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Chapitre 7 Discussion générale

7.2 Discussion des résultats pour le deuxième objectif de recherche

7.2.3 Antécédents connus

Dans cette section, nous revenons sur les antécédents potentiels présentés dans le cadre conceptuel (chapitre 2). Ainsi, nous traitons les notions de similarité perçue, d’identification et de pertinence personnelles au regard de notre étude.

7.2.3.1 Similarité perçue

La présente étude confirme une fois de plus l’importance de la similarité dans le processus d’empathisation telle qu’étayée abondamment dans les écrits scientifiques (Batson et al., 2005; Pagotto, 2010; West, Magee, Gullett et Gordon, 2014). Dans le contexte de réception des publicités sociales anti-discrimination, la similarité perçue joue un rôle prépondérant et constitue donc un antécédent de la réponse empathique. Comme présenté dans le chapitre 6, la similarité de sexe et la similarité entre le vécu des participants et le scénario médiatisé facilitent toutes les deux la projection dans le scénario publicisé, permettent de mieux comprendre les émotions et, par conséquent, optimisent le partage émotionnel. À ce propos, la participante 52 s’exprime ainsi :

Nos émotions sont ben gros modulées, je pense, par ce que nous-mêmes on vit, alors moi je me rendais compte par mon métier, donc tout le monde qui est en santé là-dedans, ça vient plus me chercher parce que c’est mon domaine. Donc, c’est ça, la fille qui a de la difficulté à trouver une job qui va avoir de la discrimination par rapport à ça, ben j’ai vécu ça, mais dans d’autres situations, fait que c’est sûr que moi, ça vient plus me chercher quand vraiment ça me touche moi très, très personnellement.

Selon ce qui est ressorti de nos entretiens, la perception des similarités offre la possibilité aux participants de mieux comprendre ce que l’autre éprouve, et ce, particulièrement en ce qui concerne la problématique liée à la discrimination ethnique, qu’ils sont moins susceptibles de vivre. « Moi, il y en a une qui m’a vraiment fait réagir parce que les commentaires ressemblaient beaucoup à ma situation

à moi, ça fait que ça a fait “ah dans le fond, tu sais, elle est comme moi”. Je ne me suis jamais fait discriminer à cause de ma race, mais c’est la même chose », affirme P58F.

Au surplus, la similarité perçue semble favoriser et faciliter la prise de perspective. Une de nos participantes explique que c’est notamment en raison d’un manque de similarités entre elle et un personnage que ses capacités de prise de perspective se trouvent entravées : « […] la personne qui était obèse, […] j’ai de la difficulté de me mettre dans sa peau, je ne suis pas obèse, donc je ne sais pas ce que ça serait » (P17F). Il en va de même pour l’empathie affective et tout ce qui a trait au partage des états émotionnels d’autrui. « Ben c’est sûr que quand c’est un fait vécu, c’est plus facile de ressentir une émotion de l’autre, puis de se mettre dans la peau de cette personne-là, je dirais ça en général », soutient P35F.

Le retour sur la littérature en vue de l’interprétation des résultats nous amène au constat que ces résultats sont semblables à ceux présentés par Israelashvili (2016). Cet auteur s’est penché sur deux types de similarité pouvant avoir un effet sur l’intensité de l’empathie ressentie envers autrui. Les résultats de son étude mettent en relief que la similarité interpersonnelle basée sur la similarité de caractéristiques et la similarité interpersonnelle basée sur les expériences partagées ont toutes les deux une incidence sur l’intensité de l’empathie éprouvée. Plus précisément, chacune des similarités peut susciter l’empathie indépendamment, mais c’est la combinaison des deux qui est particulièrement efficace pour intensifier le niveau d’empathie ressentie.

En ce qui a trait aux relations intergroupes, une étude rapporte que le fait de manipuler les perceptions de similarité entre les personnes appartenant aux différents groupes ethniques motive les groupes à interagir et améliore les interactions subséquentes (West et al., 2014). Les résultats de cette étude dévoilent également que le fait de manipuler la similarité perçue a de nombreux bénéfices pour les relations intergroupes puisque la similarité perçue 1) amoindrit l’anxiété au cours de l’interaction, 2) permet de maintenir un intérêt pour un contact soutenu et 3) favorise une meilleure perception des intentions relationnelles de la personne appartenant à l’exogroupe.

Il est aussi intéressant de noter que, contrairement aux résultats présentés ci-dessus, d’autres chercheurs sont arrivés à la conclusion que la similarité d’expérience, au lieu de susciter de l’empathie, conduit plutôt vers la détresse personnelle (Israelashvili, Sauter et Fischer, 2020). Rappelons que la détresse personnelle correspond à une réponse émotionnelle de malaise et d’inconfort. Contrairement

à l’empathie, la détresse personnelle est une réaction émotionnelle orientée vers soi qui se caractérise par la motivation égoïste d’alléger sa propre souffrance (Batson et al., 1987).

En dépit de ces résultats mitigés, dans le contexte de notre étude, la similarité perçue facilitait la prise de perspective et favorisait le partage des émotions.

7.2.3.2 Identification

Dans le contexte de notre étude, l’identification semble étroitement liée à la similarité perçue. En effet, nos participants nous ont rapporté qu’ils étaient en mesure de s’identifier après avoir établi qu’il y avait assez de points en commun entre leurs propres vies et les scénarios médiatisés. Comme l’illustre P46F :

Dans le fond, je ne me rappelle pas vraiment c’était dans quelle pub, c’était la fille noire qui sortait avec ses amis, puis se fait dire « tu ne peux pas rentrer au bar ». Je trouvais que ça n’avait tellement pas de bon sens, puis qu’une affaire aussi niaiseuse, tu sais. Puis je ne sais pas si c’est parce que, tu sais, on est comme tous sensibles quand on ne se sent pas adéquats ou quand on se sent rejetés. Ça fait quelque chose en dedans, ça fait comme une boule, puis je me suis dit on dirait que ça doit être ça qu’elle ressent, tu sais, le rejet, je sais c’est quoi. Puis de se sentir pas à sa place, je ne sais pas, mais c’est vraiment venu me chercher. Je me suis identifiée à elle, puis je me suis dit mon dieu si ça m’arrivait, je ne serais pas capable de dormir pendant trois jours, j’aurais mal au ventre. En appui, P34F mentionne ceci :

Ouais, ce que je trouvais intéressant dans la deuxième partie, je regardais et je me disais c’est des situations que je n’ai personnellement jamais vécu, donc c’est difficile de m’identifier. Par contre, quand ils nous ramènent à l’idée de ben là je suis cuisinier, puis je suis père de famille, puis j’aime les comédies romantiques, je me dis ben oui. Dans le fond, ils ont leur petite vie, puis au-delà d’où ils viennent, peu importe, ils ont un paquet de traits que je pourrais ou non partager avec eux. Pour l’identification, ça c’était bien fait. En fait, l’identification suppose une fusion entre sa propre identité et celle d’autrui et constitue, comme le suggère Cohen (2001), « […] an imaginative process through which an audience member assumes

the identity, goals, and perspective of the character » (p. 261). Il est toutefois important de préciser que la plupart des études qui ont étudié le concept d’identification l’ont fait dans un contexte de persuasion narrative (de Graaf, Hoeken, Sanders et Beentjes, 2012; Igartua, 2010) ou dans le contexte du cinéma et de la télévision (Gaut, 2010), où les récepteurs ont davantage de temps pour déployer leurs habiletés empathiques. En faisant un retour sur la littérature, nous arrivons au constat que dans les films et les romans, les caractéristiques individuelles des personnages sont assez développées pour que les

récepteurs puissent se les approprier, ce qui permet également aux récepteurs de fonder une relation d’attachement avec les personnages fictifs (Igartua, 2010).

Par ailleurs, les recherches qui ont étudié le concept d’identification dans le contexte publicitaire sont plutôt rares et celles qui s’y sont intéressées proposent une définition de la notion d’identification qui s’apparente largement à ce que d’autres chercheurs ont nommé prise de perspective (dimension cognitive de l’empathie, abordée à la section 2.3.1). Les publicités étant de durée limitée, il est donc possible que nos participants n’aient tout simplement pas eu le temps de s’engager dans des opérations complexes inhérentes à l’identification. D’ailleurs, il a déjà été suggéré que la durée des contenus médiatisés influence leur potentiel à susciter des réponses empathiques, en ce que ceux d’une plus courte durée sont moins susceptibles de générer de l’empathie, étant donné la complexité des opérations que ce processus émotionnel requiert (Escalas et Stern, 2003).

Il se peut également qu’en raison de l’ambiguïté conceptuelle précédemment évoquée, il soit plus difficile de repérer les extraits des témoignages où les participants réfèrent explicitement à l’identification et non à la similarité perçue ou la prise de perspective. En somme, considérant les observations citées ci-dessus, il nous est impossible de conclure que l’identification constitue un antécédent de la réponse empathique dans le contexte de notre étude.

7.2.3.3 Pertinence personnelle

Chez nos participants, la pertinence personnelle s’est traduite par le lien qu’ils faisaient avec un vécu personnel. À titre d’exemple, les personnes ayant subi ou ayant observé quelqu’un de proche (p. ex. : ami, membre de la famille) subir une forme de discrimination (p. ex. : discrimination à caractère sexuel, intimidation en raison du surpoids, etc.) étaient plus enclines à attribuer une importance personnelle à la discrimination ethnique. Par contre, dans ce sens, le concept de pertinence personnelle se recoupe souvent avec celui de similarité perçue (similarité de l’expérience) et il est parfois difficile de les différencier dans les propos des participants. Par conséquent, les participants liaient souvent la pertinence qu’ils accordaient à la discrimination ethnique à leurs expériences d’intimidation ou de discrimination pour motifs autres que l’ethnicité. P02F fournit un exemple :

Je considère que c’est [la discrimination ethnique] un problème important. Pour l’avoir vécu, je sais c’est quoi. J’ai déjà été en relation avec une fille, puis c’est extrêmement pénible le regard des autres. C’est fort là. Comme là, ben, c’était un étranger dans un parc [fait référence à la publicité], mais c’est quand même ça, donc justement encore une fois pour l’avoir vécu, c’était très facile pour moi de savoir exactement ce qu’ils ressentaient et de me mettre dans leur peau.

De manière similaire, la participante 23 offre une explication intéressante :

Moi je m’intéresse beaucoup à la cause animale, c’est complètement, ça n’a pas rapport avec ça, mais on se rend compte que les gens qui vont être empathiques à la cause animale, ça va souvent être les homosexuels, les femmes qui ont vécu la discrimination [I : À la cause animale, ah oui?]. Oui, à la cause animale parce que c’est une question d’empathie encore.

Le participant 54, manifestement bouleversé en raison de la discrimination subie par son fils, s’exprime en ces mots :

Comme moi j’ai mon gars, le plus vieux, qui est allé passer un an à Madrid […] puis, il a senti la discrimination. Il dit « r’garde, il n’y a rien à faire là, je ne suis pas un Espagnol, je ne fais pas partie de la gang ». Puis, tu sais, tu es là, pas avec une différence, là, un Québécois puis un Espagnol, là, tu sais, tu n’es pas un Blanc puis un Noir ou chose du genre. Tu sais, je veux dire tant qu’il ne parle pas, il a l’air de n’importe qui là-bas. C’est épouvantable! Discrimination incroyable! Alors, son expérience m’a fait voir la discrimination autrement. Ça m’a ouvert les yeux!

À la lumière de ces exemples, nous sommes d’avis que la pertinence personnelle constitue un antécédent de la réponse empathique en contexte anti-discrimination. En effet, le fait d’accorder une importance à la problématique liée à la discrimination, dans ce cas-ci à l’intimidation, se transpose à la discrimination ethnique et, par conséquent, favorise l’émergence de l’empathie envers la problématique en question et les personnes pouvant la subir.

7.2.4 Antécédents nouveaux

Sans revenir en détail sur ce que nous avons déjà présenté dans l’article How to foster empathy in

anti-discrimination initiatives? Implication for social interventions - A qualitative approach (chapitre 6), nous exposons ici les principaux constats et les appuyons par les propos de nos participants. Étant donné que les nouveaux antécédents, soit les expressions faciales, la vulnérabilité et les invariants/humanité commune, sont présentés et amplement discutés dans le chapitre 6, nous n’énonçons que très succinctement les principales conclusions.

7.2.4.1. Expressions faciales

Dans le contexte de la présente étude, les expressions faciales constituent un antécédent important de l’empathie. Comme déjà réitéré à maintes reprises dans de nombreuses études (Besel, 2006; Dimberg, Andréasson et Thunberg, 2011; Mandal et Awasthi, 2015) et confirmé par nos participants, les expressions faciales constituent d’importants communicateurs d’émotions. Ce constat rejoint les propos de Pacherie (2004), qui souligne qu’avant que le déclenchement de l’empathie puisse se

produire, nous avons besoin de comprendre ce que l’autre éprouve. Au surplus, Tiedens (2001) mentionne que « people seem to believe that emotional expressions are diagnostic of the social

position of the expresser » (p. 87). À cet effet, les participants ont souligné que les publicités où l’émotion se manifestait clairement étaient celles qui leur permettaient de se transposer plus facilement dans les scénarios médiatisés et de partager les états émotionnels des protagonistes. Toutefois, il est à noter que ce ne sont pas toutes les expressions faciales qui sont susceptibles de favoriser une réponse empathique. À ce propos, mentionnons que les émotions positives (p. ex. : la joie et la fierté) créent plutôt un détachement vis-à-vis des personnes qui manifestent ces émotions. Comme l’explique P35F :

Ben quand c’était plus positif, que justement je voyais que les gens avaient comme réussi, qu’ils avaient une compagnie, ben j’étais plutôt neutre par rapport à ça, alors que quand c’était plus négatif, surtout dans les vidéos qu’on voyait, là de feeler les émotions, c’était plus facile oui parce que justement ça vient plus te chercher.

Ce résultat va plutôt à l’encontre de ce qui est présumé par rapport à l’empathie. En effet, bien que les études se penchent souvent sur l’empathie dans des contextes plutôt négatifs, les chercheurs stipulent que l’empathie peut tout autant se produire dans des contextes positifs, c’est-à-dire lorsque la personne éprouve des émotions positives telles que la joie et le bonheur et vit des événements plaisants (Lazarus, 1991; Morelli, Lieberman et Zaki, 2015). Dans le contexte de notre étude, les participants avaient plus de facilité à déployer leurs habiletés empathiques envers la tristesse, la peine et la souffrance des protagonistes – ce résultat étant également confirmé par les analyses quantitatives portant sur le cadrage des émotions, où les publicités négatives ont obtenu des scores plus élevés. L’empathie envers les gens se trouvant dans des situations positives est davantage facile à éprouver lorsqu’il s’agit de personnes connues. Comme nous l’explique la participante 20 : « […] on dirait que le bonheur se partage mieux quand je connais la personne […] mais que le malheur, je n’ai pas besoin de connaître la personne pour être tout de suite empathique ».

Toutefois, ce ne sont pas non plus toutes les émotions négatives qui suscitent de l’empathie. À titre d’exemple, la colère constituait un frein à l’empathie. Plus précisément, l’expression faciale de la colère conduit plutôt à l’éloignement chez les participants. La colère étant une émotion défensive, la personne qui l’exprime amène plutôt les autres à prendre conscience de leur méfait et à entreprendre des réparations (Batson et al., 2007; Lazarus, 1991). Ainsi, il est possible que nos participants n’aient pas ressenti le besoin de déployer leurs capacités empathiques et de prendre le rôle de protecteur ou de défenseur, qui est plutôt associé aux expressions de fragilité et de vulnérabilité (Nasielski, 2009).

7.2.4.2 Vulnérabilité/Conscience de la discrimination

Ayant été conclu précédemment que la colère constituait un frein à l’émergence de l’empathie, les scénarios mettant en relief la vulnérabilité et la fragilité des personnes discriminées, a contrario, favorisent l’émergence des réponses empathiques. Comme rapporté par nos participants, la perception de l’injustice, mais surtout de la vulnérabilité de la personne affligée, les motivait à se mettre à sa place et à éprouver du souci empathique à son égard.

Ce résultat est cohérent avec les résultats des études antérieures qui mettent en exergue que les gens sont plus enclins à être empathiques envers les personnes qui sont perçues comme vulnérables, notamment en raison de la tendresse qui est éprouvée à leur égard, tendresse qui est, à son tour, accentuée par le désir de les protéger (Dijker, 2001; Dijker, 2010). Comme l’avance Dijker (2014), cette protection peut se manifester de manière plutôt symbolique, par exemple en éprouvant des émotions plus fortes pour ces personnes-là, notamment la compassion et l’empathie.

Cependant, la plupart des études qui se sont penchées sur la vulnérabilité se sont intéressées à son pouvoir à susciter de l’empathie, de la pitié et de la tendresse envers les enfants (Dijker, 2001), les adultes ayant des faiblesses/incapacités (Lishner, Oceja, Stocks et Zaspel, 2008) ou les animaux (Paul, 2000). Dans le contexte de notre étude, une seule publicité mettait en scène les enfants et la plupart des protagonistes étaient des adultes qui ne présentaient pas de faiblesses physiques visibles pouvant les catégoriser de vulnérables. La vulnérabilité y est exacerbée plutôt en contraste avec la colère, comme évoqué à la section précédente. Plus précisément, la vulnérabilité des protagonistes dans notre étude était mise en relief lorsque ceux-ci avaient l’air « abattus » (P07H), « inoffensifs » (P36F) et « souffrants » (P31F). Notre étude permet d’apporter ici une nuance pertinente quant à la vulnérabilité et à son rôle dans le déclenchement du processus d’empathisation. Plus précisément, pour nos participants, la vulnérabilité était associée à la conscience de la discrimination (c.-à-d. les protagonistes se rendent compte qu’ils sont victimes de la discrimination et ils en sont visiblement affectés, p. ex. en manifestant de la tristesse). En adéquation avec les propos des participants, nous avons traité la conscience de la discrimination comme une fonction de la vulnérabilité. En effet, il ressort de ces propos que la vulnérabilité réside dans la conscience de la discrimination et devient davantage exacerbée lorsque les protagonistes manifestent de la tristesse et de la souffrance. De plus, les protagonistes devaient manifester de la souffrance ou de la tristesse pour que nos participants éprouvent de l’empathie à leur égard :

Plus les gens sont dans une situation de vulnérabilité, plus ça va venir me chercher parce que justement ça devient vraiment des victimes et, tu sais, victimes d’une injustice, en plus. Ils ne peuvent pas changer leur couleur et leur apparence. Comme tu dis, P30F, on a vraiment l’effet direct d’un message, puis des conséquences de tout ça, ça fait que c’est plus parlant à ce moment-là. Parce que, justement, si la personne reste de marbre, ben on peut penser que ça ne l’affecte pas du tout, mais au contraire, probablement que rendue chez elle, elle va se mettre à pleurer et tout ça, mais si on ne le voit pas, c’est comme si elle n’était pas victime. (P31F)

7.2.4.3 Invariants/Humanité commune

Les résultats de la présente recherche démontrent que le fait de mettre de l’avant l’humanité commune a une incidence positive sur les réponses empathiques. À nos yeux, ce concept fait écho aux études faites en intervention interculturelle où l’on cherche à favoriser le rapprochement intergroupe à partir des invariants communs (Stephan et Finlay, 1999; White et Gratton, 2017). Dans le contexte de ces interventions, les invariants sont définis comme étant des phénomènes qui existent dans toutes les cultures (p. ex. : aimer ses enfants) et leur identification permet de reconnaître l’humanité commune entre les groupes.

Au-delà de la similarité perçue qui renvoie aux caractéristiques individuelles et subjectives (p. ex. : les passe-temps et les intérêts en commun), les invariants réfèrent aux valeurs universelles qui sont