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CARLOS III une émancipation linguistique qu’il tente d’éradiquer par un décret royal, signé

1.3. APPROCHE ARCHEOLOGIQUE

Nous n’avons pas la prétention de nous immiscer dans un domaine qui n’est pas le nôtre, mais quelques discussions animées avec des passionnés et spécialistes du problème, plus quelques lectures et recherches, nous autorisent à émettre un point de vue qui viendra renforcer la thèse finale.

Lors d’un entretien que j’entamai le 19 juillet 1995, avec Maximina GOROSTIAGA*1, celle-ci me mit sur la piste de possibles travaux d’irrigation incas dans le nord de Stgo, corroborée par les fouilles d’une archéologue canadienne, Louisa STARK, en 1982*2.

Or,il est indéniable, et nous y reviendrons en nous consacrant à cette ethnie, que les

Juríes maîtrisaient parfaitement l’acheminement et le stockage de l’eau, vertu indispensable

dans cette Mésopotamie, bercée par les crues et les sécheresses.

Je retiens aussi l’entrevue que m’accorda Jorge ALDERETES qui n’hésita pas à me déclarer : « ¡ Los Incas estaban aquí ! »*3, en se référant bien entendu à la plaine de

Santiago.

Reste à confirmer, par d’indéniables preuves archéologiques, de telles assertions qui vont à l’encontre de la thèse de D.A. BRAVO.

Nous avons donc eu l’idée de nous intéresser à la céramique et avons essayé de trouver des relations entre celle de Santiago et celle du Pérou, cette piste s’est avérée des plus fructueuses.

Selon Maximina GOROSTIAGA, les motifs « ophidiques » et la grecque*4 prédominent, thèse confirmée par l’étude d’Antonio SERRANO*1 qui déclare à ce sujet :

1 GOROSTIAGA Maximina, historienne de Santiago, voir bibliographie*A.

A Dans sa dernière correspondance du 8 novembre 1996, celle-ci affirme d’ailleurs que Santiago était inclus

dans l’AMASUYU, qui appartenait lui-même au COLLASUYU incasique : « el Amasuyu santiagueño llega

hasta la margen izquierda del Río Salado y pertenece al Kollasuyu inkaiko ».

2 Voir bibliographie

3 Entrevue enregistrée en vidéo le 2 août 1995.

4 « Bande ornementale composée de lignes brisées formant une suite d’angles droits et revenant

« Predominio de la figura ofídica y de los motivos derivados de la greca.

Colores negro y blanco sobre rojo. Los motivos decorativos de este último grupo están relacionados con los andinos en general y con los del noroeste en particular. Las formas son también de carácter andino ; alfarerías gruesas. »

On y retrouve représentée comme déité principale, celle que les frères WAGNER*2 désignent comme ANTROPO-ORNITO-OFÍDICA, en relation avec les cultures des Andes*3.

Un autre fait intéressant constitue le motif de la grecque ophidique sur des urnes funéraires découvertes à QUILMES dans les Andes, par Alfredo TURBAY*4, et sur des urnes en tous points similaires découvertes à SOCONCHO par les frères WAGNER*2, en plein monte santiagueño*5, ce qui autorisa le génial ingénieur à développer une théorie intéressante quant à l’origine du Qh de Santiago.

Selon cet auteur avisé, qui passa une grande partie de sa vie sur les ruines incas de

Quilmes*6, les Incas auraient connu une mini-ère glaciaire au XVè siècle, de 1410 à 1520*7, baptisée Mínima Sporer. De plus, le Collasuyu se serait révolté à la fin du XVè siècle contre l’emprise du Cuzco, la garnison inca qui occupait ce bastion des mitmas de CATAMARCA se serait retrouvée d’une part, sans ressources alimentaires, et d’autre part, privée d’une éventuelle retraite sur le Cuzco.

Ses occupants auraient donc décidé de faire route vers l’est*8, vers la plaine de

Santiago, dont la clémence climatique permettait de constituer une réserve alimentaire en

cette période glaciaire, ce qui explique la présence d’urnes funéraires identiques, à quelques 300 km de distance et surtout démontrerait la présence d’une implantation incasique sur les bords du Dulce, qui expliquerait à son tour la persistance du Qh dans cette région.

Nous aurons l’occasion d’approfondir cette hypothèse dans les chapitres consacrés à

SOCONCHO et au substrat Qh. Il sera intéressant aussi de se reporter au passage consacré à LAS PIRUAS, probable site incasique dans le nord de Santiago, autant de faits transcendants

pour l’hypothèse du substrat.

1 La Etnografía antigua de Santiago del Estero y la llamada civilización chaco-santiagueña, Panamá, Editores

casa Predassi, 1938.

2 Voir illustration n°1 et illustration n°2, pages 44, 45.

3 La Civilización chaco-santiagueña y sus relaciones con las del Viejo y Nuevo Mundo, Buenos Aires, 1934. 4 QUILMES : Poblado ritual incaico : el Machu Pichu del Valle Calchaquí, Tucumán, Editorial Castelar, 1983,

voir aussi les photos n°1, photo n°2, photo n°3, pages 46, 48 et 49.

5 Voir carte n°4, page 31.

6 Voir carte n°5, page 32, voir aussi photo n°1, page 46. 7 Voir chronologie Qh, page 29.

Nous conservons pour la fin le savoureux épisode des frères WAGNER, archéologues français des années 30, qui font de la civilisation CHACO SANTIAGUEÑA, le maillon manquant entre les cultures andines et guaranitiques et en font l’égal de grandes civilisations comme celles de la mer Egée et de l’Asie, avec de plus, d’étroites analogies avec celles-ci.

Inutile de dire que cette théorie fabuleuse provoqua des remous dans l’archéologie amérindienne, voire des révoltes. Ce fut le cas d’Antonio SERRANO*1, le grand LEVI- STRAUSS lui-même ne put les ramener à la raison*2.

Cependant, soit dit en passant, les gravures des frères WAGNER sont d’une grande beauté et précision. On connaît mieux grâce à eux la céramique de Santiago, ce qui nous a permis d’ailleurs d’explorer un peu mieux la voie archéologique, sans être spécialiste en la matière.

Nous retiendrons pour cette partie, les similitudes entre les techniques d’irrigation des

Juríes et celles des Incas, celles qui existent aussi entre les motifs de la céramique, selon

SERRANO, et enfin, la fabuleuse théorie de TURBAY qui fut pour nous une véritable révélation.

1 Ibid., page 7, « las absurdas teorías de la hoy llamada escuela franco-santiagueña de arqueología. »

2 Ibid., page 7, SERRANO choisit comme exergue la citation suivante, en portugais, de LEVI-STRAUSS: Quem

se arriscaria a reconstruir a história europeia com uma moeda gauleza, um quadro de Van Dick e uma coleção de botões de uniformes russos ? Os irmãos WAGNER se espantam diante de minha timidez « em interrogar a esfinge ». É porque desconfio de uma historia que se apresenta con ares de adivinhacão. »

Nous avons d’ailleurs tenu à filmer et à photographier, les urnes à la grecque ophidique, en nous rendant au musée WAGNER et à QUILMES, c’est avec un plaisir non feint que nous les incorporons à ce travail...*1

1 Voir PHOTO N°2 et PHOTO N°3, page 48, 49 (plus illustration n°3, page 50, en particulier, l’urne en haut à

ILLUSTRATION N°1

URNE FUNÉRAIRE AVEC LA DÉITÉ