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Une sociabilité et une transmission inter-jeunes pour des chercheurs en herbe

IV.1. b) L’aventure des laboratoires juniors

Je parle ici d’aventure, parce que « chercher, c’est bien l’aventure certes, mais « l’aventure », toute aventure d’ailleurs, ne peut aboutir que par un travail minutieux,

une préparation impeccable. Au-delà des clichés, pénétrons dans le monde réel du travail scientifique – de la jeune génération –, de l’intérieur, à travers les paroles mêmes de celles et ceux qui vivent ces aventures». (Sabouret & Caro, 2000b, p. 17).

Cette expérience expose tout chercheur et peut-être surtout les jeunes comme nous le verrons dans la suite. En effet, tout « chercheur, ses premiers diplômes acquis, doit

toute sa vie se comporter comme un autodidacte et inventer en permanence son

1 Le sigle LJHL qui rebaptise ce laboratoire junior, signifie « Laboratoire Junior sur Homme du site Lettres ».

savoir. » (Sabouret & Caro, 2000b, p. 18). Ainsi, l’hypothèse qui guide cette partie sur

les laboratoires juniors et l’interdisciplinarité n’existe que par les hommes, les femmes, les jeunes, les moins jeunes qui la pratiquent et la font vivre. Cette vie intellectuelle et humaine se traduit empiriquement en faisant rentrer des acteurs de la vie sociale (associative, artistique, médicale, etc.) dans les questionnements de recherche qui infusent en ces lieux particuliers et privilégiés d’apprentissage de la recherche par la recherche.

Comme pour toute structure, il est nécessaire pour en comprendre les mécanismes humains et non humains, d’en présenter le squelette institutionnel au sens principalement administratif du terme comme cela a été fait pour les laboratoires seniors de la partie précédente.

(i) Qu’est-ce qu’un laboratoire junior ?

Un laboratoire junior est défini, sur le site de l’Ecole Y à la rubrique « Recherche », puis à l’onglet « Laboratoires juniors-objectifs-tests », comme étant « l'initiation à la

recherche des élèves et des doctorants passe non seulement par le tutorat de leurs enseignants et encadrants, par l'immersion au sein des laboratoires reconnus, mais aussi par l'apprentissage pratique. »

En d’autres termes, comme une réminiscence du processus de Bologne2 à propos du « Plan licence » qui portait sur la nécessité de l’apprentissage de la recherche par la recherche dès le plus jeune âge3, le laboratoire junior répond à cet objectif. Il s’agit d’un dispositif interne à l’Ecole Y mais non spécifique, puisqu’il existe d’autres types de structures4 qui reprennent ce format au niveau associatif et/ou institutionnel. Concernant la présentation5 du « laboratoire junior », on constate qu’à l’Ecole Y, le montage de projet est très encadré scientifiquement, temporellement et administrativement parlant, puisque « la décision de créer un Laboratoire Junior est adoptée par le conseil

scientifique de (l’Ecole Y) qui statue sur le rapport d'un de ses membres dans les mêmes conditions que pour tout projet qui lui est soumis. La fin d'un Laboratoire Junior donne lieu à un rapport transmis au conseil scientifique, qui fera régulièrement le bilan des opérations réalisées. Les laboratoires juniors sont créés pour une durée de deux ans. En cas de demande de renouvellement, un rapport complet de l'activité du laboratoire durant la première phase et sur l'utilisation des crédits sera remis au conseil »6. (Extrait du site de l’Ecole Y)

2 Pour en savoir plus sur le processus de Bologne, se rapporter au site suivant :

http://www.mesr.public.lu/enssup/dossiers/bologne/processus_bologne.pdf. 3 Certes ici, précisément pas en licence, mais au niveau master.

4 Notamment au CRI (Centre de Recherche Interdisciplinaire) hébergé par l’Université Paris Descartes et plus précisément à la Faculté de médecine (site Cochin-Port Royal, Aile Sud). C’est l’un des anciens membres (en 2011) de LJHL, à présent maître de conférence à Sciences Po Paris, qui m’en parla en entretien téléphonique le 2 octobre 2013. Cet entretien avait duré environ trois quarts d’heure. « Au CRI, ils n’appellent pas ça des laboratoires juniors, mais ils appellent ça des clubs. » Le CRI croise la philosophie, les mathématiques, l’informatique, la physique, la chimie, la biologie et la médecine.

5 Cette présentation de LJHL se trouve à la rubrique « Objectifs » du site de l’Ecole Y (non fourni pour conserver l’anonymat des structures).

6 Deux entretiens avec les responsables administratifs des laboratoires juniors ont été réalisés le 5 novembre 2013 pendant deux heures trente minutes environ. L’entretien avait été repoussé car ces responsables voulaient le réaliser ensemble et non individuellement. Il a donc fallu trouver une date commune.

Sur le site de l’Ecole Y, on trouve, outre la rubrique « Objectifs », une rubrique « Conditions à remplir ». Dans cette dernière rubrique, reproduite ci-dessous, on peut voir comment le montage de laboratoire junior est encadré de manière à responsabiliser les porteurs de projet. Il y a une volonté affichée de former les jeunes générations de (futurs) chercheurs par cet exercice à visée professionnalisante.

« Le responsable d'un Laboratoire Junior devra remplir les conditions suivantes :

– être titulaire d'une agrégation ou d'un Master 2 ;

– disposer d'au moins une année entière de scolarité effectuée à l'école ; – être inscrit en thèse à l'Ecole Y ;

– disposer d'au moins une année entière de préparation de thèse à l'école. Le responsable présente un projet qui définit :

– les objectifs à atteindre ; – la méthodologie adoptée ; – les techniques utilisées ;

– la liste des membres du laboratoire (élèves, auditeurs ou étudiants, participants de moins de 30 ans qui n'appartiennent ni au corps des enseignants-chercheurs, ni à celui d'un des organismes de recherche) ;

– le budget et un échéancier ;

– les modalités de restitution des résultats. »

Il semble que ceci soit un listing caractérisé et caractéristique de ce qu’Isabelle Stengers appelle non pas un « bon chercheur » mais bien plutôt un « vrai chercheur » (Stengers et al., 2013, p. 29).

Qu’est-ce que ce « vrai chercheur » ? Quelle est sa vérité ?

Il semble que ce « vrai chercheur » se « fabrique » sur fond d’un archaïsme qu’elle baptise « étoffe genrée » (Stengers et al., 2013, p. 27). Ce concept repose sur une différenciation forte entre les hommes et les femmes de sciences, puisque historiquement parlant, cet « ethos » scientifique (Stengers et al., 2013, p. 16) est le propre de l’homme, pour forcer un peu le trait, dont l’épouse en bonne maîtresse de maison lui permet de mener sa carrière sans tracas. En effet, si la femme porte le foyer et les soucis pragmatiques du quotidien, elle permet à l’homme de travailler et de chercher en se consacrant totalement à sa passion. Stengers constate que cette « étoffe genrée » du chercheur, synonyme d’esprit scientifique, amène à une définition de l’excellence basée sur les faits et rien d’autre. Or, cette étoffe détermine « la grandeur (de la personne encore plus que la celle de la science) contre ce qui fait discuter, penser,

hésiter ceux et celles qui n’ont pas l’étoffe (…). Ceux n’ayant pas l’étoffe suffisante,

pâtissent de « la réputation des gentlemen engagés dans la vie expérimentale (qui serait) mise en danger, s’ils revendiquent la modestie et la réserve que l’on demande

usuellement au genre féminin, (…) (au nom d’un idéal) d’héroïsme masculin. »

(Stengers et al., 2013, pp. 37-38). Comment penser alors l’acte de création d’un laboratoire junior par deux jeunes doctorants, dont une doctorante qui, fidèle à son engagement dans cette aventure, a fait tourner la machine pendant près de quatre ans ? C’est cette situation particulière qui va faire l’objet de l’examen qui suit.

(ii) La réussite de LJHL, un laboratoire junior plusieurs fois renouvelé

Ce qui m’a fait me tourner vers LJHL, créé en 2009 par deux doctorants de philosophie, Justine et Bertrand, est d’avoir remarqué que les laboratoires seniors comprenaient un public mixte de personnels seniors et juniors. De ce fait, après m’être intéressée aux seniors, il était logique que je m’intéresse aux juniors.

J’ai donc centré mon regard sur une « sociabilité » particulière des jeunes membres de laboratoires seniors. Il est à noter que tout laboratoire junior est « indépendant » du laboratoire senior de rattachement des jeunes (comme Justine et Bertrand), en tant qu’il a sa propre direction, sa propre enveloppe budgétaire, sa stratégie avec sa ligne thématique de recherche spécifique, et enfin, sa propre équipe avec son turn-over, sa vie.

Pour ma part, je suis arrivée dans ce laboratoire en tant qu’observatrice, durant l’année universitaire 2012-2013. Il fonctionnait déjà depuis plusieurs années, je n’ai donc pas connu la « période de démarrage » avec le binôme originel. Seule Justine est restée au fil du temps à la barre du navire : elle était doctorante au début de LJHL mais ne l’est plus à présent. Actuellement, ses travaux portent sur le rapport entre l’anthropologie philosophique et l’éthique en santé. On voit donc que sa pratique de l’interdisciplinarité autour de la question de l’Homme l’amène à se « convertir » petit à petit à l’anthropologie médicale proprement dite, grâce ou peut-être à cause de son activité parallèle au sein de LJHL. Comme Justine le dit souvent lorsqu’elle est amenée à présenter son laboratoire junior :

« J’ai fondé le laboratoire il y a quatre ans avec Bernard (et Guy qui était là dès le début) et nous voulions avoir une approche plus large de l’homme, de ce que ça fait

pour l’homme d’être un organisme vivant. On voulait appréhender l’homme à travers la culture, en danse, avec des conservateurs de musées, et en tant qu’organisme, donc on est allés chercher des biologistes. La question posée est de savoir qu’est-ce que ça fait de faire jouer ensemble des dimensions qui ne vont pas ensemble ? C’est le principe de fonctionnement dans le labo junior. Des fois ça marche et des fois pas. Cela nous a permis d’avancer. »7

En somme, Justine insiste, comme à son accoutumée, car ce discours a été tenu systématiquement ou presque à chaque début de séance, sur le caractère informel du laboratoire LJHL. En effet, certains laboratoires fonctionnent de manière plus classique, c’est-à-dire par le biais d’exposés magistraux. Il est facile de le constater au niveau des annonces des diverses journées organisées par l’ensemble de la communauté « jeune » de l’Ecole Y. Il est dans les coutumes d’inviter une ou plusieurs personnalités de la recherche sur tel ou tel sujet pour s’exprimer devant un public « interne » à l’Ecole. Sachant que LJHL est basé sur le format « atelier de discussion », les grandes annonces ou informations importantes sont, en principe, présentées à l’assemblée par Justine, qui joue le rôle de présidente de séance, secondée ou non. Ces annonces sont faites dès les premières minutes de séance, de manière à laisser la place au débat de groupe. Ces informations sont aussi variées que la remise de planning des séances futures en version papier, l’annonce de publications parues ou futures comme celle, par exemple, d’une

7 Propos de Justine, non enregistrés, donc rapportés depuis mes notes de terrain lors de la séance de rentrée du laboratoire junior du 26/09/13.

publication en cours sur la notion d’« individu ». Pour cette publication, ils ont convoqué divers points de vue en faisant appel à plusieurs laboratoires juniors, notamment de biologie, de philosophie, de sociologie, etc. Le contenu des articles n’est que peu dévoilé lors de cette séance du mois de septembre. Est simplement mentionné le cas d’un article d’un membre, médecin anesthésiste, (Simon Leduc) en train de faire une thèse sur « Les malades greffés ». Cet article porte sur « la médecine narrative ». L’information importante sur laquelle on doit s’arrêter pour contextualiser cette séance de rentrée, est le fait qu’ayant été déjà renouvelé deux fois un an, LJHL vit ses dernières heures en tant que « laboratoire junior » de l’Ecole Y.

L’aventure prendra officiellement fin au 30 novembre 2013. Cependant, comme ce laboratoire est un succès du fait de sa longévité dans le temps par rapport à d’autres laboratoires juniors, les membres ont l’envie de poursuivre. La question du « comment » occupe tous les esprits, car il faut trouver un nouveau format de partenariat. Voici un extrait d’entretien avec une jeune membre, Odette8, en préparation d’agrégation de philosophie :

« Je n’ai pas eu de version officielle, mais je sais par des discussions dans les

couloirs avec Justine ou Bertrand, qu’effectivement Justine tenait vraiment à ce que cette expérience se poursuive sous une autre forme, dans un autre cadre, car ça ne pouvait plus être un laboratoire junior. Mais, je ne sais pas s’il s’est trouvé une solution.» Si le laboratoire LJHL trouvait une nouvelle vie, elle m’affirma sans

hésitation, qu’en dehors d’une année de préparation aux concours, qu’elle poursuivrait son engagement.

Au cours des entretiens, elle ne sera pas la seule à me signifier cette envie de continuer à participer à LJHL. L’engagement des membres est palpable, de par les rires et sourires qui ne cessent de ponctuer leurs récits durant les interviews. On pourrait alors se demander pourquoi leur investissement personnel, ou du moins, leur envie de s’investir, est si fort. Ces jeunes ont-ils des arrière-pensées intéressées, pour leur avenir professionnel ? En réalité, ce fait n’est pas établi comme en témoigne Odette. En effet, pour elle, la notion de « réseau » a une connotation trop directement utilitariste. Elle connaît, apprécie et fait confiance aux membres de LJHL et pense pouvoir compter sur eux : « si je leur demande une faveur comme, par exemple, me présenter quelqu’un ou

quelque chose comme ça, oui, alors là, ça devient un réseau. Après, je ne l’avais jamais vu pour ça. »

Odette déclare avoir intégré ce laboratoire junior pour des raisons plutôt « scolaires », lorsqu’elle était en master 1, et non pour acquérir une potentielle « visibilité ». Ainsi, contrairement à un certain nombre de membres (étudiants ou non) de LJHL, Odette n’avait pas de « stratégie » académique en y participant. En effet, son sujet de mémoire portait sur un auteur de philosophie qui se trouvait être également l’un des auteurs étudié par le co-fondateur du laboratoire, Bernard. Son intention était donc bel et bien intéressée. Cependant, la réalité était toute autre que celle à laquelle elle s’attendait. Le laboratoire junior fonctionnait sur la base d’un débat co-construit entre pairs et acteurs de la société civile, et non pas, comme un cours magistral. Ce laboratoire junior a pour « vocation d’amener des regards différents, et notamment des

8 L’entretien semi-directif avec Odette a eu lieu au petit salon en bas du bâtiment administratif, le 3 octobre 2013 pendant 1h30 environ.

regards scientifiques sur des thématiques de sciences humaines (…). Une fois arrivée au labo, je me suis rendue compte que ça n’avait rien de scolaire ! » (Odette) Loin de la

rebuter, ce concept d’atelier-débat lui apparut très enrichissant. « Il y a eu des

interventions quand même assez surprenantes, comme (celles) d’un médecin Simon Leduc, qui nous rapportait sa journée à l’hôpital et le ressenti qu’il avait eu. Pour le chercheur, ça pouvait vraiment devenir source de réflexion très riche. » (Odette).

En somme, cet engagement vient de l’« extraordinaire » partage que ressentent les membres. Ce partage est aussi probablement renforcé par le fait qu’ils sont entre personnes « connues » de manière plus ou moins intime. « Il se trouve qu’on se

connaissait déjà par ailleurs. (Rire) Donc, pour moi c’était déjà des amis que j’avais indépendamment du labo. » (Odette). Ces contacts amicaux n’étaient donc pas

forcément membres du laboratoire junior.

En effet, le turn-over est assez important dans le public qui venait assister aux séances mensuelles de LJHL. Les membres ont, ou avaient à cœur globalement, de marquer leur investissement en en parlant autour d’eux afin d’attirer des personnes extérieures à LJHL ; ceci pour étendre le cercle. Cette référence à l’image du « cercle » se trouvera confirmée matériellement dans l’organisation même des séances à l’Ecole ou ailleurs. Cette sociabilité prend donc la forme d’une structure organisée humainement comme matériellement parlant, qui se dote de règles de fonctionnement pour assurer la pérennité des activités comme de leur succès. En cela, la forme de sociabilité qui se dessine en filigrane est « génératrice » en ce qu’elle crée les conditions de sa propre possibilité d’existence au travers de diverses modalités présentées au fil de cette partie. Ces modalités emprunteront quant à elles à l’enseignement de la recherche fourni par les professeurs seniors et de ce fait la forme générative deviendra « mimétique ». L’apprentissage de la recherche par la recherche au sein d’un laboratoire junior procèdera par imitation des comportements seniors dans une certaine mesure. Cette imitation, à l’échelle individuelle, comme chez Gabriel Tarde (Tarde, 1895), constituera le ciment de cette micro-société qu’est le laboratoire junior. L’enquête de terrain (chapitres V et VI) permettra de démontrer l’intérêt d’un tel recours à la psycho-sociologie tardienne pour caractériser la sociabilité de LJHL et des autres laboratoires juniors par extension.

Ce « cercle » se devine dans les « mises en contact » des personnes et dans les rencontres signifiantes (ou non) qui peuvent se forger dans un tel cadre. Dans le cas d’Odette, c’est manifeste : « Par exemple, Mylène9, je ne la connaissais pas du tout. C’est vraiment quelqu’un que j’ai découvert et apprécié pendant le labo. Mais, pour d’autres personnes, il y a quand même la barrière de l’âge. Simon (le médecin), par exemple, je ne pense pas que j’irai prendre un café comme ça naturellement avec lui. Après, je l’apprécie énormément et je trouve que c’est quelqu’un de très fin et d’assez fascinant. Mais je ne peux pas dire que c’est un ami. »

Confiance, respect, intérêt intellectuel et disciplinaire pour l’Autre et sa pratique, sont des constantes dans le contenu des divers propos recueillis. De fait, les séances d’observation en attestent également ; j’y reviendrai plus loin en détail. En somme, les

9 Mylène était l’une des co-directrices en même temps que Justine et Bertrand. Comme elle a soutenu sa thèse (en SIC), elle a quitté l’Ecole Y et ne fait plus partie à présent du laboratoire junior LJHL.

discours des enquêtés montrent que LJHL souhaite se métamorphoser, et ceci semble être un avenir logique pour ce laboratoire junior. Ainsi, les premières traces de cette mutation structurelle en cours, est le fait non négligeable que le laboratoire junior « s’ouvre » encore un peu plus aux « autres » qu’il ne le faisait par le passé. Ces « autres » sont, en particulier, d’autres « laboratoires juniors ». Parce qu’ils sont sur un même créneau, ils représentent, ou du moins représentaient, une concurrence officielle sur le marché des offres de recherches juniors. De surcroît, le désir fort de produire de la connaissance scientifiquement valide et valable anime les jeunes membres de ces laboratoires. En témoigne cette remarque issue d’un entretien mené auprès d’une jeune agrégative de philosophie, Manon10, membre de LJHL depuis sa création :

« Il ne faut pas diminuer non plus l’avancée dans la recherche des connaissances.

(…) C’est toujours ce qu’il y a en question dans ce laboratoire : qu’est-ce qu’on produit ? Comme une habitude. (…). Il y a de la concurrence entre labos. D’ailleurs, je ne sais pas comment le perçoivent les responsables du laboratoire, qui eux, avaient à présenter un rapport institutionnel. Il y a une comparaison informelle avec les autres laboratoires. On n’en parlait pas forcément au sein du laboratoire. Je leur disais plutôt à titre personnel que j’avais vu que tel laboratoire faisait telle ou telle chose et que ça m’avait posé problème. »

La solidarité et l’implication sont bien présentes à LJHL, certes de manière personnalisée et discrète puisque informelle, mais sont présentes tout de même. La concurrence entre les divers laboratoires justifie la présence de cette solidarité impliquée entre les membres de LJHL pour défendre leur laboratoire. Ceci vient de ce que ces laboratoires juniors ont des activités similaires tout en ne visant pas les mêmes objectifs et en ne se questionnant pas sur les mêmes thématiques. La question se pose alors pour ces jeunes de savoir comment produire des activités qui soient différentes de celles de leurs collègues concurrents. La comparaison informelle entre les laboratoires