• Aucun résultat trouvé

L’Intermédiaire des Educateurs – 1931

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "L’Intermédiaire des Educateurs – 1931"

Copied!
49
0
0

Texte intégral

(1)

Journal

Reference

L'Intermédiaire des Educateurs – 1931

PIERRE, Bovet (Ed.)

Abstract Revue publiée dans L'Educateur (67ème année, 1931)

PIERRE, Bovet (Ed.). L'Intermédiaire des Educateurs – 1931. L'Intermédiaire des éducateurs , 1931, no. [140]-145

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:129010

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)

368

L'ÉDUCATEUR

[96

Le 5, nous avions convie les éducateurs à une séance de recueillement pour nous associer à la Semaine de la Paix. Nous y entendîmes Mme Aloys Gautier, M. Mathil, M. Muresanu, Mlle Butts, dont les allocutions furent coupées de fort belle musique, et nous terminâmes en chantant ensemble l' Hymne à la joie de Beethoven avec les paroles de Bouchor.

Plusieurs groupes de visiteurs sont venus jusqu'à nous : avant la rentrée encore, l'Amicale des écoles enfantines du Canton de Vaud attirée par la Mai­

son des Petits ; le 7 novembre, une classe de l'Ecole normale d'institutrices de Bourg; le 21, quelques maîtresses de l'Ecole No�velle de Chiètres sur Bex.

Nous nous sommes nous-mêmes transportés plusieurs à Delémont le 15, pour l'Assemblée générale annuelle de l'A,sociation de l'Institut Nous y avons eu un très grand plaisir, et nos collègues et amis du Jura bernois s'étaient dérangés nombreux pour entendre nos rapports, la causerie de 111. Bovet sur l'Institut et celle de M. Dottrens sur la formation du corps enseignant. L'entretien qui s'engagea sur la façon dont l'Institut pourrait servir le Jura fut des plus encourageants. La séance avait été préparée par M. le professeur Charles Junod, de l'Ecole normale de Berne.

La Conférence des éducateurs d'en/anis difficiles, réunie pour la quatrième fois, a siégé à Neuchâtel le 25 octobre. Le sujet porté à l'ordre du jour: « Les mouill.enrs de lit » pouvait paraître un peu spécial aux profanes. Pour les direc­

teurs d'établissements il est très important. Aussi. a-t-on écouté avec un vif intérêt les rapports de Mme Loosli et M. J\,lurdter sur l'état de fait, puis les exposés médicaux des Drs Chable et Brantmay. Une série de communications très vivantes ont été présentées sur l_es principaux établissements d'éducation du canton de Neuchâtel : les Billodes, !'Orphelinat Borel, la Ruche, Malvilliers.

Une très aimable réception à la Ruche clôtura cette journée, qui a eu un le_n­

demain, car elle a valu à notre consultation médico-pédagogique des questions posées par lettre et des demandc>s d'examen. Les travaux sur l'énurésie paraîtront dans la Revue suisse d'hygiène.

C�tte chronique ne serait pas complète si nous ne disions le chagrin que nous ont causé deux décisions d'ordre divers assurément, mais qui nous pri.vent l'une et l'autre de collaborations très précieuses : celle de �L Hochstretter qui, après neuf années de travail dévoué a abandonné ses fondions d'adminis.c trateur de notre Institut, celle de M. Albert Malche qui a renoncé à sa charge de conseiller d'Etat, président du Départeme!lt de !'Instruction. publique. Nous ne les perdons pas complètement : tous deux restent membres de notre Conseil.

Mais les services qu'ils ont rendus à n.otre maison dans la période qui vient de se dore sont trop grands pour que nous puissions attendre pour leur dire notre gratitude.

IIWPRIMERIES RfUNIEIS S. A. LAUIIANNE ..

LXVll• ANNÉE - No 3 31 ,fANVIEH. 1931

L'ÉDUCATEUR

N° .139 de J'lntermédiaire des Educateurs

i Ir·f /.';_ DISCAT A PVERO MAGISTER

SOMMAIRE. - Pierre BovET-: Cinq jours à Yllrsouie. -··- G. ZA!'AN cl PETHE­

LAZAR C. : Nlétlwdes pour le calcul e:rpéditif de coefficients s/alislique.<i. - L'ORIENTATION PROFESSIONNELLE ET L'ÉCOLE : A.11'/icrs-écoles. /,'alli/11de devant le:; lests. - CUROX!QUE DE r.' INST!TliT.

CINQ JOURS A VARSOVIE

Les circonstances ne m'ont malheur 'U.SCm nt pas permis de retirer des cinq jours que j'ai eu. le privilège de passer récemment en Pologne, tout le profit que j'en attendais. L'accueil de nos amis les a faits néanmoins si rich:es que j ne me sens pas le droit de gard. r pour moi les impressions et les aspirations que j'en ai rapportées.

Et _d'abord, 1:air q�'on respire là-bas est éminemment tonique.

A Geneve, couraient dans une atmosphère oppressant , do sinistJ-es rumeurs de guerre : . est-il sage de s'aventurer si. loin vers l'est ?

A

travers l'Allemagne, pa1· la Silésie, vous pénétrez en Pologne,

la

frontière rouge n'est plus qu'à la distanc où nous sommes ici de Paris ; . et dans les milieux où vous fréquentoz, pas d'alJusion, ni

<:,raintive, ni méprisante aux voisins; pas de morgue danr les propos.

Fonctionnaires matt,res professeurs d'université sont occL1pés d'une seule chose: donner des assises solides

à

l'lnstruction publique, vrai fondement de l'Etat. Cette ardeur de chacun au travaiJ esl ré-

confortante. . . · '.

Comme à Prague, comme à Smyrne, comme à Rome, on est content de ce qu'on a pu accomplir dans ces dernières années, et un nom symbolise tout cet effort. La mâle figure de Pilsudski se voit dans �outes les écoles.

Les résultats atteints sont; extraordinaires. En dix ans, dans l'ap..cienn� Pologne russe, la fréque. nUltion .scolail· a passé de 15 à 87 %- On a ouvert et bâii des écol�s par milliers, et le programme de ce que l'on a décidé de faire nrochain.eme.nt se chüfre par milliard�

de , francs, car, comme en Espagne, une. assez forte proportion des

classes, dans certaines parties du pays smtout e tiennent encor

dans des rnaisons particu1ihes lou�s par l'Etat, .• �� ,

(3)

34

L'ÉDUCATEUR

. [2 A Varsovie, parmi les constructions nouvelles, quelques-unes.

· des plus splendides son� celles des écoles maternelles. Une des inspectrices, Mme Zukiewiczowa, nous fait, avec amonr. les honneurs de plusieurs ; quelques-unes sont réservées aux Israélites : les oui­

�ine,s attachées à ces écoles ob�ervent les prescriptions rituelles, 11 n Y a pas de classes le samedi. Dans ces écoles jllives officielles la langue d'enseignement est le polonais ; il y en a d'autres privées et fort intéressantes par les méthodes qu'on y applique, dont la langue véhicula.ire est le yi,ddisch; le polonais y est, naturellement, enseigné aux enfants, mais à travers leur langue maternelle. Dans ces écoles de petits des quartiers pauvTes, qu'elles soient jllives ou chrétiennes, on n'a rien épargné. Les parquets sont éclatants de propreté; par égard pour ces parquets, on se déchausse en entrant à l'écc·le comme ailleurs à la mosquée, et les mères qui viennent chercher leurs enfants attendent comme dans un parvis. C'est dans ces beaux corridors luisants que se fait la sieste, que se prennent les ré�éati�ns. Chaque âge a à sa disposition plusieurs grandes salles ,affectees, comme naguère à la i« Maison des petits », l'une à la construction, l'au.tre au calcul

,.

et ainsi de suite.

En fait d'école primaire, fai vu surtout, dans le faubourg de

�raga au delà du grand pont · qui franchit la Vistule, l'école expé­

rimentale. Les- enfants y étaient surtout occupés à préparer Noël, que tolites les écales, même juives, fêten.t à Varsovie. Mais, j'ai vu quelque chose des travaux variés que stimule dans cette école un plan fort. �ien gradué de centres d'intérêts dont l'inspiration morale' ·et la grande' souples e me paraissent mériter l'attention, Voici ce que j'en ai ret;enu.

Première �lasse : La

famille

e�

le foyer,

ce que les enfants doivent à leurs parents.

Deu_xième classe : La

rue,

le voisinage ; les métiers ; ce que- la famille doit au boula�er, au-boucher, à l'épicier, au pharmacien, etc.

Troisième classe : La ville ; les• services. mu_nicipaux, les moyens de communication·.

Quatrième classe :

La ville

el

la camp.agne;

leurs rapports, leurs échang?s (.le marché) ; leurs contrastes.

Cinquième. classe : Le

pays

; l'unité nationale ; la di'pendance des différentes · parties du pays, le.s caract�res et les besoins de chacune d'elles.

SiJ.dème. clâssé:

Noire pays el I'éiranger;

importations et ex­

portations ; la solidarité internàtionale. Ce que notre culture doit à l'étrang<?r et ce qu 'e11e a fourni au monde.

3]

L1ÉDUCATEUR

35

Septième classe :

Noire solidarité avec les hommes du passé.

Les grandes découvertes. Les grands génies scientifiques, artistiques, religieux. Notre dette envers l'humanité.

On -y pratique avec succès le travail par groupes ; la directrice a remarqué que dans les pet_i1;es classes les résultats sont meilleurs avec un petit nombre de groupes relativement nombreux : trois groupes de 10 enfants chacun, tandis qu'avec les plus grands, plus d'équipes plus restreintes - G de 5 enfants, par exemple - sont plus fructueuses. Une étape intermédiaire, 4 groupes dr. , se recom­

mandera pour le niveau moyen.

Dans cette école de Prag4 travaillent deux anci nnes élèv s de l'Institut J.-J. Rousseau. M ne Kaczinska, psychologue scolaire, s'est particulièrement attachée à la question des écoliers qui dou­

blent. Un système de classes parallèles, dont 1 'bomogénéité a été assurée par une sélection très soigaeus<>., a donné dtls résultats étonnants. Ne faut-il pas qu'une fausse conception de l'école unique démocratique lui ait mis des bâtons dans les roues ? Mme Buzycka, elle, fait, en matière d'orientat,ion professionnelle, fondée sur la détermination expérimentale des aptitudes, œuvre de pionnière.

Mais, j'ai surtout pris contact avec les milieux de l'enseignement secondaire. C était à un cours spécialement organisé ponr des direc­

teurs d'écoles secondaires de tout le pays que j'avais été invjté à parler. L'objet du cottrs était de concentrer rat cntion des parti­

cipants sur des questions d'éducation proprement dite : la co-édu­

cation est appliquee dans pas mal d'écoles s •condaires ; le self­

government a été introdttit partout et, combiné ave les coopéra­

tives scolaires, il a trouvé en Pologne un terrain particulièrement favorable. Mais le problème qui préoccupait le plus mes audit urs, c'est l'instruction civique. Pendant un siècle l'ardent patriotisme d!'s Polonais s'est attaché tout entier à l'idée de nationalité. Main­

tenant que la Pologae est ressuscitée, il se trouve que l'idée de la nationalité et celle de 1 Etat ne se recouvrent pas. Il y a en Pologne des irunorités gui ne sont pas de nationalité polonaise. Ces minorités ont des écoles, beaucoup d'entre elles entretenues par l'Etat;

en quoi y consistera l'éducation civique? Et, d'une manière généI,ale, quelles sont dan . s un Etat moderne les fins de l'éducation ? Dans ce.tte nation, reconstjtuée avec des morceaux de !;rois Etats, les maîtres d'école s'intéressent passionnément à la façon dont la Sllisse réunit, elle, en un seul Etat des portions -de ce qu'ils appellent trois

« .nationalités l>. Mais, on voit combien le problème est différent :

l'équivoque des mots qu'on emploie suffirait à le fair sentir.

(4)

36

L'ÉDUCATEUR

/4 Nous avons en cc moment même, à Genève, un groupe d'une dizaine de professeurs de l'enseignement secondaire, lloursiers du Ministère de !'Instruction publique de Pologne, qui étudient entre autres choses cette question de l'éducation civique. Ils s'égailleront ensuite dans différents pays de l'Europe occidentale et, revenus chez eux, inaugureront une fonction pédagogique toute nouvelle, celle de spécialistes consultants. Résidant dans diverses parties du pays, et noyautant, si je puis dire, différents cercles de professeurs de l'enseignement secondaire, ils seront chargés de se tenir, chacun dans son domaine, au courant des méthodes nouvelles essayées à l'étranger et d'en fairP passer l'inspiration dans leur entourage.

Il y a là une conception très originale qui confiera à des maîtres une des attributions réservées ailleurs aux inspecteurs. Mme M.ikhalowska, inspectrice générale de l'enseignement secondaire, à qui en revient, sauf erreur, le mérite, s'en promet les plus heureux résultats.

Cet exemple suffirait à faire voir que l' Instruction publique polonaise ne -craint: pas de se lancer dans des voies nouvelles. Son Musée d'inslmclion et d'éducation, dirigé par M. Heyman, s'est sur­

ajouté à un ancien musée pédagogique ; il comprend une exposition p�rmanente où le visiteur constate à la fois ce qui a été fait en dix ans et ce qui reste à faire. Le bâtiment nouveau du ministère lui­

même a été inauguré il y- a un moiE; sans doute aucun pays n'en possède-t-il de plus luxueux ; j'y ai admiré dès marbres polonais splendides, et j'ai eu l'honneur d'y être reçu par le ministre en per­

sonne. Chose curieuse dans un Etat si catholique, le chef de !'Ins­

truction publique et des cultes est protestant (il y a à peu près un million de protestants polonais; ils ont une Faculté de théologie rattachée à l'Université de Varsovie; qui en compte encore deux autres, l'une catholique; l'autre orthodoxe). Le crucifix a sa place dans toutes les salles d'école, mais une récente intervention des évêques a fourni au ministère l'occasion de protéger les associations d'instituteurs contre toute ingérence cléricale.

· Un fait montre bien l'esprit d'avant_:garde qui anime ici l'école officielle. Il existe une section polonaise de la Ligue· internationale pour l'éducation nouvelle. Invité à rencontrer son secrétaire général, . je l'ai questionné sur la constitutio_n de sa société. La section, m'a­

t-il dit, n'est pas autre chose que le groupement des diverses asso

:_

ciations professionnelles : celle des instituteurs primaires, celle des professeurs secondaires, etc, Tout ce monde adopte le programme que nous lisons suda couverture de la revue de M. Ferrière. (On ne dira pas que j'admire en Pologne quelque chose que je pcurrais voir tout près de chez moi.)

5]

L-ÉDUCATEUR

37

L'Université libre de Pologne témoigne de même de l'étroite collaboration qui existe dans ce domaine de l' Instruction publique entre l'initiative privée et les pouvoirs officiels. Sans couleur politique, l'Université libre --largement subventionnée par l'Etat - est une sorte d'université expérimentale, le pendant de cc que fut à ses origines le Collège de Frànce : un lieu où s'organisent des enseignements nouveaux. On s'y forme pour des carrières auxquellrs les facultés classiques ne préparent pas encore. La Faculté de péda�

gogie, dont notre amie, Mme Hélène Radlinska est la doyenne aimée et vénérée, est à la fois un institut des sciences de l'éducation et une école complète de service social avec une section de hihlio­

thécaires, des cours pour secrétaires ruraux, etc., etc. 11 y a là un groupe d'hommes et de femmes tout entiers consacrés à un idéal de service, dont on ne sait s'il faut admirer davantage la haute intel­

lience ou le grand cœur. Il nous a fait songer à la Libera Ensenanza de Madrid.

Il y a vingt-cinq ans, 1905 fut, au lendemain des troubles de Saint-Pétersbourg, une année particulièrement émouvante pour ces hommes et ces femmes. Les écoliers polonais groupés en asso­

ciat:ion secrète étaient venus leur exposer un projet : celui d'une

(<

1?rève scolaire )) qui boycotterait toutes les écoles russes. Encoura­

gerait-on ces enfants ? Le mouvement se déclancha ; il fut suivi d'une action politique qui amen:J une répression implacallle : la prison, la relégation en Sibérie pour plusieurs ( dont M. et Mme Radlinski). Mais l'action des jeunes ne fut pas inutile ; elle valut aux Polonais le droit de -créer et d'entretenir à leurs frais des écoles privées (il en existait déjà beaucoup, mais illégalement). Et cc sont ces écoles qui, moins de quinze ans après, devaient former l'ossature du puissant organisme, si vivant aujourd'hui, qui est l'instruction publique de la République polonaise.

Entre la Pologne et la Suisse, les points de contacL ne manquent pas : Kosûusko à Soleure, Mickiewicz à Lausanne, Senkiewicz iJ Vevey, Paderewski à Morges ... et, j'ai découvert que c'était un Vaudois, M. Lugeon, qui, en sa qualité de directeur de l'Institut météorologique, annonçait en Pologne la pluie d le beau temps, à l'entière satisfaction de son éminent prédécesseur, M. Domhro­

wolsky.

Sur le terrain des écoles, les liens d'un pays à l'autre sont éga­

lement anciens, nombreux et variés. Mme Bobkowska a mis au jour

1e très curieuses relations envoyées en Pologne il y a plus d'un siècle,

sur Pestalozzi, Fellenherg et sur un pédagogue vaudais plus oublié,

Louis Olivier, qui enseignait à Dessau suivant une méthode de

(5)

38

L'ÉDUCATEUR

· [6 lecture originale. Quelques années plus tard, un Polonais naturalisé S�sse, nonce à la Diète polonaise, etc., Nakwaski, réfu�ié, en­

tretenait la Société genevoise d'utilité ·publique d'une maison de rééducation pour jeunes délinqoants, établie dans les environs de Varsovie et propre à être imitée. n y a un demi-siècle, une de nos compatriotes, mariée là-las, Mme Pieczynska-Reichenbach, a, pendant dix ans, enseigné secrètement. à lire et à écrire leur langue aux paysannes de Czepov. Au� premières années de ce siècle, les pe�its élève bernois de Mlle Fanny Schmidt envoyaient des lettres de sympathie, dont le souvenir ne s'est pas perdu, à des écoliers de Varsovie qui s'assemblaient en cacbett<>, tandis qu'un d'eux dans la rue, faisait le guet.

. Le train qui nous ramène vers la frontière prussienne, passe par Kutno, où Mme Pieczynska descendit en 1875, après avoir donné son cœur à ce pays. puis à Wrzesnia. Du temps que 1'endroit s'appelait Wreschen, les écoliers y furent fouettés parc:e qu'ils s'obstinaiént; à ne pas vouloir prier en allemand. Edmond Bernus nous racontait ça en .1907, dans trois des

Cahiers de la quinzaine

de Charles Péguy.

Que ces temps doivent paraître lointains aux maîtres d'école d'aujourd'hui ! Ceux qui ont semé avec larmes, comme. dit le psalmiste, moissonnent aujourd'hui avec chants de triomphe. Et, s'ils ne sont pas au bout de leur effort, ils peuvent se dire pourtant qu'ils n'ont pas peiné et souffert en vain.

PIERB:E BOVET.

llÉTHODES POUR LE CALCUL EXPÉDITIF DES COEFFICIEL�TS STATISTIQUES

Notre trâvail comprend .deux parties : l'une théorique, l'autre pratique.

Pour la simplic�té et la clarté de l'exposé, ainsi que pour rester fidèles au but proposé - de présenter des moyens très simples pour le calcul des coefficients statisticrues usuels 1 ..., nous commençons pru- la partie pratique. Dans la deuxième partie, - la partie ·théorique, -nous allons donner les démons­

trations des formules que dans la _première partie nous considérons ·comme déjà démontrées.

Dans les Ugnes qui suivent .nous présentons quelques méthodes nouvelles et .originales. Cependant, pour compléter le problème proposé, nous recomman­

dons, pour certains coefficients statistiques, des méthodes connues, que nous avons pris la liberté de reproduire ici, tout en indiquant l'origine.

1 ous pensons plus particulièrement au.x maitres qui voudra'ienJ tirer de leur travail pédagogique journalier des conclusions formées et ei,.--pri­

mées d'une manière suffisamment scientifique pour qu'elles puissent· valoir da-ns la pédagogie expérimentale.

7)

L'ÉDUCATEUR

39

,. * *

Voici les notes d'histoire des élèves des deux classes A et B, que nous nous proposons de comparer. (20 élèves par classe. Les notes vont de 1 à 10 - la meilleure.)

Classe A

4 4 5 5 5 6 6 7 7

Classe B 3 5 5 6 6 6 7 7 7 7

Classe A (suite) 7 8 8 8 8 9 9 9 10 10

Classe B (suite) 7 7 7 7 8 8 8 8 9 10

Les notes vont dans les deux classes de 3 à 10. Ainsi la variation possible

(Vp) - donnée par la différence entre les termes extrêmes d'une série - est de 7 pour chacune des classes. Elles sont donc égales à ce point de vue. Voyons la valeur moyenne de chaque classe, autrement dit la moyenne arithmétique (M) des notes de chaque classe. Celle-ci nous sera donnée par la somme de toutes les notes de chaque classe (Ex), divisée par le nombre des notes (n).

Dans notre cas :

!;x 3

+

4

+

4

+ ... +

10

Classe A M

=

-n-

=

20

= 6.9

Ex 3

+

5

+

5

+ .. +

10

Classe B M

= � =

20

= 6.9

Donc, quant à la moyenne (M) aussi, les deux classes sont égales.

Cependant, en observant les notes Iious iious apercevons qu'elles ne sont p·as réparties de la même façon dans les deux classes. Mathématiquement, cette répartition peut être contrôlée et exprimée par la variation moyenne

(Vm), qui sera, donnée par la moyenne arithmétique des écarts absolus. Ainsi après avoir. établi les écarts (d) des termes de chaque série par rapport à la Moyenne arithmétique (M) respective, nous, pou�ons calculer la variation,

moyenne : ' · .: · · · '

2/d/ 3,9

+ 2,9 + 2,9 + .. +

3,1

Vm. = -n-= 20

3,9

+

1,9

+

1,9

+ ..

+ 3,1

20

1 :E/d/ veut dire la somme. des écarts absolus.

Ed veut dire là somme algébrique des écarts.

1.72 classe A 1 1.04 classe B

(6)

40

L'ÉDUCATEUR

- [8

La répartition des notes se.ra marquée comme suit :

-Classe A M = 6.9

±

1.ï2 Classe B . M = 6.9

±

1.04

ce qui veut dir qu.'cu général, dans ces deux classes, les notes des élèves se répartissent de la manière suivante :

Classe A de 5.2 à 8.6 Classe B de 5.9 à 7.9 Voici la valeur des différents indices servant à la comparaison des deux classes :

Classe A Classe B

Vp. 7.- 7.-

}l. 6.9 6.9

Vm. 1.72 1."04

En regm·dant le tableau ci-dessus, nous pouvou dire que les classes ont 1a même valeur moycLme, mais que d.ans In classe A 11 y plus d'écoliers très bons et tl'èS [alblcs que dans la classe

n,

où les écoliers sont plus groupés autour de la moyerme. Donc, la classe B est plus homogène à cet égard.

L'homogénéité de la classe peut nous être mieux indiquée par le coefficient de variabilité (C), donné p11.r 1a Cormule : ·

C = 100 (Vm) ll'L

AyanUa Vm et la M d'une série, le C est facile à calculer. Dans notre ca5 nous avons:

C

Classe A 24.9

Classe B 15.-

cc qui nous montre que la classe B est presque deux fois plus homogène que la classe A, quant à l'étude de l'histoire.

On volt donc que pour pouvoir comparer les notes de deux ou plusieurs classes, ainsi que pour exprimer la valeur de toute série de notes, ou d'autres données expêrimentales, il est nécessaire de calculer en premier lieu la moyenne arithn1étique (M.) et la variation moyenne (Vm). Ces calculs ne sont pas, (l'ailleurs, hien compliqués. La grruide difficulté réside surtoul dans 1 obligation, d'après ln méthode classique que nous venons d'employer, d'additionner tous Je,s termes de la série pour pouvoir calculer la moyenne arithmétique el faire

,.

.

également la somme de tous les écarts pour obtenir la variation moyenne.

Pe même il faut compter encore n soustractions, pour établir les écarts. Pour les toutes petites séries ce n'est pas tz'.ès difficile, mais la difficulté augmente en rapport avec n, c'est-à-dire : plus une série est grande, plus il faut de temps pour les opérations en question.

* * *

Voici maintenant des méthodes plus simples et plus rapides, que nous proposons.

Première méthode. -Prenons comme exemple une des classes dé.ià vues:

la classe A.

�]

t

T

Classe _,l 1

3 l

1 4

. 4

:,0 5

i r

54

� J

s

L'ÉDUCATEUR

41

38

1. - Nous divsons la série des notes - (rangées par ordre. de gran­

deur) - en deux parties égales (ou à peu près, si 11 est impair) -. Soil 1 la somme des notes de la partie comprenant les termes les plus pclits, et T la somme de la deuxième partie.

2. -- Nous calculons la valeur --?II 7 G.!l moyenne NI

7 -

8 6

1 7 8 8 8 8 9 9 9 10 9 10

s

100

(i.!l

3. - Nous divisons à nouveau lu série en deux parties : l'une (s) repré­

sentant la somme des termes plus petits que la valeur moyenne M, et l'autre (5) donnée par la somme des termes égaux on plus grands que M.

-1. - La variation moyenne (Vm) nous sera donnée par la formule :

\"m. = !_�:5)

+

(2i-n) M

11

clans laquelle i représente le nombre des termes de la st\ric plus petits que, la valeu.r moyenne M -(dans notre cas i = 8) -. Nous avons donc:

Vnl _ (S-s)

+

(2i-n) M _ �100-: 52) _f_�!��-:::-:-_2 _��,\l = 1.72

· - n - 20

Des tro'is opérations encombrantes dont nous uvons parlé plus haut, il savoir : l'addition des termes de la série, l'établissement de la voleur des n écarts, l'addition de ces n écarts, - nous avons évité, par cette première métllode oom•clle, les deu:x dernières opérations.

Deu:cième mëthode. - Nous nous servons toujours cln même exemple : lu classe A.

Classe _-J.

X

"

n:!

3 -4 16

4 -3 !)

4 -3 !)

5 -2 4

8 5 -2 E1x -18 .4

5 -2 4

6 -1 1

(\ -1· 1

--:'II(G.9)

(7)

42

L'ÉDUCATEUR (10

u

--7 0 0

7 0 0

7 0 0

8 1 1

8 1 1

8 1 1

8 1 1

9 2 4

9 2 4

9 2 4

10 3 9

10 3 9

Pour calculer la valeur moyenne M :

1. - Nous prenons un terme U de la série, très rapproché de ce que nous pensons être la valeur moyenne, - (en somme U peut être n'importe quel terme de la série) -et nous calculons les écarts a de chaque terme par rapport à ce terme U.

2. - La •;,aleur moyenne M nous sera donnée ensuite par la formule : (Czu­

ber. • Die statistiscllen Forschungsmethoden •. Wien 1927, page 60 ; 'fhomdicke. • Mental and Social Measurements ,. N.-Y. 1922, page 46.)

M = U +.2a -n-

Pour avok la variation moyenne (Vm), nous utilisons la formule suivante et nous avons ;

Vm i (M-U)-n/2 �ta 8(6.9-7) - (-18)

10 1.72

formule donc dont nous connaissons tous les éléments (l:1a veut dire la somme des écarts, par rapport à U, d.es termes plus petits que la valeur moyenne M), On voit facilement que par cette deuxième méthode nous évitons complète­

ment deux des trois opérations citées plus haut, et encore les plus encombrantes : l'addition des n termes et l'add'ltion des n écarts.

L'écart étalon (Standard Devlation);

Une autre formule de con-ection de la valeur moyenne M est donnée par l'écart éWon (a) que ce.rtains statisticiens préfèrent à la variation moye.nne (Vn1.) Nous en présentons, d'après Czuber et Thorndické - (op. clt. page 88 et op. cit. p. 48), une méthode rapide donnée par Ja formule

a=

V r:•

=

V i;;• -

(M-U)•

Le tableau de la classe A, à la page 5, nous donne : les termes (X), les écarts (a)par rapport à U, et les valeurs (a2). Nous avons donc :

a =

V

l;a• -11 (M-U)• =

v �� _

(6.9-7)·

=v

4.1-0,01 2

11] L'ÉDUCATEUR

43

Le coefficient de variabilité (V), de Pearson. - Nous avons vu plus haut la formule du coef(icient de variabilité C, exprimé par la formule :

C _ - 100 (Vm) M

Le coefficient de variabilité V - (de Pearson) -, est donné par la formule : y = 100.cr

-w.-

Aussi, nous avons dans notre cas ;

a= 2 donc:

100 X 2 V= --- = 28.96.9

oie. - 'ous ajoutons encore que dans les séries très grandes, pour facililet·

les opérations, les termes seront présentés comme il est montré dans le tableau de la page 44. Pour facmter l'interprétation nous présentons notre série (la classe A) de la même manière qu'une grande série.

Classe A

X (termes) z (fréquence) Il Za zae:

3 1 -4 -4 16

4 2 -3 -6 18

5 3 -2 -6 12

6 2 -1 -2 2

7 3 0 0 0

8 4 1 1 4

9 3 2 6 12

10 2 3 6 18

11 est facHe de remarquer que ce que nous avons indiqué, dans nos calculs antérieurs, par

a:

dans ce tableau est donné par za. De même a2 est représenté par Uz.

Le 1:œiiicient de ·orrélaUon (r). - Pourvoir si deux ou plusieurs séries varient ensemble, autrement dit pour voir si deux ou plusieurs aptitudes des écoliers par exemple, sont ou non en rapport, on en calcule le coefficient de corrélation­

Celui-ci est donné par plusieurs formules, dont la plt1s fréquente est ccll ·

�·d d'

• des produits », - (Bravais-Pearson, r = - · )-. Nous mon-

\/ L'd'. �d''

trons ici un exemple de calcul du coefficient de corrélation fait d'après une formule de Bravais-Pearson.

Yoici Jes note d'histoire et de gêographie des élèves d'une même d.issc (20 élèves. Les notes vont de 1 à 10 la meilleure). ous nous proposons de chercher s'il y a; ou non quelque rappo·rt entre les aptitudes de ces ëcolicrs, à l'étude de ces disciplines.

(8)

44

L'ÉDUCATEUR

[12

Classe p

Hist. Gêogr. Hist. Gêogr.

Ju!. :1 7 Mon. 7 7

Pat. 4 (:j Nac. 8 3

Jon. 4 7 Oca. 8 8

Hm. 5 6 Jut. 8 8

Tr. 5 7 Por. 8 9

Mat. 5 7 Gre. 9 8

Han. Ian. 6 6 7 (i Amt. Zer. 9 !) 5 5

Pir. 7 7 Toc. 10 10

Nic. 7 7 \Val. 10 8

A cette fin nous allons calculer le coefficient de corrélation. Nous nous servons de la formule suivante ;

+

l:a "' - (M-U) (M'-U')

r = a. a'

dont le.s a (a'), i\1 (M'), U (U'), et a (a'), représentent des éléments nous connaissons déjà la signification, des deux séries en présence. Nou�

mençons donc par établir la valeur de ces éléments.

Nous savons que : et que :

l\I = U

+

!:a11.

a = \/

1.:2

(M-U)'

dont corn-

Il est facile de remarquer que pour le calcul de toutes ces trois formules nous n'avons besoin d'autre chose que d'établir la valeur des a (a') a' (a''), et de aa', dont voici le tableau :

Hist. Géogr. Il u' a' a'2. aa1

Jul. 3 7 -4 0 1(\ 0 0

Pat. 4 6 -3 -1 9 1 3

Jon. 4 7 -3 0 9 0 0

Hm. 5 6 -2 -1 4 1 2

Tr. 5 7 -2 0 4 0 0

Mat. 5 7 -2 0 4 0 0

Han. Jan. (i fi 76 -1 -1 -1 0 1 1 0 1 0 1

Pir. 7 7 0 0 0 0 0

Nic. 7 7 0 0 0 0 0

Mon. 7 7 0 0 0 0 0

Nac. 8 3 1 -4 1 16 -4

Oca. 8 8 1 1 1 1 1

Jut. 8 8 1 1 1 1 1

Por. 8

!)

1 2 1 4 2

Gre. Zer. \) 9 8 5 22 -21 44 4 1 -42

Amt. !) 5 2 �2 4 ,1 -4

Toc. \Val. 10 10 10 8 �a-

,, --

33 2 ''a' 3 1 2 "Pa1 82 9 9 :Ea'2

--

44 9 1 �aa' 12 9 3

131

Ainsi nous avons :

L'ÉDUCATEUR

U = 7 U' = 7 l\1 = U

+

Ea 11 = 7

+ (-::-;�(

20 = (UJ

" 1 ( ?) l\11 = U'

+ �:

= 7

+ TQ

= ti.O

a=\/

1.;�-

(l\I-U)" V :i�- - (-0.1)" =

V�)!)

= .

V

/ .. '.!'.1-20 -(-0 1)" · =

,1

, · 2 '10

\) --

·a''j

---

a = -=--.. = (?11'-U')" Il Enfin:

1 ,· J :\ ") Il -<J:a - (a 1-L•

r = ---rr-_-a-.-,--- (M'-U') 1

:2() X 12 - (-0.l) (0-.1)

·2· X 1.S Donc:

r =

+

0.19

45

0.10

Comme le coefficient de corrélation va de +1 il -1, le chHl"rc 1 111an1mrnl la corrélation p3:rfaite (positive ou négative), il résulte que: r =

+o.H>

indique une faihle corrélation positive.

G .. ZAPAN ET l'ETHE-LAZAI< C.

L'ORIE\T.\T!O\ l'UOl,ESSIO:.n:ELLE ET 1:f.:COLE

Atelier,· Ecoles. - La Chambre de Commerce de Paris a fondé, en 1 !121, des Ateliers-Ecoles qui ont pris depuis un développement considérable. Elle donne da�s un beau livre un exposé du but et du fonctionnement de ces ateliers ainsi qu'un compte rendu de leur activité pendant les prcmi�rcs ncur années de leur existence, agrémenté de photos montrant les diférenls aleliers.

Les Ateliers-Ecoles sont inspirés par le besoin de donner au pays une 111ai11- d'œuvre de premier ordre. Les jeunes gens qui demandent en cc monwnl il apprendre un métier sont nés al1 début de la guerre : pcnt1,111L quelque� u11n(,cs on puisern Ja main-d'œuvre dui:is d!lS • classes • con-espondant ù la plus faible natalitê que la France ait c-0nnuc dopufa longtemps. Il importe clc bir;-11 tirl·r parti de l'énergie dont on dispose.

Le but des _.,._tclicrs-Ecolcs est triple. Ils sont cii même temps des bilrcaux d'orientation professionnelle, de.s ateliers d'apprentissage des diHérents métiers et des écoies oü les jeunes gens et les jeunes filles sortis de l'école primùi;·c s�üvent des cours et complètent leur instruction.

Les élèves ont en moyenne 1 ½ h. de cours par jour ; les hrnnchcs principales sont le français, les mathématiques et le dessin.

Le rôle du bureau d'orientation n'est pas d'indiquer aux camliclals, une J'ois pour toutes, la voie à suivre, mais de surveiller leur activité dans les clirf{-n,nts ateliers oü ils font leur stage. U11 premir:-r 'triage s'opërc d'abord c_>nlrc ceux qui ., Aristide Lo)ro�T et Henri G�ILL-1,110. Uu choix d'un ml'liN. - Parls 1 n:111, 386 p., in-8°. Edition de l'lniormation professionnelll':

(9)

46 L'ÉDUCATEUR

l14

sont m�qués pour le_ commerce et cetLX qui, habiles de leurs mains, préfèi·ent un m�ber. ,Le_s prem1_ers sont ilirigés vers les école� de vendeurs, étalagistes, magasms U�\ deuxième triage suit, d alimentation, etc., les i:i,utres le développement physique sert vers les ateliers proprement dits. de critère.

Cer�ams recherchent les métiers de force, d'autres réussissent 111.ieux dans les métiers qui ne demandent pas ttop de dépense musculaire (maroquinerie

papeterie, reliure, etc.). '

Ces lots formés, -d'api·ès-les tén.dances natnrelles apparentes, _ le pro­

blème se serre de plus en plus pour aboutir à l'orientation définitive.

Le_ cai:idid_at fait un stage de slx semaines dans chaque atelier où il croit pouvoir reussu-. Lors d'un changement d'atelier Les premiers trois à six mois :;ont consacrés à ces tâtonnements.il passe par le bure;au de l'orienteur et subit la visite du médecin qui donne les contre-indications.

Les Ateliers-Ecoles cle la Chambre de Commerce de Paris sont actuellement au nombte de �3, chacun enseignant de 2 à 10 mêtiers. Quelques-uns ne reçoi­

ve_nt que des Jeunes gens, d'autres que mixtes, lorsque les métiers qu'on y enseigne peuvent être exercés indifférem­des jeunes filles, d'autres encore sont mo.nt p�r d�s

llo�mes ou des femmes (vente, papeterie, reiinr11, papiers peînts, maroquinerie, .bijoute'l'ie, etc.),

C�s ateliers comptel:It actuellement euviron 2000 élèves. La durée de l'ap­

prentissage est de un â trois ans, suivail't la difficulté du métier.

li n'y a pas d.e concours d'entrée et l'enseignement est gratuit.

Pour répandre la conn::i.issance des métiers, la GhambI'e de Commerce organise des confé��nces sur les métie.rs, faites par des techniciens, et dont la plupart sont pubhees sous !orme de petites brochw-es. Tous les jeudis 1es enfants sont convi.és à une séance de cinéma. Pour l11s rendre plus attn1.yantes on compos'e ce� seaoces de trois films : un Nlm su,· un métier, un mm documentaire et un plus tamusant. allc �c-t toujours bondée. Le même spectacle est répété le samedi pour lesOn n'est pas obligé d'assister à ces spectac.le.s, mais en fait la pan:uts elles amis des élèves.

Cette expérience a donné jusqu'à présent des résultats satisfa�ants. Elle semble une formule heureuse de la prolongation de la scolarité, une- bonne solution au problème du passage de l'école à l'atelier. r_ GANIVET.

L'�ttitnde _devant les tests. - Le Dr Decroly, ctê BttL\'.elles.· a, sur ce point, do�ne s�n opmJon dtms un rapport des plus documentés et des plus sugg85tifs­

qu 11 presenta eu aoùt dernier à Lié-ge, à la neuvième session de l'Association internationale pour la prolection de J'en-rance.

Détacho.ns de son rapport si riche sur « l'examen rationnel des écoliers »

!

epas�age ci-�essous, auquel ne peuvent que souscrire tous ceux qui s'occupent, a ttn titre ou a an autre, du ptoblè.me de la déterininatfon des aptitudes : • Parmi les_ personnes qui entravent le mouyement en faveur des épreuves mentales et pedagogiques, îl faut citer tous ceux qui, de tout temps, ont mis obstaele au progrès dans quelque cUrection que • __ 1. L ce soit, notamment :

1es pon_ti!es à courte vue qui, n'ayant pas connaissance d'une question en ment • 2. Des timorés qui· ne s'aventurent I autortte, la valeur et l'existence mj,me jamais sur un domaine inexploré,; .

15] L'ÉDUCATEUR

47

de crainte des mécomptes possibles, préfèrent se tenir prudemment sur le terrain des traditions et partager l'opinion du plus grand nombre de leur groupe ;

» 3. Les incapables, qui s'emballent et, sans préparation, se servent d'un instrument qu'ils ne peuvent manier, le faussent et font reculer le progrès au lieu de l'avancer ;

» 4. Les sceptiques, qui sont le plus souvent des paresseux et préfèrent l'attitude passive de la critique à la recherche loyale ;

» Et encore les jaloux et les orgueilleux, qui ne peuvent accepter que d'au­

tres créent ou réussissent et combattent à priori tout ce qu'ils n'ont pas trouvé ou préconisé eux-mêmes.

" Avec Thorndike, nous ajouterons que si la plupart de ceux qui critiquent

·voulaient s'atteler à collaborer à l'effort nécessaire pour améliorer ces instru­

ments qu'ils dénigrent, la peine qu'ils se donnent à signaler les insuffi.sances ou les défauts de ceux-ci deviennent en grande partie superflue.

« Et pour finir, rappelons qu'Edison, pour découvrir la lampe électrique, élabora au 'moins 3000 théories différentes sur la lumière électrique. Or, dans deux cas seulement, l'expérience prouva l'exactitude de sa théorie ; et pour obtenir le filament de carbone approprié, il dut envoyer des agents dans tou s l�s coins du monde avant de découvrir la fibre de bambou qui répondait aux conditions voulues.

» Peut-on alors faire grief à ceux qui, cherchant patiemment à résoudre des problèmes au moins aussi compliqués, demandent qu' o'.1 le�1r fass_e c�édi t et qu'en tout cas on n'augmente pas, par d'inopportunes et mutiles obJecti�ns, les difficultés suffisamment nombreuses qu'ils rencontrent et dont les plus desa­

gréables sont précisément l'effet ·de suggestions malencontreuses sur ceux dont dépendent souvent les solutions. » _ _

Nous empruntons ce texte au Bulletin de l'Institut nat10nal français d'orien­

tation professionnelle (novembre 1930). M. J.F. -et ces i�itiales so�t celles d'un vieil ami de l'Institut J.-J. Rousseau qui s'honore de l'avmr eu pour elève, M. Ju­

lien Fontègue, -le fait suivre d'une remarque qui vaut ailleurs �u'en Fra�ce

« Il semble qu'en France - la terre des tests - ces_ sceptiques_ pontifes, timorés et jaloux soient en assez grand nombre, tout au moms en ce qm con�erne l'orientation professionnelle. D'aucuns qui, jusqu'ici, s'étaient co.ntentes de donner u n conseil amical ou ... intéressé à u n jeune homme e n quete d e pro­

fession sur le simple vu d'une recommandation, par exemple, n_e peu�cnt croire qu'en agissant ainsi ils faisaient tout à fait l'opposé de ce qu'il ,�onv1��t d'appeler : orientation professionnelle. Quoi d'étonnant, dès lors, qu ils dem­

grent à tout propos des méthodes scientifiques et ne comprennent pas ! » CHRONIQUE DE L'INSTITUT

Cette fois encore nous devons commencer par déplorer le départ _d'un

· de l'Institut M. Henry Fatio, décédé le 6 décembre. Pendant plusieurs

ami '

l l' ions années M. Henry Fatio a siégé au Conseil de l'Institut auque �ous av appelé pour ses compétences en matière de finances et au _Conseil du_ Bu�eau international d'Education. Il a pris un très vif intérêt à la vie _de notre. �a1son.

En sa qualité de trésorier de l'Ecole internationale des Umons chretiennes,

(10)

48

r.'ÉD UCATEUR

[16

ü a élé u n lien vivànt <'nlrc cette école e t l a nôtre. II s'intéressa particulière­

ment aussi il la tcdmopsyoholonie et aux travaux de M. Walther, d.ont il put apprécier les mé'U1odes et les résultat.� par <'xptlrience ditcclc au cours de$

e.,q1crtises qu'il lui c:onna mt�me, après que l' Jnstitut comme tel eut été amené à renoncer à cette t>artie rle s()n activité. i\I. P'atio nous laisse comme à tous ceux qui l'ont connu, le souvenir d'un homme foncièrement aimable dont

l'amitié nous était précieuse.

Parmi les nouveaut� de e semestre, 1toL011s les co11/ére11ccs pour futurs professeurs de l'enseignement secomlaire, dont notre den1ier numé o a donné le programme. Elle onl très·heurcusement commencé. n thé amieAI des élèvt's et des prorcsseurs dans les 11,eaux de !' Institut, le 27 novembre, a souiignë ces IÏllu.reux débuts. Pour nos hotcs polonais, que Je sujel intéresse spé("ialemeul, 11011s avous inauguré une conférence hebdomadaire sm l'éducation civique el la rlémocralie. suisse. M "'" i\·L Raymond, M. llnh,hc y ont été fm·t appréciés.

Plusieurs de uos professeur.-; ont porlt> la bonne parole à droite et; à n.auchc :

� L llour,•ni; a été invilé à , icnne pour l'i11augurntion du prcmil.'l· biillmcnt scolaire eoru.truit depuis la guerre, :\·L Utl\rcl a pris part à Paris, les 9 et 10 novem­

bre à ln première réunion du Comité d'Entcnte Irançais pour ln paix par l'édu­

ca'lion ; JI a parlé le 21) à Lyon sur L'Education religieuse de l'enfaut. i\I. Pi.l!{C'l a répondu à un appel de ?lladrid. �i. Walther a fait un cours de plusieurs leçons à l' nlversîté du Saci-é-Cœur à Milan. Sans parler des conférences de 1'1. l�errièrc• à Lisbonne. 1'1ais la perle a été sans doute. <:elle de i\nJc .\ udcmill'l;

à l'Union des Femmes de Genève sur l'éducation nouvelle.

Les vny,,_gcs ont repris enlr�. ks deux tr-im·�stres. ZH. Dovet s'esl rendu à \"arsoviP.

.\L. l'iufwt l1 pris pnrl à Londres. les p1·cmicrs jours dc janYier, au Ï.Oll"rès des Associations p:!dagogiques ; il y a parle! de la naissance de l"intelligen<:c cher. l'eurant. llwité par k Sénat c!e 1· '11tvcrsité ctc l .ond'rcs, il t� falt également au London Doy Tr:1i11inb Colleg'• uu ·ours sur le fa ·teur social dans le déve­

loppement de l'enfant ; enfin, à l"Université de Birmingham, une conférence.

En décembre, i\1. :\folo Cahallt'rn nous a fait deux causeries très riches sur la fondation et la vie du Gimnaslo llod<'.rno de Bogota, nne Ecole Nouvelle sons l'Equatcm dont les états de service font envie. :1'1. .\J:ilelw, que nous sommes tout heureux de ravoir pour collaborateur immédiat, a bien voulu, avant même de commencer ses ,cours universitaires, faire en l'absence de M. Bovet plusieurs causeries fort goûtées. M. Peh·e-Lazm·, un ancien élève de l'Institut, a comme1�cé le 24 janvier une série de causeries sur l"anthl'O(>O·

mét.rie au service du maître d'école. M. Doll1·e11s a fait. le 28, une causerie illustrée sur la Vienne scolaire.

L'Amicale ne chôme pâs. L'absence du chroniqueur l'empêche malhcu­

rcùscment de tracer un tableau coloré de la Fête d'Escaladc, le 1 ï décembre.

qui fut, comn1� de coutnnw, nombreuse. animée, spirituelle. Beaucoup de bonne humeur aussi dans les réunions ordinaires et les promenades.

1..,PnlMEF:UES RÉUNIES S. A: LAUSANNE'.

LXVII• ANNÉE - N° 8 1 1 AVRIL 1931

L'ÉDUCATEUR

/ ,- 1

No ,tlcO . de l'intermédiaire des Edueateurs (: i D I SCAT A PVERO M AG I ST E R

I I

SOMi\'IAIRE. - Ed. ël le ,rolilome sexuel CIIUSCl'iC (l des P(IJ'ltnls. -Baynes sur p L� PRESSE ET u:s A.N'CIENS t1u/ t 18 mai. le .�eri,ice M: CLAPARÈDE : TraugoU médico-pedagogique. - CuuoNJQIJE DB L 1Ns11nn Walduogcl. _.50 î'i:,ri;s _ oi::: L' IN�TITIJT : Vnc _cn�/e�c'.'.ce �jours au BrésiM. Leo11 GI/J1011d. L'unu�·f:su:. -:ÎNFORMAT!ONS l. - W. �E��ET : El_LECfl!lŒ:s . Le '.'.''.

J.-J. RoussEAU : Nos oin!Jl tms.

CINQUANTE JOURS AU BRÉSIL

Cinquante jours ! Je projetais de ne passer au Brésil que quatre semaines mais le sort en a disposé autrement. Mon but, en me rendant Îà-bas était

à,

la fois de faire la connaissance personnelle d'aimables co lièg.ues que je connaissais

déjà

par corr�spo,ndn�1ce et

qui

m'invitaient

à

faire quelqu.es confé1:�ce�, de rev01r .? ancien�

élèves, et tout spécialement de rendre v1S1te a Mme Antipofl

q�1

avait organisé

à.

Bello Horizonte lin enseignement de psychologie

· expérimentale et scolaire. . . • ,. , .

Un bateau italien, le Conte Rosso, qu1tta1t Gen�s le 2 �ep�c�'.J._

t . '

il

y

revenait le 25 octobre, juste po:ur la ren_trec d l_

1:m. er�1k

.Je m'embarquai donc, heureux dP. fmr les canicules qm. sév1ssa1cn�

sur l'Europe en cette fin d'août 1 930. Sur le bateau, rien qu� des ArgeJ1tins et des Italiens,

à

l'exception d'un seul Frant.rus,

_I

Dr Ch·. Achard, professeur

à

la Faculté de médecine de Pans, en qui j'ai trouvé le plus charmant compagnon de vo ag�. Le Conte Rosso est un bateau rapide, qui ne met que onze Jours pow· atteindre Rio de Janeiro (douze jours pour le. retou_r, parc_e que, dit-on, pour revenir,

ça

monte

!)

Ce·�e traversee, qui d or,d1- naire est, marquée par une température insupportable, dès cru on arrive sous les tropiques, ne

f�t

pas e�trême�ent , chau?e· Sous l'Equateur, le ciel était gris,

11

ple�vait, et Je m r

SUIS

même

enrhumé

!

Un veJJt violent et contraire a commenc� �e soufile,r, en sorte que, a.u lieu d'arriver

à

Rio _dans l'après-m1�J, nous n Y avons abordé qu'à minuit, par une mut supe:be .. Plus1eur� heures

à

l'avance on apercevait dans le sombre Jomtam le · guirlandes

de lumière de la baie de Rio. .

Malgré l'heure tardive, de nombreux amis m'attendaient sur le

(11)

114

L'ÉDUCATEUR

[18 quai : M. Lins, professeur à l'Ecole normale de Juiz de Fora, et Mme Lins, qui avaient passé plusieu.rs années à l'Inst_itut J.-J.

Rousseau; Ml.le Laure Lacombe, aussi une ancienne élève; le Dr Lopes, président de la Ligue brésilienne d'hygiène mentale;

le Dr F. Magalhaes, et le Dr Lessa et le professeur Venanzio Filho, préSidents de l'Association brésilienne d'éducation ; le Dr Radecki, qu.i avait été mon assist.ant au Laborat.oire de Psychologie en 1910, M. Redard, chargé d'affaires de la Légation suisse, etc. C'est dire qu'à peine débarqué sur ce continent nouveau, j'ai eu le sent

i

ment du « chez moi ».

Je n'ai pas l'intention de décrire ici les splendeurs de Rio et de sa baie. Je dirai seulement que je ne me figurais pas que Rio fût ainsi resserré entre la montagne et la mer, à tel point que, pour se développer, elle est maintenant obligée de prendre sur l'océan ; des quartiers entiers sont maintenant; construits sur d'ancie°:1es baies qu

i

ont été comblées. Les quais, qui s'étendent sur des kilo­

mètres e� des kilomètres de longueur, sont bordés de plages où s'ébattent des milliers de baigneurs. Ces plages n'ont pas de cabines, et c'est chez eux que les baigneurs font leur toilette ; et l'étranger qui débarque à, Rio ,n'est pas peu étpnné de rencontrer daus la rue, ou dans le tramway, des personnages en co faune de bain, qui vont à la plage, ou qui en reviennent.

L'Association brésilienne d' Education, qui avait bien voulu m'in­

viter à faire quelques conférences, et qui est très active, très vivante, réunit un millier de membres; elle a pour but d'étudier toui; ce qui peut faire progresser renseignement, et d'engager les autorités à introduire les réformes désirables. Elle compte quatre présidents, qui sont" en charge chacun penda�t un trimestre._-S_ur ces quatre présidents, trois sont des médecms. A mon arnvee, c'était le Dr Magalhaes, l'un des chirurgiens les plus courus de Rio, et doye.n de la Faculté de médecine, qui occupait le fauteuil.

Ses nombreuses occupations (il est aussi président du Jockey­

Club) ne l'empêchent; pas de vouer aux· questions d'éducation une attention très suivie.

On m a fait vi.siter de nombreuses écoles qui, toute.s, m'a-t-il semblé, font appel aux méi;hodes actives. J'ai été frappé de leur élégance ; beaucoup, même dans. l�s quartie�s populaires, . sont installées dans de sympathiques batiments, qui ressemblent a des maisons privées : jolis meubles fleurs, statues dans les corridors - rien de nos casernes scolaires. Comme école plus particulièrement inspirée de.s méthodes nouvelles, il faut mentionner la jolie école

19]

L'ÉDUCATEUR

115

p� ? ho.1 par Mlle Laure Lacombe et par sa mère, qui compr nd d s

iv

�e. fondée en 1902 par la famille Lacombe et dü-igée aujour­

elèv:s

1

de i;ous le âges. On sent que le bonheur y rè::,crne. Notons au.s$1 � Ecole normale des Arts et Métiers dirigée par un partisan convamcu des méthodes ac1;ives, M. Barhosa de Oliveira écol , dans �aquelle la psychologie est enseignée avec beaucou� d'en­

thousiasme par Mlle Alba Nascimento.

R�o. vient de _construire une nouvelle Ecole normale, qui est u� ventable �ala1s, très beau au point de vue architectural style v1eux-portuga1s, belles colonnades et galeries sur une cour intérieure Lorsqu� j'en ai a_dmiré les splendides et luxueuses installations:

elle éta_1t encore �1de, on devait l'inaugurer Je 12 octobre, par un fête bnllante, qut ne put avoir lieu à. cau,se de la révolution.

Je me borne à mentionner le splendjde Institut pathologique Osvaldo Cruz, pour l'étude des maladies infectieuses avec ses be�ux labor�toires, sa riche bibliothèque, et la pléiade 'de savants qu� y travaill:nt; le célèbre Jardin botanique, avec sa fameuse allee, de pal_m1_ers. ... Quant à la psychologie expérimentale, elle P?Ssed_� un JOh petit laboratoire au siège de la Ligue brésilienne d Hyg1ene mentale, présidée avec distinction par le Dr Ernani Lapes. L� Dr Radecki a aussi in.stallé un beau laboratoire de psycholog_1e dans une colonie de psychopathes, à la campagne, à une certame distance de Rio.

·�près une semaine passée à, Rio, je me suis rendu à Bello 1:or1�onte, 1� c�pitale de l'Etat de Minas Geraes, à 800 mètres d al�1tude. Dix-sept heures de chemin de fer ; celui-ci parcourt des vallees presque complètement désertes grimpe des côtes sauvages dont la ten·e est d'un beau rouge. Bello Horizon1:c est une ville nouvelle, de 12?.000 habitants, qui chaque jour continue à s'étendre.

Elle est en pleme montagne, et fait un peu penser à La Chaux-de­

Fonds. L?rsqu'on suit certains boulevards, on finit par arriver dans le paturage, ou sur les flancs escarpés d'une colline.

L'Etat. de Minas a fondé à Bello Horizonte, il y a deux ans une E_cole de p

er

f

e

ctionn

e

m

e

nt, d'un type nouveau et très intéres�ant.

C est ��ur établir les bases de cett;e école que s'étaient déjà rendus a� Bresil, pour quelques mois, le Dr Simon, de Paris, notre collègue Leon Walther, et que Mme Artus et Mme Antipoff y furent appelées pour une période plus longue.

. Le �ut de cette Ecole de perfectionnement est de former des

mspe.ctrices, des directrices d'écoles, des professeurs de psychc-logie

scolaire p

o

ur les Ecoles normales, des fonctionnaires supérieurs

(12)

116

L'ÉDUCATEUR

[20 pour l'administration des écoles de Minas. Elle comprend cent élèves, tous féminins, e� voici comment on les recrute : on choisit chaque année, parmi les institutrices ayant déjà, au moins deux ans de pratique, les cinquante meilleures. Le cours d.ure deux ans Il comporte des enseignements spéciaux de pédagogie et de psy­

chologie (jardin d'enfants, méthodologie, surtout psychologie appliquée à. la pratique scolaire). Comme professeurs, outre trois jeunes Brésiliennes formées elles-mêmes au Teachers College de New-York, Mme Antipoff et Mme Artus (de Genève),et aussi M. Casasanta, directeur de l'Instruction primaire, qui préside aux destinées de cette Ecole de perfectionnement avec beaucoup d'intelligence et de clairvoyance.

Mme Antipoff, ainsi qt..e l'auront deviné tous ceux qui la connais­

sent, a organisé son service avec toutes les qualités de précision et d'enthousiasme qui 13 caractérisent. Sa tâc\1e était énorme, car elle n'a pas d'assistants. Elle a néanmoins formé srs élèves aux méthodes expérimentales, aux enquêtes scolaires, et j'espère que, parmi celles de ses. élèves qui ont . achevé l'Ecole en novembre dernier, elle en aura trouvé qui pourront lui servir d'auxiliaires.

Pendant que j'étais à, Bello Horizonte, M. Lourenço FHho, le distingué pédagogue de l'Ecole normale de Santos, est venu me faire visite, car, faute de temps, je n'avais pas mis Santos sur mon programme. Lui aussi est un fidèle partisan des méthodes nouvelles.

Je n'ai pu assister aux leçons de Mme-·A

r

tus, qui était en _séjour à, Rio pendant que j'étais à, Bello Horizonte. Mais j'ai appris quelle grande impressîon faisait son enseignement.

Je comptais repartir de Bello Horizonte au début d'octobre, afin de séjourner encore à, Rio, lorsque, subitement, le 3 octobre à, six heures du soir, la révolution se déclancha. Je venais de visiter l'« Institut des serpents n, où l'on élève ces reptiles en vue de la fabrication de sérums anti-venimeux {il faut autant de sérums différents qu'il y a d'espèces de serpents), et je descendais un boulevard, lorsque un attroupement devant une villa attire mon attention : une automobile, contenant deux officiers, quittait la villa, et, sur la véranda de celle-ci, une dame poussait des cris, apostrophant la foule. Je continuai ma route en faisant, à propos de cet incident, toutes les hypothèses possibles, mais sans en trouver aucune de satisfaisante. Puis j'allai à la grande poste écrire quelques cartes postales. Tout à coup, je me vois plongé dans l'obscurité, les portes venaient de se fermer, tout était désert au�our de moi.

21]

L'ÉDUCATEUR

117

Je me précipite vers la porte, on l'entr'ouvre pour me laisser passer, et quelle n'est pas ma stupéfaction en voyant le trottoir où j'avais passé quelques minutes auparavant, gardé par des soldats, éche­

lonnés le long de la rue. J'ai cru d'abord qu'il s'agissait d'une fête nationale, d'un· cortège... Mais un jeune homme, voyant mon étonnement, vint vers moi et me dit que c'était la révolution.

Pendant la traversée, un radio nous avait appris la révolution argentine, qui n'avait duré que 24 heurec,, et tout le monde espérait qu'il en serait de même au Brésil. Mais ce fut un peu plus long ! Le soir même, les troupes de Minas commencèrent à cerner la caserne occupée par les troupes fédérales, et la bataille durri cinq jours, pendant lesquels la ville fut inondée de balles. Une fille.te fut tuée, qui jouait dans la rue ; on n'osait plus circuler; les laitiers, boulangers, etc., refusaient de faire leur tournée, on commençait à avoir de la peine à se ravitailler. Les balles pénétraient dam les maisons, cassant les vitres, transperçant tout sur leur pas5age.

Cep�ndant, la population elle-même ne se battit pas ; la lutte éfoit uniquement entre les forces armées. Puis, au bout de cinq jours, le 8 octobre, un coup de sirène apprit à la ville que la garnison féderale s'était rendue. - Quant à, l'énigme de la villa, qui m'ava

i

t tant intrigué, en voici la clef : On était venu cueillir chez iui le commandant des troupes fédérales, pour l'incarcerer, d'où fureur, cris et protestations de son épouse I Cela montre combien la pré­

paration de la révolution aurait été tenue secrète, les troupes fédérales, ni personm:�, ne se dontaient de rien.

La ce<isation du feu à Bello Horizonte ne marquait pas, hélas la fin de la révolution. Le président du Brésil, Washington Luis, contre lequel tout le mouvement était dirigé, refusait d'abdiquer.

De tous côtés, les troupes révo,utionnaires s'avançaient sur Rio.

Mais le Brésil est grand, et cela pouvait durer longtemps. Bello Horizonte était coupée de toute communication : ni chemin de fer, ni poste, ni télégraphe. Nous étions isolés "du monde extérieur ; nous ne savions pas, surtout, ce qui se pa�isait à Rio. La moitié des magasins étaient fermés. Impossible de sortir de la ville, tous les autos avaient été réquisitionnés ; ce n'était pas précisément gai.

La révolution semblait se transformer en gae.rre civile. On se demandait si ça n'allait pas durer des mois !

Enfin, au bout de trois semaines de cette vie au ralenti, pendant

que nous étions en train de déjeuner à l'Ecole de perfectionnement,

(car chaque jour élèves et professeurs y prennent ensemble le

repas de midi), on vient annoncer que Washington Luis a été

Références

Documents relatifs

Les enfants qui nous ont servi de sujets pour cette série d'expériences, ont tous montré un intérêt très vif et même un certain enthousiasme pour les exercices qui

Car il faut des nerfs pour enseigner, mais il faut leur demander leur travail dans des conditions

.fiance dans l'avenir de la psychologie ; il croit cette science appelée à jouer dans les temps futurs un rôle important. La connaissance approfondie des lois et des

tention sont plus faciles à réaliser pendant un temps restreint que pendant une semaine ou un mois. Il est également plus facile de renouveler les expériences dans

Les enfants, par la pratique de la sténographie, acquerront aussi l'amour de ce qui est simple, en même temps que joli et supérieurement agencé; ils pourront

maines, on est tenté de prolonger la durée des études ; mais c'est raccourcir la période d'activité intense pour chaque individu. Dans l'incapacité où nous sommes de

Or Ellen Key est pleinement littéraire et scientifique, et elle l'est si bien, que le public littéraire, tout en goûtant son art spontané et puissant, trouve

ques. Pour comprendre la langue, il faut la considérer non pas en-elle-même, mais en fonction des besoins physiologiques; spirituels et sociaux qu'elle a dû constamment