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l’Esprit, le Souffle saint, cette tâche est impossible. C’est lui qui se glisse dans l’entre-deux de la relation entre accompagnant et accompagné. En prenant conscience que Dieu est trinitaire, Père, Fils et Esprit, chacun, chacune, peut savoir qu’Il est d’abord là pour lui ou elle, en lui ou en elle, pour le ou la libérer de ses peurs, de ses angoisses ou de ses emprises.

Le Dieu Père assure à la personne accompagnée un amour inconditionnel et personnel. En la créant, Dieu l’a aimée le premier, de toute éternité. Renouer avec cette intuition peut remettre dans un chemin de quête spirituelle, de pardon et d’acceptation de son histoire personnelle. C’est par Lui que l’humain est rendu fécond, biologiquement bien sûr, mais aussi spirituellement. En Jésus Christ, frère de tout être humain, Dieu s’est fait tout proche pour défaire les nœuds mortifères de l’existence, lui qui a été envoyé dans le monde par le Père. Ce lien n’existerait pas sans la troisième personne de la Trinité, le Souffle saint, celui qui re-lie, qui rend fécond, mais qui assure aussi la distance entre les personnes, une sorte d’équilibre de bonne distance pour des rapports sains et porteurs de fruit.

L’apôtre Paul nous assure à ce sujet que nous n’avons pas reçu un esprit qui nous rend esclaves, mais qui rend libres, un Esprit qui fait de nous « des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père. Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. »92

1.5.3. Abba, Père  

1.5.3.1. Continuité entre la foi juive et la foi chrétienne

Jésus appelait Dieu « Abba »93, « papa » en araméen. Un tout petit mot qui dit toute la profondeur de la relation prédominante, unique et intime qui l’attachait à Dieu. Cette relation fait référence au Dieu unique de la foi juive94 et marque également la continuité de la foi chrétienne par rapport à la Bible hébraïque qui comporte aussi des occurrences de

« père » pour parler de Dieu95. C’est-à-dire que le Père est Père de tous parce qu’il est d’abord le Père de Jésus dans une relation unique. Et il le dit lui-même : « Je suis le                                                                                                                

92 Rm 8, 15-16.

93 Cf. par exemple Mc 14, 36.

94 Toutes les conceptions de la foi juive découlent du « Shema Israël » (expression par laquelle est appelée cette exhortation) prononcé par Moïse au peuple d’Israël. « Ecoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur Un. » (Dt 6, 4)

95 Cf. entre autres Dt 32, 6c ; Jr 3, 19d ; Es 63, 16.

chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu. (…) Celui qui m’a vu a vu le Père. (…) Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ! Au contraire, c’est le Père qui, demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres. »96

1.5.3.2. Chez les évangélistes

L’évangéliste Jean souligne souvent que Dieu le Père de Jésus est aussi Dieu le Père de ses disciples, de ses amis, de tous les humains en fait : « Je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. »97 Ce qui aboutira, comme nous l’avons vu plus haut, au don de l’Esprit saint afin que les disciples deviennent à leur tour enfants de Dieu.

Les évangiles synoptiques, quant à eux, insistent sur le rapport unique et premier de la filiation de Jésus envers son Père, lorsqu’il affirme, par exemple, qu’il est envoyé par le Père98, toujours par des scènes présentant un ou des enfants.

Comme je l’ai déjà mentionné plus haut, un autre grand enseignement de Jésus dans lequel tout chrétien quelle que soit sa confession se retrouve est le Notre Père, prière dans laquelle Jésus nous demande d’appeler Dieu son Père, « notre Père ». Jésus invite chacune et chacun à entrer dans la même intimité que lui, à devenir ses sœurs et ses frères, membres d’une même famille. « Appeler la première personne Père, ce n’est pas recourir à une métaphore, et ce n’est pas une manière de parler de l’activité de l’Inengendré, mais c’est nommer le Père de Jésus par son nom propre, conformément à ce que Jésus a révélé. »99

 

1.5.4. Pour l’accompagnement spirituel

1.5.4.1. Le mystère trinitaire comme mystère de vie

En reconnaissant Dieu comme Père, on Lui reconnaît la faculté d’être doué de fécondité et donc de nous rendre féconds, spirituellement d’abord, et biologiquement, bien sûr, en présupposant que nos enfants proviennent d’abord de Lui. Le Père ne cesse de                                                                                                                

96 Jn 14, 6-7.9c.10bc.

97 Jn 20, 17.

98 Cf. Mc 9, 37 et Mc 12, 6.

99 Gilles Emery, La Trinité. Introduction théologique à la doctrine catholique sur Dieu Trinité, p. 125.

communiquer avec sa créature à travers son Fils, Jésus Christ, Parole incarnée dans l’histoire, et de l’Esprit saint, qui, demeurant invisible, nous introduit à la communion du Père et du Fils.

« En grec comme en hébreu, l’association du souffle, du vent et de la vie est fondamentale. Cette réalité mystérieuse de l’esprit est perçue dans les deux aires culturelles comme une puissance de caractère "divin", comme une médiation entre le monde invisible et le monde visible. Le peuple d’Israël lie la ruah à un Dieu sujet : le souffle que Yahvé insuffle. Le sens de ruah vient du rôle que le souffle joue dans les relations personnelles et historiques de Dieu avec son peuple. (…) Le Nouveau Testament n’abandonne pas le concept vétérotestamentaire (par exemple Lc 1,15 ; Jn 3,8 ; Ac 2,2-4 ; Rm 8,9 ; 1 P 1,12). (…) il renvoie toujours à son porteur historique : Jésus-Christ dont l’Esprit prend la relève. »100

Dans cette continuité, nous voyons clairement l’implication de l’Esprit, du Souffle Saint, non seulement dans notre lien avec le Père et le Fils, mais aussi dans toutes nos relations humaines aussi complexes soient-elles. Lorsque nous nous sentons en relation avec la transcendance, nous pouvons affronter les liens horizontaux avec plus de confiance et d’espérance. Le théologien Klauspeter Blaser résume ainsi: « Comme conséquence de l’incarnation, il y a rencontre de l’esprit humain, de la vie psychique et de l’action de Dieu.

Les mouvements insistant sur l’expérience du Saint-Esprit dans la vie personnelle et communautaire en tirent parti. »101

La Bible relate de nombreuses histoires d’amitié et d’amour, entre des humains, mais aussi entre des humains et Dieu. Ces histoires peuvent devenir le lieu d’une expérience spirituelle et changer la vie des personnes concernées. « En effet, le tout Autre ne peut nous dire son amour que par ses actes, ses interventions dans notre existence, les personnes qu’il met sur notre chemin. Et nous pouvons passer à côté de tout cela, ne pas même le remarquer, être obsédé par ce qu’il ne fait pas et en conclure qu’il ne nous aime pas. »102 Et c’est ce Souffle, cet Esprit, qui se faufile entre nos relations, à la fois pour nous lier les uns aux autres, et pour permettre à l’espace nécessaire d’être entre nous et de garder une juste et salutaire distance. Je reviendrai plus en détail sur ce travail de différenciation mené par Jésus.

                                                                                                               

100 Klauspeter Blaser, « L’Esprit et la sanctification », dans Introduction à la théologie systématique, Genève, Labor et Fides, 2008, p. 280s.

101 Id., p. 300.

102 Lytta Basset, Aimer sans dévorer, Paris, Albin Michel, 2010, p. 249.

1.5.4.2. La paternité et l’Esprit

L’apôtre Pierre dit dans sa première épître : « Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect, en ayant une bonne conscience. »103 En effet, « la tâche fondamentale de la théologie est de rendre compte de la foi et de l’espérance »104 écrit Gilles Emery au tout début de son introduction sur la Trinité. En remplaçant, dans cette phrase, le mot

« théologie » par « accompagnement spirituel », nous avons un début de réponse. La tâche fondamentale de l’accompagnement spirituel est d’être avec l’autre dans la confiance et l’espérance en Dieu pour lui offrir écoute et accueil inconditionnel. En effet, parler de la relation de Jésus à Dieu son Père nous aide à comprendre comment nous devenons à notre tour ses enfants et donc des frères et sœurs de nos semblables. Accompagner spirituellement quelqu’un, c’est être conscient qu’il pourrait aller au-delà de lui-même, vers un ailleurs que personne ne connaît à l’avance. C’est faire confiance à l’Esprit, au Souffle d’amour, en lui disant « oui » par la foi et l’espérance : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés »105.

Le pasteur Antoine Nouis, dans Un catéchisme protestant, écrit que « la paternité est marquée par l’adoption et la responsabilité. Il ne suffit pas d’être géniteur pour être père, il faut encore reconnaître, accueillir et accompagner son enfant. Le lien du père à l’enfant n’est pas naturel mais culturel. »106 Nombre de pères, de nos jours, ne savent plus comment être pères, justement. On attend d’eux qu’ils soient « maternels », qu’ils donnent le biberon et changent les couches, qu’ils jouent avec leurs enfants, voire qu’ils sacrifient leur carrière pour être davantage avec eux (et c’est légitime, à l’heure où la plupart des mères exercent une activité professionnelle hors du foyer familial et où les places en crèche sont rares et parfois chères). Ce n’est pas naturel, mais bien culturel, de devenir pères pour les hommes de la génération d’après mai 68. Et beaucoup d’entre eux souffrent d’une sorte de « blues du père », dépassés qu’ils sont par les nouvelles attentes autour de leur statut…

Les pays du nord de l’Europe accordent un congé paternité aux jeunes pères, parfois un congé parental de plusieurs mois à se partager entre le père et la mère à leur convenance. Claude Revault d’Allones, psychologue clinicienne, chercheuse au CNRS et                                                                                                                

103 1 P 3, 15b-16ab.

104 Gilles Emery, La Trinité. Introduction théologique à la doctrine catholique sur Dieu Trinité, p. 9.

105 Jn 15, 9.

106 Antoine Nouis, Un catéchisme protestant, Lyon/Lausanne, Olivétan/Office protestant d’éditions chrétiennes, 2010, p. 87.

professeure à l’Université Paris-VIII, attire notre attention sur ces faits nouveaux : « Le risque existe à paterner d’être comme une deuxième mère, ou seulement l’auxiliaire de la mère. (…) Ils [ces moments où le père s’occupe de l’enfant] participent à l’établissement du lien charnel à l’enfant, à la création de l’attachement réciproque – mais ils ne font pas un père, s’ils y contribuent. Et qualifier ce père de "nouveau", s’il entérine un changement dans les mœurs, ne fait rien à l’affaire… (…) Car la paternité se soutient avant tout de la loi, d’un passage nécessaire par elle, sans laquelle elle ne saurait se construire, exister, se situer et se tenir : "Pater is est quem nuptiae demonstrant107" reste l’expression d’une vérité bien humaine, une référence incontournable. (…) Parce qu’elle marque et permet de maintenir fermement la distinction fondamentale entre géniteur, père, fonction paternelle ; plus fondamentale que celle que l’on peut parallèlement établir entre génitrice, mère, fonction maternelle, la maternité se soutenant avant tout d’autres critères. (…) Le père est celui que la société, la femme, lui-même, et plus tard l’enfant reconnaissent et affirment comme tel ; et d’autre part la fonction paternelle qui, en l’absence ou la défaillance d’un père, peut être exercée par d’autres : hommes, femmes, institution sociale. Sans quoi, comment les enfants "sans père" s’humaniseraient-ils ? »108

Le lien père-enfant peut rencontrer des difficultés d’attachement, d’un côté comme de l’autre. Il ne va pas forcément de soi. Bien loin de l’Esprit saint permettant la fluidité des liens entre les trois Personnes de la Trinité puis avec celles et ceux se reconnaissant filles et fils du même Père. Pourtant, dans toute relation, dans tout rapport humain, se glisse ce Souffle d’amour. Parfois si discrètement… « Mais chacun peut remarquer qu’il est passé : l’amour (re)fleurit dans son sillage ou, tout au moins, il germe… "Le fruit du souffle, c’est l’amour (…)109" et beaucoup d’autres bonnes choses qui naissent de l’amour en vérité. Le fruit peut tarder à mûrir, est-ce pour cela que je me tairais ? J’attendrais d’être toute aimante pour me donner le droit de parler du souffle qui "travaille" mes amours, mes amitiés, toutes mes relations affectives ? Ce serait oublier ma condition humaine : quelle que soit la fécondité de mes expériences, je ne serai jamais "arrivée" ; dit positivement, je grandis et grandirai encore dans ma manière d’aimer. »110

                                                                                                               

107 Principe de droit romain signifiant « le mari de la mère est présumé être le père de l’enfant », pendant de

« Mater semper certa est », « [l’identité de] la mère est toujours certaine ». Ce qui, avec les avancées scientifiques de la PMA, et notamment dans le cas de la GPA (gestation pour autrui), n’est plus forcément valable, du moins génétiquement… La mère étant celle, dans le droit moderne, qui a donné naissance à l’enfant.

108 Claude Revault d’Allones, Etre, faire, avoir un enfant, p. 143-144.

109 Ga 5, 22 sq. Note de l’auteure.

110 Lytta Basset, Aimer sans dévorer, p. 19.

1.5.4.3. L’accompagnement « par l’Esprit »

Dans l’accompagnement spirituel (du latin spiritus, esprit, souffle), il s’agit de se tenir aux côtés de la personne accompagnée et de l’aider à discerner, à retrouver ce souffle d’amour qui « souffle où il veut »111. « On "voit" le souffle à la manière dont quelqu’un, au-dedans de soi, change sa façon de voir et d’agir, s’ouvre aux autres, devient plus lucide, accepte ses limites, gagne en confiance, découvre son potentiel d’amour, se désencombre de ce qui cassait ses élans. De quel droit dirions-nous – parce que cette personne n’a ni Dieu, ni Jésus, ni le Saint-Esprit à la bouche ou même en tête – que cela n’a rien à voir avec le souffle saint ? »112

Voir une personne traversée par ce souffle après une longue errance est une grâce, un fruit de l’accompagnement. « L’amour du prochain jaillit de la charité divine répandue dans nos cœurs par le Saint-Esprit et est ainsi le signe infaillible de l’amour de Dieu.»113 Cela peut être un moment fulgurant ! Un « instant d’éternité » comme j’aime à l’appeler ! Même si l’on ne voit pas tout de suite où cette « conversion », ce changement de regard sur elle-même et sur les autres, sur Dieu aussi, va la mener, être le témoin de ce nouveau chemin qui s’ouvre est une expérience profonde, autant pour la personne accompagnée que pour celle qui l’accompagne.

Le théologien allemand Paul Tillich résume ainsi ce saisissement par le Tout-Autre, qu’on n’arrive même pas forcément à nommer tellement c’est abyssal : « Parfois, une onde lumineuse fait alors irruption dans notre obscurité et c'est comme si une voix nous disait:

"Tu es accepté. Tu es accepté, accepté par cela qui est plus grand que toi et dont tu ne sais pas le nom. Ne demande pas ce nom maintenant; peut-être le trouveras-tu plus tard. Ne fais rien maintenant ; peut-être plus tard feras-tu beaucoup. Ne cherche rien ; n'accomplis rien ; ne projette rien. Accepte simplement le fait d'être accepté." Si cela nous advient, c'est l'expérience de la grâce. Après une pareille expérience, il se peut que nous ne soyons pas meilleurs qu'avant. Mais tout est transformé. A ce moment-là, la grâce triomphe du péché et la réconciliation comble le fossé de la séparation. Cette expérience n'exige rien, aucun a priori moral, religieux ou intellectuel, rien que l'acceptation. »114

En termes bibliques, ce serait le moment où la personne « entend » Dieu lui dire :

« aujourd’hui je t’engendre, aujourd’hui tu deviens mon fils ou ma fille ». Grâce à                                                                                                                

111 Cf. Jn 3, 8.

112 Lytta Basset, Aimer sans dévorer, p. 20-21.

113 Charles-André Bernard, Traité de théologie spirituelle, Paris, Cerf, 1986, p. 356.

114 Paul Tillich, Les Fondations sont ébranlées, Editions Robert Morel, 1967, p. 222.

l’engendrement du Fils par le Père, au moment du baptême115 de Jésus, puis de sa Transfiguration116 et bien sûr lors de sa Résurrection117, nous pouvons saisir les fruits de cet événement qui retombent sur notre filiation divine à nous, dans laquelle sont semées des graines pour l’avenir. A condition de se souvenir de son existence éternelle, l’espérance ne meurt jamais ! « Cela fera donc du bien à tout le monde (…) de réécouter la promesse que Jésus a faite à ses disciples : "Je ne vous laisserai pas orphelins" (Jn 14, 18).

C’est lui, en effet, la Voie à parcourir, le Maître à écouter, l’Espérance selon laquelle le monde peut changer, l’amour est vainqueur de la haine, il peut y avoir un avenir de fraternité et de paix pour tous. »118 « Pour tous », même pour celles et ceux qui se sentent mis à l’écart de Dieu ou qui s’en sont mis à l’écart eux-mêmes. L’enjeu de l’accompagnement spirituel est alors la réconciliation avec cette image d’un Dieu Père alors même qu’ils n’ont pas eu de père ou qu’il a été si défaillant et que la blessure demeure vive.

Comment procéder ? En relisant le livre de Job, par exemple. Job n’a jamais coupé le contact avec Dieu, il est resté en relation avec Lui, n’hésitant pas à Lui dire le fond de sa pensée. « C’est ainsi que, sans le savoir, il laissait le Souffle travailler sa haine et bouleverser de fond en comble sa conception de l’amour. »119 Lytta Basset parle de

« déparasitage » opéré par le Souffle saint afin que nos relations puissent respirer et garder une distance salutaire pour tous les partenaires. C’est à cette seule condition que nous pouvons aspirer, un jour, à renouer, voire à aimer nos « ennemis » comme le recommande Jésus120… « Rien n’empêche le souffle d’amour – qui nous a accompagnés dans la traversée de la haine – d’aller beaucoup plus loin que nos rêves les plus fous : il arrive qu’on (re)devienne les meilleurs amis du monde… »121

1.5.4.4. L’éternelle enfance de Dieu

L’Esprit ou Souffle saint est certainement celui qui permet à chacun de naître à lui-même et donc à Dieu, de se convertir chaque jour, de savoir dire « oui » à Dieu, de se                                                                                                                

115 Lc 3, 22 : « Une voix vint du ciel : "Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré." ».

116 Mt 17, 5d : « Une voix disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. Ecoutez-le!" ».

117 Jn 20, 17 : « je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu ».

118 Pape François, Catéchèse du 28 janvier 2015, dont on peut lire l’intégralité en suivant ce lien : http://www.zenit.org/fr/articles/l-absence-de-la-figure-paternelle-cree-des-blessures-tres-graves.

119 Lytta Basset, Aimer sans dévorer, p. 122.

120 Cf. Mt 5, 44.

121 Lytta Basset, Aimer sans dévorer, p. 124.

tourner vers Lui, de devenir un homme nouveau, une femme nouvelle. Cet attachement au Souffle est le garant des engendrements à l’autre et à l’Autre. C’est lui qui offre toutes les possibilités de naissance puis de croissance dans la foi, toujours en lien avec ses semblables et avec Dieu, le Père de tous. A ce moment-là, on ne fait plus qu’un avec Lui et on vit dans une « éternelle enfance », que l’on peut traduire par un éternel émerveillement.

« L’éternité divine est incarnée en cet instant [celui de la Résurrection]. Or c’est là que [Jésus] est l’image parfaite du Père. Le Père, lui aussi, vit comme dans une éternelle enfance. Tout père qui est un vrai père se sent naître lui-même, lorsqu’il donne naissance à son enfant. Il y a en Dieu cette réalité difficile à saisir (…). Mais elle est là : il existe une éternelle enfance commune au Père et au Fils, une paradoxale enfance dans la paternité de

« L’éternité divine est incarnée en cet instant [celui de la Résurrection]. Or c’est là que [Jésus] est l’image parfaite du Père. Le Père, lui aussi, vit comme dans une éternelle enfance. Tout père qui est un vrai père se sent naître lui-même, lorsqu’il donne naissance à son enfant. Il y a en Dieu cette réalité difficile à saisir (…). Mais elle est là : il existe une éternelle enfance commune au Père et au Fils, une paradoxale enfance dans la paternité de