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III MODALITES D’APPELLATIONS DES POPULATIONS A L’ETUDE

III- 2 Appellations spécifiques

L’usité des termes spécifiques méritent des précisions dans ce travail. Il s’agit ici des appellations utilisées par les villageois Bantou pour désigner le Baka. OLIVERA36

(2009) revient abondamment sur les appellations données de l’extérieur d’une

34Les Peuples autochtones et leur relation originale à la terre. Un questionnement de l’ordre mondial, l’Harmattan, Paris, 2008, 506 p.

35 The inconvenient Indigenous Remote Area Development in Botswana, and the first People of the Kalari. The Nordic Africa Institute, 2001.

37 communauté. Il pense que les appellations externes à une communauté sont des constructions imaginaires qui s’appuient sur la différence culturelle. Pour lui, la désignation d’une communauté par un « exonyme » n’est rien d’autre qu’une manière de l’assujettir ou même de créer une distance sociale.

GROSSIAUX 37(2011) définit l’exonyme comme un nom attribué de l’extérieur à un peuple et souligne les connotations rhétoriques qui en découlent. Il relève que les appellations imaginaires d’un peuple vis-à-vis d’un autre relèvent de l’estime et du mépris. En effet, un peuple estimé aura une appellation valorisante alors que celui sous-estimé se fera par un nom peu valorisant. Ces termes d’identification auraient une incidence sur l’auto détermination d’une communauté.

Les différentes appellations des Baka sont généralement des constructions Bantous. Ces appellations présentent un préfixe de classe ba- et bi-, renvoyant de manière très schématique aux humains pour le premier et aux animaux pour le second. BAHUCHET et al ont répertorié les termes suivants : Babinga38 ou Babènga (soit « ceux de la sagaie »), Bibayak, Bayaka, Bibayaka, Bibaya, Bebayaga, Bangombe et enfin Yaka.

La dernière appellation a la spécificité d’être employée autant par les populations voisines majoritairement bantoues 39 que des Baka eux-mêmes pour se désigner en tant que groupe plus large englobant les Bakola et les Bedzan. Il ne peut s’agir d’ethnie Yaka au sens où l’entend, c’est-à-dire d’une appartenance à un même groupe de populations apparentées sur le plan socioculturel sachant que les Bakola parlent a priori une langue bantou alors que les Baka parlent une langue oubanguienne (BAHUCHET, 1992)40.

37Katerina Seraidari, 2012 « L’Homo Balkanicus en contexte migratoire », Civilisations. Source cairn. Infos

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Serge Bahuchet subdivise les pygmées en trois principaux groupes : les Bambuti(Bambuti, Asua et Efe) localisés à l’est de la République démocratique du Congo, les Babinga(Baka, Bagyéli, Aka et Babongo) situés au sud-ouest du Cameroun, nord du Gabon et du Congo, les Batwa au Rwanda et Burundi, les Baswa au groupe Bambuti en Ouganda ; il reste difficile de prouver la classification des Bedzan qui vivent isolés dans la plaine Tikar au Cameroun, au sein des Babinga.

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L’appellation « Bantou » désigne les locuteurs d’un vaste groupe linguistique qui couvre la plus grande partie de l’Afrique centrale et australe. Il est composé d’environ quatre cent cinquante langues apparentées que MGuthrie a regroupées en seize zones homogènes. J.Greenberg leur assigne à toute la même origine lointaine (les confins du Nigeria et du Cameroun et rattache le groupe bantou à quelques langues parlées sur le golfe de guinée ; il constitue avec celles-ci la famille Bénoué-Congo, qui fait elle-même partie de l’ensemble Niger-Congo. Cette unité linguistique permet de croire que les bantous se sont répandus en un temps relativement court (trois ou quatre millénaires) sur l’espace qu’ils occupent aujourd’hui. Ces agriculteurs furent rapidement en possession des techniques de fer. L’archéologie atteste, en effet, l’existence d’une civilisation de métallurgistes très ancienne dans toute la zone immédiatement au nord de la forêt, du Nigéria jusqu’à la région des grands Lacs (1 millénaire av. J-C).

38 Par ailleurs, d’après BRISSON41 (2004) il existe une autre appellation: kóko, synonyme de Baka. Celle-ci n’a pas été répertoriée dans la région de l’Est Cameroun, seule l’appellation Baka est utilisée.

Les Nzimé utilisent plus l’appellation Bibayaka42 pour désigner les Baka. Et même dans les contes de la socio culture Eton43, le sage de la forêt est appelé Imomoro. La description de ce personnage fait référence à un être aux caractéristiques physiques semblables au Baka. Ainsi donc, toutes ces précisions sur les différentes appellations des peuples étudiés ici peuvent quelques fois signifier une même communauté. La résilience dans le cadre de cette recherche ne peut pas être appréhendée sans la connaissance préalable des populations à l’étude.

Il revient que tous les groupes pygmées (Baka, Bagyély et Bedzan) du Cameroun connaissent les appellations évoquées en amont. Et ces appellations restent usitées au niveau local puisqu’en milieu urbain où une exigence sociale voudrait que les pygmées soient désignés par peuples autochtones ou communautés minoritaires.

Qu’ils soient pygmées, peuples autochtones ou communautés minoritaires, ils font face à un avenir incertain parce qu’ils ont été privés de leurs terres, la plupart étant attribuée à des sociétés internationales d’exploitation forestière et minière, intégrée à des zones protégées, et convertie en parcelles agricoles ou agro-forestières par les agriculteurs Bantous. L’enjeu ici étant la construction d’une nouvelle vie qui tiendrait compte des corollaires de la modernité. En partageant désormais le même espace de vie avec les Bantous, les Baka s’approprient le nouvel espace en redéfinissant leur identité culturelle.

IV PROBLEMATIQUE

L’intensification des pressions sur les ressources forestières, l’accaparement des terres et les politiques d’État-nation visant à uniformiser les cultures du monde ont contribué à rendre plus incertaine la gestion du quotidien des peuples des forêts d’Afrique centrale. En effet, les transformations de nature économique, sociale et environnementale, les affectent avec une gravité accrue. Pour comprendre la dynamique adaptative dans ce contexte, il y a de bonnes raisons de s’intéresser aux minorités ethniques, à leur culture et par extension, à leur devenir, notamment quand il s’agit de peuples écologiquement

41Témoignage : avec les pygmées

42 Terme en bantou qui signifie dur à cuir.

39 vulnérables, c’est-à-dire dépendant au plus près des ressources du milieu naturel, comme c’est le cas des Baka. Il serait illusoire de penser qu’il s’agit là de populations « fossiles » (De QUATREFAGES cité par WARTELLE 2004), figées dans un passé qui nous permettrait d’appréhender, à travers un fonctionnement conservé, le mode de vie des hommes préhistoriques. Qu’il s’agisse des Baka ou d’autres populations dites minoritaires ou « autochtones » à travers le monde, ces communautés ont une conception propre de l’être et de l’agir (CAVALLI-SFORZA et HEWLETT 1982), qui se transforme en fonction d’un contexte écologique et social en mouvement. Elles ont cependant un mode de vie spécifique qui répond difficilement aux normes des groupes majoritaires, lesquels se donnent pour référence les valeurs de la modernité.

D’une manière générale, la situation des chasseurs-cueilleurs dans le monde est plus ou moins identique (SAUGESTAD, 2001:31). Autrefois, les Inuits du Canada, les Sami de Scandinavie44 et les pygmées d’Afrique centrale, avaient des modes de vie nomades, caractérisés de chasse et de cueillette. Ils auraient subi des mêmes traumatismes à partir des transformations socio environnementales (pertes d’espaces ancestraux, braconnage, sédentarisation plus ou moins forcée, discrimination et asservissement de toutes sortes). Ils étaient ainsi condamnés au non résilience. Cependant, aujourd’hui on constate que certains parmi ces chasseurs-cueilleurs s’adapteraient en conciliant les modes de vie traditionnel et moderne (BRIEG45, 2015).

D’ailleurs, les Inuits du Canada ont intégré la modernité tout en militant pour la protection de leur patrimoine culturel. Cette volonté est visible à travers des associations autochtones et centres d’études.

Dans la même optique, les Sami de la Scandinavie46 ont intégré les parlements des pays comme la Norvège, la Finlande, la Russie et la Suède tout en conservant leur patrimoine culturel (HENRIKSEN, 2008) à travers l’élevage des rennes. Ces exemples coïncident-ils avec la situation des Baka du Cameroun?

45 Les voies de résistance autochtone à la colonisation in « Le Tiers-Monde postcolonial », Espoirs et désenchantements, les presses de l’université de Montréal, 2015.

40 La situation des pygmées du Cameroun est devenue une préoccupation sur le plan national et international (BIGOMBE et al, 1999)47. D’une part, la pauvreté est telle qu’elle pourrait aisément justifier le bien fondé des interventions de l’Etat camerounais et de la société civile en matière de développement. D’autre part, la situation observée sur le terrain (2011-2015) se situe au cœur d’un débat inévitable sur le concept de résilience. Nous avons pris acte que la forêt a subi les assauts d’une exploitation effrénée et peu contrôlée. Elle a été transformée en aires protégées, en plantations agro-industrielles et en projets miniers ne laissant aucune chance aux activités culturelles baka, base de leur vie et survie.

En plus, installés dans les villages bantous, les Baka sont obligés de s’arrimer au contexte de modernité, le retour en arrière étant impossible d’autant plus qu’ils ne se montrent pas réfractaires à l’utilisation de biens issus de la technologie moderne tels les ustensiles de cuisine, la literie, la radio, le téléphone portable et l’internet.

Comment les Baka réagissent-ils face aux transformations socio environnementales? Autrement dit, comment s’élabore la résilience des Baka dans le contexte villageois? Ces questions réduisent évidemment nos possibilités de présenter globalement la société baka. Toutefois, il nous permet d’approcher en profondeur les stratégies d’une frange de la population pygmée qui, d’une part, révèle, avec une vigilance particulière, ce qu’elle considère « sien » et, d’autre part, tente systématiquement d’acquérir une relation privilégiée avec l’anthropologue. Pour des raisons que nous expliciterons par la suite, nous considérons que le débat sur la compréhension de la recherche anthropologique par la société locale baka représente une priorité. Orientant notre attention sur certains aspects « tus » des pratiques anthropologiques, nous soutiendrons que les Baka contrôlent l’information qu’ils distillent aux étrangers, et plus particulièrement aux étrangers professionnels, c’est-à-dire aux anthropologues. Par voie de conséquence, les rapports de force entre anthropologues et Baka deviennent l’objet d’une constante négociation.

C’est dans ce sens que notre méthodologie a été constamment revisitée pour saisir la situation réelle des Baka.

47 Les Pygmées du Cameroun face à la Problématique du Développement : Défis, Dilemmes et Incertitudes. L’Harmattan, 1999.

41

V DEBAT AUTOUR DE LA SITUATION DES PYGMEES

L’étude se réserve de débattre des éléments qui caractériseraient la saisie totale de la situation des pygmées du Cameroun. Mais une chose est certaine, des éléments de discussion mentionnés dans ce travail sont d’une part le statut (Adoption de la déclaration des droits des peuples autochtones) des Baka que leur confère l’Etat du Cameroun et d’autre part la volonté de les accompagner à la modernité.

En adoptant la DDPA (déclaration des droits des peuples autochtones), le Cameroun a privilégié sa propre compréhension du terme « autochtone » en fonction de ses spécificités et a relevé sa complexité au sein de l’opinion publique. En effet, c’est en juin 2006 que le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies a proposé l’adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones (DDPA), plusieurs États africains comme le Cameroun ont voté en faveur. La Déclaration a été ainsi approuvée par l’Assemblée générale en septembre 200748 et adoptée officiellement par le Cameroun le 9 août lors de la célébration de la Journée internationale des peuples autochtones, comme acte de réussite et d’espoir pour les peuples nomades.

Dans la même logique, le gouvernement du Cameroun a été l’hôte en 2006, d’un séminaire régional de sensibilisation aux droits des autochtones, organisé par la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) sur le renforcement des droits et l’amélioration de la situation des peuples dits autochtones. Plusieurs instances sous régionales ont d’ailleurs intégré cette vision (la COMIFAC49, la CEEAC50 et le FIPAC51.

A contre-rebours, l’État Camerounais ne reconnaît pas les peuples autochtones dans l’implémentation des activités de reconnaissance des droits d’accès au foncier, de reconnaissance totale de leurs spécificités culturelles. L’argument mis en avant par le gouvernement Camerounais, est que tous les camerounais se sentent chez eux partout. Cette assertion a abouti à une étude sur les peuples autochtones du Cameroun via le

48Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones. Adoptée aux termes de la résolution 61/295 de l’Assemblée générale le 13 novembre 2007. Disponible en ligne sur :

http://www.un.org/esa/socdev/unpfii/documents/drips_fr.pdf.

49 Commission des forêts du bassin du Congo

50 Communauté économique des Etats d’Afrique centrale. 51 Forum international des peuples autochtones.

42 ministère des Relations extérieures (KAMANDA et BIGOMBE, 2009), en vue de débattre efficacement des critères d’identification des peuples autochtones.

L’issue de la première phase de cette étude a fait l’objet de discussions dans le cadre d’un séminaire de validation tenu à Yaoundé en décembre 2011.

Le principe de l’auto-identification, plutôt que celui du premier occupant est un critère fondamental de l’identification des peuples autochtones. Ce principe stipule que les peuples pourraient s’identifier comme autochtones et distincts des autres groupes à l’intérieur de l’État, ce qui apparaît incompatible, pour une nation en quête d’une stabilité interne.

Néanmoins, les critères posés par la CADHP pour identifier les peuples autochtones vont dans la logique de la convention 16952: leurs cultures et leurs modes de vie diffèrent considérablement de ceux de la société dominante, leurs cultures sont menacées, au point de risquer l’extinction dans certains cas précis, la survie de leurs modes de vie particuliers dépend de la reconnaissance de leurs droits et de l’accès à leurs terres et à leurs ressources traditionnelles; ils vivent souvent dans des zones inaccessibles, géographiquement isolées; ils souffrent de diverses formes de marginalisation tant politique que sociale et font l’objet de domination et d’exploitation à l’intérieur des structures politiques et économiques nationales.

Le concept de peuple autochtone colle-t-il toujours à la réalité anthropologique des Baka? Pour BIGOMBE et Kamanda (ibid), la culture des pygmées diffère considérablement des autres, non seulement sur le plan des langues, des coutumes et des traditions, mais aussi du fait que leurs moyens de subsistance et leur identité dépendent de leurs droits sur leurs terres et ressources naturelles traditionnelles.

Cette posture à notre sens ne fait pas automatiquement des pygmées des marginalisés et des discriminés. Peut-être qu’il est inutile de rappeler que le Cameroun compte plus de

52Le premier critère (élément subjectif) est celui de l’auto identification. Selon l’article 1 al 2 de la convention 169 « le sentiment d’appartenance indigène ou tribal doit être considéré comme un élément fondamental ». Le deuxième critère est l’élément historique. Il indique que les peuples indigènes sont les descendants de peuplement d’origine installé sur les terres avant la colonisation ou l’établissement des frontières actuelles. Le troisième critère est

l’élément culturel qui fait reconnaître comme peuples indigènes ceux qui « quel que soit leur statut juridique,

conservent leurs institutions sociales, économiques, culturelles et politiques propres ou certaines d’entre elles ». L’article 1 al 1 para a qui concerne de manière spécifique les peuples tribaux stipule que ce sont des peuples « qui se distinguent des autres secteurs de la communauté nationale par leurs conditions sociales, culturelles et économiques et qui sont régis totalement ou partiellement par des coutumes ou des traditions qui leurs sont propres ou par une législation spéciale »

43 270 univers linguistiques dont l’état de pauvreté qui les caractérise peut amener à conclure que ces individus sont également marginalisés et discriminés. Alors, les Baka ne seraient pas les seuls dans cette situation. Les Bakola qui ont une langue de registre bantou ne sont-ils pas aussi différents des Baka? Autrement dit, le critère de différence linguistique serait-il toujours efficace pour qualifier un peuple d’autochtone?

La critériologie de la CADHP semble incomplète et tendrait à diviser les communautés d’une même niche géographique. Une façon pour l’Etat du Cameroun de rattraper le gap de développement ou d’émancipation entre communautés civilisées et non civilisées en privilégiant les pygmées, ou encore une manière de réparer les préjudices des Etats nations à l’endroit des pygmées dont l’histoire renseigne plusieurs soubresauts. SOCPA dans son ouvrage démocratisation et autochtonie Trajectoires régionales différentes (2003), relevait que c’est la complexité ethnique du Cameroun qui induit aux affrontements des différents groupes et qu’il serait difficile de désigner un groupe d’autochtone.

Au Cameroun la défense des droits des peuples autochtones est exercée dans son ensemble par la société civile et là encore, on note une absence de coordination sur le plan des discours et de l’implémentation d’actions communes. Chaque organisation civile élabore, implémente son plan d’action selon les directives de son bailleur de fonds souvent loin de la réalité sociale du terrain.

De plus, les Baka n’ont pas encore intégré totalement la citoyenneté camerounaise malgré des campagnes d’obtention gratuites des pièces d’identité instaurées par l’Etat Camerounais. Ainsi, beaucoup de pygmées n’accèdent pas à leurs droits judiciaires vis-à-vis de leurs bourreaux. Face à cette ignorance ou négligence des us et coutumes de la société moderne, la défense des droits des pygmées du Cameroun est devenue peu à peu une « sous-traitance » à la charge de la société civile.

En outre, le nombre total des pygmées au Cameroun n’est pas connu des services d’Etat. Le recensement des pygmées depuis 198253 n’a jamais été renouvelé par le gouvernement camerounais. Pour certains responsables d’ONG, l’État du Cameroun fait preuve d’un manque de volonté et préfère mener des actions sporadiques sans conséquence sur

53 D’après les enquêtes auprès des responsables du Minas en 2014. Mais aucune preuve au niveau du Bucrep (bureau des recensements) n’indique un recensement.

44 l’amélioration des conditions de vie des pygmées. Et pourtant, une demande a été formulée au ministère de l’économie, du développement et de la planification pour mener le recensement national des communautés pygmées du Cameroun afin de déterminer leur nombre afin de mieux planifier des actions de développement. Un membre de la coalition ayant participé à la formulation de cette doléance a déclaré ce qui suit:

« Depuis que nous avions introduit notre doléance auprès du premier ministre pour recenser les pygmées du Cameroun, c’est le silence total du gouvernement. Nous n’avons pas de retour jusqu’ici, alors on se demande comment peut-on mener des actions auprès d’une population dont on ne peut pas estimer le nombre. Cette défaillance n’arrange pas les choses sur la plan international de l’amélioration des droits de ceux que l’État a décidé d’ériger en peuples autochtones ».

Ces propos attesteraient de la négligence des autorités camerounaises même si celles-ci pensent que le recensement des pygmées est programmé et n’attend que le financement du FNUAP54. La résilience des pygmées connait donc de profondes difficultés dans sa réalisation.

Dans le même ordre d’idées, le droit camerounais reconnaît officiellement les pygmées Baka comme des citoyens au même titre que les villageois bantous. Désormais semi-sédentaires puisqu’ils deviennent de plus en plus visibles (LOUNG et NGIMA 1986) et se font établir des pièces d’identité pour matérialiser leur rapport à l’Etat camerounais. Cette opération est menée par les autorités administratives, appuyées par des organismes non gouvernementaux.

Ce faisant, les Baka ont également acquis le droit de vote, ce qui leur permet de participer aux différents scrutins et de militer au sein de partis politiques comme le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) parti au pouvoir depuis 28 ans. En effet, même si leur visibilité souffre encore d’une barrière de préjugés, on voit des conseillers