Paris 7 PH042
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TH ´ EORIE CLASSIQUE DES CHAMPS
EXAMEN
t0= (mardi 9 septembre , 14 h), ∆t= 4 heures
Ce sujet est compos´e de quatre exercices suivis d’un probl`eme. Les exercices sont principalement des applications directes de notions ´etudi´ees en cours et en travaux dirig´es. Le probl`eme requiert intuition et culture, et fait appel aux r´esultats ´etablis dans les exercices.
I. ´ENERGIE ET IMPULSION
1. Rappelez les lois de transformation de l’´energie et des composantes de l’impulsion d’une particule lors d’une transformation sp´eciale de Lorentz.
2. On consid`ere la diffusion d’un photon de 10 GeV sur un proton au repos.
i) Calculez les valeurs de l’´energie et des composantes de l’impulsion du photon et du proton.
ii) Calculez la vitesse du rep`ere dit du “centre de masse”.
3. Une particule de massema son impulsion dans un pav´e (~p, d3~p). Vue d’un rep`ere ´equivalent, reli´e par une transformation de Lorentz, la particule a son impulsion dans le pav´e (~p0, d3~p0). On s’int´eresse au rapport entre volumes des pav´es et `a ses cons´equences.
i) Ecrire les composantesdpx,dpy et dpz de l’impulsion en termes des composantes dp0x,dp0y, dp0z et de l’intervalle d’´energie correspondantde0.
ii) Mais l’´energie et l’impulsion d’une particule ne sont pas ind´ependantes. Rappelez la relation qui les relie et, par diff´erentiation, en d´eduire une expression dede0 en termes dee0,~p0 etd~p0.
iii) En d´eduire la valeur du jacobien de la transformation des composantes de l’impulsion en termes des ´energies eete0 correspondant aux impulsions~pet~p0 dans chacun des deux rep`eres.
iv) En d´eduire une expression simple du volumed3~pen termes du volumed3~p0 et des ´energieseete0. v) On a souvent `a envisager des circonstances, exp´erimentales ou th´eoriques, o`u le nombre de particules identiques dont l’impulsion est dans le pav´e (~p, d3~p) est proportionnel au volume dudit pav´e :d3N =f(~p)d3~p. Si, vu d’un rep`ere ´equivalent reli´e par une transformation sp´eciale de Lorentz, le pav´e est autre, le nombre de particules est par contre le mˆeme :
d3N=f(~p)d3~p=f0(~p0)d3~p0.
En d´eduire l’expression de la distribution f0(~p0) en termes def(~p),eet e0.
vi) Pour quelle raison les professionnels ont-ils coutume d’´ecrire leurs distributions plutˆot sous la forme (parfaitement ´equivalente) :
d3N=g(~p) d3~p e(~p)?
II. RAYONNEMENT D’UNE CHARGE `A BASSE VITESSE
1. i) Rappelez l’expression du champ ´electrique (convection et rayonnement) cr´e´e par un ´ev´enement d’une charge ponctuelle en lequel sa vitesse est nulle. Pr´ecisez bien la signification de la formule ´ecrite.
ii) Quelles sont les expressions du champ magn´etique et du vecteur de Poynting ? iii) En d´eduire l’´energiedWray rayonn´ee par la charge durantdt.
2. La charge en question est un ´electron acc´el´er´e sous l’effet d’une onde ´electromagn´etique plane, monochromatique, polaris´ee rectiligne, mais dont la vitesse demeure n´egligeable.
i) Calculez l’acc´el´eration de cet ´electron en r´egime permanent. En d´eduire l’´energiedWray rayonn´ee, en moyenne temporelle, par la charge durant dt.
ii) Calculez le vecteur de Poynting de l’onde incidente et l’´energie dWinc que celle-ci v´ehicule, en moyenne, `a travers une aire S durantdt.
2 Champs classiques, PH042 Paris 7 iii) Calculez la quantit´e, caract´eristique de l’interaction d’un ´electron libre non relativiste avec une onde ´electromagn´etique,
σT=df dWray
dWinc/S, dite section efficace de Thomson.
iv) Calculez la valeur num´erique de σT.
III. EFFET COMPTON
On consid`ere la diffusion ´elastique d’un photon sur un ´electron initialement au repos.
1. Exprimez les lois de conservation de l’´energie et des composantes de l’impulsion.
2. En d´eduire l’expression de la diff´erence des inverses des ´energies finale et initiale du photon, 1/ef−1/ei, en fonction de l’angle de diffusion, θ, du photon.
3. Par quel effet mesurable cette description se distingue-t-elle de la diffusion d’une onde ´electromagn´e- tique par une charge `a tr`es basse vitesse ?
IV. CHAMPS CR´E´ES PAR UNE CHARGE ACC´EL´ER´EE Une charge positive est anim´ee d’une vitesse dont le module est
constant, v= 2,4×108m s−1, suivant la trajectoire ci-contre.
1. Repr´esentez l’allure des lignes du champ ´electrique, `a l’instant o`u la charge a parcouru 1 m apr`es son changement de direction.
2. Repr´esentez, au mˆeme instant, l’allure du champ magn´etique.
V. DUR´EE DE VIE DU FAISCEAU DU LEP
La d´egradation au cours du temps du faisceau d’´electrons (´energie 45 GeV) stock´es dans le LEP peut ˆetre attribu´ee `a plusieurs causes. La diffusion des ´electrons par le gaz r´esiduel dans la voie de faisceau contribue, avec une dur´ee de vie partielle de 6 jours. En service, les collisions des ´electrons avec les positrons du faisceau analogue, dans les zones d’exp´eriences, contribuent de mani`ere plus importante, avec une dur´ee de vie partielle de 14 heures. Enfin, comme la voie de faisceau est `a la temp´erature ambiante, elle est le si`ege d’un rayonnement ´electromagn´etique dont le spectre est celui du corps noir, et on se demande quelle peut ˆetre la contribution des diffusions des ´electrons du faisceau sur les photons du rayonnement.
Puisque l’on a des id´ees relativement simples sur la section efficace de diffusion d’une onde
´electromagn´etique par un ´electron dans la mesure o`u sa vitesse est tr`es faible, on peut songer `a se placer dans le rep`ere des ´electrons du faisceau. Mais le spectre du rayonnement dans ce rep`ere n’est plus un spectre de corps noir. Reste donc `a d´ebrouiller ces consid´erations pour en tirer une estimation de la dur´ee de vie partielle associ´ee `a ce m´ecanisme.
1. i) Quelle est la valeur d’´energie typique d’un photon du corps noir `a la temp´erature ambiante ? ii) En d´eduire la valeur typique de l’´energie totale dans le rep`ere dit du centre de masse lors de la collision de ce photon avec un ´electron du faisceau, et comparez cette valeur `a la somme des ´energies de masse.
Champs classiques, PH042 Paris 7 3 iii) Montrez que dans un rep`ere o`u la vitesse des ´electrons est nulle, les descriptions en termes de photons ou d’onde ´electromagn´etique sont, ici, ´equivalentes.
Dans le rep`ere o`u les ´electrons sont au repos, le nombre moyen de collision, durant dτ, d’un ´electron avec des photons dont l’impulsion est dans le pav´e (~k0, d3~k0) est donn´e par l’expression :
d4n=dτ d3~k0f0(~k0)σ0(~k0),
o`u σ0(~k0) est la section efficace de collision d’un photon d’impulsion~k0 sur un ´electron au repos, et d3~k0f0(~k0) est le nombre de photons par unit´e de volume dont l’impulsion est dans (~k0, d3~k0). Ainsi, le taux de collisions ´electron-photon par unit´e de temps propre est donn´e par :
Γ0=df dn dτ =
Z
d3~k0f0(~k0)σ0(~k0).
Mais l’objet de nos d´esirs est plutˆot le taux de collisions par unit´e de temps du laboratoire, Γ=dfdn/dt, et c’est dans ce mˆeme laboratoire que le spectre des photons (corps noir) nous est connu.
2. La premi`ere de ces r´eserves se r`egle facilement en remarquant que le nombre de collisions est un invariant ; seul change l’intervalle de temps. Montrez ainsi que Γ s’exprime simplement en fonction de Γ0, de la massemde l’´electron, et de son ´energie p0 dans le laboratoire.
3. Reste `a ´evaluer Γ0 :
i) Connaissant la loi de transformation (jacobien) du volume du pav´e d’impulsion, montrez que Γ0 peut s’´ecrire sous forme d’int´egrale sur les impulsions~kdes photons dans le laboratoire.
ii) Dans l’int´egrand obtenu intervient l’´energie k00 du photon dans le rep`ere de l’´electron. Montrez que k00 peut s’´ecrire en fonction des quadri-impulsions k
˜ et p
˜ du photon et de l’´electron et de la masse mde ce dernier.
iii) ´Ecrire la forme int´egrale sur~kainsi obtenue pour Γ0. 4. Revenons enfin aux ´electrons du LEP. . .
i) Justifiez la possibilit´e d’assimilerσ0(~k0) `a la section efficace de ThomsonσT. ii) Que devient alors l’expression int´egrale de Γ0 si la fonctionf(~k)=dff0¡~k0(~k)¢
est isotrope ? iii) On assimile la distributionf(~k) `a celle des photons du corps noir `a la temp´eratureT :
f(~k) = 1 (2π)3
2 ek0/T −1.
Sachant que Z ∞
0
dx x
ex−1 = 2ζ(3) = 2×1,202. . .
en d´eduire l’expression du taux de collisions Γ dans le laboratoire, en fonction de la temp´erature et de la section efficace de Thomson.
iv) Quelle est la valeur num´erique de Γ pour le faisceau du LEP ? Quelle est la valeur de la dur´ee de vie partielle correspondante ?
5. Quels points vous semblent criticables dans cette m´ethode (qui a le m´erite de la simplicit´e) d’estimation de Γ ? Quelles am´eliorations proposez-vous ?
R´ef´erence : L.S. Brown&R.S. Steinke,Compton scattering on blackbody photons, Am. J. Phys.65() p 304.