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Activités associatives : proposition d’une définition

Dans le document Du bénévole au jeune cadre (Page 86-90)

Etudier en miroir les stratégies des jeunes diplômés et leur réception par les recruteurs

1.3.3. Activités associatives : proposition d’une définition

L’étude des critères précédemment cités permet de faire ressortir trois types d’activités, que nous avons essayé de relier à la classification des loisirs de Stebbins [2012136]. Celui-ci

distingue en effet du loisir le “serious leisure”, qui possède six qualités distinctives : possibilité d’avoir un parcours dans le domaine que Stebbins appelle “career”, effets durables et tangibles de l’activité pour le participant (développement personnel, expression de soi, sentiment d’accomplissement, notamment), un ethos de communauté avec d’autres pratiquants, identification de la personne avec son choix de loisir, mais également des efforts personnels réalisés dans le cadre de l’activité et le besoin de persévérer.

Stebbins identifie à côté du “casual leisure” (loisir informel) des activités avec des buts sérieux, qui regroupent le loisir sérieux et le travail correspondant à une passion (“devotee

136 Stebbins, Robert A., The idea of Leisure, First principles, New Brunswick, Transaction Publishers, 2012

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work”), mais également les loisirs correspondant à un projet, qui n’ont pas la dimension

temporelle à long terme et en continu.

Figure 3 : Classification des activités par Stebbins

Source : http://www.seriousleisure.net/, basé sur les travaux de Stebbins, R.A. notamment The idea of

Leisure, First principles

Sur la base de ces définitions, on peut tenter de reclasser les catégories d’activités extraprofessionnelles distinguées précédemment.

- la “simple détente”, qui correspond au “casual leisure” de Stebbins - la “passion”, qui regroupe les catégories “amateur” et “hobbyist”

- l’activité associative, composée des “volunteer” et des “project based leisure”

De la classification ci-dessus, nous laissons de côté le “devotee work” qui fait référence à des activités majoritairement rémunérées.

88 Par rapport aux éléments que nous avons explicité ci-dessus, les discours des recruteurs font apparaître que les activités qui sont les plus propices à être prises en compte comme indices de la future performance au travail des jeunes diplômés sont des activités de groupe, des activités où le candidat a fait le choix de s’investir, mais également des activités où il a pris en charge ou s’est vu confier un certain nombre de missions permettant d’exercer des responsabilités.

Compte tenu de ces différents éléments, nous proposons de retenir pour le terme “activités associatives” la définition suivante : un investissement dans une activité collective ou mettant en présence de nombreux partenaires, au sein de laquelle la personne exerce des responsabilités ou des missions. Ces différentes dimensions, collectif, initiative et responsabilité, sont fortement liés au concept d’associativité : dans ces activités, les jeunes diplômés ont travaillé en horizontalité avec des partenaires divers dans le but de réaliser un objectif commun. L’aspect formel de l’association est donc un élément secondaire (qui pourra avoir son importance aux yeux de certains recruteurs) : c’est le lien d’association qui compte bien plus que sa forme.

La notion d’investissement, parallèle à celle d’engagement, n’est pas à négliger. Elle correspond aux efforts et à la persévérance que Stebbins estime être des qualités rattachées au loisir sérieux. Elle fait partie des traits qui sont fortement valorisés par les recruteurs, la notion d’investissement dans une activité étant d’un intérêt qui ne se préoccupe pas forcément du contenu de l’activité en question.

Nous verrons par la suite que si les missions en question ne sont pas en lien direct avec le poste visé, il appartient au candidat d’argumenter afin de faire apparaître ce lien : la question de la proximité avec le domaine professionnel n’est donc pas retenue dans notre définition.

Nous avons choisi de laisser de côté l’aspect électif de cette activité, d’une part car celui-ci pourra très bien ne pas être donné à voir au recruteur, d’autre part car les activités qui figurent sur les CV sont généralement des activités dans lesquelles le jeune candidat se reconnait : les activités qui n’ont pas cette dimension élective n’y seront donc dans la majeure partie des cas pas, du moins si l’activité a été réalisée à contrecœur pendant toute sa durée et que le jeunes diplômé ne s’est pas découvert une affinité avec celle-ci. Coralie, par exemple, jeune diplômée d’une école de commerce où tout étudiant doit exercer un rôle dans une association au cours de sa première année de cursus, s’est retrouvée engagée dans

89 l’association de sport automobile (elle avait postulé pour des associations intéressant un grand nombre d’étudiants et qui ne disposaient pas d’assez de place pour tous). Elle a été trésorière de cette association et a exercé un haut niveau de responsabilité, notamment en ayant à traiter un budget conséquent. Cette activité a cependant disparu de son CV assez vite (après ses recherches de stage) car elle ne s’y reconnaissait pas.

“Moi j’ai eu une expérience associative en tant que trésorière, donc je le mettais

parce qu’effectivement j’avais géré des gros budgets, 12 000 euros de bénéfice, donc ça représentait des choses énormes, en plus c’était en liquide et j’ai dû le déposer à la banque… C’était compliqué, mais euh… Effectivement ça au début je l’ai mis, mais comment expliquer ? En fait dans mon école c’est une obligation de s’inscrire dans ce qu’ils appellent une micro-entreprise, et du coup on a des formes de sélection. [...] Celle à laquelle j’ai postulé entre guillemets par défaut qui était une association de sport automobile, alors que le sport automobile et moi… Mais c’était une obligation pour faire l’année, on n’avait pas le choix.” (Coralie, Ecole de

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