJHL. Ce décalage disciplinaire a engendré un malaise dans le groupe.

« Donc en fait, c’est Mylène qui a suggéré d’enregistrer (sourire), elle l’a suggéré

dans un rendez-vous qu’on s’était donnés pour préparer une séance (…). La première fois qu’on l’a tenté c’était quand un intervenant était venu faire une conférence. Il nous a dit : Ok, pour être enregistré, mais vous gardez l’enregistrement pour vous. (…) Donc, déjà on s’est dit, il ne veut pas que ça soit diffusé, alors que la conférence était ouverte à tous ! (…) Et la deuxième chose, c’est que dans le labo junior, il y a à la fois des masterants et des doctorants, il y a des gens que j’ai en élèves qui sont dans le labo junior, il y a des biologistes et des philosophes. C’est-à-dire que tout le monde n’a pas la même facilité à prendre la parole. » (Justine).

Ici, c’est l’idée que le paysage « jeune » de la recherche est hétérogène en termes

23 Par liberté, il faut comprendre la possibilité pour les agents de poursuivre des objectifs contradictoires.

de compétences interactionnelles et de statuts académiques. Il y a aussi un problème de légitimité à s’exprimer pour les uns ou les autres (effectif ou imaginé), que Justine convoque pour justifier la réticence de l’orateur que les membres ont essuyées lors de cet essai et la sienne également par ricochet.

« Et du coup, en mettant l’enregistrement on a senti que ça cassait ! Je me

demande même si Mylène n’avait pas dit au bout d’un moment : laissez tomber, j’arrête l’enregistrement ! » (Justine).

Si, « la reconnaissance explicite du phénomène de pouvoir comme une relation,

comme une médiation inéluctable et autonome entre les projets collectifs des hommes et leur réalisation, en effet, si elle ne doit pas rester un simple effet rhétorique, (alors elle) oblige à sortir de la logique stricte du discours pour centrer l’analyse sur les processus concrets à travers lesquels ce discours peut s’incarner dans les faits » Crozier &

Friedberg, 1977, note 24, p. 31). Ce « fait » est, ici, d’enregistrer les échanges. Or, cet acte, dans le jeu normal d’une séance, revient à entamer la liberté des acteurs. Mylène, en choisissant dans un premier temps d’enregistrer et, dans un second temps, de stopper cette démarche, a généré une incertitude quant aux rôles et actions des autres participants. On peut dire que son acte d’autorité par retour, au sens d’imposition d’une volonté individuelle sur autrui, équivaut à un certain pouvoir de décider pour autrui.

Ce pouvoir n’est cependant pas usurpé puisque Mylène entre parfaitement dans un cadre d’expérience défini : elle est une spécialiste en SIC, puisque doctorante dans ce domaine. De plus, elle appartient au groupe de tête en tant que membre du bureau, donc à la catégorie membre dirigeant. L’intervention impromptue de Mylène peut être interprétée comme un signe de son autorité sans insigne. De ce fait, c’est un paradoxe intéressant qui pose la question assez weberienne de savoir s’il peut ou non y avoir une autorité en soi, c’est-à-dire sans signe ni insigne ? Peut-être est-ce possible si l’on considère la position de Max Weber sur le charisme de telle ou telle personne – ici de Mylène – induisant naturellement respect et obéissance volontaire des individus ?

Pour répondre à cette question, on peut rappeler la thèse de Max Weber sur les fondements de la domination afin de prendre volontairement un point de vue général et surplombant, par contraste, au point de vue interne et subjectif des interviewés, rapporté jusqu’à présent. Cette prise de recul sera à nouveau convoquée pour conclure, en fin de chapitre, à propos des contestations suscitées par LJHL. Weber cherche dans l’ouvrage intitulé Le savant et le politique(Weber, 1982) à dresser une sorte de typologie sur fond « d’idéal-type » des modes de domination par une systématisation à la fois souple et rationnelle des institutions et des comportements humains en leur sein. Cette méthode