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Bulletin de l'Institut du Pin [1935, n°9] · BabordNum

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(1)

7670

N° 9

(3e Série)

Puraissaiit le 15 de chaque mois. 15 Septembre 1935

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BULLETIN

DE

L'INSTITUT du PIN

Sous le contrôle du Ministère de

l'Agriculture

et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux

r~er~3

r

1. Articles originaux

A I 86 Une Essence exotiqueintéressante: le Pinus

SOMMAIRE

Pages

insigms 169

C I 133 Sur la transformation du camphène en esters d'isobornyle, par MM. Georges Brus et

J.Vébra, (fin) 187

II. Petite Documentation

F II 90-91 Petite documentation

:

186

J

JVIODH DE CLASSIFICATION DE NOS DOCUMENTS

A. Généralités.

B. Récolte et traitement des résines.

C. Essences de térébenthine, terpènes et dérivés.

D. Constituants solides des résines et leurs dérivés.

1 Articlesoriginaux. IIDocumentation.

E. Dérivéschimiques dubois.

F. Cellulose de bois.

G. Documentsdivers.

Adresser la Correspondance ;

INSTITUT DU PIN, Faculté ÔCS $CÎCnCC$, 20, Cours Pasteur, BORDEAUX

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H* 9 (3eSériel Paraissant le 15 dechaquemois. 15 Septembre 1935

BULLETIN

DE

L'INSTITUT DU PIN

Sous le contrôle du Ministère de l'Agriculture

et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux

A i 86 UNE

Essence exotique intéressante

LEPINUS INSIGNIS <">

C. G. Aubert. Adaptation et culture.

Campredon. Qualités physiques et mécani¬

ques du bois. «Travail de la 2e section de la Station

de Recherche et Expériences forestières de l'Ecole

des Eaux et Forêts ».

Vidal, Brot et Arribert. Utilisation du

bois en papeterie. « Essais effectués à l'Ecole

Fran¬

çaise de papeterie ».

I

ADAPTATION ET CULTURE

A la demande de mes excellents amis MM. Gui- nier, Directeur, et Hulin, professeur à l'Ecole na¬

tionale des Eaux et Forêts, dans un rapport sur les

essences exotiques cultivées dans l'Ouest de la

France (1), j'avais été amené à signaler tout à la

fois la merveilleuse végétation du Pinus insignis (Dougl.) dans nos provinces et l'espèce

d'interdit

(*)- Cette étude a été publiée dans la «Revue des Eaux et Forêts

t. 72. 7e série, p. 923 (Décembre 1934).

Nous remercions très vivement la Rédaction de cette revue et

les auteurs de l'étude ci-dessus de nous avoir autorisés à la publier et de nous avoir obligeamment prêté les clichés.

(1) Comptes rendus du Congrès International de sylviculture de l'Exposition coloniale, 1931, t. II.

jeté sur son emploi dans les reboisements forestiers

en raison de la mauvaise qualité de son bois. J'in¬

diquais l'intérêt qu'il y aurait à reprendre la ques¬

tion et à étudier scientifiquement l'utilisation pos¬

sible de cette essence dans les nouvelles industries chimiques du bois, notamment pour la fabrication

de la cellulose et de la pâte à papier.

MM. Guinier et Hulin voulurent bien accueillir cette suggestion. L'Ecole de Nancy a fait

effectuer

des expériences, d'une part à la Station de Recher¬

ches de l'Ecole sur les qualités physiques et méca¬

niques du bois de Pinus insignis

crû

en France,

d'autre part à l'Ecole de Papeterie de Grenoble en

vue de déterminer la valeur de la cellulose extrac- tive et les conditions économiques de son extrac¬

tion.

Les rapports relatifs à ces essais

figurent ci-

après. Au point de vue mécanique, ce que

l'on

sa¬

vait de la médiocre qualité de ce bois se trouve con¬

firmé. Par contre, ce nouveau matériau serait Sus¬

ceptible d'un emploi intéressant en

papeterie grâce

à sa faible teneur de résine comme à la longueur

et à la solidité de ses fibres.

II n'y a donc plus lieu de le

proscrire des boise¬

ments et il convient au contraire d'étudier les con¬

ditions dans lesquelles l'introduction de cet

exoti¬

que pourra être recommandée :

c'est

ce que

l'on

va tenter d'exposer ici.

Le Pinus insignis est originaire de la côte occi¬

dentale des Etats-Unis en Californie, principa¬

lement autour de la baie de Monterey. Il ne s'éloigne guère des côtes ou des

montagnes environ¬

nantes. Il s'y trouve au voisinage du

Cupressus

ma-

(4)

170 BULLE1IN DE L'INSTITUT DV PIN N° 9 - Septembre 1935

crocarpa et de sa forme C. Lnmberiiana, plus sep¬

tentrionale. Il est comme eux adapté à un climat

maritime assez humide, tempéré chaud, où les

froids de l'hiver ne sévissent guère. Cette adapta¬

tion se manifeste notamment par une végétation presque ininterrompue. Ceci explique que l'examen physique du bois révèle la très faible importance du

bois d'automne dans les couches annuelles. Mais ce

caractère rend l'arbre particulièrement sensible aux

gelées précoces ou tardives aussi bien qu'aux froids

de l'hiver. Il conditionne également l'époque favo¬

rable à la plantation.

En son pays d'origine, il possède une croissance exceptionnellement rapide qui se maintient sur les sujets de première et de deuxième génération que

nous possédons en France. Sa croissance en diamè¬

tre est comparable à celle du sapin de Douglas. En Bretagne, dans le Finistère, 50 Pinus insignis de 4

à (i ov.ç furent plantés en bordure d'une route fores¬

tière de la forêt domaniale de Coatloch en février 1915. 30 d'entre eux avaient survécu en 1931; ils avaient alors 19 à 25 mètres de hauteur totale et 12 mètres de fût en moyenne avec un diamètre va¬

riant de 0m. 30> à 0 m. 45 à hauteur d'homme. Le

plus vigoureux atteignait 0 m. &0 de diamètre, soit

un accroissement en diamètre d'environ 4 centimè¬

tres par an. Par contre, le Pinus insignis est loin de posséder la croissance prolongée ein hauteur du Douglas. Il prend de bonne heure un grand dévelop¬

pement latéral avec une puissante ramure formée

de fortes branches à peu près horizontales portant d'épaisses masses de feuillage d'un vert gai.

Cette robuste charpente, ces masses denses de feuillage bien dégagées du tronc, la souplesse des aiguilles fines et très nombreuses, leur nuance d'un vert gai jointes à la rapidité de sa végétation

en font un arbre idéal pour les pépiniéristes et les

architectes paysagers qui ont besoin d'obtenir dans

le minimum de temps le maximum d'effet esthé¬

tique.

L'accroissement diamétral de l'Insignis est légè¬

rement supérieur à celui du C. macrocarpa qui est

le plus souvent planté en mélange avec lui, soit par

mélange pied à pied, soit par bouquets séparés. Le

bois du C. matrocarpa est de bien meilleure qualité,

mais l'arbre est branchu dès la base et sa culture

ne présentera aucun intérêt forestier tant que l'on n'aura pas sélectionné une forme forestière dont

le fût sera normalement dégagé de branches. L'ob¬

tention d'une telle forme ne semble pas irréalisable quand on sait la virtuosité avec laquelle nos pépi¬

niéristes ont créé une quantité de variétés horti¬

coles des résineux exotiques.

L'accroissement de l'Insignis se maintient long¬

temps. Nous devons à l'affabilité de M. le comte de Lauzanne de présenter ici (photo 1) l'un des plus vieux sujets existants en France dans le do¬

maine de Porzantrez près Morlaix. L'arbre plairté

en 1856, âgé de 80! ans, mesurait 4 m. 50 de tour à hauteur d'homme en 1930, ce qui représente un accroissement moyen annuel en diamètre de 1 cm. 8. Ce vénérable doyen ne présente aucun:

signe de dépérissement. La question délicate de la longévité réduite1 des essences exotiques sur la¬

quelle M. Pardé a récemment appelé l'attention des

reboiseurs ne se posera donc pas pour l'Insignis,

d'autant moins que les expériences de l'Ecole de papeterie marquent que l'arbre doit être exploité jeune et même très jeune si l'on a en vue l'indus¬

trie de la cellulose.

Bien que le manque de recul n'ait pas permis

d'avoir la cime de l'arbre, l'on peut juger sur cette photographie de la forme botanique de l'espèce à

l'état isolé. Cette forme est acquise d'assez bonne heure ainsi qu'en témoigne la photographie «n° 2)

d'un sujet de moitié plus jeune planté sur la côte

sud de Bretagne dans un parc de Sarzeau (Morbi¬

han.)

Afin que l'Insignis puisse prendre son port étalé

et développer toute sa vitesse de croissance, il fau¬

dra le planter très espacé. iPour en donner une idée,

rien ne vaut l'examen de quelques comptages effec¬

tuées à Carnac (Morbihan) en décembre 4930 sur

quelques bouquets d'arbres plantés de 1905i à 1910.

CDV, C-D -O5-

Essence

Diamètres à 1m. 30.

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(5)

BULLE1IN DE L'INSTITUT DU PIN N° 9- Septembre L935 171 Trois à cinq arbres à l'are, 500 à l'hectare ont

suffi pour obtenir très rapidement un boisement complet.

Pour en finir avec cette question de la croissance de VInsignis, il convient d'ajouter que cette rapi¬

dité se maintient même loin des rivages mariti¬

mes : aux environs de Sablé, sur les confins du Maine et de l'Anjou, un Insignis planté en 1896

ou 1897 mesure aujourd'hui 2 m. 35 de tour à 1 m.

du sol.

Quelle est donc la zone l'Insignis semble

devoir prospérer ? On peut, jusqu'à plus ample informé, la délimiter ainsi en France : Au pied des Pyrénées (1), les vallées de l'Adour et de la Ga¬

ronne lui sont ouvertes. Mais il n'y a pas d'intérêt

à le planter partout où le pin maritime se prête

au gemmage; celui-ci donne, même en temps de

crise, des produits bien supérieurs à ceux que l'on pourrait attendre de l'Insignis. Il ne semble pas à

propos d'aborder ici la possibilité d'introduction

de VInsignis sur les côtes de la Méditerranée. La

luminosité et la sécheresse de l'air y sont beaucoup plus accentuées que dans son pays d'origine, tan¬

dis que la température hivernale et estivale per¬

mettent d'y faire appel à des espèces bien plus in¬

téressantes au point de vue forestier par la qua¬

lité de leurs produits.

Le Pinus Insigis réussit bien dans le Confolen-

tais et le Poitou. Mais il faut l'arrêter au seuil du Massif central. Déjà aux environs de Poitiers, un

Insignis de 12 ans, porte la trace de jeunes pousses roussies, sans autre dommage d'ailleurs, par les gelées d'hiver ou de printemps (photo 3). L'In¬

signis se plait sous le climat de la Touraine, mais

il ne faut pas le faire remonter plus loin vers l'Est

dans la vallée de la Loire. M. Camus, directeur de l'Ecole des Barres, a bien voulu me faire connaître que des essais d'introduction effectués à plusieurs reprises à l'Arboretum n'avaient pas réussi; les

(1) Au Sud des Côtes françaises de l'Atlantique, les forestiers espagnols ont réalisé un grand effort pour le reboisement des provinces basques. Ils ont employé de nombreuses espèces de pins, surtout le Pinus Insignis.

Dans une zone côtière de 20 à 30 kilomètres de largeur, on peut estimer que le Pinus Insignis couvre plusieurs dizaines de milliers d'hectares.

Malheureusement les jeunes plantations sont exposées au dan¬

ger des incendies : 3.000 à 4.000 hectares de pins, détruits par le feu dans la vallée de la Bidassoa, ont été reconstitués depuis.

Sur le versant français des Pyrénées le Pinus Insignis a moins bien réussi, il dépérit dès qu'il s'élève quelque peu en.altitude. Il donne seulement de bons résultats le long du littoral et dans le fond des vallées abritées.

Dans les Landes le Pinus Insignis a été fortement éprouvé par l'hiver de 1933-1934.

plants ont été tués par le 'froid sauf de jeunes sujets qui demeurent souffreteux.

De Touraine, la limite de l'Insignis remonte vers le Nord-Ouest, entre le Maine et l'Anjou. A Sablé,

le Pinus insignis, comme le chêne vert et mieux que lui, a supporté, sans avoir même les aiguilles roussies, les froids exceptionnellement intenses et

prolongés de janvier, février et mars 1929, comme aussi les froids précoces et sévères de décembre 1933.

Cette limite gagne ensuite Domfront et la. bor¬

dure occidentale du Bocage Normand, puis elle s'in¬

cline au Nord-Est à travers le Calvados jusqu'à

l'embouchure de la Seine. Dans la plaine calcaire

de Caen comme à Sablé, l'arbre a bien supporté les

froids de 1929.

Le Pinus insignis est considéré comme redou¬

tant le calcaire. Cependant les pépiniéristes le plan¬

tent sur des terrains jurassiques et crétacés dans

les parcs et jardins et plages du Calvados. Dans le Confolentais et le Poitou, il croît sur des sous-sols calcaires. Il est vrai qu'autour de Poitiers le ter¬

rain est décalcifié au point de permettre la végé¬

tation du pin maritime, du châtaignier, de la bour¬

daine à côté de plantes calcicoles.

Précisément, VInsignis, grâce à son adaptation et

à sa transpiration très active, pourrait rendre des

services pour l'assainissement du Marais Poitevin,

du Marais Vendéen, du Marais Breton et de la Brière, mais il doit y être essayé qu'avec prudence

en raison de la, nature calcaire de certaines eaux.

Gette puissance asséchante, conjuguée avec le

couvert épais et étalé de l'arbre a pour effet de mo¬

difier très rapidement la composition du tapis végé¬

tal. Ainsi, au pied de quelques jeunes Insignis ré¬

cemment élagués au bord d'un chemin dans la pres-

qu'ile de Rhuys, on remarque que le talus n'est plus couvert que d'une herbe rase (photo n° 4).

Fréquemment en Bretagne, sous les bouquets de

Pinus Insignis, le tapis végétal n'est plus composé

que de ronces et de brachypodes et ces espèces qui

se contentent d'un éclairage latéral disparaîtraient

sans doute sous les plantations de plus grande éten¬

due. Par là ce pin se sépare nettement de la plu¬

part des espèces du genre.

On n'a jamais employé en foresterie autant de

termes militaires qu'en ces temps de pacifisme vrai

ou simulé; on discourt sur la stratégie et la tacti-

(6)

172 BULLE1IN DE L'INSTIIUT DD PIN N° 9 - Septembre 1935

que forestière. Je m'efforcerai donc d'être à la page

en disant que les pins sont la cavalerie de la forêt,

masse à l'action rapide et puissante qui conquiert

de nouveaux terrains mais ne les occupe que tem¬

porairement, ou bien arrière-garde résistante qui protège et retient encore la sylve dégradée. Dans

cette cavalerie, VInsignis fait figure de cavalier seul,

ou plutôt de grosse cavalerie : c'est le lourd dragon

dont la verte crinière, du soleil d'été rompant la lumière, écrase tout sur le sol. L'arbre prend alors

solidement possession du terrain en détruisant les plantes de la lande, genêts, ajoncs,

bruyères

et

fou¬

gères.

Mais son installation est autrement difficile que celle des autres pins. M. le conservateur Fatou est

le premier à ma connaissance à

avoir introduit VIn¬

signis dans les terrains domaniaux, d'abord

dans

les dunes de Quiberon (Morbihan) et de Beg Meil

(Finistère), puis en bordure de routes dans les

fo¬

rêts de Garnoët et de Coatloch (Finistère). Sur la

dune de Quiberon exposée avec la « Côte Sauvage » de la presqu'ile à de terribles vents

d'ouest, le C.

macrocarpa seul a pu résister et

VInsignis

a

échoué,

tandis que dans la dune de

Beg-Meil il présente

une croissance double de celle du pin maritime.

Dans les forêts, les premières plantations ont été

faites au point de vue esthétique

afin de rétablir

au plus vite, après des coupes

définitives,

une

végéta¬

tion forestière à proximité du lieu où se

donne le

« Pardon des Oiseaux » près de Quimperlé.

Ces

plantations ont bien

réussi

et ont

fourni les échan¬

tillons qui ont fait l'objet des présentes

études.

Le Pinus Insignis, fructifie de bonne heure et ses graines sont fertiles.

M. Fatou

a

fait récolter et

semer en pépinières les graines des

arbres qu'il

avait plantés. Ainsi l'on pourra

bientôt suivre la

croissance de pins de deuxième

génération de

pro¬

venance franlçaise. Cette croissance

extrêmement

rapide et cette fructification

précoce seront

un avantage précieux pour l'emploi

de cette espèce,

puisque la fabrication de la

pâte à papier peut tirer

parti d'arbres de 10 à 20 ans.

Le semis et la plantation de

VInsignis demandent

plus de soin

lorsqu'on s'éloigne de la Côte de

l'Océan. Aux environs de Caen, il est nécessaire d'a¬

briter légèrement le semis contre

le froid pendant

les deux ou trois premières années. Dans

le Bocage

Normand ,des semis effectués en 1927 ont bien

réussi et ont supporté sans abri leur premier hiver-

Plantés en forêt à l'automne 1928, ils furent gril¬

lés par les froids exceptionnels de l'hiver suivant

et l'expérience est à reprendre. Pareil accident est

arrivé trop fréquemment à des planteurs bretons,

notamment dans le centre de la province et sur les

côtes de la Manche. Il importe de remarquer que,

en raison de sa période végétative très prolongée,

le Pinus Insignis doit se planter à une époque telle

que les racines jouent immédiatembent leur fonc¬

tion d'aspiration de l'eau. Si l'on plante au cœur

de

l'hiver, les racines ne fonctionnent pas et il suffit-

de quelques journées d'insolation pour dessécher

et griller les jeunes plants. Il en est de même pour les plantations d'automne, si les froids sont pré¬

coces ou prolongés. Il convient donc de ne planter VInsignis qu'au printemps au moment du départ plus actif de sa végétation, et de le

planter dans

des potets assez profonds dont la terre

convenable¬

ment ameublie conservera une réserve importante

d'humidité à la disposition des jeunes sujets. Il

faut, en effet, sous peine de mort des jeunes plants,

que ceux-ci trouvent abondamment

dans le scol,

dès leur plantation et pendant leur premier été,

l'eau indispensable à leur végétation rapide et à

leur transpiration intense.

Ouais ! dira-t-on, semences et plants coûteux:

comme il est de règle pour la plupart des exoti¬

ques, plantation délicate et onéreuse, voilà qui n'est guère de mise pour séduire les reboiseurs. Il est

vrai. Mais, sauf en certains cantons des côtes de l'Océan, il ne saurait être encore question de reboi¬

sements étendus et l'on a vu avec quelle prudence

M. le conservateur Fatou a procédé aux premières

introductions dans les forêts domaniales du Mor¬

bihan et du Finistère. Ces essais sont à suivre mé¬

thodiquement, à continuer et à multiplier sur

d'autres points du territoire dans la zone que

l'on

s'est efforcé de délimiter. Il faut déterminer mieux que l'on a pu le faire

jusqu'ici les conditions de

récolte des cônes, de semis en pépinière et de plan¬

tation, étudier les conditions thermiques et hygro¬

métriques, la nature et la

profondeur des sols qui

conviennent à l'essence. C'est le rôle des forestiers

de l'Etat plus encore que des

reboiseurs particu¬

liers, car ceux-ci ne peuvent pas toujours recon¬

naître les causes toutes simples d'un échec qui

dé-

(7)

Cl. comte de Lauzanne.

1.— Un Pinus Insignis de 80 ans.

Domaine de Portzantrez, près Morlaix

Cliché J. Salvini 2.— Un PinusInsignis isolé. Forme botanique

Parc près de Sarzeau, presqu'île de Rhuys (Morbihan)

(8)

cliché

J.

Saluini

3.—

Un

Pinus

Insignis

de 12

ans, près

Poitiers.

Longues

pousses

annuelles

et

traces

de

gelée.

cliché

J.

Salvuii

4.

Presqu'île

de

Rhuys.

Jeunes

Insignis

élagués

sur

un

talus

au

bord d'un

chemin.

(9)

BOLLM'IIN i)lH L'INSTITUT DU PIN ;V° 9 Septembre iv35 175

cliché DrSaint-Martin.

5.— 1913-1914. De gauche à droite. Villas Emilia, Jeanne-d'Arc et Chimère Premièresplantations et landes.

6.— 1933. Vingt ansaprès. Les mêmesvillas, Chimère au fond, Émilia à droite,

sous les Insignis et les C. macrocarpci.

(10)

176 BULLETIN DE L'INSTITUT DD PIN N° 9 - Septembre 193b

clichéDr Saml-Marlm.

7.— 1913-1914. Villas Chimère etJeanne-cFArc, avecla lande et la plaine à perte de vue,

jusqu'au bourg de Carnae.

gourbet^.

chché Dr Sainl-.VIarlin 8. 1913-1914.— Villa « Ty Herminie » sur le sable, avec la végétation littorale de

chiendent etraisin demer.

- 8

(11)

BULLE1IN DE L'INSTITUT DU PIN N° 9- Septembre 1935 177

précie l'essence à leurs yeux et les détourne de

toute nouvelle tentative.

Si le plant et la plantation sont cliers actuelle¬

ment, l'espacement des plantations compense cet

inconvénient. Les expériences de la Station de Re¬

cherches de l'Ecole de Nancy ont établi que les qualités mécaniques du bois s'améliorent quand la rapidité de croissance diminue, mais que cette

amé¬

lioration est insuffisante pour justifier une plan¬

tation serrée, tandis qu'au contraire il y a intérêt

pour l'industrie chimique à planter très

espacé afin

d'obtenir l'accroissement maximum. D'après les

nombreux boqueteaux étudiés en Bretagne, une

formule heureuse semble être la plantation en

lignes distantes de 5i mètres à raison de

plants

espa¬

cés de 3 mètres sur les lignes, soit 680 plants à

l'hectare. Pour créer plus vite le fourré, l'on peut

semer dans les interlignes quelques pins maritime

destinés à être rapidement dominés et étouffés ou à être enlevés en éclaircie. Dans de telles conditions

une plantation d'Insignis n'est pas plus

onéreuses

qu'une plantation de pin sylvestre

à raison de 4.000

plants à l'hectare. Le remplissage

de pin maritime

peut, lorsque le terrain s'y

prête, être remplacé

par quelques peupliers, ypréaux ou

carolins, mais la

dépense est alors plus

élevée. C'est

une

formule

parfois adoptée sur les côtes.

Si l'on tient compte

de la perspective d'une réalisation

hâtive

vers

la

vingtième année et si l'on est

assuré préalablement

d'un débouché possible vers des usines

de Rennes,

de Nantes ou du Sud-Ouest, la mise au point de la

culture de l'Insignis apparaîtra comme nettement avantageuse alors que nous payons un

lourd tribut

à l'étranger pour l'importation de

la pâte à papier.

Jusqu'ici d'ailleurs, c'est surtout au

point de

vue esthétique et touristique que le

Pinus Insignis fut

planté concurremment avec son

congénère le Cy¬

près à gros fruits. Il a

fait merveille dans des reboi¬

sement compris comme des

entreprises

annexes

à

des mises en valeurs immobilières.

'M. Dr Saint-Martin, directeur de la clinique héliothérapique Santéz-Anna à

Carnac-Plage (Mor¬

bihan), a bien voulu nous permettre de présenter

ici un lot de photographies suggestives.

Les

unes

datant de 1912-1913 montrent les premières villas,

construites au milieu des sables de la plage avec leur végétation de gourbet

et de chiendent de

mer,

ou bien édifiées sur la lande bretonne qui

court

jusqu'à l'horizon avec ses maigres murettes de pier¬

res sèches de moins d'un mètre de haut, suffisan¬

tes pour parquer les petites vaches guère plus gran¬

des que les chèvres. Vingt ans plus tard les mêmes

villas émergent dans la verdure de la forêt et la

cîme des pins atteint aux fenêtres du deuxième éta¬

ge. Une transformation aussi rapide n'aurait été possible avec aucune autre essence sous ce climat.

L'arbre qui a permis cette réalisation remarqua¬

ble, laquelle est loin d'être unique en Bretagne,

mérite bien son nom d[Insignis (1).

C. G. Aubert.

II ESSAIS PHYSIQUES ET MECANIQUES

SUR LE BOIS DE PINUS INSIGNIS

Les essais physiques et mécaniques dont nous rendons compte ci-dessous ont porté sur une dou¬

ble série d'échantillons, ce qui a fourni l'occasion

de constater les variations de qualité du bois de Pi-

nus insignis suivant les conditions de croissance

dans lesquelles il a été placé

Première série d'essais.

Un premier lot de 9 billons de 1 mètre avait été expédié en avril 1933 aux laboratoires del'Ecole.Ils provenaient de la partie moyenne du fût de 3 ar¬

bres plantés le long d'une route forestière de la fo¬

rêt domaniale de Carnoët, près de Quimperlé (Fi¬

nistère), savoir :

Les billans nos 1, 2, 3 d'un arbre de 20' ans, abat¬

tu en septembre 1932 à l'occasion du Congrès fo¬

restier de Vannes;

Les billons nos4, 5, 6 d'un arbre de 16 ans, abat¬

tu en mars 1933 pour fournir des échantillons à

l'Ecole de papeterie de Grenoble;

Les billons nos 7, 8, 9 d'un arbre abattu en avril 1933, âgé de 20ans, mesurant 17 m.

50 jusqu'à l'ex¬

trémité, et présentant à 16 mètres un

diamètre de

11 centimètres; c'était un arbre bien venant, mais

non choisi parmi les plus forts.

Ces échantillons, débitésen mai, à leur réception,

(1) Je prie tous les correspondants, propriétaires, pépiniériste»

et camarades forestiers qui ont bien voulu répondre à mes de-

mandes de renseignements de vouloir bien trouver ici l'expression

de mes sincères remerciements.

9

(12)

178 RULLE1IN DE L'INSTIIUT DU PIN N° 9 - Septembre 1935

et mis à sécher à l'air, ont été essayés en décembre

1933.

Au moment des essais, il se trouvait qu'à la suite

d'un manque de précautions au début du séchage,

certaines planches étaient attaquées et bleuies, quelques-unes assez fortement. Les essais furent cependant entrepris sur les planches restées saines

ou, en tous cas, peu attaquées. Il ne se révéla d'ail¬

leurs pas de différence systématique entre les unes et les autres, l'influence du bleuissement sur les

qualités mécaniques du bois paraissant être, ainsi qu'il est connu, peu importante. Il n'y a donc pas d'inconvénient à faire état des résultats de cette

première série et de les considérer comme nor¬

maux.

Les essais ont été conduits suivant la méthode Monnin, dont nous supposons les principes connus.

Les observations faites au cours des essais per¬

mettent de commenter les résultats de la manière suivante :

Premier arbre : Ecorce lisse, bleuissement assez

important.

Accroissements larges, couches de 1 cm. 2 d'é¬

paisseur moyenne.

Bois léger on très léger, tendre ou très tendre, à

cote de dureté pourtant normale en raison de sa faible densité; bois de printemps important. Très

peu résistant à la compression. Faibles caractéris¬

tiques de flexion : cote faible, flèche de rupture

brutale. Très peu résistant au choc. Bois de qualité

tout à fait médiocre.

Deuxième arbre : Ecorce crevassée, rhytidome, rappelant celui du pin maritime.

Bleuissement peu accusé.

Couches de 4 à 5 millimètres d'épaisseur.

Bois assez léger, assez tendre, cote de dureté nor¬

male, plus dur que le précédent. Résistant assez bien à la compression et à la flexion. Cote de flexion

moyenne, rupture normale avec période de défi- bragc prolongée, élastique. Résistant bien au choc,

presque résilient. Bois de qualité presque moyenne.

Troisième arbre : Ecorce lisse. Bleuissement in¬

signifiant.

'Couches de 4 à 5 millimètres d'épaisseur.

Mêmes observations que pour le premier. Carac¬

téristiques faibles. Cassure brutale à la flexion. Bois

tout à fait médiocre.

Le résultat général de ces essais était donc le

suivant :

Pour les arbres 1 et 3, on se trouvait en pré¬

sence d'un bois tout à fait médiocre tant au point

de vue physique, que mécanique, possédant un re¬

trait fort ou moyen, peu propre à la menuiserie

même ordinaire.

Le deuxième arbre donnait des résultats nette¬

ment différents, tant par la valeur plus élevée de

chiffres de résistance que par la manière dont il se

comportait vis-à-vis des sollicitations mécaniques.

Alors que pour les deux autres, on n'obtenait par

exemple, à la flexion, sous une faible charge et une

flèche minime, une rupture brutale, nette, presque analogue à celle qu'on aurait pu obtenir avec une

réglette en verre, nous avions ici une rupture beau¬

coup plus normale, avec une flèche plus importante

et une période de défibrage après la rupture.

La divergence de ces résultats 'fut attribuée, après

visite des lieux par M. Roux, inspecteur à Lorient,

aux conditions très différentes dans lesquelles les

trois arbres avaient crû, Les arbres 1 et 3 faisaient partie d'une rangée plantée le long d'une route,

des deux côtés de laquelle avaient été assises depuis

1906 des coupes principales : ils avaient donc pous¬

à découvert. Le deuxième faisait au contraire

partie d'un peuplement où n'avait pas eu lieu d'ex¬

ploitation; il était dominé par des sapins pectinés

et avait été enlevé pour ce motif. Cet arbre était moins gros et moins long que les autres, qui avaient

environ 18 mètres.

Cet ensemble de circonstances expliquait les dif¬

férences d'épaisseur des couches et de densité du

bois et par suite les différences de qualité. C'est évi¬

demment l'arbre qui avait eu la croissance la plus

lente qui donnait les résultats les plus intéressants.

C'est en vue de préciser et de compléter ces ré¬

sultats que les essais de la deuxième série ont été entrepris.

Deuxième série d'essais.

Il a été abattu en forêt de Coatlorh (Finistère), toujours par les soins de M. l'inspecteur Roux,

deux Pinus Insignis, faisant partie d'une allée con¬

duisant à une maison forestière.

L'un de ces arbres était à l'extrémité de l'allée,

en bordure d'une large route forestière. Le second,, qui lui faisait suite, était un peu couvert par lui'

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