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et met en œuvre des critères précis de validation » ; d’autre part, « elle élabore des méthodes qui lu

POSITIVISME CONSTRUCTIVISME Finalité

I.4. Aménager les territoires

I.4.1. La planification à la française à partir des années

I.4.1.1 Des années 50 au milieu des années

« L’aménagement du territoire est la recherche dans le cadre géographique de la France, d’une meilleure répartition des hommes, en fonction des ressources naturelles et des activités économiques (…). Cette recherche est faite dans la constante préoccupation de donner aux hommes de meilleures conditions d’habitat, de travail, de plus grandes facilités de loisirs et de culture1 ».

Suite aux destructions dues au second conflit mondial, une politique de reconstruction se met en place en Europe. La France suit cette voie, soutenue par une aide américaine importante dans le cadre du plan MARSHALL. La centralisation et l’implication de l’Etat sont anciennes et se trouvent renforcées par le nouveau contexte idéologique. Influencé par la situation en U.R.S.S. et en Europe de l’Est, cela se traduit par la mise en place d’une planification. L’engagement de l’Etat fait qu’une géographie

volontaire voit le jour, soutenue par une forte croissance économique. C’est aussi

pendant cette période que le processus d’urbanisation entraîne un étalement spatial des villes, le territoire urbanisé évoluant de 7,7% de l’ensemble en 1954 à 14% en 1975.

La confiance dans le progrès technique est importante (le positivisme scientifique domine largement) et l’industrie représente le secteur moteur de tout développement économique. Reposant sur une idéologie fonctionnaliste, l’aménagement du territoire consiste alors à créer un développement équilibré, harmonieux du territoire. Paru en 1947, l’ouvrage de J.-F. GRAVIER2, Paris et le

désert français, sert de référence, mettant en avant des disparités fortes dans le

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E. CLAUDIUS-PETIT, ministre de la reconstruction et de l’urbanisme. Cité par Cl. LACOUR, A. DELAMARRE, « 40 ans d’aménagement du territoire », La documentation française, Paris, 2ème édition, 2005, 153 pages, p. 10.

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territoire. Représentant l’acteur dominant pendant cette période, l’Etat prend acte d’un déséquilibre entre la capitale et la province. Le cadre territorial servant de référence étant l’espace national, les surplus financiers générés par la forte croissance économique seront utilisés dans ces limites et se traduiront dans différentes mesures. Sans nous lancer dans une énumération chronologique précise, nous pouvons proposer un certain nombre d’idées directrices.

Le cadre théorique de référence s’articule autour de la notion de pôle de croissance développée par l’économiste F. PERROUX. Ce principe de polarisation spatiale devant entraîner des effets sur les autres domaines économiques sera mis en œuvre selon deux grands axes. Il s’agit tout d’abord de contrôler la croissance de Paris. Au niveau économique, des mesures sont mises en place pour dissuader toute extension ou installation d’entreprise en région parisienne en créant une procédure d’agrément (1955), en instaurant une redevance à acquitter (1960, en cas d’accord pour s’installer en région parisienne), en versant des primes pour tout emploi créé hors de la région parisienne. Au niveau humain, il s’avère nécessaire de maîtriser la croissance de la population parisienne1. Une politique volontariste est mise en place et se traduit par la décision de créer 5 villes nouvelles2 pour fixer la population sur des sites choisis le long de grands axes de développement tangents à la capitale.

A l’échelle du territoire, le second axe envisage des politiques plus globales, destinées à atténuer le contraste entre les parties est et ouest du territoire (de part et d’autre d’une ligne Le Havre / Marseille). Pour renforcer et rééquilibrer l’armature urbaine, il est décidé de créer 8 métropoles d’équilibre pouvant fournir à la population et aux entreprises de leur région les services de haut niveau qu’elles allaient chercher auparavant jusqu’à Paris. Leur desserte routière et ferroviaire est aussi améliorée dans le cadre de la création de nouvelles infrastructures ayant un effet structurant sur le territoire. En 1968, le projet de construction d’un aéroport international est décidé à Lyon-Satolas ; en 1970, il s’agit du schéma des télécommunications ; en 1972, c’est le schéma directeur des liaisons routières et des aéroports.

Pour mettre en œuvre cette politique spatiale, l’Etat dispose de différents leviers. Au niveau financier, les transferts se font de la capitale vers la province. Au niveau administratif, des structures spécifiques chargées de dossiers ciblés sur des

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En 1960, les prévisions sont de 14 millions d’habitants pour l’an 2000.

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Il s’agit de Cergy-Pontoise, Evry, Marne la Vallée, Melun Sénart, Saint Quentin en Yvelines. Quatre autres villes nouvelles sont créées à Villeneuve d’Ascq (Lille), L’Isle d’Abeau (Lyon), Ouest Provence (Marseille), Val de Reuil (Rouen). La démarche mise en place en France n’est pas novatrice, des exemples précédents ayant été développés en Grande Bretagne dès la fin des années 1950 (Crawley et Milton Keynes près de Londres), aux Pays Bas à partir de 1960, ainsi qu’en Suède (Vaïlingby dans la banlieue de Stockholm), Finlande et Espagne.

projets précis sont créées, à charge pour elles de proposer, évaluer et suivre les dossiers. Il s’agit par exemple des Organismes d’Etude des Aires Métropolitaines (O.R.E.A.M.) en 1966. A noter que des géographes ont participé, en qualité d’experts, aux travaux de ces entités. L’Etat dispose aussi du levier législatif qui permet d’orienter durablement des décisions : la loi d’orientation foncière du 30 décembre 1967 aura des répercussions importantes car elle instaure un zonage strict du sol avec la création des Plans d’Occupation des Sols (P.O.S.) et une démarche prospective avec la mise en place de Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme pour les unités urbaines de plus de 250 000 habitants. Afin d’orienter ses actions, l’Etat a aussi besoin de structures décentralisées : en 1964 sont organisées 21 circonscriptions d’action régionale qui seront transformées en établissements publics régionaux en 1972.

Cette première période correspond à une époque faste pendant laquelle les questions abordées tournent autour de la répartition des surplus de la croissance et des transferts financiers entre les différentes parties du territoire. Les choix réalisés laissent percevoir une volonté de rééquilibrage très forte du territoire par la création d’équipements structurants en province. Pour autant, cela ne remet pas en cause le système de la planification à la française dirigé de haute main par l’Etat central.