N° 37 (3e Série) Furaissarti le 45 de chaque mois. Jani/iet* 1938
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Le Numéro ...
Le Numéro de collection...
France... (4 50 Étranger. 6 »
France
et Etranger 10 »
(portensupplément)
BULLETIN
DE
L INSTITUT DU PIN
de Faculté des Sciences de Bordeaux
J
'M w
r
SOMMAIREI. Articles originaux Pages
L
C I 152 L'Architecturedes sesqui- et despolyterpè-
nes, parM. L. Ruzicka 1
E 1 45 La Chimie du bois,par M. RenéEscourrou. 18 II. Documentation
C II 301 Nouvel exemple de transformation d'un pinène actif donné en deux combinaisons
inverses optiques : les Carvones, par
M. Marcel Delépine..-. 15
Pages
ÀII23 Petite Documentation v 23
CII 302-304 Petite Documentation 23-24 D II408-411 Petite Documentation 24
J
JVIODB DE CLASSIFICATION DE NOS DOCOJWEJ4TS
A. Généralités.
B. Récolte et traitement des résines.
C. Essences de térébenthine, terpènes etdérivés.
D. Constituants solides des résines et leurs dérivés.
I Articlesoriginaux. — IIDocumentation.
E. Dérivéschimiques dubois.
F. Cellulose de bois.
G. Documents divers.
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BULLETIN
DE
L'INSTITUT DÎT PIN
de Sa Faculté des Sciences de Bordeaux
C i 152
L'ARCHITECTURE
méthyliques latéraux se succèdent a intervalles ré¬guliers :
DES
SESQUI- et des POLYTERPÈNES
Par M L. RUZ1CKA
Professeur à l'Ecole Polytechnique de Zurich.
CH3 ■ Cils CH3
I
—CH2.C^CH CHs-:-CH2.C=CH.CII2-1-c \-h
c—!
h, gh2—Une chaîne isoprénique irrégulière, se trouvant par
exemple dans le caoutchouc synthétique, a la for¬
me : -
Cn3 OBf CHS
Les résultats des recherches exécutées au cours
des quinze dernières années sur les sesqui- et poiy- terpènes justifient pour ces composés la désigna¬
tion de Polyprènes. Cette expression énonce que la charpente carbonée de ces composés est faite de
restes isopréniques, sans qu'aucune hypothèse ne soit mise en avant quant à la formation de poly¬
prènes dans la nature.
Permettez-moi de montrer de quelle façon on a été amené à cette conception et quels en ont été les résultats. Pour cela, jetons un coup d'œil rapide
sur les polyprènes les plus simples, ainsi que sur leur représentant le plus lourd comme poids molé¬
culaire, soit donc sur les monoterpènes et le caout¬
chouc. La molécule du caoutchouc est, comme on
sait, composée de molécules d'isoprène aboutées régulièrement, c'est-à-dire que les groupements
CII2. C=CH.CH2-:-(h 12. C I I= G.GH2-:-C H 0=0 ! !2.G H2—-
On avait coutume de désigner les monoterpènes
comme dérivés du p-cymène (II). Cette désignation s'applique sans inconvénient aux terpènes mono¬
cycliques, ainsi qu'aux composés aiteuTiques et
bicycliques, tels que le géraniol (III), le limonèné
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ch3 i
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(ii)
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(*) Conférence faite devant la Section Strasbourg-Mul¬
house de la Société Chimique de France, de l'Université de
Strasbourg le 3 février 1937.
Cet article, est extrait du Bull, de la Société Chimique de France (5); t. 4; p. 1301; 1937 — et publié avec l'autorisa¬
tion de l'auteur et du Bureau de la Société Chimique.
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-ch,oh
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(I)
U2(f\u3
(vi) (vii)
2 BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN. - N° 37. - Janvier 1938
(IV), le camphre (V), le carène (XII), etc., mais elle
exclut bon nombre de composés naturels et synthé¬
tiques considérés pourtant comme monoterpènes,
tels par exemple le cyclogéraniol (VI), le camphène (VII), la fenchone (X).
La définition admettant les monoterpènes com¬
me dérivés du p-cymène est donc trop restreinte;
elle n'est vraiment correcte que si elle énonce que les monoterpènes sont des composés dont la char¬
pente carbonée est formée de deux restes isopréni-
ques. La grande majorité des monoterpènes (p. e.
III-VII) a une chaîne isoprénique (I) régulière.
Celle-ci ne fait défaut qu'à la fenchone (X), à l'ar-
témisiacétone (IX), ainsi qu'au sylvestrène (XI), qui, lui apparemment ne se trouve pas dans la nature, mais est un produit d'isomérisation du ca¬
rène (XII). La structure de la fenchone bicyclique peut être mise en relation avec celle de l'artémi- siacétone, composé à chaîne isoprénique irrégulière
ouverte (VIII).
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ch3 I
c
ch | ch
il CO ch2 I
ch,
ce2 ch3 (ix)
ch,
ch, O
<ciï3 ch3 (x)
©
/\
h3c —
ci13 (xii) Arrêtons-nous quelque temps encore sur les ré¬
sultats que l'étude des polyterpènes a fournis avant 1921; nous constaterons que l'on ne possédait pas encore d'idées précises sur leur principe structurel.
Un intérêt particulier s'attache à l'acide abiéti- que, un acide résinique de formule CmILoCL, conte¬
nu dans la colophane, dont Vesterberg retira, par
déshydrogénation au soufre, le retène (XIII), au¬
quel on assigna par la suite la formule d'un 1-mé-
thyl-7-isopropylphénanthrène. Le p-cymène et le rétène ont de commun avant tout leurs deux chaî¬
nes latérales. Des constatations de ce genre firent prévaloir l'idée que les polyterpènes étaient des
ci13
A/X
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\/
ch,
\ />
\
cil
(xiii)
lu<-ch3
(Xiv)
00 H CIL
— ch3 ch3-(-ch-vc—c.ch2oh
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cil ci-Ï3 ch3cil
(xv) " ch3 (xvi)
ch3 ch3
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3>c^ch.ch,.ch,. g—ch.cil. ch,. c=ch.ch.ott
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13 XVIII)
-® #
(xviii) /el
ch3
h3c /ch2.ch2.ch
\ xix)
,ch2oh th3
composés possédant des chaînes latérales fixées en
quelque endroit de la molécule. Aussi les formules proposées anciennement pour les diterpènes tels
que l'acide abiétique (XIV, d'après Aschan) et le phytol (XVI, d'après Willstâtter) ne se laissent- elles pas démembrer en tronçons isopréniques, pas
plus d'ailleurs que l'ancienne formule attribuée au
sesquiterpène caryophyllène (XV, d'après Semm- ler). Ces formules n'ont pas été étayées par des
preuves expérimentales exactes, mais établies à la suite de quelques hypothèses. Antérieurement à 1921, seules les formules de deux polyterpènes, les sesquiterpènes farnésol (XVII, d'après Kersch-
baum et a-santalol (XIX, d'après Semmler) qui
sont à chaîne triisoprénique régulière (XVIII), fu¬
rent démontrées par la méthode de dégradation.
Sesquiterpènes.
Comme le farnésol (IV) joue un rôle important
dans la chimie des polyterpènes, je tiens à retracer
ici la synthèse totale de cet alcool sesquiterpéni- CH3
I
/ \
h3c ch.,
en.
!co.ch3
(i)
-y
/\\ y\
/ X'
\
Lch,
\ \/
OH(in h3c ch3
1 y ch,
Cil,OH,
-ch, <chj
oh
hjc ch (iv)
ci h (un -que. Le produit de condensation (II) de la dihydro-
pseudoionone (I) avec l'acétylène, conduit, par réduction partielle, au nérolidol (III) qu'on rencon¬
tre également dans la nature. Par suite de la trans¬
position qui a lieu en acétylant le nérolidol, on obtient en partie de l'acétate de farnésyle.
Nous avons entrepris, depuis 1921, l'étude des sesquiterpènes en soumettant à la déshydrogéna-
tion les hydrocarbures CwH&t et les alcools CioHajO.
Généralement on observait la formation d'un hy¬
drocarbure naphtalénique de formule CibHis (cada- line) ou de GuHio (eudaline). Pour que ce dernier type se forme, il a fallu admettre que la déshydro¬
génation faisait sauter un groupement méthylique,
le quaternaire. Au sujet de la structure de ces
produits de déshydrogénation, nous fîmes l'hypo¬
thèse qu'ils appartenaient à deux systèmes bicy-
clii'ùes différents dans lesquels une chaîne isopré- nique régulière (Vf se cyclisait, l'un étant repré-
s^nC* par le squelette de l'hydrocarbure cadinène (VI), l'autre par celui de l'alcool eudesmol (VIII).
Le bien-fondé de cette hypothèse fut confirmé par lasynthèse de la cadaline (VII) et del'eudaline (IX).
Il a même été possible de montrerquela cyclisation
de la chaîne triisoprénique engendrait le type ca-
dinénique; quand par exemple le nérolidol (III) était traité avec précaution par l'acide formique, il
se formait
cil
/\ (V)
cil
/\ ivi) ' /\ (vii)
h3c ch3
H3<XJ
h3C
(IX)
(iiL
dubisabolène (X), lequel, traité plus énergiquement
par l'acide formique, produisait un carbure bicy- clique, dont la position des doubles liaison n'était
pas définie (XI), et duquel par déshydrogénation
on obtenait la cadaline .Du fait que le sesquiter- pène tricyclique copaène (XIV) donne par addition
de gaz chlorhydrique naissance au dichlorhydrate
de cadinène (XIII), l'existence d'un lien entre les quatre groupes sesquiterpéniques aliphatique, mo¬
no, bi et tricyclique ne peut plus être contesté.
Dans la série monoterpénique nous trouvons un
cas analogue : le linalol (XV) et le pinéne (XVIII) /\X\
\
X/^OH
il
/\ dit)
/\/\
(?) >-
\/X/
I
(xii)
->
/X/X
cgi
(?)
1
/\ (xiv)
/\/X
\/\>u
/\/\-
-y
(xv) (xvi)
\yci
(xvii) xci
/ \ /
/
\y (xvni)
4
sont tous deux convertibles en dipentène (XVI) et
en dichlorhydrate du dipentène (XVII).
Retenons de tout ceci que la structure de la char¬
pente carbonée a pu être établie pour une série de sesquitèrpénes. La détermination des emplace¬
ments des doubles liaisons a été plus difficile Les sesquiterpènes et leurs alcools, que l'on rencontre dans la nature, sont des mélanges d'isomères que souvent i on caractérise par des produits cristalli-
sables obtenus par addition de gaz chlorhydriqùe,
comme par exemple le cadinène et le bisabolène. Il
est permis de situer les doubles liaisons des iso¬
mères auprès des carbones qui additionnent le chlore et il est vraisemblable que ces doubles liai¬
sons sont dirigées chez les uns en amont chez les
autres ën aval. Inversement, un composé chloré peut, par élimination des éléments de l'hydracide, produire un mélange d'hydrocarbures isomères. La formule du chlorhydrate de cadinène (XIII) que
nous avons donnée plus haut est la plus probable.
La structure des isomères (par exemple XII) qui résultent de la séparation de C1H de ce dernier n'est pas encore tirée au clair.
Parmi les problèmes structurels qui se posent
examinons seulement quelques cas typiques. Ainsi,
par hydrogénation catalytique partielle du bisabo¬
lène (X) 011 obtient le tétrahydrobisabolène (XIX), Celui-ci est décomposé par l'ozone en un mélange
de méthyl-isohexylcétone et 1.4-méthylcyclohexano-
ne, alors que le bisabolène est attaqué par l'ozonë
avec formation d'acide lévulique. Ces deux résul¬
tats permettent d'établir la position de deux dou¬
bles liaisons, l'emplacement de la troisième est donné par la préparation du bisabolène à partir du
nérolidol et par une synthèse totale du bisabolène.
La formule du trichlorhydrate de bisabolène (XX) n'est pas douteuse; pour le casdubisabolène,rappe¬
lons-nous que nous avons affaire à un mélange d'isomères, tant pour le produit naturel que pour celui que l'on obtient à partir de son chlorhydrate.
La formule du bisabolène (X), donnée ci-dessus, ne serapporte que sur l'isomère le plus abondamment représenté dans le mélange.
L'étude de la constitution des principaux repré¬
sentants du type eudesmol : l'eudesmol lui-même et le selinène, a été particulièrement concluante.
Chacun d'eux est un mélange de deux isomères que
nous désignerons par a et (3, par analogie avec les
a et [3 pinènes. Voici les formules de l'a-eudesmol (XXI) et du (3-sélinène (XXII) et quelques phases
de l'étude de leur structure. Cette étude a été facilitée par le fait que la chaîne carbonée de l'eu- daline hydrogénée était connue et qu'il ne s'agissait
de déterminer que l'emplacement des doubles liai¬
sons, du groupe oxhydryle et du groupement mé-
thylique, qui, lors de la déshydrogénation de la molécule, en est détaché.
A/\ /\
w
II (xxii) ch2
>i
/\
/ (xxiii)
Cl
/\
ch3
I CIL
CFL.CO—{
/A
3— \X v/
(xxiv) o
/\
IiOOcJ*
*V\ 'COOH
(xxv)
COOH
Etant donnée que l'eudesmol forme un dichlor¬
hydrate (XXIII) identique à celui du selinène, les résultats de dégradation de chacun de ces compo¬
sés se complètent mutuéllement pour la détermi¬
nation de la constitution. L'ozonisation du (3-selinè-
ne conduit par élimination de deux groupements
méthyléniques à la dicétone CisHsoOfe (XXIV), qui donne par oxydation à l'hypobromite de sodium un acide tricarboxylique CiffLsOo (XXV). L'éther-sel triméthylique de cet acide est saponifié par une ébullition de courte durée à la soude
alcoolique
1/1On, ce qui semble exclure la présence d'un groupement carboxylique tertiaire. De ce fait, là position du groupement méthyle quaternaire, admise dans notre formule, a des chances de cor-
respondre à la réalité; dans les deux autres posi¬
tions qui entrent encore en ligne de compte et qui
sont signalées dans la formule (XXV) par des asté¬
risques, il résulterait des groupements carboxyli-
ques tertiaires.
On a établi non seulement la structure des com¬
posés du groupe eudesmol-selinène, mais même la configuration stérique des deux carbones, qui font
le pont de cyclisation (voir la formule du dihydro-
eudesmène (XXVI), où ceux-ci sont désignés par des astériques). Par hydrogénation de l'eudesmol
on obtient le dihydroeudesmol, qui, par élimination d'eau, donne du dihydroeudesmène (XXVI). Ce der¬
nier se scinde par ozonisation en acétone et en une cétone GnPLoO. Celle-ci (XXVII), réduite par le zinc amalgamé en présence d'acide chlorhydrique, pro¬
duit de la diméthyldécaline de
->
(XXVI)
/\
o
(XXVII)
/\
CH
/\
x/
Y
(XXVUI a) CH3
/\
inCH3
(trans)
/\
(cis)
\y\y
i
CH3 (XXVIIIï
420-0,890, alors qu'une diméthyldécaline synthéti¬
que a comme d2(}= 0,863. Mais cette dernière est de
la configuration trans (XXVIIIa) par analogie avec la décaline d2®=0,866 obtenue par application de la
même synthèse, et pour laquelle la preuve de la configuration trans a été faite
Mentionnons que la densité de la cis-décaline est d^=0,895.
Par conséquent, la diméthyldécaline eudesmoli- que (XXVIIIù), l'eudesmol lui-même et le selinène, appartiennent tous à l'espèce cis-décaline. Comme
les sesquiterpènes du type cadinène ont des den¬
sités voisines de celles du selinène (d =environ 0,917), on peut conclure que les sesquiterpènes bi- cycliques de cette densité, rencontrés dans la na¬
ture, sont de la configuration cis.
Une série de composés naturels bien définis et dont nous aimerions citer ici trois représentants
font partie du groupe eudesmol. Le plus important
parmi eux est la lactone santonine (XXIX), qui
est un vermifuge connu. La position de sont grou¬
pement méthylique quaternaire est établie avec
plus de certitude que dans le cas de l'eudesmol et
du selinène, parce que la structure présumée d'un produit d'oxydation de la santonine, —l'acide hep- tane-2.3.6-tricarboxylique (XXX) — a été confir¬
mée par la synthèse.
CH2 ch3
, \l
H2 CH
<ioOH
->
HOOC>CHC^
(XXIX)
>—
(XXXI)
=0
(XXX)
hoh2c
fhC
COOH ÏLC
ciY ^Ixxxih
A titre d'exemple de cétone sesquiterpénique,
nous citons l'éremophilone (XXXI, d'après Simon- sen). Pour donner une idée de la diversité des structures des composés eudesmoliques, nous met¬
tons la formule de l'a-santalol (XXXII, identique à XIX, p. 4) en regard de celle de l'eudesmol et
constatons qu'une de ses chaînes est restée non
cyclisée et qu'un de ses groupements méthyliques
forme le pont d'un cycle particulier.
Enfin, l'exemple du caryophyllène est là pour montrer que tous les composés de la série sesqui¬
terpénique ne contiennent pas une chaîne régu¬
lière isoprénique. Ce sesquiterpène très répandu
dans la nature est en réalité un mélange de corps.
L'un deux a la formule probable que voici (XXXIII). L'ozonisation du caryophyllène donne
naissance à un acide dicétone-monocarboxylique
C14H22O4 (formule probable XXXIV), dont dérivent par oxydation plus énergique les acides caryophyl- léniques (XXXV) et apo-caryophylléniques (XXXVI). Rydon a préparé ce dernier acide biba- sique par voie de synthèse.
D'autres détails de structure du caryophyllène
sont dévoilés par une suite de transformations de l'acide dicétone-carboxylique (XXXIV) mentionné ci-dessus. Si sa solution est portée à l'ébullition en en présence d'alcali caustique on constate qu'il
s'effectue une condensation interne par élimina-
6 BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN. - N° 37. - Janvier 1938
chq cil
ÏLC -ch3 h3c-
—y-
go.chg
cooh
(xxxu1)
"yn
rh (xxxiv) ich2.c<^2 ch2.co.ch3 I
cil CHq
H3c-
(xxxvi)
cooii h3c
cooh
(xxxv)
-cooh ch2.cooh
tion des éléments de l'eau. On en extrait un acide
monocétonique non-saturé de formule CiJLoOs (XXXV), qui sous l'action d'hypobromite forme
un acide dicarboxylique CiaHisOd (XXXVI), qu'à
son tour on soumet à l'ozonisation pour aboutir à
un acide cétonedicarboxylique GiJLsO* (XXXVII).
C'est ainsi qu'on a été conduit à la formule ci-des¬
sus (XXXIII) pour le caryophyllène, qui n'est peut-être pas définitive.
co.cii,
il
:e,/ CO.ClI3
U
C0.CH3
CIL
(xxxiv) Looorç
cooh
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->
~\/
(XXXVI)
ioon
COOOH (XXXV) COOH
7 CO.OÏI3'
OOI. . -1VI!) Les trois moyens les plus courants et les plus opérants pour l'étude de la structure des sesqui- terpènes sont :
1° La déshydrogénation; 2° la règle de confor¬
mité isoprénique et 3° la désagrégation par oxy¬
dation.
Dans beaucoup de cas, la déshydrogénation met
en évidence la charpente carbonée en sa totalité
ou en n'en détachant qu'un atome de carbone. Ce résultat acquis, la règle de conformité isoprénique
intervient pour aider à trouver l'emplacement de
ce carbone détaché. Mais même dans les cas où la
déshydrogénation n'a point donné de résultats,
comme dans celui du caryophyllène par exemple,
la règle isoprénique a permis d'envisager certai¬
nes formules provisoires, qui ont servi de guides
aux opérateurs de désagrégation et que l'on reje¬
tait ou que l'on acceptait suivant les résultats ob¬
tenus par la désagrégation. Seules, les formules qui interprètent bien et les données de la déshy¬
drogénation et celles de la désagrégation méritent d'être considérées comme définitivement établies.
Voyons maintenant dans quelle mesure on a pu tirer parti des méthodes employées et des ré¬
sultats acquis dans la série des sesquiterpènes
pour élucider la structure des di-, tri- et tétrater-
pènes.
Diterpènes.
On a rencontré jusqu'à présent cinq charpentes
carbonées différentes parmi les diterpènes natu¬
rels. Pour autant qu'il est possible d'en juger, elles
se conforment à la règle dite isoprénique. On ne semble pas avoir relevé de contradiction avec celle- ci, même dans les cas où certains détails de struc¬
ture restent encore non élucidés.
1° Considérons en premier lieu l'acide abiétique qui, parmi les diterpènes, fut celui qui a suscité le plus grand nombre de recherches. On attribue à cet acide résinique la charpente donnée par la for¬
mule I.
La déshydrogénation en retène (II) lui faisant perdre le groupement carboxylique et un groupe¬
ment méthylique, il faut rechercher où étaient fixés ces substituants. Le groupement carboxyle
ne se trouve certainement pas sur le noyau C,
/y\
(II)UVÀ u-<
COOH
HOOC—XX (III)
-COOH
comme l'indique la formule proposée par Aschan
formule XIV, page 2), étant donné que l'acide abiétique, par oxydation à l'acide nitrique, fournit
de l'acide benzène-1.2.4-L;icarboxylique (III) et que de tous les noyaux, le noyau C, seul, peut fournir
cet acide par oxydation et ceci à la condition qu'il
ne contienne pas de groupe carboxylique.
Le groupe carboxylique n'est pas non plus rat¬
taché au noyau B. On déduit ceci du fait qu'il est possible de réduire l'étirer abiétique, d'après Bou-
veault et Blanc, en alcool primaire correspondant,
l'abiétinol (IV), puis d'enlever à cet alcool les élé¬
ments d'une molécule d'eau et de déshydrogéner
ensuite l'hydrocarbure qui en est résulté. C'est l'homoretène que l'on obtient dans ces conditions.
h,c—cil C1L.CI-L
hoh2c ch3
X\ XX
(V)
-y
c2h5 (VI)
HoC
X/-<
Cil3 CIL (4-2doubles liaisons)
(iv)
m
i
IL^cil
(VII) \/ CII3
Tout comme le retène, l'homoretène, par oxyda¬
tion, donne de l'acide phénanthrène-1.7-dicarboxy- lique. Ceci ne s'explique que si l'on admet que l'homoretène n'est pas autre chose que l'éthyle-1- isopropyl-7-phénantlirène (VII), comme Haworth,
en effet, l'a prouvé en faisant sa synthèse. Il y a toutefois une embûche dans ces indications expéri¬
mentales. Le groupement étliylique de l'homoretè¬
ne ne préexiste pas dans l'abiétinol, mais est pro¬
duit par une espèce de transposition pinacolique au moment de la déshydratation. La formule schéma¬
tique (V) du produit intermédiaire de cette trans¬
position peut nous renseigner sur l'apparition du groupement étliylique. Si l'on s'arrange pour rem¬
placer le groupement carboxylique de l'acide abié¬
tique par un groupement méthylique en rendant
toute transposition impossible (oxydation de l'abié¬
tinol (IV) en abiétinal (VIII) et traitement de la semicarbazone de ce dernier à la potasse alcooli¬
que), il se produit par déshydrogénation de l'hy¬
drocarbure ainsi obtenu (IX) le retène et non l'ho¬
moretène. Il n'y a pas d'autre possibilité qu'à attri¬
buer au groupement carboxylique la position qu'il
occupe dans la formule I.
H3C CH2QH
\/
A i
A[
(IV)
h3c cho
Y
0
(VIII)
H,C CHo c
/ \
i
A|
(ix) Cette conclusion est confirmée, et une indication supplémentaire, quant à l'emplacement du deuxiè¬
me groupement rçéthylique, est acquise par l'étude
h3c cooh ch2 / X,
(X)
i X
v7
I y
ci13 i ch3
XX/
cooh
h3c cooh
\/ cooh
/\/
-y COOH
ch3
V
. ch3
I
/X
/
/
Ycil X
cooh cil (xi)
\/\ XXX
(xiv) ch3 (xiii) ch3
X
ch3 (xi*
des produits d'oxydation de l'acide abiétique par le permanganate de potassium. Cette étude a per¬
mis d'identifier trois produits : une cétone, la 1.3- diméthylcycloiiexanone (XII), et deux acides tri- carboxyliques, CnHieOs (XI) et CisHisOs (X). Par déshydrogénation on obtient du premier acide le m-xylène (XIII) et du second le 1.2.3-triméthyl-
benzène (XIV). •
La constitution de l'acide tricarboxylique CidLsOo
circonscrit la zone où sont confinées les doubles liaisons de l'acide abiétique. Nous avons marqué
cette zone dans la formule I par un trait gras.
L'acide abiétique ne se rencontre pas dans la nature, mais résulte d'une isomérisation ténue des acides résiniques naturels, qu'il est difficile de préparer à l'état pur. Le mieux connu de ces aci¬
des résiniques primitifs est l'acide lévopimarique qui s'isomérise en acide abiétique aux températu¬
res voisines de 100°. Cet acide réagit en solution à froid avec l'anhydride maléique en formant un
produit d'addition (XVI), dû à deux doubles liai¬
sons conjuguées (XV), qui se manifestent ainsi. Le môme produit d'addition est obtenu, mais à des
températures supérieures à 100°, lorsqu'on traite l'acide abiétique par l'anhydride maléique, ce qui prouverait qu'il y a un état d'équilibre entre les deux isomères. Bien que l'acide abiétique soit au-
8 BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN. - N° 37. - Janvier 1938
dessus de 100°, la configuration avantagée, la pe¬
tite quantité présente d'acide lévopimarique cor¬
respondant à l'équilibre, suffit à faire progresser l'addition jusqu'à la disparition totale de l'acide abiétique.
hooc ch3
Xa
hooc ch3 s/
/A
x"ch3
\/\(xv) -<
ch;
ctl
ch.co
\ (xvi)
\Z
< chDans la formule de l'acide lévopimarique (XV)
que nous donnons, la position attribuée aux dou¬
bles liaisons conjuguées n'est pas la seule qui en¬
tre en ligne de compte et la preuve rigoureuse de
ce détail reste encore à établir.
Nous nous sommes étendus plus longuement sur
l'exemple de l'acide abiétique à cause de l'impor¬
tance qu'y présentent les méthodes opératoires,et
nous ne ferons qu'effleurer les quatre autres édi¬
fices diterpéniques;
2° Dans la résine de pin, on trouve aussi, à côté de l'acide lévopimarique, un acide dit dextropima- rique. Par déshydrogénation, celui-ci fournit du 1.7-diméthyl-phénanthrène (XIX), tandis que par
l'oxydation au permanganate il produit les deux
mêmes acides tricarboxyliques que l'acide abiéti¬
que (X et XI).
En plus de ceci, on a identifié dans le produit
de sa dégradation un acide dicarboxylique CisH^Ch (XVIII), ce qui semble indiquer que l'acide dextro- pimarique (XVII) renferme un groupement vinyli-
que. Les positions de ce dernier et de l'autre dou¬
ble liaison ne sont pas absolument certaines, celles que nous avons admises sont les plus probables.
3° Le biacide agathique (XX) que l'on rencontre dans les copals Manila et Kauri se distingue des acides précédents par le fait qu'il est bicyclique.
Par traitement à l'acide formique bouillant, il se forme du biacide isoagathique (XXI) comptant un
cycle de plus. Ce dernier acide, par déshydrogéna¬
tion, fournit du 1.7-diméthylphénanthrène (XIX), alors qu'à la déshydrogénation du biacide agathi¬
que il se forme surtout du 1.5J6-triméthyInaphta-
lène (XXII), la longue chaîne latérale étant évin¬
cée, à l'exception d'un atome de carbone. A côté
de ce produit principal de déshydrogénation du
biacide agathique on constate toutefois la forma¬
tion de petites quantités de 1.7-diméthylphénan¬
thrène, dû à l'intervention d'une cyclisation. La po- H00C . /CHj
O
(xvii)
sition des doubles liaisons dans le biacide agathi¬
que nous est révélée par les produits issus de l'ozo- nisation: l'aldéhyde formique et l'acide oxalique.
",C . ,CH
(xx)
->
\ cii3
\
i (xxii)/\/\
i
ii i
ch\/\p
CH3
I ch3
/ cooh
(xxi}
Les positions du second groupement carboxylique
et d'un groupement méthylique sont indétermi¬
nées. Nous supposons qu'ils font partie du cycleA,
comme l'indique la formule donnée. Si ceci se véri¬
fiait, le cycle A aurait alors une structure analogue dans les trois espèces d'acides résiniques quenous
venons de voir. Si l'on accepte la supposition faite
au sujet de l'emplacement de deux atomes de car¬
bone, on peut dire que les carbones du biacide aga¬
thique sont disposés en chaîne régulière de quatre
restes isoprénique alors que l'acide abiétique et l'acide dextro-pimarique renferment une chaîne
isoprénique et irrégulière.
Des édifices moléculaires semblables à celui du biacide agathique ont été rencontrés dans quelques
autres diterpènes, par exemple dans le sclaréol et
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l'oxyde de manoyle. Dans ces cas, le même doute
que pour le biacide agathique, subsiste quant à la position de deux carbones. Par contre, pour deux
autres diterpènes, la preuve parfaite de leur tex¬
ture isoprénique régulière a pu être donnée. L'un
de ces composés est aliphatique et l'autre monocy¬
clique.
Le diterpène aliphatique dont il est question est
le phytol (XXIII), cet àlcool qui éthérifie une des
fonctions acides de la chlorophylle. On est redeva¬
ble de la mise au point de sa constitution à F. G.
Fischer qui est parti de la supposition que le phy¬
tol était composé d'une chaîne isoprénique réguliè¬
re. Par ozonisation du phytol, une cétone CisHsbO (XXIV) est obtenue, qu'on a pu préparer au labora¬
toire par condensation du chlorure d'hexahydro- farnésyl (XXV) avec de l'éther acétyloacétique et
en soumettant le produit de condensation à la scis¬
sion cétonique. Par un procédé identique à-celui qui a servi à la préparation du nérolidol et du far- nésol on a réalisé la synthèse du phytol, et vérifié
ainsi la formule donnée. La première étape (XXVI)
de cette synthèse a consisté à faire réagir l'acéty¬
lène sur la cétone GûHseO (XXIV).
H,C CIL
(XXIII)
X/^CH
(XXVI)
(XXV) CHXl
+ rooc.cii2.co.ch3
Le diterpène monocyclique naturel qui nous res¬
te à examiner, n'est autre que la vitamine A (XXVII), étudiée par P. Karrer. La présence de cinq doubles liaisons est mise en évidence par hy¬
drogénation catalytique, hydrogénation dont résul¬
te la décahydro-vitamine A. La conjugaison inin¬
terrompue de ces cinq doubles liaisons est déduite
de l'étude du spectre d'absorption. La structure du
noyau ressort du produit d'oxydation de la vitami¬
ne A, l'acide géronique (XXVIII), identique à celui
que l'on obtient par désagrégation de la (Honone.
Ce fait permettrait d'admettre hypothétiquement
que le reste de la molécule de la vitamine A était
aussi composé d'une chaîne isoprénique. La tex¬
ture de la molécule, ainsi déduite, a pu être justi¬
fiée par la synthèse de la décahydro-vitamine A.
h3c ch3
\/
/\ /\
! Il
.I/ch3
^
I f
„-ch2ohH3C
1
11(XXVII) \/N
h3c ch3
Z^COOH
y
l^/CO.CH,
(XXVIII)
\/
ry\ /
M-CthOHI II
(XXIX)
co.ch3
La détermination de la constitution non seule¬
ment du phytol et de la vitamine A, mais encore de la série de polyènes, contenant des chaînes ali- phatiques ou des noyaux isolés comme par exem¬
ple la carotine et la lycopine dont nous parlerons plus loin, fut largement facilitée par l'emploi de la règle isoprénique. Les formules hypothétiques ain¬
si déduites furent relativement faciles à vérifier.
Au cours des recherches sur les polyterpènes on a
généralement constaté que la détermination com¬
plète de la structure est d'autant plus facile que les noyaux condensés sont moins nombreux.
Deux alcools diterpéniques de structure sembla¬
bles à la vitamine A, mais renfermant une (XXIX)
ou deux doubles liaisons en moins, ont été prépa¬
rés par voie de synthèse.
4° L'édifice moléculaire de l'a-camphorène est complètement différent de tout ce que nous venons de voir. Cet a-camphorène est un diterpène conte¬
nu dans l'huile de camphre; on l'obtient au labo¬
ratoire par polymérisation du myrcène (XXX). A
supposer que le mécanisme de cette polymérisa¬
tion fut le même que celui de deux molécules d'iso- prène lorsqu'elles engendrent le dipentène, la for¬
mule probable de l'a-camphorène serait (XXXI);
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