• Aucun résultat trouvé

Au XVIesiècle, les consulats étaient des offices tenus par des particuliers qui ha itaie t pas su pla e. La ha ge leu appa te ait, ils jouissaie t d u e g a de i d pe da e et e pe saie t u à leu p op e i t t. Ces pa ti ulie s pou aie t loue leu offi e à i po te quel individu sans chercher à savoir si ce dernier avait les compétences physiques, i telle tuelles et o ales e uises pou e poste. E fait, ils louaie t l offi e au plus off a t et celui- i, à so tou , u e fois a i su pla e, a ait d aut e ut ue de fai e p osp e ses propres affaires. Il pratiquait lui-même le commerce au détriment des commerçants de la atio . Ap s a oi fait fo tu e, ils etou aie t e F a e, sa s au u tat d â e, laissa t quelquefois derrière eux des situations très problématiques dans les relations avec les habitants ou les commerçants. Les p op i tai es de es ha ges se o te ta t d a asse de l a ge t pou leu p op e o pte. Le gou e eu otto a a eptait pas de tels comportements et il arrivait parfois que, excédé, il mette en demeure le consul de choisir entre quitter les lieux ou mourir28.

Il est lai , do u à ette po ue les offi es ne remplissent pas leur rôle qui est avant tout de protéger les avantages de la France hors de ses frontières, et cela parce qu'ils n'ont pas les aptitudes nécessaires pour prendre des positions propices à créer des liens étroits entre la France et d'autres pays. Il ne faut pas faire porter l'entière responsabilité de cet état de fait aux seuls représentants, la responsabilité en incombe en premier lieu au responsable de la nomination de es pe so es, est à di e à la Cha e de o e e de Ma seille. Le fait que la nomination des représentants était laissée à la Chambre de commerce de Ma seille ous o t e à ou eau ue tait les aiso s o o i ues ui p alaie t da s le choix des consuls français.

Au début du XVIesiècle, la Chambre de commerce de Marseille nommait les consuls, sur proposition des autorités de la ville29. C tait aussi la Cha e ui s o upait des t ait s commerciaux et qui était responsable des sujets français au Levant comme en Barbarie. Elle devait régler les problèmes que ses ressortissants rencontraient ou provoquaient à l t a ge .

28Daniel SABATIER, op. cit., p. 100-102.

29Christian WINDLER, op. cit., p. 35.

31

En ce sens, un arrêt de la Chambre, daté de 1658, interdit aux femmes de voyager au Levant et un autre arrêt, du 22 octobre de la même année, prononcé par le Roi, stipulait que tout commerçant français désirant se rendre au Levant devait au préalable et impérativement obtenir une autorisation de la Chambre de commerce30.

Pa le fait, tait do la Cha e de o e e ui p e ait di ectement en charge les elatio s e t ieu es de la F a e, espo sa ilit la ge u elle e pou ait assu e correctement dans la mesure où le rôle premier de ses représentants était de se concentrer su les i t ts o e iau . D aut e pa t, le ‘oi Louis XIV veut être mis au courant de tout ce qui concerne le Levant. Il envoie dans cette région des orientalistes chargés de récolter un a i u d i fo atio s su tout elles o e a t les lois lo ales afi d adapte au ieu sa politique extérieure. À propos de l a t du o e e , ous a o s ot ue sept jeunes garçons français furent envoyés dans des couvents à Smyrne pour apprendre la la gue a e pou o je tif d o upe , pa la suite, des postes de drogman dans les consulats f a çais du Le a t et de Ba a ie. C est pa u aut e a t, du jui , u il fut d id que la Chambre de commerce assumerait les pensions de ces jeunes gens. Le gouvernement français a fini par prendre conscience de cette situation et, dans un arrêt du Conseil du 31 juillet , le ‘oi Louis XIV d te u il a hoisi et o e les o suls31. Cet arrêt stipule ue les o suls o t pas le d oit de p ati ue le o e e, ue e soit de faço di e te ou indirecte ; les contrevenants se verront privés de leur emploi et subiront une amende de 3 000 livres. Néanmoins, cet arrêt maintient le rôle de la Chambre de commerce envers les consuls dans sa responsabilité de payer les salaires ; pour cela, la Chambre impose des taxes, u elle perçoit, sur tous les navires français qui commercent avec le Levant et la Barbarie.

Elle établit alors un budget spécial qui sert à couvrir les frais des consulats (comme par exemple les cadeaux aux gouverneurs).

Malg l a t du ‘oi de , stipula t ue les consuls deviennent officiers du Roi et directement sous ses ordres, la Chambre de commerce continue de donner des ordres aux

30Yvan DEBBASCH, op. cit., p. 49, 52-55, 57.

31Gustave DUGAT, Histoi e des o ie talistes de l Eu ope du XIIe au XIXe siècle, tome premier, Paris, Maisonneuve, 1868, p. XXIII.

32

consuls ; ceux- i s e plaig e t au gou e e e t ui, à so tou , appelle à l o d e la Chambre de commerce32.

Il faut signale u a a t , les ep se ta ts de la F a e da s les ‘ ge es du o d de l Af i ue taie t sous les o d es du i ist e de la Ma i e. Cela s e pli ue pa le fait ue les consulats des Régences du Maghreb étaient tous installés dans des ports en relation directe avec la navigation et le commerce extérieur de la France. Rappelons que le principal rôle du consul est de protéger ces deux activités. Cette relation entre consuls et ministre de la Marine fut instaurée par Colbert, ministre de Louis XIV. Un arrêt de 1669 confirma cette décision.

Entre 1761 et 1766, le ministre de la Marine perdit son autorité sur les consulats qui furent alors dirigés par le Département des Affaires étrangères. Malgré cela, les consuls devaient rester en relation avec le ministère de la Marine, notamment en ce qui concernait la flotte de guerre. À partir de 1766, le ministère de la Marine fut à nouveau chargé d auto it su les o sulats33.

Il est e a u u au ou s de la p iode ui ous o e e, -1832, les consuls de Tripoli demandent et reçoivent directement les ordres du ministre des Affaires extérieures.

Cela concerne tous les types de demande, que ce soit pour établir et adresser un rapport, solli ite u o g ou u e fa eu sp iale et e se plai d e d u fait li à leurs fonctions34.

Nous ele o s ue le pa s e s le uel la F a e d idait d e o e u o sul de ait t e important sur les plans économique et politique. Pour mener à bien les missions, il était essai e de dote les o sulats d u e uipe ep se tative et efficace. Cette équipe pou ait se o pose d u o sul, d u i e- o sul, d u l e i e- o sul, d u d og a -chancelier35.

Concernant la Régence de Tripoli, grâce à la correspondance échangée entre les consuls et les ministres des Affaires extérieures, on connaît la constitution du personnel consulaire : l uipe tait o pos e d u o sul, d u i e-consul qui remplaçait le consul en son

32A au FAIV‘E d A‘CIE‘, Les Oubliés de la liberté : négociants, consuls et missionnaires français au Levant pendant la Révolution (1784-1798), Paris, Éditions Scientifiques Internationales, Peter Lang, 2007, p. 66.

33Anne MEZIN, op. cit, p. 18.

34 A.M.A.E, série C.C.C., volumes 29, 31, 35.

35A au FAIV‘E d A‘CIER, op. cit. , p. 3-5, 8, 20.

33

a se e o age, aladie, utatio … et ui de ait e pli les es fo tio s ; ce fut le cas de Vattier de Bou ille, pa e e ple, du a t l a se e du o sul Mu e. Ce i e-consul rencontra de nombreuses difficultés dans sa relation avec Youssef Pacha et eut de ce fait l o asio de se plai d e au i ist e des Affai es e t ieu es.

Cette situation particulière nous a permis de prendre conscience du mépris que Youssef Pacha réservait aux postes subalternes36. En revanche, le Pacha craignait les consuls, même s il lui a i ait uel ues fois de les alt aite o ale e t, et le o sul ‘ousseau e est u bon exemple. Nous e o s da s les hapit es sui a ts o e t e o sul, tout d a o d app i et out de Youssef Pa ha, se t ou a o t ai t de uitte so poste sa s l a al de son gouvernement, à la suite des persécutions morales que lui infligeait le Pacha.

Pour ce qui est de la nomination des consuls, il est certain que leurs compétences professionnelles ainsi que leur appartenance à une bonne famille influaient sur le choix.

Concernant leur succession, priorité était donnée à leur fils ou à leur neveu37. À ce sujet, on trouve dans les correspondances que les consuls sollicitent parfois le ministre pour faire nommer leur fils au poste de vice-consul. Notamment, le consul Rousseau, à la mort de son fils cadet, sollicita du ministre la faveur de faire nommer son autre fils âgé de 19 ans, à ses côtés au consulat de Tripoli38.

Il faut signaler que tous les postes consulaires cités précédemment ont existé au consulat français de Tripoli. Notons cependant que, dans leur correspondance, les consuls emploient toujours le titre de o sul ais d aut es do u e ts sig ale t ue le tit e e a t tait : « le o sul g al, ha g d affai es »39. Il a au u e t a e de e de ie poste da s les correspondances des consuls de Tripoli aux archives des Affaires étrangères. Le personnel consulai e doit po d e et satisfai e à e tai es o ditio s, telles ue l âge, le lo alis e, la religion, la conscience professionnelle, autant de qualités que les agents consulaires doivent

36 Lettre du vice-consul Vattier de Bourville au ministre des Affaires extérieures, 16 avril 1825. Voir aussi : Lettre du vice-consul Vattier de Bourville au ministre des Affaires extérieures, 17 avril 1825. Voir également : Lettre du vice-consul Vattier de Bourville au ministre des Affaires extérieures, 19 avril 1825, A.M.A.E., série C.C.C, volume 35.

37Christian WINDLER, Contrôler les agents du pouvoir, actes du colloque organisé par l'équipe d'accueil d histoi e o pa e des pouvoirs à l'Université de Marne-la-Vallée, 30, 31 mai et 1er juin 2002, sous la direction de Laurent Feller, France, Presses Universitaires de Limoges et du Limousin (1er février 2005), p. 373.

38 Lettre du consul Rousseau au ministre des Affaires extérieures, datée du 17 mars 1829, A.M.A.E., série C.C.C., volume 35.

39Lettre du consul Mure au ministre des Relations extérieures, datée du 25 mai 1824, A.M.A.E., série C.C.C, volume 35.

34

mettre au service de la navigation et du commerce. Avant tout, la condition sine qua non pou a de à l e ploi o sulai e tait d t e f a çais, au u t a ge e pou ait p te d e à ces postes40.

Malg ela, les o suls se so t t ou s da s l o ligatio de se fai e aide pa u atif de la ‘ ge e, ui a ait pas la atio alit f a çaise. Ce fait s est p oduit au o sulat de T ipoli qui a eu recours à plusieurs personnes de nationalité étrangère, comme le Maltais Naudy qui servit efficacement la France sous les consulats de Guys et Beaussier ; en récompense des services rendus, le consul Guys demanda au ministre des Affaires étrangères de nommer Naudy vice-consul à Benghazi41. Le gouvernement français fit également appel à Naudy lors de la a pag e d Ég pte, pou sig e u t ait de pai a e la ‘ ge e de T ipoli42.

La F a e de a da e les se i es d A aha Ce usi, u juif de T ipoli. Da s les instructions concernant le traité de paix avec Tripoli que le consul Beaussier (séjournant à Marseille suite à son expulsion de la Régence par les Anglais) avait données à Naudy, ce de ie a ait pou issio d a e e le Pa ha à e o aît e A aha Ce usi au poste de consul de France ; Youssef Pacha devait même aider à cette prise de fonction43.

Sig alo s ue le fait d appa te i à u e g a de fa ille ou d t e e o a d pa u e pe so alit e ue pe ettait d a de plus fa ile e t à u poste o sulai e. Qua t à faire carrière dans ce milieu, cela requérait des capacités prouvées de la part des agents consulaires. De façon générale, le personnel consulaire du Levant était marseillais. Donnons e e e ple l age t Ni olas ui t a ailla au o sulat de T ipoli e t e et 44.

Tout au long de cette étude, on a remarqué que lorsque les consuls de Tripoli quittaient la ‘ ge e, ils se di igeaie t i a ia le e t e s Ma seille, s installant pour la plupart. Par e e ple, le o sul Beaussie ap s a oi t e puls de T ipoli, s i stalla à Ma seille et de là, travailla à la paix avec les trois Régences, notamment Tripoli, en rédigeant des instructions et en prodiguant des conseils à qui de droit45. Citons également le cas du consul Rousseau qui,

40Gustave DUGAT, op. cit, p. 23.

41Lettre du consul Guys au ministre des Relations extérieures, datée du 5 mai 1798, A.M.A.E, série C.C.C., volume 31.

42A.M.A.E., série C.C.C., volume 31.

43Instructions de Beaussier à Naudy, A.M.A.E., série C.C.C., volume 31.

44Daniel SABATIER, op. cit., p. 20, 105.

45Voir : A.M.A.E., série C.C.C., volume 31.

35

ap s a oi t i sult pa Youssef Pa ha, se eti a à Ma seille où il œu a a e a ha e e t pour obtenir compensation de cette offense46.

Il est important de dire que personne ne peut obtenir le poste de o sul sa s l ag e t du ‘oi de F a e. Da s l o do a e du a s , il est stipul ue ul e peut p te d e au tit e de o sul ta t u il est pas e possessio d u e lett e d a ditatio d li e pa le Roi et libellée comme suit : «Le Roy voulant pourvoir à la charge de consul de la Nation française, vacante, il a cru ne pouvoir faire un meilleur choix que pour la remplacer par la pe so e de X…et pa es p se tes sig es de ot e ai , o etto s, o do o s et établissons ledit sieu X… Co sul de la Natio f a çaise…pou ladite ha ge a oi te i et e e e pe da t le te ps u il ous plai a au ho eu s, auto it s, p ogati es, p i il ges et aux appointements fixés par Sa Majesté».

Il est remarqué que le premier devoir du consul, dès son arrivée au consulat et lors de sa première rencontre avec le gouverneur de la Régence, était de présenter cette lettre p ou a t u il tait ie hoisi pa le ‘oi de F a e47. Ainsi, Beaussier a dû attendre longtemps à Tunis que sa mutation pour Tripoli soit accréditée car la fameuse lettre du Roi le concernant se trouvait sur un bateau attaqué par les Anglais et fut jetée à la mer avec d aut es effets48.