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Chapitre 3 Le travail collectif : objets d’études fondamentaux, problématique fondamentale, modèle théorique général

2.2. Activités collectives et collectifs

L’activité collective peut être envisagée comme l’ensemble des actions / interactions

des membres du collectif, en vue d’atteindre un but commun (ce qui n’empêche pas des buts et tâches différenciés). Comprendre l’activité collective en situation de travail nécessite également l’analyse des représentations (Vaxevanoglou et al., 1993). En particulier, comprendre la structuration et le fonctionnement des collectifs nécessite l’analyse des

représentations sociales du but à atteindre : cette analyse fournit la signification collective

de l’activité. Autrement dit, la dynamique sociale et psychologique sont les deux faces du travail coopératif (Cahour & Pemberton, 2001). Par exemple, concernant les métiers de service aux personnes, l’élaboration et/ou la re-élaboration des représentations des situations, des plans d’action et des règles constitue une part essentielle des activités individuelles et collectives des « prestataires de service » pour adapter leurs actions aux circonstances et assurer la qualité de service attendue (Caroly & Weill-Fassina, 2007).

Pourtant, les processus représentationnels ont été souvent négligés. En effet, « la plupart des études sur le travail coopératif sont centrées sur la partie « claire » de l’activité et analysent les mécanismes observables et explicites de la coordination, ceux qui peuvent être perçus et modélisés relativement aisément. » (Cahour & Pentimalli, 2005, p.50). Mais à l’inverse, l’analyse des représentations n’exclut pas l’analyse des actions et même implique cette analyse des actions. Les représentations en partie communes permettent des actions collectives. Par le biais des communications et des dynamiques de groupe, les actions et les représentations interagissent, ce qui permet une coordination interindividuelle des actions.

appellations : référentiels communs, connaissances communes, awarness... Par exemple, en s’inspirant du courant Computer Supported Cooperative Work, l’awarness 12 de l’activité des collègues, a été définie comme le fait de rendre l’activité des autres explicite et visible dans des collecticiels de sorte à savoir ce que les autres sont en train de faire (Cahour & Pentimalli, 2005). Mise en place à la marge de l’activité principale, l’awarness n’inclut pas seulement les activités explicites et visibles, mais également les compétences implicites et subtiles des acteurs qui font attention à ce qui se passe autour d’eux via les différentes modalités sensorielles. De façon comparable, les travaux relevant des modèles de l’action située, inspirés par l’ethnométhodologie et en rupture avec les conceptions cognitives et psychologiques traditionnelles qui utilisent les notions de représentation partagée et de but commun pour rendre compte du travail collectif, ont cherché à rendre compte du travail collectif par la mise à jour des processus interactionnels et communicationnels variés (Grosjean, 2005) (voir par exemple Pavard, Benchekroun, & Salembier, 1990 ; Heath, & Luff, 1994 ; Joseph, 1994 ; Goodwin, & Goodwin, 1997 ; Health, Svensson, Hindmarsh, Luff, & Vom Lehn, 2002 ; Grosjean, 2004, cités par Grosjean, 2005).

Ainsi, envisager le plan des représentations ne doit pas conduire à négliger les

actions, les interactions et l’émergence de propriétés dynamiques collectives :

« L’analyse de l’émergence sociale des arrangements collectifs, et de la gestion cognitive individuelle de la situation de travail sont des points de vue différents et complémentaires sur une même situation (…) La façon opportuniste et flexible dont les acteurs adaptent leurs actions aux contingences de la situation immédiate a été soulignée par Suchman (1987) et par Lave (1988) ; cet auteur critique l’approche cognitive traditionnelle qui surestime selon lui le rôle des plans et des représentations mentales comme déterminant la conduite individuelle. (…) l’organisation de l’action située est une propriété émergente de l’interaction qui se déploie dynamiquement entre les acteurs, et entre les acteurs et l’environnement de leurs actions (Suchman, 1987 ; Lave, 1988 ; Nardi, 1996). (…) la conscience périphérique de l’environnement humain et artefactuel a une fonction opérationnelle mais aussi interpersonnelle : elle est utile pour une allocation flexible des tâches et pour l’articulation efficace du travail mais elle est également nécessaire pour les relations sociales du groupe de collègues et pour la cohésion interne de ce groupe. » (Cahour

1

Malaisément traduit par Cahour et Pentimalli par « conscience périphérique ». Le terme d’awarness est ici préféré. 2

Cahour et Pentimalli notent que l’awarness peut se comprendre en référence aux notions de canaux d’activité secondaire (Goffman), aux variations d’attention, d’active à passive, et des foyers simultanés (Husserl), ou à l’idée en psychologie cognitive de ce qui est potentiellement accessible par les sujets (notion d’activité pré-réflective de Piaget, notion de manifesteté de Sperber et Wilson (1986))

& Pentimalli, 2005, p.72).

L’activité collective est en « premier » lieu opérationnelle, mais elle est multidimensionnelle : cognitive, sociale, intersubjective, opérationnelle, technique,

physique. Concernant l’ensemble de ces dimensions, une activité collective au sens strict peut

être distinguée d’une activité collective au sens large.

Concernant l’activité collective au sens large, les individus coopèrent ou se coordonnent de façon plus ou moins cohérente, pour décupler leurs performances. Pour distinguer l’activité collective et le collectif, le collectif de travail peut être défini comme un groupe fonctionnel et social ayant une dynamique propre, des normes de fonctionnement, des règles de régulations communes à l’ensemble de ses membres (Vaxevanoglou et al., 1993). Défini ainsi, le collectif revêt un sens large. De façon complémentaire, ce collectif au sens large peut être défini comme un système fonctionnel, cognitif et opérationnel complexe non soumis à priori à un déterminisme fort, de décomposition fonctionnelle limitée compte tenu de ses interactions dynamiques avec l’environnement : les informations et les représentations sont distribuées et les qualités émergent et s’auto organisent (inspiré de Pavard, 2000). Le collectif de travail au sens large n’est pas restreint à l’équipe (produit de la prescription organisationnelle). L’auto organisation et l’absence de déterminisme fort sont essentielles. Par exemple, le travail collectif des infirmières émerge des interactions des différents acteurs devant la nécessité de résoudre un problème (Caroly & Weill-Fassina, 2007).

A travers des interactions plastiques entre les éléments du système, l'environnement au sens large (objets, personnes, situations) lie les buts et les moyens, en propageant les informations, en organisant l'action à venir… Au sein de cet environnement, les actions, les représentations et les buts permettent de qualifier les collectifs. Plus précisément, au sein du collectif au sens large, un degré de structuration supplémentaire peut être distingué. L’activité

collective peut revêtir un sens strict, à travers des coopérations au sens d’actions dans un

même but. Les individus et les collectifs s’ajustent et s’opposent : plus ils s’ajustent, plus l’activité collective revêt un sens fort. Plus l’activité collective revêt un sens fort, plus un

collectif au sens strict, un opérateur collectif peut être distingué, en tant que noyau dur,

ensemble commun prépondérant, irrépressible, irréductible aux individualités dont les performances sont ainsi décuplées. C’est au sein de ce collectif au sens strict que les représentations sont les plus proches. En référence à l’opérateur collectif, un substrat de

l’activité collective au sens fort est la signification psychologique du travail collectif, qui est inhérente à une représentation commune des buts à atteindre et circonscrite par un ensemble de tâches. Pour obtenir cette représentation commune, l’opérateur collectif fait généralement référence à un même métier. Il correspond rarement à l’équipe prescrite, notamment parce que cette dernière est de plus en plus conçue comme pluridisciplinaire. La définition du collectif au sens large s’applique également au collectif au sens strict : il est simplement un collectif spécifique, autrement dit un collectif plus précis et plus objectivable au sein de multiples collectifs. En un sens, la définition du collectif au sens large s’applique même davantage

au collectif au sens strict, plus homogène et cohérent. Les caractéristiques énumérées pour

le collectif au sens large se vérifient dans le collectif au sens strict avec un degré supplémentaire : le collectif au sens strict est un système davantage fonctionnel, davantage social, davantage opérationnel, sa décomposition fonctionnelle est davantage limitée…

La distinction entre l’opérateur collectif et le collectif au sens large, peut également être appréhendée à travers « l’opérateur collectif [qui] est déterminé par l’interdépendance des acteurs par rapport au but à atteindre dans une tâche commune : il diffère donc du collectif au sens de l’entité que composent des opérateurs dans un système sociotechnique, c’est à dire un collectif de travail qui a une identité sociale et une certaine pérennité (cf. de Terssac & Chabaud 1990). Les acteurs peuvent avoir des positions tout à fait différentes par rapport à la tâche, voire appartenir à des organisations (institutions) différentes et être rassemblées de manière tout à fait circonstancielle pour un but particulier ; on peut parler dans ce cas de réseau d’acteurs. (Bourdon et Fassina, 1994) » (Rabardel et al., 1996, p.297).

Il n’y a pas inévitablement d’opérateur collectif, alors qu’il y a inévitablement un collectif au sens large et une activité collective au sens large. Mais les métiers et les secteurs se prêtent plus ou moins à l’activité collective au sens strict et c’est l’analyste qui choisit de modéliser telle ou telle activité et tel ou tel collectif, en fonction du secteur et des situations. Le collectif n’est pas une entité vivante se déplaçant et agissant mais est représentable et modélisable, à fortiori le collectif au sens strict. Le collectif est actualisé par les individus et l’activité collective est en pratique actualisée par les activités individuelles. Envisagées dans des sens stricts, différencier une activité individuelle et une activité collective revient à se demander quelle est la partie de l’activité réalisée par un individu, qui serait réalisée de façon similaire par un autre individu de ce collectif au sens strict. Le critère essentiel pour distinguer les individus et les collectifs au sens strict est donc l’interchangeabilité des activités

individuelles / des individus pour une activité donnée.

Ce critère n’a rien d’une appréciation de qualité. Il permet essentiellement de distinguer les opérateurs collectifs, c'est-à-dire les collectifs premiers, centraux, des collectifs secondaires. Dans ce but, ce critère permet de distinguer des niveaux de coopération et de coordination. La notion de dépendance mutuelle, abordée précédemment en référence à la notion de coopération, gagne un degré supplémentaire à travers l’interchangeabilité. Au sein du collectif au sens strict, la dépendance mutuelle est à son paroxysme lorsque, dans l’absolu, deux individus qui effectuent une activité individuelle, similaire ou non, peuvent échanger leurs activités mutuelles pour les effectuer de façon très comparable, très analogue. Ce critère

d’interchangeabilité se superpose partiellement à la distinction entre l’activité collective au sens fort, dans laquelle par définition les individus coopèrent surtout dans le même sens, et l’activité collective au sens faible, dans laquelle pour l’essentiel les individus coordonnent leurs activités avec plus ou moins d’interférences. Les interférences sont en

effet plus courantes entre les individus issus de collectifs secondaires : les individus de métiers différents ont des priorités différentes, des déroulements d’activités différents…

Ainsi l’activité collective n’est pas exclusivement étudiée sous l’angle naïf d’une « coopération positive ». La coopération n’a pas qu’un sens positif et peut présenter des aspects conflictuels. Généralement, dans un métier relationnel, le service à la personne est une dimension essentielle de l’activité, son principal motif (Caroly & Weill-Fassina, 2007). Les buts communs ne sont pas l’ensemble des buts des individus et des organisations, et ne sont que partiellement compatibles avec eux. Dit de façon lapidaire, la coopération ne résume pas l’activité collective, l’activité collective ne résume pas le travail collectif. Ce dernier se développe également à travers l’interférence entre les activités collectives et entre les activités collectives et individuelles. A l’extrême, le collectif pris dans le sens le plus large correspond à l’organisation, même si l’analyse scinde les deux. Enfin, le collectif au sens fort fonctionne également plus ou moins bien, mais sa modélisation plus aisée signe une activité collective au sens strict relativement efficace.

La terminologie adoptée différencie l’équipe, les collectifs et les activités collectives, en superposant les distinctions entre le prescrit et le réel, les actions et les représentations, la coordination, la coopération et la dépendance mutuelle / l’interchangeabilité. Ce sont les actions et les représentations qui distinguent l’activité de la

prescription, même si elles s’inspirent partiellement de cette prescription. Par exemple, deux plans peuvent être distingués concernant la « coordination » (Royer, 1994) : le plan de l’action commune (coordination des actions individuelles) et le plan de la représentation globale (coordination des perceptions individuelles). La « coordination » dépend fortement du cadre organisationnel dans laquelle elle se développe (Royer, 1994) ; cette coordination est effectivement à lire en référence aux distinctions prescrit / réel et action / représentation. Néanmoins, le développement des représentations dépend davantage de la coordination réelle que de la coordination prescrite –on ne prescrit pas les représentations.

Les notions sont rarement formalisées explicitement comme ci-dessus, mais cette formalisation semble souvent implicitement présente dans la littérature. Par exemple, souligner l’importance du travail collectif dans l’écart entre le travail prescrit et le travail réel (abordé ci-dessous en tant qu’aspect informel du travail), tout en différenciant les représentations (abordées ci-dessous en tant que points de vue) et la répartition des tâches, peut permettre d’envisager que :

« Au sens large, on peut considérer qu'il y a activité collective lorsqu'il existe, à un moment donné, partage des buts ou des interférences entre les buts de plusieurs employés (Barthe & Queinnec, 1999). Comme le montrent les études centrées sur la régulation collective en lien avec l'age, la préservation de la santé et la recherche de fiabilité sont deux dimensions complémentaires de l'activité collective. On peut ainsi distinguer dans la régulation collective (Barthe, 2000) :

(1) Un processus qui vise à équilibrer la charge de travail, lequel peut se traduire par une répartition des tâches en début de poste ou par des aides ponctuelles au cours de la période de travail et qui nécessite la connaissance du besoin des autres membres de l'équipe

(2) Et un processus de confrontation et d'intégration des différents points de vue afin d'arriver à des prises de décision plus fiables

Un autre aspect de la régulation collective concerne son aspect informel. Cela renvoie à l'idée d'une gestion horizontale de cette régulation, qui est plutôt informelle, et qui concerne les régulations développées dans l'exécution du travail (à l'inverse d’une gestion verticale, formelle) (De la Garza & Weill-Fassina, 2000), c'est à dire à l'idée d'une organisation « clandestine » du travail, résultat de négociations collectives informelles (Terssac, 1992). Ainsi nous proposons de considérer la régulation collective sur le plan de la redéfinition des tâches, sans que celle-ci soit formalisée par l'organisation. On peut distinguer au moins deux types de régulations collectives : la répartition des tâches et l'aide ponctuelle. » (Gonon, 2003,

p.6).

Afin d’éviter les excès du collectivisme (Theureau, 1992, 2006 ; Salembier et Pavard, 2003), mais également les excès de l’individualisme, et afin de préciser les liens entre les individus et les organisations, il est nécessaire de discriminer conjointement, dans un même « mouvement », les niveaux individuels et collectifs. Dans ce but, la distinction entre les

collectifs au sens large et les collectifs au sens strict doit être précisée en fonction des situations réelles locales. En effet, les dimensions collectives du travail et la littérature

pluridisciplinaire invitent à dépasser une tension entre holisme et individualisme qui va de pair avec des approches décontextualisées. Dépasser cette tension entre holisme (ici collectivisme) et individualisme, à travers une approche systémique, complexe et située, a pour objectif de fournir de justes marges de manœuvre à l’analyste. Dans cette optique « ni collectiviste ni individualiste », parler d’activité collective incorporant les activités « individuelles sociales » (Theureau, 2006) ou d’activité « individuelle - collective » (Vaxevanoglou, 2002c) permet de souligner les liens structurants entre les individus et les collectifs. De plus, parler d’activité collective – individuelle ou d’activité individuelle – collective permet d’insister sur le premier terme. Cette recherche se centre davantage sur l’activité collective – individuelle puisque l’activité collective au sens fort est abordée en priorité.

Une autre façon de présenter cette approche systémique est de considérer qu’elle se fait en deux temps : au sein des collectifs au sens fort puis au sein d’un deuxième système plus lâche que sont les niveaux individuel / collectifs/ organisationnel.

Pour résumer cette approche, l’analyse de l’activité collective regroupe, de façon non

exclusive :

• Les différences entre les processus opérationnels, communicationnels et représentationnels en fonction des buts communs et de la gestion de l’écart prescrit / réel.

Plus largement, l’activité collective est intégratrice des dimensions opérationnelles, représentationnelle, sociale, intersubjective, technique et physique. L’activité collective et le collectif sont distingués, surtout pour ne pas circonscrire l’activité collective au but commun donc à l’activité de l’équipe qui a en charge telle ou telle tâche.

• Les différents niveaux d’interdépendance et de collectifs, la distinction et les relations entre les éléments et les moyens des collectifs.

Dans ce but, l’analyse de l’écart prescrit / réel dans un collectif au sens strict permet d’étudier la gestion de cet écart essentiellement à travers les actions et les représentations, pour l’élargir peu à peu aux collectifs pluridisciplinaires, éventuellement verticaux…

• Les divers déterminants des situations, de l’environnement, du contexte, plus ou moins directs (opérationnel, social…)

• La fluctuation temporelle de l’activité

• Les liens comme les tensions entre les activités individuelles et les activités collectives et entre les niveaux collectifs et organisationnels.

La dialectique entre l’organisation prescrite et l’organisation réelle (Dejours, 2005) est centrale. L’organisation réelle peut être envisagée comme une propriété de l’activité collective, en référence à la coopération et à la coordination des actions. En lien avec les représentations, l’organisation réelle est l’autre indice principal de l’activité collective. L’organisation prescrite est essentiellement une composante de la prescription, en référence à la coopération et à la coordination des actions. La notion d’organisation est davantage précisée dans la partie épistémologique et thématique, de même que le modèle de l’homme.

3. Enrichissement de la notion d’écart prescrit / réel : prescriptions multiples

et gestion collective

La productivité, la santé, les critères de métier… sont autant de critères envisageables qu’il faudrait définir de façon systématique, mais surtout partiellement incompatibles. La pluralité des rationalités s’opposent ou / et se coordonnent au sein des collectifs si on fait référence à l’opposition individu / collectif, mais également à l’extérieur des collectifs si on fait référence à l’opposition collectif / organisation. Ces rationalités se situent aux niveaux micro, méso ou macro : individus, demandes spécifiques des métiers, encadrement des collectifs, organisations, société, « clients ». Ces lignes de forces soulignent que les collectifs sont essentiellement une modélisation réductrice, mais également que cette réduction est nécessaire car elle est le point principal de convergence et d’articulation de ces lignes de forces. Par conséquent, les écueils de la notion de prescription concordent avec les

écueils du travail collectif. Cette concordance fait du travail collectif un objet métathéorique,

à fortiori compte tenu de l’importance intrinsèque du travail collectif pour le travail dans son ensemble et de la négligence des modèles de l’Ergonomie pour le travail collectif.

polémique que la littérature parait parfois le suggérer. Les lacunes d’une Ergonomie jeune de quelques dizaines d’années n’enlèvent rien à la force du constat qu’il existe des écarts entre prescrit et réel –constat dont d’autres champs disciplinaires se sont emparés. Mais la nature de ce constat est à interroger. L’écart entre le prescrit et le réel peut être « perçu » comme un fait, mais il parait plus instructif d’interroger la limite du constat et surtout du concept correspondant. A minima, il s’agit de questionner les sources de réflexion pouvant enrichir ce constat. Plusieurs raisons suggèrent l’ambiguïté de ce qui est souligné par l’écart entre prescrit et réel.

Premièrement, la notion de « travail prescrit » peut paraître un abus de langage : le rapport de prescription recoupe la distinction entre conception et exécution ; et dans le cadre de la conception, la coopération aboutit à la génération de prescriptions à partir des points de vue de A et de B (Hatchuel, 1996).

De plus, une critique plus conjoncturelle considère que l’opposition entre tâche prescrite et travail réel a été longtemps heuristique mais a peut-être épuisé une partie de sa fécondité épistémologique (Clot, 2002). Aussi la reconception du concept d’activité peut permettre d’en penser les dimensions subjectives et collectives (Clot, 2002).

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