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Second chapitre. Des maillages territoriaux français

2.2. Les territoires comme support d’application des politiques publiques de développement rural en France publiques de développement rural en France

2.2.2. Les outils législatifs nationaux de développement rural

2.2.2.2. Des avancées de la Loi d’Orientation de 1999 au Contrat Territorial d’Exploitation

La Loi d’Orientation pour l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire, n°99-533 du 25 juin 1999, conjugue pour la première fois les orientations nationale et européenne. Cette loi, dite « loi Voynet », vient en complément de la LOADT n°95-115 du 4 février 1995. La LOADDT redéfinit les objectifs et les outils de planification stratégique et d’organisation des territoires de la politique nationale d’aménagement. La loi positionne la politique nationale d’aménagement dans une perspective de développement durable, en donnant la priorité à l’emploi, à la réduction des déséquilibres entre les territoires et au renforcement de la cohésion sociale. La LOADDT fonde le développement sur la valorisation des ressources des territoires, en privilégiant les territoires de projet, les pays, pour le milieu rural et périurbain, puis les agglomérations, pour le milieu urbain.

La LOADDT, tout en maintenant pour l’espace rural différentes mesures de la LOADT, a apporté des dispositifs plus spécifiques aux territoires ruraux ou sur lesquels ils peuvent appuyer leur développement. Parmi ces dispositifs, un premier est l’élaboration de neuf schémas de services collectifs ayant pour thème : l’enseignement supérieur et la recherche, la culture, la santé, l’information et la communication, le transport de voyageurs et de marchandises, l’énergie, le sport, les espaces naturels et ruraux. Le

du terroir » de Loches. Ils peuvent également prendre racine dans la longue histoire d’un fief féodal, par exemple le Vendômois, qui est aujourd’hui regardé comme un exemple type de pays traditionnel. L’origine de certains

pays peut aussi être liée à la présence d’anciennes populations rurales, notamment depuis le XVIème siècle,

comme l’expose SCHWEITZ D., 2001, Aux origines de la France des pays : Histoire des identités de pays en

« schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux » est un nouvel outil de planification stratégique et de lisibilité de l’action de l’Etat, fondé sur les besoins des usagers à l’égard des fonctions assumées par ces espaces, et faisant notamment référence aux CTE ou CAD instauré par la loi d’orientation agricole. Un second dispositif consiste en la redéfinition du concept de pays. La LOADDT a créé la notion de contrats de pays qui permet à ces territoires d’obtenir des financements dans le cadre des contrats de plan Etat-Région. L’Etat cherche ainsi à inciter les collectivités locales à se regrouper pour définir un projet de développement, en cohérence avec les priorités stratégiques nationales et européennes. La création des « conseils de développement du pays » vise à fédérer les collectivités locales, les acteurs socioprofessionnels et associatifs, et aussi à inciter une participation plus grande de la société civile à la définition et au suivi de la « charte de pays ». Dans certains contextes, les pays s’attachent à la reconquête paysagère et à la préservation des espaces agricoles et forestiers. Un troisième dispositif est la prise en compte des Zones de Revitalisation Rurale (ZRR) dans les schémas de services collectifs et les schémas régionaux d’aménagement et de développement du territoire, l’organisation des services publics et les contrats de pays1. Un quatrième dispositif est la création d’un Fonds de Gestion des Milieux Naturels (FGMN). Puis, un cinquième concerne également des dispositions spécifiques sur le maintien du service public en milieu rural. Ces mesures visent en particulier le développement de sites communs de regroupements de certains services, afin de maintenir et d’améliorer l’offre de services publics de proximité en milieu rural. Cette politique prolonge le moratoire de fermeture des services publics en milieu rural mis en place en 1993.

La Loi n°99-574 du 9 juillet 1999 d’orientation agricole est donc une loi importante dans l’évolution des activités agricoles en France. En effet, c’est la première fois que sont prises en compte par la politique agricole, les fonctions économique, environnementale et sociale de l’agriculture. Selon l’article premier de la loi d’orientation agricole,2 les objectifs, en lien avec ceux de la Politique Agricole Commune, intègrent ceux affichés dans le Plan de Développement Rural National, à savoir :

- l’installation des exploitants, notamment les jeunes, et le développement de l’emploi ; - l’amélioration des conditions de production, du revenu et du niveau de vie des exploitants ; - la production des biens agricoles, alimentaires et non alimentaires, de qualité et diversifiés ; - le renforcement de l’organisation économique des marchés, des producteurs et des filières ; - la valorisation des terroirs par des systèmes de production adaptés à leurs potentialités ;

1 Pour mémoire, les ZRR, créées par la LOADT du 4/02/95 sont des zones rurales caractérisées par des difficultés particulières en matière de démographie et d’activité économique. Elles concernent une population d’environ 4,4 millions d’habitants. Elles bénéficient de certaines mesures d’allégements fiscaux pour inciter à la création et à l’extension d’activités et également pour favoriser l’embauche de salariés avec une qualification professionnelle faible.

2 Loi n°99-574 du 9 juillet 1999 d’orientation agricole (nor : AGRX9800053L) version consolidée au 06 janvier

2006, loi modifiée par la Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 - art. 49. Site de Légifrance, consulté le 28 janvier 2008

[http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=09EA7D0EBBA01F83D6A1F6E86C26B679.tp djo16v_3?idArticle=LEGIARTI000006600331&cidTexte=LEGITEXT000005628181&dateTexte=20080128]

- le maintien de conditions favorables à l’exercice de l’activité agricole dans les zones de montagne ;

- la préservation des ressources naturelles, de la biodiversité et l’entretien des paysages.

Le CTE était l’un des instruments centraux de Loi d’Orientation Agricole. Pour le CTE un appui important du FEOGA G était sollicité, au titre du règlement CE 1257/99 et qui sera dans les années suivantes l’outil essentiel de la politique agricole française. Depuis 2003, le CTE a été remplacé par le CAD. Puis, depuis le 1er janvier 2007, les deux sections FEOGA1 « garantie » et « orientation » sont devenues autonomes. Désormais, il s’agit du Fond Européen Agricole de Garantie (FEAGA) pour la section « garantie » et du Fond Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER) pour la section « orientation ».

Lors de la mise en œuvre du Règlement de Développement Rural, la France a opté pour la mise en place d’un dispositif en cohérence, d’une part, avec les orientations actuelles des politiques nationales agricole, forestière et de développement rural et, d’autre part, avec son organisation politique et administrative. Il a été ainsi proposé un Plan de Développement Rural National (PDRN) unique, complété par une déclinaison régionale au niveau des DOCUP des zones d’objectif 2 et de soutien transitoire. Le programme de développement rural français ne constitue pas pour autant l’unique outil du développement rural qui s’appuiera également sur les fonds structurels mis en œuvre au niveau des DOCUP ainsi que sur les divers instruments nationaux. La configuration du PDRN est liée à celle du Contrat Territorial d’Exploitation (CTE), aujourd’hui remplacé par le Contrat d’Agriculture Durable (CAD), à la mise en œuvre nationale de la stratégie forestière communautaire, à la poursuite d’un certain nombre d’actions structurelles agricoles, au soutien d’investissements stratégiques en matière d’industries agroalimentaires, ainsi qu’à la mise en œuvre de la directive Habitats. Pour toutes les actions correspondantes, il était indispensable de garantir une cohérence des objectifs et des moyens au niveau national. Pour cela, la mise en œuvre du PDRN a fait l’objet d’une déconcentration importante aux niveaux régional et départemental.

1 Le Fonds européen d’orientation et de garantie agricole était jusqu’en 2007 le principal instrument financier

permettant de mettre en œuvre la PAC. Créé en même temps que celle-ci en 1962, le FEOGA s’est constitué en 1964 de deux sections : la section « Garantie », et la section « Orientation ». La section « garantie » finance principalement la politique des marchés et des prix (Organisations communes de marché) : les restitutions à l’exportation vers les pays tiers ; les interventions destinées à la régularisation des marchés agricoles ; la contribution financière de la Communauté à des actions vétérinaires ponctuelles, à des actions de contrôle dans le domaine vétérinaire et à des programmes d’éradication et de surveillance des maladies animales (mesures vétérinaires) de même qu’à des actions phytosanitaires ; les actions d’information sur la politique agricole commune ; l’aide à la préretraite ; les mesures de reboisement des terres agricoles ; certaines mesures relatives à l’exploitation des ressources halieutiques ; les mesures d’aide à l’investissement dans le domaine agro-alimentaire. La section « orientation » encourage les investissements favorables au développement rural : promotion, labellisation et investissements en faveur des produits du terroir de qualité ; amélioration des infrastructures rurales ; rénovation et développement des villages, protection du patrimoine rural et de l’environnement ; ingénierie financière ; activités forestières ; recherche et développement des technologies agricoles et sylvicoles ; formation professionnelle des exploitants agricoles ; amélioration des conditions de vie. Le FEOGA Orientation finance aussi les projets LEADER+.

Lors de la période d’étude de terrain, en 2003, le Contrat d’Agriculture Durable, fondé par le décret n°2003-675 du 22 juillet 2003, a été lancé. Ce contrat repose sur le même principe que celui du CTE. Il porte sur la contribution de l’activité de l’exploitation « à la préservation des ressources naturelles, à l’occupation rationnelle et à l’aménagement de l’espace rural en vue notamment de lutter contre l’érosion, de préserver la fertilité des sols, la ressource en eau, la diversité biologique, la nature et les paysages. Il peut également comprendre des objectifs économiques et sociaux, notamment en matière de diversification d’activités agricoles, de développement de filières de qualité et d’emploi. »1. Ainsi, le CAD repose sur une reconnaissance de la multifonctionnalité de l’agriculture. Il est conçu comme un outil d’orientation et de développement au sein des territoires définis par rapport à un ou deux enjeux agroenvironnementaux.

Dès lors qu’il entre dans le champ d’application du règlement (CE) n° 1257/1999 du Conseil du 17 mai 1999 concernant le soutien au développement rural par le Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole, le contrat comprend au moins une action prévue au chapitre VI de ce règlement ou une action pluriannuelle portant exclusivement sur la protection de l’environnement prévue dans l’article 33. Le Contrat d’Agriculture Durable définit donc les engagements de l’exploitant, ainsi que la nature et les modalités des aides publiques accordées en contrepartie, qui bénéficient d’un encadrement national. Les Contrats d’Agriculture Durable sont élaborés à la suite d’un diagnostic d’exploitation et comportent une ou plusieurs des actions prévues aux contrats types arrêtés par le Préfet. L’arrêt de ces contrats types a fait l’objet d’une concertation locale et ils sont chacun rattachés à un territoire. Les cahiers des charges sont arrêtés par le Préfet après avis de la commission départementale d’orientation de l’agriculture. Ils s’inscrivent dans le cadre des projets agricoles départementaux et du plan de développement rural national en application du règlement (CE) n°1257/1999 du 17 mai 1999, ainsi que dans le cadre de la politique d’aménagement du territoire.

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