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La politique de la Turquie dans les Balkans depuis 1990. Relations bilatérales, politique régionale et influences extérieures

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La politique de la Turquie dans les Balkans depuis 1990.

Relations bilatérales, politique régionale et influences

extérieures

Sylvie Gangloff

To cite this version:

Sylvie Gangloff. La politique de la Turquie dans les Balkans depuis 1990. Relations bilatérales, politique régionale et influences extérieures. Sciences de l’Homme et Société. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2000. Français. �NNT : 2000PA010283�. �tel-00592243�

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La politique de la Turquie dans les Balkans

depuis 1990

Relations bilatérales, politique régionale et

influences extérieures

23/02/2000

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Doctorat en science politique

Université de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne

Thèse soutenue le 23 février 2000

Obtenue avec la mention

« Très honorable avec les félicitations du jury à l’unanimité »

Composition du jury :

Jacques Soppelsa, Professeur des universités, université Paris 1, géographe,

président du jury

Charles Zorgbibe, Professeur des universités, université Paris 1,

politologue, directeur de thèse

Stéphane Yérasimos, Professeur des universités, politologue et historien,

spécialiste de la Turquie et des Balkans, université Paris 8, premier

rapporteur

Matei Cazacu, Chargé de recherche CNRS, historien, spécialiste des Balkans,

deuxième rapporteur

Ahmet Insel, Maître de conférences, économiste, université Paris 1,

spécialiste de la Turquie, Paris 1

Semih Vaner, Chargé de recherche, politologue, CERI, spécialiste de la

Turquie

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1

S

OMMAIRE

Introduction ____________________________________________________________________ 5

Note sur les transcriptions et translittérations _______________________________________________ 15 Principaux sigles utilisés _______________________________________________________________ 18

Première Partie La Turquie et les Balkans : environnement politique _______________ 20

Chapitre 1 Les grandes orientations de la politique étrangère turque ___________________ 21

1.1. La Turquie : diplomatie et stratégie ___________________________________________________ 23 1.1.1. La politique extérieure turque de 1945 à 1990 _______________________________________ 23 1.1.2. Atouts et fragilité d‟une position géographique charnière ______________________________ 27 1.1.3. Nouveaux défis, nouveaux atouts : la politique extérieure turque depuis 1990 ______________ 31 1.2. La Turquie et l‟Occident ____________________________________________________________ 37 1.2.1. L‟alliance turco-américaine : confrontation et convergence des intérêts nationaux ___________ 37 1.2.2. La Turquie et l‟Europe _________________________________________________________ 42 1.3. Tensions et instabilités internes ______________________________________________________ 52 1.3.1. Le dilemme kurde _____________________________________________________________ 53 1.3.2. L‟islam et la laïcité turque ______________________________________________________ 56 1.3.3. Le Refah au pouvoir ___________________________________________________________ 60 1.3.4. Qui gouverne ? L‟omniprésence de l‟armée _________________________________________ 63 1.3.5. Instabilité politique et émergence d‟une société civile _________________________________ 67 1.4. Prise de décision en politique extérieure et politique semi-officielle de la Turquie ______________ 70

Chapitre 2 Nationalismes, identités nationales et antiturquisme _______________________ 80

2.1. Nations et nationalismes balkaniques __________________________________________________ 84 2.1.1. La nationalisme turc ___________________________________________________________ 84 2.1.2. Nation et nationalisme grecs _____________________________________________________ 90 2.1.3. Identité et « question macédonienne » _____________________________________________ 95 2.1.4. Le nationalisme serbe __________________________________________________________ 99 2.1.5. L‟exception albanaise ?________________________________________________________ 106 2.1.6. Le nationalisme bulgare _______________________________________________________ 108 2.1.7. Le nationalisme roumain _______________________________________________________ 111 2.2. Caractéristiques générales et formes d‟expression de ces nationalismes ______________________ 115 2.3. Turcophobie et image du Turc ______________________________________________________ 127 Un cas de turcophobie aiguë : la Grèce _________________________________________________ 128 2.4. Les rapports avec les Européens _____________________________________________________ 132

La rhétorique diplomatique des pays balkaniques vis-à-vis de l‟Occident : que de ponts,

remparts et autres avant-postes ! ______________________________________________________ 134 2.5. L‟orthodoxie au cœur des identités nationales __________________________________________ 137 2.5.1. L‟héritage byzantin et ottoman __________________________________________________ 137 2.5.2. Orthodoxie, nation et nationalisme aujourd‟hui : le mythe de la panorthodoxie _____________ 139 Conclusion ______________________________________________________________________ 145

Chapitre 3 La scène balkanique depuis 1990 ______________________________________ 147

1.1. Les relations bilatérales de la Turquie avec les pays balkaniques avant 1991 : aperçu d‟une

relative éclipse ______________________________________________________________________ 149 1.2. Les litiges gréco-turcs et la remise en cause de l‟axe antiturc Sofia-Athènes ___________________ 155 1.3. La question macédonienne _________________________________________________________ 160 1.4. La Grèce, menacée ou isolée ? ______________________________________________________ 166 1.5. Le Kosovo et la « question albanaise » ________________________________________________ 173 1.6. Les dilemmes serbes : nouvelles frontières et nouveau cadre étatique ________________________ 178

Deuxième Partie Les Balkans dans les politiques de la Turquie et des grandes

puissances depuis 1990 ____________________________________________________ 187

Chapitre 1 Les politiques des grandes puissances __________________________________ 188

1.1. Les États-Unis et les Balkans : une traduction de l‟alliance turco-américaine hors cadre

otanien ____________________________________________________________________________ 190 1.1.1. L‟intervention américaine dans le conflit en Bosnie-Herzégovine _______________________ 190

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2

1.1.2. Diplomatie préventive et coopération américano-balkanique ___________________________ 195 1.1.3. Le développement économique, facteur de stabilité politique __________________________ 199 1. 2. La Russie et les Balkans __________________________________________________________ 204 1.2.1. La descente vers les mers chaudes _______________________________________________ 204 1.2.1. La Russie et la Grèce : le jeu complexe de Moscou entre les antagonismes gréco-turcs et

gréco-bulgares ____________________________________________________________________ 206 1.2.2. La Russie et la Bulgarie _______________________________________________________ 208 1.2.3. La Russie et la Roumanie ______________________________________________________ 211 1.2.4. Les soubresauts de la politique russe vis-à-vis du conflit en Yougoslavie _________________ 213 1.2.5. Réaffirmer sa puissance _______________________________________________________ 217 1.3. La politique de l‟Allemagne dans les Balkans : géopolitique allemande et dissonances

européennes ________________________________________________________________________ 220 1.3.1. Vers un nouveau Drang nach Osten ? Mythes et réalités à propos de la politique

allemande _______________________________________________________________________ 220 1.3.3. Quelle politique européenne commune dans les Balkans ? _____________________________ 225 Conclusion : vers quelle réorganisation des sphères d‟influence ? ______________________________ 229

Chapitre 2 Les relations bilatérales de la Turquie avec les pays des Balkans depuis

1990 ________________________________________________________________________ 233

2.1. L‟Albanie : un partenaire privilégié __________________________________________________ 233 Un partenariat avant tout militaire ____________________________________________________ 234 L‟Albanie : un pays en litige avec ses voisins ____________________________________________ 239 La chute de Berisha et la réorientation de la diplomatie régionale de l‟Albanie __________________ 245 Le Kosovo : nouvelles menaces pour l‟Albanie et nouveau rapprochement avec la Turquie ________ 249 Conclusion : un partenariat étroitement lié au contexte régional _____________________________ 252 2.2. Les relations turco-macédoniennes : les incohérences d‟un partenariat politique________________ 254

Un soutien sans faille à l‟indépendance et à l‟intégrité territoriale de la République de

Macédoine ______________________________________________________________________ 255 Les incohérences d‟un partenariat politique _____________________________________________ 260 La Macédoine dans les Balkans : un voisinage difficile ____________________________________ 264 Alternances politiques et politique extérieure ____________________________________________ 267 Conclusion : l‟autolimitation de la diplomatie turque ______________________________________ 269 2.3. Les relations turco-roumaines : le jeu d‟équilibre roumain ________________________________ 273 Une normalisation par le commerce ___________________________________________________ 273 Une coopération politique plus timorée ________________________________________________ 278 Nouveau gouvernement : nouvelle politique régionale _____________________________________ 283 2.4. Les relations turco-bulgares : de la normalisation à la coopération __________________________ 288 La normalisation des relations bilatérales, 1991-1994 _____________________________________ 289 Les approches régionales des deux pays ________________________________________________ 296 Le gouvernement Videnov et la réorientation de la politique bulgare _________________________ 299 L‟amorce d‟une réelle coopération bilatérale ____________________________________________ 305 Conclusion ______________________________________________________________________ 309 Conclusion : les approches balkaniques de la Turquie _______________________________________ 316

Chapitre 3 L’islam et la turcité dans la politique balkanique de la Turquie La

Turquie confrontée à son héritage ottoman ________________________________________ 325

3.1. La Turquie et le conflit en Bosnie-Herzégovine _________________________________________ 326 3.2. La place de l‟islam et de la turcité dans la politique balkanique de la Turquie _________________ 340 Le primat du politique sur les affinités religieuses ________________________________________ 340 Les minorités turques des Balkans : relais politiques et économiques ou obstacles au

développement de bonnes relations entre la Turquie et les pays balkaniques ? __________________ 346 Turcophobie et prudence diplomatique turque ___________________________________________ 356 Conclusion : la Turquie face à son héritage ottoman _________________________________________ 360

Troisième Partie Enjeux stratégiques transrégionaux La Turquie et les Balkans

dans un espace eurasien____________________________________________________ 362

Chapitre 1 Influences croisées et jeux d’alliances autour de la mer Noire ______________ 363

1.1. Enjeux et jeux de puissance en Eurasie _______________________________________________ 366 1.1.1. La Russie et l‟étranger proche __________________________________________________ 366

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3

1.2.2. Les États-Unis ménagent la Russie _______________________________________________ 370 1.1.3. L‟inconstance de la politique américaine dans l‟étranger proche ________________________ 376 1.1.4. Les détroits : toujours d‟actualité ________________________________________________ 382 1.1.5. Pétrole et pipelines : enjeux économiques et politiques _______________________________ 387 1.2. Pseudo-alliances et contre-alliances autour de la mer Noire ________________________________ 395 1.2.1. Le GUAM et l‟axe Kiev-Tbilissi-Bakou-Ankara ____________________________________ 395 1.2.2. L‟ombre des tensions gréco-turques ______________________________________________ 401 1.2.3. Pseudo trilatérales et contre-trilatérales dans les Balkans ______________________________ 405 1.2.4. Les dilemmes de l‟Arménie ____________________________________________________ 408 1.2.5. Les relations transversales Balkans-Caucase _______________________________________ 410 1.2.6. L‟alliance Turquie-Israël face au « front du mal » : Grèce-Iran-Arménie-(Russie)-(Syrie) ____ 412 1.2.7. Le jeu de l‟Iran ______________________________________________________________ 414 1.2.8. L‟ambivalence des relations entre la Turquie et la Russie _____________________________ 416 Conclusion : perception de la menace et phobie de l‟encerclement ______________________________ 421

Chapitre 2 Une coopération à géométrie variable : Axes de communication,

coopération économique, et politiques multilatérales _______________________________ 426

2.1. La Zone de Coopération Économique de la Mer Noire ___________________________________ 430 2.1.1. Intérêts nationaux et motivations des pays membres de la ZCEMN ______________________ 430 2.1.2. La Déclaration d‟Istanbul et les objectifs de la ZCEMN ______________________________ 434 2.1.3. Institutions et institutionnalisation de la ZCEMN ____________________________________ 435 2.1.4. Initiatives concrètes, projets et réalisations _________________________________________ 437 2.1.5. ZCEMN versus Union européenne _______________________________________________ 438 2.2. La dimension politique de la coopération multilatérale ___________________________________ 441 2.2.1. Initiatives multilatérales dans les Balkans __________________________________________ 441 2.2.2. La dimension politique et de sécurité de la ZCEMN _________________________________ 455 Conclusion : Les formes douces de coopération ____________________________________________ 458 et le poids décisif de l‟Occident. ________________________________________________________ 458 2.3. Politique et voies de communication dans l‟espace Balkans-Turquie-Mer Noire : ______________ 461

2.3.1. Structure du nouvel espace transeuropéen de circulation : les liaisons entre l‟Europe de

l‟Ouest et l‟Europe du sud-est. _______________________________________________________ 462 2.3.2. Pôles de communication et d‟échanges en Eurasie Les liaisons Europe-Asie et la

réorientation transeuropéenne du réseau de transport ______________________________________ 469 2.3.3. Les transports en Turquie et les liaisons Europe - Moyen-Orient et Europe - Asie

centrale ou l‟aptitude de la Turquie à s‟ériger en pont _____________________________________ 475 2.3.4. Enjeux politiques et économiques : la puissance et l‟indépendance des États en question _____ 481 Conclusion : la Turquie au centre de l‟Eurasie ? ____________________________________________ 489

Conclusion ______________________________________________________________ 493

La recherche de la Pax Balkanica _____________________________________________________ 494 La coopération régionale et l‟influence décisive de l‟OTAN ________________________________ 501 L‟interaction entre l‟économique et le politique __________________________________________ 502 La Turquie a-t-elle une politique balkanique ? ___________________________________________ 504 L‟alliance turco-américaine dans les Balkans et au-delà ____________________________________ 508 Sur le retour de l‟histoire ___________________________________________________________ 509 Les ponts et les carrefours : permanences géographiques et « rhétorique du pauvre » _____________ 511 L‟ombre des tensions gréco-turques ___________________________________________________ 515 Le poids des Balkans dans la diplomatie turque __________________________________________ 517 Le poids de la Turquie dans les Balkans ________________________________________________ 520 La Turquie face à son passé ottoman __________________________________________________ 521 Quelle fraternité ethnique ou religieuse ? _______________________________________________ 523 Vers une réorientation des politiques étrangères de la Turquie et des pays des Balkans ? __________ 526

Bibliographie ____________________________________________________________ 533

Présentation des revues les plus fréquement citées ________________________________________ 534 Agences de presse et serveurs d‟informations internet _____________________________________ 538 Les principaux quotidiens turcs consultés _______________________________________________ 540 Autres sources d‟informations _______________________________________________________ 540 La Turquie et les Turcs _____________________________________________________________ 542 Les Balkans ______________________________________________________________________ 550

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La Macédoine ____________________________________________________________________ 557 L‟Albanie et la question albanaise ____________________________________________________ 559 La Bulgarie ______________________________________________________________________ 562 La Yougoslavie, la Serbie et la Bosnie-Herzégovine ______________________________________ 565 La Roumanie _____________________________________________________________________ 568 La Grèce ________________________________________________________________________ 570 La Turquie et les Balkans depuis 1991 _________________________________________________ 572 Les acteurs extérieurs : Russie, Allemagne, États-Unis, OTAN et Europe ______________________ 574 Mer Noire et Eurasie _______________________________________________________________ 578 Transports et réseaux de communication _______________________________________________ 582

Annexes _________________________________________________________________ 584

Gouvernements turcs depuis 1990 _______________________________________________________ 585 Les partis politiques turcs. Présentation___________________________________________________ 589 Portrait des principaux leaders politiques turcs depuis 1991 ___________________________________ 591 Principaux indicateurs économiques sur la Turquie _________________________________________ 593 Commerce et économie _______________________________________________________________ 595 Chronologie des relations bilatérales _____________________________________________________ 597 de la Turquie _______________________________________________________________________ 597 avec les pays balkaniques _____________________________________________________________ 597 1990-1997. _________________________________________________________________________ 597 Chronologie des relations bilatérales entre la Turquie et la Bulgarie __________________________ 598 Chronologie des relations bilatérales entre le Turquie et l‟Albanie ___________________________ 608 Chronologie des relations bilatérales entre la Turquie et la Roumanie _________________________ 614 Chronologie des relations bilatérales entre la Turquie _____________________________________ 619 et la République de Macédoine _______________________________________________________ 619 Chronologie des relations entre la Turquie et la Bosnie-Herzégovine et la RFY _________________ 625 La Zone de Coopération Économique de la mer Noire _______________________________________ 632 Black Sea Economic Cooperation Summit Declaration on Black Sea Economic Cooperation,

Istanbul, 25 June 1992 ________________________________________________________________ 634 Sofia Declaration on Good-Neighbourly Relations, Stability, Security and Co-operation in the

Balkans Sofia, 7 July 1996 ____________________________________________________________ 636 Convention concernant le régime des détroits signée à Montreux le 20 juillet 1936 _________________ 640 Mouvement des navires à travers les détroits turcs __________________________________________ 649 A Summary of Turkish Regulations Regarding Maritime Traffic in the Turkish Straits and Sea of

Marmara __________________________________________________________________________ 650 Cartes _____________________________________________________________________________ 652 Le relief des Balkans _______________________________________________________________ 652 Les Balkans aujourd‟hui ____________________________________________________________ 653 L‟Empire ottoman en 1792 __________________________________________________________ 654 Le recul ottoman dans les Balkans ____________________________________________________ 655 Les transformations du territoire de la Bulgarie __________________________________________ 657 L‟Albanie et les Albanais : frontières et aire de peuplement_________________________________ 658 Les transformations du territoire grec __________________________________________________ 659 De la Serbie à la Yougoslavie ________________________________________________________ 660 La Macédoine géographique : revendications conflictuelles et division ________________________ 661 La Turquie au centre du monde ? _____________________________________________________ 662 Les Balkans : composition ethnique au début du XXe siècle ________________________________ 663 Des revendications territoriales contradictoires __________________________________________ 664 Les empires médiévaux : bases de revendications territoriales _______________________________ 665 Le conflit en Bosnie-Herzégovine : plans de paix ________________________________________ 666 Traité FCE : zone des flancs - Pipelines : projets en concurrence ____________________________ 667 La Turquie : réseau de transport ______________________________________________________ 668 Réseaux de transport en Europe centrale et orientale ______________________________________ 669

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Introduction

La Turquie pouvait craindre, avec l‟effondrement de l‟URSS et du pacte de Varsovie et par conséquent avec la disparition de cette menace qui pesait sur l‟Occident, qu‟elle perdrait tout intérêt aux yeux des Occidentaux à commencer par les Américains. Cette dévalorisation stratégique a été compensée par deux phénomènes bien distincts. Il s‟agit tout d‟abord de la guerre du Golfe qui est venue fort à propos illustrer l‟intérêt que pouvait représenter la Turquie pour les Occidentaux dans la région moyen-orientale. La Turquie a ainsi retrouvé toute son importance stratégique dans un rôle qui n‟est certes pas nouveau mais réévalué, celui de poste avancé de l‟Occident au Moyen-Orient. D‟autre part, la simple dislocation du Bloc communiste a rehaussé le poids relatif de la Turquie (en termes de puissance et d‟influence) dans l‟ensemble de la zone Asie centrale / Caucase / Balkans. Nombre des pays libérés de la tutelle communiste (Balkans) ou nouvellement indépendants (Caucase) sont à la frontière de la Turquie ; l‟Asie centrale, coupée de l‟Anatolie par une zone de peuplement iranien, est peuplée de turcophones (ou peuples turciques). Ces espaces n‟ont pas, dans un premier temps, fait l‟objet d‟une attention prioritaire à Washington ou à Bruxelles et, de fait, ce sont les pays d‟Europe centrale qui ont été admis dans la première vague d‟élargissement de l‟OTAN et de l‟U.E. Mais de nombreux intérêts et contraintes stratégiques (instabilité aux portes de l‟Europe, risques d‟implication dans un conflit régional de deux membres de l‟OTAN – i.e. Grèce et Turquie, présence d‟importantes ressources énergétiques dans le bassin de la Caspienne, etc.) ont finalement incité les États-Unis à s‟impliquer dans ces zones.

Ces espaces géopolitiques en voie de recomposition offrent de nouvelles perspectives à la diplomatie et à l‟économie turques mais représentent également de nouvelles menaces puisque la Turquie se retrouve au milieu de zones de tensions et que des conflits ont éclaté à ses portes. Ce

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6 nouveau triangle stratégique (Balkans-Caucase-Moyen-Orient) génère de nombreuses craintes dans les milieux politiques et militaires du pays mais est aussi régulièrement mis en avant dans les discours de valorisation stratégique des dirigeants. D‟autre part, si la Turquie bénéficie bien d‟une nouvelle rente stratégique, les menaces ne sont plus tout à fait partagées (à l‟exception du cas du Moyen-Orient) avec l‟allié américain. Les termes de cette rente ont été donc modifiés et l‟ébauche d‟un partenariat (non dénué de frictions) entre la Turquie et les États-Unis dans l‟approche des nouvelles zones (Balkans, Caucase, Asie centrale) repose plus sur une convergence de vues dans la conduite des affaires régionales que sur la gestion d‟une menace commune.

Bien que les liens avec les Occidentaux restent essentiels, la Turquie a recentré sa politique étrangère vers les Balkans, le Caucase et l‟Asie centrale. Elle est aujourd‟hui économiquement présente dans ces zones et y a développé des relations politiques parfois très étr oites. Elle s‟est activement impliquée dans la gestion des conflits au Haut-Karabakh ou en Bosnie-Herzégovine. Sa politique caucasienne, inexistante jusqu‟alors, s‟est affirmée à partir de 1991 et elle a effectué un retour spectaculaire sur la scène balkanique où elle avait été quasi absente depuis l‟effondrement de l‟empire.

L‟Empire ottoman a dominé les Balkans pendant cinq siècles (invasion de la Serbie et de la Bulgarie à la fin du XIVe siècle). Cet empire fut à bien des égards avant tout balkanique. De nombreux dirigeants ottomans étaient originaires des Balkans et l‟attention de la Porte fut souvent monopolisée par cette région. On a même pu dire que si cet empire était de jure dirigé par l‟islam, il était de facto dominé par les élites balkaniques (commerce tenu par les juifs et les Grecs, origine balkanique des janissaires et de hauts dignitaires de l‟empire, etc.). C‟est dans les Balkans que les Jeunes-Turcs ont réalisé leur révolution en 1908 pour voir, quatre ans plus tard, leur pouvoir sérieusement ébranlé par une guerre « balkanique ». Les Balkans occupent donc dans l‟imaginaire turc une place bien plus importante que le Moyen-Orient également dominé par l‟Empire, ou par exemple que l‟Asie centrale d‟où les Turcs sont originaires. Cette image n‟en est pas moins complexe et entachée d‟obscures rancœurs : instigateurs de tous les dangers, parfois même traîtres envers leurs bienfaiteurs, les Balkaniques sont l‟objet de nombreux soupçons. L‟animosité avec la Grèce n‟a pas démenti, par la suite, ces soupçons. Cette domination a aussi laissé de nombreuses traces dans les Balkans, du simple point de vue culinaire, toponymique ou architectural comme du point de vue de l‟organisation sociale et politique ou tout simplement du cheminement historique des nations balkaniques. Ces emprunts réciproques (des Ottomans aux Byzantins, des Balkaniques aux Ottomans et inversement) ne sont pas revendiqués, loin s‟en faut, par les Balkaniques qui, au contraire, soulignent le Dark Age qui s‟est abattu sur la région avec la mainmise des turco-musulmans. A partir du début du XIXe siècle, les nationalismes balkaniques émergeants s ‟élevèrent

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7 contre cette domination ottomane. Le reflux ottoman des Balkans au XIXe siècle constitua cette Question d‟Orient qui préoccupa tant les chancelleries européennes. C‟est dans la guerre contre les Turcs que ces nationalismes et nations se sont constituées. Et c‟est dans une opposition aux Turcs, à leur culture, à leur système politique et à leurs mentalités que leur identité nationale s ‟est construite. Le ressentiment vis-à-vis des Turcs est donc vif et ne peut manquer d‟influencer, aujourd‟hui encore et de façon très sensible, les relations entre ces pays et la Turquie actuelle, pourtant occidentalisée et alliée politique des États-Unis et de l‟Europe depuis quarante ans. Nous ne pouvons bien sûr revenir ici sur l‟ensemble de cet arrière plan historique, mais celui-ci est essentiel pour la compréhension des événements d‟aujourd‟hui. Seules quelques références seront effectuées au gré des questions évoquées et du poids de cet héritage historique1.

Depuis l‟effondrement de l‟Empire ottoman, la Turquie républicaine s‟est plutôt désintéressée des affaires balkaniques selon l‟adage kémaliste de non intervention dans les affaires des anciennes provinces. Repliée sur son terroir anatolien, la Turquie a même tenté d‟effacer ce lourd passé ottoman, jonché, le dernier siècle, de défaites militaires et de contestations multiples de son influence et de son rôle politique. La période kémaliste a été marquée par une tentative (relativement couronnée de succès) de réconciliation avec la Grèce qui a abouti, entre autres, à l‟Entente balkanique de 1934. La période communiste s‟est illustrée par un désengagement quasi total de la Turquie de cette zone dominée par l‟autre Bloc, et par les prémices (et le développement) des tensions gréco-turques qui ont atteint leurs paroxysmes après 1974. Le Pacte balkanique de 1954 entre la Grèce, la Yougoslavie titiste et la Turquie a quelque peu fait exception à ce désengagement mais il avait été conclu sous la houlette des États-Unis et, dans les faits, rapidement rendu caduc par l‟orientation tiers-mondiste de Belgrade et les premières tensions interethniques à Chypre (et donc entre la Grèce et la Turquie).

Soixante-dix ans après l‟effondrement de l‟Empire ottoman, les États balkaniques se sont émancipés de la tutelle soviétique et ouverts politiquement et économiquement à l ‟extérieur. Mais si les Turcs ont découvert avec euphorie un monde turcophone en Asie centrale qu‟ils ne connaissaient pas (et qui n‟avait jamais fait partie de l‟empire Ottoman), la redécouverte des Balkans a été, elle, plus timorée et prudente.

1

Le lecteur non spécialiste des Balkans pourra se reporter aux ouvrages suivants : Robert Mantran (dir.), Histoire de

l‟Empire ottoman, Paris, Fayard, 1989 ; George Castellan, Histoire des Balkans, Paris, Fayard, 1991 ; Bernard Lory, L‟Europe balkanique de 1945 à nos jours, Paris, Ellipses, 1996 ; en anglais, voir, par exemple, Barbara Jelavich, History of the Balkans, Berkeley/Los Angeles, Cambridge University Press, 2 vol., 1983 ; L. Stavrianos , The Balkans

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8 Du simple fait de sa proximité géographique, la Turquie ne peut ignorer les Balkans. Si en termes strictement géographiques la partie balkanique de la Turquie ne représente que 3% de son territoire (et 10% de sa population), en termes géostratégiques, la Turquie détient la position clé de la Thrace orientale et contrôle les détroits du Bosphore et des Dardanelles. Politiquement, elle est impliquée dans les affaires balkaniques et surtout menacée par l‟instabilité de la région. « Jamais une guerre balkanique n‟a épargné la Turquie » entend-on dire fréquemment depuis 1991. Les Balkans sont aussi incontournables pour relier l‟Europe occidentale avec laquelle la Turquie réalise la moitié de ses échanges. La stabilité politique de la région relève alors non seulement d ‟une simple lutte pour assurer la sécurité du pays mais aussi du maintien de son développement économique. Enfin, la domination ottomane a laissé dans la région de nombreuses communautés musulmanes, communautés assimilées, brimées ou massacrées mais qui, en tout état de cause, créent des contentieux. La Turquie peut-elle ne pas réagir aux massacres de communautés dont elle a généré la naissance ? Nous le verrons, dans notre zone d‟étude, la grille d‟analyse proposée par certains auteurs (Samuel Huntington) n‟est pas pertinente. La co-religiosité crée certes des affinités, mais elles ne supplantent jamais le politique. La complexe mais réelle imbrication du politique et du religieux dans les Balkans et la présence de communautés musulmanes s ‟avèrent en fait être plus un frein au déploiement de l‟influence turque dans la région qu‟un réel motif supplémentaire à son intérêt pour la zone. Il en va de même pour son implication historique, souvent évoquée en Occident pour justifier l‟intérêt porté par la Turquie à cette région mais qui, perçue négativement dans les Balkans, incite plutôt Ankara à adopter un profil bas. D‟autre part, la Turquie moderne (et donc recentrée sur l‟Anatolie) s‟est, elle aussi, construite dans l‟animosité et notamment dans une lutte contre l‟armée grecque, et aujourd‟hui encore les dirigeants turcs restent sensibles aux “dangers balkaniques”.

La Turquie a tout de même développé de solides liens bilatéraux dans la région depuis 1991, entre autres avec l‟Albanie et la République de Macédoine. Elle a normalisé ses relations avec la Bulgarie et ses entrepreneurs se sont très tôt implantés dans la région, notamment en Roumanie. Elle a signé des accords de coopération commerciale et militaire avec l‟ensemble des pays de la région et elle est dorénavant un acteur régional de premier plan. Mais peut-on parler d‟un « retour

de la Turquie » dans les Balkans ?

Quelles sont les formes et l‟ampleur de son offensive diplomatique dans la région ? A-t-elle, entre autres, mis au point des axes ou alliances (avec la Bulgarie, la République de Macédoine ou l‟Albanie) ? Cette notion d‟axes est-elle d‟ailleurs pertinente ? A-t-elle (et se donne-t-elle) les

since 1453, New York, Rinehart & Winston, 1963 ; S.J. Shaw, E.K. Shaw, History of the Ottoman Empire and Modern Turkey, Cambridge, Cambridge University Press, 2 vol., 1976 et 1977.

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9 moyens de mener une politique construite dans la région ou réagit-elle au coup par coup à l‟évolution du contexte régional ? Quel est finalement le poids des Balkans dans l‟ensemble de la diplomatie turque et quels sont les facteurs (liens historiques, présence de communautés turques, etc.) influençant cette politique régionale ? La Turquie use-t-elle principalement de l‟outil économique ou, par exemple, de sa maîtrise des technologies militaires pour nouer d es relations dans la région ? Peut-elle aborder le contexte balkanique sans prendre en compte son appartenance à l‟OTAN ou encore ses litiges avec la Russie ? Autant de questions auxquelles nous tenterons d‟apporter quelques éléments de réponse.

**********

Des considérations de politique intérieure prennent souvent le pas, dans les campagnes électorales comme dans les faits, sur la politique extérieure. Ces facteurs internes (qui, dans le cas de la Turquie, prennent souvent l‟allure d‟éléments d‟instabilité) ont eux aussi des répercussions sur la diplomatie du pays2. L‟instrumentalisation de la question kurde par certains pays en est l‟exemple le plus éclairant. Les éventuels soutiens au PKK (officiels ou officieux, politiques ou militaires) tout comme la compréhension dont font preuve certains pays à l‟égard de la répression dans le sud-est anatolien, reflètent d‟ailleurs bien souvent les positions politiques des uns et des autres vis-à-vis de la Turquie, que l‟on tente de la ménager ou de faire pression sur elle, voire de la déstabiliser dans les schémas les plus pessimistes évoqués par les dirigeants turcs. D‟autres part, de nombreux acteurs influent, directement ou indirectement, sur la politique extérieure du pays : administrations et ministères, associations et lobbies divers (à base ethnique, régionale, commerciale, idéologique, etc.)3. Les intérêts de ces acteurs ne se recoupent pas forcément, ce qui peut donner lieux à des luttes d‟influences et à des processus complexes de décision politique où l‟intérêt de l‟État n‟est pas toujours l‟objectif atteint ni même poursuivi4. De même, l‟imbrication de l‟interne et de l‟externe peut parfois conduire les dirigeants turcs à prendre des décisions ou prononcer des discours pas toujours conformes à l‟intérêt de l‟État ou à ce qui peut en être perçu. Ainsi, si la guerre en Tchétchénie n‟appelait qu‟à une réaction timorée des dirigeants turcs qui

2

Sur les interférences entre politique étrangère et politique interne, voir James N. Rosenau (ed.), Linkage Politics,

Essays on the Convergence of National and International Systems, New York, The Free Press, 1969 ; et sa critique par

Jacques Freymond, “Influence des facteurs internes sur la politique extérieure”, Relations Internationales, n°4, 1975, pp. 179-184. Dans sa typologie des liens entre actes de politique étrangère et actes de politique intérieure, Jean -Baptiste Duroselle soutient qu‟il n‟y a aucun acte de politique étrangère qui n‟ait un aspect de politique interne ( Tout empire

périra, Paris, Armand Colin, 1992, pp. 46-48).

3

Un profil général de ces institutions et des divers acteurs influençant potentiellement la politique extérieure du pays sera présenté à la fin du premier chapitre (“Prise de décision en politique extérieure et politique semi-officielle de la Turquie”).

4

Le processus de décision en matière de politique étrangère a été théorisé par Richard Snyder, H.W. Bruck, Burton Sapin, Foreign Policy Decision Making, New York, The Free Press of Glencoe, 1962. Pour une présentation succincte de cette approche décisionnelle, voir Samy Cohen, “Décision, pouvoir et rationalité dans l‟analyse de la politique étrangère”, in Marie-Claude Smouts (dir.), Les nouvelles relations internationales. Pratiques et théories, Paris, Presse de

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10 craignaient l‟élaboration d‟un précédent dommageable à leur gestion de la question kurde, cela n‟a pas empêché les hommes d‟affaires turcs (très présents en Russie) de faire pression sur les dirigeants pour qu‟ils tempèrent encore plus leurs propos ; de même cela n‟a pas empêché le Premier ministre Tansu Çiller, en position délicate, d‟avoir recours, pour tenter de redorer son image (interne), à un lexique plus nationaliste en dénonçant avec véhémence la virulence de la répression.

Les acteurs turcs non étatiques ont une influence non négligeable, mais forcément mal connue du fait de la complexité et semi-clandestinité de ces réseaux, sur la politique de l‟État turc. Ils peuvent tisser leurs propres réseaux relationnels ou être utilisés par les autorités turques lorsque l‟État fait défaut ou ne souhaite pas s‟engager ouvertement. Ankara a ainsi pu déléguer des missions officieuses à ces réseaux informels. Mais la politique de ces divers organismes ne se conforme pas toujours, loin sans faut, à celle de l‟État turc. Il s‟agit, avant tout, de liens tissés directement par les partis politiques turcs avec leurs homologues dans les Balkans.

Seule l‟utilisation de la guerre en Bosnie-Herzégovine par le Refah dans sa rhétorique électorale, du fait de son impact sur la politique turque, sera analysée (II, 3.1.). L‟influence de divers lobbies balkaniques en Turquie (et notamment les associations regroupant des Turcs ou musulmans originaires des Balkans) sera évoquée (II, 3.2.) mais ne fera pas l‟objet d‟une analyse détaillée. Les liens tissés par les différentes confréries turques (Nakşbendis, Süleymancı, Nurcu, etc.), de fait de la complexité de ces réseaux, de la variété de leurs approches théologiques et politiques, de leurs liens mouvants avec diverses factions politiques en Turquie, ne pourront être pris en compte. La présence d‟écoles ou de publications des Fethullahcı, qui pourraient recevoir un appui discret des autorités turques, sera mentionnée le cas échéant. Il conviendra également de s‟interroger sur l‟influence, souvent évoquée, des Turcs d‟origine balkanique dans la définition de la politique turque (et l‟intérêt porté à cette région). Enfin, les liens de plus en plus souvent dénoncés dans la presse, entre certains partis ou hommes politiques et la mafia, doivent nous conduire à nous interroger sur l‟éventuelle utilisation de ces réseaux par l‟État pour assurer certaines missions (livraisons de matériels militaires, etc.). Aucune source de bonne fois ne pouvant confirmer ou infirmer des hypothèses a priori plausibles, il ne nous est pas possible d‟intégrer cet élément dans notre analyse. Les relations personnelles développées par certains leaders turcs avec leurs confrères étrangers seront mentionnées lorsqu‟elles pèsent sur les décisions de politique extérieure.

Sciences Po, 1998, 75-101 ; ou Marlis Steinert, “La décision en politique étrangère. Essai sur l‟utilisation de théories”, in

(14)

11 La question chypriote est centrale dans la politique extérieure de la Turquie depuis les années 60. Les répercussions des tensions interethniques sur cette île, aussi bien dans les relations de la Turquie avec sa voisine grecque que dans ses relations avec ses partenaires de l ‟OTAN et les pays communistes, sont considérables. L‟importance stratégique de Chypre se s‟étant pas amoindrie (elle aurait même tendance à être rehaussée avec le conflit au Kurdistan et le projet de pipeline aboutissant à Ceyhan), Chypre reste et restera une question fondamentale dans l ‟ensemble des relations extérieures turques, y compris dans les Balkans. La question chypriote et les tensions gréco-turques, déjà amplement étudiées par ailleurs5, ne seront analysées ici que dans leurs répercussions (et elles sont donc nombreuses) sur les relations bilatérales de la Turquie dans la région. De même, le conflit en Bosnie-Herzégovine, également étudié par ailleurs et dont l‟analyse, comme les tensions gréco-turques, absorberait à elle seule la totalité de cette thèse, ne sera pas analysé en détails mais pour la seule diplomatie de la Turquie vis-à-vis de ce conflit.

**********

Il importe avant d‟entamer cette étude d‟en fixer les limites géographiques. La délimitation géographique des Balkans6 ou de la « péninsule balkanique »7 est en effet sujette à controverses ou tout du moins à débats. Si au sud, à l‟est et à l‟ouest, cette délimitation ne pose pas de problèmes – mer Égée, mer Méditerranée et mer Adriatique – au nord, cette limite est moins claire. L‟Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Macédoine et la Serbie sont très certainement parties des Balkans mais les cas de la Roumanie, de la Croatie et de la Slovénie sont plus délicats. La Croatie et la Slovénie, plus proches de l‟Europe centrale par leurs réseaux de communication et leur histoire politique (domination ottomane lointaine et brève puis appartenance à l‟Autriche-Hongrie), ne seront abordées qu‟au coup par coup dans cette étude. Ces deux pays se défendent d‟ailleurs ardemment d‟appartenir à ce monde balkanique et mettent en avant une identité centre-européenne jugée plus flatteuse. Ils invoquent, entre autres, leur identité catholique dans cette auto-exclusion des Balkans. En revanche, la Roumanie a des intérêts politiques et stratégiques aussi bien au nord et à l ‟est (Bessarabie, Transylvanie) qu‟au sud. Elle sera donc prise en compte dans cette étude. Cette

5

Voir, par exemple, Semih Vaner (dir.), Le différent gréco-turc, Paris, L‟Harmattan, 1988 ; Romain Yakemtchouk, “La Méditerranée orientale dans la politique des puissances”, numéro spécial Studia Diplomatica n°3-5, 1987 ; Charles Zorgbibe, La Méditerranée sans les Grands ?, Paris, PUF, Collection perspectives internationales, 1980.

6

Le terme de « Balkans » est quelque peu tombé en désuétude à la fin des années 80 au profit de celui de « sud-est-européen », jugée plus neutre et politiquement correct. Le terme de « Balkans » renvoie en effet à une image d‟instabilité et de fractionnement politique (c‟est la balkanisation) où nations et nationalismes et autres phénomènes obscurantistes au parfum plus oriental qu‟occidental tiennent le haut du pavé. De nombreux « Balkaniques » (et notamment les Roumains) le jugent péjoratif. Le terme de « Balkans » sera toutefois utilisé ici de préférence à celui de « sud-est européen » qui ne renvoie à aucune réalité historique. La lutte contre les préjugés de toutes sortes dont sont victimes les Balkaniques ne passe pas par un changement d‟appellation sur lequel un jour ou l‟autre seront transférés lesdits préjugés mais sur un travail sur l‟image elle-même du Balkanique (travail qui ne peut s‟accomplir sans un minimum de réalité sur le terrain).

7

L‟expression fut créée par le géographe allemand Johann August Zeune en 1808 (“Balkanhalbinsel” ou “Hoemushalbinsel”), Gea-Nersuch einer winneunchaftlischen Erdbescheibung, Berlin, 1808.

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12 coupure correspond à un ancien clivage entre un nord-est ayant connu la domination autrichienne et un sud-est appartenant à l‟Empire ottoman.

Une description de la scène balkanique, aire aujourd‟hui déstabilisée et conflictuelle, s‟impose avant de pouvoir analyser comment la Turquie s‟insère dans ce complexe jeu d‟antagonismes et de rivalités. L‟attention sera entre autres portée sur la question macédonienne, aujourd‟hui centrale dans l‟élaboration des politiques de la région, les antagonismes entre la Grèce et ses voisins et bien sûr les guerres yougoslaves. Une des particularités de cet espace balkanique est la persistance des nationalismes, altérités de voisinage et stéréotypes variés à l ‟encontre de l‟Autre. Loin d‟être confinées aux débats identitaires ou à la rhétorique des milieux extrémistes, ces altérités influent largement sur les diplomaties régionales. Leur analyse est donc incontournable, et elle l‟est d‟autant plus que la plupart de ces nationalismes, à différents degrés certes, se sont construits contre le Turc, symbole de tous les maux de ces pays et repoussoir face auquel la cohésion nationale s‟est affermie8. Il conviendra également de comprendre quel est cet acteur turc, les tendances générales de sa diplomatie, ses faiblesses (économiques et politiques) et ses atouts, ses intérêts et ses objectifs.

D‟autres acteurs extérieurs sont également présents sur la scène balkanique, les États-Unis, la Russie et l‟Allemagne, avec lesquels la Turquie doit composer. Nous devrons notamment nous interroger sur le retour éventuel (et annoncé en 1991) d‟une lutte d‟influence entre les trois puissances autrefois impliquées dans les affaires balkaniques (Turquie, Russie et puissance germanique). La Russie, dont l‟influence est aujourd‟hui en retrait, n‟en mène pas moins un jeu diplomatique dans la région dont les formes et les objectifs peuvent directement s‟opposer à ceux de la Turquie. Les États-Unis, nouvel acteur dans les Balkans, ont joué un rôle essentiel dans la signature des accords de Dayton. Il s‟agira de voir comment la Turquie combine son approche des Balkans avec celle de son allié américain et de s‟interroger sur les éventuelles remises en cause de l‟ancrage de la Turquie à l‟Occident par ces nouvelles orientations diplomatiques. Enfin, l‟Europe a-t-elle une politique balkanique et cette (ou ces) politique(s) influencent-elles celle de la Turquie dans les Balkans ?

8

Le rôle des représentations et des perceptions de l‟Autre acteur tiendra une grande place dans cette étude. Nous ne privilégierons toutefois pas l‟approche cognitive qui centre son analyse sur la personnalité des décideurs (Robert Jervis,

Perception and Misperception in International Politics, Princeton, Princeton University Press, 1976). En effet, si le

hiatus entre la perception de son environnement politique et sa réalité objective existe, l‟ensemble des dirigeants d‟un pays, issus d‟un même moule, ont tendance à partager les mêmes valeurs et les mêmes représentations. L‟influence décisive et personnelle de certains leaders (et donc de leurs parcours et représentations personnelles) sur certaines décisions ne peut cependant être ignorée (l‟ancien Président Özal par exemple). Elle sera mentionnée le cas échéant. Sur la notion « d‟images partagées » parmi l‟élite politique, voir par exemple Morton Halperin, Bureaucratic Politics and

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13 Les relations développées par la Turquie avec ses voisins balkaniques seront étudiées au cas par cas (Bulgarie, République de Macédoine, Albanie et Roumanie) et sous leurs divers aspects (économique, politique, militaire et culturel). Ces approches ne se combinent d‟ailleurs pas forcément. Enfin, la politique de la Turquie vis-à-vis du conflit en Bosnie-Herzégovine fera l‟objet d‟une analyse, dans ses aspects diplomatiques comme dans ses éventuelles interférences sur la scène politique turque. Il importera dans ce cadre d‟évaluer l‟impact réel de ces discours de fraternité (ethnique ou religieuse) et la réalité de cette peur des pays balkaniques de formation d‟un arc islamique sous la houlette de la Turquie.

Enfin, la dynamique turco-balkanique n‟est pas confinée au simple cadre balkanique. La Turquie ne peut aborder les Balkans sans prendre en compte la dépendance de ces pays (et la sienne) vis-à-vis des livraisons de gaz russe, la gestation de nouveaux axes de communication transrégionaux ou encore l‟émergence, non moins généralisée, de tensions (et de coopération) sur l‟ensemble du pourtour de la mer Noire. Les influences et interférences croisées des relations bilatérales et multilatérales entre les pays des Balkans, du Moyen-Orient, du Caucase et de la Russie sont nombreuses et variées. C‟est dans un vaste espace englobant l‟Eurasie, et avant tout la mer Noire et la Russie, qu‟il faut aborder les relations turco-balkaniques. Par sentiment de vulnérabilité dans un environnement instable ou perçu comme menaçant, par opportunité politique ou économique, les pays des Balkans et la Turquie sont allés chercher au-delà de cet étroit espace balkanique les soutiens politiques qui leur faisaient défaut ou saisir les opportunités économiques qui leur étaient offertes. Ainsi, la Grèce, isolée dans la région balkanique, est allée chercher auprès de la Russie en 1993, et plus tard auprès des pays du Caucase, le soutien qu‟elle estimait indispensable dans sa lutte contre « l‟irrédentisme turc ». Plus récemment, dans la même optique, elle s‟est rapprochée de l‟Arménie et de l‟Iran ou encore de la Syrie. La Bulgarie et la Roumanie, par leur simple façade sur la mer Noire, sont impliquées dans les affaires pontiques. Elles participent d‟ailleurs toutes deux (de même que l‟Albanie) à la Zone de Coopération Économique de la mer Noire. Leurs liaisons maritimes (commerciales comme militaires) passent par les détroits, enjeu stratégique pour elles aussi. Ces détroits ont, dans le passé, grandement influencé la politique de la Russie dans les Balkans et vis-à-vis de la Turquie et, par ricochet, la politique de la Turquie dans les Balkans et vis-à-vis de la Russie. Le tracé du pipeline, ou plutôt, puisque l‟on se dirige vers cette hypothèse, le tracé des pipelines acheminant le pétrole et le gaz d‟Asie centrale vers l‟Europe, a également d‟importantes répercussions dans les Balkans ; répercussions directes (projets de pipelines et de gazoducs balkaniques) et indirectes par les intenses manœuvres diplomatiques transrégionales qu‟il génère. Les décisions prises à Bakou ou à Ankara peuvent ainsi conduire Moscou à une approche différente de ses relations avec la Grèce et la Bulgarie.

(17)

14 Les nouveaux axes de circulation en projet, à commencer par la célèbre nouvelle route de la soie, conduiront à terme ces pays et sous-systèmes régionaux à tisser des liens économiques entre eux. Les liens d‟interdépendance ainsi créés élargissent eux aussi la grille d‟analyse des relations turco-balkaniques. Enfin, ils façonneront en partie le schéma des relations dans la région dans le futur. La Turquie a récemment reformulé sa diplomatie régionale dans une optique dorénavant eurasienne. Cette approche globale et non plus par sous-systèmes (Balkans, Caucase, Russie, Asie centrale) recouvre une réalité politique et économique. Mais elle repose sur une autre réalité, le regroupement, peu ou prou, des exclus de l‟OTAN et de l‟U.E.

La crainte d‟une extension des conflits yougoslaves a dominé les esprits depuis 1991 et a conduit nombre des acteurs régionaux à un frénétique activisme diplomatique. De surcroît, une transition économique douloureuse et des institutions démocratiques en chantier, fragilisent ces États et l‟assise de leurs dirigeants qui cherchent alors d‟autant plus à se prémunir d‟une déstabilisation régionale9. Enfin, il s‟est agi aussi de tout simplement normaliser ses relations avec ses voisins (et le reste du monde) dans le contexte de l‟après-guerre froide. Un réseau politique à multiples facettes est donc en train de se former sous nos yeux. Il en va de même pour les réseaux d‟échanges commerciaux (nouvelles orientations des flux et nouveaux réseaux de transport et de communication). Ces réseaux politiques et économiques en gestation préparent le paysage politique de demain. Dans cet environnement en mouvement, la Turquie détient une réelle occasion de devenir une grande puissance régionale. Saura-t-elle et pourra-t-elle saisir cette opportunité ?

9

Il ne s‟agira aucunement ici d‟ériger les Balkans en un quelconque laboratoire d‟étude de la transitio n ou de la genèse de conflits locaux. L‟angle d‟approche privilégié s‟axe autour des relations interétatiques élaborées par la Turquie avec ses voisines balkaniques depuis 1991. Les problèmes de transition politique ou économique des pays anciennement communistes ne seront mentionnés que lorsqu‟ils influent sur la politique régionale de la Turquie.

(18)

15

N

OTE SUR LES TRANSCRIPTIONS ET TRANSLITTERATIONS10

Cette étude comprend des mots et noms propres turcs, mais aussi bulgare, serbe, grec, roumain ou encore albanais.

Les langues dont l‟alphabet est le latin (turc, roumain, albanais), ont été conservées dans leur graphie originelle (ex : Turgut Özal), à l‟exception des mots d‟usage courant en français (ex : Bucarest et non BucareĢti). Le turc-azéri a également été conservé dans sa graphie latine, là encore à l‟exception des mots d‟usage courants en français (ex : Bakou et non Baku). Ce choix n‟implique aucun parti pris politique. Lorsque deux orthographes sont en vigueur (ex : Geïdar / Haydar Aliev, Président de l‟Azerbaïdjan), les deux sont précisées.

En turc,

toutes les lettres sont prononcées, et elles se prononcent comme en français, à l‟exception de :

c se prononce dj comme en anglais « jump » ç se prononce tch comme dans « tchèque »

ı est une voyelle intermédiaire entre le i, le é et le eu, comme dans l‟anglais « letter ». ğ allonge la voyelle précédente

ş se prononce ch comme dans « chapeau » ö se prononce eu comme dans « peur » ü se prononce u comme dans « rue » u se prononce ou comme dans « roue » g est toujours dure comme dans « gare »

s est dure (équivalent à ss) comme dans « danse » e est toujours ouvert comme dans « mère »

y est une consonne et se prononce comme le ill dans « caillou »

En roumain,

ş se prononce ch comme dans « chapeau » ţ se prononce ts comme dans « tsar »

ch et gh sont palatilisés comme que / qui et gue / gui ce / ci se prononcent tch comme dans « tchèque » ge / gi se prononcent dj comme dans « jeep » u se prononce ou comme dans « choux »

ă est une voyelle mi-ouverte proche du e muet et du u anglais dans « but »

10

Pour une présentation des langues et de la linguistique balkanique, voir Jack Feuillet, “La linguistique balkanique”,

(19)

16 En albanais11,

u se prononce ou comme dans « jour » y se prononce u comme dans « pur » ë se prononce eu comme dans « deux »

c se prononce ts comme dans « mouche tsé tsé » ç se prononce tch (chuintante) comme dans « match »

q se prononce tch (chuintante mouillée) comme dans « Catarina bella tchi tchi » sh se prononce ch comme dans « chat »

x (sifflante, sonore) se prononce dz comme dans « pizza » j (semi-voyelle) comme dans « yatagan »

zh comme le j dans « jeu »

xh (sifflante, sonore) se prononce dj comme dans « jeep » th (dentale sourde) comme l‟anglais « think »

dh (dentale sonore) comme dans l‟anglais « that »

11

Nous avons repris ici la présentation proposée par Bernard Lory, L‟Europe balkanique de 1945 à nos jours, Paris, Ellipse, 1996, p. 9.

(20)

17 Pour l‟alphabet cyrillique, nous avons adopté le système de translittération suivant, et là encore à l‟exception des mots couramment utilisés en français et qui y ont une graphie bien établie (ex : Belgrade et non Beograd).

Caractères cyrilliques Translittérations Langues concernées

a A a A Toutes б Б b B Toutes в B v V Toutes г Г g G Toutes д Д d D Toutes e E e E Toutes ж Ж ţ Ţ Toutes з З z Z Toutes и И i I Toutes

й Й j J russe, bulgare et ukrainien

к K k K Toutes л Л l L Toutes м M m M Toutes н H n N Toutes o O o O Toutes п П p P Toutes р Р r R Toutes с С s S Toutes т Т t T Toutes ђ Ћ Ĥ ģ serbe y У u U Toutes ф Ф f F Toutes х Х h H Toutes ц Ц c C Toutes ч Ч Ħ ĥ Toutes ш Ш š Š Toutes щ Щ šĦ / št Šĥ / ŠT russe / bulgare ъ Ъ ” / ă ” / Ă russe / bulgare ы Ы y Y russe

ь Ь ‟ ‟ russe, bulgare, ukrainien

э Э è È russe

ю Ю ju JU russe, bulgare, ukrainien

я Я ja JA russe, bulgare, ukrainien

Note : Il y a trois signes diacritiques spécifique au macédonien : Ќ / ќ qui se prononce cue comme dans “cuisine”, Ѓ / ѓ qui

(21)

18

P

RINCIPAUX SIGLES UTILISES

Organisations internationales ou régionales CEI : Communauté des États indépendants

CAEM : Conseil d‟assistance économique mutuelle (en anglais COMECON) HCR : Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés

OCI : Organisation de la conférence islamique ONU : Organisation des Nations unies

OSCE (ex-CSCE) : Organisation (ex-Conférence) pour la sécurité et la coopération en Europe OTAN : Organisation du traité de l‟Atlantique nord

U.E. : Union européenne

U.E.O. : Union de l‟Europe occidentale

ZCEMN : Zone de coopération économique de la mer Noire

Partis politiques, mouvements

ANAP : Anavatan partisi, Parti de la mère-patrie (Turquie)12

CHP : Cumhuriyet halk partisi, Parti républicain du peuple (Turquie) DSP : Demokratik sol partisi, Parti de la gauche démocratique (Turquie) DYP : Doğru yol partisi, Parti de la juste voie (Turquie)

HADEP : Halkın demokrasi partisi, Parti démocratique du peuple. Parti représentant la minorité kurde en Turquie

HDZ : Hrvatska demokratska zajednica, Communauté démocratique croate (Bosnie-Herzégovine) LDK : Ligue démocratique du Kosovo (RFY)

MDL : Mouvement des droits et libertés, parti représentant la minorité turque de Bulgarie MHP : Milletiyetçi hareket partisi, Parti de l‟action nationaliste (Turquie)

ORIM : Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (Bulgarie)

PASOK : Panhellinio Socialistiko Kinima, Mouvement socialiste panhellénique (Grèce) PDT : Parti démocratique turc de Macédoine

PKK : Partiya kerkeren Kurdistan, Parti des travailleurs du Kurdistan (Turquie) PSB : Parti socialiste bulgare (Bulgarie)

SDA : Stranka demokratske akcije, Parti de l‟action démocratique (Bosnie-Herzégovine) SDS : Srpska demokratska stranka, Parti démocratique serbe (Bosnie-Herzégovine) UDF : Union des forces démocratiques (Bulgarie)

UÇK : Ushtrica çlirimtare e Kosovës, Armée de libération du Kosovo

VMRO-DPMNE : Unutrašnja makedonska revolucionarna organizacija, Demokratski partija makedonskog nacionalno edinstvo, Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, Parti

démocratique pour l‟unité nationale (République de Macédoine)

12

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19

Agences de presse, revues13 AFP : Agence France Presse ANA : Athens News Agency ATA : Albanian telegraph Agency BTA : Bulgarian Telegraph Agency MIA : Macedonian Information Agency MIC : Macedonian Information Center

MILS : Macedonian Information Liaison Service RFE/RL : Radio Free Europe, Radio Liberty

RMMM : Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée SOP : Service Orthodoxe de Presse

CEMOTI : Cahiers d‟Études sur la Méditerranée Orientale et le Monde Turco-Iranien

Divers

BEI : Banque Européenne d‟Investissements

BERD : Banque européenne de reconstruction et de développement CEMT : Conférence européenne des ministres des Transports

DEĠK : Dış Ekonomik İlişkiler Kurulu, Conseil des relations économiques extérieures (Turquie) E. I. U. : Economic Intelligence Unit (Londres)

FCE : Traité sur les Forces conventionnelles en Europe (1990) FMI : Fond monétaire international

FORPRONU : Force de protection des Nations unies (Bosnie-Herzégovine) FYROM : Former Yugoslavian Republic of Macedonia

GUAM, devenu GUUAM en avril 1999 : Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan, Azerbaïdjan, Moldova IFOR : Implementation Force (Bosnie-Herzégovine)

ĠKV : İktisadi Kalkınma Vakfı, Fondation pour le développement (Turquie) IWPR : Institute for War and Peace Research (Londres)

MGK : Milli Güvenlik Kurulu, Conseil national de sécurité (Turquie)

MĠT : Milli istihbarat teşkilatı, Agence nationale de renseignements (Turquie)

MÜSIAD : Müsülman Sanayici ve İşadamları Derneği, Association des industriels et hommes d‟affaires musulmans (Turquie)

PECO : Pays d‟Europe centrale et orientale

RFY : République fédérale de Yougoslavie (créée en avril 1992 par la Serbie et le Monténégro) SECI : Southeast European Cooperation Initiative

SFOR : Stabilization Force (Bosnie-Herzégovine) TDA : Trade and Development Agency (États-Unis)

TICA : Turkish International Cooperation Agency (Turquie)

TÜSĠAD : Türkiye Sanayici ve İşadamları Derneği, Association des industriels et hommes d‟affaires turcs (syndicat patronal)

UNPREDEP : UN Preventive Deployment Force (République de Macédoine)

13

(23)

20

Première Partie

La Turquie et les Balkans :

environnement politique

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21

Chapitre 1

Les grandes orientations de la politique étrangère turque

Le Caucase, les Balkans, l‟Asie centrale, le Moyen-Orient et le monde musulman, l‟Europe et les États-Unis – la Turquie saurait-elle, depuis 1991, à quel saint se vouer ? Cette multiplicité des fronts d‟offensive politique et des zones de prospection économique peut laisser perplexe quant à la réelle pertinence de cette dispersion des forces pour un pays somme toute de taille et de puissance moyenne. Mais les dirigeants turcs insistent précisément sur les avantages de cette politique dite “globale”. C‟est de cette multiplication de ses influences régionales que la Turquie tirerait sa puissance. Les dirigeants turcs estiment disposer de moyens économiques suffisants pour développer leurs échanges dans les “pays en voie de transition”, d‟un savoir-faire pour contribuer à la formation des élites de ces pays, et d‟une proximité géographique ou d‟une influence culturelle décisive pour la mise en place d‟une coopération économique et politique.

Son appartenance au “bloc occidental” a jusqu‟à présent façonné son image et valorisé sa voix sur la scène régionale. Mais plus récemment, la nature de ses rapports avec les Européens s‟est modifiée, notamment depuis le sommet du Luxembourg en décembre 1997 et le rejet de la Turquie de la liste des candidats à l‟adhésion à l‟U.E. Son ancrage reste clairement à “l‟Ouest” et sa volonté d‟intégrer les structures communautaires inchangée mais on insiste dorénavant sur les propres potentialités économiques du pays et sur sa capacité à s‟ériger seul en “puissance régionale eurasiatique”. La Turquie ne doit plus – et ne peut plus – tourner toute son attention vers l‟Europe. L‟alliance avec les États-Unis conserve tout son intérêt, aux yeux des Turcs comme aux yeux des Américains. Toutefois, là aussi, les enjeux, et donc les formes de cette coopération, se sont

(25)

22 modifiés. La lutte contre cette menace suprême, et partagée par les deux pays, qu‟incarnaient l‟URSS et les pays communistes, n‟est plus. Seuls les dangers en tous genres en provenance du Moyen-Orient justifient encore réellement – et largement – cette (nouvelle) “rente stratégique”. En revanche, une coopération multiforme, allant de l‟économique au diplomatique et militaire, a émergé entre ces deux alliés dans les zones “rescapées du communisme” (Balkans, Asie centrale). Que l‟un délègue à l‟autre un rôle de formation militaire (Bosnie-Herzégovine), qu‟ils mènent de front une diplomatie commune (Balkans depuis 1994, Caucase et Asie centrale depuis 1997) ou qu‟ils partagent un certains nombres d‟objectifs (lutter contre l‟influence de l‟Iran en Asie centrale), une ébauche de coopération, non dénuée de tiraillements (Arménie, renégociation du traité FCE, etc.) a vu le jour.

La Turquie souffre toutefois de nombreux handicaps : une instabilité politique latente depuis les années 60, aiguë depuis 1994//95 ; une armée qui s‟arroge le droit de veiller sur les affaires civiles et mine l‟autorité des instances régulièrement élues ; la montée en puissance de mouvements extrémistes, récemment islamistes ; et de multiples faiblesses économiques (inflation, chômage, manque de capitaux, etc.) qui ne lui permettent pas de lancer de grandes offensives commerciales à l‟extérieur et de réguler les problèmes sociaux de l‟intérieur.

Références

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