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L'Intermédiaire des Educateurs - Octobre-Décembre 1915

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Journal

Reference

L'Intermédiaire des Educateurs - Octobre-Décembre 1915

BOVET, Pierre (Ed.)

Abstract

Revue éditée par l'Institut J.-J. Rousseau / Ecole des sciences de l'Education de 1912 à 1920.

A fusionné avec L'Educateur.

BOVET, Pierre (Ed.). L'Intermédiaire des Educateurs - Octobre-Décembre 1915.

L'Intermédiaire des éducateurs, 1915, vol. 4, no. 31-33, p. 1-27

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:128145

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l' Intermédiaire des Educateurs, n• 31-33, 1915

L'lnterméuiaire des Éducateurs

4• ANNEE -31-33 - ÛCTOBRE-DECEMBRE 19 I)

La liberté à la Maison des Petits.

La jolie maison claire et gaie, tout de neuf habillée, comme pour un jour de fête, a rouvert ses portes le 8 septembre. Avec quelle joie les petits habitants de l'an dernier y ont repris leur place ; en petits maîtres du logis ils ont souhait.é la bienvenue à de nombreux amis. Parlons un peu de ces nouveaux venus, de ces mignons bambins, qui pout la première fois aban­

donnent la main protectrice de leur mère. Avec calme et tranquillité ils se sont installés, attirés par les peti­ tes chaises et les petites tables; ils courent à l'armoire des jeux, ils se sentent tout à fait à leur aise. Tandis que dans la chambre voisine, des mères désirant et craignant tout à la fois cette liberté, nous ont fait part de leur inquiétude: « Mademoiselle, dit l'une d'elles, les enfants font tout ce qu'ils veulent à la Maison des Petits, cependant (et ce mot contient tant de sous­

entendus !) j'aimerais que mon enfant apprenne l'obéis­

sance )) . Nous essayons de démontrer à Madame X ...

que la liberté crée la véritable obéissance. « Mesde­

moiselles, nous dit une autre mère, je sais que les enfants font tout ce qu'ils veulent dans votre école!. ..

mais (et ce mais contient encore tant de sous-enten­

dus !) je tiens cependant à ce que mon fils travaille sérieusement ». - Nous rassurons Madame B ... en lui faisant comprendre que le travail libre est juste-

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2 L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

ment celui qui comporte les résultats sérieux et profi­ tables. Puis nous dit une troisième mère : cc De nos

jours les enfants n'ont plus de respect pour leurs

parents, pour leurs aînés, leurs supérieurs; ne pensez­ vous pas que ce soit la résultante du système de liberté employé actuellement? N'accorde-t-,on pas une part trop grande aux droits de l'enfant? >> - Ces paroles expriment la pensée de bien des mères et de bien des

éducateurs. D'où viennent ces doutes et ces craintes? - D'une interprétation erroe des termes droits et liberté en ce qui concerne l'enfant. Pour beaucoup de

personnes, la phrase, si souvent répétée de nos jours, respecter les droits de l'enfant, veut dire encore satis­ faire tous les caprices de ce dernier; accorder la liberté est synonyme de tolérer la sobéissance, l'impoli­ tesse, le sordre, la paresse, l'indiscipline.

L'école qui permet à l'enfant d'user de sa liberté, n'est-elle pas une école d'anarchie? - Nous allons

voir le contraire. Mais au préalable il nous est indis­ pensable de savoir en quoi consistent les droits de

l'enfant. Rousseau et, déjà avant lui, Coménius, les ont passés en revue. L'enfant sera nourri par sa mère; il recevra tous les soins d'hygiène, c'est son droit; il aura l'air et la lumière nécessaires, c'est son droit; il sera couché à l'heure et levé à l'heure malgré les sacri­

fices que cela coûtera à la mère, c'est son droit; ses vêtements seront de nature à favoriser tous ses mo

vements libres et aisés, il pourra se traîner, courir, sauter, s'étendre, crier, etc., c'est son droit. Il aura

sous les yeux de bons exemples, il sera entouré d'a­

mour, d'harmonie, de paix, de calme, c'est son droit.

LA LIBERTE A LA MAISOM DES PETITS 3 Ses questions auront une réponse et son besoin d'ac­

tivité sera satisfait, c'est son droit. Il ne sera pas le jouet de ses parents, qui, sous prétexte de faire plaisir à l'enfant, trop souvent recherchent l'occasion de flatter leur orgueil ... Je m'arrête; la liste serait encore longue chacun de nous peut la compléter. Vous êtes d'accord avec nous, j'en suis sûre, lorsque nous disons : Ce sont là vraiment les droits de l'enfant

'

droits le plus souvent méconnus, parce qu'ils exigent des parents des sacrifices nombreux.

Si les droits de l'enfant sont compris et respectés, sa liberté le sera aussi, puisqu'elle dépend d'eux. Quel usage faisons-nous de notre liberté et de nos droits d'adultes vis-à-vis de l'enfant ? - Nous agissons comme s'il n'avait ni vue, ni ouïe, ni intelligence. Nous exigeons une obéissance aveugle aux ordres que

nous donnons sans réflexion. Nous multiplions les défenses inutiles ; nous extorquons des petits des promesses qu'ils sont incapables de tenir nous les punissons quand ils ont failli à ces promesses, non pour la désobéissance elle-même, mais parce que nous sommes vexés en nous-mêmes : « Nous oublions, dit Ellen Key que l'enfant, dès l'âge de trois ou quatre ans, scrute déjà et devine les grandes personnes, qu'il les taxe avec assurance et avec une remarquable pers­

picacité, et qu'il réagit à chaque impression avec une

sensibilité frémissante, cette sensibilité que l'on dit semblable à de la cire molle et que l'on traite comme

si elle était aussi résistante que du cuir ». - A notre

XXe siècle, appelé le Siècle de l'Enfant, nous tenons

les mêmes discours, nous répétons les mêmes con-

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4 L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

seils, nous adressons les mêmes appels, que les grands éducateurs de l'enfance au cours des siècles derniers.

En I628, Coménius, le pédagogue morave, écri­

vait dans son précieux traité « l'Ecole maternelle >>

(ou en traduisant mieux encore « Sur les genoux de la mère »): « Respecte'{ l'enfant traitez-le avec moins de sans-façon ». Par Ecole maternelle, Coménius n'en­

tend pas ce que nous comprenons aujourd'hui sous ce terme. L'Ecole maternelle, pour lui, est faite à la maison par la mère qui ne se séparera jamais de ses

enfants pour les confier à l'école, avant la septième année.

Les écoles maternelles ou enfantines sont nées sous la pression de nécessités sociales inconnues à l'époque de Coménius. Quel doit être leur but? - Remplacer la chambre familiale, tout est là. Les premiers essais

d'écoles maternelles tentés au xvrre siècle sont loin de poursuivre ce but. Elles ne sont que de simples

dépôts où des gardiennes te bornent à surveiller les

enfants. Au XVIIIe siècle, apparition en Hollande des écoles de jeux; elles se multiplient, on y apprend à lire; à écrire et à tricoter. Puis en France, en r 779, les premières salles d'asile sont fondées. Avec le XIXe siècle, vient le noble et grand Froebel; il crée son premier- jardin d'enfants en 1836 et, sous son influence, toutes les écoles se transforment durant la seconde moitié de ce siècle. Comme le dit M. F.

Guex, c'est à lui que revient l'honneur d'avoir réalisé le rêve de Coménius. Que prêche-t-il encore et plus

fort que jamais? Le respect de l'enfant, la liberté de l'enfant, le développement des sens, le travail par le

LA LIBfüd'E A LA MAISON DES PETITS 5

jeu. Des progrès immenses sori.t réalisés dans tous les pays; n'oublions pas de dire que Genève est une des premières villes qui accueillent les idées nouvelles et les mettent en pratique.

Un demi-siècle s'est écoulé, les jardins de Froebel se sont multipliés, mais les imitateurs les plus enthou­

siastes n'ont souvent aperçu que le côté extérieur de sa méthode. Ses procédés n'étant plus animés de l'idée pédagogique ont alors dégénéré en un froid mécanisme.

Aujourd'hui, un nouvel appel se fait entendre, tou- jours plus pressant, plus insinuant. C'est de l'Italie que la Doctoresse Montessori lance une fois de plus

le cri de : « Liberté pour l'enfant! » De nouveau, comme jadis aux époques mentionnées, parents, éducateurs, chacun s'agite ; il y a un moment de malaise, de perturbation.

Mais la voix est entendue au près et au loin ; en Suisse, en France, en Amérique et ailleurs l'exemple est suivi, le nombre des disciples augmente.

Après de longues années d'observations incessantes et de recherches approfondies, Mme Montessori fait connaître le résultat de ses expériences. Son livre, la Casa dei Bambini, a fait grand bruit dans le monde pédagogique.

Avec beaucoup de hardiesse, Mme Montessori ren- verse bien des traditions invétérées. Ce qu'elle réclame plus que jamais, c'est l'éducation à base de mouve­

ment, d'indépendance, de liberté.

Nous ne pouvons nous prononcer sur la valeur de toutes les méthodes, de tous les procédés qu'elle pré-

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6 L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

conise, mais dans leur ensemble, appliqués avec inte

ligence et mesure, ils contribueront puissamment à assurer la victoire définitive de l'enseignement actif et

vivant sur l'enseignement verbaliste qui exige l'im­

mobiliet le silence.

Mme Montessori reprend le principe essentiel des

grands pédagogues : « Le développement des sens ».

Pour cela elle a composé un matériel tout spéciale­ ment destiné à la culture des organes des sens favo- risant précisément cette indépendance et cette liberté indispensable au développement intégral de l'enfant.

Voyons maintenant, à notre Maison des Petits, qui n es

'

t pas une école montessorienne, ce que donne

l'application du principe de cette liberté prêce par tous les grands pédagogues de l'enfance.

Entrons, les bambins sont à l'œuvre. La jolie salle est décorée de belles feuilles aux couleurs d'or que

les menottes ont ramassées et cueillies en venant à l'Ecole. N'est-ce pas là la « Chambre familiale » ?

Petits et grands sous le regard attentif de leurs édu­

catrices déploient une joyeuse activité.

Ici un petit groupe de constructeurs édifient : mai­

sons, églises, villes et villages.

Là, quelques dessinateurs accompagnent leurs œu­

vres de mille gestes et explications.

Dans un coin, une fillette chante doucement en ber­ çant sa poupée.

Près de la fenêtre, quelques enfants sont fort occ

s à boutonner, nouer, lacer, agrafer; un petit bonhomme, fier de mettre en pratique les notions

LA LIBERTE A LA MAISON DES PETITS 7

acquises, fait la ronde et inspecte les tabliers de tous ses camarades.

Un autre, les yeux bans, place et déplace des

« encastres » essayant de les remettre dans le vide

correspondant, ce qui est un jeu très amusant.

D'autres encore lisent, écrivent, calculent. Etendus sur un tapis, deux ou trois bambins regardent un

album. Cette position est si bonne pour les petits, pourquoi l'interdirait-on?

Les enfants vont et viennent, se servent eux-mêmes,

choisissent leur travail, échangent leurs impressions, donnent et reçoivent des conseils.

L'observateur superficiel qui recherche la discipline

dans le silence et l'immobilité serait tenté de dire :

« Quelle indiscipline! >>

Mais, voyez là-bas ce petit bonhomme marchant

sur la pointe des pieds, se donnant une peine infinie

pour transporter chaise et table.

Là, une petite blondinette attend patiemment que

son amie ait terminé son jeu favori qu'elle convoite depuis quelques minutes déjà.

Puis voici quelques grands absors dans une lec- ture attrayante qui clame le silence parfait.

Ils agitent un drapeau blanc brodé de bleu, aussitôt les petites voix se taisent, plus un pied ne remue. Par quel effet magique ce silence est-il obtenu? Il faut

connaître Phistoire du drapeau ! Je l'emprunte au

cahier d'observations journalières:

Février 19J4. - Depuis quelques jours les enfants sont excités. Je ne sais trop à quoi en attribuer la cause.

Que faire pour obtenir un peu de silence volontaire? Je

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8 L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

prends un grand mouchoir et l'attache autour de ma tête (sur

�es oreilles), je m'assieds au milieu de la classe, je regarde, J'attends!

Tous les petits yeux se tournent vers moi; étonnés, quelques­

uns effrayés mê:ne. Un silence parfait s'établit un des pet,

'

its s approche et me dit:

- On t'a cassé ta tête?

Les grands, quelque peu consternés, disent: "Oui, c'est vous, les petits qui avez fait mal à la tête à Mademoiselle. "

Le silence est sérieux, il dure plus d'une demi-heure! Avant d. e part. ir, un des grands (6 ans) vient me dire: « Mademoisell. e

'

;e sais, pour que les peuts fassent du silence il faudrait faire un signe, parce que quand on crie, ils crient encore p!us fort l » Le lendemain le silence est réclamé. Notre bonhomme sort

�on petit mouchoir et l'agite, puis le silence complet obtenu, 11 fait part de son projet: « Moi, je n'ai jamais besoin de me moucher! je peux prendre mon mouchoir, ça fera un beau dra­

peau ... ,, Chacun est satisfait, le mouchoir est fixé à une ba­

guette, il est agité au-dessus des têtes.

On entend une petite voix: « Ça fait un drapeau de plus que j'aime, celui de la Suisse, celui de Genève, celui du Silence ,, - et le bonhomme les dessine sur la muraline.

Un des grands donne cette explication: « Le drapeau suisse c'est pour servir son pays, le drapeau rouge et jaune pour servir Genève, et le drapeau blanc pour servir la Maison des Petits. » Le drapeau est aimé, est respecté. Cette année (sept. 1915) à la rentrée, les fillettes ont désiré broder le mot « Silence" sur ce drapeau.

Nos petits ont appris eux-mêmes à tracer la ligne qui marque la frontière entre le toi et le moi. Non sans lutte, cependant; il y a eu des combats intérieurs souvent, des combats extérieurs très souvent.

La discipline active et libre est difficile à obtenir, c'est la seule '{Ui ait de la valeur. Son exercice pratique contient en lui-même le plus noble principe éducatif.

_Novembre 1914. - Un bambin de cinq ans, débordant de

vie, de force musculaire, incapable de contrôler ses mouve-

LA LIBERTÉ A LA MAISON DES PETITS 9 ments, fait la joie, mais plus souvent encore le malheur de ses camarades.

ll renverse tables et chaises· y a-t-il une jolie construction?

vite un coup de pied pour la mettre à bas! Un joli dessin sur la muraline? il y passe la main !

Lorsque les grands travaillent tranquillement il s approche

de leurs tables et en un clin d'œil fait disparaitre sur le plan­ cher: cahiers, crayons, pastels.

Que faire? bien des semaines se passent sans obtenir aucun résultat. Nous l'avons isoà plusieurs reprises.

22 janvier 1915. -Notre petit est três désagréable, il ennuie tous ses camarades. Je fais signe du doigt à tous les enfants de me suivre. lis ont compris, nous nous babillons, sortons et l'ab_a ndonnons complètement. Dans la chambre à côté, une stagiaire reste et le surveille sans qu'il s'en doute.

Dans le. plus grand étonnement, il s'assied, s'aperçoit qu'il est tout seul, mais ne semble pas comprendre complètement sa

situation.

Le procédé est répété une seconde fois un peu plus tard, puis

une troisième fois. Le petit a été abandonné, mais, tandis qu'il est seul, il relève tout ce qu'il avait volontairement lancé à terre (crayons, pastels etc.).

Le lendemain, il prend sa petite chaise, vient s asseoir à la table d un des grands et lui dit : « Hein, c'est beau ça que tu fais! je veux. rien te prendre 1 » Il va ainsi de table en table et contemple les petits travailleurs très étonnés du changement.

Le surlendemain, il s'installe et nous dit: « Moi aussi, je veux travailler ! »

Voilà l'enfant vraiment discipliné, celui qui est libre de sa personne et de ses actes, celui qui est capable de s'astreindre de lui-même et par raison, à l'obser­

vation d'une règle de vie et de conduite.

Ce n'est pas tout seul que l enfant arrive à ce résul­

tat. Une influence doit se faire sentir, celle de l'édu­

catrice dont le rôle est d'observer sans cesse, de guider,

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IO L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

de surveiller, mais toujours en limitant son interven­

tion.

Pour tous les travaux à accomplir, elle doit s'em- parer des idées de l'enfant pour les faire valoir; elle doit reconnaître la valeur de ses goûts et de ses désirs, qui sont comme le pressentiment de ses aptitudes.

Voici un exemple de ce travail suggéré par les enfants, accepté et dirigé par l'éducatrice :

Fabrication d'un coucou.

Octobre 1915. - Depuis deux jours les enfants sont fascinés par la vue d'une nouvelle pendule. A chaque heure annoncée par le coucou,' les petits accourent. Bientôt, les plus grands n'ayant pas de pendule dans leur classe n'ont qu'une idée: en posséder une pareille.

Ensemble, ils se concertent, discutent; la question des poids est embarrassante et les arrête dans la recherche de l'exécution.

Quelques jours se passent, la fabrication du coucou paraît être oubliée, mais un des enfants y pense constamment aux heures de loisir, il cherche dans le jardin des cônes qu'il compare, mesure et pèse.

Un jour, il s'écrie joyeusement: n Nous pouvons faire le coucou, j'ai deux poids de la même longueur, de la méme gros­

seur. « Pour lui, c'éta:t la partie essentielle. Il fait part à ses amis de sa trouvaille, et tous reprennent l'idée de fabriquer la pendule.

Rien de plus intéressant que d'assister au travail qui est distribué et choisi par les enfants eux-mêmes: l'un découpe et dessine le cadran, l'autre exécute la partie sculptée. Un troi­

sième le petit toit, un quatrième le balancier. Les fillettes fabriquent en coton les chaînes destinées a soutenir les poids.

Puis, grimpé sur une chaise un bambin attend avec anxiété l'apparition du coucou afin de voir ses couleurs pour colorier le petit oiseau de bois qu'il a préparè.

L'œuvre terminée est charmante, rien n'y manque, sauf le

mouvement. Et pourrant, à chaque heure les aiguilles sont avancées et le coucou chante !

Initiative, persévérance, esprit de suite, habileté, intelligence, bonne entente, division de travail, tout est réuni.

LA LIBERTE A LA MAISON DES PETITS II

C'est dans la liberté que s'acquièrent les qualités essentielles de l'homme d'action. Si la contrainte fav

rise la dissimulation et l'hypocrisie, la liberté provo- que la franchise, la sincérité. . . . , ,

Encore un exemple tiré de notre vie iournahere a la Maison des Petits.

2 o octobre I 9 15. - Monsieur Guignol a sa place à la Mai- son des Petits, et fait passer à tous d'heureux moments.

Il raconte aujourd'hui l'histoire de Chaper?n rouge. L� vonc._

contrefaite devient fatiguée et quelques acces �e to�_x mter_­

rompent l'histoire. Dans un intervalle, une pente voix se fan

entendre:

« Vous nous «embêtez», M. Guignol; avec votre toux, on n'entend plus l'histoire! » .

M. Guignol, stupéfait de cette 1":1poht�sse, �emande qui parlé de la sorte. Un silence s'établit. Mais apres que�ques m�­

nutés deux petits pieds remuent, un bonhomme se leve et dit d'une voix chevrotante :

« M. Guignol, c'est moi, c'est Gabriel... je vous fais toutes mes excuses ».

C'est encore cette liberté qui éveille chez l'enfant l'esprit de justice, qui donne la notion du respect.

Chefs Gaby et Isahr

Eliane

de tous les travaux d� corridor Linette

Roger Michel Loulou Margot Lucien

du lavabo de l'ordre des portes des dix-heures de la muraline

du silence

Le petit écriteau que voic1 se trouve sur la porte de la classe.

Ces chefs ont été choi­

sis par les enfants eux­

mêmes, et leur uavail est consciencieusement ac­

compli chaque jour. li est à noter que le chef des

«dix-heures» a èté parti­

culièrement choisi pour ce travail, parce que ses

« dix-heures », à lui, traînaient toujours à terre. Depuis ce

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12 L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

moment, son pain se trouve dans la corbeille. Les deux chefs de tous les travaux ont demandé aux petites filles de leur bro­

der des brassards afin que l'on reconnaisse leur supériorité; ils remplacent les chefs absents, et veillent à l'ordre en toute occasion.

C'est dans le jeu et par le jeu que se sont fores ces individualités qui sauront s'adapter aux circons­ tances de la vie. On oublie, et à l'heure actuelle plus que jamais, que le jeu est l'attitude psychologique de

l'enfant. Au contraire, n'entendons-nous pas dire sans cesse : L'enfant joue, il ne fait donc rien d'utile.

Le plus grand nombre des parents, encore, ne con­

sidèrent comme important et de valeur, que les exer­ cices de lecture, écriture, calcul.

r Il est temps que nous comprenions que malgré leur

\ néc1 essité ce ne sont point là les connaissances essen-

\ tielles à l'enfant. Pestalozzi l'a dit: Nous n'avons que

;des écoles d'alphabet, d'écriture, de catéchisme, ce ,,qu'il nous faut avant" tout ce sont des Ecoles d'hommes.

iC'est cet idéal que se propose la Maison des Petits. S'il est atteint, ce sera grâce à la précieuse collabo­

ration de M11e Lafendel, qui a bien voulu accepter cette année de diriger avec nous la nouvelle Ecole. Celle-ci compte aujourd'hui 45 enfants de 3 à 8 ans,

11 stagiaires, élèves de l'Institut J. J. Rousseau, et plusieurs auditrices.

Novembre 1915.

M. AunEMARS. ,,,-

NOTRE TROISIÈME ANNEE 13

Notre troisième année.

Extraits du rapport sur l'exercice I9II9I5. ... Ayant terminé notre deuxième année avec 4_7 _élè­

ves nous avions lieu de penser que nous rouvnnons l'hi�er dernier avec 60 élèves. Au lieu de cela, nous nous sommes trouvés "35. Et l'été 1915 loin de nous amener un accroissement, a été seulement le signal

de départs. Nous avons fini l'année avec 28 élèves réruli.ers. Aussi pour le dire, en passant, étant tombés

t, . , , .

de 47 à 351 de 35 à 28, n'euss10ns-nous pas ete surpris de n être que 20 cet hiver. En fait, nous som�es plus nombreux et nous pouvons espérer que le point mort au-dessou� duquel nous ne descendrons pas, a été atteint.

Chose curieuse, la diminution de l'an dernier a porté en premier lieu sur les Suisses. Une forte ?r�­

ponion de ce:UX qui s'étaient annoncés se sont la1s_ses arrêter en ce mois de septembre de funeste mémoire, où tout paraissait suspendu. Sur les 35 élèves de l'an dernier il n'y avait que $ Suisses, plus exactemet 5 Suissesses. Les autres ressortissaient des Etats s

vants : Russie (Israélites, Polonais, Lettons) 13 ; Empire ottoman (Turcs, Isrlites Arméniens, Grecs, Bulgares) 10; Italie, 2; France, 1 ; Angleterre, 1 ; Allemagne, 1 ; Roumanie, 1 ; Brésil, 1.

Mais c'est sunout dans le nombre d'auditeurs que

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