7670
N° 12
(3e
Série) /'croissant Le 15 de chaque mois. 15 Décembre 1935Abonnement
«u Bulletin (un an;
France. .. 35 lr.
Etranger. 50 fr.
Adresserlemontant des Abonnements kl'Institut duPin.— C. C. Bordeaux 9237
Le Numéro...
Le Numéro decoilecfion....
France... 3 50
Étranger. 5 »
France
etEtranger 7 »
(portensupplément)
BULLETIN
DE
NSTITUT DU PIN
Sous le contrôle du Ministère de
l'Agriculture
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
0E
C ■"V
(k
A I
SOMMAIRE
I. Articles originaux Pages Surl'emploi desdérivésrésiniquesetlerpé-
niques dans la préparationd'insecticides,
par M. J. Feytaud et P. de Lapparent. 241
II. Petite Documentation
C II 199 Récents progrès dansla chimie des terpè-
nes, par J. L. Simonsen 244
Pages D II 319 Les Résines pour la préparation des ver¬
nis, d'après Krumbhaar 249 C II 197-205 Petite documentation 255 D II 314-329 Petite documentation 256
E II 97-99 Petite documentation 261
F II 96-100 Petite documentation 262
JVSODE DE CLASSIFICATION DE JMOS DOCUMENTS A. Généralités.
B. Récolte et traitement des résines.
C. Essences de térébenthine, terpènes et dérivés.
D. Constituants solides des résines et leurs dérivés.
/ Articles originaux. — II Documentation.
E. Dérivés chimiques dubois.
F. Cellulose de bois.
G. Documentsdivers.
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fk° 12 (3e Sériel Paraissant le 15 dechaque mois. 15 Déesmbîfe 1935
BULLETIN
DE
L'INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle du Ministère de l'Agriculture
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
A i 88
SUR L'EMPLOI
de Dérivés Résiniques et Terpéniques
DANS LA
Préparation d'Insecticides
par MM. J. FEYTAUD et P. de LAPPARENT
Le Bulletin de l'Institut du Pin, dans son numéro de juin 1935, a déjà publié quelques données four¬
nies par nos recherches sur l'utilisation des pro¬
duits du pin comme insecticides et comme mouil¬
lants. Il s'agissait d'expériences faites en 1933 et
1934.
Elles ont été poursuivies et nous croyons utile
de faire connaître les résultats nouveaux, ainsi que la mise au point de formules précédemment indi¬
quées. L'importance des programmes de travail de
la Station ne permet malheureusement pas de
donner à cette question tout le développement dési¬
rable; mais nous nous estimerons récompensés si
nous avons réussi à ouvrir la voie aux industriels pour la préparation de formules dont l'usage agri¬
cole est susceptible de fournir de nouveaux débou¬
chés à l'industrie résinière.
Un fait est bien acquis, et d'importance pour la préparation des insecticides, c'est la parfaite solu-
bilisation des principes toxiques des plantes à roté-
none (Derris et Cubé) dans l'essence de pin ou ter- pinolène commercial.
On arrive à extraire par le terpinolène une grosse quantité de ces principes, quantité qui, pour la
roténone seule, représenterait près du dixième du poids du solvant.
Evidemment, a priori, il semble naturel de re¬
chercher la plus grande concentration possible de
l'extrait. Mais nous savons que le terpinolène
émulsifié par mélange avec un alcoiol terpénique
sulfoné ne peut être employé, en émulsion dans l'eau, pour être pulvérisé sur les plantes, qu'à
une dose assez faible, variant de 0,2 à 1,5 % sui¬
vant la fragilité des organes des végétaux traités,
à moins qu'il ne s'agisse de traitements d'hiver
sur troncs et branches.
Connaissant cette dose, il serait aisé de fixer la concentration utile du terpinolène en extrait insec¬
ticide d'après le degré de toxicité de la roténoine
pour les divers insectes à leurs différents stades.
En ce qui concerne le Doryphore, ravageur de
la Pomme de terre, par exemple, et dans lescondb
tions expérimentales du laboratoire, il nous a pai nécessaire d'employer respectivement, contre les jeunes larves, les larves âgées et les adultes, les do¬
ses de 100 gr., 290 gr. et 500 gr., par hectolitre
d'eau, d'un produit contenant environ 16 % de principes extraits du Derris, dont 5% de roténone.
Il convient de dire que, les insecticides de ce genre agissant par contact, les insectes seront piras
ou moins intoxiqués suivant la quantité de
liqqide-
reçue par chacun d'eux, que l'efficacité
s^x^f/par
242 BULLETIN DE L'INSTITUI DU PIN — N° 12 - Décembre 1935
suite accrue, dans une certaine mesure, par une
pulvérisation abondante et qu'elle sera d'ailleurs
favorisée par le grand pouvoir mouillant dû à l'al¬
cool terpénique.
Voici notre plus récente formule, choisie tant à
cause de la grande simplicité de sa préparation que de son efficacité suffisante en émulsion dans l'eau à 0,5 % :
Nous faisons macérer, à une température pas
trop élevée (30° G. au maximum) et pendant 5 jours, avec agitatioin bi-quotidienne, 15i grammes de poudre de Derris ou de poudre de Cubé, à 5 %
de roténone garantis, dans 100 grammes de terpi-
nolène, puis nous filtrons et conservons en flacons
de verre dûment teintés pour éviter l'action de la
lumière.
Pour l'emploi, nous faisons le mélange :
Terpinolène au Derris . . 60
Huile de pin française, dite terpinéol. 20
Alcool oléique sulfoné . 20
en unissant tout d'abord de préférence les deux
derniers éléments, qui forment ensemble une pâte semi-liquide dans laquelle on incorpore ensuite le terpinolène roténShé.
Avec une émulsion à 0,5 % pulvérisée sur des
larves de Doryphore du quatrième âge, nous avons obtenu sur toutes, en quelques heures, l'action spé¬
ciale des principes toxiques des plantes à roténone,
c'est-à-dire la paralysie ou la mise en léthargie, puis
le noircissement, signe de la mort, sur 30 % en 24 heures, 75 % en 48 heures, et 100 % en quatre jours.
Notons en passant que cette émulsion, conservée
à la lumière du jour, en flaccm ordinaire, à l'inté¬
rieur du laboratoire, est encore très toxique au bout
de 24 heures, contrairement à ce que feraient pré¬
sumer certaines données classiques sur la rapidité
d'altération de la roténone dans l'eau. Notons égale¬
ment, à propos de la léthargie, que, dans la pra¬
tique, tout insecte offrant ce symptôme d'intoxica¬
tion par la roténone tombe à terre et devient
presque toujours la proie des prédateurs avant l'apparition du noircissement qui est le symptôme
de la mort.
La formule ci-dessus donne avec l'eau une bonne bouillie, stable. Il faut verser le produit dans l'eau plutôt que l'eau sur le produit, puis bien agiter jusqu'à émulsion homogène.
En hiver, sous l'action du froid, le produit fige,,
comme l'huile de table; mais il suffit de le réchauf¬
fer au moment voulu et d'employer une eau dont
la température ne soit pas trop basse et s'accorde
avec la sienne; mieux vaut donc une eau légère¬
ment tiédie.
On peut aussi, pour abaisser le point de coagu¬
lation du produit, remplacer une certaine quantité
du mélange huile de pin-alcool oléique par du sul-
fioricinate d'ammoniaque. On peut, d'autre part,
forcer la dose de Derris ou de Cubé dans le terpi¬
nolène, surtout en procédant par macérations suc¬
cessives. Mais il ne faut pas opérer à une tempé¬
rature trop élevée, qui pourrait détruire tout ou
partie des principes toxiques.
Cette formule est à la fois insecticide et mouillante; sa composition, qui unit l'essence de pin roténonée et l'huile de pin, doit la rendre active
contre les cochenilles; nous procédons actuellement
à des essais afin de déterminer la dose nécessaire.
Nous avons été jusqu'à présent moins bien impressionnés par des dérivés de la colophane : ils laissent souvent sur les végétaux un enduit rési¬
neux, un vernis réputé nuisible; ils collent, poissent
aux doigts, aux mains, aux instruments, à tout ce qui les touche, et ces désagréments leur font préfé¬
rer les dérivés terpéniques. C'est ce qui nous fait
sivolontiers remplacer lacolle de résine par l'alcool
gras supérieur sulfoné comme émul si fiant du terpinolène.
Noms faisons cependant exception en faveur de
l'huile de résine de la qualité dite « raffinée, jaune paille, neutre, très fluide », que nousavonssoumise
à des essais préliminaires dans l'espoir d'obtenir
avec elle des résultats analogues à ceux des huiles
blanches dérivées du pétrole; elle est assez lubri¬
fiante et, émulsionnée, n'offre pas les désagréments
des huiles de résine visqueuses de qualité inférieure
ou d'autres dérivés résiniques.
Les expériences qui font l'objet du présent arti¬
cle, complétant dans une certaine mesure les don¬
nées du précédent, font déjà bien augurer de l'em¬
ploi des produits du Pin dans la préparation des
insecticides. Nous y reviendrons d'ailleurs prochai¬
nement à propos d'autres formules.
BULLW1IN DU L'INSTITUT BU PIN — N° 12décembre - 1935 243
Appareil pratique
pourdoser l'acidité
de l'essence de
térébenthine
A la suite de la publication de la loi du 30 dé¬
cembre 1931, du règlement d'administration publi¬
que du 4 octobre 1932 et de la circulaire N° 111,
.aux agents du service de la répression des fraudes,
l'Institut du Pin a étudié un appareil pratique per¬
mettant aux industriels et aux commerçants de
faire le contrôle rapide de l'acidité d'une essence de térébenthine.
Nous avons conçu deux types d'appareil, le type I et le type II livrés tous les deux en coffret
•de bois, facilement transportable.
TYPE I
Ce dispositif très simple, comprenant un flacon
d'essai (4) et deux flacons contenant les réactifs A et R, permet de s'assurer, en quelques secondes,
de la valeur marchande de l'essence, par la simple
•observation de la coloration du mélange : essence,
liqueur A, liqueur R, introduites chacune en pro¬
portion indiquée, par des traits de jauge sur le
flacon 4.
Essence dont l'acidité est normale, donc infé¬
rieure à 1 gr. 5 par kilogr.: virage rose.
TYPE II
Ce dispositif doit être mis entre les mains du distillateur, pour suivre la fabrication journalière,
entre les mains des agréeurs qui peuvent dans n'importe quelle usine ou entrepôt, être renseignés rapidement sur la valeur marchande du produit proposé.
Ce dispositif comprend, outre les flacons du dis¬
positif I, une fiole jaugée de 5 cm3 (2), un verre
erlennmeyer (1), une burette graduée (3) permet¬
tant dedéterminer,en grammes de KOH par kilogr.,
l'acidité de l'essence.
L'acidité étant caractéristique de la valeur mar¬
chande d'une essence de térébenthine, sa détermi¬
nation facile à l'usine même, est pour l'industriel
un moyen pratique de se rendre compte de la
valeur de son produit, de préciser les résultats
donnés par le dispositif I, et par suite, de faciliter
les coupages qui permettent l'écoulement d'une
essence accidentellement trop acide.
Nous recommandons donc tout particulièrement
le type II qui donne entière satisfaction à ceux qui
le possèdent déjà.
PRIX DE VENTE :
Type I 120 francs.
Type II 150 francs.
Liqueurs de remplacement A : 10 fr. le litre nu.
— — R : 35 fr. le litre nu.
Essence dont l'acidité est anormale, donc supé¬
rieure à 1 gr. 5 par kilogr.: le mélange est incolore.
Appareils de remplacement en verre : prix sur demande.
Pour la vente s'adresser à la Société d'Etudes et
d'Applications pour le progrès de l'Industrie rési¬
nière, 20, cours Pasteur, Bordeaux.
244 BULLETIN DE L'INSTITUT. DU PIN — N°12 - Décembre 1935 G ii 199
Récents Progrès
dans la
Ch imie des Terpènes '
par M. J. L. S1M0NSEN
Il y a trois ans, la 'Chemical Society eut le privi¬
lège d'entendre le professeur Ruzieka présenter le
troisième « Pedler Lecture » (J. 1932-1582). En don¬
nant un compte rendu de la vie et des travaux de
Wallach, le conférencier soulignait beaucoup des plusrécentstravaux de la chimie terpénique. Le but
de cet article est d'essayer de passer en revue rapidement les plus récents progrès faits pendant
les cinq dernières années dans l'étude des dérivés
de l'isoprène (isopentane) extraits des huiles essen¬
tielles. On ne sait, peut-être pas, en général, que
H2C—CMe
>OCH2-CH H2C—CO CH-CH2Me
(I.)
la relation qui existe entre les terpènes etl'isoprène,
relation observée et commentée par Wallach et par Semmler, a été utilisée systématiquement, pour la première fois, par Ruzieka, comme moyen dedéter¬
mination de la structure terpénique.
Des composés les plus simples du groupe terpé¬
nique, notre connaissance de ceux à dix atomes de
carbone est maintenant si complète dans les prin¬
cipes essentiels, qu'on enregistre peu de nouveautés.
En ce qui concerne la vieille controverse relative à l'homogénéité du géraniol et deses dérivés, ontrou¬
vera plus loin des références. Nous devons à
Read
et à ses collaborateurs des progrès importants dans
la stéréochimie des menthols et des carvomenthols,
et par une intéressante série de
réaction,
Houben etPfankuch (inter al., Annalen, 1933, 501, 219, 507, 37) ont transformé le d-camphre en 1-camphre.
On a décrit récemment deux substances de grand intérêt, une cétone et une aldéhyde et on a déter¬
miné leur constitution. La cétone : la jasmone, principe odorant de l'essence de jasmin, a été étu¬
diée indépendemment par Treff et Werner (Ber., 1933, 66, B, 1521) et par Ruzieka et Pfci lier (Helv.
Chim. Acta, 1933, 16, 1208). Elle est représentée
par la formule (!).(**)• Cette cétone qui n'estpasun dérivé de l'isoprène, contient un noyau cyclopen- ténique. C'est apparemment la première fois qu'une
substance contenant un tel cycle, a été extraite
d'une huile essentielle. Son origine biochimique est obscure; il est possible qu'elle soit formée à partir
d'un I : 4- dicéto-acide par perte intramoléculaire
d'eau et élimination de gaz carbonique.
L'aldéhyde, le safranal, C10H14O, est d'un inté¬
rêt plus grand. Kuhn et Winterstein (Ber., 1934,
67,
B, 344) l'ont séparée scius forme de son glucoside,
la picrocrocine, à partir du safran. Cette aldéhyde peut être représentée par la formule (II) et le glu¬
coside par la formule (III).
CMe2 /\
HoÇ
Ç-CHO
RHC CMe
\y .
ch2
(III.) (R =glucose.)
Son association dans la nature avec l'acide polyène dicarbonique,
crocétine, conduit naturelle¬
ment à penser qu'il est apparenté à cette substance,,
ou plus probablement par analogie qu'il est un
de
ses produits de dégradation (v. Mayer, «
Chemie der
Organischen Farbstofîe », II, p. 47).Le safranal est, avec raison, rattaché à la (3-ionone
trouvée par Penfold et Philip (J. Proc. Roy. Soc.
W. Australia, 1928, 14, I) dans l'essence de Boronia megastigma, ainsi qu'à deux dicétones l'angustione
(IV) et la déhydroangustione (IV a), extraites par Penfold (J. Proc. Roy. Soc. N.'jS. Wales, 1924, 57, 300) de l'essence de Backousia angustifolia et dont
on a déterminé plus tard la structure (Gibson, Pen¬
fold et Simonsen, J. 19-31, 286). La présence dans
la nature de ces dérivés simples de l'ionone offre
CMe0
H2Ç
HC
C-CHO
I I
CMe CH
(il.)
* Cet article a été lu à l'ouverture de la discussion sur ce
sujet, le 21 mars 1935. (Çhem. Soc. p. 781-1935.)
**
Les formules ont été clicliées sur l'original en anglais, c'est
ce qui explique que nous avons gardé la notation anglaise. Me
pour CI13.
BULLE1IN DE L'INSTITUT DU PIN — N° 12Décembre- 1935 245
un grand intérêt depuis que Ruzicka et ses
colla¬
borateurs ont montré que l'irone (à laquelle Tié-
mann et Krûger avait donné une formule erronée)
contient 14 et non 13 atomes de carbone. La struc¬
ture de cette cétone, qui contient peut-êtreuncycle cyclcheptane, n'a pas été déterminée.
Cependant,
l'erreur commise par Tiémann et Kriiger ne
doit
pas être regrettée car elle a conduit à la
synthèse
des a et (3-ionones dont on a pu apprécier
l'impor¬
tance dans l'étude de la structure des carotinoïdes et de la vitamine A.
carbures car il ne donne pas de dichlorure cristal¬
lisé ni d'alcool caryophyllène par hydratation.
Semmler a montré en 1913 que le caryophyllène
(nom donné ici au mélange d'hydrocarbures) don¬
nait par oxydation un acide liquide bibasique, qu'il pensait être l'acide méthylnorpinique (VI). On a montré (Evans, Ramageet Simonsen, J., 1934, 1806;
Ruzicka et Zimmermann, Helv. Chim. Acta, 1935, 18, 219) quecet acide est un mélange de deuxacides
cristallisés : l'acide norcaryophyllénique 'C8 H12 O4
et l'acide caryophyllénique C9 H14 O4. Les réactions
CMe, CMë, CMe0
oç çh2
h2c
C<-Me
CO (IV.)
COMe OÇ ÇH~O
HX CH—C:CHo HC
CO (IVa.)
Des progrès considérables ont été réalisés dans
la chimie des sesquiterpènes. Dans les années qui
ont suivi immédiatement les expériences classiques
sur la déshydrogénation du cadinène et du sélinène respectivement en cadalène et eudalène,
Ruzicka
etses collaborateurs ont déterminé la structure des sesquiterpènes, les plus facilement
accessibles, et
des alcools sesquiterpéniques.
La relation d'un sesquiterpène avec le cadalène
ou avec l'eudalène, une fois établie, la recherche de
sa constitution n'offre comparativement que peu de
difficultés. Les difficultés sont au contraire beau¬
coup plus grandes pourles terpènes bicycliquespos¬
sédant un pont et pour les terpènes tricycliques.
Nos connaissances dans ce domaine sont encore très limitées.
Quelques progrèsont été réalisés récemment
dans
le groupe intéressant des hydrocarbures
extraits de
l'essence de girofle appelée
caryophyllènes. Les
recherches de Semmler et de Deussen ont mis en évidence, par la préparation d'un grand
nombre de
dérivés cristallisés, la présence, dans la fraction sesquiterpénique de cette essence,
d'au moins trois
hydrocarbures désignés sous les noms
de
a, (3-et
y-caryophyllène. Le premier de ces
hydrocarbures est
identifié presque avec certitude avec
l'humulène,
extrait pour la première fois par
Chapman de
l'essence du houblon. Sa structure diffère probable¬
ment complètement de celles des deux autres
hydro-
ÇH-CHXH-COMe
CHMe
\/
CH2
(v.)
indiquées ci-dessous ont permis de démontrer que
l'acide norcaryophyllénique est l'acide d-cis-3 :
3-
diméthylcyclobutane-1 : 2 dicarbonique(VII).
L'acide caryophyllénique qui peut être dégradé en
acide norcaryophyllénique (Ramage et Simonsen
J.
4935, 532) doit avoir les formules (VIII) ou (IX).
C (Me) C02II /\
(Me2 C CH2
\/
(VI) CH—C02H
(Me)2C—CH—C02H (Me)2C-C03II (Me)2C—C02H
1 7+ I -If; "X I
II2C—CH—C02II I12C—C—C02H H2C-CO—C02H
->
(VII)
(Me)2C —C02H I
H2C—C02H
(Me)2C—CH-CH2 C02II (Me)2C-CH-C02H
H2C CH-C02H (VIII)
H2C—CH—CH2—C02H (IX)
H2C:CH*CHMeCH2
Me2Ç-Ç ÇH2
h2c—ch c:ch2
(X.) CHo
Ladétermination dela structuredel'acidenorcar-
ryophyllénique est un point
de départ intéressant,
246
/
BULLETIN DE L'INSTITUI DU PIN — N° 12 - Décembre 1935
cependant les caryophyllènes ne pouvant pas être séparés les uns des autres, la détermination finale de leurs structures ne pourra être effectuée que par la dégradation de leurs dérivés cristallisés. Des
expériences préliminaires faites avec le nitrôisite bleu dérivé du (3-caryophyllène permettent de pen¬
ser que l'hydrocarbure correspondantest représenté
par la formule (X), qui en fait un dérivé du cadalène.
L'attention s'est portée récemment sur la chimie
des santalols, depuis que Penfold (J. Proc. Roy.
Soc. New South Wales, 1928, 52, 60; 1932, 66, 240)
a isolé, de l'huile de bois de Santalum lanceolatum,
un nouveau santalol à trois liaisons éthyléniques (Bradfield, Penfold et Simonsen). Semmler, comme on le sait, a montré que l'a-santalol est un alcool tricyclique (XI; R=OH). Le (3 santalol possède la
formule (XII; R=OH) (Bradfield, Penfold etISimon-
sen, J. 1935, 309).
Cette constitution a été prouvée par les réactions
suivantes :
Une observation importante et d'un intérêt plus général a été faite au cours de cette recherche. La formulation correcte de certains dérivés terpéni-
ques simples tels que le géraniol, le citral, etc., a donné lieu à beaucoup de discussions, poiur savoir
si l'on devait les représenter avec,enbout de chaîne,
un groupement isopropényle ou bien un groupe¬
ment isopropylidénique. La majorité des substances
sur lesquelles la discussion a porté, ont été des hui¬
les essentielles et le point de vue le plus générale¬
ment admis a été que ces produits étaient des mé¬
langes inséparables de substances, contenant ces deux groupements. Kuhn et Roth (Ber. 1932, 65, B, 1258) ont dosé quantitativement l'acétone formée par oxydation de plusieurs de ces substances con¬
tenant le groupement isopropylidénique et ont trouvé des résultats variant de 60 à 90 % de la valeur théorique.
Ils ont étudié en particulier un acide cristallisé, l'acide déhydrogéranique (XIII ou XIV) et ici, en accord avec des observations antérieures (Cahn„
CMe HC——CH
| CMe|-[CH2]2-CH:CMe-CH2R
h2c ch2
\ /
CH
(XI.) (R = OH orCl.) CMe
hc
/|\
! ch2Il CMe|-[CH2]2-CH:CMe-CH2R
HC I CH2
\u
•*CH
(XII.) (R = OH orCl.)
CMe
NaCH(C02Et),
HÇ |
CH - .\>
| CMe|-[ch2]2-CH:CMe-CH2-CH(C02H)2
h2c ch2
\ /
ch
; i
4- CMe
h2c h2c
i ch2
CMe
|
•[CH2]3-CHMe-CH2-C02Hi ch2 J/
CH
Les expériences récentes de Ruzicka et Thomann (Helv. Cliim. Acta, 1935, 18, 355) laissent suppo¬
ser la présence d'un troisième alcool du type cam-
phène dans l'huile de bois de Santal (1). Il n'est pas sans intérêt de remarquer que, le (3-santalol pa¬
raît être un dérivé du cadalène, tandis que l'a-san- talol, comme l'a signalé Ruzicka, est dérivé de l'eu- dalène,
(1) Les. pouvoirs rotatoires Irouvés par Ruzicka et Thomann pour leurs g et g-Santalols montrent que ces alcools étaient impurs. Une explication autre que celle mentionnée plus haut (présence d'un 3me hydrocarbure) est (pie la transformation de l'acide a-santalylacétique en acide d'hydro-g-santalylacétique est accompagnée d'un réarrangement de Wagner.
Penfold et Simonsen, J., 1931, 313i\ils ont obtenu de l'acétone et de la formaldéhyde, le rendement
en acétone étant seulement de 60' % de la théorie.
Kuhn et Roth en ont conclu que l'acide était homo¬
gène et pouvaitêtre représenté par la formule (XIII) (Me)2C—CH—CH=UH—CH=C(Me)—€02H
(XIII)
H2C=C(!Me)—CH2—iCH=CH—CH=€(Me)—C02H
(XIV)
mais que l'oxydation avait été anormale.
Une explication plus satisfaisante a été fournie par des observations récentes sur l'oxydation de l'acide
BULLE1IN DU L'INSTITUT JDU PIN — N° 12 décembre - 1935 247
a-santalylmalonique. Quand cet acide, qui est cris¬
tallisé et qui peut être; facilement purifié, est oxydé
par l'ozone, il donne à peu près quantitativement
le tricycloekasantalal (ou l'acide correspondant) (XVI). D'autre part, l'oxydation permanganique en solution alcaline donne le cétoacide (XVII). La
trouve que beaucoup d'alcools sesquiterpéniques signalés dans la littérature sont des cétones. Il y a deux ans, on a trouvé que l'huile de bois de Ere- mophila Mitchelli contenait trois cétones étroite¬
ment liées : l'érémophilone (XVIII), l'hydroxyéré- mophilone (XIX), et l'hydroxydiliydroérémophilone
HoC Me CHS
Me^2^ 9 9°
hoc>C-CH
CH CHV ^
CH2 CMe (XVIII.)CMe
HÇ
ÇH2 ch2HX MeCH.
Y
H2Ç Ç
ÇOCH C-OH
\Â
Me2CIC
H2C
\/
CH-CMelCH-CO-CHXMe,
CHMe-CH2-CO-CH:CMes
(XXIV.)
H2C meCH2
Me-^29 9 9°
CH CH-OH H2 CMe
(XIX.)
CMe
HÇ /\
ÇH2 H2C CHOCH2 CHMe (XX.)
CMe
HÇ ÇH2
HX CH,
C:CMe-CH2-COCH:CMe2
(XXII.)
CH-COMe (XXIII.)
Me H9C me
CHMe-CH2-COMe
(XXV.)
OÇ Ç- ÇH
Pr^-CH CH CH CH, c:ch, (XXVI.)
seule explication correcte paraît être que l'acide a-santalylmalonique existe soius les deux formes
tautomères (XV) et (XV a).
C^H77—GH=C(iMe)—CH2—CH (C02H)2
<xv)
^
o3.
C11?!17—CHO (xvi)
CHH17—CH2—C(=CH2)—'CH2—CH(C02H)2 (
XVa>
(xvii)
| KMnO4
CO—CH2-^CH C11H17—CH2—(C02H);
Ces formules représentent la forme isopropényle
et la forme isopropylidénique de l'acide. Une tau- tomérie de cette nature explique correctement les résultats de Kuhn et Roth relatifs à l'acide déhy- drogéranique. Il paraît très probable qu'une tauto- mérie semblable a lieu dans le cas du géraniol, du citral, etc...
L'isolement des cétones sesquiterpéniques a ou¬
vert un champ de recherches nouveau et intéres¬
sant. Bien qu'on ait décrit seulement quelques
membres de ce groupe, il est peu douteux que l'on
(XX) (Brasfield, Penfold et Simonsen J., 1933, 2744).
Leur parenté avec le sélinène et l'eudesmol futcom¬
mentée à la même époque. Peu après, (St. Pfau et
Plattner(Helv. Chim. Acta, 1934, 17, 129) .ont décrit deux cétones : l'a-atlantone(XXI) et la ^-atlantone (XXII), existant dans l'huile de bois de cèdre. Leur
présence dans cette huile avait passé inaperçue, car l'a-atlantone est hydrolisée rapidement par les alca¬
lis en 4-méthyl-A3-tétrahydroacétophénone (XXIII) qui fut considérée à tort comme un constituant de
cette huile.
La turmerone, cétone existant dans l'huile de tubercules de Curcuma longa, mélangée avec des
cétones sesquiterpéniques, est étroitement apparen¬
tée aux deux cétones précédentes, mais elle est du type aromatique. Rupe, Clar, St. Pfau et Plattner (Helv. Chim. Acta, 1934, 17, 372) ontmontré qu'elle pouvait être représentée par la formule (XXIV).
Traitée par un alcali, la turmerone donne la curcu-
mone(XXV) qui a été préparée synthétiquement.
Récemment, B. Sanjiva Rao a isolé de
l'huile de tubercules de Cyperus rotundus, une
248 BULLETIN DE L'INSTITUI DU PIN — N° 12 - Décembre 1935
cétone sesquiterpénique, la cypérone, qui, comme
Térémophilone, est un dérivé de l'eudalène. Cette
cétone a très probablement la structure(XXVI) (Bradfield, Sanjiva Rao et Simonsen).
Deux problèmes en suspens de la chimie terpé- nique restent à résoudre. D'abord, quel est le méca¬
nisme de la formation des terpènes dans lesplantes,
et deuxièmement, quelle part jouent-ils dans le
métabolisme de la plante ? En ce qui concerne le premier problème, un admirable aperçu en a été
donné par Robinson (« The Molecular Architecture
of some Plants Products », IX Congreso Internatio¬
nal de Quimica pur a y aplicada, Madrid, 1934).
Il est simple sur le papier de faire dériver un ter- pène du géraniol ou de l'a-pinène, mais il semble
peu facile de justifier un tel procédé. Il n'est pas
possible dans l'état actuel de nos connaissances
d'aller plus loinf que, par exemple, de regarder l'a-pinène comme un parent du myrténal et de la
verbénoine. Dans la majorité des théories, on sup¬
pose que les terpènes les plus complexes sont for¬
més à partir des plus simples. L'analyse conduit à
penser que cette supposition est incorrecte. Il
semble peu douteux que l'amidon donne naissance
à des saccharides plus simples, et les protéines aux alcaloïdes; il est aussi très probable que les ter¬
pènes simples ont leur eirigine dans la dégradation
des polyterpènes. Notre connaissance de la chimie
de ces corps est encorei trop limitée pour permettre
l'élaboration d'un plan bien défini, cependant l'exis¬
tence de la picrocrocine dans le safran fournit un
appui à ce point de vue. En ce qui concerne le rôle joué par les terpènes dans le métabolisme de la plante, nous sommes encore dans l'ignorance, bien
que quelques travaux intéressants aient été faits
récemment dans ce sens. (Suchorukoda et Drushi- nina, Sci. Mem. Univ. Saratov, 1933, 10, N° 2, 81;
Nilov, Plant Inst. U. S. S. R., 1933, A, N° 7, 3).
BULLE1IN LE L'INSTITUT LU PIN — N" 12 Décembre - W35 249 D h 319
Les Résines
POUR LA
Préparation des Vernis
d'après M. KRUMBHAAR (*)
La réhabilitation des produits naturels
L'opinion exprimée par le Docteur W. Krum- bhaar (U. S. A.) dans un article sur « La réhabili¬
tation des gommes naturelles », lu devant « The Oil and Colour Chemists' Association », à un Gon- grès tenu à Londres, à la fin de mai 1934, était que le pendule de la demande dans le commerce des vernis reviendrait par de rapides oscillations des gommes synthétiques aux gommes naturelles.
Leux qui touchent de près à l'industriedes vernis,
disait le Docteur Krumbhaar, peuvent voir claire¬
ment qu'il y a un mouvement sous roche, plus
accusé dans certains pays que dans d'autres, pour revenir à l'emploi des résines naturelles, particuliè¬
rement des vieilles gommes coipal fossiles. Il y a
quelques années des espérances exagérées ont été placées sur les nouveaux produits synthétiques
dans la croyance erronée où on était, que certaines propriétés attendues des gommes synthétiques les
rendraient applicables généralement pour tous les emplois. La réaction ne pouvait que venir; elle est
vite venue par suite, encore une fois, de la claire compréhension que l'on eut que l'industrie des ver¬
nis était capable de faire la juste part entre les qualités et les défauts des divers produits, et que dans le vaste champ des résines, il y aurait une
large place à la fois pour tous les produits : rési¬
nes synthétiques et gommes naturelles. Le déluge
de résines synthétiques, fabriquées ces dernières années a amené un bon résultat. Il a montré que
ces produits ont certaines qualités inhérentes qu'on
ne trouve pas dans les produits naturels tels quels,
et ceci a entraîné les techniciens à rechercher les moyens de raffiner et améliorer les résines natu¬
relles.
(*) The Chemical Trade Journal and chemical engineer. N°2454.
Vil. 94. Juin 1934.
Durcissement de ia colophane en solution La réhabilitation des résines naturelles n'était
possible qu'en modifiant et améliorant leur pro¬
priétés, principalement par les opérations embras¬
sant : le tamisage, la détermination du grade, le nettoyage, la fusion, la neutralisation et le blanchi¬
ment. En pratique, ces opérations sont partielle¬
ment ou entièrement effectuées sur la colophane,
les copals fossiles, le damar, les gommes copals
tendres et la gomme laque. La colophane, par suite
de son bas prix et de son utilité est demeurée d'un emploi d'étendue considérable, mais on a apporté récemment, dans le traitement de cette matière pre¬
mière, des améliorations dignes d'attention. La
méthode usuelle de durcissement de la colophane
par addition de composés métalliques à des tempé¬
ratures comprises entre 40° et ùffO" F., a été beau¬
coup améliorée, en ce sens qu'on obtient des pro¬
duits plus clairs et plus neutres, en introduisant les oxydes ou hydroxydes métalliques à l'état de divi¬
sion le plus grand possible. Le vieil art du durcis¬
sement de la colophane par chauffage avec de la
chaux jusqu'à des température dépassant 400° F a
été considérablement .amélioré par les méthodes
modernes de traitement de la colophane en solu¬
tion. Les oxydes et hydroxydes de calcium, de zinc,
de plomb, etc... réagissent rapidement et complète¬
ment avec l'acide abiétique, à la basse température
de 220° F, quand la colophane est dissoute dans
l'essence minérale ou dans d'autres solvants appro¬
priés. La couleur des produits obtenus est remar¬
quablement plus claire que celle des résines obte¬
nues par le procédé primitif dans les usines où la température peut usuellement atteindre environ
500° F. La réaction pourrait encore être facilitée,
par traitement de solutions non pas de colophane
pure, mais de mélange de colophane et d'autres
acides organiques convenables, spécialement des
acides résiniques ou des acides gras. La réaction pourrait aussi être activée en prenant soin de faci¬
liter l'évaporation complète de l'eau libérée par
la
réaction.
La haute réactivité des solutions de colophane
conduit à l'idée que le baume résineux, fraîchement
obtenu quand il coule de l'arbre, pourrait être utili¬
sé tel quel dans l'industrie des vernis. En général,