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et met en œuvre des critères précis de validation » ; d’autre part, « elle élabore des méthodes qui lu

POSITIVISME CONSTRUCTIVISME Finalité

I.4. Aménager les territoires

I.4.1. La planification à la française à partir des années

I.4.1.2 Des années 70 au années

« Un territoire doté d’un marché du travail abondant en offre de travail qualifié, en laboratoires de recherche-développement, en structure de transferts technologique dispose des éléments peut être les plus prisés dans la course généralisée à l’assurance-crise1 ».

Avec le ralentissement de la croissance, le contexte économique change. Dans le même temps, l’intrusion de nouveaux acteurs, comme la région, dans le jeu de l’aménagement fait prendre conscience de l’existence de différentes échelles d’intervention. Au niveau institutionnel, la Communauté Economique Européenne (C.E.E.) devient un partenaire important. Parmi les acteurs économiques, des entreprises multinationales raisonnant à un niveau mondial influent par leur comportement sur les politiques d’aménagement nationales et locales.

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J. P. GAUDEMAR, « L’aménagement du territoire », dans A. BAIILY, R. FERRAS, D. PUMAIN, ibidem, p. 1043.

Rapidement des effets spatiaux différenciés apparaissent, ce qui entraîne une révision des politiques précédemment engagées et la nécessité de trouver des solutions à long terme pour requalifier le territoire. Les infrastructures physiques ne sont plus seulement nécessaires pour désenclaver les espaces : les treillages doivent être rationalisés, les connexions intermodales mieux articulées afin d’augmenter la fluidité des trafics1. Le sol doit être reconverti pour effacer les friches (urbaines, industrielles) et réaffecté pour de nouvelles activités économiques ou de loisirs2. Mais surtout, la sphère sociale fait une entrée en force sur le devant de la scène : ce sont les personnes qu’il faut requalifier. C’est dans le nord et l’est de la France touchés par la désindustrialisation que la formation continue est mise en place pour augmenter les compétences d’une main d’œuvre jeune, mais de bas niveau de formation, au chômage. Au niveau national, l’effort se porte aussi sur les formations initiales et continues, ainsi que sur le potentiel de recherche et les possibilités de transferts de technologies.

De nouvelles références idéologiques sont alors trouvées pour penser un

développement local et territorial3. Cela résulte d’une prise de conscience de la part

des acteurs qui localement refusent d’être exploités par des intérêts nationaux et/ou multinationaux. C’est aussi la recherche d’une plus grande autonomie des territoires, la mise en avant d’identités afin de limiter les effets (jugés pervers alors) du progrès technique. Des contre modèles de développement s’affirment, avec comme première richesse les habitants qui ont une volonté commune de construire un projet pour leur territoire. Des expériences étrangères (la Californie, l’Autriche) sont mises en avant. Cependant, ces exemples référents correspondent à des espaces innovants et sont sous tendus par l’hypothèse qu’il existe des ressources localement et des acteurs locaux organisés. Dans une France où la tradition régalienne et centralisatrice est forte, cela implique un changement politique important.

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Cela se traduit par un certain nombre de mesures, à différentes échelles : en 1977, des schémas régionaux de transports sont réalisés ; en 1981, le T.G.V. sud est entre en service ; en 1983, le schéma directeur des autoroutes, de leurs prolongements et des grandes liaisons est mis en place. En 1987, l’Etat relance la politique des infrastructures de communication.

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Ce sont par exemple les mesures liées : à la politique des villes moyennes (de 1973 à 1979) qui incitera à la réhabilitation des centres villes, des espaces commerciaux et piétonniers ; à la conversion des zones sidérurgiques en 1978 puis en 1982 ; la commission nationale pour le développement social des quartiers en 1981.

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Cette expression est intéressante car elle recouvre des réalités diverses selon le sens qui lui est attribué. Une vision positive la place comme synonyme d’aménagement du territoire, elle devient une philosophie. Dans un second sens, cela correspond à un aspect technique et financier permettant de comparer les collectivités locales entre elles. Un dernier sens, lourd des échecs de précédentes politiques, signifie les ultimes solutions proposées à des espaces en grande difficulté.

L’Etat, acteur jusque là dominant, doit modifier ses propres conceptions avec l’intrusion de nouveaux acteurs. A un niveau infranational, ce sont les régions qui commencent à prendre un peu de consistance. A un niveau supranational, c’est la C.E.E., qui, par l’intermédiaire du Fond Européen de Développement Régional (F.E.D.E.R.), créé en 1975, finance des actions en faveur de régions rencontrant des problèmes de redéveloppement (comme les bassins charbonniers) ou de concurrence1. L’intrusion du niveau européen dans le jeu des acteurs de l’aménagement du territoire se fait aussi à partir d’images fortement médiatisées. La

banane bleue, issue des travaux de R. BRUNET dès 1973, fait une entrée en force

dans les représentations spatiales des aménageurs, lorsque parait, sur commande de la C.E.E., l’ouvrage « Les villes européennes »2. Cette métaphore servira de repères (qu’elle soit adoptée ou récusée) pour positionner les villes et territoires français à l’échelon européen.

Pour conforter une place économique forte, l’Etat engage aussi des politiques innovantes. Les nouvelles technologies sont porteuses d’avenir. Elles ne sont plus liées aux mêmes contraintes de localisation3 que les industries de la génération précédente. Cela se traduira, outre un effort continu sur les infrastructures de transport, par la création de pôles d’innovation. Les technopôles4, censés favoriser une

fertilisation croisée en développant les relations entre les mondes de l’entreprise, de la

recherche et des universités, doivent améliorer la compétitivité des entreprises. Le parc d’activité de Valbonne Sophia-Antipolis, la Zone d’Innovation et de Recherches Scientifiques et Techniques (Z.I.R.S.T.) de Meylan seront pionniers dans ce domaine et visités par de nombreux élus souhaitant adapter chez eux ces réalisations.

Les combinaisons d’échelle qui interviennent amènent aussi des révisions de politiques. La volonté de freiner le développement de la capitale est inversée à partir des années 1980. L’attention portée aux villes moyennes diminue et les efforts portent sur la capitale. Après avoir constaté son affaiblissement suite aux politiques

1

A partir de 1985, avec l’adhésion de l’Espagne et du Portugal, les Programmes Intégrés Méditerranéens (P.I.M.) sont mis en place. En France, il concernent les régions situées au sud d’une ligne Bordeaux / Grenoble.

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R. BRUNET, « Les villes européennes », Datar-Reclus, Paris – Montpellier, La Documentation Française, 1989.

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« A partir du moment que les conditions de vie, de recherche et de travail sont favorables, qu’il existe

un esprit d’innovation permanent et que l’on est à proximité d’une grande ville mondiale ou internationale par des infrastructures routières ou par T.G.V. ». Cl. LACOUR et A. DELAMARRE,

ibidem, p. 60.

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Ces aménagements sont issus du modèle californien de la Silicon Valley développé à partir de la fin des années 1960 autour d’entreprises de semi-conducteurs et d’informatique.

précédentes, il s’agit de la repositionner dans la concurrence entre villes à vocation mondiale, d’autant plus qu’elle se trouve à l’écart de la banane bleue.

Au cours de cette période, une différenciation plus forte entre les acteurs apparaît, ce qui nécessite de repenser leurs relations. Pour certains auteurs,

« en provoquant l’ajustement structurel du territoire, la crise a peut être ainsi provoqué un ajustement démocratique1 ».

La période qui suit verra un renforcement de cette démarche, puisque la place de l’Etat devra être redéfinie, en tenant compte des télescopages d’échelle, dus à une politique de décentralisation au niveau infranational et aux effets de la mondialisation à un niveau global.