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L'Intermédiaire des Educateurs - Décembre 1913

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L'Intermédiaire des Educateurs - Décembre 1913

BOVET, Pierre (Ed.)

Abstract

Revue éditée par l'Institut J.-J. Rousseau / Ecole des sciences de l'Education de 1912 à 1920.

A fusionné avec L'Educateur.

BOVET, Pierre (Ed.). L'Intermédiaire des Educateurs - Décembre 1913. L'Intermédiaire des éducateurs , 1913, vol. 2, no. 12, p. 17-35

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:127875

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(2)

LJ/ntermédiaire des Educateurs, no 12, 1013.

L'Intermédi"'1re des Éducateurs

2• ANNEE -

N

° 12 - DECEMBRE 1913

NOS AMIS:

M. M.-C. Schuyten.

Voici longtemps que, dans notre petite galerie de contemporains, nous aurions fait une place à nos amis de Belgique si leur modestie n'avait compliqué notre tâche.

M. M.-C. Schuyten a l'incontestable mérite d'avoir été en pédagogie expérimentale un précurseur. C'est en 1893 déjà, à la veille des examens qui allaient lui valoir le grade de docteur ès sciences, .qu'il entre­

prit dans les écoles primaires d'Anvers ses recherches relatives à l'influence de la température atmosphé­

rique sur l'attention volontaire des élèves. Grâce à l'appui éclairé du Dr Desguin, échevin de la ville d'Anvers, il put, en 1899, soumettre aux autorités municipales le plan d'un « laboratoire de pédologie scolaire». Dans une ville qui a toujours su faire servir ses richesses au bien des arts et des lettres, son programme fut adopté. Anvers, la première en Eu­

rope, créa un service municipal de pédologie auquel toutes les écoles de la ville seraient ouvertes pour les enquêtes et les recherches que l'on jugerait utile d'y entreprendre et Schuyten en fut nommé direc­

teur. La chambrette et la cave qui virent les débuts de ce Laboratoire ont été depuis remplacées par une

(3)

18 L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATE\. .. S

coquette maison à deux étages située à proximité immédiate de plusieurs écoles.

Coup sur coup, en 1900 et en 1902, Schuyten fonda le Paedologisch Jaa1·boek pour y publier les travaux du Laboratoire et la « Société pédologique. »

Le directeur du Laboratoire d'Anvers n'est pas seulement un bénédictin qu'aucune besogne, si minu­

tieuse soit·elle, ne rebute - on lui a parfois reproché de ne pas proportionner ses peines à l'intérêt de leurs résultats probables - c'est encore un homme de foi et de courage qui a souvent usé de son franc parler ..

Point n'est besoin d'être grand psychologue pour deviner que l'ardeur même que M. Schuyten a apportée à ses travaux devait lui susciter des hosti·

lités. Mais il faudrait être bien ingrat pour ne pas saluer en lui un homme dont l'influence, directe et indirecte, a été très profonde pour le bien de l'école et de l'enfant.

C'est lui qui, au lendemain du Congrès de Psycho·

logie de Genève, en 1909, réunit à l'ile Rousseau les divers pédologues qui se trouvaient dans notre ville, et jeta avec eux les bases d'un Comité international de Pédologie; ce Comité fut définitivement constitué à Paris le 27 décembre de la même année. Coïnci­

dence bien curieuse, Alfred Binet réunissait chez lui le même jour divers psychologues dans le but de fonder aussi un Comité international de psychologie pédagogique. M. Claparède publia alors dans les Archives de Psychologie un article invitant ces deux comités à fusionner ; ils ne fusionnèrent pas, mais l'initiative de Binet ne fut pas poursuivie, et c'est le

M. M.-C. SCHUYTEN

Comité Schuyten qui seul subsista. Schuyten lui­

même en fut nommé et en est encore président. Le premier acte de ce Comité a été l'institution des Congrès internationaux de Pédologie, dont le premier a ét� tenu à Bruxelles en 191 I.

Outre de nombreuses études expérimentales, Schuyten a publié un ouvrage sur l'Education de la Femme (Paris 1908) qui se caractérise par la façon tout empirique dont le pédologue flamand a cherché à poser le problème ; il a rédigé aussi une sorte de compendium des questions pédologiques, pouvant servir de guide aux débutants (La Pédologie, Gand,

1911).

M. Médard-Charles ScHUYTEN est né à Ostende en 1866 d'un père marin d'origine anvers�ise _et d'une mè�e d�s�endant d'émigrés français. Instituteur pnmaue en 1885, il ml; � �rofit ses loisirs pour faire des études supérieures en se spec1ah_sai:t dans la chimie. En 1896, il fut nommé professeur de ch1m1e organique à l'Université nouvelle de Bruxelles.

Bibliographie.

En dehors du Paedolouisch Jaarboek, et des deux ouvrages cités, M. Schuyten a publié entre autres les travaux suivants :

Influence de la température atmosphérique s�r l'attention volontaire des élèves. Bull. de l'Ac. r-0y. de Belgique, 1896 et 1897. - La force musculaire des élè:'es à travers l'a_nnée,

C. R. IVe Congrès int. de Psycho!., Pans 1900. -E�permien­

telles ;um Studium der gebriîuchlichsten Methode11 1m Jremd­

spr.zchlichen U11terricht. Ex,per. �li.dag. II, 1906. - Ueber de�

Farbensinn bei Schulkindern. Ibid. III, 1906. - Sur les me­

thodes de mensuration de la Jati.gue che; les écoliers. �rch. de Psych. II, 1903. - Comment doit-on "!��rer l� Jat�gue des écoliers? Ibid. IV, 1904. - Sur la valzd,te de I enseignement intuitif primaire. Ibid. V, 1906. - La courbe annuelle de l'énergie vitale. Revue psycho!. I, 1908.

(4)

20 L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

QUESTIONS ET RÉPONSES:

Questions.

20. - Pouvez-vous m'indiquer un ouvrage moderne - sciemi.fique donc - sur la psycbologie et la pédagogie de l'enfant avant 1 âge scolaire (avant 6 ans par conséquent}?

Bruxelles. J.

2 :r. - Où trouverait-on des renseignements sur le rôle joué par Poncelet dan.s l'introduction du boulier russe en France?

Neuchâtel. M. S.

22. - Qu'est devenu ['Orphelinat Prévost, à Cempuis? Y suit-on toujours les principes pédagogiques inaugurés par Paul Robin?

Genève. C.

Réponses.

9. - RENSEIGNEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES SUR LA COÉ­

DUCATION. (Voir Intermédiaire, 1re année, p. 107).

Langue française :

DuGAs, L., Le Problème de l'éducation, 1909, Paris, Alcan.

(Défavorable à la coéducation).

ScHUYTEN, M.-C., L'éducation de la femme, 1908, Paris, Doin. (L'auteur est, comme l'on sait, très défavorable à la co­

éducation). (Combattu par Ioteyko, Revue ps., 1909, p. 406-414).

BouRGIN, M.-H., Sur la réforme des programmes de l'ensei­

gnement secondaire féminin, Revue Universitaire, r 9 r r, t. II, p. rn8-112 (défavorable).

MARION, H., Psychologie de la femme, 1900, Paris, Colin.

(Je sais que la question est traitée, mais j'ignore l'opinion de l'auteur).

GATTI DE GAMOND, Isabelle, Education féminine, 1907, Bruxelles, Lamertin (soutient que la femme a exactement la même psychologie que l'homme).

RAJLLON, F., Vers les temps nouveaux par l'éducation inté­

grale et par la femme, 1909, Paris, Giard et Brière (favorable).

ScHUYTEN, M.-C., Pédologie, 19rr, Gand, Vanderpoorten, p.171-172.

QUESTIONS ET RÉPONSES 21

Langue allemande :

GAUDIG, Hugo, Hoheres Madchenschulwesen, Binneberg's Kultur der Gegenwart, Teil I, p. 206 s. - Die Frage der sperifischen Frauenbildung, Frauenbildung, 191 r, t. I, p. 1-21.

-Zum Bildungsideal der deutschen Frau, Zeitschr. f. padag.

Psycho!., 1910, t. XI, p. 225-237. (Dans tous ces écrits la thèse de l'auteur est : Si on veut tenir compte de la nature de la femme, on doit lui donner une formation foncièrement diffé­

rente de celle du garçon).

BERGEMANN, P., Die hohere Madchenschule auf neuen Wegen, Deutsche Schulpraxis, 19 I I, p. 345-348. (L'auteur traite de la coéducation : j'ignore son opinion).

ScHEIBNER, O., Propaganda für die Koeducation, z. f. padag.

Psycho!., 19n, t. XII, p. r32-133. (Courte note pour recom­

mander l'étude scientifique de la question et des expériences avant de poser en dogme le bien de la coéducation). -Koedu­

kation in Amerika, Z. f. padag. Psycho!., 19m, t. XI, p. 322- 323. (C'est à tort qu'on invoque l'Amérique en faveur de la coéducation).

REICHEL, E., Koedukation in der Fortbildungsschule, Padag.

Studien, 1912, p. II5-II9. (Je ne connais pas l'article).

SrGET, Th., Der gemeinsame Unterricht im Lichte der experimentellen Psychologie, ibid, p. 145-156 (inconnu).

'NRESCHNER, A., Vergleichende Psycho/. der Geschlechter, Wissen u. Le ben, 1911, Zürich, Rascher. (Beaucoup de rensei­

gnements utiles pour la solution du problème).

HEYMANS, Die Psycho!. der Frauen, 1910, Heidelberg, Winter.

(Ne traite pas directement la question, mais nombreux rensei­

gnements utiles).

LIPMANN, O., Zur Psychologie der Frau, Z. f. angew.

Psycho!., t. V, 1911, p. 368-675. (Même remarque).

MEYER, E., Vergleich der Geistlichen Entwicklung von Knaben u. Mëidchen, Z. f. padag. Psycho!., t. X, 1908, p. 272- 293. (Renseignements utiles).

LoscHORN, K., Einige Worte üb. d. gemeinsame Er1iehung d. beiden Geschlechter, Z. f. padag. Psycho!., 1902, t. IV, p. 223-228. (Défavorable).

VVEGSCHEIDER-ZIEGLER, H., Erfahrungen im Gymnasial­

unterricht f. Mâdchen ais Beitr. 1. Frage d. gemeinsch.

Er1iehung beider Geschlechter, Z. f. ·padag. Psycho!., 1902, t. IV, p. 212-222.

MEliMANN, E., Thesen 1ur psychologischen Grundlegung der Probleme der Koedukation u. der Koinstruction, Z. f. padag.

(5)

22 L'INTERMÉDIAIRE DES EDUCATEURS

fsychol., octobre 19�3- (Article très important dans lequel auteur expose magistralement la méthode a· s .

etud' 1 1 · d u1vre pour

ier a so unon u problème). III prend t. .

sement à partie). ' rs er v1goureu-

NEF, N., Uber Koedukation am Gvm11asium ibid , 3

524 (L'a · · J ' ., p. n -

·. ui_e�r a ere �:ofesseur d'un cours mixte et expose tous ies in�onven1ents qu 11 a trouvés pour le développement inrel­ectue normal des garçons et des filles).

F' EtJGE, A. Das �e�en der Universitiiten und das Studium der rauen, 1912, Leipzig.

R KRus, S.-J ., P_adagogîsche Gnmdfragen, 191 l Innsbrück

ausch, p. 24g-2:>9. '

CoHN, U., Dieffenbacher Untersch. üb. Geschlechts-Alter­

u. Begab.-Untersch. b. Schülern p. 195-201 t u L . Barth. {Utile à consulter pour le� différences ;sy�h�log���:�t

Langue anglaise.

FuRSTALL Miss, On Women's education S h

1911, p. 1_2_ , c ool Guardian,

p CoLL!Ns J._, Sorne questions concerning the edu;ation of girls

arenrs Rev1ew, 1911, p. 56i-57r. ,

CHocsoN, Co-education, J. of education, Londres r91 l p '�7 AMPAGN C E T A A , •• ·, •

s

ketch of a girl's education

' ' .

J ofJ M expenm. Ped., Londres, 1912, t. VIII, p. 205-210. ' .

K1NGSFOR0, E., Co-education during adolescence ChildStud

�912, p.fr25-13 r. (Très opposé, et proteste contre ia multipliciiJes pro esseurs femmes) .

• �URGERSTEIN, L., Co-education and Hygiene with special re;erence· to European exper. and views Ped Se

t. XVII, p. 1-15. , . m., 1910,

SAcHs, J ., The intellectual reactions of co-education Educat

Rev., r908, t. XXXV, p. 467-475. ' .

. THORNOIKE, E., Educatio11a/ Psychology, Columbia Univer­

stty,

hNew.-York, 1910. (Utile à consulter sur les différences psyc ologiques entre sexes).

Langue flamande :

ScHUYTEN, M.-C., Un article du Paedologisch J ahrboek, t.VII.

On peut encore citer : MEUM.ANl'I, Einführung in d experi- mentelle Pàdau t II éd ·r

r · .

3 . e • • o ·, · , 1 • 1907, .e1pz1g, Engelmann, p. r 28- 1 o' la z ed11. de cet ouvrage parait actuellement et la . Y se ra sans oute traitée dans le t. III. d . , quesuon

QUESTIONS ET RÉPONSES 23 R1cHARD, G., dans son livre La femme dans l'histoire, 1909, Paris, Doin, pose dans la dernière partie des principes d'où on conclurait à la coéducation : • L'assimilation des sexes est le salut de la culture humaine" (?)

Saint-Hélier (Jersey) J.DE LA V uss1ÈRE, S. J ., Prof. de philosophie et psychologie.

I6. - PUNITIONS COLLECTIVES.

J'ai lu avec grand intérêt les réflexions d'un père de famille sur les

«

punitions collectives» qui se donnent dans certain collège, et, en particulier, non pas fréquemment, mais parfois, dans ma classe, VII B, du Collège de Genève;

je suis heureux d'y répondre, pour pouvoir en même temps faire un petit examen de conscience.

Il est très utile, en effet, de rencontrer quelquefois une critique, car cela donne l'occasion de contrôler si tel procédé, suggéré par l'expérience, est peut-être devenu simplement une tradition machinale dont les causes ne sont plus que des racines desséchées, ou si les raisons psychologiques qui vous en ont conseillé l'introduction, vivent encore en vous et sont bien encore reconnues valables dans toute leur étendue.

C'est le dernier cas qui s'est trouvé le mien, autre­

ment aucun motif d'amour-propre n'aurait pu m'em­

pêcher de renoncer à un système que j'aurais senti caduc.

Au contraire, mon op1mon personnelle à ce sujet

s'est encore affermie, et j'en remercie M. X ...

D'avance, posons qu'aucune méthode, dès qu'elle doit s'appliquer, n'est parfaite, car dans la pratiqué on a affaire à une foule de facteurs que la théorie ignore et dont il faut tenir compte, smon : c'est le fiasco.

(6)

L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEUR!>

Et il n'y a pas de domaine où l'insuccès ait des conséquences aussi graves qu'en pédagogie, car c'est la condamnation effective, la banqueroute de tout un système. Il est donc bien entendu que le procédé que j'ai adopté à mon corps défendant a ses défauts : je prétends seulement que ses avantages les dépassent.

Je ne soutiens pas les punitions collectives en prin­

cipe, comme une chose bonne en soi, et là je tends la main à M. X., mais comme un « mal nécessaire» t

rentrant dans un ensemble de mesures rendues indis- pensables par l'obligation de maintenir, des heures de suite, dans une situation anormale, quarante à la fois, comparativement immobiles, des enfants de 12 ans dont l'allure naturelle est le trot, car ils galo­

pent par nature, comme sautillent les pinsons. Notre débat se résume ainsi :

Que doit être un maître ?

Un entraîneur, un chef d'équipe qui sait la valeur des minutes ou ... un juge d'instruction?

Très large au point de vue disciplinaire pendant la leçon, j'établis au contraire une règle sévère pour l'entrée en classe et pour les quelques minutes qui précèdent l'enseignement proprement dit, et pendant lesquelles le maître fait ramasser et examine les exer­

cices individuels ou note les absences; j'exige un instant de recueillement, de silence absolu, qui va faire gagner du temps. Jamais le maître ne doit avoir à imposer le silence avant de commencer sa lecon il ,

'

est établi. L'élève qui dit un mot à ce moment recoit

'

,

quelques lignes à apprendre par cœur, avec une sanc- tion éventuelle.

QUES _ JNS ET REPONSES

'5i le maître, pleinement -occupé de son contrôle, estime que son attention a été détournée, qu'il y a eu bruit, désordre plus ou moins anonyme, donc retard et perte de minutes précieuses, vous compren­

drez peut-être qu'il ne va pas, pour donner une sanction à la mesure qu'il a édictée, se transformer en juge d'instruction, entamer une enquête ridicule dont le résultat serait le plus souvent nul, créerait beaucoup d'hostilité, gaspillerait le temps consacré à la leçon, et serait tout à fait disproportionné à l'importance du cc délit », puisque M. X. tient à ce mot.

Or, justement, l'enfant n'est pas un « prévenu », l'école n'est pas un tribunal, le maître n'est pas un juge d'instruction, et c'est là que je ne suis plus du tout d'accord avec M. X.

L'enfant est un frère cadet, un mignon et aimé petit frère, l'école est un atelier de travail, et le maître est un entraîneur.

Et voilà pourquoi je hais les enquêtes, l'espion- nage, les rapporteurs, les délations, tout l'attirail de tortionnaire, et tous les trucs psychologiques plus ou moins au titre, que doit employer le juge pour arriver à ses fins et cc cuisiner habilement son patient».

Je dis simplement ceci: il y a eu désordre, le maître n'a pas eu les deux minutes de tranquillité absolue · qui est indispensable pour un bon départ, d'où perte de temps; il est· juste que ce temps se retrouve à la maison par un léger supplément de tâche, oh!

corn bien léger! cinq lignes de plus, ou un mot à décliner, ou un temps à conjuguer.

(7)

L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

D'ailleurs la chose, dite calmement, sans colère, sous cette forme : « la tâche sera un peu plus longue », n'est pas mal prise. J'ai, dès la première heure, prié mes élèves de s'habituer à consentir de temps à autre ce petit sacrifice, et ils comprennent fort bien.

Comme d'ailleurs le maître s'ingénie à simplifier le travail à domicile, supprime parfois la tâche du dimanche, quand la conduite générale est bonne, ne perd pas une occasion de faire un petit compliment à sa classe quand elle le mérite, ce qui est rare à Genève où on n'aime pas à dire aux gens le bien qu'on pense d'eux, - eh bien! il a, si l'on juge l'ensemble de l'année, la conscience fort tranquille sur les dispo­

sitions générales de ses élèves.

Il est évident que, les premiers temps ils ont énor­

mément de peine à se modeler à ce système d'entrée silencieuse, il ne s'établit pas tout seul, il y faut cinq à six semaines.

Je montre aux élèves de vnme qu'ils ont des habi­

tudes à perdre et d'autres à prendre. Je ne leur cache pas que la plus difficile, celle pour laquelle je leur demande un gros effort, c'est: l'entrée en classe.

Et j'attire alors leur attention sur un fait qui leur est nouveau, c'est qu'ils sont solidaires les uns des autres, et je m'efforce de développer en eux le senti­

ment de leur responsabitité collective et leur esprit de camaraderie; et la plupart, car il y a des trésors dans ces petits cœurs d'enfants, se trouvent bien plus punis pour un moment d'oubli, par un travail général attiré à leurs amis, que par une petite pénitence indi­

viduelle.

QUESTIONS ET REPONSES

Voilà le discours que je tins à un garçonnet qui, dans un fait semblable, s'efforçait d'attirer mon attention en levant la main, que je fis semblant de ne pas voir, et qui à la fin de l'heure, vint tout courant me dire que c'était lui la cause du supplément de tâche :

<( Comment voudriez-vous, mon cher petit, lui dis-je, que je vous punisse, quand vous vous dénoncez vous-même? Si vous avez le cœur à la bonne place, et j'ai des raisons de le croire, vous êtes bien plus puni comme cela. »

Là, évidemment, M. X., cédant à un beau mou­

vement, eût levé le supplément, ... et moi, ... aussi, si je ne savais ce que c'est de mener à l'assaut des connaissances humaines une bande de quarante petits bonshommes, si je ne savais, à mes dépens, comment les plus belles théories doivent se modifier à la pra­

tique, se teinter de << Realpolitik », si l'on veut les voir fleurir et fructifier, et quel rôle important joue dans leur application un facteur impondérable, variable et personnel : les nerfs du maître.

Attention! mon cher M; X., voici le loup qui sort du bois, voici l'argument à la fois le plus mauvais et le plus irréfutable.

Ne vous semble-t-il pas parfois que dans l'élabo­

ration et la mise en marche de ces superbes pro­

grammes d'épanouissement de toutes les énergies enfantines, on oubli� un peu trop le maître: ce paquet de nerfs?

Oui, monsieur, les maîtres ont des nerfs; ils doivent s'en souvenir, sinon ce seront ces derniers qui se chargeront de leur rappeler qu'ils existent.

(8)

L'INTERMEDIAIRE DES EDUêATEURS.

Si donc vous me demandez pourquoi je n'admettrais pas d'entrer dans une salle déchaînée, où les élèves se roulent dans les couloirs au milieu d'un solide

« chambard », je vous avouerai que je ne reconnais pas en moi cette personnalité victorieuse qui d'un seul coup métamorphosera cette agitation désor­

donnée en attention soutenue.

Aussi, qu'arriverait-il?

Je commencerais ma leçon, mal disposé, excité, troublé, les nerfs à fleur de peau, hargneux, dardant ici et là des regards malveillants, messagers et ouvriers de révoltes, prélude d'orages prochains.

Plutôt que de voir vos enfants menacés par ce volcan en ébullition constante, ne préférerez-vous pas voir entrer dans son plein sang-froid un maître dont les nerfs et la volonté vont être uniquement tendus à faire une leçon vivante, variée, amicale, amusante et solide ?

Car il faut des nerfs pour enseigner, mais il faut leur demander leur travail dans des conditions nor­

males. Et alors voilà, ce pelé, ce galeux, de deux maux choisissant le moindre, recourra exceptionnel­

lement à ce moyen odieux, à cette pédagogie pares­

seuse ... ! (Qu'on excuse cette boutade, j'ai le tempé­

rament joyeux).

N'empêche que c'est un métier diablement capti­

vant, qui vous prend son homme tout entier, et que j'ai bien envie de ne pas lâcher encore !

Cette « réponse » sans acrimonie, qui est, non une justification, mais une explication, est dictée par le même esprit amical d'intérêt pour l'enfant, qui a

QUESTIONS ET REPONSES

suggere la question. M. X. et moi nous coucherons sur nos positions, mais peut-être nous sommes-nous mieux compris. En tout cas, une fois de plus « L'in­

termédiaire » justifie son nom, et son droit à l'exis­

tence. W. MEYLAN.

Nous avons reçu sur ce méme sujet une lettre de M. Ferrier, professeur au Collège de Vevey, que nous donnerons dans notre prochain numéro.

_ Sur ce que les élèves eux-mêmes pens.eot des pu�tions collecùves rappelons les jolies enquêtes faites au College de Genève p� M. A. LEM.AtTRE (La vie mentale de l'adolescent.

Coll. d'actual. pédagog. Neuchâtel, Delachaux, p. 6 et 7).

Rto.

x.7. -L'EcoLE ET LA FAMILLE. - M. Th. DAUMERS,

directeur d'école à Bruxelles, a bien voulu nous envoyer une brochure de lui, intitulée La Fam_ille et l'Ecole. Elle a été distribuée au personnel enseignant de Bruxelles et aux parents des élèves.

- Voici trois ouvrages publiés en France:

Victor BoUILLOT, La coopération de la famille et du lycée.

Paul CROUZET, Maîtres et parents.

Ferdinand GACHE, Collégiens et familles. Toulouse (Privat)

et Paris (Didier\, 3 fr. So. . .

Depuis lors a paru la traduction fra�ça�se d;1 l�vre de W.

MüNCH, Parents, professeurs et écoles d au1ourd hui. Toulous e et Paris (mêmes éditeurs), 1912 (3 fr. So). .

To,1t récemment a paru à Bruxelles l'ouvrage de Victor DevoGEL La collaboration de l'école et de la famille.

Brux;lles. Tobie JoNCKHEERE.

(9)

L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

OUVRAGES NOUVEAUX:

Problems of Boy Life. Edité par J .-H. Whitehouse, M. P., London, P. S. King and Son. Prix : 10 sh. 6, vm-342 p. in-8°. - Ce livre contient dix-huit études, d'auteurs différents, pour la plupart, sur le jeune garçon parvenu à l'âge de l'apprentis­

sage. Une quantité de questions très importantes y sont traitées:

les causes morales et sociales du mauvais apprentissage ou de l'absence d'apprentissage, les différentes occupations sans issue

�ui s'offrent au jeune garçon ( • blind-alley occupations , ), le Jeune garçon criminel, le flâneur, les réformes déjà opérées dans ce domaine, les différents comités ou œuvres, etc. Tous les auteurs étudient le problème du point de vue anglais; de nombreuses citations de rapports officiels et de textes de lois donnent à ce volume une réelle valeur documentaire. Un des derniers chapitres donne, en vingt-cinq pages, le résultat des dernières enquêtes du Parlement sur la question étudiée dans le livre. Celui-ci constitue donc une très riche mine de rensei-

gnements importants. G. C.

William H. HoLMES. School organisation and the indivi­

�ual child. The Davis Press, Worcester, Mass., 1912, 212 p.

m-8°. - Qu'a-t-on fait jusqu'ici dans les programmes d'école pour individualiser l'enseignement? Un grand nombre de plans d'études pour enfants normaux d'abord, anormaux ensuite, sont groupés et ciiscutés : les Etats-Unis fournissent une riche moisson_ de faits, mais le Vieux Monde (Decroly, Montessori, Mannheim, Charlottenburg, etc.) n'est pas négligé. Le chapitre sur la formation des maîtres en vue d'un enseignement indivi­

duel fait réfléchir. Belle bibliographie.

Ed. ÜERTL1. Die Volksschule und das Arbeitsprinzip.

2. _Tansend. Zurich. Orell Füssli, !13 p., ill. - La Société suisse des travaux manuels a publié, pour fêter ses vingt-cinq ans, ce travail d'ensemble de son vaillant président. Le canton de Zurich a couronné cet écrit où les questions de principe et celles d'application sont également considérées et qui fait bien augurer de l'avenir de l'école suisse.

�- Co�BE. Tim Boum grand garçon. Neuchâtel, Attinger Freres, m-12°, 2 fr. So. - L'auteur, bien connu dans le monde littéraire et pédagogique, nous donne dans cet ouvrage vivant , et suggestif la suite des aventures de Tim Boum et Tata Boum.

Comme le premier de ces deux livres, qui est un récit destiné

CHROi'.;QUE DE L'INSTITUT

à des enfants de dix à douze ans celui-ci aussi sera lu avec plaisir et profit par les jeunes et par _tou�. ceux qui s'intéres­

sent à l éducation de la jeunesse et µarucullerement des enfants abandonnés, toujours si dignes de pitié et de secours. J. O.

Jules PAVOT. L'apprentissage de l a�t �'écrire. �oo P_-, in-16. Paris, Armand Colin, 3 fr. So. - Prmcipes dont 1 ensei­

gnement de l'art d'écrire doit s'inspirer, méthodes qu: cet enseignement peut suivre, renseignements de_ nature prauqu�, tel est le contenu de ce livre. Libérer l'esprit du faux ve�ba­ lisme r-amener !'-attention directement aux choses, la forufier

• not;e liberté grandis�an7 avec la pu!ss�nce ,de °:otre a�tn

ùon ", voilà pour les prrnc1pes. Il faut eve1ller 1 esprit d�_verne, et pour cela cul river l'obser:'a_tion du monde r�e!, e� l m�rs­ pection. Deux tableaux ong1aaux sont _desunes a fac�hter l'acquisition des m,ots qui correspondent a tous les degres de n·os sensations et de nos sentiments. A. B.

Georges RouMA et Ch. van B1.EVENBERGH. Brins de _vie.

Bruxelles, 1914, 64 p., $o. - Petits poèmes à dire et� �uer par les enfants, introduits par �ne étuAde sur la l rec1tano_n enfantine ,,, H faut que l'enfant rnterprete, crée _cherch_e lut­

même le cadre qui convient à la petite scène qu'1l va dire.

L'Ecot.E DES MÈRES (19, quai Malaquais, Paris) nous a envoyé Je programme d.e ses cours pour cet hive;· Les e�seigneme!1ts d'hygiène, de puériculture, de psychologie enfanune, de soms aux malades de cuisine, de cuisine diététique, de coupe et d'entretien d� vêtement, etc., en font une véritable école de science familiale et sociale. Nul ne comprendrait en France une école qui ne préparât pas à un examen officiel. Aussi le certificat d'aptitude aux travaux manuels, qui p�rmet de pro­ fesser dans les Ecoles primaires supérieures et ailleurs, figure- t-il au programme de l'Ecole des Mères. L'Ecole comprend un internat et un externat. Elle est dm�. . . ee par une fernme aussi intelligenre que dévouée: M•0 Moll-We1ss.

CHRONIQUE DE L'INSTITUT:

La date tardive de ce numéro nous permet de rendre compte d'un mois entier d'activité.

Nous parlions d'une trentaine d'élèves réguliers cet hiveri mais c'est quarante et plus qu'il faut dire.

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L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

Le mois de novembre 1913 restera par excellence pour nous le mois de Mlle• BoNTEMPI et BARRÈRE ou, si elles le permettent, le mois des bambins gravement occupés devant leurs petites tables à manier les diverses pièces du matériel Montessori sous les yeux attel)tifs, amusés et bienveillants d'u.ne nuée de témoins. On nous excusera de ne pas dire en deux lignes la richesse des observations a-insi réunies puis critiquées dans les heures de discussion du soir, l'admiration et la reconnaissa,nce qu'inspirèrent à chacune des élèves les directrices du cours, la fécondité des idées que nous leur d-qmes.

La soirée familière du 29 novembre a été l'occasion d'une jolie :nanifestation, les participants du cours ont remis à ces demoiselles des fleurs et un petit souvenir. Puis après quelques mots de M. Bovet qui espère qu'il s'àgit d'un au revoir et non­

d'un adieu, M. Onu a apporté le témoignage d'un converti : · Mil• Montessori a trouvé des. apôtres et ces apôtres ont fait des miracles. A la demande de plusieurs parents, l'Institut continuera la petite classe si bien lancée : quelques élèves seront plus spécialement chargées de la diriger.

Ni les cours, ni les travaux pratiques n'ont chômé d'ailleurs en novembre. Signalons spécialement avec les cours tempo­

raires du Dr Goorn et de Mm• ou Cou.ET, le bel essor des travaux pratiques de psychologie dirigés par Mil• Gmouo et des heures de travaux manuels de M. TH. MATTHEY, pour_ ne rien dire de ceux des professeurs que l'Intermédiaire a déjà fait connaître à ses lecteurs. Mil• Fou1LLOux, diplômée de l'Ecole, a commencé de remplir ses fonctions d'assistante et elle y est très appréciée.

Les trois belles conférences de M. Georges RouMA de Bruxelles, directeur de !'Instruction Publique en Bolivie sur le langage graphique de /'e11Ja11t furent un-e admirable leçon de méthode et un régal pour l'esprit.

Les soirées familières ont repris. On s'y est occupé prati­

quement des jeux éducatifs Decroly auxquels MU� Descœudres met tant de soins (voir la quatrième page de la couverture).

Une après-midi de jeux en plein air fut consacrée à faire con-· naitre aux nouveaux les traditions familiales de l'an passé.

L'Institut tout entier s'est associé au deuil de M. Ed. Cla­

parède qui a eu la douleur de perdre son frère M. Alexandre Claparède - et à la joie qu'a causée à M. et Mme Bovet la naissance d'une petite fille.

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Spécimens des "Jeux éducatifs».

Spécimens des " Jeux éducatifs".

//Jntcrmidiair� des Edu.cateurs, n° 13, 1013.

//Intermédiaire des F:du,cateurs, no 13, 1913.

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