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L'Intermédiaire des Educateurs - Mars 1914

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Journal

Reference

L'Intermédiaire des Educateurs - Mars 1914

BOVET, Pierre (Ed.)

Abstract

Revue éditée par l'Institut J.-J. Rousseau / Ecole des sciences de l'Education de 1912 à 1920.

A fusionné avec L'Educateur.

BOVET, Pierre (Ed.). L'Intermédiaire des Educateurs - Mars 1914. L'Intermédiaire des éducateurs , 1914, vol. 2, no. 16, p. 81-96

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:127878

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1 / 1

(2)

// Intermédiaire des 1::ducateurs, n° 16, 191't,

L'intermédiaire des Éducateurs

2• ANNEE - N° 16 - MARS 1914

NOS AMIS:

M. Emile Jaques-Dalcroze.

Emile Jaques-Dalcroze est d'origine vaudoise; mais­

il est devenu Genevois par son éducation et son acti­

vité pédagogique.

A la fois compositeur de �usique, poète, libret­

tiste, excellent pianiste, il est surtout pour 'nous le grand pédagogue; c'est, du reste, son talent pédago­

gique que Jaques-Dalcroze apprécie le plus lui-même.

Cette vocation éducatrice, cet amour de l'enfance se sentent déjà dans les nombreuses compositions destinées aux tout petits et où

·l'âme juvénile a été

tendrement pénétrée par Jaques-Dalcroze; mais cet amour s'est encore affirmé, dans un long et patient enseignement du solfège et de la composition,· donné durant plus de r 5 années à Genève, enseignement qui a fait éclore la véritable, la plus originale des créa­

tions de Jaques-Dalcroze : sa gymnastique rythmique, ou la nommant d'un terme plus général, sa discipline

rythmique.

Déjà, pour son solfège, Jaques-Dalcroze employait couramment l'intervention vivante du geste: il aimait les mouvements simples et spontanément justes des·

enfants, il les incitait à diriger les chœurs d'ensem­

ble, et, dans le domaine de l'enseignement, il savait comme personne(< faire deviner)),(< réinventer», assou­

plir les esprits par un constant intérêt, où la musique

devenait une entité vivante et non un aride problème

de mathématiques.

(3)

L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS.

Au cour

s

de c

es

remarquable

s

leçon

s

d

e s

olfège, qui allai

e

nt d'année en année

s

e perfectionnant, Jaqu

e

Da

l

croze remarqua l'appui

s

olide, concret qu

e

le geste offrait à la mu

s

ique,

s

oit pour la me

s

ur

e

r,

s

oit pour l'exprimer.

De c

e

be

s

oin naturel du geste naqui

t

l'idée de lui subordonner toute l'éduca

t

ion mu

s

icale et, par la suite, tou

t

e l'éducation en général.

D'abord timidemen

t

, le

s

no

t

ations du

s

olfège, les note

s e

t leur

s

valeur

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'exprimèr

e

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mouve­

ment

s

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s

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, pui

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à peti

t

,

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e perfec_­

tionnan

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,

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e compliquant au fur e

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ure que le

s

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découv

e

rt

s

'élargi

ss

aient, au fur et à m

es

ure que l

es

ton

s

devenaient images ou expre

s

­ sion

s

animiques, la «gymna

st

iqu

e

» devin

t

la « plas­

tique>> ac

t

uelle.

La valeur pédagogique de la méthode suivit la même courbe : d'abord école primaire de l'expres­

sion musicale, elle est devenue maintenant une école complète du caractère.

E

t

c'e

st

maintenan

t

comme libérateur du corps humain, comme le réformateur de l'exprès

s

ion du sentimen

t

non

s

eulemen

t

dan

s

le domaine d

e

la mu

s

que ou .d

e

l'art, mais de la vie entière, qu

e

nous saluon

s

, dan

s

no

t

re journal, le nom d'Emile Jaque

s

­ Dalcroze.

D

r

L. W.-B.

�- J�ques-�al�ro.ze est né à Vienne (Autriche) le 6 juillet x865,.

mais 11 fut eleve a Genève. Après des études aux Conse

vatoires de Vienne et de Paris, il fut nommé professeur d'har­

monie au Conservatoire de Genève, en r892. Dès r893, il a composé une série d'œuvres musicales: L'oratorio La Veillée,

NUS ENQUÊTES

1g931 Ja,mie, opéra en 3 actes, 1895; Le Poème alpest:e, 18?6;

Sallcho comédie lyrique, 1897; Le Bonhomme Jadis, opera,

1go6;

L es

Jumeaux �e Bergam�, opéra-comique, .1�08., ll � composé aussi le Festival vaudois, de 1903, et une sene d œu

vres diverses, parmi lesquelles ses célèbres Chansons ro:nandes,

18g3, Chariso11s populaires romandes, 1899; C�a:1sons d enj�nts, 1900-1902; Rondes enfantines, 1899, etc. (éd1tees par Jobm, à

Lausanne.) . ,

Depuis une dizaine d'anes Jaques-Dalcroze, e�trepr1t a Genève des leçons de • solfège des mou�ements » d _ou se déve­

loppa, peu à peu sa célèbr� gyi_nnasnque rythmique. Il en

exposa les principes et la didacuque ?ans de� gr?s volumes publiés en 1907. En 1910, il fut appele de Geneve a Helleraui près Dresden, où un riche amateur, W. Dohrn, _créa pou� lui un Institut spêcial, l'Institut Jaques-Dalcro;-e; 11 y e�se1�ne aujourd'hui une foule d'élèves de tout âge. Une pu_blicauon périodique, Der Rythmus, expose I activité de cet lnsntut et de son génial directeur.

. ..

En 1910 l'Université de Genève décerna _à son ancien eJe,,e Jaques-Dalcroze, le grade de docteur honoris causa.

NOS ENQUÊTES:

La durée du sommeil des enfants et des adolescents.

Nous sommes heur

e

ux de pouvoir publier le

s

s

ul­

t

a

ts

relatifs à l'enquête sur la durée du somn1eil des enfan

ts

(v. Inte1·médiaire, 1

re

année, n

°

2, P· 24)._ De nombreu

s

e

s

réponses nous sont parv

e

nue

s

. En aiou­

tant à c

e

lles de Genève celles qui nou

s

sont venue

s

du r

es

te de 'la Suis

s

e, de France, de Belgiqu

e

, d'Alle­

magne, il y en a eu pre

s

qu

e

700. Un

e

�quantaine ont dû êtr

e

éliminée

s

pour différentes raison

s

. 450 feuille

s s

eulemen

t

donnaient de

s

résultat

s

comp

lets

.

Les observations ont toutes été prises pendant les

moi

s

d'hiver 1912-1913.

Un de nos collaborateurs nous a fait une très Juste

(4)

L'INTERMEDIAIRE DES ÊDUCATEURS

remarque; c'est que l'heure à laquelle les enfants

·se

couchent n'est pas celle où ils s'endorment. Il petit y avoir entre ces deux moments un écart considérable, d'ailleurs fort difficile à déterminer. Il en résulte que les durées que l'enquête nous indique dépassent celles du sommeil réel. Nous pensons cependant que cet écart ne doit guère dépasser 15 ou 20 minutes, la plupart des enfants s'endormant très vite après le moment où ils se sont mis au lit. Nos moyennes, et surtout leur variation avec l'âgé, conservent ainsi tout leur intérêt.

En dépouillant cette enquête, nous avons constaté que le sommeil du dimanche au lundi était assez dif­

férent, quant à la durée et à la qualité, de celui du mercredi et du samedi. Nous n'avons donc tem.i compte que des réponses relatives à ces deux derniers jours et nous les avons additionnées. Nous avons obtenu ainsi le tableau suivant dont les indications

sont données en pour cent.

Sur IOO individus de chacun des ages .... indiqués

à

dorment:

8 h. g_h. 10 h. lJ h.

moins à a à à 12 h.

de 8 h. 8 h. 1/1 9 h. 1/1 10 h. 1/t li h. 1/s et plus.

7 ans 1,54 4,6 24,6 47,7 21,5

8 ans 2,2 10,3 �,6 46,6 11,1

9 ans 1,9 2,6 16,9 ,4 33,7 10,4 10 ans 4,9 8,5 25,3 35,2 22,5 3,5

1, ans 3,7 11,- 33,5 31,4 17,3 2,6

12 ans S,43 12,9 27,4 39,3 11,8 2,7 13 14 ans 8,7 15,8 3o,- 38,- 7,6

ans 2t� 16, l 38,7 32,2 3,2

15 ans 33,3 23,3 15,- 1,6

16 ans 22,2 49,-- 22,2 6,6 17, 18, 19 ans 22,2 60,3 15,9 1,6

NOS ENQUÊTES

Quant à la durée moyenne du sommeil suivant les âges, elle est figurée par la courbe suivante :

Ill, 10h 9h

7h

7 ans l 1

8

)) IO 9 )) 10 10 )) 9 J 1 )) 9 17,

h.

9 10

ans ans ans 11 a115 12

5

mm.

44 )) 3o ))

45

)) 48 ))

12

13 14 J5 16

l 3 14 15 16 à 19 17

on5 am, àns ani àn.s.

ans g h. 38

mm.

)) 9

21

))

)) 9 12 ))

)) 8 23 ))

)) 8 20 ))

18 et 19 ans,

8 h. 10 minutes

1•

L'enquête nous a appris que, sur 450 enfants, 246 s�ulement couchaient seuls dans leur lit. Les autres dorment 2, 3 et 4 dans le même lit.

Quant à ceux qui dorment avec la fenêtre ouverte, ils sont très peu nombreux, 41 sur 450, soit le 9,25 °/o.

Nous avons également posé des questions sur la nature du sommeil et la nature du réveil. Voici les

1 Il est i.ntéressant de constater que oos résultats concordent d'une façon très étroite avec ceux publiés récemment par TEltMAN et HoCXING (Joum. of ed. Psycho!. 1913) à la suite d'une enquête poursuivie chez 2692 s�jets de 6 à 20 ans. Voici ces résultats: De 6-7 ans, 1 r h. 14 de sommeil en moyenne; 7-8a,u: 1oh.41; 8-9a,u: 1oh.42; 9-1oa11.s:

10h. 13; 10-11an.s, 9 h. 56; 11-12 am: 10h.;12-13a,u;9,h. 36;

1 J-14 ans: 9 h. p; I4-15 ans: 9. h. 6; r 5-16 am: 8 h. 54; 16-17 am:

8h,. 30; 17-19 ans: 8 h. 46; itruiia11ts: 7 h. 47.

(5)

86

L'INTERMÉDIAIRE DES ÉDUCATEURS

résultats obtenus : ·nous constatons un nombre plus faible de « bon sommeil »

[b]

et un nombre plus élevé de

«

sommeil interrompu ou agité » [z1 pour le lundi;

et c'est ce même jour que nous trouvons le plus de réveils provoqués (soit facilement

[pf],

soit difficile­

ment

[pd])

et le moins de réveils spontanés [s].

Nature du sommeil.

lundi mercredi samedi

328 74 °lo

b

351 1 78 °l

o

3401 77 °l

o Nature du réveil.

pf lundi 1

77 39,8 °l

o

me1·credi

171 { 38,o °1

o

samedi

135 j 31 ,4 °lu

33 7,4 °lo pd 28/ 6,1 °!o 31 1 7,3 °lu

117 26¾

i

991 22 o/11 102 I 23¼

234 52,7

s

¾

253 { 55,g °lo 264 I 6i,4 °lo

Ces chiffres semblent indiquer que, le lundi matin, les enfants ont plus de peine à s'éveiller spontanément; dans 52,7 des cas seulement le réveil est spontané, tandis que, si l'on prend la moyenne du mercredi et du samedi, on voit que ce pour cent s'élève à 58,7. La première question qui doit se poser est celle de savoir si cette différence de 6 °/o entre 52,7 et 58,7 est due au hasard, ou si elle tient réellement au fait que le lundi matin le sommeil serait plus profond. Pour résoudre cette question, il faut recourir aux formules du calcul des probabilités. Celles­

ci nous apprennent que, si le hasard jouait seul, on obtiendrait un écart probable se montant

à

3

°/o

environ. Ici, nous avons un écart de 6

°/o,

soit double de l'écart probable. Cela n'exclut pas la possibilité que cet écart soit dû au hasard, mais ça la diminue; nous pouvons dire qu'il y a onze à parier contr.e ùn que cet écart n'est pas dû au t-.asard seul, et qu'il est donc assez probable que le moins grand nombre de réveils spontanés

le ·

lundi matin tient bien

à

une cause spéciale. - Quant

à

la nature

de cette cause, elle ne parait pas difficile

à

imaginer: sans doute les enfants sont plus fatigués

le

dimanche soir parce qu'ils

ont

QUc6TIONS DIFFICILES

passé cette journée au grand air, ont fait des promenades, etc.;

ou aussi parce qu'ils ont accompagné ce soir-là leurs parents dans quelque spectacle, ou au café. Mais une enquête serait naturellement nécessaire pour é1ablir ce point.

Il y aurait bien d'autres questions que notre enquête pourrait mettre en lumière: la relation entre la longueur et la qualité du sommeil et les caractères psychiques des enfants; entre la nature du réveil et l'âge, etc. Mais il serait désirable de pouvoir fonder ces calculs sur un plus grand nombre de cas que ceux dont nous disposons. Nous espérons que des documents nouveaux nous seront encore envoyés, et nous nous réservons de revenir ultérieurement sur cette question.

Nous remercions vivement tous les enquêteurs, ainsi que ceux et celles qui, à l'Institut, nous ont aidé

à dépouiller les feuilles reçues.

A.

FOUILLOUX.

Questions difficiles.

Dans ce dernier trimestre notre Institut a consacré deux séries de leçons, à deux sujets fort controversés dans les milieux pédagogiques: l'éducation religieuse et l'éducation en matière sexuelle. Un grand nombre de nos amis, empêchés de suivre ces cours, nous ont demandé des renseignements à leur sujet; on ne trou­

vera pas mauvais que nous en disions quelques mots

lCl.

L'éducation 1·eligieuse à l'heure actuelle

La question de l'éducation religieuse se pose par­

tout aujourd'hui. Elle est très diversement résolue,

(6)

88

L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

non seulement par les programmes des écoles offi­

cielles des divers pays, mais par les parents, conscients de leurs responsabilités et par les -Eglises auxquelles ces parents se rattachent. Nul ne nie que la solution qu'on donne à ce problème soit de la plus grande importance. Une Ecole dont les ambitions sont aussi vaste que la nôtre, ne pouvait donc éluder la ques­

tion. Mais comment convenait-il de l'aborder sans enfreindre les principes de stricte neutralité confes­

sionnelle que nous nous sommes imposés? Rien ne nous interdisait, sans doute, de nous demander d'em­

blée : « Doit-on donner à l'enfant une éducation reli­

gieuse ? » - pas plus que de remettre en que�tion n'importe lequel des enseignements traditionnels :

« Faut-il enseigner la grammaire - ou l'histoire - ou la gymnastique? » Mais, dans le cas particulier, ne risquions-nous pas de nous perdre, presque fatale­

ment, dans des logomachies stériles ?

Nous avons pensé qu'il valait mieux, pour com­

mencer, rassembler sur l'enseignement religieux, tel qu'il est compris dans les principales confessions euro­

péennes, des données documentaires, et nous �vons demandé à un certain nombre d'hommes représen- ta tifs de diverses Eglises

1

de nous dire comment est organisée, à l'heure actuelle. l'éducation religieuse de l'enfant et de l'adolescent. L'auditoire habituel de notre Ecole; comprenant des représentants de ces diverses confessions, nos conférenciers pouvaient à-la. , fois renseigner des étrangers sur l'état de fait, et for-

1 Nous avons donné les noms de nos collaborateurs dans nos Chroniques de janvier et de février.

QUESTIONS DIFFICILES

muler des desiderata, ayant pour leurs coreligionnaires une portée pratique; la plupart n'y ont pas manqué, ils ont entremêlé la critique, forcément personnelle, à l'exposé objectif des faits. Reconnaissons toutefois que beaucoup de leçons ont eu un certain caractère apologétique: tous les orateurs, sauf un, ont donné clairement à entendre que, pour l'essentiel, ils étaient satisfaits, non seulement de leur Eglise, mais de la façon dont celle-ci comprend la formation religieuse de la jeunesse et la réalise.

Nous n'avons pas l'intention de résumer 1c1, en quatre pages, huit conférences, chacune très riche d'idées et de faits. Mais, peut-être n'est-il pas inutile de noter deux trois ou enseignements qui se déga­

gent pour nous de notre entreprise.

Et d'abord cette série de lecons a mis une fois de '

,

plus en lumière les variété de l'expérience religieuse.

Nous avions bien deviné que les divers confé­

renciers auxquels nous avions cependant posé la quesùon dans les mêmes termes nous feraient des réponses qui ne seraient pas exactement comparables et que ce ne seraient pas seulement les méthodes a édu,ation, les programmes d'instruction, qui diffé­

reraient, mais surtout la conception même du but à atteindre. Mais ces divergences sont apparues encore plus grande-s que nous ne pensions, et plus d'un ora­

teur a pris soin aussi de nous rappeler qu'il n'y avait pas unanimité au sein même de son Eglise, sur les problèmes qui nous intéressaient.

Dans la première leçon M. Lutoslawski, traitant

des conditions générales d'une éducation religieuse,

(7)

L,INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

avait posé que la religion est en tout cas plus qu'un enseignement et que l'instruction ne saurait être qu'une partie de l'éducation religieuse. M. Ginsburger n'a pas pu souscrire à cette affirmation. Et si quel­

ques-uns de ses auditeurs avaient prétendu en tirer cette conclusion que le judaïsme ainsi entendu n'est plus une religion, il aurait certainement répliqué qu'à ses yeux c'était plutôt le protestantisme qui ne méri­

tait pas ce titre, etc.

Ce qu'il est intéressant de constater, ce n'est pas seu­

lement que la diversité est très grande, c'est qu'elle est plus grande qu'orateurs et auditeurs ne le savaient.

Preuve en soit ce fait que, malgré beaucoup de bonne volonté et d'égards réciproques, des paroles ont été prononcées, par ignorance ou par oubli, qui ont pu non seulement étonner mais froisser certaines caté­

gories d'auditeurs.

Il faut dire que, sans le chercher, notre auditoire réalisait un véritable parlement des religions • en miniature : mahométans, juifs, nestoriens, orthodoxes grecs, catholiques romains, protestants s'y rencon ..

traient, jeudi après jeudi, avec des hommes et des femmes dont l'attitude religieuse, areligieuse ou irré­

ligieuse ne se laisserait pas décrire d'un mot.

La seconde remarque générale qui s'impose-à nous à la fin de cette série de conférences, c'est qu'aucune des éducations religieuses qui nous ont été présentées' ne se fonde sur la connaissance de l'enfant et de son développement. Nous ne disons pas que dans aucun�

confession on ne tienne compte de la nature de l'enfant. Nous avons au contraire admiré, à plusieurs

QUESTIONS DIFFICILES

reprises, le parti que l'on tire déjà de certaines intuitions psychologiques. M. Ginsburger a marqué avec force que le récit des persécutions subies par son peuple fait plus pour donner à un enfant juif la conss cience de ce qu'il est, que ne feraient des pages dê catéchisme. MM. Moro et Goyau ont souligné -très justement et avec force la manière dont la pratique religieuse peut soutenir l'idée et le sentiment�

M. Gampert a indiqué la transformation des manuels d'instruction religieuse employés dans le protestan

.;.

tisme : de dogmatiques qu'ils étaient, ils sont deve­

nus historiques, psychologiques, sociaux par leur plan et par leur inspiration. .

Mais, partout - même dans ces Sociétés de culture.

morale dont nous a parlé M. Millioud - il semble que l'on pense d'abord à l'histoire, à la tradition, _à l'Eglise: à l'expérience d'autrui, pour ne vemr qu ensuite à l'enfant.

Cela est-il inéluctable? Cela est-il nécessairement lié au concept de religion ou à celui d'éducation?

Peut-être. Nous n'en sommes cependant pas per­

suadé.

Pour nous mieux faire comprendre, nous risque- rons une comparaison. L éducation religieuse, dans­

ses représentants les plus éminents, n'en est qu'à.

Herbart - pourquoi n'en arriverait-elle pas à Dewey?

Elle utilise les intérêts de l'enfant, elle ne se met pas encore au service de ces intérêts.

Sans doute, les écoles de chez nous, et les program­

mes et l'opinion courante ne sont pas plus avancées

en matière profane - et il reste dans la conception

(8)

L'INTERMÉDIAIRE DES ÉDUCATEURS

biologique et fonctionnelle de l'éducation bien des points à éclairer. Mais l'on marche de ce côté-là.

Il nous paraît que c'est dans la même direction que devraient aller aussi les éducateurs religieux. M. Flour­

noy faisait l'autre jour, à l'Université, une leçon, à laquelle assistaient beaucoup d'élèves de l'Institut, sur les religions considérées au travers de la psycha­

nalyse, et il cherchait à y dégager la signification vitale de chacune d'elles, pour l'individu - et partant pour la société. Il y a là, cela paraît certain, une voie à suivre pour les éducateurs religieux. Ils seraient amenés ainsi, par l'enfant lui-même, à faire un triage parmi les moyens que la tradition de leur Eglise met à leur disposition pour aider à l'épanouissement et à l'affranchissement de l'homme.

L'éducation en matière sexuelle.

Ce sujet présente avec le précédent ce_tte seule, res­

semblance de ne pouvoir que très difficilement être exposé d'un.e manière objective, et de s'imposer pour•

tant à l'attention de quiconque s'occupe d'enfants.

Nous n'avons pas cherché à dissimuler les diffi

,,

cuités du problème et les solutions contradictoires que l'on en esquisse. Au risque d'accentuer ces oppo­

sitions, nous nous étions adressés à plusieurs spé

-,

çialistes, sans rien leur demander des conclusions auxquelles ils aboutiraient, nous contentant .de savoir qu'ils parleraient en leur âme et conscience. N'avons­

nous pas proclamé, en effet, que le but de notre Ecole était non d'endoctriner mais d'orient�r? Nous avons ainsi parcouru- trop rapidement, cela va sans

QUESTIONS DIFFICILES 93

dire, - des chapitres de psychologie, d'hygiène, de physiôlogie, de médecine, de biologie pour aboutir à la pédagogie en traitant de l'instruction en matière sexuelle et de l'éducation au sens étroit du mot.

Nous avons eu personnellement l'impression que le problème pouvait être posé en termes de psycho­

logie, à peu près comme suit :

Quelles sont précisément les relations existant entre le désir sexuel et les autres grands intérêts cons­

cients de l'enfant et de l'adolescent (aspirations esthé­

t�ques, scientifiques, religieuses, ambitions person­

nelles et sociales, goûts de l'aventure et du mouve­

ment)? Dans quelles mesures, par quels moyens, peut-on, sans inconvénient, faire servir ces intérêts à la dérivation des désirs sexuels?

En d'autres termes, le problème de la sublimation des énergies sexuelles - il nous paraît que c'est encore un problème, ou plutôt un faisceau de problèmes - s'est retrouvé dans les préoccupations de la plupart de nos conférenciers, à propos des sports et de l'éduca­

tion physique, à propos de la co-éducation des jeunes garçons et des jeune filles, à propos de la continence et des obstacles qu'elle rencontre.

Pratiquement, nous avons constaté une fois de plus

d'une part la distinction à établir entre éducation et

ü1struction, et d'autre part l'étroite parenté de toutes

les branches de l'éducation morale et sociale. Eu

présence du désordre formidable qui règne dans la

société contemporaine, pour qui la voit du point de

vue où nous nous étions placés, nous avons senti,

coalisés·contre le progrès, des obstacles d'ordre très

(9)

94 L'INTERMÉDIAIRE DES EDUCATEURS

divers; nous avons compris à nouveau pourquoi dans tout éducateur, quel que soit son tempérament, il y a, si l'on y regarde de près, l'étoffe d'un révolution­

naire.

P.B.

QUESTIONS ET RÉPONSES:

Questions.

27. LA COLLECTION D'ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES devant pu­

blier prochainement un petit volume sur l'école en plein air, nous serions très reconnaissants à nos lecteurs d'y collaborer en nous signalant les expériences - inédites ou non - qui ont été faites dans ce domaine avec des écoliers normaux aussi bien qu'avec des élèves de classes spéciales.

Réponses.

23. CINÉMATOGRAPHE SCOLAIRE. Le numéro février-mars de La Coltura Popolare donne des renseignements circonstanciés sur une entreprise,« Minerva 1>, fondée à Rome voici une année avec le double but de répandre dans le grand public des projections lumineuses instructives et éducatives et de faire pénétrer à l'école le cinématographe comme moyen d'enseignement. Le siège de la société est à Rome, via Sistina, 118.

Le même journal nous apprend que l'influence éducative du cinématographe vient d'être discutée à Glascow par le Congrès d'éducation dont M. H. D. Cotton, 140, West George Street, était secrétaire général.

LIVRES NOUVEAUX:

Georges RouMA. Pédagogie sociologique. L'influence des milieux en éducation. Neuchâtel, Delachaux & Niestlé, 1914.

Collection d'actualités pédagogiques. 290 p. in-80. 6 fr.

Marguerite EvARD. L'adolescente. Essai de psychologie expérimentale (même collection.) 214 p. in-80. 5 fr.

Ces deux nouveaux volumes de notre collection abordent des sujets très neufs. Le premier ordonne et résume une série

CHRONIQUE DE L INSTITUT

95

de travaux variés sur les influences physiques et sociales aux­

quelles l'enfant est soumis en y ajoutant Je récit de recherches personnelles. Le second raconte les résultats d;une série d'ex­

périences inspirées de Binet qui furent poursuivies pendant une année sur deux classes de jeunes filles de r 3 à r 5 ans ; l'intelligence, le vocabulaire, l'attentio-n, la mémoire, la sug­

gestibilité, l'affectivité de l'adolescente y sont successivement étudiés. - Nous sommes mal placés -pour faire l'éloge de ces livres qui trouveront d'eux-mêmes leur public. Disons au moins aux auteurs tout le plaisir que nous avons à les avoir pour collaborateurs.

Gaston BoNNIER. La méthode simple pour trouver le nom des fleurs, sans aucune notion de botanique. 2715 fig.

Neuchâtel, Delac·haux & Niestlé. 332 p. in-r2. 1 fr. 80. - Voilàl 'admirable livre de Bonnier rendu encore plus accessible à tous les budgets d'écoles et de particuliers. L'économie est rendue possible par la supression des planches en couleurs. Il faut avoir vu des petits de sept et huit ans appliqués à trouver par eul:-mêmes le nom d'une fleur pour comprendre quel mer­

veilleux auxiliaire de la curiosité naturelle de l'enfant ce livre constitue. Impossible de prouver à l'Arbeitsprin1ip, comme disent nos collègues allemands, une plus gracieuse application.

CHRONIQUE DE L'INSTITUT:

Les pages qu'on a lues plus haut nous dispensent de revenir ici sur nos conférences du mois de mars. Disons seulement que la doctoresse CaAMPENDAL a bien voulu consacrer la soirée du r4 mars aux auditrices du cours sur l'éducation en matière sexuelle, pour discuter, en une causerie familière qui fut extrê­

mement appréciée, le r6le de la femme dans cette éducation, et que M. Maurice MrLLtouo a clos le u, la série des conférences consacrées à l'éducation religieuse par une étude très fouillée sur les Sociétés de culture morale.

Une charmante excursion au Salève, le dimanche 15, a per­

mis de renouer avec la tradition de l'été dernier. Le chef de course esquisse déjà de nouveaux projets. Huit jours plus tard, chez M. et Mme Bovet, une soirée familière très nombreuse et très gaie clôturait le semestre.

Les vacances qui vont nous disperser marqueront malheu-

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L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

reusement le départ de plusieurs de nos élèves, Mlles Berstein, Kossmann et Simhovicz, et Mm• Souravitch. Nous garderons à ces amies de la première heure un souvenir très spécial.

Le cours de travaux manuels, dirigé par M. MATTHEY, s'est clôturé, le 2 r, par une exposition du matériel d'enseignement confectionné par les élèves, et dont une partie doit servir à des expériences de recherches. Ç'a été l'occasion d'admirer le parti nouveau que l'on peut tirer d'anciens jeux de lecture et de .vo­

cabulaire comme ceux que Robin avait imaginés pour Cempuis, et daris le même ordre d'idées, d'ingénieux jeux de chiffres.

Une planchette-pupitre très perfectionnée était exposée aussi en vue des leçons en plein air.

Disons à ce propos que de ce cours sortira, avec le semestre d'été, un service de renseignements pédagogiques destiné à fournir aux maîtres (gratuitement aux instituteurs primaires) les moyens d'illustrer leur enseignement et de le rendre plus concret. Ce service fonctionnera sous les auspices de l'Institut J .-J. Rousseau et dans ses locaux, mais sous la responsabilité personnelle de MM. Th. Matthey et Nicoloff. Dans leur pro­

�ramme nous relevons les rubriques suivantes : Confection de matériel pour l'enseignement moderne ; instruments et ma­

nuels nouveaux ; instruction par l'image ; leçons modèles, conférences, consultations graphologiques, etc. Heures d'ou­

verture, d'avril à juillet : matin, de 7 à 8 h. ; soir, de 6 à 7 h, 1 Pour les consultations par correspondance joindre un timbre pour la réponse.

Le programme du semestre d'été a paru. On le trouvera encarté dans ce numéro. - M. JAQUEs-DALCROZE a accepté de nous donner -deux conférences avec démonstrations et e-xercices·

sur la gymnastique rythmique.

La Société auxiliaire des Sciences et des Arts a bien voulu allouer à l'Institut J .-J. Rousseau une somme de 2000 francs;

pour aider au lancement des jeux éducatifs que nos lecteurs connaissent déjà, de la toise du D• Godin qu'ils trouveront annoncée sur la couverture de ce numéro, et de la méthode dé dessin de Mme Artus, sur laquelle nous aurons bientôt l'occa­

sion de revenir. Nous adressons ici à la Société auxiliaire l'expression de notre vive gratitude.

Deux nouveaux volumes de notre Collection d'actualités.péda­

gogiques viennent de paraître. Nous les annonçons sous, la rubrique des livres nouveaux.

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