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L’évolution des déplacements dans l’agglomération franco-valdo-genevoise

3. Les dysfonctionnements de l’agglomération franco-valdo-genevoise

3.2 La crise du système de transports

3.2.1 L’évolution des déplacements dans l’agglomération franco-valdo-genevoise

L’explosion du trafic

Durant ces dernières décennies, les déplacements dans l’agglomération franco-valdo-genevoise ont des croissances considérables. Cette évolution concerne le trafic global et le trafic aux frontières. Concernant le trafic global, vers 2005, les déplacements quotidiens dans l’agglomération franco-valdo-genevoise sont estimés de près de 2,6 millions par jour, toutes

destinations confondues192. Au niveau du trafic aux frontières (effectué essentiellement en

véhicule), on peut également constater la croissance rapide du nombre de déplacements. Le

trafic routier aux frontières double entre 1990 et 2005193 (tableau 2). Chaque jour de semaine,

500 000 personnes entrent et sortent du canton de Genève (trafic individuel motorisé et transports publics confondus), dont 71% (soit environ 355 000) de déplacements pendulaires

(Observatoire statistique transfrontalier)194. Ces déplacements se répartissent entre Genève –

France voisine 65% (45% pour la Haute-Savoie, 20% pour l’Ain) ; Genève – Vaud 35%195.

Tableau 2. Evolution du trafic aux frontières, en véhicule/jour

1990 2005 évolution Genève - Ain 52 000 76 000 + 46%

Genève - Vaud 70 000 97 000 + 39% Genève – Haute-Savoie 117 500 176 000 + 50% total 239 500 349 000 + 46%

Source : Observatoire des déplacements – OCM, cité par CRFG, décembre 2007, Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, cahier annexe n°1 : état de la question et diagnostic détaillé, pp. 41.

Une forte motorisation et répartition modale extrêmement inégale

L’explosion du trafic est accompagnée par un mouvement de motorisation extrêmement fort. Depuis les années 1970, l’automobile, vue comme symbole de la modernité, connaît un essor considérable. Ainsi, le taux de motorisation ne cesse d’augmenter. Ce mouvement touche non seulement le canton de Genève, mais aussi le reste de l’agglomération franco-valdo-genevoise. L’automobile reste actuellement le moyen privilégié par les habitants de l’agglomération.

192

CRFG, décembre 2007, Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, cahier annexe n°1 : état de la question et diagnostic détaillé, pp. 41.

193 Ibid. 194 Ibid. 195 Ibid.

Genève constitue un cas de figure atypique : malgré le fait que son centre est extrêmement dense et bien desservi par des réseaux de transports publics, Genève est un des cantons suisses les plus motorisés. Entre 1970 et 1989, le taux relatif aux véhicules a une hausse de 54%, et celui des motocyclettes 700% (Jouve, 1994). Entre 1990 et 2005, le nombre de véhicules dans le centre de l’agglomération franco-valdo-genevoise connaît une diminution. Sur les ponts du

Rhône dans la ville de Genève, le trafic automobile diminue de 21%196. Cette diminution est

en partie compensée par l’autoroute de contournement construite en 1993. Pourtant, sur les

ponts du Rhône dans les autres communes du canton, le trafic a une augmentation de 87%197.

C’est-à-dire, les problèmes de circulation dans la ville de Genève sont exportés aux communes de banlieue. Le transport individuel motorisé assume 73% des déplacements dans

les communes genevoises périurbaines198.

Chaque jour, un Genevois parcourt en moyenne 25 km. Il y consacre 75 minutes à une vitesse

de 20 km/h. Ces trajets sont parcourus à 71% en voiture (kilomètres parcourus)199.

Actuellement, les parcs de voitures de tourisme connaissent une stabilisation. En revanche, on peut constater une explosion des deux-roues motorisés (motos et scooters). Ce phénomène

peut s’expliquer ainsi : « il s’agit là d’une réponse individuelle aux problèmes

d’embouteillages et de stationnement, qui ne fait qu’aggraver les problèmes d’environnements

(air, bruit) et de cadre de vie (stationnement, sécurité, etc.) »200.

Le District de Nyon compte 640 voitures pour 1 000 habitants. Dans la partie française de l’agglomération, la part de l’automobile est globalement très forte. En 2006, le nombre de

voitures pour 1 000 habitants est 543 dans l’Ain et 601 en Haute-Savoie201. Parmi les 500 000

personnes qui entrent et sortent du canton de Genève quotidiennement, 45% d’entre elles sont en provenance ou à destination de la Haute-Savoie (ibid.). Le transport individuel motorisé atteint 82% des déplacements dans l’agglomération d’Annemasse et 95% dans la

Communauté de communs des Voirons 202 . Bref, dans la partie périphérique de

196

CRFG, décembre 2007, Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, cahier annexe n°1 : état de la question et diagnostic détaillé, pp. 42.

197

Ibid.

198

CRFG, décembre 2007, Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, cahier annexe n°1 : état de la question et diagnostic détaillé, pp. 48.

199

« Trafic : comment débloquer Genève ? Faits, enjeux et solutions », 20 novembre 2007, Tribune de Genève.

200

CRFG, décembre 2007, Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, cahier annexe n°1 : état de la question et diagnostic détaillé, pp. 44.

201

« La frontière en chiffres 2009 », Eco des pays de Savoie, hebdomadaire économique (2009). Hors série, pp.28.

202

CRFG, décembre 2007, Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, cahier annexe n°1 : état de la question et diagnostic détaillé, pp. 48.

l’agglomération franco-valdo-genevoise, la voiture constitue le principal moyen de transport

utilisé pour les trajets domicile-travail203.

Quant aux déplacements aux frontières, on peut toujours constater la prédominance des voitures. Parmi les 355 000 véhicules franchissant les limites du canton de Genève, à l’exception du couloir Genève-Vaud (27% des 163 000 déplacements en transports publics), les déplacements entre Genève et la France voisine sont essentiellement effectués en voitures. Entre Genève et Saint-Julien-en-Genevois, les déplacements en transports publics ne représentent que 1% des 102 000 déplacements quotidiens.

Ce mouvement de motorisation provoque une répartition modale fortement inégale (tableau 3).

Tableau 3. Parts modales estimées en 2005 Transports individuels

motorisés Transports publics Mobilités douces Ensemble de

l’agglomération 56% 19% 25% Canton de Genève

(trafic interne) 42% 25% 33% Source: CRFG, 2007, Charte du Projet d’agglomération franco-valdo-genevois : stratégies et priorités 2030, pp.20.

Des motifs de déplacements diversifiés

A part les deux évolutions que nous venons de présenter, nous pouvons constater une diversification des motifs de déplacements. D’une manière générale, les déplacements domicile-travail ont tendance à avoir une proportion moins importante. En 2000, dans le canton de Genève, ceux-ci ne représentent que moins de 25% des déplacements du canton de Genève. Les autres motifs de déplacements (40% pour les loisirs, 19% pour les achats et 9% pour la formation) représentent 75% des déplacements quotidiens. Cette évolution touche

également le reste de la Suisse et la couronne française de Genève204.

Pourtant, en ce qui concerne les 500 000 franchissements des frontières en semaine, une grande partie de déplacements sont liés aux motifs professionnels : 59% sont déplacements

203

Ibid.

204

CRFG, décembre 2007, Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, cahier annexe n°1 : état de la question et diagnostic détaillé, pp. 42.

domicile-travail, 9% pour des raisons professionnelles et 4% pour la formation. Les autres

motifs tels que les loisirs et les achats ne représentent que 28%205.

La distance parcourue et la durée des déplacements augmentées

Depuis 10 ans, les budgets-temps206 de déplacements des Européens tendent à augmenter.

Surtout à Genève, on estime une augmentation de 28% en 15 ans. Or, comme il s’agit peu de changement au niveau de la répartition modale, cette augmentation semble lier plutôt à la baisse de performance du transport individuel (liée à la congestion dans les réseaux routiers) qu’à la forte utilisation des transports publics (plus lents que l’automobile). Pour la partie française de l’agglomération franco-valdo-genevoise, l’augmentation des budget-temps est plus liée à la vitesse des déplacements.

Les distances parcourues par les Genevois sortant du canton ont une croissance de 11%. Compte tenu de l’augmentation des budget-temps (28%), il semble que les Genevois se déplacent de moins en moins vite dans le canton. Dans la partie française de l’agglomération, grâce aux autoroutes, les distances domicile-travail double en 25 ans et passent de 20km/per,

jour en 1975 à 40km en 2000207.

Nous constatons que les pendulaires viennent de plus en plus loin (figure 8). Comme l’illustre cette carte, une grande partie des frontaliers habitent sur l’axe Genève-Annemasse. En même temps, leur lieu de résidence déborde largement du périmètre du Projet d’agglomération franco-valdo-genevois (en bleu). Il est à souligner que les origines connaissant la plus forte progression sont les suivantes : le canton de Vaud et les autres cantons suisses (+ 18%),

Annecy-Saint-Julien (+ 13%) et le Chablais (+ 11%). » (De Buren, 2007 : 121).

205

Ibid.

206

C.f. KAUFMANN Vincent, 2008, Les paradoxes de la mobilité – Bouger, s’enraciner, Broché, 115p.

207

CRFG, décembre 2007, Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, cahier annexe n°1 : état de la question et diagnostic détaillé, pp. 43.

Figure 8. Lieux de résidence des frontaliers en 2005

Un scénario pessimiste

Face à la crise du système de transports, une prévision pessimiste estime que le nombre de déplacements puisse augmenter de près de 30% dans l’agglomération franco-valdo-genevoise, et que le trafic en kilomètres parcourus puisse s’accroître de 43% d’ici 2020. L’écart entre ces chiffres signale que les déplacements vont encore s’allonger. Toujours selon ce scénario pessimiste, le transport individuel motorisé risque fortement d’atteindre 60% des déplacements en 2020. Une explosion de déplacements en voiture totale peut complètement

Source : Comité Régional franco-genevois, 2007, Projet d’agglomération franco-valdo-genevois. Cahier annexe n°1 : état de la question et diagnostic détaillé, pp. 18.

paralyser le réseau genevois. En tout cas, l’enjeu est fort pour les autorités cantonales genevoises : pour débloquer Genève, il faut désormais travailler davantage à l’échelle de l’agglomération franco-valdo-genevoise.