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Georges Cuvier (1769 – 1832)

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Georges Cuvier (1769 – 1832)

En 1805, Cuvier découvre l'empreinte d'un quadrupède dans le Gypse de Montmartre. En dégageant la tête, il trouve les mandibules et la denture dont la forme le conduit à rapprocher les restes fossiles des sarigues (petits mammifères marsupial d'Amérique du Sud). Il en déduit l'existence d'os

marsupiaux (os plats et longs qui soutiennent la poche marsupiale). Il découvre le reste du squelette fossilisé de la sarigue qui contiennent les os prédits.

À Partir de cet exemple, Cuvier a énoncé le principe de corrélation des formes : les différents organes des animaux dépendent les uns des autres : si on possède un os appartenant à un fossile, les dents en particulier, on peut reconstituer le reste du corps. Il étudia systématiquement les fossiles et devint capable d’imaginer le squelette entier à partir de l’examen d’un seul os. Il proposa de classer le règne animal en quatre grands groupes, Vertébrés, Articulés, Mollusques et Radiaires, base des classifications ultérieures.

À Partir de cela, Cuvier détermine les étapes de la transformation du monde animal. Il utilise les ossements fossiles pour reconstituer les peuplements à partir des espèces que l’on trouve dans les mêmes strates. Cuvier distingue ainsi quatre époques :

- la première regroupe poissons, reptiles monstrueux et quelques rares petits mammifères ; - la seconde comprend la faune des gypses de Montmartre (mammifères bizarres) ;

- la troisième comprend les mastodontes, mammouths, hippopotames et rhinocéros (grands mammifères) ;

- la quatrième : c'est l'âge de l'homme et des animaux domestiques.

Ceci a donné à la géologie de nouvelles bases, en fournissant les moyens de déterminer l'ancienneté des couches terrestres par la nature des débris qu'elles renferment. C'est Cuvier qui baptisa la période du jurassique de l'ère secondaire en référence aux couches sédimentaires dans le massif du Jura.

Toutefois, contre d’autres naturalistes de son époque, il refuse de croire à l'évolution des espèces car il ne trouve pas la preuve de l'existence de formes intermédiaires.

Dans son ouvrage Les Révolutions de la surface du Globe (1812), Cuvier constate les disparitions et les apparitions de plusieurs espèces en même temps et admet des crises locales. Pour Cuvier

l'explication peut être trouver dans la Bible, en faisant toutefois appel à la notion de créations multiples, ou une création échelonnée dans le temps. Selon Cuvier la disparition de certaines espèces et la création des espèces nouvelles serait consécutive à la survenance de grandes catastrophes naturelles, comme celle du Déluge, d'où l'expression pour dénommer sa théorie : le catastrophisme.

Cuvier représentait la pensée scientifique dominante en France, en accord avec l’esprit religieux catholique, et son influence était grande. Il a estimé que Saartjie Baartman est la preuve de l'infériorité de certaines races humaines. Peu après sa mort, il entreprit de la disséquer au nom du progrès des connaissances humaines. Il réalisa un moulage complet du corps et prélève le squelette ainsi que le cerveau et les organes génitaux qu'il place dans des bocaux de formol. En 1817, il exposa le résultat de son travail devant l'Académie de médecine, témoignage des théories racistes et des préjugés des scientifiques de l'époque : « Les races à crâne déprimé et comprimé sont

condamnées à une éternelle infériorité ».

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Dictionnaire de la conversation (1865)

Cet ouvrage, sorte d’Encyclopaedia Universalis de l’époque résume le consensus d’alors :

HÉRÉDITÉ (Médecine, Physiologie). L'hérédité se caractérise par ce qui est inhérent ou adhérent des ancêtres ou parents, aux descendants, non pas seulement pour les propriétés physiques et autres objets extérieurs, mais pour les qualités morales ou internes, qui s'attachent et se transmettent dans les races ou quelques individus. Ainsi, des vices et des maladies se cramponnent, non moins que des vertus ou de brillants avantages corporels s'infiltrent dans les générations, jusqu'à ce que l'état naturel ou normal ramène l'organisme à son type primitif, ou que d'autres modifications y soient apportées et implantées à leur tour. (...)

On comprend que si ces perfectionnements factices se perpétuent, les vices, les défauts et maladies organiques, résultant de progrès contraires, tendent également à s’enraciner, à se détériorer même encore dans la suits des générations, si rien ne s'y opposait. Ainsi, les constitutions chétives, épuisées, ne peuvent engendrer que clés individus encore plus délabrés et impuissants,. à moins de pourritures fortes ou d'un régime restaurant. Tel cheval. poussif et morveux, tel chien étique, à moins de s'allier à une femelle saine, robuste, propagera sa triste race; mais en mariant, par exemple, un individu débile de poitrine ou de reins avec un individu bien développé par ces organes, on restituera la race dans sa vigueur primordiale. C'est surtout au moyen de ces

croisements de races, ou par des alliances de défauts contraires, comme par régime différent, que l'un corrigera les vices héréditaires, et qu'on éteindra les maladies transmissibles. Or, chez l'homme, les systèmes organiques nombreux qui constituent son corps varient dans leurs équilibres

harmoniques. Certes, un individu musclé, athlétique, bien nourri, habitué à des travaux corporels, comme sont les manouvriers, forts de halle, etc., transmettra (si rien n'y est contraire) cette vigueur musculaire à ses enfants, tandis que le savant, délicat, énervé par ses travaux intellectuels dans son cabinet, n'aura guère pour progéniture que des êtres infirmes et sensibles. C'est sans doute pour cela que le génie devient rarement héréditaire, comme le prouve l’exemple des enfants de la plupart de nos grands hommes, Racine, Buffon, etc. ; un esprit qui s'épuise reste incapable de transmettre son énergie. Au contraire, un guerrier, un héros ardent de courage, peut très-bien engendrer des fils qui lui ressemblent au physique comme au moral (...)

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Lord Morton

Télégonie (1815)

La télégonie est la théorie selon laquelle une femme, fécondée ou déflorée par un premier homme, produit ensuite des enfants à sa ressemblance quel que soit le géniteur.

Le mâle qui pour la première fois déflore ou féconde une femelle exerce une influence sur le potentiel héréditaire de cette femelle, de sorte que cette femelle donnera, au cours de ses diverses gestations, des descendants qui ressemblent au mâle initial, quel que soit le géniteur qui intervienne effectivement lors des accouplements ultérieurs.

Darwin rapporte que Lord Morton avait une jument alezan avec sept huitièmes de “sang” arabe et un huitième de “sang” anglais. En 1815, une saillie avec un Couagga (un zèbre moins zébré que les autres) donna naissance à un hybride. Les saillies ultérieures opérées en 1817 et en 1818 par un étalon noir de même “sang” que la jument donnèrent un poulain et une pouliche présentant des aspects hybrides de Couagga.

Cette théorie a également été étendue dans le sens inverse. Elle permet de comprendre pourquoi un homme blanc qui aurait eu une maîtresse noire, peut avoir des enfants métisses avec une femme blanche épousée plus tard.

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Mauperthuis (1698-1759)

Pour Pierre Louis Moreau de Mauperthuis, les diverses parties du corps ne fournissent plus une humeur, mais des particules qui vont constituer les semences. Après la fécondation, ces particules séminales mêlées se rassemblent dans un ordre convenable grâce à une sorte de mémoire de position, produisant ainsi un enfant ayant les caractéristiques combinées des parents, que ceux-ci les aient reçues de leurs propres parents ou qu’ils les aient acquises par-eux mêmes.

Histoire de la notion de gène ; p 13 ; (Flammarion, Champs) 1999. André Pichot (Historien des sciences au CNRS)

Mauperthuis, dans sa Vénus physique (II, V) écrit : « Quant à la manière dont se formeront dans la semence de chaque Animal des parties semblables à cet Animal ; ce serait une conjecture bien hardie, mais qui ne serait peut-être pas destituée de toute vraisemblance que de penser que chaque partie fournit ses Germes. » La matière vivante serait douée d'une mémoire et (Système de la nature, XXXIII) « conserve le souvenir de son ancienne situation et l'ira prendre toutes les fois qu'elle le pourra pour former dans le foetus la même partie ».

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Buffon (1707-1788)

Pour Buffon, les parties du corps envoient aux organes génitaux des « molécules organiques » qui sont pour elles un excédent alimentaire. Lors de la formation d’un nouvel être, ces « molécules organiques » séminales se réarrangent grâce à une affinité appelée « moule intérieur » (elle modèle le corps « de l’intérieur » en commandant cet assemblage.

Histoire de la notion de gène ; p 13 ; (Flammarion, Champs) 1999. André Pichot (Historien des sciences au CNRS)

Cette supposition est, selon Buffon, la seule qui permette d'éviter les difficultés auxquelles se heurtent les théories rivales proposées avant lui pour expliquer les phénomènes de reproduction : l'ovisme et l'animaculisme. L'une et l'autre s'accordent à admettre une hérédité unilatérale mais s'opposent en ce que la première admet, à la suite de Graaf, une hérédité maternelle, alors que la seconde admet, à la suite de Leeuwenhoeck, une hérédité paternelle. Buffon, attentif aux

phénomènes d'hybridation, ne peut concevoir qu'une hérédité bilatérale (ch. V). Ce sont les faits qui imposent cette conception : un enfant peut ressembler à la fois à son père et à sa mère, « La formation du foetus se fait par la réunion des molécules organiques contenues dans le mélange qui vient de se faire des liqueurs séminales des deux individus (ch.X). » (...)

Pour Buffon, un organisme est un mécanisme dont l'effet global résulte nécessairement de

l'assemblage des parties. La véritable individualité vivante est moléculaire, monadique. « La vie de l'animal ou du végétal ne paraît être que le résultat de toutes les actions, de toutes les petites vies particulières (s'il m'est permis de m'exprimer ainsi) de chacune de ces molécules actives dont la vie est primitive et paraît ne pouvoir être détruite : nous avons trouvé ces molécules vivantes dans tous les êtres vivants ou végétants : nous sommes assurés que toutes ces molécules organiques sont également propres à la nutrition et par conséquent à la reproduction des animaux ou des végétaux. Il n'est donc pas difficile de concevoir que, quand un certain nombre de ces molécules sont réunies, elles forment un être vivant : la vie étant dans chacune des parties, elle peut se retrouver dans un tout, dans un assemblage quelconque de ces parties. » (Histoire des Animaux, chapitre X).

Georges CANGUILHEM, La connaissance de la vie, Hachette, 1952 (pp 47-98)

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Georges Coutagne (1854-1928)

Si de très nombreux français furent, et parfois avec violence, opposés aux idées weismanniennes, Georges Coutagne faisait figure d’exception semble-t-il puisqu’il acceptait bon nombre d’entre elles et qu’il n’hésitait pas à les

incorporer à sa théorie très personnelle de l’hérédité. Sa principale opposition aux idées weismanniennes résidait surtout en ce qu’elles étaient purement spéculatives : « la théorie de Weismann comprend en réalité toute une chaîne d’hypothèses successives, dont chacune implique la précédente sans impliquer la suivante ». Georges Coutagne alla plus

loin pour tenter de rendre compatible la thèse weismannienne de la continuité du plasma germinatif avec l’hérédité des caractères acquis. Il refusait

catégoriquement de réduire la vie à une suite de réactions physico- chimiques, l’hérédité, selon lui, étant une spécificité de celle-ci . C’est l’expérimentation qui convainquit Georges Coutagne de maintenir comme vraie et nécessaire cette distinction et même de soutenir la thèse de l’hérédité des caractères acquis.

Georges Coutagne qui prit à la lettre les allégations deWeismann, proposa un schéma d’expérience théorique qui prouverait « même à la satisfaction de Weismann, qu’un caractère acquis est hérité » ou si ce n’est hérité, du moins héritable : « nous aurions enfin une expérience établissant bien nettement que des caractères acquis se transmettent » ).

Georges Coutagne avait constaté dans ses expériences de 1896 et 1897 avec les Vers à soie que les « longues éducations, peu ou pas chauffées, donnaient des cocons plus pesants, et amélioraient la richesse en soie »

Georges Coutagne entreprit d’étudier la sélection des caractères innés, dans un but d’amélioration des races. Il semble qu’à la lumière des résultats qu’il obtint, Georges Coutagne soit parvenu à une contradiction avec August Weismann. Georges Coutagne affirmait que si les tendances héréditaires étaient immuables et que seule variait leur combinaison, alors et quel que fut le nombre de ces tendances, l’amélioration d’un caractère donné devait avoir une valeur limite correspondant au maximum donné pour la race non

améliorée. D’autre part, une augmentation de la valeur moyenne du caractère était attendue, de sorte que les générations devenaient de plus en plus

homogènes, avec une amplitude de variation moindre que celle observée dans la population initiale. Or il observa une moyenne pour le caractère

mesuré supérieure à celle attendue dans le cas d’un simple croisement des meilleurs producteurs entre eux, avec une amplitude de variation

inchangée : « la sélection augmente progressivement la valeur moyenne de part et d’autre de laquelle oscille la valeur du caractère sur lequel est porté la sélection, sans que, d’autre part, la variabilité de ce caractère, par rapport à cette valeur moyenne, semble notablement diminuée »

Sur la base de quoi, il put affirmer que « la sélection des caractères innés [modifiait] les tendances héréditaires, et par suite, la variabilité des caractères [n’était] pas simplement le résultat de combinaisons différentes entre un certain nombre de tendances héréditaires invariables » (ibidem) ; ces résultats et leur interprétation expliqueront pourquoi Georges Coutagne ne sera jamais complètement weismannien.

D’autre part, il est probable que ce résultat ait amené Georges Coutagne à se convaincre que des caractères acquis sous l’effet de conditions mésologiques

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particulières pouvaient se transmettre à la descendance. La théorie de Weismann reposait en effet sur une conception préformationniste, l’individu récapitulant toute son ascendance. La vision de l’hérédité par Coutagne, comparable à celle deWeismann, supposait une mémoire infinie, avec le souvenir de toute l’ascendance, résultat que l’on pouvait voir dans la

sommation infinie de Galton. Celle-ci s’accommodait fort mal avec la division réductrice, souvent mal comprise à cette époque, mais que Georges Coutagne reconnaissait comme vraie en écrivant explicitement qu’un parent ne

transmettait que la moitié de ses mnémons à un de ses enfants.

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Karl Pearson (1857 – 1936)

Professeur de mathématique appliquée et de mécanique.

Fasciné par l'ouvrage de Galton (1989) Natural inheritance et par son article sur la corrélation et ses thèses eugéniques.

Il est le fondateur d'un laboratoire de biométrie (mesure des phénomènes biologiques).

Jusqu'en 1933, il occupe le poste de professeur en eugénisme.

Il est convaincu que l'hérédité pèse beaucoup plus lourd que l'environnement

(étaye ses démonstrations par des calculs de corrélations multiples) et que son pays est sur la voie de la dégénérescence.

Il est encore plus pessimiste que Galton. Il pense qu'il faut supprimer l'assistance aux personnes indigentes. Il propose l'intervention de l'état dans les affaires de reproduction.

S'oppose aux généticiens qui tentent d'expliquer l'hérédité des traits comme la maladie mentale et l'intelligence par les lois de Mendel (il pensait que ces lois ne pouvaient pas s'appliquer aux distributions continues).

Pour l'Angleterre il est important de ne pas se mélanger avec les peuples inférieurs (exterminer les habitants de certaines contrées est donc une nécessité même si elle est dure!).

Un statisticien important :

S'appuyant sur les travaux de Galton, Karl Pearson poursuit l'étude de la corrélation et donne de son coefficient r l'expression que nous lui connaissons actuellement. Dans l'étude de la dispersion, il introduit le terme "standard deviation" (écart type), en 1893, ainsi que sa notation s. On lui doit également le critère du chi-deux, permettant de caractériser la qualité d'ajustement d'une

distribution théorique à une distribution observée. Enfin, Karl Pearson crée un réseau scientifique et des institutions autour des questions statistiques liées à la biométrie (qu'il définit comme "l'étude de l'application des méthodes mathématiques à l'examen des formes multiples de la vie."). Il est co- fondateur, en 1901, de la revue "Biometrika", "in consultation with F. Galton", qui publiera de nombreux articles de statistique et dont l'influence sera très grande. En 1906, il crée deux

laboratoires, très proches, l'un de biométrie, l'autre d'eugénique. A sa mort, en 1936, cet ensemble aura donné trois laboratoires : statistique appliquée (dirigé par son fils Egon Pearson), eugénique (dirigé par Ronald Fischer) et génétique.

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Nicolas Vavilov (1887-1943)

Николай Иванович Вавилов a formulé une « Loi des séries homologues » dans la variabilité héréditaire et des centres d'origine des espèces. Il reconnaît le rôle essentiel de la sélection naturelle darwinienne, mais conçoit que les changements évolutifs peuvent être canalisés par voies

prédéterminées et non aléatoires et admet les contraintes internes de l'hérédité.

N.I. Vavilov formula dès 1920 sa « loi des séries homologues dans la variation ». Étudiant les variations du blé dans des milieux géographiques divers, Vavilov constata que les variations du seigle (couleur, forme, périodicité de croissance) lui étaient parfaitement analogues. Vavilov parvint ainsi à prévoir l’existence de variétés de céréales d’une certaine espèce à partir de l’existence d’une variété analogue dans une autre espèce. Vavilov proposa alors une interprétation, ni darwinienne ni lamarckienne, de ce curieux fait expérimental : selon lui, « les séries de variétés parallèles étaient des réactions identiques de mêmes systèmes génétiques hérités en totalité d’une espèce à une autre espèce parente » (S.J.Gould, p. 159). Vavilov utilisait donc un principe d’explication, certes pas « anti-darwinien », mais « non-darwinien ». En effet, pour le darwinisme strict, l’évolution est avant tout le produit de la sélection naturelle par le milieu. Les variations héréditaires sont purement aléatoires et c’est en réalité le milieu qui oriente l’évolution. Or les observations de Vavilov montrent que la variation ne s’opère pas de manière purement aléatoire qu’elle est fortement canalisée et orientée sur des voies bien précises. Vavilov considère que « les variations envisagées dans le cadre de cette explication sont des résultats prédictibles au sein de leur système génétique » (p. 160).

Il y a donc, si l’on veut, une sorte de travail préalable à la sélection par le milieu.

En apparence, la théorie de Vavilov semble renforcer au maximum le rôle de l’inné. Il n’en est rien.

Certes, la variation est prédéterminée, mais précisément elle permet les bifurcations au cours de l’ontogenèse, si bien que la sélection du milieu intervient en cours d’ontogenèse, par exemple pour sélectionner plutôt tel type que tel autre, alors que les géniteurs sont identiques génétiquement et morphologiquement. Si bien que la loi des séries homologues de Vavilov montre une dialectique bien plus complexe que celle envisagée traditionnellement, de la variation aléatoire et de la

sélection par le milieu. Le matériel génétique intègre, à titre de puissance, les variations du milieu et ce sont effectivement ces dernières qui sont agissantes dans la formation de l’adulte et dans le tri des individus viables.

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Richard Goldschmidt (1878-1958)

Richard Goldschmidt admirait le travail de l’école morgannienne. Toute fois il développa plusieurs théories originales :

Il estimait que le linkage (liaison des gènes entre eux)pouvait plus facilement s’expliquer par des forces d’ancrages : pendant l’interphase, les chromosomes se désintègrent ; une force permet aux gènes de retrouver leur place lors de la division cellulaire :

Figure 1. Richard Goldschmidt's representation of the variable forces hypothesis.

Particulate factors were depicted as anchored to the chromosome. The size of the anchor corresponded to the force attaching the particle to the chromosome (from GOLDSCHMIDT 1917 ).

Concernant l’évolution, il défendit un modèle saltatoire : selon lui, des mutations affectant des gènes intervenant dans le développement pourraient produire en une seule étape des individus très différents de la norme de l'espèce, éventuellement mieux adaptés certaines conditions, des

« monstres prometteurs ». À cet égard, l'étude des mutants homéotiques occupe une position clef dans sa pensée. La théorie de Theodosius Dozbhansky d’Ernst Mayr n’intégrait pas l’embryologie ; on passait directement des gènes à l’organisme final. Golschmidt avait observé des mutants

particulièrement spectaculaires chez les insectes tels qu’Antennapedia (une mouche chez laquelle les antennes sont remplacées par des pattes). Pour Goldschmit, de tels changements radicaux étaient à même d’expliquer les grands changements morphologiques dans l’évolution.

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Ernst Haeckel (1834-1919)

Ernst Haeckel était un admirateur fervent de Darwin. Il fit connaître l’évolutionnisme, à une époque où la France restait résolument antidarwinienne. Pour ses contemporains, un ouvrage comme Histoire de la création des êtres organisés d’après les lois naturelles, paru en 1868 présentait une mine de données sur le darwinisme

Il cherchait à ramener la biologie à des lois physico-chimiques au moyen desquelles ils pensaient pouvoir découvrir le lien manquant entre monde organique et monde inorganique. Partant de ces présupposés, Haeckel va développer la version évolutionniste de la théorie de la récapitulation, également nommée loi biogénétique. Le couple de néologismes ontogénie (ou ontogenèse) et phylogénie (ou phylogenèse) remonte à Haeckel qui dissipait ainsi la confusion existant alors avec le mot évolution employé à la fois pour le développement de l’individu et celui de l’espèce.

Haeckel distingue en effet « l’évolution des individus organisés, ce que l’on appelle habituellement embryologie et qui serait mieux désigné par l’expression plus juste et plus

compréhensive d’ontogénie » et « l’histoire de l’évolution paléontologique des organismes, que l’on peut appeler histoire des familles organiques ou phylogénie ».

On lit dans l’Histoire de la création: « L’ontogenèse est une courte et rapide récapitulation de la phylogenèse ou du développement du groupe correspondant, c’est-à-dire de la chaîne

ancestrale de l’individu. [...] Cette connexité intime de l’ontogénie et de la phylogénie est l’une des preuves les plus capitales et les plus irréfutables de la théorie de la descendance », car de l’individu il est désormais possible de remonter à la chaîne de ses ascendants. Il existe donc entre les deux séries un lien étiologique qui est le ressort de sa loi biogénétique et consiste dans un rapport de cause à effet tel que la phylogenèse est la cause de l’ontogenèse. Cette loi est aux yeux de Haeckel « la loi générale la plus capitale de l’évolution organique » et elle devient le matériau sur lequel il construit une « échelle du progrès ». Il précise : « Cela nous explique pourquoi, [...]

les groupes animaux et végétaux les plus parfaits atteignent le plus haut degré de développement dans un temps relativement court, tandis que les groupes les plus inférieurs, les plus conservateurs, restent immobiles à travers la longue série des siècles sur l’échelon inférieur qu’ils occupaient dans l’origine, ou ne progressent que peu à peu, avec une extrême lenteur ».

L’ensemble du dispositif de la récapitulation fonctionnait sur des postulats de l’hérédité des caractères aquis, car l’ontogenèse ne peut récapituler la phylogenèse qu’à la condition que les caractères adaptatifs acquis par les adultes au cours de leur vie soient transmis héréditairement à leurs descendants. Le processus héréditaire des caractères acquis fonctionne comme la mémoire qui est fortifiée par la répétition. Les caractères phylogénétiques transmis héréditairement s’impriment donc d’autant plus fortement dans le développement ontogénétique des descendants que le stimulus était rendu plus intense par la répétition. L’ontogenèse, en récapitulant la phylogenèse, devenait ainsi rien de moins que la mémoire du passé de l’espèce.

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Karl Wilhelm von Nägeli (1817-1891)

Pour Nägeli, les cellules contiennent des micelles qui sont des filaments de substances

albuminoïdes. Elles se forme spontanément dans le milieu nutritif par une sorte de cristallisation.

Ces substances s'agrègent avec de l’eau pour former une substance colloïdale, le protoplasme. Ces fragments s’accroissent par agrégation puis se segmentent, Une partie du protoplasme, l’idioplasme porte l’hérédité : n’importe quelle fragment de celui-ci contient les micelles constitutives de

l’organisme, à partir de quoi un nouvel être peut se constituer. (page 52)

Histoire de la notion de gène ; p 52 ; (Flammarion, Champs) 1999. André Pichot (Historien des sciences au CNRS)

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Francis Galton (1822-1911)

Galton, cousin de Darwin, accueillit la théorie de la pangenesis de Darwin avec enthousiasme. Pour tester la conjecture que les gemmules (ou pangènes, particules héréditaires) circulent bien dans le sang, il fit des transfusions sanguines entre lapins. L’échec de ces expérience le conduisent à rejeter l’hypothèse. Il a correspondu avec Darwin au sujet de cette théorie de la pangenesis.

Fasciné par les nombres, il passait son temps à mesurer et il est un des fondateur des statistiques. Il considérait que la mesure était le fondement de toute étude scientifique. Il inventa en 1883 le terme « eugénisme » et préconisa une réglementation des mariages et du nombre d’enfants par famille en fonction des dons héréditaires des parents. Il développe la théorie de l’intelligence innée dans Hereditary genius.

Ses études portent sur la transmission de caractères héréditaires, comme la taille, et sa plus importante contribution est d'expliciter correctement le concept de corrélation, autrement dit la façon dont la loi de probabilité d'une variable aléatoire dépend de la valeur supposée fixée d'une autre variable aléatoire. Galton postulait que toutes les mesures biologiques devaient se distribuer selon la loi normale (dite courbe de Gauss) .

Galton formula également une seconde loi : « Les proportions sont déterminées très simplement, comme si, dans chaque génération, l’influence d’un

ascendant de ne degré était le quart de celle de chacun des ascendants du (n- 1) e degré ». Autrement dit pour un caractère donné, le « groupe père et mère (supposés homotaxiques) aura une influence égale à la moitié de celle de leur enfant. » (ibidem). Il conclut mathématiquement par la somme algébrique : 1/2 + 1/4 + 1/8 + 1/16 + … = 1.

La loi de Galton s’appliquait fort bien aux caractères quantitatifs et à l’hérédité par mélange, réfutée par Mendel, et pas du tout à l’hérédité particulaire.

La corrélation, concept ancien de la biologie désignant les relations entre propriétés physiques de deux organes dans les corps d’une même espèce, n’a reçu un statut de mesure statistique que par le biais des travaux de Galton. C’est dans le cadre de son programme eugéniste et biométrique, et plus précisément de ses expériences sur la taille des pois de senteur puis sur la taille humaine, que Galton a découvert la corrélation. Ce qui intéresse Galton est une mesure de la regression « toward mediocrity » qui veut que nos caractéristiques moyennes soient intermédiaires entre celles de nos parents et celles du type

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Theodor Eimer (1843-1898)

Le terme « orthogenèse » est né en 1893 sous la plume du biologiste néo-lamarckien Johann Wilhelm Haacke (1855-1912). Il fut popularisé par Gustav Eimer (1843-1898), un zoologiste suisse-allemand, qui formula en 1897 une « loi d’orthogenèse ». Selon cette loi, « la

transformation d’une espèce peut se dérouler selon une direction immuable, sans rapport avec l’utilité, et qui ne peut donc donner prise à la sélection. »

Elle se traduit par la progression, ou la régression, d’un (ou de plusieurs) caractère(s). N’étant pas soumise au contrôle de la sélection naturelle, elle peut mener à une situation catastrophique nommée hypertélie et provoquer l’extinction de l’espèce.

Selon Gustav Eimer, l’orthogenèse doit s’expliquer en des termes physico-chimiques. Sa « loi » combine l’influence de facteurs externes et internes à l’organisme. Selon sa conception, les variations ne s’effectuent ni au hasard, ni dans tous les sens. La sélection naturelle ne joue quant à elle qu’un rôle secondaire.

Ce qui se trouve à l'origine de l’idée d’orthogenèse, et ce qui explique peut-être que la paléontologie ait traditionnellement rassemblé une proportion beaucoup plus importante de néo-lamarckiens que n’importe quelle autre branche de l’histoire naturelle, est l’existence de lignées fossiles montrant des évolutions linéaires, c’est-à-dire maintenues dans une même direction sur un grand nombre de générations.

L’exemple le plus célèbre de ces développements orthogénétiques est celui des chevaux du Tertiaire. Sur quelques 45 à 50 millions d’années, trois tendances significatives et corrélées se détachent dans leur évolution :

1. un accroissement important de la taille (de celle d’un fox-terrier à celle des chevaux actuels) 2. une réduction du nombre de doigts (de quatre à un, pour former le sabot des Equidés

contemporains)

3. un accroissement de la taille des molaires.

Entre le petit Hyracotherium du Tertiaire et l’actuel Equus, les chevaux auraient donc subi une évolution orthogénétique, les guidant tout droit d’une morphologie archaïque et trapue jusqu’à leur forme actuelle, élancée et élégante.

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Gaston Bonnier (1853-1922)

Bonnier entreprend des recherches originales sur la transformation des végétaux en fonction des conditions du milieu. Il mène ses principales recherches sur ce thème essentiellement au cours de deux périodes, entre 1882 et 1903 sur les plantes méditerranéennes. , puis entre 1919 et 1920 surles plantes alpines :

Sa conclusion est la suivante : « En somme, en rapprochant les faits des résultats fournis par les cultures expérimentales, il est impossible de nier qu’un grand nombre d’espèces des régions tempérées puissent, dans une certaine mesure, changer de forme pour s’adapter au climat

méditerranéen. De plus, les caractères provoqués par l’expérience se révèlent, analogues à ceux qu’on remarque chez les végétaux croissant naturellement sur le littoral méditerranéen. »

Ar à partir des études alpines : « Si l’on remarque, par exemple, pour le

passage du climat tempéré de plaine au climat alpin, que les caractères acquis par l’adaptation, varient tous dans le même sens que celui présenté par les espèces, spécialement de plaines comparées aux espèces similaires

spécialement de montagnes, ces faits sont en faveur de l’hypothèse qui attribue au changement de milieu l’une des causes principales de la transformation des organismes. »

Ses expériences en milieu contrôlé, en laboratoire lui permettent d’écrire : « Il est donc possible

de provoquer artificiellement ces caractères des plantes alpines chez les végétaux maintenus en plaine, en leur faisant subir une alternance diurne de température comparable à celle qui se produit dans les régions élevées des montagnes. » Il estime donc avoir isolé la cause d’une transformation qui a conduit naturellement à la formation des espèces alpines.

Bonnier s’engage dans un commentaire hostile à la sélection naturelle. Il affirme que le succès du darwinisme repose sur la brillance de la présentation de son auteur, plus que sur le fond. Selon lui, la théorie de la sélection

naturelle ne répond pas positivement à la question posée initialement concernant la formation d’une espèce nouvelle, puisqu’il « faut un temps extrêmement long pour produire les variations arrivant à former des espèces différentes ». Pour les darwiniens, il est impossible de voir une espèce se créer et c’est précisément le contraire que Bonnier prétend étudier expérimentalement.

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Hermann Muller (1890 - 1967)

Muller met au point en 1927 l'induction artificielle de mutations par les rayons X : il montre que les rayons X augmentent d'un facteur 100 le nombre de mutations chez la drosophile.

La technique d'irradiation permet à Muller d'avancer une première estimation du nombre de gènes présents chez un organisme : il propose en 1929 que la drosophile contiendrait environ 1400 à 1800 gènes.

Le parcours scientifique de Muller est peu ordinaire : après avoir travaillé aux Etats-Unis, il part travailler en URSS. Il y est invité par Vavilov, et doit alors affronter Lyssenko, auquel il s'oppose vigoureusement. Il s'engage par la suite dans une brigade internationale durant la guerre civile espagnole, avant de retourner aux Etats-Unis en 1945. Il reçoit le prix Nobel de Médecine en 1946.

Muller 1922

La caractéristique des ces particules ultramicroscopique — caractéristique des gènes — est la propriété d’autopropagation, le fait que dans le protoplasme cellulaire elles réagissent pour

convertir les substances environnantes ens un produit final identique au gène lui-même. Cette action auto-catalytique est ce que le physiologiste nomme « croissance » et quand il passe d’une génération à l’autre « hérédité ». Le plus remarquable est que lorsque la structure du gène est modifiée, les propriété catalytiques du gène sont changées également d’une manière

correspondante. Le nouveau gène produit maintenant des nouvelles réactions permettant la fabrication auto-catalytique du nouveau gène.

Référence

Muller, H.J. (1927) Artificial transmutation of the gene. Science 66, 84-87.

Muller écrit une lettre à Staline pour lui conseiller une politique eugéniste.

(extrait remainé)

Il faut comprendre, que le procès de l'ensemencement artificiel n’est pas un acte sexuel et n'empêche pas la réalisation par lui de relations normales d'amour ni d’actes sexuels.

Ainsi, des couples mariés peuvent recourir à l'ensemencement artificiel s’ils souhaitent avoir les enfants dotés d’extraordinaires qualités génétiques? Cela ne viole pas les relations d'amour entre les partenaires. Des gènes précieux se multiplieront fortement et recevront toutes les chances de se trouver dans de meilleures combinaisons. L'hérédité des personnes ordinaires ne disparaît pas, mais elle recevrait des suppléments de plus en plus précieux. Ce que j’expose ici est l'antithèse de "la propreté de la race" et

l’"eugénique" des national-socialistes qui créent une hiérarchie artificielle des races et les classes. La voie sociale, au contraire, est positive, et aspire à la reproduction abondante, en combinant les lignées supérieures du talent de chaque race, comme cela se passe dans la société sans classes. Mon projet de ne fait pas de différence odieuse entre la personne et son voisin, parce que la matière génétique, qu'il répand sera reconnu par tous comme de valeur. Des mères, libérées des chaînes des préjugés religieux, seront fières mélanger leur plasma avec le plasma de Lénine ou se Darwin et de donner à la société des enfants héritant de leurs qualités biologiques.

(17)

Wilhelm Johannsen (1857-1927)

Le mot gène fut proposé par le biologiste danois Johannsen, Galton avait observé que lorsque l’on croise des pois, la masse de chaque graine de la seconde génération se répartit sur une courbe de Gauss et que les descendants de pois lourds ont des masses semblables à celle des descendants des pois légers. Johannsen en déduit que les variations pondérales de la graine de sont pas de nature héréditaire. Pour désigner cela, il forge les termes génotype et phénotype. Pour Johannsen, le gène doit être définit de manière purement opérationnelle par rapport à la combinatoire mendélienne :

« Il faut traiter le gène comme une unité de comptage ou de calcul. Nous n’avons aucunement le droit de définir le gène comme une structure morphologique, au sens des “gemmules” de Darwin, des “biophores”, des “déterminants” ou de toute autre sorte de concept

morphologique».

« Ce mot est totalement libre de toute hypothèse : il exprime simplement le seul fait, prouvé avec certitude, que dans n’importe quel cas, de nombreuses caractéristiques d’un organisme résultent de conditions spéciales, séparables et donc indépendantes, en résumé ce que nous appellerons

simplement « gènes », et qui sont présents dans les gamètes ».

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Archibald Garrod (1857-1936)

Le médecin anglais Archibald Garrod étudie des enfants atteints d’alcaptonurie ; c’est une maladie caractérisée par une urine qui noircit à l'air, une pigmentation brun foncé-noire du cartilage et des tissus conjonctifs (ochronosis en anglais) et de l'arthrite (inflammation des cartilages articulaires), spécialement au niveau de la colonne vertébrale.

« Que l'explication mendélienne soit vraie ou non il semble probable que les particularités de l'alcaptonurie ,et les conditions similaires dans lesquelles elle apparaît, sont expliquées ,de la meilleure manière possible, en supposant qu'une particularité des gamètes des deux parents est nécessaire pour qu'elle se produise, à part des cas exceptionnels pour les lesquels le caractère, habituellement récessif, apparaît dominant.» ...

Garrod suppose que le gène a la capacité de produire des enzymes, qui s’expriment dans la cellule et modifient l’organisme.

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Max Delbruck (1906-1981)

Max Delbrück est biophysicien. Après sa thèse, il s’intéresse à la nature du gène. Delbrück décide d'étudier le gène par le biais de l'effet que des rayonnements induisent sur celui-ci, mis en évidence par Muller. Delbrück cherche alors à préciser les propriétés du gène en étudiant les variations du taux de mutation en fonction de l'énergie du rayonnement utilisé. L'analyse de la fréquence des mutations obtenues permet à Delbrück en 1935 d'estimer la dimension d'un gène à un volume d'environ 10 distances atomiques de côté, ne contenant donc qu'un millier d'atomes environ.

Delbrück interprète les mutations en termes quantiques : il propose que chaque mutation

représente un saut quantique entre deux états stables du gène. A partir de 1937, convaincu que le meilleur modèle d'étude du vivant doit être le plus simple possible, il choisit le bactériophage, dont la très faible taille l'assimile à un "gène pur". En 1946, Delbrück publie un article qui affirme qu’il existe des indices témoignant de recombinaisons possibles entre phages portant des mutations distinctes.

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Henri Bergson (1859-1941)

Henri Bergson (18 octobre 1859 à Paris - 4 janvier 1941) est un philosophe et un diplomate français. Surtout connu pour Matière et mémoire et L'Évolution créatrice, d’où est tiré le texte suivant. Il obtient le prix Nobel de littérature en 1927.

C'est par une accumulation de variations insensibles [que Darwin] rendait compte de la genèse des espèces. Telle est encore l'opinion de beaucoup de naturalistes. Elle tend pour. tant à céder la place à l'idée opposée : c'est tout d'un coup, par l'apparition simultanée de plusieurs caractères nouveaux, assez différents des anciens, que se constituerait une espèce nouvelle. Cette dernière hypothèse, déjà émise par divers auteurs, notamment par Bateson, a pris une signification profonde et acquis une très grande force depuis les belles expériences de Hugo de Vries. Ce botaniste,

opérant sur l'Oenothera lamarckiana, a obtenu, au bout de quelques générations, un certain nombre de nouvelles espèces. La théorie qu'il dégage de ses expériences est du plus haut intérêt. Les

espèces passeraient par des périodes alternantes de stabilité et de transformation. Quand arrive la période de « mutabilité », elles produiraient des formes inattendues. Nous ne nous hasarderons pas à prendre parti entre cette hypothèse et celle des variations insensibles. Nous voulons simplement montrer que, petites ou grandes, les variations invoquées sont incapables, si elles sont accidentelles, de rendre compte d'une similitude de structure comme celle que nous signalions.

(...)

On sait que Lamarck attribuait à l'être vivant la faculté de varier par suite de l'usage ou du non- usage de ses organes, et aussi de transmettre la variation ainsi acquise à ses descendants. C'est à une doctrine du même genre que se rallient aujourd'hui un certain nombre de biologistes. La variation qui aboutit à produire une espèce nouvelle ne serait pas une variation accidentelle inhérente au germe lui-même, Elle ne serait pas non plus réglée par un déterminisme sui generis, qui

développerait des caractères déterminés dans un sens déterminé, indépendamment de tout souci d'utilité. Elle naîtrait de l'effort même de l'être vivant pour s'adapter aux conditions où il doit vivre. Cet effort pourrait d'ailleurs n'être que l'exercice mécanique de certains organes, méca- niquement provoqué par la pression des circonstances extérieures. Le néo-lamarckisme est donc, de toutes les formes actuelles de l'évolutionnisme, la seule qui soit capable d'admettre un principe interne et psychologique de développement, encore qu'il n'y fasse pas nécessairement appel. Et c'est aussi le seul évolutionnisme qui nous paraisse rendre compte de la formation d'organes complexes identiques sur des lignes indépendantes de développement. On conçoit, en effet, que le même effort pour tirer parti des mêmes circonstances aboutisse au même résultat, surtout si le problème posé par les circonstances extérieures est de ceux qui n'admettent qu'une solution. Reste à savoir si le terme

« effort » ne doit pas se prendre alors dans un sens plus profond, plus psychologique encore qu'aucun néo-lamarckien ne le suppose.

Après avoir été affirmée comme un dogme, la transmissibilité des caractères acquis a été niée non moins dogmatiquement, pour des raisons tirées a priori de la nature supposée des cellules germinales. On sait comment Weismann a été conduit, par son hypothèse de la continuité du plasma germinatif, à considérer les cellules germinales, - ovules et spermatozoïdes, - comme à peu près indépendantes des cellules somatiques. Partant de là, on a prétendu et beaucoup prétendent encore que la transmission héréditaire d'un caractère acquis serait chose inconcevable. - Mais si, par hasard, l'expérience montrait que les caractères acquis sont transmissibles, elle prouverait, par là même, que le plasma germinatif n'est pas aussi indépendant qu'on le dit du milieu somatique, et la transmissibilité des caractères acquis deviendrait ipso facto concevable : ce qui revient à dire que concevabilité et inconcevabilité n'ont rien à voir en pareille affaire, et que la question relève uniquement de l'expérience.

(21)

William Bateson (1861-1926)

Vers 1897, Bateson commença des expérience d’hybridation avec des poules et des papillons. En lisant les travaux de De Vries et de Mendel, Bateson compris l’importance des Lois Mendéliennes.

En 1902, il traduisit l’œuvre de Mendel en anglais et créa les mots génétique. allelomorphes" (plus tard abrégé en allèle), "zygote," "heterozygote" et "homozygote."

Observation de travail. Bateson, E.R.Saunders et R.C. Punnett sur le pois de senteur en 1905 : fleur pourpre à pollen long X fleur rouge à pollen rond.

En F1, tous les individus sont à fleur pourpre et à grain de pollen long.

En F2 on trouve

4831 fleurs pourpres à grains long soit 69,5 % 390 fleurs pourpres à grains ronds soit 5,7 % 393 fleurs rouges à grains longs soit 5,7 % 1338 fleurs rouges à grains ronds soit 19 %

Les lois de Mendels prévoient des pourcentages égaux à 56, 19, 19 et 6 %

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Beadle et Tatum

Un article de 1941, et un autre de 1945

Dans leur introduction les auteurs précisent que pour étudier le lien entre les gènes et les propriétés physiologiques et biochimiques des organismes on procède habituellement en étudiant l'hérédité de caractères bien connus (ils citent les pigments de type anthocyanes des plantes, la fermentation des sucres par les levures...). Leur approche est différente car ils considèrent que l'on peut créer par irradiation aux rayons X des souches ayant des caractères héréditaires stables nouveaux qu'ils considèrent comme des mutations géniques. (Muller en 1928 a étudié les mutations produites sous par différentes expositions aux rayons X de souches de drosophile) :

Dans leur modèle un organisme muté pour un gène spécifique supposé comme étant associé à une substance chimique pourra à nouveau se développer s'il est cultivé en présence de cette substance (ce que l'on pourra mettre en évidence par des mesures de croissance en fonction de la

concentration en substance dans le milieu). On ne peut pas vraiment dire que le concept "un gène- une enzyme" soit proposé dans cette publication, même si ce propos est souvent tenu. Les mots exprimant peut-être cette idée sont les premières phrases de l'article : « From the standpoint of physiological genetics the development and functioning of an organism consist essentially of an integrated system of chemical reactions controlled in some manner by genes. It is entirely tenable to suppose that these genes which are themselves a part of the system, control or regulate specific reactions in the system either by acting directly as enzymes or by determining the

specificities of enzymes.... Furthermore, investigations of this type tend to support the assumption that gene and enzyme specificities are of the same order ».

Le point de vue actuel de la physiologie génétique est que le développement et le fonctionnement d'un organisme résultent essentiellement de celui d'un système intégré contrôlé d'une certaine manière par les gènes. Il est raisonnable de supposer que ces gènes, qui sont eux-mêmes une partie du système, contrôlent ou régulent des réactions spécifiques de ce système soit en agissant

directement comme enzymes, soit en déterminant la spécificité d'enzymes...

Ce n'est que dans le papier de 1945 qu'apparaît l'exemple de la chaîne métabolique du tryptophane et l'expression "one-gene-one-reaction" qui sera repris plus tard comme le "concept" "one-gene- one-enzyme". On peut trouver une relation de ces idées dans son discours de réception du prix Nobel en 1958.

L'analyse de la liaison génotype-phénotype est cependant plus riche que dans la publication préliminaire de 1941. L'ensemble de ces résultats est exploité dans le même sens que précédemment : toutes les exigences biochimiques d'un organisme sont susceptibles d'être

contrôlées par des gènes dont on peut faire l'exploration au moyen de mutations dont on sélectionne les représentants sur des milieux appropriés. Toute idée d'une variabilité métabolique individuelle, d'une adaptation ou de transformation au cours du développement, de la redondance de mécanismes biochimiques... est non envisagée.

L'ensemble de ces travaux (ils leur vaudront le prix Nobel en 1958) aboutissent finalement à la conclusion que les gènes contrôlent la synthèse des enzymes, et que chaque protéine est codée par un gène différent.

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Louis Blaringhem (1878-1958)

Louis Blaringhem (1878-1958) après avoir négligé l’impact de la redécouverte des lois de Mendel, sera l’un des premiers à enseigner la génétique mendélienne en France et qui, tout au long de sa carrière, entretiendra une collaboration étroite avec le monde agricole. (...)

Blaringhem constate que le maïs en bordure des chemins présente des métamorphoses dans son inflorescence terminale —, il passe à une hypothèse — le traumatisme est engendré par le passage d’animaux ou de véhicules agricoles —, pour la soumettre à une expérience : dans son laboratoire parisien, il va tenter de reproduire ces anomalies et d’en étudier l’éventuelle transmission

héréditaire. On assiste à une véritable mise en expérience des végétaux : sectionnée, tordue, la tige de maïs est soumise à des traumatismes violents, qui parfois détruisent la plante ou provoquent le développement surabondant de rejets. Blaringhem pour valider son hypothèse va jusqu’à graduer la violence des mutilations et à déterminer l’époque la plus convenable pour la meilleure réussite de son expérience. Il finit par énoncer la loi biologique suivante : « Grâce aux mutilations, on peut mettre la plupart des végétaux dans un état « d’affolement » qui est pour les horticulteurs, la période de la vie de l’espèce qui fournit les nouvelles variétés. Dans leur descendance, celles-ci fournissent, en outre des graves anomalies, des plantes normales ayant repris leur équilibre ancestral et de très rares individus présentant des anomalies légères. Ces dernières sont totalement

héréditaires et constituent des variétés nouvelles et stables »

Ainsi, au début du siècle, une attitude frileuse par rapport à la redécouverte de lois de Mendel semble être partagée par la communauté scientifique française et Louis Blaringhem n’est pas un cas isolé. En prétendant que les lois de Mendel ne s’appliquent que dans des cas exceptionnels

d’hérédité, il affiche une attitude modérée qui s’inscrit entre deux positions extrêmes : un rejet radical, illustré notamment par la personnalité de Félix Le Dantec et une attitude partisane comme peut la défendre Lucien Cuénot (1866-1951). Pour Le Dantec, les déterminants héréditaires mendéliens sont assimilables à des microbes, à des accidents ajoutés à l’hérédité normale comme une maladie le serait à la physiologie normale de l’individu. Aussi rejette-t-il le mendélisme (puis plus tard la génétique chromosomique de Morgan) pour ses caractères purement formels, « non physiologiques », en un mot métaphysiques.

À la veille de la Seconde guerre mondiale, Blaringhem est définitivement rallié à la cause

mendélienne et s’affiche clairement lors de manifestations publiques. Au Palais de la découverte, lors de l’Exposition internationale de 1937, il déclare de manière emphatique : « Les lois de Mendel mises en valeur en 1900 par les naturalistes De Vries, Von Tschermak et Correns, sont pour les naturalistes comme pour les sélectionneurs l’équivalent des principes d’Euclide pour les

géomètres et les architectes ». Et, plus loin, sans hésitation, abandonnant le souci de modération et de restriction qui le caractérisait jusqu’alors, il énonce : « Tous les problèmes de l’amélioration des plantes, de leur ajustement aux exigences de la culture moderne et des industries de transformation, de la définition rigoureuse des types nécessaires pour faciliter les échanges avec contrôle […], l’acclimatation comme la résistance aux maladies, doivent être étudiés en tenant compte des lois énoncées par Gregor Mendel à la suite de ses études sur les pois. Les mêmes principes trouvent dans le perfectionnement des races animales et dans l’Eugénique, science des perfectionnements corporels et mentaux de l’homme, des applications pleines de promesses pour l’avenir »

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Charles Richet (1850-1935)

En 1913, le prix Nobel de médecine a été attribué à Charles Richet (1850-1935) pour la découverte, en 1902, de l'anaphylaxie. Il a été un fervent militant de la promotion de l’espéranto.

Extraits de « l’homme stupide » :

En tout cas il suffit de réfléchir une petite minute pour comprendre qu'on ne peut classer les hommes que par leur mérite. D'un côté ceux qui sont laborieux, probes, braves, intelligents ; de l'autre ceux qui sont

paresseux, voleurs, poltrons et bêtes. Or pour établir cette distinction équitable, le seul signe extérieur, c'est la richesse acquise. Seule, la richesse acquise pourra mesurer quelque peu les proportions de talent et de vertu qui distinguent les divers individus. Si, avant d'entreprendre la route de la vie, les enfants partaient du même point, c'est-à-dire de leur berceau, dotés des mêmes avantages, à trente ans ils seraient séparés par des distances énormes. L'ivrogne serait ruiné et misérable ; le paresseux croulerait dans le dénuement ; le lâche, dans le mépris universel. Seul, l'homme intelligent aurait réussi à faire fortune.

Perfectionner une larve qui est déjà en pleine régression, voilà le problème qui se pose. Problème angoissant, complexe, ardu. Mais je n'ai pas le fol espoir qu'on tentera même l'ébauche de la réforme qui serait

nécessaire, la seule qui nous empêchera de tomber au-dessous des êtres les plus grossiers : L'AMÉLIORATIONDE L'INTELLIGENCEHUMAINE. Et, cependant, malgré leur futilité et leur incohérence, les hommes ont pu, pour l'élevage de leurs bestiaux, arriver à prouver que, s'ils font pendant quelque temps choix de reproducteurs pourvus de qualités éminentes ou spéciales, ces qualités éminentes et spéciales vont reparaître chez les descendants. En accouplant les juments et les chevaux les plus rapides, on finit par obtenir au bout de plusieurs générations des individus héréditairement rapides... c'est même ainsi qu'on a pu créer la sous- variété des chevaux de course. Donc on peut modifier par sélection les espèces. Donc il y a transmission héréditaire. Donc, en continuant cette sélection, c'est-à-dire l'accouplement des meilleurs, sans défaillance, pendant de nombreuses générations, on forcera certains caractères, aussi bien psychologiques que physiques, à se fixer sur l'espèce. Car la forme de l'esprit est soumise à l'hérédité, tout autant que la forme du corps.

L'égalité absolue est une si grossière erreur qu'elle n'a pu éclore que dans le cerveau fumeux des théoriciens.

Il est juste, il est absolument juste que les travailleurs et les intelligents soient récompensés. D'autre part, il est juste, il est absolument juste, que les paresseux et les imbéciles expient par une misère réelle leur paresse ou leur imbécillité. Et alors l'égalité absolue s'effondre, avec toute la doctrine socialiste. Hé mais ! au fait, en prétendant que chaque individu doit être l'unique artisan de sa fortune, et que le bien-être sera réservé à ceux qui l'ont gagné, nous voici revenus à la bonne loi de Nature, au combat pour l'existence, au struggle for life, si magistralement exposé par Ch. Darwin. Tous les êtres de notre pauvre petit globe se livrent d'incessantes batailles, et la victoire est aux plus habiles, aux mieux armés, aux plus nombreux. Ceux qui succombent méritent de succomber, parce qu'ils ont des armes moins puissantes. Leur infériorité explique, justifie et légitime leur écrasement. De même, dans nos sociétés humaines, les plus intelligents, les plus vigoureux, les plus braves, doivent l'emporter sur ceux qui sont mols, efféminés et bêtes.

À peine parlerons-nous des races noires car notre tâche serait alors trop facile. Voici à peu près trente mille ans qu'il y a des Noirs en Afrique, et pendant ces trente mille ans ils n'ont pu aboutir à rien qui les élève au- dessus des singes. Au moins nous, les Blancs, avons-nous quelques monuments, quelques ébauches de science et d'art, des traités de géométrie analytique et de morale, des dictionnaires, des drames, des

cathédrales, des symphonies, des Expositions universelles, des laboratoires de physique et des observatoires d'astronomie. Peu de chose après trois cents siècles, mais enfin quelque chose, assez pour donner à

l'humanité blanche une apparence de vie, sinon raisonnable, au moins intellectuelle. Les nègres n'ont rien d'analogue. Ils continuent, même au milieu des Blancs, à vivre une existence végétative, sans rien produire que de l'acide carbonique et de l'urée.

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Alexis Carrel (1873-1944)

Galton était si fasciné par la théorie de Darwin sur la Sélection Naturelle, qu’il passa plusieurs années à essayer de prouver que les capacités mentales étaient héréditaires. Il en sortit un livre, publié en 1883 : Enquêtes sur les Facultés Humaines, dans lequel il expose ses théories sur l’hérédité de l’individu et de la race. « L’Eugénisme » consiste à encourager un stock humain de meilleur qualité et décourager la reproduction du stock moins désirable. C’est une application scientifique du darwinisme et de la génétique à la société humaine.

En 1905 fut créée en Allemagne la Gesellschaft für Rassenhygiene (de célèbres biologistes comme August Weismann et Ernst Haeckel figurent parmi ses membres), en 1907, l'Eugenics Education Society, présidée par Galton; suivirent, dans le monde entier, de nombreuses associations du même genre dont la Société française d'eugénique, créée en 1912.

Les premières législations eugénistes apparaissent aux Etats-Unis dès 1907 (Indiana) et en Europe à partir de 1928 (Suisse et Danemark). Elles donnent lieu à un activisme « médical » : internements, stérilisations, castrations, avortements forcés, et… premières « euthanasies ».

Le Dr. Alexis Carrel, lauréat du Prix Nobel de médecine publia un livre L’Homme, cet Inconnu en 1935. En moins de trois ans il fut publié dans neuf autres langues. Il considérait l’Eugénisme comme un moyen de solutionner toutes les maladies de la société :

« Demeure le problème non résolu du nombre immense d’anormaux et de criminels. Il sont un énorme fardeau qui pèse sur la part de la population qui n’est pas dégénérée. Des sommes

gigantesques sont maintenant nécessaires pour entretenir les prisons et les asiles psychiatriques et pour protéger le public des gangsters et des fous. Pourquoi devrait-on protéger ces existences inutiles et dangereuses ?... On devrait se débarrasser de ceux qui ont tué, volé, armés d’un pistolet automatique, enlevé des enfants, dépouillé les pauvres de leurs économies, trompé le public sur des sujets importants, en les mettant humainement et économiquement au rebut dans de petites

institutions d’euthanasie approvisionnées avec les gaz nécessaires. Un traitement similaire pourrait avantageusement être appliqué aux aliénés coupables d’actes criminels. Les systèmes philosophiques et les préjugés sentimentaux doivent s’incliner devant une telle nécessité. Le développement de la personnalité humaine est le but ultime de la civilisation. »

Calquée sur le modèle de la loi eugéniste californienne de 1909, la première loi nazie traduit l’importance de la médecine dans le système politique et idéologique nazi : « Loi sur la prévention des descendances atteintes de maladies héréditaires » :

« Toute personne, atteinte d’une maladie héréditaire, peut être stérilisée au moyen d’une opération chirurgicale si, d’après les expériences de la science médicale, il y a lieu de croire que les

descendants de cette personne seront frappés de maux héréditaires graves, mentaux ou corporels.

Est considérée comme atteinte d’une maladie héréditaire grave toute personne qui souffre des maladies suivantes : Débilité mentale congénitale ; schizophrénie ; folie circulaire ; épilepsie héréditaire ; danse de Saint-Guy héréditaire ; cécité héréditaire ; surdité héréditaire ;

malformations corporelles graves et héréditaires. Peut être aussi stérilisée toute personne sujette à des crises graves d’alcoolisme ».

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Felix le Dantec (1869 - 1917)

Si je ne me trompe, je fus amené à m'occuper de l'origine des espèces, lorsque M. Ribot me demanda une analyse du livre de Cope, le chef des néo-lamarckiens d'Amérique, dont je n'avais jamais entendu parler. Subitement je me découvris Lamarckien, et je le devins de plus en plus à mesure que je me familiarisai avec l'oeuvre de Lamarck. Pour moi, le problème fondamental de la question de l'origine des espèces fut dès lors le mécanisme de la transmission héréditaire des caractères acquis. Je n'ai jamais douté que cette transmission fût possible ; aujourd'hui encore j'aurais de la peine à m'imaginer que des naturalistes puissent le nier, si je n'avais compris que les naturalistes, même les plus instruits dans les sciences exactes, abandonnent toujours fatalement, en devenant naturalistes, la méthode des physiciens. L'observation des phénomènes de la vie actuelle, rapprochée des données positives de la paléontologie, me conduit à des raisonnements synthétiques qui me démontrent la nécessité de cette transmission héréditaire. Mais les naturalistes se défient des raisonnements, et ne croient que ce qu'ils voient ; or je suis convaincu qu'il est difficile, sinon impossible, de voir une variation Lamarckienne, même quand on assiste à cette variation. Quoi qu'il en soit, muni d'une théorie de la vie quand j'attaquai le problème de l'hérédité des caractères acquis, je me servis de ma théorie pour rechercher le mécanisme de cette transmission héréditaire. J'arrivai à concevoir ce mécanisme en me servant uniquement de la loi d'assimilation fonctionnelle, et j'exposai ma tentative dans le livre Évolution individuelle et Hérédité. Sans modifier en rien cette première conception, je suis arrivé à lui donner une forme plus claire dans des livres plus récents, et en particulier dans les Éléments de Philosophie biologique.

Au contraire , j'avais constaté, avec étonnement, en lisant Darwin, que l'illustre auteur anglais ne se préoccupe jamais de la manière dont se réalisent les variations sur lesquelles s'exerce la sélection naturelle. Les néo-Darwiniens ont été encore plus loin que lui ; ils ne se préoccupent aucunement de la nature des phénomènes vitaux lorsqu'ils veulent étudier l'origine des espèces ; on constate donc aujourd'hui ce fait étrange que, pour la majorité des naturalistes actuels, la vie n'a joué aucun rôle dans l'évolution des êtres vivants !

J'ai insisté bien souvent sur ce qui me paraît être une nécessité absolue de la méthode en biologie, la nécessité de séparer la question de l'hérédité et celle de la sexualité. Au contraire, les Darwiniens confondent à l'envi ces deux questions ; ils croient qu'ils étudient l'hérédité quand ils s'attachent à mettre en évidence les résultats de l'amphimixie, c'est-à-dire de la fabrication d'un nouveau patrimoine héréditaire par fécondation.

Séance du 18 Mai 1911 ; STABILITÉ ET MUTATION par M. Felix. LE DANTEC, présenté à la Société française de philosophie.

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Alexandre Oparine (1894-1980)

La connaissance de plus en plus précise du fonctionnement cellulaire permit de montrer au début du vingtième siècle que la vie correspond à un nombre limité de réactions chimiques. En 1922, le biochimiste soviétique Alexandr Ivanovich Oparin proposa que des molécules organiques auraient pu se former à l’origine dans une sorte de soupe primitive à partir de précurseurs minéraux

(méthane, ammoniac, hydrogène) présents dans l'atmosphère primitive. Il commença une série de travaux expérimentaux qu’il présenta dans son premier ouvrage, L’origine de la vie sur Terre publié en 1936. Considéré comme l’ouvrage majeur de l’époque sur ce problème, il sera publié en Anglais deux ans plus tard puis en Japonais et en Espagnol. En 1929, John Haldane (1892-1964) proposa indépendamment la même hypothèse.

De 1940 à 1950, il apporta son soutien aux théories Olga Lepeshinskaya, qui avait découvert que la vie continuait d’appariatre aujourd’hui à partir de matière non cellulaire. Il soutint aussi les théories de Trophim Lyssenko.

En 1960, il travaille avec le chimiste américain Sidney Fox, sur les problèmes de

compartimentation. Ils obtiennent différents types de gouttelettes limitées par des polymères qu’ils appellent coacervats, protéinoïdes ou microsphères. Ces gouttelettes microscopiques présentent certaines caractéristiques de cellules. Elles se révèlent ainsi capables d’abriter des réactions métaboliques élémentaires comme l’accumulation transmembranaire de substances ou le transport d'électrons.

Son hypothèses surl’origine de la vie, modifiée dans ses détails mais pas dans son principe a été à l’origine de nombreux travaux :

Le biologiste Melvin Calvin, né en 1911, rendu célèbre par ses travaux sur la photosynthèse qui lui vaudront le prix Nobel de chimie en 1961, tenta à partir de 1951 de recréer in vitro une chimie prébiotique, en particulier des expériences sur la réduction du dioxyde de carbone dans un milieu inorganique.Il publia une revue des travaux sur le sujet en 1961 dans Chemical Evolution.

En 1953, H. Urey (prix Nobel de chimie 1934 pour la découverte de l’eau lourde), essaie avec une atmosphère réductrice contrairement à l’atmosphère oxydante de Calvin. Son élève Stanley Miller obtint la formation d'acide cyanhydrique et d’acides aminés à partir d'un mélange gazeux soumis à des décharges électriques.

Dans les années 1960, Juan Oro obtient de l’adénine et de la guanine à partir d’un constituant monocarboné, le cyanure d’ammonium. Des acides aminés, des sucres, des nucléosides sont également obtenus par diverses équipes à partir de mélanges réactionnels variés soumis ou non à des sources d’énergie diverses.

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Nikolaï V. Timofeeff-Ressovsky (1900 - 1981)

En 1925, Oskar Vogt, directeur de l’Institut Kaiser Wilhem pour la recherche cérébrale se rendit en Russie. Il y rencontra un jeune chercheur, Nikola¨Timofeef, qui avec sa femme Helena

Aleksandrovna venait de découvrir une mutation chez la mouche Drosophila funebris. Timofeef venait de participer à la révolution d’Octobre avec les anarchistes puis avec l’armée rouge et n’avait repris des étude que depuis 1922. Vogt essayait de déterminer pourquoi certains troubles

neurologiques variaient en fréquence et en intensité. La découverte d’une mutation qui pouvait produire plusieurs morphologies alires différentes attira son attention. Il invita alors Timofeef et sa femme à son département de génétique expérimentale. Timofeef établit que la diversité génétique d’une population est en partie cachée sous la forme de mutations récessives.

Timofeef partageait les idées de son professeur, Chetverikov, pour qui la sélection darwinienne ne peut agir que s’il y a une variabilité génétique due à des mutations. La variabilité génétique n’est pas très apparente dans le phénotype d’une population car chaque individu a deux jeux de gènes, un provenant du père et un autre de la mère.

Ces idées influencèrent les généticiens allemand et contribuèrent à la création de la théorie « neo- darwinienne », avec les anglais JBS Haldane, Sir Ronald Fisher, l’américain Sewall Wright, Ernst Mayr, un allemand naturalisé américain, et Theodosius Dobzhansky, un russe orthodoxe, émigré aux États-Unis pour travailler dans le groupe de Thomas Morgan.

Les études de Timofeeff montrent comment plusieurs gènes peuvent agir sur un même caractère et que l’action conjuguée de deux gènes ne peut pas être prédite par la somme des leurs actions isolées. Il refusa donc le modèle du « sac de haricot » de Mayr.

Il constat que l’action mutagène des rayons X était proportionnelle à la dose ; il en déduisit la théorie suivante :

Le rayon X décroche un électron qui va se raccrocher ailleurs, créant ainsi des zones positivement ou négativement chargées. Il se servit de ces mesures pour estimer que la taille des gènes était une sphère de 10 microns de diamètre, c’est à dire la taille d’une grosse molécule organique.

En 1930, ses deux jeunes frères et de nombreux de ses amis furent arrêtés. Un de ses frères fut exécuté. Lorsqu’Hitler se retrouva au pouvoir, il continua à travailler en Allemagne, refusant même de rentrer en Russie en 1937, alors que la guerre menaçait. Très attaché à son pays, il refusa

toujours de prendre la nationalité allemande et refusa aussi d’adhérer u parti nazi. Il fit à cette période des essais pour voir quelles étaient les effets du radium 222 radioactif injecté dans le corps humains.

À la fin de la guerre, il fut arrêté par les russes et emprisonné comme collaborateur des nazis. Dès 1947, il fut transféré dans un centre de recherche militaire comme spécialiste des effets des radiations sur les mutations; il fut un des seuls soviétique de cette époque à pouvoir expérimenter librement dans le cadre de la théorie mendélienne.

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