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Dès son jeune âge, Youssef Pacha montre une personnalité forte et ambitieuse. Il ise depuis toujou s le pou oi . Il p ofite de l a ou ue lui po te so p e pou se fai e octroyer plusieurs distinctions et élargir son domaine de compétences. Cette situation

232Ettore ROSSI, op. cit., p. 386.

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provoque la désapprobation de ses frères et leurs plaintes respectives auprès du père.

Youssef fait patte de velours, il affecte une obéissance totale à son père devant son entourage. Ali Pacha lui accorde davantage de confiance233 u à ses aut es fils. Gu s e a he pas son étonnement devant la rouerie de Youssef et la façon dont il parvient à se faire aimer du peuple. Le consul dit en parlant de lui : « Ce jeune prince est un imposteur »234. En effet, ce qui attire notre attention est non seulement sa dureté contre ses frères et sa capacité à gagner la confiance de son père mais surtout le fait u'il ait a o pli tout ela alo s u il a ait pas e o e d pass di -huit ans. Quant à la manière dont il a obtenu le respect des T ipolitai s à u si jeu e âge, elle ous o t e à l ide e u jeu e et illa t a itieu . Il a ai si ie d' to a t à e u au fil du te ps sa soif de pou oi ait aug e t et u il e se soit guère soucié des moyens par lesquels il atteindra le trône.

Da s le ut d a de au pou oi , Youssef i t igue pou se d a asse de l h itie légal Sidi Hassan. Il o ga ise plusieu s pla s d assassi at ais tous houe t. Il use pou e e à ie u e aut e te tati e e faisa t oi e à sa e u il souhaite fai e la pai a e son frère. Cette dernière, ravie de la nouvelle, convoque son fils aîné, Hassan, chez elle.

Hassan est ainsi tué de plusieurs coups de pistolet devant la demeure de sa mère le 20 juillet 1790235.

Youssef o plote gale e t da s le ut d li i e so p e; est la deu i e tape e s so o je tif d attei d e le pou oi . Il se olte o t e lui et il aurait bien pu ussi , sa s l e t e d Ali Bo ghol à T ipoli. La fuite de e de ie , pe et pa la suite à Youssef et Ah ed de e o u i le pa s g â e à l aide du Be de Tu is. Ah ed est alo s nommé gouverneur de Tripoli.

Ce u il faut d e l e e tio e est ue du a t le ou t g e d'Ah ed Pa ha le ou eau pou oi e pla e est pas solide et le Kiria (conseiller personnel du Pacha) ne o sa e pas suffisa e t de te ps et d e gie à asseoi l auto it . Ah ed est u ho e faible qui ne pense u à assou i ses plaisi s. Il d l gue le plus sou e t ses pou oi s à so frère Youssef. C est do u e po te ui s ou e g a d devant ce dernier pour lui permettre

233Richard TULLY, op. cit., p. 3.

234M oi e su le o sulat de la ‘ pu li ue f a çaise à T ipoli de Ba a ie p d de l tat histo i ue et politique de cette Régence établi par le consul Guys, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

235Jean VANSINA, Abderrahmane AYOUB, Histoi e de la ‘ ge e d Ali Ca a a li Pa ha de T ipoli de Ba a ie, T ipoli, Ce t e d tudes et de e he hes su le Gihâd, , p. 14. Voir aussi: Edwin H. SIMMONS, The United States marines: a history, New York, Naval Institute Press, 2003, p. 22.

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de parvenir à ses rêves de gouverner le pays. Youssef est dès lors dans l'attente d'une opportunité qui mettra Tripoli entre ses mains. Dans le même temps, on constate que e tai es pe so es da s l e tou age d Ah ed essaie t de le réveiller de sa torpeur. Selon le mémoire sur le consulat de la République française à Tripoli de Barbarie écrit par Guys, on trouve que ce dernier est parmi ceux qui ont essayé d'aider ce pauvre Pacha: Le consul de F a e te te de l paule lo s u il e a ue so d si t t pou so gou e e e t. Les deu ho es se espe te t et s a o de t u e o fia e utuelle. On peut considérer que e o sul o upe u e pla e i po ta te da s le œu d Ah ed et ue e de ie oit e lui comme un conseiller.

À ce moment-là, nous relevons que les données sont nettement en faveur de Youssef et ce qui renforce sa position est le fait u il jouit d u e g a de o sid atio aup s des Tripolitains. (Ils lui sont reconnaissants du courage montré au moment où Borghol a pris le pouvoir). Youssef va aussi jouer sur les défauts de son frère pour le discréditer.

Dans ces conditions, il nous est clair que la paix entre les deux frères ne peut pas du e et, g â e à la use de Youssef, l pilogue est p o he : un jour, Ahmed propose à son frère de faire une promenade en dehors des murailles de la ville. La proposition est acceptée et Youssef demande à son frère de passer la porte le premier. Une fois Ahmed dehors, Youssef ordonne de fermer toutes les portes de la citadelle et Ahmed ne peut plus pénétrer da s l e ei te. U ua t d heu e plus ta d, Youssef est o gou e eu de la ille.

Ahmed est e ueilli pa des t i us a a es ui e peu e t pou ta t pas l aide à reconquérir le pouvoir, de peur de subir les foudres de son frère. Il part alors pour Tunis. Le Be souhaite ait oi Ah ed ep e d e sa pla e de gou e eu à T ipoli afi u ils com atte t e se le le de d Alge , ais lui o plus ose s a e tu e à l aide de peu de se trouver confronté à Youssef236.

Youssef parvient à obtenir la bénédiction de son père. Les notables de Tripoli interviennent auprès du Bey de Tunis et du consul français pou u ils soutie e t Youssef devant le sultan ottoman. Leur but est que ce dernier reconnaisse Youssef comme

236Le seul Kiria qui avait tenté de résister à Youssef avait été arrêté et attendait la mort. Voir : Mémoire sur le o sulat de la ‘ pu li ue f a çaise à T ipoli de Ba a ie, p d de l tat histo i ue et politi ue de ette Régence, établi par le consul Guys, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

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gouverneur du pays237. Il est à signaler que le consul français Guys, contrairement aux autres h o i ueu s, dit ue le Be de Tu is, lo s uil envoie une délégation à Constantinople, ne demande pas au sultan de reconnaître Youssef comme gouverneur mais il lui propose de choisir entre les deux frères. Il est important de signaler que les notables de Tripoli ont choisi le consul français pour quil leu se e d i te diai e da s la d sig atio de Youssef o e pa ha de T ipoli. Ce i do e u e i di atio su l i po ta e de la pla e

u o upaie t la F a e et so o sul à T ipoli et is-à-vis du sultan ottoman.

Ce qui est confirmé est que les efforts faits en faveur de la nomination de Youssef à Tripoli ont porté leurs fruits : selon le mémoire écrit par Guys sur le consulat de la

‘ pu li ue f a çaise à T ipoli de Ba a ie, o t ou e u e , Youssef Pa ha se oit délivrer un firman du sultan, ap s a oi eçu sa di tio . L e o du sulta , e a u sur une tartane française, apporte la bonne nouvelle au Pacha et celui-ci le reçoit avec tous les égards238.

Il est lai ue Youssef Pa ha 'a pas eu esoi d atte d e lo gte ps pou de e i le pacha de Tripoli. Cela lui a pris environ six mois pour être en mesure d'exclure son frère du pou oi . Malg ela, il tait assez atu el u il rencontre beaucoup de difficultés internes et externes au début de son règne. Les problèmes externes peuvent être identifiés grâce aux lettres du consul français au ministre français des Affaires étrangères. Ces lettres nous montrent que le pacha est pris entre deux ennemis : l u se t ou e au Cai e et jouit du soutie du Be ous a o s pas d aut e i fo atio su ette pe so e . L aut e est so frère Ahmed qui se trouve à Tunis. Youssef craint davantage son frère que son ennemi ai ote, est pou ette aiso u il a o de au u e i po ta te au i fo atio s ui lui parviennent du Caire239.

Qua t à Ah ed, il ga de l espoi de e o te su le t ô e et da s le ut de al e ses attentes, Youssef utilise encore une fois la ruse, il lui envoie un courrier par lequel il lui p o et u au as où lui, Youssef, d de ait, et si ses e fa ts taie t à ce moment-là

237Quand Youssef accède au trône, il offre à nouveau le pouvoir à son père Ali, âgé et malade. Rodolfo MICACCHI, op. cit., p. 30. Voir aussi Pierre PINTA, op. cit., p. 211.

238Mémoire sur le o sulat de la ‘ pu li ue f a çaise à T ipoli de Ba a ie, p d de l tat histo i ue et politique de cette Régence, établi par le consul Guys, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

239Le Pacha reçoit de nouvelles informations sur son ennemi qui se trouve en Égypte. Ces informations lui sont e o es pa le Be de Be ghazi à pa ti d u âti e t agusai , ais au d ut le Pa ha e eut pas oi e à ces informations venant de Benghazi et de Derne, villes qui se sont depuis longtemps insurgées contre lui. Voir lettre du consul Guys au ministre des Relations extérieures, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

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i eu s et i aptes à p e d e la su essio , est à lui, Ah ed, ue le pou oi e ie d ait. À ce propos, Guys fait remarquer, et espère, que si Ahmed retrouve le pouvoir, il se sou ie d a e tai e e t de l aide ue la F a e lui a a o d e lo s de son court règne et après sa destitution. On voit bien par cette phrase que durant la lutte qui opposa Youssef à son frère Ahmed, le choix de la France penchait fortement pour Ahmed. En grande partie parce que Ahmed, de caractère régulièrement doux et facile se faisait aimer de son entourage, contrairement à son frère, instable et parfois violent qui pouvait inquiéter ses partenaires.

Les événements montrent que la politique de la France face à cette Régence a varié de façon à défendre ses propres intérêts : malgré ce que nous avons dit à propos de sa p f e e pou Ah ed, l attitude ha ge u e fois l a i e de Youssef su le t ô e. Le consul français se rapproche rapidement du nouveau pacha et essaie de gagner sa confiance en proposant une solution au diff e d ui l oppose à so f e Ah ed. Il lui o seille de nommer ce dernier à la tête de Benghazi pour éviter une confrontation entre eux deux.

Youssef Pacha approuve et suit ces conseils, il procède à la nomination de son frère à Benghazi. Ahmed quitte Tripoli en direction de Benghazi mais son bateau subit un naufrage.

Il échappe à la noyade et se dirige vers Malte pour regagner par la suite Tunis. Le gouvernement français lui envoie alors un bateau qui le ramènera à destination. Par ailleurs Ahmed de a de l aide de la F a e afi u elle i te ie e e sa fa eu aup s du sulta ottoman. Il souhaite toujours être nommé gouverneur de Tripoli.

Concernant les problèmes intérieurs que Youssef a dû affronter, le plus sérieux est l tat de ise o o i ue dans lequel se trouve Tripoli. Cette situation a été créée par le passage d Ali Bo ghol au gou e e e t de T ipoli. Ce de ie a tout p is a a t so d pa t. Le consul français Guys dit à son sujet : «Ali Bo ghol a ait su la ille jus u à la oelle»240. De plus, Tripoli doit des sommes énormes au Bey de Tunis car celui-ci a dépensé beaucoup d a ge t pou fai e e e i la d astie des Ca a a li au pou oi . S ajoute t à ette situatio financière catastrophique, les énormes dépenses engagées par le Pacha, de façon incessante241. Ap s l a essio de Youssef au t ô e, le peuple t ipolitai e a ifeste

240M oi e su le o sulat de la ‘ pu li ue f a çaise à T ipoli de Ba a ie, p d de l tat histo i ue et politique de cette Régence, établi par le consul Guys, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29. Voir aussi : la lettre du ministre des Relations extérieures au consul Guys, datée de mars 1797, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

241Lettre du consul Guys au ministre français des Relations extérieures, datée de mars 1795, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

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ai e t pas d e thousias e, et pou ta t e e peuple a ait p ou u e si e gratitude envers lui quand il les avait débarrassés de Borghol. Les notables de Tripoli avaient soute u Youssef ais le peuple o aissait so a a t e t a i ue, est pou uoi il le redoutait en tant que gouverneur. Aussi, Youssef Pacha doit affronter, au début de son règne, plusieurs révoltes qui se déclenchent en divers points de sa ‘ ge e. C est pou e a e ela u il eut i pose so auto it su l e se le du pa s. Il e plusieu s guerres contre les tribus. En 1797, il décide de limoger le gouverneur de Benghazi car ce de ie a pe is à so p op e fils A de a i d te d e son pouvoir au-delà des limites fi es, sa s de a de l auto isatio du Pa ha.

Ainsi, le Pacha veut nommer un nouveau Bey à Benghazi et par la même occasion conclure un contrat qui soit à son avantage. Il envoie une petite flotte ayant à sa tête Ali Ben Melite pou fai e peu au ha ita ts de ette ille da s l o je tif u ils a epte t le nouveau Bey242. Qua t à l a ie , il d ide de se eti e et les ha ita ts a epte t de recevoir le nouveau gouverneur243.

En 1803, le Pacha soumet à son autorité les tribus de la ville de Gariane mais en 1806 et la t i u d Ouled Sli a e se olte da s la gio o tag euse de l ouest. Ils do i e t l e t e du Golfe de S te. Pou les pu i , le Pa ha e oie u e e p ditio e e par son fils et héritier, Mohamed. Ce de ie ussit à ai e la t i u disside te. L u de ses frères soumet la ville de Ghadamès qui paie ses impôts au gouverneur de Tunis. Fezzan est soumise à son tour.

E , Moha ed te te d assassi e so p e Youssef. E ep sailles, il est e o à Benghazi pour occuper le poste de gouverneur. Quelques années plus tard, il se révolte à nouveau contre son père. Une expédition militaire est menée contre lui, commandée par so p op e f e. Moha ed est i apa le d fai e fa e, il s e fuit e Ég pte. E 1815, les t i us Nalout, ui se t ou e t à l ouest efuse t de pa e les i pôts. Le gou e eu de ette gio fait appel à Youssef Pa ha. Ce de ie e oie u e e p ditio a e à sa t te l u de ses fils. La gue e s a h e pa la d oute des t i us244.

242Lettre du consul Guys au ministre français des Relations extérieures, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

243Lettre du consul Guys au ministre français des Relations extérieures, A.M.A.E, série C.C.C, volume 29.

244Omar BEN SMAÏL, op. cit., p. 202-205. Voir aussi : Daniel PANZAC, op. cit., p. 248.

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Youssef Pa ha se t ou e, ai te a t, à la t te d u aste e pi e do t il est le gouverneur absolu. Il est aidé par un conseil qui porte le nom de Diwan. Ce conseil est o pos du hef de la a i e, d u t so ie , du heikh El-Bled, d u juge, du hef des merce ai es et de deu t adu teu s. Le o seil se u it sou e t et e as d u ge e, des notables sont convoqués à cette assemblée245.

Ai si, Youssef Pa ha p ou e de ou eau ue est ie lui ui ite d t e le pa ha de Tripoli, surtout après avoir réussi à installer les piliers de son règne et fait face aux problèmes par les moyens appropriés, où il a alterné la force et la diplomatie selon les circonstances

Il faut signaler aussi qu'il est estimé de son peuple en dépit de certains révoltes contre lui, mais nous savons que des révoltes ont éclaté sous le règne de tous les anciens pachas, et ous allo s e jus u à di e u elles so t da s la atu e de e pa s, e de os jou s ; les révolutions sont une des caractéristiques remarquables de son histoire. Nous pouvons p di e ue l po ue de e pa ha se a disti gu e à tous les ga ds, ta t au i eau i te e au pa s u au i eau des elatio s e t ieu es