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Les relations franco-tripolitaines à l'époque de Youssef Pacha, entre 1795 et 1832

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Submitted on 20 Aug 2014

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Les relations franco-tripolitaines à l’époque de Youssef Pacha, entre 1795 et 1832

Fawzia Matrud

To cite this version:

Fawzia Matrud. Les relations franco-tripolitaines à l’époque de Youssef Pacha, entre 1795 et 1832.

Droit. Université d’Orléans, 2013. Français. �NNT : 2013ORLE0001�. �tel-00952254�

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UNIVERSITÉ D’ORLÉANS

ÉCOLE DOCTORALE SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIET É

Laboratoire collectivités publiques THÈSE présentée par :

Fawzia MATRUD

Soutenue le : 2 avril 2013

Pour obtenir le grade de : Docteur de l’université d’Orléans Discipline/ Spécialité : Histoire du droit

L ES RELATIONS FRANCO-TRIPOLITAINES À L’ÉPOQUE DE YOUSSEF PACHA, ENTRE

1795 ET 1832

THÈSE dirigée par :

Michel Pertué professeur émérite d'histoire du droit à l'université d’Orléans

RAPPORTEURS :

Cédric Glineur professeur d'histoire du droit à l'université du Havre Sophie Evan-Delbrel maître de conférences d'histoire du droit à l'université

Montesquieu Bordeaux IV

MEMBRE DU JURY :

Éric Gojosso professeur d'histoire du droit à l'université de Poitiers

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Sommaire

Sommaire ... 2

Remerciements ... 4

Introduction ... 5

PREMIÈRE PARTIE LES RELATIONS FRANCO-TRIPOLITAINES DE 1795 A 1815 Chapitre préliminaire : Les relations Franco-tripolitaines avant de 1795 ... 19

Chapitre I: L E helle de T ipoli sous le règne de Youssef Pacha ... 62

Chapitre II : Aperçu sur les relations commerciales ente la France et la Tripolitaine ... 114

Chapitre III : La place et le rôle des relations extérieures dans la Régence de Tripoli... 236

Chapitre IV : les relations entre Tripoli et la France à l'épreuve des crises... 279

DEUXIEME PARTIE LES RELATIONS FRANCO-TRIPOLITAINES ENTRE 1815-1832 Chapitre I : Le climat au retour des Bourbons au pouvoir ... 388

Chapitre II : Les relations entre les deux pays à l po ue du o sul ‘ousseau. ... 407

Chapitre III: Les relations entre la Régence de Tripoli et la France de 1830 à 1832. ... 493

Chapitre IV : L i pa t des t ou les politi ues et o o i ues su le o e e e t e la France et la Régence de Tripoli ... 571

Conclusion ... 618

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Sources et travaux ... 628

Annexes ... 643

Liste des tableaux ... 698

Liste des cartes ... 699

Table des matières ... 700

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Remerciements

J ad esse a a t tout a g atitude et a e o aissa e au p ofesseu Mi hel Pe tu ui a a ept de di ige a th se. J ai eau oup p ofit de ses o seils, de ses e a ues et de ses critiques positives. Je le remercie également très vivement pour ses encouragements et sa gentillesse.

Parmi les personnes à qui je voudrais témoigner ma gratitude : Souad Merhoum qui a aidé à la relecture de cette thèse, et Danièle Moulin pour ses traductions de textes à partir de plusieurs ouvrages anglais. Egalement, je veux adresser mes remerciements à Janine Bocage pour son aide et ses conseils depuis o a i e e F a e. L aide de Mada e Bo age a t p ieuse da s la le tu e de te tes ti s de do u e ts du et du siècles. Grand merci aussi à Habib Boussadia pou ses o seils et so soutie .je ou lie pas aussi Nicole Peyras et Hélène Camus pour leur gentillesse.

E fi , je oud ais gale e t ad esse es e e ie e ts à tous eu ui o t aid à

la bibliothèque de Vichy, aux archives de la chambre de commerce de Marseille, et aux

archives du ministère des Affaires étrangères à Paris et également à tous ceux qui travaillent

aux archives de Tripoli.

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Introduction

Nous allons nous concentré sur la période de 1795 à 1832, car elle est très riche en bouleversements politiques très importants et cela est prouvé par les nombreuses études des historiens européens et arabes qui portent aussi bien sur les sujets politiques, économiques, sociaux, culturels centrés sur le bassin méditerranéen.

La F a e est au œu de la plupa t des e e ts a ua t ette p iode, ais il ne faut surtout pas oublier la Régence de Tripoli qui est elle aussi omniprésente dans le tableau international malgré sa petite taille. Pourquoi la fascination des Pacha pour la France ?

L o jet de ette tude est do ie de ett e e lu i e la atu e des elatio s diplomatiques et commerciales entre la France et la Tripolitaine, en nous concentrant plus pa ti uli e e t su l po ue de Youssef Pa ha Caramanli qui gouverna Tripoli à la fin du XVIII

e

siècle et au début du XIX

e

siècle. Cette étude essaiera de mettre en évidence l i po ta e de T ipoli pou la F a e et de d ou i e ue la ‘ ge e de T ipoli atte dait de elatio s a e la F a e à l po ue ui ous i t esse. Nous ga do s p se t à l esp it ue l espa e dite a e tait u lieu où s e p i ait la i alit e t e la F a e et la Grande Bretagne, rivalité qui était à son apogée à ce moment-là. Chacun de ces deux pays voulait imposer so auto it su et espa e, et su ie d aut es da s le o de, et ha u a donc cherché à créer des relations particulières avec les pays du pourtour méditerranéen.

Pa i d aut es, la T ipolitai e a t l o jet de et i t t, alo s u elle su issait des rises politi ues i te es. T ipoli de i t, pa e e ple, du a t l e p ditio du g al Bo apa te e Ég pte, u alli de hoi pou la F a e ui a ait esoi des po ts de la ‘ ge e et de l aide que celle-ci pouvait lui fournir.

L'objet de cette recherche est aussi de souligner le rôle économique de Tripoli par rapport à l'Europe, surtout après le début de la révolution industrielle. Les États européens étaient demandeurs de matières premières, mais aussi de débouchés pour commercialiser leurs produits manufacturés. Depuis toujours, l Af i ue tait u e se e de ati es p e i es et est do da s ette di e tio ue les i estigatio s se so t d elopp es.

D a s ette e he he, ous essaie o s aussi d lai e le ôle de T ipoli e ta t ue poi t

central capable de satisfaire les besoins de l'Europe, et en particulier de la France, en

ati es p e i es, ais aussi e ta t ue ase de d pa t e s l Af i ue, à la e he he de

minerais et autres produits.

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Malg so i po ta e da s l histoi e o te po ai e de la Li e, e sujet a pas eau oup ete u l atte tio des he heu s ui o t t ait des elatio s o e iales. E fait, la plupa t des do es o e a t e sujet p o ie e t d ou ages ui o ue t de faço g ale l histoi e de la fa ille Ca a a li. Puisque la France a joué un rôle important dans la vie politique et économique durant la Régence de Tripoli, nous essaierons de mettre ce rôle en évidence en nous attardant sur certains points qui nous semblent essentiels. Au premier chef, le fait que la France a cherché à établir des relations avec le Levant et la Barbarie non seulement pour obtenir des avantages pour son commerce, mais aussi pour p ot ge l e se le du o e e e M dite a e o t e l atta ue des o sai es d Af i ue du Nord. Ceux-ci, à cause de leurs capacités et de leurs activités continuelles, mettaient toujou s e da ge les o e es eu op e s. C est ette situatio ui a e a la F a e à souhaiter établir des relations avec le sultan ottoman et ensuite avec les gouverneurs d Af i ue du nord.

La ou se tait u l e t t s e a ua le à l po ue de Youssef Pa ha. Elle atteig it so apog e lo s ue e de ie a he a la o st u tio d u e es ad e fo te et edout e. O e a ue les t ait s sig s e t e T ipoli et les pa s d Eu ope e p chèrent pas toujou s les o sai es t ipolitai s d atta ue les a i es eu op e s, do t eu de la France. Ces agissements furent la cause principale des problèmes entre la France et la Régence. La course, qui constituait un pan important de la vie économique de la Régence, s est pou sui ie jus u e ; cette année-là, la France obligea Youssef Pacha à y renoncer à jamais.

La F a e a ie o p is l i po ta e de l e pla e e t de la ille de T ipoli e ta t ue poi t de liaiso e t e l Af i ue et l Eu ope . Tripoli est un marché depuis lequel les marchandises affluent vers les marchés européens et africains, aussi tient-elle une place de p e ie pla pe da t les ises politi ues e t e la F a e et l A glete e. Cette pa ti ula it prend tout son sens pendant la campagne française en Égypte, en 1798 : les Français se sont assu la oop atio du gou e eu de T ipoli pou l all ge e t du lo us a glais su leu s a es à Malte et e Ég pte. C est lui ui e o ait des p o isio s et des o espo da es à partir de Tripoli.

Le conflit franco-anglais permanent a eu des répercussions sur les relations franco-

t ipolitai es, la F a e et l A glete e oula t o te i des e t es o e iales et i pose

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leur hégémonie en Méditerranée ; e le t ait d A ie s sig e a pas pu ett e fi . De a i e logi ue, la lutte e t e la F a e et l A glete e a eu des effets su les o po te e ts de leu s o suls espe tifs et su les elatio s u ils e t ete aie t a e le Pa ha et sa ou ai si u a e les o les de la ille et les o e ça ts de T ipoli, u ils soient nationaux ou étrangers.

La plupart du temps, le Pacha tire profit de ce conflit entre les deux consuls, mais en revanche, ce conflit laisse parfois des traces négatives sur le gouvernement de Tripoli.

S ou e t le Pa ha h site, il e sait uel o sul age . D u e a i e g ale, le XIX

e

si le est a u pa la hute des fo es de la Ba a ie, ta dis u o o state l a oisse e t de la puissa e eu op e e.

Malgré les crises politiques qui ont pu survenir, les relations sont en général amicales, et cela grâce au penchant montré par Youssef Pacha envers la France. De plus, la France traite le Pacha de Tripoli comme un gouverneur menant sa Régence de façon quasi- autonome vis-à-vis du sultan ottoman. Cette attitude a donné aux relations franco- t ipolitai es u e ualit toute pa ti uli e à l po ue de e Pa ha ; cela est bien souligné dans les deux traités signés avec la France en 1801 et 1830 qui sont rédigés sans l i te e tio du sulta . D u aut e côté, on peut constater que les ordres du sultan sont souvent ignorés par Youssef Pacha, ceci étant une preuve que la dépendance de Tripoli e e s Co sta ti ople est u u e d pe da e o i ale. Celle -ci ne dépasse pas le discours fait, au nom du sultan ottoman, aux mosquées de la Régence. On remarque aussi la faible position de ce sultan en politique extérieure surtout en ce qui concerne les problèmes avec les puissances européennes comme la France : quand cette dernière était prête à détruire les muraill es de T ipoli, Co sta ti ople a pas agi.

Le XIX

e

siècle est aussi marqué par un élément qui a valorisé Tripoli aux yeux des

Eu op e s, est la p og essio de la d ou e te g og aphi ue de l Af i ue. La F a e et

l A glete e so t, là aussi, e o p ti tion dans leurs tentatives de pénétration des terres du

o ti e t oi , i o ues de l Eu ope e ti e à ette po ue. Cha u e d elle a hait su

les t a es de l aut e et ha ue pa s essa ait d e t a e les te tati es de l aut e. À pa ti de

1821, la compé titio s est e o e a e tu e e t e les deu pa s, au o e t où le o sul

f a çais et so ho ologue a glais o t te t d o te i du Pa ha so soutie et sa p ote tio

pou les e plo ateu s. La lutte a attei t so pa o s e ap s l assassi at de l e plo ateu r

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anglais Laing.

Les relations commerciales ont également joué un rôle important dans le resserrement des lie s d a iti les e t e les deu pa s. M e si la T ipolitai e a i e u e de i e position après les autres régions d'Afrique du Nord pour ce q ui est de l i po ta e économique et commerciale, la France ne néglige pas son commerce avec la Régence : elle a sig des t ait s e essa a t toujou s d o te i des p i il ges o e iau . O ote epe da t u elle e s est pas p o up e d ta li des t ablissements commerciaux à Tripoli qui était pourtant un marché important pour les marchandises africaines.

La F a e e s est pas o te t e d ta li des elatio s politi ues a e T ipoli, de signer des traités protégeant son commerce et sa navigation ou d o te i des a a tages, mais le gouvernement français a essayé de jouer un rôle dans la politique intérieure de Tripoli : quand la guerre civile a embrasé la Régence, à la fin du règne de Youssef Pacha, certains notables du pays ont compris que la France était le seul pays qui pouvait leur venir en aide pour régler cette question. On va voir que la France a joué le rôle qui lui était demandé, même si, dans un premier temps, elle a préféré la neutralité.

Au ou s de l tude de es sujets, ous ous effo e ons de répondre aux nombreuses i te ogatio s ui fu e t à l o igi e de ot e e he he. Il s agi a de d te i e à uelle époque et de quelle manière ont débuté les relations entre la France et la Régence de Tripoli et si la France avait des représentants dans des régions de la Régence autres que Tripoli elle- même. Il sera important de savoir si la France a poursuivi vis-à-vis de Tripoli une politique semblable à celle en usage au temps des pachas qui ont gouverné la Tripolitaine à la première époque ottom a e ou si des ha ge e ts se so t op s à l a i e au pou oi de la famille Caramanli, et plus particulièrement, lors de la prise de pouvoir de Youssef Pacha.

Quels sont les facteurs qui ont contribué à créer un semblant de rapprochement entre ces deux pays et Quelle était la nature exacte de ces relations, furent-elles établies sur un pied d galit et quelles en furent les grandes lignes. Quel fut le rôle joué par les consuls français à Tripoli aux plans politique et économique ?

Le pacha fut-il considéré par la France comme un gouverneur dépendant ou

indépendant du sultan ottoman et était-il prêt à suivre la voie qui avait été celle de ses

prédécesseurs à l'égard de la France ? Sur le plan de la politique économique, nous

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chercherons à savoir de quelle nature étaient les relations commerciales entre Tripoli et la F a e du a t ette p iode. Nous de o s d te i e uelle a t la sp ifi it de l a tio de Youssef Pa ha da s l ta lisse e t d u e diplo atie ode e et p e e ?

Enfin, dans quelle mesure les problèmes de politique extérieure ont-ils pu influencer la politique intérieure ? Par exemple, la France a-t-elle eu une responsabilité dans le déclenchement de la guerre civile en Tripolitaine ?

Il faudra également se demander quelle place ont tenu les relations franco- t ipolitai es da s l e se le des elatio s diplo ati ues ta t su le pla eu op e ue da s le pou tou dite a e . Quelle a t l i flue e di e te des diff e ts o suls, eu ui se t ou aie t au œu de tous les e e ts ? Youssef Pacha a-t-il joué un rôle important da s l uili e e t e les atio s et pa ti uli e e t da s la i alit e t e la F a e et l A glete e, ue e soit da s des i ide es politi ues ou o o i ues ? Par exemple, quelles furent les relations entre les deux pays durant la Campagne d' Égypte ? Nous nous i te oge o s su les o s ue es à ou t et à o e te e de l i pli atio de T ipoli da s cette campagne ainsi que dans la mise en place des expéditions de recherches géographiques.

Enfin, il nous fau d a te te d alue d u e a i e g ale les elatio s f a o - tripolitaines durant le règne de Youssef Pacha.

Nous allons suivre la méthode historique, basée sur le récit des événements historiques avec leu a al se et la e he he de o lusio s su l importance de ces faits. Le sujet nous pose des difficultés méthodologiques et techniques qui obligent au respect de la chronologie des événements, sans tomber dans le processus de répétition, en analysant les relations politiques et économiques. Il arrive parfois que la nature des incidents nous oblige à ous p te , pa e e ple lo s u o o ue la pi ate ie et u o o state u elle contribue à détériorer les relations entre la France et Tripoli, on aura à répéter ce constat puisque la piraterie a existé durant toute la période du règne de la famille Caramanli, et a aus le e ge e de p o l es e t e ha ue pa ha Ca a a li et la F a e, est -à dire

u elle a g les elatio s e t e la F a e et T ipoli depuis jus u e .

D aut es diffi ult s o e e t le o te u de ot e t a ail et ses p o l ati ues : le

sujet o ue diff e tes uestio s, e ui fait ue l tude se d eloppe da s u ha p

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d i estigatio te du. Nous essaie o s do de ous o e t e plus pa ti uli e ent sur certains points.

Une autre difficulté o e e l tude du o e e, ous a o s pâti de l i suffisa e de e he hes app ofo dies d jà e ista tes. E fait, alg l i po ta e de la ille de T ipoli qui a joué un rôle majeur dans la liaison entre les marchés européens et les marchés d Af i ue, les tudes o e a t le o e e de T ipoli à ette po ue -là sont rares.

Ce sujet s appuie su diff e tes sou es a us ites ou i p i es. Pou les sou es a us ites, les do u e ts d a hi es des Affai e s étrangères (A.M.A.E), surtout les correspondances des consuls français, ont été de toute première importance dans cette tude, et, à ot e o aissa e, elles a aie t pas t e ploit es de a i e s st ati ue o e ous l a o s fait. Ces o espo da es contiennent des informations qui touchent à toute la vie politique, sociale et culturelle de la Régence. Elles renseignent aussi sur le o e e a les o suls o t l ha itude de ote les oi d es e e ts da s leu s lettres au ministre des Affaires étrangères français. De plus, ils établissent des mémoires sur le commerce et la vie politique de la Régence, ces mémoires donnent des détails sur les pachas Caramanli ainsi que sur leurs régimes. Les correspondances des consuls français nous permettent de connaitre la genèse des traités signés entre la France et Tripoli, surtout ceux qui le furent en 1801 et 1830. Ces correspondances mettent aussi en lumière les révolutions qui flambent de temps à autre dans la Régence. On peut également avoir des informations sur la nature du conflit entre les consuls de France et leurs homologues anglais. Dans certains mémoires sur le commerce, on voit que les consuls ont essayé de montrer l i po ta e o o i ue et o e iale de T ipoli, e ajouta t des d tails su les différentes régions de la Régence et leurs produits les plus spécifiques.

Les correspondances des consuls mentionnent aussi plusieurs sujets comme la position du Pacha de Tripoli contre la campagne française en Égypte en 1798, les relations de la France avec les pays européens et les relations de ces derniers avec Youssef Pacha, ainsi que les d ou e tes g og aphi ues de l i t ieu du o ti e t oi et les i flue es u il a pu avoir sur la relation entre la Régence et les puissances européennes.

En revanche, ces correspondances qui nous renseignent en détail sur les grands

personnages de la Régence et sur leurs agissements ne nous donnent que peu

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d i fo atio s su la ie uotidie e des T ipolitai s. De plus, il est i po ta t pou ous d t e t s igila ts da s les o lusio s ue l o pou ait ti e de la le tu e des correspondances des consuls français ou anglais, surtout celles qui concernent des sujets se si les o e la uestio de l e plo ateu a glais Lai g, pa e u il a o t adi tio entre les informations données par chacun des consuls à ce sujet.

Nous avons consulté plusieurs volumes des correspondances des consuls concernant notre sujet comme les séries :

- A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

- A.M.A.E, série C.C.C, volume 31.

- A.M.A.E, série C.C.C, volume 35.

- A.M.A.E, série C.P.C, volume 1.

- - A.M.A.E, série C.P.C, volume 2.

- A.M.A.E, série M.D, TURQUIE, volume 137

Co e a t les do u e ts d a hi es de la Cha e de o e e de Ma seille (CCIM), ils sont importants aussi pour qui veut étudier les relations de la France avec la Barbarie surtout dans son aspect commercial.

Les documents concernant les relations entre la France et la Tripolitaine sont des correspondances échangées entre le consul et les commerçants français avec la Chambre de commerce de Marseille.

Ces documents sont utiles pour donner des détails sur le commerce, par exemple on y trouve des tableaux de statistiques grâce auxquels on peut connaitre les noms et les types de bateaux arrivant dans le port de Tripoli, ainsi que le s po ts f a çais d où ils ie e t. Ces tableaux nous permettent également de connaitre les noms des commerçants et des apitai es f a çais ui t aite t a e T ipoli. D aut es ta leau o e e t les d pe ses annuelles de la Régence ou les dettes françaises, ils donnent des informations concernant la politi ue ui so t d u e g a de i po ta e pou ot e sujet p i ipal.

Les dossiers consultés dans les archives de la C.C.I Marseille-Provence concernant la

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Tripolitaine sont :

- CCIM, série MQ, 51 / 44, Échelle de Tripoli de Barbarie administration et commerce.

- CCIM, série MQ, 51 / 45, Échelle de Tripoli de Barbarie, contrôle de la résidence des Français et de la gestion (1804-1839).

- CCIM, série MQ, 52/44, Libye (1827-1975).

Le Centre libyen des études histo i ues s est l p ieu pou ot e t a ail, ses documents mettent en lumière la vie politique, commerciale et sociale de la Régence.

Les dossiers utilisés sont :

1 - Les registres du tribunal judiciaire de Tripoli qui sont parmi les sources très utiles pour l histoi e de la T ipolitai e. Ces egist es se t ou e t à la Cha e des egist es histo i ues à Tripoli ; on compte 352 registres qui couvrent la période de 1760 à 1918. Ils sont de format 55,31 cm sur 13,25cm. Toutes les questions ont été écrites dans un registre maghrébin ancien.

Ces registres mettent en lumière la société tripolitaine, que ce soit celle des gouverneurs ou celle des notables, des pauvres ou des riches. En fait, les différentes uestio s e egist es ous pe ette t d o te ir des informations sur la nature des relations politiques et économiques entre les habitants de la Tripolitaine ; par exemple, les traditions, le mariage, le divorce, les activités, les métiers exercés par les habitants, etc.

Ces registres sont complets et reflètent bien la réalité. Cependant ils peuvent présenter des défauts comme, par exemple, des lacunes temporelles ; est -à-dire des p iodes ui e so t pas ou e tes pa es egist es. D aut e pa t, e tai es i fo atio s sont incomplètes et on ne par ie t pas toujou s à o p e d e l e haî e e t logi ue des e e ts. Ce tai es uestio s so t p t es, d aut es e so t e egist es u ap s u mois ou après des années, selon le besoin. On remarque encore que dans ces registres la plupart des question s o t pas fi i d u t aite e t st listi ue ide ti ue : tantôt l itu e et le st le so t lai s et ag a les, ta tôt le d hiff e e t est plus diffi ile.

Les registres consultés sont :

- Le registre 3B qui couvre les années 1145- H / 1729.

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- Le registre 5A qui couvre les années 1177-1179 H / 1761-1763.

- Le registre 5B qui couvre les années 1180-1182 H / 1764-1766.

- Le registre 6 qui couvre les années 1204-1215 H / 11788-1799.

- Le registre 7A qui couvre les années 1206-1214 H / 1790-1798.

- Le registre 10B qui couvre les années 1232-1252 H / 1816-1846.

2 - Dossier de la famille Caramanli :

Ce dossier contient les différents documents qui décrivent en particulier la vie politique extérieure et intérieure. Parmi ces documents certains sont utiles à notre sujet.

3- Section des documents, les documents étrangers : - Le dossier de Naples

Le consul de Naples, tout comme les autres consuls, note dans sa correspondance à so gou e e e t tous les e e ts de la ‘ ge e. Ce o sul a ie égligé de la vie en T ipolitai e. O a t ou da s ses lett es eau oup d i fo atio s o e a t la F a e et ses relations avec le Pacha de Tripoli et ce sur des sujets variés.

- Les correspondances des consuls américains :

Elles sont utiles surtout en ce qui concerne le rôle de la France pendant la guerre entre la Tripolitaine et les Américains.

Pour les sources imprimées, on a utilisé des ouvrages et des articles français, arabes et anglais.

E fait, la plupa t des tudia ts et he heu s s appuie t e premier lieu sur des ou ages t a ge s pou i e l histoi e de la Li e, au poi t u il est diffi ile de t ou e des tudes ui utilise t pas es ou ages. Les o euses t adu tio s de es ou ages poussent dans cette direction.

Parmi les ouvrages fr a çais les plus utiles pou e t a ail, figu e l ou age de Cha les - Roux: Bonaparte et la Tripolitaine . L i po ta e de et ou age ie t de e u il t aite de

a i e o pl te de l e p ditio f a çaise du g al Bo apa te e Ég pte et des elatio s

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franco-tripolitaines pendant cette expédition. Charles Roux a étudié ce sujet avec soin. Il o et au u d tail o e a t ette e p ditio , o e pa e e ple la o espo da e entre le général Bonaparte et Youssef Pacha et le rôle joué par Tripoli dans la logistique des armées françaises à Malte et en Égypte. Son autre ouvrage, France et Afrique du Nord avant 1830 a t aussi utile pou ot e t a ail, puis u il ous pe et de o aît e la atu e des relations françaises avec la Barbarie dont La Tripolitaine faisait partie à cette époque-là.

L ou age de Cha les F aud, Annales Tripolitaines, est aussi extrêmement bien documenté. Charles Féraud, nommé consul français à Tripoli du 15 novembre 1878 au 31 décembre 1884, est un orientaliste célèbre. Son livre couvre une période très importante de l histoi e du pa s, ui o e e à l o upatio a a e. Cet ou age s i t esse à la T ipolitai e à l po ue des Ca a a li.

Nous avons apprécié des ouvrages plus modernes comme celui de Daniel Panzac, Les Corsaires barbaresques : la fi d u e pop e -1820. On y trouve des informations importantes su la pi ate ie. L auteu a également abordé l'aspect commercial de façon étendue, il a parlé de l'expansion du transport, de l'exportation et de l'importation des Régences d'Afrique du Nord. Le livre contient également des tableaux récapitulatifs des marchandises importantes ainsi que le volume des échanges commerciaux entre ces Régences, l'Europe et certains pays musulmans. De plus, il mentionne des sujets importants comme la monnaie, les bateaux, etc.

Parmi les ouvrages étrangers utilisés, citons les ouvrages anglais comme ceux d Addison Beecher Colvin Whipple, To the Shores of Tripoli, de Richard Zacks, The Pirate Coast ainsi que de Seton Dearden, A Nest of Corsairs. Ces livres contiennent des informations utiles soit sur la course, soit sur la guerre entre la Régence et les Américains.

Pa i les ou ages a a es, o peut ite l ou age de Hassa El Fekhih Hassa : Al- yawmiyyat-al libiyya . C est u e sou e esse tielle pou l histoi e de la Li e. El Fekhih Hassa

tait u g a d o e ça t t ipolitai o u à l po ue de Youssef Pa ha. Il note chaque jour les événements les plus importants qui se déroulent dans la Régence. Étant donné sa position professionnelle, la plupart des détails donnés concernent le commerce.

Le li e d Ah ed Qli i Les lett es d Ah ed Qli i e t e T ipoli et Tu is e st pas moins

important que le précédent. On y trouve des informations détaillées concernant Youssef

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Pacha Caramanli et les évènements remarquables de son règne.

Notre recherche a également bénéficié du livre d A dallah Al-Khabbat, Les relations politiques e t e la ‘ ge e de T ipoli et l A glete e -1832. Cet ouvrage moderne donne des informations sur les relations à l po ue de Youssef Pa ha . La France et l'Angleterre partageaient alors les mêmes préoccupations en ce qui concerne leurs relations avec Tripoli, t elles ue l e p ditio de Bonaparte en Égypte, la question de la dette et la question de Laing.

Les its des o ageu s eu op e s ui o t isit la ‘ ge e à l po ue de Youssef Pacha nous donnent aussi de précieux renseignements pour comprendre l histoi e de la région. On peut citer George Lyon et Ali Bey El- Abbassi. Ces voyageurs nous ont donné une i age de la ie à T ipoli a pe da t leu s s jou s, ils o t ot tout e u ils o aie t.

Cette recherche est divisée en deux parties :

Dans la première partie nous évoquerons plusieurs sujets : nous essaierons de mettre en lumière le premier contact entre la France et le Levant de Barbarie, nous montrerons comment la famille Caramanli est arrivée au pouvoir en Tripolitaine, nous donnerons une image rapide de la nature de la relation entre la France et les trois pachas qui ont gouverné avant Youssef, puis nous nous concentrerons sur plusieurs évènements marquants, comme les mauvaises relations entre la France et Ahmed Pacha en 1744, lors des difficultés entre la F a e et l A glete e.

À l po ue de Moha ed Pa ha -1754) les relations étaient excellentes, mais nous soulignerons certains événements importants comme le complot considéré parfois o e la ause de la o t d Ah ed Pa ha. Nous tudie o s l po ue d Ali Pa ha -

et elle d Ali Bo ghol -1795).

Au cours de cette période, nous soulignerons la position de Youssef Pacha contre la

campagne française en Égypte en 1798. Nous parlerons aussi de la politique de la carotte et

du bâton, utilisée par le général Bonaparte avec ce pacha, de la coopération de Youssef

Pa ha a e les ou eau seig eu s de Malte et d Ég pte ai si ue de l app o isio e e t

de l a e f a çaise. Il ous faud a gale e t e tio e les effo ts des A glais pou

i flue e Youssef Pa ha afi u il d la e la gue e à la F a e. E fi , nous expliquerons la

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18

a i e do t la F a e a e ta des go iatio s a e T ipoli da s le ut d a lio e les relations mutuelles. Nous examinerons aussi la nature des relations commerciales, en présentant les établissements commerciaux, les commerçants et les capitaines tripolitains et français. Les questions concernant les ports, la taxe douanière et les divers paiements seront abordées.

Dans la deuxième partie nous exposerons le cours des événements entre Tripoli et la France entre 1815-1832. Cette période est riche en rebondissements, depuis la nomination par la France du nouveau consul Mure puis de celle du consul Rousseau et surtout nous o ue o s les p essio s f a çaises et a glaises su Youssef Pa ha à pa ti de l assassi at de l e plo ateu a gla is Laing et les complications politiques qui en ont découlé. La mort de Lai g a aus de g a ds sou is à Youssef Pa ha lo s ue le o sul a glais Wa i gto l a a us de glige e ta dis ue da s le e te ps il a usait ‘ousseau d a oi u e responsabili t da s l assassi at de et e plo ateu . Ce i ous a e a à o ue les découvertes géographiques qui ont été menées par les Européens à partir de Tripoli, la porte de l Af i ue.

Les tensions dans les relations entre Tripoli et la France durant cette période ont eu plusieu s auses. O o ue a le soutie de la F a e à Moha ed Ali, gou e eu d Ég pte, lors de son avancée terrestre avec une importante armée pour occuper les trois Régences, le p o l e des a es f a çaises, l e oi de ‘osa el à la t te d u e es ad e de gue e e 1830 à Tripoli et son influence sur la Régence.

Nous étudierons aussi l i pa t des t ou les politi ues et o o i ue su le o e e entre la France et la Régence de Tripoli et l o ga isatio g ale des ha ges ai si ue la atu e des diff e tes a ha dises. E fi , ous alue o s l a tio o e iale da s sa nature et son volume.

Nous te i e o s pa l tude de la positio f a çaise pe da t la gue e civile de T ipoli e et le soutie de la F a e au pa ti d Ali fils de Youssef.

La o lusio p se te a les sultats de l tude.

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Chapitre Préliminaire : Les relations entre la Tripolitaine et la France avant de 1795

La F a e est l u des pa s européens ayant traité avec l'Empire ottoman dès 1535, afi d o te i des p i il ges et de e fo e ses i t ts o o i ues da s et État. Elle a ga d e oi e e u a aie t t ses i t ts e M dite a e depuis le te ps des croisades. Au XV

e

siècle, l'expulsion des musulmans d'Andalousie et le déplacement d'un g a d o e d'e t e eu e s l Af i ue du No d aus e t de o eu p o l es so iau et économiques dans les États d'Afrique du Nord. Ceci poussa un certain nombre de marins à la piraterie. À ela s ajoutait le d si de jihad o t e les fo es h tie es pou des aiso s religieuses ainsi que pour répondre à l'expulsion des musulmans d'Andalousie et au fait que l'Espagne et le Portugal les avaient poursuivis même en Afrique du Nord. Les actes de piraterie étaient à leur apogée et causaient de graves dommages aux navires et au commerce européen. Tout cela a poussé la France à l'ouverture de consulats en Afrique du Nord pour établir des relations politiques avec les dirigeants de l'Algérie, de la Tunisie et de la Tripolitaine, afin de protéger ses intérêts.

Section 1 : Le début de la représentation française dans le Levant et la Barbarie

Il est bien connu que les relations de la France avec le Moyen- O ie t et l Af i ue du Nord ne sont pas nouvelles, mais, il est étendu à une longue période. Mais parce que tous es d tails ous i t esso s pas, do ous li ito s ot e o f e e au te ps ode e et notre but de cet objet sera de ce chapitre de savoir quand et comment la France a commencé ses relations avec le Levant en générale et en particulier avec Tripoli.

Le début de la représentation française dans le monde date du XII

e

siècle, dans les illes italie es de Pise, G es et Messi e. L o je tif p i ipal de la ep se tatio da s es t ois illes tait d i stau e des elatio s o e iales et de p ot ge le o e e

1

. Ceci est une preuve que la France avait des intérêts importants en Italie et voulait les protéger.

1Anne MEZIN, Les consuls de France au siècle des lumières 1715-1792, Paris, Peter Lang, 1989, p. 3.

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La F a e a ait i stall d aut es o sulats, o seule e t e Eu ope ais également da s d aut es poi ts du o de, ota e t au Le a t et e Ba a ie. Pou p ot ge so o e e o t e la pi ate ie e M dite a e, la F a e s est ue o t ai te d ta li des relations avec le sultan ottoman et elle réussit à signer un traité avec lui en 1535

2

. Grâce à ce t ait , et sous so ou e t, la F a e put go ie a e tous les po ts sou is à l auto it otto a e et e pa ti ulie les po ts des pa s a a es. Le sulta s tait e pa de la S ie e

, de l Ég pte l a e sui a te

3

et successivement des autres pays arabes.

Da s u p e ie te ps, l a assadeu f a çais à Co sta ti ople a ait la ha ge de protéger les Français et leurs avantages au Levant et en Barbarie. En cas de problème, il devait négocier avec le sultan ottoman afin de trouver une solution.

L a assadeu , da s le ad e de ses fo tio s, a ait de o eu pou oi s, pa e e ple elui de o ue u o sul du Le a t ou de Ba a ie s il le jugeait i o p te t ; mais il devait dans le même temps en aviser le Roi qui détenait la décision finale.

D où ie e t es pou oi s o f s à l a assadeu de F a e à Co sta ti ople ? Cela s e pli ue pa le fait u aupa a a t les ois de F a e et su tout He i IV, essa aie t de traiter directement avec le sultan mais leurs démarches se soldaient toujours par un échec.

C est ai si ue le gou e e e t f a çais p it la d isio de o f e es pou oi s à so ambassadeur à Constantinople car il connaissait bien les coutumes et les traditions de l O ie t.

À la fin du XVI

e

si le, l a assadeu de F a e à Co sta ti ople se t ou a i esti de la gestio de l e se le des affai es des F a çais ta lis au Le a t et ses ha ges de t a ail ayant augmenté considérablement, il demanda au Roi de relever ses appointements. Ceci se ju stifiait d auta t plus ue ledit a assadeu tait sou e t o lig de ett e la ai à la poche personnellement : nous relevons que les consuls de France à Tripoli de Barbarie se t ou aie t sou e t da s l o ligatio de pa e de leu s p op es de ie s des f a is liés au fo tio e e t du o sulat, o e l e t etie ou les pa atio s à l i t ieu du o sulat.

Le meilleur exemple nous est donné par le cas du consul Rousseau qui a investi une grande

2Bethwell Allan OGOT, Histoi e g ale de l Af i ue : l Af i ue du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, UNESCO, 1998, p. 135.

3La capitulation de 1535 servit de modèle à tous les traités qui furent conclus par la suite entre les souverains d Eu ope et les sulta s. Voi : Robert Piedelièvre, Précis de Droit international public ou Droit des gens, Tome 1, Paris, Elibron Classics, 1999, p. 5.

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pa tie de ses olu e ts pou pa e l hôtel o sulai e et ui , au cours de sa vie, malgré ses o euses la atio s, p eu es à l appui d pos es à la CCI de Ma seille, a ja ais t e ou s de ses f ais. C est ap s sa o t ue M. Gu s, Age t des Affai es e t ieu es à Marseille, fit verser à sa famille la somme de 1369 francs et 52 centimes. Le Roi de France accéda à cette requête et décida de lui verser 2%

4

de chaque opération commerciale au Le a t. Ce pou e tage a iait selo l i po ta e du po t ; par exemple, en Égypte, il se montait à 3%

5

.

La tâche p i o diale de l a assadeu de F a e à Co sta ti ople tait de fai e pression en permanence sur le sultan afin que ce dernier oblige à son tour les gouverneurs des Régences à respecter les traités de paix avec la France. En effet, les corsaires attaquaient les navires français, encouragés en cela par les Dey, Bey et Pacha

6

pour un motif de profit car la ou se tait l pi e do sale de l o o ie des ‘ ge es. E out e, la ou se p ofitait au

a i s, au o e ça ts et à l e se le des populatio s

7

.

On a vu que la France avait des intérêts économiques dans le Levant et en Afrique du Nord et que ces intérêts étaient menacés dans certains cas par des pirates ; cela nous amène à o state ue le sulta otto a a ait pas le plei o t ôle su les di igea ts d Af i ue du Nord. D'autre part, l'ambassadeur français à Istanbul n'avait pas non plus une influence suffisante sur le sultan ottoman. Pour ces raisons, la F a e se o ait da s l o ligatio de renouveler de manière répétée les traités de paix avec le sultan, comme en 1604, notamment

8

Lo s de es e ou elle e ts, l a assadeu de F a e isait à gle a e le sultan tous les problèmes qui opposaient la France aux pays sous domination ottomane. En pa ti ulie , da s l a ti le du t ait de , il est di t que les marchandises sur un bateau sui e t le d apeau. Ce i pou gle u e uestio ui se posait sou e t lo s u u ateau

4Yvan DEBBASCH, La Nation française en Tunisie (1577-1835), Institut des hautes études de Tunis, Sirey, 1957, p. 15, 17.

5Daniel SABATIER, La Nation française en Égypte, essor et déclin d u e É helle -1793), Paris, Université de D oit, d É o o ie et de S ie es So iales de Pa is II, , p. 111.

6Le tit e du Pa ha est l u e des a ie s tit es tu s utilis da s le se s de la atio et de la g a deu , e titre désigne ceux qui so t sous l'o d e du sulta Bades hah et d o igi e pe sa e, il i pli ue de se o fo e aux ordres du sultan et de devoir obéissance et fidélité complète.

7Yvan DEBBASCH, op. cit., p. 17, 18.

8 Dieudonné Donnadieu Alexandre Paul BOITEUX, Les Traités de commerce, France, Librairie Guillaumin, 1863, p. 494.

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français était abordé par des pirates : le apitai e e iait l appa te a e de sa a ha dise, disa t u elle appa te ait à u aut re pays

9

.

Bien entendu, il se pouvait que cette assertion soit exacte et démontrée puisque les F a çais louaie t leu s ateau à d aut es atio s

10

o e T ipoli ou l Espag e

11

mais la

ou elle lause ettait fi au possi ilit s d a iguït et de ue elle.

Il est ide t u à ette po ue les elatio s di e tes de la F a e a e les gouverneurs d'Afrique du Nord étaient très limitées. Par ailleurs ces Régences ne se soumettaient pas toujours aux volontés du sultan, cependant, il arrivait parfois que l a as sadeur de France à Constantinople soit obligé de presser le sultan de lui adresser un o a de e t u il t a s ettait au o suls f a çais des ‘ ge es otto a es et es derniers devaient, à leur tour, le transmettre aux gouverneurs des Régences ; le comman de e t ta t u o d e du sulta de fai e espe te les t ait s. D aut es fois, le sultan envoyait directement un chaouch aux gouverneurs. Néanmoins, en dépit de la bonne olo t a ifest e pa le sulta e e s la F a e, ses o d es taie t pas toujou s r espe t s pa les gou e eu s, d où la pe sista e des p o l es.

Da s le e o d e d id e, l a assadeu de F a e pou ait joue u ôle da s le hoi des gou e eu s, e ui ous laisse à pe se u il te ait u e pla e de p e ie o d e au palais du sultan.

Si l o je tif de l a assadeu tait de fai e o e u gou e eu pa ti ulie la personne concernée lui ayant souvent demandé le poste), il faisait pression sur le sultan pour parvenir à ses fins. Il va de soi que la personne qui bénéficiait des faveurs de l a assadeu pou o te i u e telle o i atio p o ettait, u u e fois e pla e, elle protégerait les intérêts de la France. Cependant, arrivé au pouvoir, le nouveau gouverneur ou liait sou e t ses p o esses et s ado ait à la ou se.

9Yvan DEBBASCH, op. cit., p. 19-30.

10 Certaines données objectives de définir une nation « L t ologie du ot atio est li e à la otio de aissa e as e e . Ai si, à l po ue di ale, l id e de atio e oie à u g oupe d ho es à ui l o attribue une origine commune. Mais la conception moderne de la nation dépasse largement le cadre ethnique ou t i al. Elle t ou e plutôt sa sou e da s u e se le o ple e de lie s ui fo de t le se ti e t d u e appa te a e o u e. Elle est ai si à la fois e t ieu e au i di idus, e e te ps u elle est i t io is e et t a s ise d u e g atio à l aut e. Pou s i pose , elle suppose gale e t l e iste e d u e olo t durable de vi e au sei d u e ensemble». Voir: Découverte de la vie publique, collection, dirigée par Isabelle FLAHAULT-DOMERGUE, Paris, édition mise à jour en juillet 2004, p.7.

11Louis ABADIE, Oran et Mers-el-Kebir – Vestiges du passé espagnol, Paris, Serre éditeur, 2002, p. 89.

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Le fait que les De s, Be s et Pa has e ute t pas les o d es du sulta o pli uait le ôle de l a assadeu de F a e. Il faut e pli ue ue, da s les i gt p e i es a es de l e pi e otto a , le sulta e pla e o ait lui -même les gouverneurs et exerçait une total e auto it . Pa la suite, les gou e eu s d Alge , de Tu is et de T ipoli, toujou s o s pa le sulta , s att i u e t u e e tai e i d pe da e, su tout au d ut du XVIII

e

siècle.

Ces gouverneurs disaient reconnaître le sultan comme leur chef mais cette e o aissa e tait ue o i ale a ils agissaie t à leu guise. Cette situatio , à ot e avis, était rendue possible par le fait que le sultan était souvent occupé par des guerres e t ieu es ui le te aie t loig des ‘ ge es. D aut e pa t, la di stance géographique e t e Co sta ti ople et les ‘ ge es e pe ettait pas au sulta d assu e u sui i effi a e de celles-ci.

Cepe da t, il faut di e ue le Sulta otto a fi iait e o e d u p estige e tai , puis ue l o oit des gou e eu s ui o saient pas refuser ouvertement ses ordres. Au messager du sultan, ils promettaient de se soumettre aux ordres mais dès que le messager avait tourné les talons, ils agissaient selon leur propre initiative et dans leur intérêt propre.

Lo s u e suite, ils e evaient les récriminations indignées du sultan, ils avaient des réponses toutes p tes pou justifie leu a ue e t au o d es, telle, pa e e ple, u a use la F a e d a oi o pu le t ait . U aut e a gu e t de poids tait de fai e e a ue a e insistance que la course était une indéniable source de richesse pour les Régences et que le sulta de ait s e joui . Ce tai s gou e eu s, pa i les plus ha dis, a a çaie t e ue si le sultan les attaquait, ils se défendraient et que leurs amis les y aideraient.

Ce ui e fait pas de doute est ue le fait ue si les i t ts de la F a e, et d aut es pa s, taie t e da ge , la espo sa ilit e i o ait pas seule e t à leu s di igea ts mais aussi au sultan lui-même. En fait, il était très rare que le sultan punisse un gouverneur ui a ait d og au o d es et o pu le t ait de pai . T ois d e t e eu fu e t a oi s punis. Le gouverneur de Tunis, en 1602, fut bastonné et emprisonné à vie ; Soliman, gou e eu d Alg ie, fut gale e t pu i ai si u u aut e gou e eu de Tu is. D u e manière générale, à la fin de leur mandat, les gouverneurs devaient se rendre à Co sta ti ople à la de a de du sulta ais les al it a ts taie t ue peu sa tio s.

Cette mansuétude du sultan envers les gouverne u s tait pas du goût de l a assadeu de

France qui aurait préféré davantage de rigueur et de fermeté. Il faut dire que les

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a ue e ts p t s et l i dis ipli e des gou e eu s is à is du sulta faisaie t pe du e les problèmes en Méditerranée, ce qui a poussé la France à décider de traiter directement avec les gouverneurs des trois Régences.

Lors du renouvellement du traité de paix avec le sultan en 1604, il fut précisé, dans l a ti le ue la F a e a ait le d oit de pu i les gou e eu s et e de leur interdire l a s à ses po ts. De e fait, la F a e e se t ou ait plus o lig e de passe pa le sulta pour protéger ses intérêts dans les Régences. En revanche, il lui fallait maintenant déterminer quelle était la meilleure manière de se faire respecter par ces dernières. Deux possi ilit s s off aie t à elle : la force ou la négociation directe. La France choisit la deuxième optio , e ui i i isa le ôle de l a assadeu de F a e à Co sta ti ople. Pa le fait, e dernier vit sa charge de travail allégée

12

. Cela ous a e à di e ue est à ette p iode que les relations politiques et diplomatiques entre la France et les gouverneurs dépendant du sultan ont réellement commencé. Leu ise e pla e s est d a o d effe tu e a e l Ég pte ui tait l a plus i po ta te des ‘ ge es de l E pi e otto a .

Nous a o s d jà sig al ue l E pi e otto a s tait e pa de l Ég pte e . Ce pays occupait une place prépondérante, mais il était très éloigné géographiquement de Constantinople et les communications étaient longues et difficiles. Le sultan établit donc un gle e t pa ti ulie da s le ut de s assu e u e do i atio sa s faille. Il o a e Égypte un Pacha, nommé Khayer Bek, auquel il donna carte blanche pour gouverner.

La première représentation f a çaise e Ég pte s ta lit au d ut du XVI

e

siècle.

Selon les sources, Philippe de Peretz fut le premier consul français connu en Égypte, du moins est-il le premier dont on trouve une trace dans les documents. Ce consul obtint de nombreux avantages pour les Français mais en dépit de cela, ils furent peu nombreux à d si e ejoi d e l Ég pte, e si o t ou e, e , un fondouk, tenu par des Français

13

.

E e ui o e e les ge es d Af i ue du No d, il se le ue la pi ate ie et sa e a e pou le o e e f a çais ' tait pas la seule aiso a a t o duit à l ta lisse e t de relations de la France avec ces Régence, mais on constate une concurrence effrénée e t e la F a e et l A glete e, u e ita le ou se au a a tages o e iau . Ce i d te i a l A glete e à o e , à Alge , u o sul, ui o ti t effe ti e e t des p i il ges.

12Yvan DEBBASCH, op. cit., p. 19-30.

13Daniel SABATIER, op. cit., p. V.

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À son tour, le représentant français en poste à Alger, Clairambault, te ta d o te i les mêmes privilèges mais il lui fallut patienter pendant onze années de promesses non tenues avant de pouvoir signer, en décembre 1719, un traité avec le Dey. En bénéfice de ce traité, la France put nommer à Alger un vice-consul qui fut promu, quelques temps après, au rang de consul, chargé de protéger les avantages commerciaux de la France. Toutefois, ce consul dut à nouveau attendre onze ans avant de pouvoir faire exécuter ledit traité.

Ainsi, la nomination des consuls dans ces domaines 'est pas aussi si ple u o pou ait l i agi e . Cela peut t e li au a ue d e p esse e t du De à a ueilli la présence de représentants français qui pourraient gêner les activités de piraterie, mais qui pou aie t aussi s i is e da s les affai es i t ieu es de la ‘ ge e. L A glete e tait pas non plus étrangère à ce retard car elle cherchait à avoir le monopole du commerce européen en Algérie

14

. De plus, le consul français en place connut souvent des difficultés en raison de la personnalité du Dey et des réactions de la population française installée en Alg ie. Pa e e ple, lo s ue le de d Alge d la a la gue e à la F a e e , les religieux français ne suivirent pas les conseils du consul qui leur recommandait de s e a ue ; ils préfé e t este et se ett e sous la p ote tio du o sul d Espag e. E conséquence, le consul Vallière refusa dés lors de considérer ces religieux comme des sujets français.

L o ga isatio de la ep se tatio f a çaise à Tu is, l u des po ts les plus impo ta ts du o d de l Af i ue, tait pas diff e te de elle ise e pla e à Alge . Là, comme ailleurs, la France cherchait à obtenir des avantages commerciaux et à préserver ses intérêts. Néanmoins, il faut noter que Tunis était plus important que Tripoli sur le plan commercial et que les relations engagées avec Tunis avaient également pour objectif de se protéger des corsaires tunisiens.

Il est à remarquer que les relations entre la France et Tunis étaient plus faciles et a i ales u a e Alge . Alo s ue le De d Alge a d la la gue e à la F a e o e o ie t de le e tio e , Tu is, e e a he, de a de pa fois l aide de la F a e pour les p o l es u elle e o t e à l e t ieu , ota e t a e Malte ui s tait plusieu s fois attaqué aux côtes tunisiennes. Toutefois, même si la France aurait été en mesure de tirer parti de ces interventions en 1770, le ministre de la Marine jugea que ce rôle était difficile à

14Louis ABADIE, op. cit., p. 77.

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te i et s a sti t d i te e i . Cepe da t, le Be de Tu is, souhaita t des elatio s plus étroites, ne renonça pas et, quelques années plus tard, il fit pression sur le représentant français en renouvelant sa demande, espér a t ue ette fois la F a e l a epte ait

15

. Cela montre que les relations diplomatiques entre la France et la Tunisie existaient avant même la o i atio du p e ie o sul à Tu is, Louis de la Motte d A i s, e

16

.

En ce qui concerne la Tripolitaine, l a F a e e jouit a a t d au u e fo e de ep se tatio o sulai e à T ipoli alo s u elle a ait ussi d s à sig e a e l E pi e ottoman un accord lui permettant de commercer avec ses ports. À la suite de cet accord, la France commence à trouv e u e tai i t t au o e e a e les ‘ ge es de l E pi e Ottoman, dont Tripoli.

À l po ue d He i IV, les ha ges o e iau a e T ipoli e so t pas e elle ts.

C est pou ette aiso u est o le p e ie d l gu o e ial du o de F a k Mas. Ce dernier ne séjourne à Tripoli que cinq ans. Nicolas Bruno lui succède mais son séjour à Tripoli est court en raison de désaccords entre lui et le Pacha ; il quitte le pays en 1620 et

a pas de su esseu jus u e

17

.

Cette même année voit arriver Berguier, envoyé par Louis XIII pour libérer les Français aptu s pa les o sai es e M dite a e. C est la p e i e o i atio d u o sul f a çais à T ipoli. Ce de ie est e pla apide e t pa le o sul de Mouli ui o upe so poste u u e a e. La o i atio d u o sul pou li e les p iso ie s f a çais o fi e de ou eau ue la pi ate ie tait à l ide e u e aiso i po ta te d ta li des elatio s politi ues e t e les deu pa s et ue l a lio atio du o e e et l o te tio de p i il ges o e iau taie t pas seules e ause. D'aut e pa t, o o state ue l id e d ta li u o sulat à T ipoli e satisfaisait pas seule e t le ôt f a çais, ais T ipoli aussi était à la recherche de relations diplomatiques avec le gouvernement français. Cela ne surprend pas parce que la France était l'un des grands pays redoutés par Tripoli et il ne doit pas oublier que la France avait obtenu du sultan ottoman le droit de punir les Régences d Af i ue du No d. À ot e a is, ela peut t e u e aison sérieuse pour que Tripoli ait souhaité se rapprocher de la France.

15Christian WINDLER, La diplo atie o e e p ie e de l aut e, Genève, Droz, 2002, p. 9, 11, 186, 188.

16Yvan DEBBASCH, op. cit., p. 15.

17Mohamed BAZAMA, La diplomatie libyenne au dix-huitième siècle, en Arabe, Bengazi, Imprimerie Qorini, 1973, p. 21-22.

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Durant le règne de Mohamed Pacha (1633-1649), Tripoli continue de chercher à créer des elatio s a e la F a e. Ce pa ha s e gage à espe te les lie s d a iti e t e les deu pays et à travailler pour la paix à condition que la France envoie à nouveau et installe un consul à Tripoli.

La France ne tient pas vraiment à envoyer son représentant à cause des perturbations politiques et de la succession incessante des gouvernements que connait Tripoli. En fait, ce pa s e se le pas a oi eau oup d i po ta e au eu des F a çais

18

.

La ep se tatio o sulai e e t e les deu pa s est de e fait i te o pue jus u e 1680. Cette année-là, la France désigne un consul nommé de La Magdelaine. Ce u il faut sig ale i i est ue T ipoli, jus u à l a i e au pou oi d Ah ed Pa ha, a pas eu de représentant diplomatique ni à Paris ni dans aucune autre capitale européenne. Son premier représentant est Mohamed Khouja qui est envoyé en France en . D aut es représentants et ambassadeurs tripolitains lui succèderont alors sans interruption

19

.

Il est clair, à partir de tout ce que nous venons de présenter, que ce qui a poussé la F a e à he he à ta li des elatio s a e le sulta otto a , e st le besoin de protéger ses intérêts commerciaux en Méditerranée contre les attaques des corsaires. Mais, étant do ue le sulta otto a a ait pas u e g a de auto it su les gou e eu s d Af i ue du No d, la F a e a o p is u il alait ieu he her à mettre en place des relations directes avec ces dirigeants, et a ainsi commencé à ouvrir des consulats en Tunisie, en Algérie et à Tripoli, après approbation du sultan ottoman. En ce qui concerne Tripoli on remarque que, même avant que le consulat français ne soit établi à Tripoli, il y avait une sorte de relation amicale entre les deux pays, émaillée malgré tout de quelques problèmes.

Ce u il faut sig ale est ue le d si de app o he e t tait p se t des deu ôt s afi d'éliminer les différends entre eux.

En 1789, des représentants français étaient présents dans tout le Levant et la Barbarie, dont le premier devoir était de protéger les avantages des Français dans leur Échelle

20

.

18Costanzo BERGNA, Tripoli dal 1510 al 1850, t aduit e s l a a e pa Tlissi Khalifa, Mes ata, Dā El-jamahiria lil- Nashr wa-al-Ta zī, , p. 155-156.

19Mohamed BAZAMA, op. cit., p. 22-24.

20L É helle, o e a t les a ha ds eu op e s, su tout f a çais, a glais, holla dais, italie s, ui e t etie e t des o suls et des o issio ai es, est u te e de o e e a iti e ui e s appli ue

u au po ts du Le a t et de Barbarie. Voir : Daniel SABATIER, op. cit, p. 10.

(27)

28

M e s il e iste pas, à ette po ue, de gle d fi ie fi a t les relations entre le Levant- Ba a ie et l Eu ope, ette de i e te te toujou s de gle les litiges pa des t ait s de pai . ‘appelo s ue la F a e et l A glete e, ota e t, o t o te u, de la pa t du sultan, le droit de traiter directement avec les gouverneurs des Régences du Maghreb.

Malgré cela, les relations restent toujours tendues et le moindre incident peut mettre le feu aux poudres ; ces tensions sont encore accrues par le fait que certains pays islamiques peu e t se etou e o t e l u des leu s ui t aite a e l Eu ope

21

. Le même fait se produit de nos jours : on peut citer la révolution libyenne du 17 février 2011 où les opposants au gi e du olo el Kadhafi o t de a d l aide de l Eu ope ; Kadhafi et certains pays arabes, tel ue l Alg ie, o t o sid ue ette aide ep se tait u e oisade o t e l Isla .

En général, au XVIII

e

siècle, les elatio s e t e la F a e et l E pi e otto a e so t gênées que par les problèmes occasionnés par la course. Il faut, à ce sujet, saluer le rôle dipl o ati ue jou pa les o suls ui o t toujou s œu pou ai te i la pai e t e les deux mondes et tenté de minimiser les tensions. Ces représentants ont toujours tout fait pou gle les litiges a a t d e a i e au poi t de uptu e e t aî a t la gue re

22

.

I. Le consulat de France à Tripoli

T ipoli et la F a e o t do eu le souhait o u d e t ete i des elatio s, la F a e a a t a ifest t s tôt le d si d i stalle u o sulat à T ipoli. La ise e œu e fut h sita te et e est u au o e t de l a i e au pou oi des Ca a a li ue la elatio e t e la F a e et T ipoli s est ita le e t o tis e et affi e. L e pli atio e est u à e o e t - là, o pte te u de l e iste e de elatio s pe so elles solides e t e le Pacha et le Roi de Franc e, il de e ait plus fa ile d ta li la p e i e ep se tatio Tripolitaine à Paris.

Les consuls exercent leurs fonctions dans un bâtiment qui leur est réservé, le consulat, appelé aussi « maison consulaire ». La Maison consulaire française se situe dans la ruelle des Français, au centre-ville ; elle compte parmi les plus anciens établissements consulaires. Sa

21Christian WINDLER, op. cit., p. 14.

22Ibid, p. 15, 16.

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29

construction remonte à 1630, c'est-à- di e à l po ue de Be guie , e o de Louis XIII à Tripoli

23

.

Selon les documents des archives de Marseille, ette aiso a pas toujou s t e o état et par deux fois pendant le règne de Youssef Pacha, il a été nécessaire de procéder à des réparations et des restaurations. C'est la raison pour laquelle le gouvernement français, sur la demande de ses consuls, o t oie guli e e t des fo ds pou l e t etie du o sulat.

Au mois de février 1820, la Chambre de commerce de Marseille accorde au consul français à Tripoli la somme de 4 , f a s pou pa e l hôtel o sulai e ai si ue pou estau e et agrandi l glise atholi ue. La pa titio fut de f a s pou l hôtel o sulai e et

, f a s pou l glise

24

.

E , lo s de l i stallatio offi ielle du ou eau o sul f a çais, so gou e e e t lui accorde la somme de 25 000 francs pour restaurer l i eu le du o sulat

25

. En 1832, le consul général de France à Tripoli demande au gouvernement français une nouvelle aide financière pour la même raison. La Chambre de commerce de Marseille lui promet une somme de 10 000 francs, mise à sa disposition suite à un décret royal pris à cette fin

26

.

Le consulat français est construit sur un terrain rectangulaire ; il a deux grandes portes ui do e t l u e su u p au et l aut e su u e all e ou e te. Su les ôt s, se t ou e t des bancs pour les visiteurs qui atte de t d t e eçus. L all e o duit à u e ou d ou e te, au e t e de la uelle se t ou e u e fo tai e e tou e de fleu s et d a es.

Autour de la cour, diverses pièces servent aux employés et aux fonctionnaires du consulat.

Au sous-sol se trouvent l a uisi e et sa se e ai si u u e p iso . Le o sul, sa fa ille et ses i it s side t da s des appa te e ts situ s à l a i e du o sulat

27

.

23Salah El-BAHNACI, T ipoli de l Ouest : tude de l histoi e a hite tu ale et a tisti ue, Tripoli, El-afàq El- arabiyya, 2004, en arabe, p. 97.

24Compte des recettes et dépenses des fonds fournis par monsieur le trésorier de la Chambre de commerce de Ma seille pou la estau atio de l hôtel o sulai e et pou la pa atio et l ag a disse e t de l glise catholique à Tripoli de Barbarie pendant le 3ème trimestre de 1828. CCIM, série MQ 51/54, Échelle de Tripoli (1804-1839).

25Lettre datée du 3 octobre envoyée par le consul de Naples à Tripoli à son ministre de tutelle. Les documents de Naples, Centre libyen des études historiques.

26Lettre du consul général de France à Tripoli adressée à messieurs de la Chambre de commerce de Marseille, datée de 1832, CCIM, série MQ 51/54.Échelle de Tripoli (1804-1839).

27Salah El-BAHSSANI, op. cit., p. 98,99.

(29)

30

II. Les carrières des consuls

Au XVI

e

siècle, les consulats étaient des offices tenus par des particuliers qui ha itaie t pas su pla e. La ha ge leu appa te ait, ils jouissaie t d u e g a de i d pe da e et e pe saie t u à leu p op e i t t. Ces pa ti ulie s pou aie t loue leu offi e à i po te quel individu sans chercher à savoir si ce dernier avait les compétences physiques, i telle tuelles et o ales e uises pou e poste. E fait, ils louaie t l offi e au plus off a t et celui- i, à so tou , u e fois a i su pla e, a ait d aut e ut ue de fai e p osp e ses propres affaires. Il pratiquait lui-même le commerce au détriment des commerçants de la atio . Ap s a oi fait fo tu e, ils etou aie t e F a e, sa s au u tat d â e, laissa t quelquefois derrière eux des situations très problématiques dans les relations avec les habitants ou les commerçants.

Les p op i tai es de es ha ges se o te ta t d a asse de

l a ge t pou leu p op e o pte. Le gou e eu otto a a eptait pas de tels comportements et il arrivait parfois que, excédé, il mette en demeure le consul de choisir entre quitter les lieux ou mourir

28

.

Il est lai , do u à ette po ue les offi es ne remplissent pas leur rôle qui est avant tout de protéger les avantages de la France hors de ses frontières, et cela parce qu'ils n'ont pas les aptitudes nécessaires pour prendre des positions propices à créer des liens étroits entre la France et d'autres pays. Il ne faut pas faire porter l'entière responsabilité de cet état de fait aux seuls représentants, la responsabilité en incombe en premier lieu au responsable de la nomination de es pe so es, est à di e à la Cha e de o e e de Ma seille. Le fait que la nomination des représentants était laissée à la Chambre de commerce de Ma seille ous o t e à ou eau ue tait les aiso s o o i ues ui p alaie t da s le choix des consuls français.

Au début du XVI

e

siècle, la Chambre de commerce de Marseille nommait les consuls, sur proposition des autorités de la ville

29

. C tait aussi la Cha e ui s o upait des t ait s commerciaux et qui était responsable des sujets français au Levant comme en Barbarie. Elle devait régler les problèmes que ses ressortissants rencontraient ou provoquaient à l t a ge .

28Daniel SABATIER, op. cit., p. 100-102.

29Christian WINDLER, op. cit., p. 35.

(30)

31

En ce sens, un arrêt de la Chambre, daté de 1658, interdit aux femmes de voyager au Levant et un autre arrêt, du 22 octobre de la même année, prononcé par le Roi, stipulait que tout commerçant français désirant se rendre au Levant devait au préalable et impérativement obtenir une autorisation de la Chambre de commerce

30

.

Pa le fait, tait do la Cha e de o e e ui p e ait di ectement en charge les elatio s e t ieu es de la F a e, espo sa ilit la ge u elle e pou ait assu e correctement dans la mesure où le rôle premier de ses représentants était de se concentrer su les i t ts o e iau . D aut e pa t, le ‘oi Louis X IV veut être mis au courant de tout ce qui concerne le Levant. Il envoie dans cette région des orientalistes chargés de récolter un a i u d i fo atio s su tout elles o e a t les lois lo ales afi d adapte au ieu sa politique extérieure. À propos de l a t du o e e , ous a o s ot ue sept jeunes garçons français furent envoyés dans des couvents à Smyrne pour apprendre la la gue a e pou o je tif d o upe , pa la suite, des postes de drogman dans les consulats f a çais du Le a t et de Ba a ie. C est pa u aut e a t, du jui , u il fut d id que la Chambre de commerce assumerait les pensions de ces jeunes gens. Le gouvernement français a fini par prendre conscience de cette situation et, dans un arrêt du Conseil du 31 juillet , le ‘oi Louis XIV d te u il a hoisi et o e les o suls

31

. Cet arrêt stipule ue les o suls o t pas le d oit de p ati ue le o e e, ue e soit de faço di e te ou indirecte ; les contrevenants se verront privés de leur emploi et subiront une amende de 3 000 livres. Néanmoins, cet arrêt maintient le rôle de la Chambre de commerce envers les consuls dans sa responsabilité de payer les salaires ; pour cela, la Chambre impose des taxes, u elle p erçoit, sur tous les navires français qui commercent avec le Levant et la Barbarie.

Elle établit alors un budget spécial qui sert à couvrir les frais des consulats (comme par exemple les cadeaux aux gouverneurs).

Malg l a t du ‘oi de , stipula t ue les consuls deviennent officiers du Roi et directement sous ses ordres, la Chambre de commerce continue de donner des ordres aux

30Yvan DEBBASCH, op. cit., p. 49, 52-55, 57.

31Gustave DUGAT, Histoi e des o ie talistes de l Eu ope du XIIe au XIXe siècle, tome premier, Paris, Maisonneuve, 1868, p. XXIII.

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