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La scène balkanique depuis

AVANT 1991 : APERÇU D ’ UNE RELATIVE ECLIPSE

De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu‟à l‟effondrement du monde communiste, la politique balkanique de la Turquie fut dominée par le conflit gréco-turc et les relations avec les pays communistes de la région étaient quasi inexistantes. La Turquie s‟était plutôt désintéressée de cette ancienne province de l‟empire où elle avait été confrontée au XIXe siècle aux contestations les plus virulentes de son autorité. Elle y conservait toutefois quelques intérêts ne serait ce que par la présence d‟importantes minorités turques.

La plus significative des réalisations diplomatiques dans la région depuis la Seconde Guerre mondiale fut le Pacte balkanique signé en 1954 qui regroupait la Turquie, la Grèce et la Yougoslavie. Un premier accord défensif avait été signé entre ces trois pays le 28 février 1953 puis, le 3 août 1954 à Bled, c‟est un véritable pacte d‟assistance mutuelle qui fut paraphé. Une obligation d‟assistance, similaire à celle de l‟article 5 du traité de l‟Atlantique Nord, y était prévue. Cette alliance militaire, qui reposait sur une solidarité de circonstance face à la menace soviétique, devint rapidement caduque308 : en 1955, un différent gréco-turc éclatait sur Chypre ; en avril 1955, la Yougoslavie s‟engageait dans ce qui deviendra le Mouvement des non-alignés (Conférence de Bandoeng) ; et surtout, en mai 1955, une réconciliation entre la Yougoslavie et l‟URSS relativisait

de facto, pour Belgrade, la menace soviétique, ciment de cette alliance militaire309.

Comme pour l‟ensemble de la politique extérieure de la Turquie depuis la Seconde Guerre mondiale, les relations avec les pays balkaniques furent rythmées par les crises entre la Turquie et ses partenaires de l‟OTAN, elles-mêmes liées à la détérioration des relations gréco-turques et donc, en gros, à la question chypriote. L‟intervention militaire turque à Chypre durant l‟été 1974 et la crise avec les États-Unis qui suivit (embargo sur les livraisons militaires à destination de la Turquie de 1975 à 1978), avaient conduit la Turquie à se ménager quelques appuis dans le monde communiste et notamment dans les Balkans. A la même époque, la conférence d‟Helsinki (1975) amorçait une détente entre les deux blocs. Les relations entre la Turquie et les pays balkaniques entrèrent alors dans une réelle phase de coopération. Deux déclarations solennelles furent signées lors de cette conférence : une déclaration de principe sur le bon voisinage, l‟amitié et la

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Toutefois, conformément aux stipulations du pacte lui-même, il ne put être formellement dénoncé et resta valide jusqu‟en 1974, date de son expiration.

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Cette réconciliation ne fut que temporaire. En novembre 1956, Tito condamna l‟intervention soviétique en Hongrie et, à la fin de l‟année 1957, une nouvelle campagne antiyougoslave était déclenchée par Moscou. Sur les Balkans de 1945 à 1991, voir Bernard Lory, L‟Europe balkanique de 1945 à nos jours, Paris, Ellipse, 1996. Sur les relations de la

150 coopération entre la Turquie et la Bulgarie, et une déclaration de principe sur les relations entre la Turquie et la Roumanie. Parallèlement, la Turquie intensifia ses relations avec la Yougoslavie (visite de Tito en Turquie en 1976, visite du Premier ministre Ecevit en Yougoslavie en 1978). C‟est également à cette époque qu‟un traité d‟amitié et de coopération fut signé avec l‟URSS (1978). Au début des années 80, le Président Kenan Evren fut reçu en Bulgarie (février 1982), en Roumanie et en Yougoslavie (septembre 1982).

Par sa proximité géographique et par la présence d‟une importante minorité turque sur son sol, la Bulgarie fut l‟objet d‟une attention particulière. Entre 800 000 et un million au début de 1989, les Turcs de Bulgarie représentaient environ 10% de la population. Cette communauté a subi depuis 1878 diverses discriminations et persécutions310. En août 1950, un décret bulgare ordonna l‟expulsion de 250 000 Turcs. L‟objectif était clairement de se débarrasser d‟une minorité jugée dangereuse (5ème colonne) ou, pour le moins, embarrassante. La Bulgarie a sans doute également cherché à mettre en difficulté la Turquie alors sur le point d‟adhérer à l‟OTAN311

. Le mois précédent, le gouvernement turc avait annoncé l‟envoi d‟un contingent turc de 4500 hommes en Corée. 155 000 personnes furent finalement forcées de quitter la Bulgarie de 1950 jusqu‟à novembre 1951 lorsque la Turquie ferma la frontière312. Pendant des années, les relations turco- bulgares furent ponctuées par les seuls, mais nombreux, incidents de frontières.

Le rapprochement turco-soviétique consécutif à la lettre Johnson (1964), entraîna une timide reprise du dialogue puis de la coopération avec Sofia. De 1966 à 1968, plusieurs accords sur les liaisons routières et ferroviaires furent signés. Une liaison ferroviaire directe entre les deux pays fut construite (celle-ci devait précédemment transiter par le territoire grec) et un nouveau poste frontière fut ouvert (Malko Tărnovo-Dereköy ouvert en 1970). Un accord sur la réunion des familles fut signé en mars 1968 et, en décembre 1969, les deux pays se sont accordés sur la jonction de leur réseau énergétique. En août 1966, le ministre des Affaires Étrangères bulgare s‟est

Turquie avec les pays balkaniques dans les années 50 et 60, voir Ferenç Wali, Bridge Across the Bosphorus. The Foreign

Policy of Turkey, Baltimore/Londres, The John Hopkins Press, 1971, pp. 197-208.

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Voir par exemple, Alexandre Popovic, L‟islam balkanique, les musulmans du sud-est européen dans la période post-

ottomane, Wiesbaden/Berlin, Otto Harrassowitz, 1986 ; Bilâl ġimĢir, The Turks of Bulgaria, 1878-1985, Londres,

Rustem&Brothers, 1988.

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La pertinence de ce parallèle est sujette à débat : « Le bloc communiste aurait voulu punir la Turquie en lui suscitant des difficultés intérieures. Aucune preuve formelle d‟une telle demande émanant de Moscou n‟a été produite jusqu‟à présent. On peut penser que c‟est plutôt la ligne du PCB qui s‟est infléchie à ce moment ». Bernard Lory, “Strates historiques des relations bulgaro-turques”, CEMOTI, n°15, 1993, p. 159. Pour une opinion contraire, voir, par exemple, Oral Sander, “Turkish-Bulgarian Relations”, Dış Politika, Vol. XII, n°3-4, 1986, p. 15. L‟ouverture des archives de l‟URSS semble cependant démontrer que Staline avait effectivement ordonné ces expulsions (apparemment lors d‟une rencontre avec Anton Yogov et Vilko ĥervenko en juillet 1949). Voir Türkiye, 10/3/99.

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J.-B. Schechtman, “Compulsory Transfer of Turkish Minority from Bulgaria”, Journal of Central European Affairs, Vol. 12, 1952, pp. 154-169.

151 rendu en Turquie et, en mars 1968, c‟était le Premier ministre bulgare, Todor Ţivkov qui effectuait une visite en Turquie. La nouvelle détérioration des relations turco-atlantiques après l‟intervention militaire turque à Chypre engendra une nouvelle relance des contacts bilatéraux. Une déclaration de principe sur l‟amitié et le bon voisinage fut signée dans la foulée de la conférence d‟Helsinki en décembre 1975. De nouvelles visites bilatérales furent effectuées (Todor Ţivkov est en Turquie en juillet 1975 et juin 1976, le Premier ministre Demirel est en Bulgarie en décembre 1975 et le Président Bülent Ecevit en mai 1978)313. Mais la politique d‟assimilation des Turcs se poursuivait (réduction progressive des avantages culturels et éducatifs) et si les relations politiques et économiques étaient en constantes améliorations, la méfiance et les tensions persistaient.

La crise éclata à l‟hiver 1984/85. Le gouvernement bulgare lança en décembre 1984 une vaste campagne de changement de noms de la minorité turque. Conséquence d‟une doctrine officielle qui soutenait que les Turcs de Bulgarie n‟étaient en fait que des Bulgares turquisés de force durant la période ottomane, le « processus de renaissance » visait à rebulgariser ces « Bulgares » victimes de l‟oppression ottomane. Cette campagne fut légitimée par la publication de divers travaux d‟historiens ou ethnologues « prouvant » le caractère ethnique bulgare de ces « Turcs »314. Les réels motifs qui présidèrent à cette campagne de bulgarisation forcée sont toujours sujets à débats. Très clairement, les dirigeants bulgares ont vu dans l‟explosion démographique de ces Turcs et dans le rôle de cinquième colonne que la Turquie pourrait leur faire jouer (à l‟exemple de Chypre), une menace pour le pays. Mais ils ont vraisemblablement également cherché à détourner l‟attention et les ressentiments de la population bulgare sur ces Turcs (instrumentalisation d‟un nationalisme teinté d‟antiturquisme). Ceux-ci durent donc bulgariser leurs noms. En pratique, les villages peuplés de Turcs furent encerclés par la police et l‟armée et de nouvelles cartes d‟identité distribuées sous la menace. Cette campagne, et le lot de violence qui l‟accompagna (de 300 à 1500 morts, plusieurs milliers d‟arrestations315), choqua l‟opinion publique

turque et motiva les virulentes protestations d‟Ankara. La Turquie multiplia les dénonciations de cette campagne dans les enceintes internationales. Amnesty International et Helsinki Watch effectuèrent des enquêtes et la Bulgarie fut condamnée par le Conseil de l‟Europe et l‟Organisation de la Conférence Islamique (elle fut notamment inscrite sur la « liste noire » de l‟OCI316). Dès

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Sur les relations entre les deux pays de 1944 à 1989, voir Bernard Lory (1993), op. cit., pp. 158-162.

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Sur cette campagne d‟assimilation, voir, par exemple, Marie Gaille, “Reshaping National Memory. The Policy of Bulgarian Government toward the Ethnic Turks in Bulgaria from 1984 to 1989 ”, Balkan Forum, Vol. 4, n°2 (15), juin 1996, pp. 187-211 ; Hugh Poulton, The Balkans. Minorities and States in Conflict, Londres, Minority Rights Publications, 2ème édition, 1993, pp. 129-151 ; Destroying Ethnic Identity. The Turks of Bulgaria, New York, Helsinki Watch, juin 1986 ; Bilâl ġimĢir, “The Latest Bulgarian Coup : (Forced) Changing of Turkish Names”, Dış Politika, Vol. XII, n°3-4, 1986, pp. 145-161.

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Destroying Ethnic ..., op. cit., pp. 1-2.

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La Bulgarie n‟appartenait certes pas à l‟OCI mais elle avait développé des liens commerciaux avec les pays du Proche et Moyen-Orient.

152 janvier 1985, le Président Evren annulait le voyage qu‟il devait faire en Bulgarie et la coopération entre les deux pays connaissait un coup d‟arrêt. En 1989, les échanges annuels, qui se montaient à la veille de la campagne d‟assimilation à 258 millions de dollars, n‟étaient plus que de 40 millions de dollars317.

Avec la Roumanie, un premier rapprochement s‟opéra également au milieu des années 60 : visite du Premier ministre roumain en Turquie en juillet 1966, visite du minis tre des Affaires Étrangères turc en Roumanie en mai 1967 et du Premier ministre Demirel en septembre 1967 et , enfin, visite de N. CeauĢescu en Turquie en mars 1969. La minorité turco-tatare du pays, considérablement réduite par de massives vagues d‟émigration depuis 1878, ne posait pas de réels problèmes (environ 50 000 personnes autour de Constanţa). Au milieu des années 70, les relations bilatérales turco-roumaines connurent un nouvel élan. Une déclaration solennelle sur les relations entre les deux pays fut signée en 1975 et en novembre 1978, le Premier ministre Ecevit s‟est rendu à Bucarest. Une nouvelle série d‟accords de coopération dans les domaines économique et technique vint couronner ce rapprochement. L‟accord sur la prévention de la double taxation fut ainsi signé dès 1986 et, l‟année suivante, un accord de coopération économique et commercial fut conclu. En 1990, les échanges annuels entre les deux pays se montaient à 235,5 millions de dollars318. Au niveau politique, la marginalisation – somme toute symbolique – de la Roumanie dans le bloc soviétique semble n‟avoir été pour la Turquie que d‟un intérêt relatif. La dépendance de Bucarest vis-à-vis de Moscou restait considérable et l‟apparition d‟une Détente entre les deux Blocs avait relativisé l‟attrait de cette politique de cavalier seul. Ankara n‟avait pas réagi positivement à la proposition lancée par la Roumanie en 1957 de créer une nuclear-free zone dans les Balkans. De fait, se profilait derrière cette proposition l‟ombre de Moscou dont l‟objectif était d‟éliminer les armes nucléaires américaines de Grèce et de Turquie. Quant aux autres initiatives roumaines de coopération multilatérale dans les Balkans (consolidation de la paix, règlement pacifique des litiges et, en fait, création d‟un système de sécurité balkanique en marge des Blocs) également lancées en 1957, elles ne suscitèrent guère d‟enthousiasme. Les dirigeants turcs restèrent très prudents vis-à-vis de ces suggestions et refusèrent de s‟engager dans un dialogue considéré comme dangereux et contraire à leur engagement dans l‟Alliance atlantique.

La Yougoslavie fut, durant la période 1945-1990, le pays des Balkans avec lequel la Turquie eut les relations les plus stables. L‟absence de problème de minorité entre les deux pays et la non - appartenance de la Yougoslavie au bloc soviétique érigeait ce pays en partenaire potentiel. Le Pacte

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Türkkaya Ataöv, “Turkey‟s Expanding Relations with the CIS and Eastern Europe”, in Clement Dodd (ed.), Turkish

Foreign Policy. New Prospects, Londres, The Eothen Press, 1992, p. 110.

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153 balkanique de 1954 est certes resté lettre morte mais il témoigne d‟une convergence d‟intérêts sur le long terme. Dès le milieu des années 60, au moment où la Turquie cherchait à se rapprocher du Tiers-Monde, le rôle de la Yougoslavie dans le Mouvement des non-alignés fut un motif supplémentaire au rapprochement politique. Les échanges de visites furent nombreux durant cette période (Premier ministre yougoslave en Turquie en avril 1968, Premier ministre turc en Yougoslavie en mai 1969, etc.). Au milieu des années 70, la réorientation de la politique extérieure turque poussa de nouveau Ankara à courtiser ce leader des non-alignés. Bülent Ecevit effectua son premier voyage officiel à Belgrade en avril 1978. En 1976, le président Tito s‟était déjà rendu en Turquie. Une coopération multiforme dans les domaines économique, technique et scientifique avait été ébauchée à cette occasion et se poursuivit jusqu‟à l‟éclatement de la fédération yougoslave : création d‟une commission mixte pour la coopération économique, scientifique et technique en 1976, échange d‟experts, transfert de technologie, accords de coopération culturelle, création de plusieurs lignes aériennes régulières entre Belgrade et Istanbul, etc. Les contacts entre les dirigeants politiques étaient nombreux : visite du ministre des Affaires Étrangères turc à Belgrade en novembre 1981, septembre 1982 et juillet 1987, visite du Président turc Kenan Evren en septembre 1982 et octobre 1986, visite du Président de la fédération yougoslave, V. Duranovi Ĥ, en octobre 1984, etc.319 En 1990, les échanges annuels se montaient à 305,3 millions de dollars320.

Les relations de la Turquie avec les pays balkaniques (hors Grèce) de 1945 à 1990 furent in

fine peu développées, et la région venait loin derrière les États-Unis, l‟Europe, le Moyen-Orient ou

l‟URSS dans les priorités de la diplomatie turque. L‟appartenance à deux camps militaires, politiques et idéologiques opposés ne facilitait pas, il est vrai, le dialogue et les échanges. Mais la Turquie avait bien signé avec l‟URSS des accords de coopération économique et technique nombreux et portant sur des sommes et des projets importants. Les motifs de cette relative absence de coopération sont donc plutôt à chercher dans un manque de volonté politique, de part et d‟autre. Aucun intérêt commun, économique ou politique, ne vint soutenir les quelques initiatives multilatérales (1954) ou bilatérales.

Les relations turco-balkaniques durant cette période furent par ailleurs caractérisées par une relative dépendance par rapport à la situation de la Turquie vis-à-vis des deux Grands. Ainsi, c‟est alors que la Turquie se rapprochait de l‟URSS (à partir de 1964) que les contacts entre la Bulgarie et la Turquie reprirent pour aboutir en 1975, alors que les relations turco-américaines étaient au

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Pour plus de détails sur les relations turco-yougoslaves à cette époque, voir Mirko JeliĤ, Jerka StojiljkoviĤ, Danka BajiĤ, “Yugoslav-Turkish Relations, 1976-1988”, Yugoslav Survey, Vol. XXX, n°4, 1989, pp. 133-152.

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154 plus bas (embargo militaire), à la signature d‟une déclaration sur le bon voisinage et la coopération entre les deux pays. C‟est également au milieu des années 60, puis de nouveau après 1975, que les relations turco-roumaines et turco-yougoslaves, furent relancées. De façon générale, les relations turco-balkaniques ont respecté les trois phases de la politique extérieure turque durant cette période : de 1945 jusqu‟au milieu des années 60, absence quasi totale de relations et, en fait, d‟intérêt de la Turquie vis-à-vis du monde non-atlantique, puis amorce de dialogue et de coopération puis, à partir du milieu des années 70, renforcement de la coopération notamment économique. Les relations de la Turquie avec les pays musulmans, et de façon générale, l‟ensemble du Tiers-Monde, suivirent le même schéma.

En revanche, la campagne d‟assimilation forcée des Turcs en Bulgarie en 1984/85, événement pourtant d‟importance pour le pays et pour ses relations avec la Turquie, ne semble pas avoir été téléguidé par Moscou321. Les relations avec l‟Albanie, quoique quasi inexistantes, furent dénuées d‟animosité. Le régime d‟Enver Hoxha, pourtant si anti-impérialiste, ne semble pas avoir jeté son opprobre sur le « pion de l‟impérialisme » dans la région. Enfin et surtout, les antagonismes gréco-turcs primèrent souvent sur les autres options de politique extérieure et transcendaient largement le clivage pourtant bien ancré entre les deux blocs. Les relations dans le triangle Bulgarie - Grèce/Chypre - Turquie/Chypre exprimèrent clairement un dysfonctionnement local de la logique est-ouest dont l‟alliance entre la Grèce et la Bulgarie dans les années 80 fut le symbole le plus éclatant.

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1.2.L

ES LITIGES GRECO

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TURCS ET LA REMISE EN CAUSE DE L

AXE ANTITURC