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T ipoli sous la do i atio d’Ali Bo ghol

Une des caractéristi ues de l histoi e de la T ipolitai e à t a e s les âges et u elle doit fréquemment faire face à de sérieux problèmes et à des révoltes internes qui menacent le gouvernement en place. La famille Caramanli ne fait pas exception et depuis son accès au pouvoir elle a connu de tels problèmes ; o e a ue epe da t ue, jus u i i, les plus g a es se so t p oduits à l po ue d Ali Pa ha.

La de i e a e du g e d Ali Pa ha, o a ai t ue le pou oi happe à sa dynastie. Des notables tripolitains ont réclamé aux Ottomans un changement de gouvernement et le rattachement du pays directement au pouvoir central ottoman. Sidi

98Pour plus de détails sur cette période, voir : aussi Jean-Denis Bredin, Sieyès : La clé de la Révolution française, Paris, éditions de Fallois, 1988.

99Pour les détails de ce discours, voir : E. Rouard de CARD, La politi ue de la F a e à l ga d de la T ipolitai e, Paris, A. Pedone, 1906, p. 67-80. Voir aussi : Ramire VADALA, op. cit. , p. 189-199.

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Youssef, fils d Ali Pa ha, se olte o t e so p e ais essaie d e pli ue au ha ita ts les is ues u e ou t T ipoli si elle est directement soumise au pouvoir ottoman. Il réussit, par ses astuces et sa sagacité, à obtenir le soutien populaire100. Il veut, alors, prendre de force le pouvoir à Tripoli101. Le conflit perdure entre le père et le fils. La situation est critique car le chef de l'insurrection est le propre fils du Pacha qui est connu pour son amour du pouvoir. La confrontation entre le père et le fils est forte au point que le pays est devenu vulnérable aux a itio s t a g es. Sidi Youssef est su le poi t d e t e da s la ille à la t te d u e armée.

C est alo s ue se a ifeste Ali Bo ghol, ho e d o igi e g e ue ui op ait e ualit de Raïs da s la a i e alg ie e, puis o e olle teu d i pôts da s ette ‘ ge e. Mais Bo ghol, alho te da s l e e i e de ses fo tions fut rejeté par les Algériens. Après uel ues t i ulatio s, il a i e da s le po t de T ipoli, à la t te d u e flotte ilitai e et e p he Sidi Youssef d e t e da s la ille. Bie ue les T ipolitai s se tie e t a s su les remparts, Ali Borghol entre dans la ville sans rencontrer de résistance réelle.

Borghol est l'un des hommes du sultan ottoman et il obéit à ses ordres. Il est à remarquer que la prise de Tripoli par Borghol est une tentative de l'empire ottoman d i pose à ou eau so o t ôle sur la Régence alors que les Caramanli avaient tout fait pou s e d gage . Il faut dire que certains des notables de Tripoli avaient sollicité l i te e tio du Sulta pour imposer des changements politiques dans le pays.

Ali Pacha est mécontent de voir les Turcs encercler la ville sans aucune forme d oppositio ais, ap s l i stallatio de Bo ghol à T ipoli e ta t ue ou eau Pa ha,102 il se e d o pte u il est pas e esu e d e f ei d e les o d es du sulta a tous les hauts responsables de Tripoli ainsi que les habitants font alliance avec le nouveau Pacha. Ali Pacha s e fuit alo s à Tu is e o pag ie de ses deu fils. Peu de te ps ap s es e e ts,

100Costanzo BERGNA, op. Cit. , p. 233.

101La premi e fois ue Youssef s est atta u à T ipoli, la ille tait e positio de fai lesse et il a failli gag e . Mais, il a tardé à attaquer et son père Ali Pacha a profité de ce retard .Jean VANISIS et Abderrahmane AYOUB, Histoi e du g e d Ali Ca a a li Pa ha de Tripoli de Barbarie, T ipoli, Ce t e d tudes et de e he hes su le Gihâd, 1978, p. 15.

102M oi e su le o sulat de la ‘ pu li ue f a çaise à T ipoli de Ba a ie p d de l tat histo i ue et politique de cette Régence établi par le consul Guys, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

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Youssef et Ahmed oublient leur rancune mutuelle et leurs différends et unissent leurs efforts pour lutter contre leur ennemi commun103.

Pendant le déroulement de tous ces événements, les relations entre Tripoli et Paris sont calmes. On a remarqué que lorsque la Régence a des problèmes intérieurs à régler, même les conflits dus aux actes de piraterie se font plus rares. Cependant, les opinions exprimées par le nouveau pacha ne peuvent guère satisfaire les pays européens et nous pouvons prévoir une période de tension dans les relations avec la France. Borghol hait les Chrétiens et les prend pour des hérétiques. Il pe se ue le espe t u o leu a o de à T ipoli o stitue u e offe se à la dig it de l isla . ‘apide e t, Tull o fi e u il t aite les chrétiens avec tyrannie et arrogance et même les consuls104 happe t pas à e traitement. Guys rapporte que Bo ghol eut i pose au o suls de s age ouille de a t lui à l i age de e u o fait e Alg ie. La F a e efuse ue so o sul s a aisse à ette extrémité

O el e ue si la politi ue d Ali Bo ghol est hostile à l' ga d des pa s eu op e s, e revan he, es de ie s o ti ue t à o t e u e e tai e d f e e à l ga d du ou eau pacha. De peur de perdre leurs privilèges, quelques États européens, tels que Naples ou l Espag e, soutie e t e au ie . D aut es atio s su eille t de loi la situatio . Quant à la France, on peut dire que sa position était en faveur de la famille Caramanli : son consul exprime sa désapprobation. Il manifeste son désaccord car ces agissements sont contraires aux accords signés, surtout pour ceux qui se rapportent aux affaires religieuses que Borghol s est e gag à espe te da s u p e ie te ps105.

Revenons maintenant à la famille Caramanli. Après avoir été chassés du trône de Tripoli, ses membres ne sont pas restés inactifs. Da s le o te te doulou eu u est e t ai de vi e T ipoli à ause de l a ha e e t de Bo ghol et de sa t a ie, u e e tai e o i e e s i stalle e t e les e es de la fa ille Ca a a li et le gou e eu de Tu is. Ils eule t o att e e se le leu e e i o u . Cela o duit à la fo atio d u e armée

103C est à pa ti de sa lutte ou ageuse lo s du si ge d Ali Bo ghol u est e l toile de Youssef Pa ha. À pa ti de ce moment-là, les T ipolitai s o t les eu i s su lui alo s u ils ig o e t so f e Ah ed. Voi : Jean VANISIS et Abderrahmane AYOUB, op. cit, p. 66.

104Richard TULLY, op. cit, p. 568.

105Rodolfo MICACCHI, op. cit, p. 126.

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composée de Tunisiens et de Tripolitains. Elle a pour objectif de réinstaller la famille Caramanli au pouvoir à Tripoli106.

Qua t à la F a e, elle a tout d a o d, et auta t ue possi le, te t de este loig e des événements de Tripoli, tout en désapprouvant les agissements du nouveau gouverneur.

Elle a ensuite exprimé plus ouvertement sa désapprobation et elle a fini par prendre une position plus ferme en adressant des avertissements très sévères à la Sublime Porte au sujet du gouverneur de Tripoli. Cela a pas toujou s t p is e o pte pa e tai s histo ie s mais à notre avis cela est important. En effet, si une grande puissance comme la France atti e l atte tio du Sulta su le fait ue Bo ghol e p u te u e oie ui pou ait compromettre les relations entre Tripoli et la France d'une part et entre la France et Constantinople d'autre part, cela pourrait conduire le sultan à prendre une position ferme contre ce Pacha.

D aut e pa t, la e u te ad ess e pa la F a e au Sulta ous o fi e de nouveau que la T ipolitai e est ede e ue t s d pe da te des Otto a s pe da t l po ue d Ali Bo ghol.

Sous le g e des pa has Ca a a li, le gou e e e t f a çais a pas eu e ou s à Constantinople pour résoudre ses problèmes avec la Régence mais on a vu u il t aitait directement avec la famille Caramanli.

On a constaté aussi que les Français de Tripoli, citoyens et commerçants, sont restés favorables à Ali Pacha. Ils sont mécontents de la situation qui leur est faite. Le capitaine Lautier, propriétaire du bateau confisqué par Borghol, tente de ne pas mêler le drapeau f a çais à e o flit e efusa t d e a ue e t soldats tu s pou le po t d Iz i . Ce efus offusque Borghol, qui se promet de couper la tête de ce capitaine107.

On a évoqué à plusieurs reprises les liens particuliers qui unissaient la France et la famille Ca a a li. Il est lai ue la politi ue hostile d Ali Bo ghol e e s les Eu op e s a eu pou effet de resserrer ces liens.

106Costanzo BERGNA, op. Cit. , p. 2.

107Propos de Lautier qui est un commerçant français ayant vécu de nombreuses années à Tripoli, entretenant u e o e elatio a e le Pa ha. C eut t u e t ahiso pou lui d o i à Ali Bo ghol. Cha les FÉ‘AUD, op. cit.

, p. 362.

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Conclusion

Après cette étude, Il est important de dire que les relations entre la France et Tripoli ont été indirectes à leurs débuts. Elles se sont établies à travers des accords avec la Sublime Porte. La France a cherché à obtenir des privilèges économiques particuliers, non seulement à Istanbul mais dans tous les ports dépendants du sultan otto a . L E pi e otto a a do facilité le séjour des commerçants français au Levant et en Barbarie, il les a encouragés à accroître leurs activités et à développer leurs ports. Par la suite, il est clair que le premier facteur qui conduisit la France à établir des relations politiques directement avec Tripoli est également le facteur économique : la France a cherché à se rapprocher de Tripoli dans le but de protéger son commerce des attaques des corsaires tripolitains, ce qui l a o duite à accélérer l'ouverture d'un consulat à Tripoli.

La première rencontre politique et diplomatique entre la France et Tripoli dans l'ère moderne a donc eu lieu pendant la première époque ottomane. Cependant, la véritable représentation diplo ati ue e t e les deu pa s a o e à l po ue des Ca a a li, g â e à Ah ed Pa ha, ui e o a des issio s e F a e. C est aussi à so po ue ue fut signé, en 1729, le traité le plus important qui devint la base de tous les traités postérieurs.

D u e a i e g ale, il faut di e ue les elatio s ui o t li la F a e et T ipoli pendant la période étudiée ont été amicales malgré tous les aléas qui ont pu survenir. Il faut rappeler aussi que les divergences et les conflits entre les deux pays ont toujours été dus aux a tes de pi ate ie. O e a ue gale e t ue la F a e fit o t e d u e e tai e patience : ses interventions furent, globalement, peu fréquentes et sans précipitation.

Du a t ette lo gue p iode, la flotte ilitai e f a çaise s est peu manifestée à Tripoli et une seule attaque réelle fut menée.

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