Dimanche 14 Septembre 1902 Bureaux : R u e de l a S e r r e , 58

Dix-septième Année. — N° 73 P r i x d u n u m é r o : 1 0 centimes

Dimanche 14 Septembre 1902 Bureaux : R u e de l a S e r r e , 58

MIEDE OGEBE

S U I S S E

ABONNEMENTS

Un an Sil mois:

Suisse . . . . Fr.6»— Fr. 3»—

Union postale » 12»— » 6»—

On s'abonne a tous les bureaux de poste.

Paraissant le Jeudi et le Dimanene a la Ghaaz-de-Fonfls

ANN0N6ES

suisses 20 ct., étrangères 23 et. la ligne Offres et demandes de place

10 centimes la ligne.

Les annonces se paient d'avance.

Organe de la Chambre suisse de l'Horlogerie, des Chambres de commerce, des Bureaux de contrôle et des Syndicats professionnels.

Les Consulats suisses à l'étranger reçoivent le j o u r n a l .

Bureau des Annonces: HAASENSTEIN & VOGLER, 32, rue Leopold Robert, CHAUX-DE-FONDS et succursales en Suisse et à l'étranger.

Les montres dites ((extra-plates»

Nous exprimons nos regrets à l'auteur de l'article paru dans le dernier n u m é r o , de ce que, par oubli de composition, ses initiales E. W . n'aient pas été publiées comme signature.

Nous recevons sur le môme sujet la cor- respondance suivante qui confirme encore les doutes que nous émettions sur la vali- dité de la réclamation de la maison A. Lange

& Söhne.

La Ghaux-dc-Fonds, le 8 septembre 1902.

A La Fédération horlogère, E n Ville.

Monsieur Je rédacteur,

J'ai lu avec intérêt l'article publié dans la Fédération de hier au sujet de la vente en Allemagne des -montres dites extra- plates.

La prétention émise par la maison Lange

& Söhne me parait être sans aucune valeur et nos fabricants n e doivent pas éprouver de craintes sérieuses dans les menaces de la dite maison.

Sans parler des antériorités qu'il serait certainement très facile à nos fabricants

suisses d'établir, c'est-à-dire que de telles montres plates revendiquées par la maison Lange ont été fabriquées en Suisse et ven- dues à l'étranger bien avant le dépôt du modèle Lange. Je tiens à ce que vos lec- teurs sachent bien que la maison Lange n'a nullement obtenu un brevet proprement dit en Allemagne p o u r la montre en ques- tion, mais bien seulement un Gebrauchs-

muster ou modèle d'utilité qui sont tou-

j o u r s délivrés en Allemagne sans aucune

recherche d'antériorité et sans examen préalable. P o u r l'édification de vos lec-

teurs, voici la traduction du premier ar- ticle de la loi allemande du 1

^C1

juin 1891 sur les modèles d'utilité :

« S o n t protégés conformément à la pré- sente loi, comme modèles d'utilité {Ge-

brauchsmuster), les modèles d'instruments

de travail, ou objets destinés à un usage pratique, ou de leurs parties, si par une nouvelle configuration, une nouvelle dispo- sition ou un nouveau mécanisme {Vor-

richtung), ils doivent servir à un travail

ou à un usage pratique (Gebrauchszweck).

« N e sont pas réputés nouveaux les mo- dèles qui, au m o m e n t de la demande faite en vertu de la présente loi, ont déjà été décrits dans des imprimés rendus publics, ou ont déjà été utilisés publiquement dans le pays. »

Nos industriels exportant en Allemagne feront donc bien de ne pas se laisser inti- mider par les menaces de la lettre qui vous a été adressée par la maison Lange & Söhne et au cas où celle dernière essayerait de mettre à exécution ses menaces, ils devront s'entendre pour résister en commun de- vant les tribunaux allemands qui ne man- queraient pas de réduire à sa valeur le Ge-

brauchsmuster en question. (Il y a des

juges à Berlin !)

Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur, mes salutations sincères.

A. MATHEY-DORET,

Ingénieur-Conseil.

La conférence coloniale de Londres Nous extrayons de l'Economiste fran-

çais les communications suivantes au sujet

de celle conférence :

«C'était un événement depuis longtemps attendu par lout le monde anglo-saxon et par les fervents de l'impérialisme britanni- que surtout que cette conférence coloniale de L o n d r e s où se sont réunis sous la pré- sidence du ministre anglais des colonies, les premiers ministres de toutes les colo- nies autonomes de l'Angleterre d'une part, et, de l'autre, les représentants des minis- tères britanniques de la marine, de la guerre et du commerce. Ce n'est pas qu'il n'y eût encore jamais eu de réunion de ce g e n r e ; des conférences coloniales avaient déjà été tenues en 1887, lors du premier jubilé, du cinquantième anniversaire de l'accession au Trône de la Reine Victoria, puis en 1894 et en 1897 lors du jubilé de diamant de la Reine. Mais aucune de ces réunions n'avait été aussi complète ; aucune n'avait eu lieu en de pareilles circons- tances.

« Q u a n t aux résultats de la conférence, ils sont assez modestes. Ils ressortent de la note officieuse, qui a paru, il y a peu de temps, dans les principaux j o u r n a u x anglais : « Les questions de la défense im- périale cl du commerce impérial ont formé, dit celle note, les deux principaux sujets des délibérations de la conférence. Les ré- sultats ont été satisfaisants au point de vue impérial. Il a été adoplé des résolutions concernant l'accroissement des contribu- tions des colonies à l'entretien de la ma- rine impériale, contributions auxquelles le Canada consent à participer, et concernant

aussi «7i système de tarifs préférentiels entre les colonies et la mère patrie. Il im-

porte toutefois de bien c o m p r e n d r e que les résolutions auxquelles s'est arrêtée la conférence ne lient pas sous leur forme actuelle, le gouvernement impérial, ni les gouvernements coloniaux, mais doivent être soumises aux diverses législatures de l'Empire. Aussi rien de définitif n'a-t-il été décidé par la conférence.

« A la dernière séance il fut décidé d'aug- menter, dans une certaine mesure, les sub- sides des colonies à la marine impériale, et l'Amirauté prépara un tableau établis- sant les charges respectives qui incombe- ront à chaque colonie. On a aussi pris en considération un projet en vue d'affecter une certaine partie des forces locales des colonies à la défense impériale en cas de besoin. Tandis que certaines colonies ont accepté la proposition de constituer des réserves impériales, d'autres, telles que le Canada et l'Australie, se contentent de s'engager à maintenir leurs forces locales en état de servir, s'en remettant à la b o n n e volonté de la population pour assister le gouvernement impérial, si le besoin s'en faisait sentir, comme elles l'ont fait dans la guerre sud-africaine.

« La contribution de la colonie du Cap

pour la marine est fixée à 1,250,000 francs

par an au lieu de 750,000 et celle de Natal

à 870,000 francs. La conférence a émis le

vœu que de plus grandes facilités fussenl

données aux coloniaux désireux d'entrer

dans le corps d'officiers de l'armée et de la

marine impériales.

446 LA FEDERATION HORLOGERE SUISSE

« E n ce q u i c o n c e r n e le c o m m e r c e d e l ' E m p i r e o n s ' e s t rallié e n p r i n c i p e , s a n s e n t r e r d a n s l e s d é t a i l s , à la p o l i t i q u e q u i c o n s i s t e à é t a b l i r d a n s l e s c o l o n i e s d e s ta- rifs d e p r é f é r e n c e e n f a v e u r d e s p r o d u i t s b r i t a n n i q u e s . L e d e g r é a u q u e l c e s m a r c h a n - d i s e s s e r o n t a i n s i f a v o r i s é e s v a r i e r a s e l o n les c i r c o n s t a n c e s s p é c i a l e s à c h a q u e c o l o - nie ; o n s e p r o p o s e d e s u i v r e à ce s u j e t la l i g n e d e c o n d u i t e a d o p t é e déjà p a r le C a n a d a .

« E n f i n , d a n s la d e r n i è r e s é a n c e , il a é t é a d o p t é u n e r é s o l u t i o n e n f a v e u r d e r é t a - b l i s s e m e n t d u s y s t è m e m é t r i q u e d e s p o i d s e t m e s u r e s d a n s t o u t e l ' é t e n d u e d e l ' E m - p i r e . »

Brevets d'invention

Horlogerie et Bijouterie

LISTE DES BREVETS E N R E G I S T R É S Km-«'« i ni r c m c n t s.

Gl. 64, n° 23,934. 9 avril 1901, 8 h. p. — Mou- vement de montre perfectionné. — P. L. Droz, fabricant d'horlogerie, Brenels (Suisse). Man- dataire : A. Mathey-Doret, Ghaux-de-Fonds.

Cl. 64, n° 23,935. l " j u i n 1901, 7 'A h. p. — Ra- quette perfectionnée à ressorts. — Louis Bon- saçk-Calame, régleur, 39e, rue du Grenier, Ghaux-de-Fonds (Suisse). Mandataire: A. Ma- Ihey-Doret, Ghaux-de-Fonds.

Cl. 65, n- 23,930. 1e r juin 1901, 7 '/« h. p. — Ma- chine à décalquer les cadrans perfectionnée.

— Jules Fôte-Bourquin, fabrique d'outils d'horlogerie, 6 1 , rue de la Serre, Ghaux-de- Fonds (Suisse). — Mandataire : A. Mathey- Doret, Chaux-de-Fonds.

R a d i a t i o n s .

Cl. 64, n° 5007. Nouveau dispositif d'arrôtage pour montre de poche.

Gl. 64, n° 8092. Mécanisme de remontoir et de mise à l'heure par la couronne.

Gl. 64, n° 18712. Mouvement de montre re- montoir.

Cl. 64, n° 19393. Cadran niellé pour montres.

Cl. 04, n° 21477. Encliquelage perfectionné.

CI. 04, n° 21710. Dispositif de mise à l'heure dans les montres remontoir.

Gl. 05, n" 21479. Pendule.

LISTE DES DESSINS ET MODÈLES Dépota

N° 8914. 21 août 1902, 7 '/< h. p. — Ouvert. — 1 modèle. — Outil a arrondir pour horloger.

— Les fils de Henri Picard et- Cie, Ghaux- de-Fonds (Suisse). Mandataire : A. Mathey- Doret, Ghaux-de-Fonds.

N° 8917. 21 août 1902, 8 h. p. — Ouvert. — 10 modèles. — Mouvements de montres en toutes grandeurs. — Francillon & Co, St-Imier (Suisse). (Point de publication graphique, les objets du dépôt ayant été rétirés ensuite de renonciation des déposants ; voir radiations.) N° 8918. 21 août 1902, 8 h. p. — Ouvert. — 4

modèles. — Mouvements de montres en toutes grandeurs. — Francillon & Go, Sl-Imier (Suisse).

N° 8925. 22 août 1902, 7 '/i li. p. — Cacheté. — 3 modèles. —Objets d'horlogerie, de bijouterie et de papeterie. — Henri Victor Degoumois, Chanx-de-Fonds (Suisse). Mandataire : A. Ma- they-Doret, Chaux-de-Fonds.

N° 8927. 25 août 1902, 8 h. p. — Ouvert. — 1 modèle. — Calibre de montre de poche. — E.

Blancpain fils, Villcrel (Suisse).

N" 8929. 20 août 1902, 7 lji h. p. — Ouvert. — 5 modèles. — Calibres de montres. — Charles llaltn & Cie, Landeron (Suisse). Mandataire:

A. Malhey-Doret, Chaux-de-Fonds.

N° 8938. 26 août 1902, 8 h. p. — Ouvert. — 1 modèle. — Calibre de montres. — Société Suisse d'Horlogerie, Fabrique de Montilier, Montilier (Suisse).

N° 8935. 28 août 1902, 7 ' / i h. p. — Ouvert. — 2 modèles. •— Cadrans de montres décorés.—

James Ducommun, Chaux-de-Fonds (Suisse).

Mandataire: A. Mathey-Doret, Chaux-de-Fds.

N° 8943. 30 août 1902, 5 % h. p. — Ouvert. — 381 modèles. — Fonds de boites de montres décorés, articles de bijouterie et médailles. — Hugueninfrères, Locle(Suisse). Mandataire:

A. Mathey-Doret, Ghaux-de-Fonds.

N° 8944. 30 août 1902, 8 h. p. — Ouvert. — 1 modèle. — Calibre de montre. — Jeanneret

& Cie, Ghaux-de-Fonds (Suisse). Mandataire:

A. Malhey-Doret, Ghaux-de-Fonds.

• V o l o n A si ( ions

N" 4541. 24 juillet 1897, 7a/i h. p. — ( I F période 1902-1907). — 4 modèles. — Bandes ciselées pour lunettes et carrures de boites de montres.

Pierre Frainier, Morleau (France). Manda- taire : A. Mathey-Doret, Chaux-de-Fonds; en- registrement du 26 août 1902.

N° 4576. 26 août 1897, 33/i h. p. — (IIe période 1902-1907). — 1 modèle. — Couronnes pour montres remontoirs. — Neukomm et Mon- tandon, St-Imier (Suisse). Mandataires: G.

Hnnslin & Co, B e r n e ; enregistrement du 26 août 1902.

N° 4696. 23 octobre 1897, 0'A h. p. — ( I Ie pé- riode 1902-1907). — 1 modèle — Calibre de montre. — Felipe Hecht, Genève (Suisse).

Mandataire : E. Imer-Schneider, Genève; en- registrement du 20 août 1902.

R a d i a t i o n s .

N° 396. 27 juin 1892. — 1 modèle. — Cadran de

podomètres. t

N° S917. 21 août 1902. — 10 modèles. — Mou- vements de montres en toutes grandeurs.

Exposition universelle de Saint-Louis

On écrit au Journal de Genève :

Bien que la date de l'ouverture de l'Exposition universelle de St-Louis ait été remise au 1e r mai 1904, dans le but de faciliter davantage la parti- cipation des puissances en leur permettant d'y présenter, de façon plus complète, des collections diverses, les travaux n'ont subi aucun arrêt. Tout au contraire, entrepris au début de celte année, ils ont été poussés avec toute l'activité désirable.

Dores et déjà on peut se rendre compte du résul- tat obtenu et constater que la plupart des grands palais de l'Exposition seront achevés a temps. Il en sera de même des parterres qui les encadre- ront en les embellissant: jardins, lagunes, casca- des, fontaines, etc. Tous ces ouvrages apparaî- tront avec l'année 1903, et le printemps leur don- nera sa note gaie des jours de fête.

C'est ainsi que les yeux verront surgir de terre comme une réalité vivante, le pendant de la «Vil- le blanche » à Chicago, en 1893, l'admirable « Vil- le forestière» dans l'idyllique Forest P a r k au Westend de Saint-Louis. Le grandiose emplace- ment se couvre rapidement de constructions aussi élégantes que variées, dont le complet achève ment n'est plus qu'une question de mois. C'est assez dire avec quelle ardeur fébrile on travaille partout dans l'enceinte de l'Exposition, d'où émer- ge noblement le colossal palais des arts libéraux, une merveille dont le prix de construction attein- dra 475,000 dollars, soit 2,375,000 fr.

Ce monument, adapté au style Renaissance de la plupart des palais de l'Exposition, sera du plus heureux effet avec ses lignes plutôt classiques et fera honneur en tous points à l'architecte qui en a conçu les plans. Le bâtiment aura les propor- tions giganlesques de 750 pieds (225 mètres) de long sur 525 pieds (157 mèlres) de large.

Ce palais renfermera la plus vaste salle d'au- dition de l'Exposition ; son achèvement est es- compté pour le 1e r avril 1903 et son inauguration officielle projetée pour le 30 du même mois.

A celte occasion une solennité sera organisée.

En juin suivant, le grand festival national des so- ciétés chorales américaines aura lieu dans ce mê- me palais où, en septembre 1903, le congrès in- ternational des Associations de la presse tiendra ses assises. Il va sans dire que l'inlérieur du pa- lais sera aménagé de façon à offrir toutes les commodités aux congressistes assemblés, lesquels jugeront par eux-mêmes du large confort qui sera mis à leur disposition.

Point n'est besoin d'ajouter que les organisa- teurs du IXe congrès international de la presse feront tout pour recevoir dignement leurs hôtes, les délégués d'Europe. P . O.

Nouvelles diverses

T i m b r e s - p o s t e . — Les timbres-poste à ifr.

seront émis prochainement en couleur rouge, au lieu de la couleur actuelle rouge-brune. Le contrôle des estampilles de valeur de la^direction générale des postes livrera les nouveaux timbres dans le courant du mois à certains bureaux des estampilles de valeur d'arrondissement et au mois d'octobre prochain a u x bureaux des es- tampilles de valeur des autres arrondissements.

La provision de timbre-poste à 1 fr. de la couleur actuelle rouge-brune, lesquels1] conser- vent leur validité, doit être entièrement épuisée par les bureaux des estampilles de valeur des

arrondissements, ainsi que par les ojfices de poste avant l'emploi des nouveaux timbres.

I n d i c a t e u r p o s t a l . — «L'indicateur postal de la Suisse » renfermant les horaires d'hiver des chemins de fer, bateaux à vapeur et courses postales de la Suisse, édité spécialement pour le service postal par la Direction générale des postes, paraîtra vers le milieu d'octobre prochain. Cette publication peulètre commandée auprès de chaque office postal. La prochaine édition de l'indicateur postal sera livrée, sans autre commande, aux particuliers et aux maisons de commerce qui, jusqu'à présent, se sont régulièrement procurés cette publication.

Le prix de vente au public s'élève à fr. 1.50 par exemplaire.

L ' a l c o o l e t le c r i m e . — Suivant le crimina- liste italien César Lombroso, un homme âgé de 20 ans qui boit des alcools ne peut guère compter que sur 16 ans de v i e ; s'il boit de la bière, 22 ans ; s'il est, au contraire, parfaitement sobre, il peut encore compter sur 44 ans d'existence as- surée!

Et voici la conclusion effrayante à laquelle Lombroso arrive. S u r 97 enfants nés de parents alcooliques, à peine 14 naissent constitués d'une façon normale. Et, quant aux crimes, sur un total de 100, 50 en France et 41 en Allemagne auraient pour cause l'alcoolisme.

D'autre part, dans une localité étudiée par l'anlhropologiste italien il a constaté qu'en l'es- pace de dix a n s , alors que les salaires montaient d'un quart, le nombre des alcooliques s'accrois- sait d'autant. Dans une autre période de temps, au contraire, alors que ces mêmes salaires dimi- nuaient d'un tiers, les débits de boissons, qui étaient de 183, passaient à 305.

P a r contre, dans une ville d'Amérique, à J o h n s b u r g , pas un seul crime n'a été commis de- puis des années, malgré une population ouvrière assez nombreuse ; mais toute vente d'alcool est sévèrement interdite, et seuls les pharmaciens peuvent en délivrer sur le vu d'une ordonnance signée par un médecin.

Variété

L a p l u p a r t d e s F r a n ç a i s , d i t le Moniteur de la bijouterie, s ' i m a g i n e n t q u e F E x p o s i l i o n U n i v e r s e l l e é t a n t t e r m i n é e d e p u i s b i e n t ô t d e u x a n s , l ' a r m é e d ' e m p l o y é s d e t o u s g r a - d e s q u ' e l l e o c c u p a i t , a é t é r e n d u e à s e s o c c u p a t i o n s p r é c é d e n t e s . E l l e e s t e n c o r e au g r a n d c o m p l e t . U n r é d a c t e u r d e l'Echo de Paris e s t allé faire u n t o u r d a n s l e s b â t i m e n t s o ù ils l o g e n t , et, il y a t r o u v é l e s c o u l o i r s r e m p l i s d ' h u i s s i e r s , c o m m e a u x b e a u x t e m p s d e l ' E x p o s i t i o n . Il s ' e s t l i v r é à u n e e n q u ê t e et elle lui a a p p r i s q u e l e s b u r e a u x d e l ' E x p o s i t i o n e x i s t a i e n t et q u ' i l s e x i s t e r a i e n t p l u s i e u r s a n n é e s e n c o r e . E t o n lui a e x p l i q u é g r a v e m e n t q u ' i l n ' e n p o u v a i t ê t r e a u t r e m e n t . J e lui l a i s s e la p a r o l e :

« Il y aura bientôt deux ans que l'Exposition universelle a fermé ses portes; cela n'empêche pas le commissariat général, M. Picard en tète, de se porter le mieux du monde. Une visite q u e nous avons faite, hier matin, aux vastes bureaux de l'avenue Rapp, nous en a facilement convaincu.

« T o u t d'aberd, il n'est que juste de féliciter M. Picard du luxe d'huissiers et de garçons de bureaux dont il a su s'entourer. On en rencontre dans tous les escaliers et devant toutes les portes.

Chacun arbore fièrement la livrée bleue et la casquette à inscription, qui leur fut décernée naguère. Les habits, à la vérité, commencent à ne plus être d'une extrême fraîcheur, mais il

LA FEDERATION HORLOGERE SUISSE ⁴⁴⁷

parait qu'on les renouvellera au prochain jour de l'an !

- « Nous désirions être instruit sur les travaux qui incombent encore au commissariat, et sem- blent prolonger indéfiniment son existence. Au secrétariat général, un huissier nous reçoit, assis derrière un vaste bureau recouvert du tradition- nel lapis vert. Sept à huit fauteuils tendent leurs bras aux visiteurs absents. Nous faisons observer à l'huissier qu'il n'y a guère de monde.

« Oh ! nous répond ce brave homme, nous sommes en pleine morte saison, mais ça repren- dra au mois d'octobre.

« Après avoir attendu le quart d'heure de ri- g u e u r , nous sommes introduit chez un fonction- naire du secrétariat, qui ne paraît pas très satisfait de notre visite.

« Pourriez-vous me dire, monsieur, si les fonc- tions du commissariat général prendront bientôt fin?

« A celle question, le fonctionnaire lève les bras au ciel.

« — I m p o s s i b l e de vous renseigner; tant de choses restent encore à régler! Il y a des travaux de déblaiement à effectuer, des procès à suivre...

c'est très compliqué. D'autant plus que nous avons considérablement restreint nos employés, il nous en reste au plus une trentaine '

« — Mais qu'altend-on pour ces travaux de déblaiement?

« — A h ! je n'en sais r i e n ; adressez-veus au service d'architecture.

« — Et pour les procès ?

« — R e n d e z - v o u s à la direction des finances, nous, nous ne connaissons pas tous ces détails, mais ce qu'il y a de certain, c'est que nous ne pouvons pas abandonner nos fondions tant que ces questions n'auront pas été définitivement résolues !

« A travers le dédale des couloirs et des bu- r e a u x , nous avons découvert le service d'archi- tecture.

« Là, un tout jeune homme, remplaçant les directeur et sous-directeur qui prennent leur congé annuel, nous a déclaré que l'on ne démo- lirait rien au Gours-la-Reine, pas plus qu'au Ghamp-de-Mars, avant que l'on sache : 1° si la

Ville de Paris conseivera les deux s e r r e s ; 2° si c'est la Ville ou l'Etat qui se chargera du Champ- de-Mars.

« Nous objectons, timidement, que l'on pour- rait peut-être rendre tout cela à la circulation, quitte à faire supporter les frais par celui qui en serait responsable, mais nous n'obtenons qu'un sourire légèrement railleur.

« D'autant que dans la question du Ghamp-de- Mars, il paraît que sont, à la fois, directement intéressés, les ministère du commerce, des fi- nances et de la guerre. Alors !

• « Quant à la passerelle, dont les habitants du quartier de Passy réclament si justement, l'usage, on ne pourra le leur accorder que quand la nou- velle ligne du chemin defer des Moulineaux sera terminée. Nous n'avons pu, d'ailleurs, en péné- trer la raison.

« A la direction des finances, autre note ; on sait bien qu'il y a des procès, mais on n'en con- naît pas la n a t u r e .

« — Vous comprenez, nous dit le fonctionnaire très aimable que nous interviewons, dans une administration, on reçoit les dossiers, on les transmet, mais on ne les regarde jamais !

« — Où donc aller pour me renseigner?

« — Peut-être au Conseil d'Etat.

« U n e d e m i - h e u r e plus tard, nous étions au Conseil d'Etat, section du contentieux. Là, on ne connaît que vaguement les faits, car tous les dossiers sont entre les mains du ministre du commerce. Il en a encore pour cinq ou six mois à les examiner. Après cela, ils seront communi- qués aux avocats des parties adverses, puis les conseillers d'Etat les étudieront, et, enfin, les procès commenceront. Si d'ici deux ans on en voit la fin, il faudra s'estimer très heureux.

« Il s'agit de particuliers qui ayant fait de très mouvaises affaires, se sont refusés à payer les sommes exigées par M. Picard, pour leurs con- cessions, et ont même réclamé des dommages- intérêts. Des experts avaient été désignés pour a r r a n g e r tout à l'amiable, mais une dizaine d'entre eux ont préféré plaider. »

J e c r o i s b i e n i n u t i l e d ' a j o u t e r d e s r é - f l e x i o n s à ce r é c i t . L e s faits s o n t suffisam- m e n t é l o q u e n t s !

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