N°28 (3e Série) Paraissant le 15 de chaque mois.
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Le Numéro..
Le Numéro decollection ..
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BULLETIN
DE
L INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle du Ministère de l'Agriculture
et rattaché à la Faculté des Sciences de
Bord[
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SOMMAIREI. Articles originaux
B I 33 Recherches sur le gemmage des Pins noir
et Sylvestre, par M. Pierre Buffault
C I 148 Sur l'emploi rationnel de Produits rési- niques et terpéniques pour l'entretien des
parquets et des meubles, par MM. Feytaud
et P. de Lapparent
73
76
Pages 11. Documentation
C II 271 Les Essences de térébenthine, par J. L. Simonsen et D. Se. F. R. S 79
B II 22-25 Petite Documentation 82
CII260-270 Petite Documentation 83-87
D11384-390 Petite Documentation 88-90
EII 138-162 PetiteDocumentation 90-96
J
IWODE DE CLASSIFICATION DE NOS DOCUMENTS
A. Généralités.
B. Récolte et traitement des résines.
C. Essences de térébenthine, terpènes etdérivés.
D. Constituants solides des résines et leurs dérivés.
/ Articles originaux. —IIDocumentation.
E. Dérivéschimiquesdubois.
F. Cellulose de bois.
G. Documentsdivers.
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(3e Série) chaquemois.
BULLETIN
DE
L'INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle du Ministère de l'Agriculture
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
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B i 33
IïcWb sur le sens îles Pins
lr et S;lt:slre
par M. Pierre BUFFAULT
Conservateur des Eaux et Forêts en retraite.
« La complexité et l'ampleur de la question du
gemmage, le fait qu'elle n'est pas explorée par la science, demandent des investigations continues -qui méritent d'être encouragées par l'Etat. »
Telle est la conclusion .d'une savante étude où MM. les professeurs docteurs Alex. Ougrenovitch
et Bogdan Cholaya exposent leurs « Recherches
sur la technique du gemmage et sur la gemme des
essences Pinus nigra Arn. et Pinus Silvestris
L. (1). »
Nous donnons ci-dessous une analyse de cette
étude.
M. Ougrenovitch, Ingénieur forestier, Doc¬
teur ès-sciences, Professeur a l'Université de Za¬
greb, a présenté précédemment, en 1932, au Con¬
grès de Nancy et, en 193&, au Congrès de Buda- Pest, des rapports très remarqués sur la nécessité
des recherches scientifiques concernant le gem¬
mage et sur l'unification des méthodes à appliquer
en cette matière.
(1) Istraziivanjao technici smolarenja i o Kemizmu Smole vrsti Pinus mgraArn. i Pinus silvestris L;Annalesproexperimenhsforeshcis, Zagreb,
Il a, de plus, publié, en 1931, des recherches sur la quantité de résine brute du pin noir et du pin sylvestre, et, en 1934, des recherches sur le gem¬
mage de ces deux pins dont il a été rendu compte
dans ce Bulletin (n° 50, février 1934, p. 31).
La nouvelle étude de M. Ougrenovitch, rédigée
en collaboration avec M. Cholaya, forme une bro¬
chure de 218 pages condensant les résultats des
recherches des auteurs dans une infinité de ta¬
bleaux bourrés de chiffres, les synthétisant dans
de nombreux graphiques et illustrée de plusieurs
excellentes photographies. Ecrite en langue serbe,
cette étude comporte, heureusement pour nous, deux résumés, l'un en français, l'autre en alle¬
mand.
Les titres et légendes des tableaux, des gra¬
phiques et des photographies sont aussi rédigés
idans les trois langues. Une bibliographie termine l'ouvrage.
Les recherches sont, d'une part, technico-fores- tières, d'autre part, chimiques et physico-chimi¬
ques.
A. — Recherches technico-foresitières.
Le but de celles-ci était de déterminer :
1° « Les éléments météorologiques constituant la
base physiologique et biologique de la vie des plan¬
tes surle Karst », et leurs relations avec la produc¬
tivité des arbres gemmés;
2° la réaction des arbres gemmés vis-à-vis de la
vulnération répétée de leur cambiuin et de leur
aubier; jf~-7yy -,r ( ., \y-■'j
74 BULLETIN DE L'INSTITUT BU PIN — N°28 - Avril m?
3° la productivité de ces arbres étudiée séparé¬
ment d'après les deux essences et d'après le mode
de vulnération et le caractère des peuplements;
4° la production la plus rémunératrice de la
gemme pour les deux essences d'après les métho¬
des de gemmage et le caractère des peuplements,
Les recherches avaient pour base la surface de
la care (1 dm2 ou 10 dm2) et le temps (100 jours
de gemmage). !La gemme était pesée ou jaugée après des amasses demi-mensuelles.
Les expériences ont porté sur 112 arbres, pins
noirs et sylvestres, portant 277 cares d'une super¬
ficie totale de 13.254 dm2. En outre, huit arbres
avec 16 cares furent gemmés pour étudier la dy¬
namique de l'écoulement de la gemme. Tous ces arbres font partie d'un peuplement âgé de 120 à
160 ans, situé sur le plateau de Karst, à l'altitude
de 835 mètres, à une distance de 40 kilomètres de
l'Adriatique. Un sous-bois couvre le sol dans une partie de la place d'essai.
Les observations ont eu lieu pendant 413 jours répartis entre les quatre années 1929 à 1932.
Trois procédés de gemmage étaient appliqués : le procédé français avec l'abchot, le procédé amé¬
ricano-allemand avec les gouges et raclets taillant
la care en V, le procédé yougoslave avec Tasseau qui donne une care analogue à la care landaise.
Quelques recherches ont été faites par térébration.
Les facteurs météorologiques, les températures
du sol et du fût des arbres ont fait l'objet de nom¬
breuses mensurations.
L'écoulement de la gemme n'a pas été uniforme,
variant en 7 heures de 0 à 13,5 cm3.
Il a été plus rapide chez le pin noir que chez le pin sylvestre. Il a atteint son maximum dans les deux premiers jours du gemmage, constituant alors près de 90 % du rendement total. Il avait tendance à s'accroître de la lre à la 3e année de gemmage. Les auteurs déclarent qu'en ce qui con¬
cerne la dynamique de cet écoulement leurs recher¬
ches sont encore incomplètes.
La courbe du rendement moyen est toujours as¬
cendante pour les trois premières amasses et géné¬
ralement descendante pour les deux dernières. Le
rendement moyen du pin noir est dans l'ensemble supérieur à celui du pin sylvestre; mais, pour ce
dernier, il y a une productivité plus grande des.
deux premières amasses de la première année, pro¬
ductivité qui « est probablement due au contenu plus grand de la gemme physiologique ». (6,9
alors que ce contenu n'est que de 2,5 % chez le
pin noir). 1
Le peuplement sans sous-bois rend plus que le peuplement avec sous-bois.
Avec le procédé américano-allemand, la courbe
du rendement est ascendante presque jusque vers la fin du gemmage. Avec les procédés français et.
yougoslave, la courbe monte rapidement durant les
trois premières amasses puis descend brusque¬
ment.
« II est connu que la vulnération du cambium
stimule la formation de canaux résinifères patho¬
logiques, en élargissant la superficie de sécrétion (Tschirch) ». Les constatations de Tschirch et cel¬
le des auteurs montrent, disent-ils, que «le temps de l'ascendance et les maxima des rendements courants coïncident avec le temps de la formation
des canaux résinifères nouveaux ».
La courbe des rendements moyens et celle de la température de l'air coïncident généralement. Mais
l'influence de la température est plus grande chez
le pin noir que chez le pin sylvestre, plus grande
dans le peuplement sans sous-bois que dans le peuplement avec sous-bois, plus grande dans les
saisons plus chaudes que dans les autres, plus grande pour les quatre dernières amasses que pour les trois premières, plus grande avec le pro¬
cédé français qu'avec le procédé américano-alle¬
mand.
Les rendements saisonniers (quantité de gem¬
me obtenue d'une care de 10 dm2 durant 100jours)
donnent une courbe correspondant à celles de la dynamique de l'écoulement et des rendements moyens.
La productivité saisonnière moyenne du procédé français est supérieure à celle du procédé améri¬
cano-allemand, et plus grande encore chez le pin
noir que chez le pin sylvestre.
Dans le peuplement de pin noir avec sous-bois,
les procédés français et américano-allemand don¬
nent des rendements égaux Dans le peuplement
de pin noir sans sous-bois le procédé yougoslave
donne davantage; après lui, viennent par ordre
75
décroissant, le procédé français et le procédé amé¬
ricano-allemand, qui produisent respectivement 85,3 et 62,8 pour 100 du procédé yougoslave.
Dans la pineraie de sylvestre avec sous-bois, le procédé français est le plus productif; le suivent
les procédés yougoslave et américano-allemand (avec 71,9 % et 70,1 %). Dans la pineraie de syl¬
vestre sans sous-bois, le procédé américano-alle¬
mand est plus productif que le procédé français (celui-ci, 91 %).
En égard de la « productivité rémunératrice »
(temps nécessaire pour produire l.O'OO kilois de gemme) :
1° le procédé français est en tout cas plus rému¬
nérateur que l'américano-allemand, demandant à
peu près deux fois moins de temps (pour le pin
noir, 49,7 contre 100, pour le pin sylvestre 64,4
contre 100);
2° cet avantage est plus marqué dans le peuple¬
ment de sylvestre avec sous-bois que dans le peu¬
plement sans sous-bois;
3° il l'est également plus encore dans le peu¬
plement de sylvestre avec sous-bois que dans le peuplement sans sous-bois;
4° le procédé yougoslave est plus rémunérateur
que le procédé français et que le procédé américa¬
no-allemand dans la pineraie de sylvestre avec sous-bois (14,4 contre 46,4 et 100).
«La productivité plus rémunératrice du procé¬
dé yougoslave s'explique par le fait que la dureté
très grande du bois peut être surmontée plus faci¬
lement par l'asseau yougoslave que par l'abchot français et le raclet américain.
B. — Recherches chimiques et physico¬
chimiques.
Les auteurs ne donnent « que les résultats con¬
cernant la composition chimique de la résiné bru¬
te. Les autres résultats, de nature chimique et physico-chimique, sont réservés pour une publica¬
tion ultérieure ». Leur travail actuel ne renferme que des « indications ».
La gemme du pin noir est bleu grisâtre; au moment de son écoulement, elle est claire, mais d'une teinte verdâtre qui se retrouve dans l'essen¬
ce de térébenthine. iCelle du pin sylvestre est blanc jaunâtre plus grossière et visquesue que la précé¬
dente; elle donne une essence incolore.
La quantité des impuretés dépend du procédé de
gemmage; elle est plus élevée avec le procédé fran¬
çais qu'avec le procédé américano-allemand.
La gemme renferme très peu d'eau.
La composition de la « résine » varie d'une
amasse à l'autre. La teneur en « résine » augmente
de la première amasse à la dernière.
Le procédé français donne une gemme plus riche
en essence que le procédé américano-allemand.
La teneur en essence varie avec l'exposition de
la care. Cette teneur est plus forte pour les cares du Nord que pour les cares du Sud chez le pin pin noir. C'est l'inverse chez le pin sylvestre.
La gemme du pin noir est plus riche en essence que celle du sylvestre. Cette essence est plus ho¬
mogène chez le premier que chez le second. La co¬
lophane du pin noir estplus claire que celle du syl¬
vestre.
«Les deux espèces représentent une sourcepré¬
cieuse pour la production d'une matière première
de grande valeur. »
76 BULLETIN DE INSTITUT BU PIN — JV°28 - Avril m?
C i 148
Sur PEmploi rationnel
DE
Produits Résiniques et Terpéniques
POUR
l'Entretien
desParquets
etdes Meubles
par MM. FEYFAUD et P. de LAPPARENT
L'usage domestique de la solution de cire dans
l'essence de térébenthine est bien connu depuis longtemps. C'est la préparation qui, sous le nom
d'encaustique, réservé jadis à une sorte de peintu¬
re, est appliquée sur les meubles et parquets pour leur donner le lustre, le poli, un aspect brillant.
Cherchant à abaisser le prix de revient, certains industriels utilisent d'autres solvants de la cire, en
particulier des produits dérivés du pétrole, qu'une
odeur désagréable rend beaucoup moins propres à
cet usage. Nous considérons qu'il faut éviter une
pareille substitution et que l'encaustique doit être toujours à base d'essence de térébenthine.
(Mais l'aspect du bois n'est pas tout. 11 paraît
souhaitable et possible d'unir aux rôles protecteur et esthétique de la solution de cire un effet d'as¬
sainissement, afin que l'emploi courant de ce pro¬
duit d'entretien permette de lutter en même temps
contre les parasites de l'habitation et contre ceux de l'homme. Nul n'ignore qu'il existe en effet, dans
les interstices des planchers et des meubles, beau¬
coup de germes et de vecteurs de germes qui, à
un époque de progrès hygiénique, doivent faire l'objet d'une lutte sans merci.
Rappelons tout d'abord les Puces et les Punai¬
ses, si incommodantes et si dangereuses au point
de vue de la transmission de maladies à l'homme et aux animaux domestiques : les Puces qui pul¬
lulent dans les rainures des planchers, où se trou¬
vent leurs centres de multiplication; les Punaises qui se faufilent volontiers dans les mêmes gites,
ainsi que dans les bois de lit et sous les plinthes.
Rappelons aussi les Blattes, répugnantes, qui al¬
lant et venant la nuit, souillent nos aliments et
qui pendant le jour utilisent tous les recoins som¬
bres de nos maisons.
Fentes et trous des planchers et des meubles*
sont aussi des refuges propices pour d'autres sor¬
tes d'insectes nuisibles, notamment pour les Tei¬
gnes, qui détériorent vêtements, fourrures et tapis¬
series, et pour les Dermestes, Anthrènes ou Atta- gènes, qui s'en prennent aux matières organiques plus ou moins sèches.
Puis il y a tous ceux qui attaquent le bois, ceux surtout qui vivent à demeure dans des galeries non loin de la surface, des menus Coléoptères (Vrillet- tes, Lyctes, Cossonides) qu'on nomme tous à Bor¬
deaux « Cussons », et dont la présence en nombre
se manifeste par l'apparition d'orifices arrondis
semblables à ceux que ferait une décharge de plombs de chasse, d'autres beaucoup plus gros qui
sont des Longicornes, surtout VHijlotrupes baju-
lus L., spécialisé dans la destruction de l'aubier des résineux.
Il y a lieu de penser enfin aux parasites végé¬
taux, aux Bactéries qui produisent la pourriture banale, aux Champignons comme le redoutable Mérule, qui se met à foisonner au point d'envahir
et de consumer toutes les boiseries d'un immeuble si les conditions du milieu se prêtent au développe¬
ment de ses germes.
Et ne faut-il pas tendre du même coup à l'ex¬
termination des microbes générateurs de maladies infectieuses, apportés dans les maisons non seule¬
ment par des malades, mais par des personnes en bonne santé, sur leurs vêtements, et aussi par le
Chien et le Chat, hôtes familiers du logis, par les Rongeurs et les Insectes, ou par les poussières qu'amène le vent.
Ces considérations nous ont fait rechercher la formule de produits capables de détruire les petits
ennemis de l'habitation et de l'habitant, ou suscep¬
tibles de prévenir les invasions de ces indésirables.
Ne nous contentons plus de donner un bel aspect
aux meubles et parquets, de les faire briller; fai¬
sons plus encore, désinsectisons et désinfectons.
Il faut pour cela nettoyer et enduire le bois en se servant de substances à la fois insecticides, an-
ticryptogamiques et microbicides et qui, tout en
l'imprégnant, ne dégagent que des vapeurs saines
et point de mauvaises odeurs. C'est justement ce rôle multiple que doit réaliser une associationju¬
dicieuse de produits dérivés du Pin maritime.
Après les études et les essais poursuivis à la Sta-
77
lion de Zoologie agricole du Sud-Ouest, nous avons Jormulé, avec cinq de ces produits, un mélange qui possède l'ensemble des propriétés recherchées et
dont nous renforçons le pouvoir insècticide en y incorporant les principes toxiques des plantes à
roténone (Derris, iCubé). Rappelons à ce propos ce que nous avons eu l'occasion de faire connaître dé¬
jà dans le Bulletin (1), à savoir que ces principes
se dissolvent bien dans les dérivés terpéniques li¬
quides tels que l'essence de pin, l'essence de téré¬
benthine et l'huile de pin ou terpinéol, et qu'il en est de même pour les oléo-résines du Pyrèthre.
Nous utilisons cette solubilisation pour accroître
l'efficacité de l'ensemble.
'Les cinq dérivés du Pin que nous avons choisis
sont : l'essence de térébenthine, l'huile de pin, dite terpinéol, le chlorure de bornyle ou chlorhydrate
de pinène, l'acétate de bornyle et le résinate de zinc.
Nous commençons par mélanger :
Essence de térébenthine 65
Terpinéol bi-rectifié , 5
Dans ce premier mélange, nous introduisons 3 de poudre de racines de Derris ou de Cubé et 3 de poudre de fleurs de Pyrèthre, et nous portons l'en¬
semble au bain-marie à 100° pendant une demi-
heure.
Tout en y laissant encore macérer les poudres végétales, nous ajoutons :
Acétate de bornyle ". 5
Chlorure de bornyle solide 15
Résinate de zinc 10
et nous attendonst pour filtrer deux ou trois jours pendant lesquels nous agitons à maintes repri¬
ses (2).
La liqueur limpide obtenue sert au nettoyagedes parquets cirés; grâce à elle on peut généralement supprimer l'emploi de la paille de fer, qui est pé¬
nible et qui use le bois; elle pénètre suffisamment
dans les fentes et les trous où elle exerce son pou¬
voir.
Le choix des éléments précités est justifié par (1)Juin 1935, décembre 1935, juillet 1936.
(2)La poudreretenueparlefiltreconserve unpouvoir insecticide suffi¬
sant pourêtreutiliséeenépandagesurdesplanchersen vuedela destruction
•des puces.
deux raisons : la première est qu'ils sont tous plus
ou moins insecticides, et qu'ils le deviennent plus
encore grâce aux extraits roténonés et pyréthrés qu'on leur adjoint. La seconde est que, séparés ou réunis, ils dégagent un parfum plaisant à la majo¬
rité des odorats, alors que les essences de pétrole
et les dérivés chlorés du benzène ont une odeur plutôt désagréable, surtout dans les appartements.
L'essence de térébenthine est nécessaire, puisque
la liqueur doit servir à fabriquer une encaustique;
elle est là comme solvant principal.
Le terpinéol bi-rectifié, dont le parfum rappelle
celui du muguet, apporte, avec ses propriétés in¬
secticides propres et sa qualité de solvant complé¬
mentaire, son rôle antiseptique de constituant
d'huile essentielle et son pouvoir mouillant remar¬
quable. Il est donc bactéricide et imprégnant. Sa présence fortifie l'action en donnant au mélange
une puissance de pénétration toute particulière.
Nos observations nous font en outre considérer
comme probable un effet anticryptogamique, bien qu'à notre connaissance cela n'ait pas été précisé.
Nous n'insistons pas sur les propriétés des plan¬
tes à roténone qui ne sont guère nuisibles qu'aux
animaux à sang froid et qui sont pour ainsi dire
sans danger pour l'homme et les animaux domes¬
tiques. Leurs principes sont particulièrement toxi¬
ques contre les Puces, les Cafards et les larves
des Coléoptères xylophages. Quant au Pyrèthre,
c'est surtout pour détruire les Punaises que nous faisons appel à lui, parce qu'il agit beaucoup sur elles.
L'acétate de bornyle rectifié, d'une volatilité fort appréciable, émet des vapeurs insecticides et balsa¬
miques, il intoxique l'insecte et il embaume l'at¬
mosphère et l'assainit. Comme constituant d'huile
essentielle il est bactéricide, donc désinfectant, mê¬
me par ses vapeurs. De même que le terpinéol, il
est probablement anticryptogamique.
Le terpinéol est doué d'une heureuse action sur les voies respiratoires et l'acétate de bornyle sem¬
ble avoir, par vaporisation, une bonne influence
sur les bronches; leur présence dans la liqueur lui
donnerait un pouvoir inhalatoire bienfaisant.
Quant au résinate de zinc, il tient ses pouvoirs
propres de la colophane, et du zinc une action par¬
ticulière contre les moisissures et les bactéries.
78 BULLETIN DE L'INSTITUT LU PIN — N°28 - Avril 193?
L'élément zinc est réputé désinfectant, mais il
exerce sans doute aussi sur la santé humaine cer¬
tains effets positifs encore mal expliqués tout com¬
me sur celle des végétaux supérieurs.
La liqueur formulée dans cet article pour le net¬
toyage des planchers ou parquets, des plinthes et lambris, des meubles et de tous bois apparents des habitations, est en somme un produit d'entretien
bon préservateur, assez pénétrant, doué à la fois
de propriétés insecticides, antiseptiques et anti- cryptogamiques et dont l'inhalation est agréable et
saine.
Son emploi est à préconiser. L'essai déjà fait
dans plusieurs habitations a permis aux occupants
de nettoyer leurs parquets ou leurs meubles avec de simples chiffons fortement imbibés, et tous se sont déclarés contents du résultat. En particulier, les Puces, insectes que la ville de Bordeaux recèle
sans doute plus que toute autre ville de France
dans les fentes de ses parquets, disparaissent à la première application.
Nettoyer ses bois cirés en désinfectant et désin¬
fecter avec un produit qui ne dégage que des va¬
peurs saines et agréables, c'est là un fait d'impor¬
tance. iMais, comme cette liqueur ne donnerait pas
au bois l'éclat, le lustre recherchés, il est néces¬
saire de la transformer en encaustique en l'addi¬
tionnant de cires choisies.
11 suffit, pour cela, d'ajouter, dans la proportion
d'un tiers, un mélange de cires tels que le suivant:
Cire d'abeilles 85
Blanc de baleine 5
Résinate de zinc 10
- Dans ce mélange on peut, pour abaisser le prix
de revient, remplacer une partie de la cire d'abeil¬
les par d'autres matières cireuses, telles que la cérésine, la cire de Carnauba et la paraffine. Là cérésine, ou ozokérite du commerce, est souvent additionnée déjà de paraffine; la cire de Carnauba.
élève le point de fusion; quant à la paraffine, quoi¬
que dérivée du pétrole, elle n'a aucune odeur et
ne dégage aucune vapeur nuisible..
On fait fondre cire et résinate ensemble, on re¬
froidit à 100°, puis on verse ce mélange dans là liqueur en tenant compte des proportions données.
Cela donne une encaustique semi-fluide, péné¬
trante, qui ne réclame pas l'usage de la brosse;
après une dessiccation de quelques heures, il suffit
de frotter avec une laine pour obtenir un beau brillant. Son parfum est agréable.
Liquide et encaustique à base de produits du Pin
maritime méritent donc d'être choisis pour le bien
des habitations et le profit de l'habitant. Leurcom¬
mercialisation apporterait aussi un nouveau dé¬
bouché pour des dérivés terpéniques comme le ter- pinéol, l'acétate de bornyle, le chlorure de bor- nyle, produit intermédiaire de la fabrication du camphre synthétique, ainsi que pour la colophane qui entre dans la fabrication du résinate de zinc.
Les encaustiques à base d'essence de pétrole ou contenant des dérivés chlorés du benzène sont à
prohiber; si elles sont d'un prix peu-élevé, elles
n'ont pas les propriétés multiples et bienfaisantes
de la liqueur et de l'encaustique formulés dans le présent article, ni les qualités de la simple solu¬
tion de cire dans l'essence de térébenthine; de plus,
leur odeurest désagréable, incommodante, et leurs émanations nuisibles.
Donnons sans hésiter la préférence aux bons dé¬
rivés terpéniques et résiniques du Pin des Landes..
Entretenons avec eux les bois de l'habitation tout
en préservant notre santé.
BULLE1IN DE
C ii 271
Les Essences ne lereneniie
par J. L. SIMONSEN, D. Se. F. R. S.(*)
Dans une conférence faite le 10 décembre 1936,
à Londres, M. J.-L, Simonsen fait un historique rapide de l'industrie résinière et rappelle les prin¬
cipales sources d'essence de térébenthine dans lé
monde.
L'essence américaine (Pinus palustris et Pinus heterophylla) et l'essence française (Pinus mariti- ma) sont les deux principales essences de térében¬
thine rencontrées sur le marché mondial. Elles
sont toutes deux à base de pinène et de nopinène
et diffèrent peu l'une de l'autre : l'essence fran¬
çaise est lévogyre alors que l'essence américaine
est dextrogyfe. L'essence espagnole est très voisi¬
ne de ces essences.
Les essences russes, indiennes, suédoises et fin¬
landaises, dont les constituants ont été caractéri¬
sés récemment, contiennent au contraire un faible pourcentage de pinène et leurs principaux consti¬
tuants sont les As et Ai carène, le As carène pré¬
dominant largement.
Le d-A3-carène est trouvé particulièrement en abondance dans l'essence de térébenthine distillée
aux Indes à partir de l'oléorésine du Pinus longi- folia.
Le pinus longifolia n'est que l'une des nombreu¬
ses espèces peuplant les forêts des Indes et de Bir¬
manie qui pourraient, sans des difficultés géogra¬
phiques et de transport qui limitent leur exploita¬
tion, satisfaire la demande du monde entier en
essence de térébenthine.
Deux importantes usines distillent l'oléorésine
dans le nord de l'Inde (Punjab et United Provin¬
ces). L'essence indienne est obtenue maintenant
très pure, mais elle présente certains désavanta¬
ges techniques et la structure du principal hydro¬
carbure la constituant, interdit son emploi comme matière première des fabrications du terpinéol et
du camphre. Une essence très supérieure est obte¬
(•) Extrait de Oïl and colour Chemist'Aasociation, vol. XX, n°201,
mars 1937.
nue à partir du Pinus excelsa, elle fournit proba¬
blement le d-a-pinène le plus pur que Ton con¬
naisse dans la nature et ne contient pas de nopi¬
nène,
L'oléorésine de Boswellia serrata appartient à
une catégorie assez différente, car elle contient, à
côté d'essence de térébenthine et d'acides résini- ques, une gomme qui rend la purification de la co¬
lophane très difficile. L'essence obtenue facilement
très pure contient principalement le d-a-thuyène qui n'est pas autrement connu dans la nature (Si¬
monsen, Ind. Forest. Records, 1922, 9, 289). La thuyone, cétone du même groupe, existe dans l'es¬
sence de thuya et les huiles de tanaisie. Si cette
essence pouvait être obtenue en grande quantité,
elle serait, sans aucun doute, un substitut intéres¬
sant de l'essence de térébenthine, grâce à sa faible
densité et à son point d'ébullition.
Les essences suédoise, finlandaise etrusse,prove¬
nant du Pinus sijlvestris, ressemblent étroitement,
par leur constituant, le d-As-carène, aux essences
de Pinus longifotia. Certaines essences de diverses espèces d'Abiès également. (Rao et Simonsen,
J. C. S., 1935», 127, 2494; Wienhaus et Sghmidt,
Schimmels Report, 1928, p. 101; Semmler et
Schiller, Ber, 1927, 6'0, 159;
Asc«'han| Annalen
1928, 461,1). Cetfa constitution limite par suite l'emploi de ces essences en vue des industries
de
produits de synthèse.
Comme solvant, l'essence de térébenthine doit posséder trois propriétés importantes :
1° elle doit se volatiliser suffisamment vite, mais cependant pas trop rapidement.
2° elle agit comme convoyeur d'oxygène.
3° par évaporation, elle ne doit pas laisser,
prati¬
quement, de résidu.
Les essences à pinène et à carène, quoique dif¬
férentes, sont équivalentes quant aux deux pre¬
mières propriétés si elles sont fraîchement
distil¬
lées.
En ce qui concerne Koxydation, les essences
à
pinène s'oxydent seulement très lentement
à l'air;
il ne peut en être dit autant des essences à
carène
qui s'oxydent très rapidement et se
détériorent
parsuite très vite. Les figures 1, 2, 3, 4, montrent l'oxy¬
dation comparée du pinène et du carène, à
l'air et
dans l'oxygène, avec et sans catalyseur.
80 BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N928 - Avril 193?
CARACTERISTIQUES DES ESSENCES DE TEREBENTHINE OBTENUES AUX INDES
K •aa-aCD
Rendement de téré¬
eness. benthine par
82lbs de gemme (gallons)
enRendementcolophanepoidsen d30a30 (3)D°
I. A. I.S.• o3
c/2 og
Coustituants
'CD
EL
m,
P. longifolia 2,0 70 % 0,8717 1,47(25 —2° 72 2,4 — 1-a-pinène, l-(+pinène.
d-A3-carène
d-longifolène
P. Khasya 1,6 60 % 0,8633 1,4675 +32°83 1,9 — d-a-pinène
d-(+pinène d-longifolène
P. Excelsa 2,25' 68 % 0,857 1,4627 +40°42 — 4,11 9,11 d-a-pinène d-a-terpinéol
n-undecane
i sesquiterpènes
P. Merkusii 2,16 69 % 0,8575 1,4653 +28°67 0,45 2,86 12;8 d-a-pinène d-(3-pinène
d-A3-carène d-liraonène (?)
d-longifolène
P. Gerardiana 2,86 67 % 0,8658 1,468 +18°4 1,5 9,1 15,2 d-a-pinène d-^-pinène
sesquiterpènes sesquiterpène
alcools.
•*>ERCENTOF
...
Fig. 1
Oxydation du d-a-pinène dans l'air a-pmëne sans catalyseur.
a-pinène+0.001 % de Pyrogallol.
pea cersar or OjABSORBED
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Fig. 2
Oxydation du d-a-pinène dans l'oxygène
- a-pinène sans catalyseur.
.. a-pinène+0.001 % de Pyrogallol.
8ULLE1IN DE DU 28 Avril
PER CENT OP Ot ABSORBE O
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L
—° 2 4 6
FlG. 3
Oxydation du d-A3 carène dans l'air.
— A3carène sans catalyseur.
A3carène avec 0,001 % de Résorcine.
.... A3carène avec 0,001 % de Pyrogallol.
Comme on le voit, le pinène s'oxyde lentement à
l'air, et en présence d'un antioxydant la réaction
est presque complètement arrêtée. Même dans l'o¬
xygène, la réaction est suffisamment lente pour que l'antioxygène l'arrête pendant une période de
deux mois.
L'oxydation du A3 carène est beaucoup plus ra¬
pide même en présence d'antioxygène.
L'auteur considère ces taux d'oxydation relatifs
comme très instructifs; eneffet, ils montrent qu'en
ce qui concerne les besoins ordinaires de l'indus¬
trie, les essences à carène, convenablement stabili¬
sées par un antioxygène, peuvent donner satisfac¬
tion pour les usages techniques. Cette stabilisation empêchera leur détérioration rapide à l'air et par
suite les causes fréquentes de réclamation. Or,
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Fig 4
Oxydation du d-A3 carène dans l'oxygène.
— A3carène sans catalyseur.
A3carène avec 0,001 % de Résorcine.
.... A3carène avec 0,001 % de Pyrogallol.
l'auteur ne croit pas que l'on ait tenté, jusqu'à présent, de stabiliser l'essence indienne. En ce qui
concerne la stabilité à l'air, l'essence de B. serrata est supérieure à la fois aux essences à pinène et à
carène.
L'auteur voit dans l'Empire des Indes et dans la Birmanie la possibilité d'obtenir l'essence de téré¬
benthine nécessaire à tout l'Empire britannique,
pourvu que des méthodes scientifiques soient em¬
ployées. L'usine de Jallo ayant heureusement à sa tête un chimiste montre la voie. Il espère que dans l'avenir, les forêts d'Assam et de Birmanie seront exploitées et que de même que le coton des
Indes a remplacé le coton américain dans les fabri¬
ques du Lancashire, l'essence de térébenthine in¬
dienne y remplacera l'essence américaine.
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