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Le brevet d'Etat spécifique 1 er degré plongée subaquatique : entre l’initiation sportive et l’animation commerciale

Des passerelles sont rapidement mises en place. Les décisions permettant l'accès des moniteurs auxiliaires de plongée en scaphandre, diplôme fédéral créé en 1967, au brevet

d'Etat 1er degré (Foret, Martin-Razin, 2007, p.486) vont dans ce sens. La dernière session du

brevet d'Etat de moniteur de plongée est organisée en 1975. Les textes sur le brevet d'Etat d'éducateur sportif option « plongée subaquatique » s'appliquent en 1976. Les pré-requis

permettant une inscription à la partie spécifique du BEES 1er degré sont quasiment identiques

par rapport aux examens antérieurs puisqu'il est nécessaire d'être en possession du brevet de

plongeur autonome 2e échelon (puis niveau IV) et du permis de conduire en mer les bateaux

de catégorie A. Le brevet national de secourisme et de réanimation exigé à l'inscription allège la formation spécifique.

L'objectif de l'éducateur sportif 1er degré de plongée subaquatique est différent de celui du 2e

degré. La commission professionnelle consultative des métiers du sport et de l'animation1 a

donné un avis favorable, repris par le ministère chargé des sports, pour inscrire le référentiel

emploi au RNCP2. Ainsi, l'éducateur sportif premier degré de plongée subaquatique encadre

tous les publics dans une pratique de loisir de découverte, d'initiation et d'animation. Il participe au fonctionnement de la structure et à la conception du projet d'animation. Il s'adresse donc essentiellement au public désirant s'initier ou se perfectionner en plongée subaquatique.

1 Organisme créé en référence à l'arrêté du 27 septembre 1999 relatif à l'institution et au fonctionnement de la commission professionnelle consultatif des métiers du sport et de l'animation.

L'étude des coefficients attribués à l'examen final de la partie spécifique du 1er degré plongée subaquatique permet de rendre compte de l'importance accordée aux grands groupes d'épreuves tels qu'ils ont été définis dans les modalités d'examen des textes fixant les contenus

et modalités d'obtention du BEES à trois degrés1. Cependant, à l'intérieur des groupes

d'épreuves, des choix atténuent la portée des textes constitutifs. Pour éviter ce travers et pour une meilleure compréhension des transformations, les épreuves ont été regroupées en trois grands groupes d'épreuves : les épreuves théoriques, les épreuves pédagogiques et les pratiques sportives. Cette classification ne reprend que partiellement celle effectuée dans les programmes des examens au BEES spécifique qui paraît peu pertinente puisque, par exemple, les épreuves que nous appelons « théoriques » sont regroupées en 1976 sous le vocable d' « épreuves techniques » et en 1995 sous le nom d' « épreuves générales », à cette date les épreuves appelées « techniques » regroupent une épreuve sportive et un oral de règlementation.

Une observation rapide montre que les épreuves théoriques prennent de plus en plus d'importance au détriment des pratiques sportives. Les épreuves théoriques passent de 28%

des coefficients de l'examen à 41%2 alors que l'importance des pratiques sportives diminue,

passant de 33% à 25%. Les épreuves pédagogiques varient entre 33 et 38%. L'évolution observée en 1995 rend compte de la transformation des prérogatives des titulaires d'un BEES plongée.

Les fonctions de l'éducateur sportif sont redéfinies. En effet, outre les qualifications en termes

d'animation et d'initiation définies par le décret du 15 juin 1972, l'éducateur sportif 1er degré

de plongée subaquatique doit organiser et promouvoir les activités sportives et de loisirs sous

toutes ses formes3. Parallèlement, la préparation au brevet d'Etat passe d'une formation

traditionnelle avec examen sec à une formation modulaire avec examen final en 1996. Dans le même temps, des équivalences avec les diplômes fédéraux sont mises en place et permettent une dispense ou un allègement de la formation modulaire. Par exemple, le titre de moniteur fédéral de la FFESSM ou de la FSGT de moins de 5 ans peut dispenser le titulaire du test de sélection, de la préformation et de l'ensemble de la formation modulaire.

En dehors de ces remarques, force est de constater que les examens soumis à l'arrêté du 8 mai 1974 (1976, 1980, 1982, 1990) et ceux relatifs à l'arrêté du 10 avril 1996 font preuve d'une grande continuité. L'arrêté du 30 juin 1995 n'est qu'une anticipation de l'évaluation mise en place en 1996. Pour comprendre les évolutions il faut porter un autre regard sur cet examen final. En se penchant sur le nombre d'épreuves inscrites à l'examen, il est possible d'analyser différemment les transformations. On passe de 9 épreuves en 1976 à 6 épreuves en 1980 puis 7 épreuves en 1990.

1

Arrêté du 8 mai 1974 et arrêté du 30 novembre 1992.

2 Il convient de noter que l'examen oral portant sur les règlements techniques des brevets de plongeur de la FFESSM a été classé, pour cette étude, dans les épreuves théoriques.

3

Arrêté du 30 novembre 1992 fixant les contenus et les modalités d‟obtention du brevet d‟Etat d‟éducateur sportif à trois degrés en application du décret no 91-260 du 7 mars 1991.

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1976 1980 1982 1990 1995 1996 2004 2005 Pratiques sportives Epreuves pédagogiques (pratique et oral) Epreuves théoriques (écrit et oral)

Tableau 3 : Nombre d'épreuves à l'examen final du BEES spécifique 1er degré plongée

subaquatique.

Quel que soit le texte retenu, il est évident que l'examen spécifique du 1er degré de plongée

subaquatique n'est pas centré sur des compétences sportives. Durant toute la période, l'épreuve

physique évaluant le candidat1 consiste à remonter de -25 mètres un plongeur en difficulté.

Certes, cette épreuve permet au candidat « de démontrer son adaptation au milieu, son sens de l'observation, sa capacité à adapter son comportement à la situation rencontrée…, sa capacité

physique, prise en compte des paramètres de sécurité »2, mais il semble que ce choix découle

logiquement des pré-requis demandés et vise à ne pas réévaluer des compétences évaluées dans d'autres lieux (milieu fédéral ou test de sélection ou préformation). Il serait intéressant de se pencher sur les diplômes de formation du plongeur autonome de loisir de la FFESSM pour comprendre la logique de cette épreuve. Il est probable que les compétences techniques liées à la pratique sportive soient déjà validées dans ces diplômes.

En ce qui concerne les épreuves pédagogiques, jusqu'en 1990, le contenu évolue peu. Il s'agit d'évaluer les candidats sur des épreuves pédagogiques pratiques s'effectuant dans l'eau et s'adressant à des élèves allant du débutant sachant nager au plongeur préparant le diplôme

fédéral de 2e échelon de plongeur autonome. L'épreuve d'entretien concerne le retour sur le

déroulement de l'épreuve pratique de pédagogie, mais aussi un questionnement sur l'enseignement théorique de la plongée. A partir de 1995 les épreuves pratiques consistent en une séance pratique dans l'eau et une séance d'enseignement théorique. L'entretien avec le jury est réservé à un retour sur la pratique pédagogique et sert à justifier les choix pédagogiques.

La pratique sportive est essentiellement évaluée dans les formations fédérales, constituant les pré requis d‟inscription à l‟examen du BEES. Le brevet d‟éducateur sportif devient un examen validant des connaissances théoriques et pédagogiques. Par contre, il apparaît qu‟une étude de l‟évolution des épreuves théorique permette de mieux cerner les transformations du métier d‟éducateur sportif.

1

En 1976, une deuxième épreuve d'orientation permet d'évaluer le candidat.

Le schéma ci-dessous rend compte des deux grands champs d'interrogation présents sur la période étudiée : un premier lié à la connaissance des champs techniques et scientifiques permettant de plonger en toute sécurité et un second lié à la connaissance de l'environnement économique de la plongée subaquatique.

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% 1976 1980 1982 1990 1995 1996 2004 2005 Réglementation fédérale

Environnement juridique et socio économique

connaissance du matériel

résolution problèmes de plongée

organisation d'une plongée

connaissances techniques de la plongée (pratique et théorique)

Tableau 4 : B.E.E.S. spécifique 1er degré plongée : coefficients des épreuves théoriques

écrites et orales (en %, hors pédagogie).

Le premier champ d'interrogation paraît assez varié et concerne des disciplines hétérogènes. Si l'on compare les sessions de 1976 et 1990, il est aisé de comprendre que les épreuves mises

en place lors de la création du BEES 1er degré plongée subaquatique respectent les textes, les

changements ne reflètent que les transformations publiées dans le journal officiel ou le BOEN. D'autre part, les différentes épreuves théoriques regroupées dans ce champ se fédèrent autour de deux thèmes, qui apparaissent à partir de 1995 : un questionnement plus scientifique concernant les aspects théoriques de la plongée subaquatique (physique, physiologie, accidents, utilisation des tables…) et un questionnement à dominante pratique centré sur l'organisation de la plongée dans tous ses paramètres (organisation des secours, des palanquées, des procédures de décompression, du milieu vivant…). Ce premier champ d'interrogation a représenté jusqu'à 80% des coefficients de l'évaluation théorique (entre 1980 et 1995) pour se situer aujourd'hui à 40%. Il convient de s'interroger sur l‟utilité de ce pôle théorique tant en ce qui concerne la relation à la formation, sa nécessité pour animer et encadrer le public et sa conséquence sur le profil socio économique des cadres formés. Une étude sortant du cadre de cet article permettrait de répondre à ces questions.

Le deuxième champ d'interrogation concerne à la fois la réglementation fédérale et la connaissance juridique et socio-économique des secteurs marchand et/ou associatif de la plongée subaquatique. Ce champ prend une importance croissante au fil du temps jusqu'à représenter aujourd'hui 60% des coefficients des épreuves théoriques. Cette évolution rend compte de la transformation du secteur et du métier des brevetés d'Etat. En effet, le secteur de la plongée s'est organisé et devient un secteur marchand à part entière. Depuis 1997 les sociétés commerciales peuvent adhérer à la FFESSM. En 2007 elles représentent 10% des

établissements d'activités physiques et sportives de plongée subaquatique. Leur nombre (222 en 2007) augmente rapidement (10 à 20% par an) alors que le nombre de clubs associatifs

(2063 en 2007) stagne1. Il convient donc que les BEES soient formés dans ce secteur, d'autant

qu'il y a une propension à la juridiciarisation (Arnaud, 1988) de notre société.

Ainsi, il apparaît que le BEES 1er degré a trouvé sa place dans la hiérarchisation des

diplômes. Le titulaire de ce diplôme permet l'essor d'une plongée loisir en toute sécurité. Il est centré essentiellement sur la formation du plongeur mais aussi devient un élément important du développement marchand du secteur loisir de la plongée subaquatique. C'est bien dans l'étagement des diplômes que peut se lire la réelle professionnalisation du secteur qui se traduit dans les fait par l'émergence de la plongée loisir. Les modifications des arrêtés concernant le brevet d‟Etat (intégration des enseignements sur le sport pour handicapés (référence à la loi Avice de 1984) et sur la validation des acquis de l'expérience (VAE) ne changent pas ces orientations de fond.

L'émergence d'un secteur économique lié au loisir

Déjà en 1963, le journal L'Equipe rend compte des transformations des pratiques dans les sports subaquatiques : « Sur la Côte d'Azur, l'exploration détrône la chasse sous-marine. De 8

à 60 ans on peut plonger sans danger jusqu'à 40 mètres après 3 jours d'entraînement »2. Cet

engouement pour l'exploration sous-marine est porté par le changement de mode de vie et notamment par le développement des activités de loisir. Le rôle du commandant Cousteau est indéniable. Il a mis à la portée du public les profondeurs océaniques, en faisant rêver des générations et en participant à la vulgarisation de cette activité à risques. Du « Monde du

silence »3 en 1955 à l'expérience scientifique Précontinent4 (entre 1962 et 1965), à travers de

nombreux ouvrages et en développant le scaphandre autonome, il va rendre accessible la

plongée sous-marine. De même, plus tard, le film de Luc Besson « Le grand bleu »5 aura le

même effet sur la pratique. L'augmentation du nombre de licenciés que l'on observe à partir de 1988 peut lui être imputé partiellement, même s'il ne faut pas oublier l'importance des avancées technologiques qui vont rendre la plongée plus confortable et plus abordable techniquement (gilet stabilisateur, ordinateur, détendeur de secours…).

Dans la même veine, il apparaît que les travaux scientifiques liés à l'aventure sous-marine sont en forte progression. Sur le site PubMed, référençant les publications médicales, une recherche avec l'item « Scuba diving » permet de faire apparaître 630 publications liées aux sciences biomédicales de 1961 à 2007. Si l'on compare, sur le même site PubMed, une recherche avec l'item « sport » il apparaît que le nombre d'articles liés à la plongée subaquatique augmente plus fortement. En effet, si l'on rapporte le nombre d'articles parus entre 1961 et 1965 pour chaque item à la totalité des articles parus de 1961 à 2007, on constate que le nombre d'articles liés à la plongée à un coefficient multiplicateur de 35 contre 22,8 pour l'item « sport ». Est-ce parce que ce pôle théorique et scientifique est important dans la formation ou est-ce que cette pratique est une pratique sportive de classe, réservée à une élite ? M. Chauveau (2005) donne un début d‟explication lorsque, dans son analyse des

plongeurs PADI6 dans le monde, il montre que 90% des plongeurs ont poursuivi des études

1 Licences FFESSM, sources secrétariat d'Etat jeunesse et sports. 2 Brugna F., L'Equipe, 9 mai 1963.

3 Film documentaire coréalisé avec Louis Malle

4 Diverses expériences visant à prouver qu'il était possible de vivre durablement entre 10 mètres et 100 mètres de profondeur.

5 Luc Besson produit en 1988 « Le grand bleu ». Une deuxième version est projetée en 1998. Ce film a été vu par 9,2 millions de spectateurs français.

6

Professional Association of Diving Instructors : organisation internationale de professionnels de la plongée fondée au U.S.A. en 1966. Cette structure se concentre sur la plongée loisir. La certification PADI. domine le

supérieures et 62% ont un revenu annuel supérieur à 50000$. Quelles que soient les réponses à ces questions, la production scientifique médicale sur la plongée subaquatique rend compte de l'intérêt des scientifiques mais aussi du public pour cette activité.

De même, compte tenu du développement des sports sous-marins et du secteur du tourisme sportif, il apparaît clairement que la plongée subaquatique sportive tend à se transformer en une activité commerciale de loisir. D'ailleurs, le Comité Consultatif de l'Enseignement de la Plongée Subaquatique le constate et note que le plongeur devient un « plongeur-voyageur », phénomène qui se développe à partir des années 1980 et s'amplifie dans les années 1990. Cette tendance transparaît aussi dans les ouvrages, nombreux, qui paraissent sur la plongée. Une étude rapide sur la base de données « Bn-Opale Plus » de la B.N.F. avec un item de recherche « Plongée » montre que 384 ouvrages sont référencés entre 1978 et 2007. Nous observons que le nombre d'ouvrages concernant les récits de voyages est en forte augmentation sur la période et particulièrement à partir de 1990 (entre 1/3 et 2/3 des publications annuelles). Les ouvrages généralistes présentant l'activité, participant à la vulgarisation de la formation et présentant la technique de la plongée deviennent moins nombreux à partir de 1992. A cette date, la part des ouvrages spécialisés sur la formation du plongeur (du niveau 1 au BEES) représente chaque année entre 1/3 et la moitié des parutions. De même, à partir de 1991 et jusqu'en 1996, des ouvrages concernant le métier de plongeur voient le jour suivis, de 1997 à 2007, par les ouvrages liés à la connaissance spécialisée de certains secteurs de la plongée (plongée souterraine, profonde, aux mélanges, sous marine, écologie, enfants, handisport). De cette étude rapide il apparaît que la plongée se professionnalise, se spécialise et se différencie. La plongée subaquatique sportive devient de plus en plus une activité de loisir alors que, parallèlement, se développent des pratiques sportives très techniques demandant un haut niveau de formation et de compétence.

Le souci de coller à la demande transparaît dans les ouvrages de formation. Dans ce cadre, une étude des ouvrages de P. Molle (1972, 1985, 1989, 1993, 1997) éclaire sur ces

orientations. En 1972 son livre « Plongée subaquatique »1 est un ouvrage de formation

reprenant les différents secteurs de la formation théorique du plongeur (lois physiques, notions de physiologie, accidents, tables de plongées, matériel, signes, matelotage, technique de la plongée, épreuves des diplômes). Cet ouvrage sera conseillé par la FFESSM. Le contenu

de ce livre reste relativement stable au fil des différentes éditions, même si en 19972 un

chapitre sur la réglementation est ajouté. Parallèlement à cet ouvrage, en 1985, dans un livre

intitulé « Enseigner et organiser la plongée »3, il considère que le moniteur de plongée doit

être capable d'enseigner la plongée dans les meilleures conditions possibles en mettant en avant la sécurité et en suscitant l'intérêt. Cette orientation vers la prise en compte du public ne se dément pas puisqu'en 1989 l'auteur fait paraître un ouvrage clairement intitulé « Plongée

loisir en sécurité »4 suivi, en 1993, d'un autre intitulé « Plongée de loisir et professionnelle en

sécurité »5. Ainsi, au fil des publications il est possible d'observer un infléchissement des

titres montrant une prise en compte du secteur du loisir même si dans les contenus des ouvrages cela relève plus de l'anecdotique que de la transformation fondamentale.

marché mondial (plus de 50%). La démarche commerciale PADI s‟oppose à la conception française issue du monde associatif.

1

Molle P., Plongée subaquatique, Amphora, 1972. 2 Molle P., Nouvelle plongée subaquatique, Amphora, 1997. 3 Molle P., Enseigner et organiser la plongée, Amphora, 1985. 4

Molle P., Plongée loisir en sécurité, Amphora, 1989.

La prise en compte du nouveau public et de la demande s'orientant vers une plongée loisir est

l'objet des ouvrages d'Alain Foret. Depuis 1999, A. Foret1, auteur de nombreux livres sous

l'égide de la FFESSM, met explicitement en avant la plongée plaisir. Ses publications participent à la transformation de l'approche de la formation du plongeur. L'auteur organise ses ouvrages à partir d'un référentiel de compétences à acquérir. Les contenus théoriques évoluent peu (le peuvent-ils ?), mais la construction de la formation, en termes de compétences à acquérir, met le plongeur au centre de la réflexion. Le but de la formation est mis en avant (initiation, autonomie, accès à l'espace profond…), ce qui permet au stagiaire de comprendre la nécessité de la formation théorique.

Les différents acteurs liés à la pratique et à la formation prennent conscience des

transformations du secteur. P. Lamerat2, président de la commission technique régionale Ile

de France - Picardie, constate qu'existent à la fois une demande de formation permettant la pratique de la plongée en autonomie et une demande de pratique encadrée même jusqu'à 50-60 mètres. De fait, compte tenu du raccourcissement de la durée des vacances et de l'évolution des mentalités (se faire plaisir rapidement), on observe deux orientations dans la pratique, une pratique sportive héritière de la tradition de la FFESSM et une pratique de loisir avec une demande d'encadrement de la pratique, quelque soit le niveau du plongeur. Si la filière sportive ne pose que peu de problème en ce qui concerne la structuration de la formation, la filière de la plongée loisir oblige à une réflexion sur la formation des formateurs. En effet, l'adhérent, ou plutôt le client, est moins enclin à participer aux tâches inhérentes à un club ou à une structure sportive et limite souvent sa participation à un rôle de consommateur.

Cette évolution vers une pratique hédoniste commence à être intégrée par le secteur commercial. La plongée subaquatique est fortement dépendante du temps libre et du revenu disponible des pratiquants. La météorologie a également, comme dans toutes les activités de plein air, une importance déterminante. Même si la pratique diffère entre les structures de

bord de mer et les structures installées dans les terres3, la formation du plongeur autonome

prend du temps or il s'avère que les pratiquants veulent profiter rapidement de l'activité. Cette orientation renvoie à un questionnement sur la formation des moniteurs. De plus en plus, ils doivent participer à la gestion d'une structure, à l'accueil du public tout en assurant l'encadrement des débutants. Cette orientation est prise en compte dans les contenus de l'examen spécifique, comme nous l'avons vu plus haut. Les épreuves concernant la réglementation, la connaissance juridique et socioéconomique du secteur permettent aux moniteurs de plongée de répondre à minima à cette évolution de la pratique. Cependant, la formation du moniteur de plongée semble ne pas satisfaire totalement la demande des employeurs. L'analyse faite par T. Blanchet (1991) dans le cadre de son mémoire pour

l'obtention du B.E.E.S. 3e degré, montre que les employeurs considèrent que les moniteurs

sont trop étrangers au milieu aquatique, ont des lacunes au niveau de l'enseignement, de

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