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.qooqle
.cornNOUVELLE HISTOIRE
DE
PIERRE DE PROVENCE
ET DE
LA BELLE MAGUELONNE.
346611
NOUVELLE HISTOIRE
DE
PIERRE DE PROVENCE
E T D E
LA BELLE MAGUELONNE.
WELLE ÉDITION.
A PARIS,
Chez Costard,
Libraire» rue Saint-Jean-de-Beauvais.
M. D C
C.L X X.
Avec
Approbationj&
Privilège du Roi.=
NOUVELLE HISTOIRE
-, ; •
D
Elh-
r •• . \PIERRE DE PROVENCE
'
ET D^E
LA BELLE MAGUELONNE.
CHAPITRE I^kÈMlER.
Éducationde
PlERRE
;fis exercices; pri*fomption punie; combat
du
père&
dufils.JLjÀ
tyrannie dfe. quelques; feigneursvqui opprimèrent le peuple fous lenom de Ro- dolphe
III , avoit occafionné la difïblutiohdu royaume
d'Arles.Ce
Prince, foible 8c parefïèux, s'étoit démis d'une fouveraineté>dont
il jiavoit•confervé qu'un titre vagua»Alors ces feigneursfe réunirentpourfe par- tager fes dépouilles*, chacun fousle
nom dé duc,
comte* marquis, fe,fitun
petit état*A
t
s *ûais bien-tôt, fc trouvant fruftrés dans tctot
partage,ils
commencèrent
entreuxdesguér- ies auffi faïiglantes que celles qui défolèrent la Provence>lorfquie iesWifigots&
lesBour-1:^$wgroi^«wfc-par
la beautéde
fonclimat ;&
par lafertilitédefes campagnes, fe laditputc$£àt parTe^fer
&
parlarame*
Enfiri* lorf-que
lesplusfortseurentfaittaire lesréclama- tionsde
ceux quinWoient
pour eux que la juftice,lapaixramenadanscesbellescontréesjamais qu'à regret.
Jean
de
Provence* ita des deftendansdes Seigneurs vaincus, avoirrecueillide
fespères grandnombre
d'amis pour dilputer lafouve-gamc
téau^Comte
régnant 3 inaîs il eût faîfci faire qoujer encore,le fang sProvençaux-,il préféraune bbfcurité tranquilleà
bne
gloire•àacurtriere; ilcoâfcrvaie titre
4e
comte, fe rectta.àCavaityo»,& y
jouitpaifiblementdef fa vertu. Ilavoir époufé la filledeDon
Alv*-*è$9,
comte
de Barceloneyle plwfird'être al- J&fadune femme
aufli belle&auffivertaeufefa*,tenait lieu
de.Kempke du monde.
Ilsn'a*voient
que
lesmêmes
defirs&
fesmême»
goûts. Si eUe l'eûtexigé, Jean eûtpeut-être
«m
la foibleffede
conquérirfesétats ;&
s'ileo
avoireu
l'ambition,elleauroiteuaflèrdfepouvoir pour enchaîner fon courage. Pierre
{km
ljuoiqucfruitde
leuramour.Leur
ten*de Pierrede
Provenu
* &c.%
tÉriàfïè mutuelle
k
chargea feulede
Tonédu- cation. Leur pretnier foiri fut dè rinftruire dans là religion de fes pères ; il fu£a dvec le lait les premiers élemens d'une ftibraléd
autantplus douce;que
les plàifirS dè l'hy-men
leplusFortunéentempéroientlarigueur-, ilapprit, parleutexemple;que de
quelquei couleursodietrfesquele libertiriige nouspei-gne
la régularité desmœurs,
elle a plusde
thartties pour qui fait en jouir, que le fyf- têrae
de
volupté le miefcx èÇi&biné petitetiprdcuret,
Lâ
PtoVerictfemUe
avoirétéde
touttems le féjout de là Poëfie , &it qu'un fdleîl phjs pur&
plus vif'y
tende l'Imagination plus*9 Féconde
£
z&ivb;Toit<fife, Ces èomrécébfltarir line nature toujoursvivante,<jden'at- irifté prefquejamais lefroid des hivefs;!ef- f>rit n'ait befoin dalicun effort pour
en
fâifir estâbleduxlesplusriants;Les Druides,chefs,^retires
&
légiflateuts dè la nation ,l
tfvoieat faitèonnoînpecetart fublime auxdUtrès
peu-
plesde la terre. L'Hercule des Gaulois; qui chez eux n'étoït quelel^mbole deréiôqùen- ,
ce; devança l'Hercule des Gréésf lesBardés fuccédèreritaux Druides}
&
lorfque les Bar- s baresdu Nord,
âptès aivoïrdéfôlé l'Italie&
les Gaules pour
y
fotmer des étàbliflèmens*
èutent irnpofé filence aux chânfons dès Bar- des, les Mules de Provence inspirèrent lei TtoubâdoiïtS.
À i
4
r Nouvelle Hïfioite-
Le Comte
Jean&
Ifabelle en avoient tou- jours auprès d'eux : cesépoux, amans, leur doanoient le fujetde
leurs vers ,&
difpu-toient auxplus,habiles le prix .duchant
& de
la poëfie : quoiqu'ilsfuflentjuges
&
parties,ik avoient U.
bonne
-foide
s'avouer vaincus lorfquelesTroubadoursavoientmieux
réuflïaqueux. Lorlquils craignoient quelque fur- prife de leur
amour
propre,Jeanraflemblolt jfesvaîfïàux>lesçoncurrens chantoient,&
l'oiijugeoit
du
dégté.du mérite deleursairs,^ar
Timpreffion qu'ils faifoient fur les auditeurs.Lesrnaxiniestesplus figes,» mifes
en
aftioh;pàr de$ fixionsingénieufes,exprimées par les limages lesplus vraies,
où
les fentimens les^plusfublimes faifoient toute leur poëfie. Ils
n
avoient pas encore imaginé la diftindion bizarrede
cetart>enpqëfie d'images> poëfiej(Jeintiment
&
poëfiedu
Philofophe * ; ilsJjecpnnoiiïpientqu'un feulgenre, celui d'ex- primer le fentiment par des'images,au pro- mptdelavertu. Lei,irschanfonsinfpiroientl'en-
•thoufiafme de lajàgeflè , làns ayoir tien
de
trifte ou d'auftère. C'étoit parcette
méthode
-agréable qu'Ifabelle&
fonEpoux
faifoient .goûter leursleçons à Pierre,&
qu'ilslèsgra- vy
oient dans fonâme
> ce qui n'étoit qu'unamufement
pour eux,devenoit pouç lui utie* Voyct unEjfaifurlaPeffii,luàfte*ttm\t fnnfotfè tn 1760.
dePierre de"Provence>&c. ç inftru&ion folide ; fori
cœur &
fon efprit fe rempliflbientd
excellens principes, d'autant jplus ineffaçables, qu'ilsy
étoient introduits par le plaifir.Ces
jeuxde
l'elpritétoient toujoursaccom- pagnésdesexercicesdu
corps quelque pé- nibles qu'ils fulTent,on
favoit les adoucir enlesrendant amufans. Pierre
nav
oitjamaisen- tendu prononcer lemot
rebutànt de devoir.Des^
Jongleurs, aux ordresdu
Comte., ve- noient tantôt le matin,tantôtl'après-midi,
jkefque jamais à la
même
heure, formerdes danfesdans les coursou
dans les jardinsdu
Château; lacuriofité,ouquelqu'autreprétex- te, engageoitIfabelle à lesvoirv fon marila fliivoit,&
Pierre étoit toujoursde
lapartie.Ifabelle fe mêloit à leurs danfes, elle prenoit
Jean*
&
Pierreetfe été bien fâchéde
ne pasdan/êr avec eux.
On
donnoit des récompen^fes à celui quiavoit
mieux
danfé Pierre par*vintàen obtenir,
&
bientôtà le$mériter.**Noteûvante del'Editeur.
Oeft à cette occafion
&
à cette ancienneté qu'ilfaut rapporterlachanfon fuivante,faiteparun Troubadour^ gui avoit beaucoup de gaieté*Jean danfemieux que Pierre, ./ Pierredanfe mieux que Jean;
Ils danfent bien tousdeux
,
Mais Pierredanfe mieux.
Jean danfe mieux quePierre, Pierredanfe mieux/&c, "r
EUefi danfiit en rend. ;
'
-^ ^ ;
A
ta
cpurfe,lapamne
tous lesautres excç«*fices,fe faifoierçt àpeu prçsde la.
même ma-
nière*, les arts, lesfeiences, lliiftoire» PierjrQ apprepoittout,fansqu'on eûtl'airde luirien Ênfeîgner,
Des
faplustendre enfance»ilétoit accoutumé aux exercices militaires.Son
pèro donnoit des epurfesde
bague,4
entrqiter^|ice. Les enfanspimenta imiter. Pierreexa- minoit tput> raflenabloit quelques enfans
de
{on âge, les dreflbitaux combatsde
la lancq&
de i'épée,&
epuroit avec eux i fpn pèr$le défloit, ils eoujroieqt eqfemble,
& Jean
étpit fouv'erit vaineq. "
' Lorlque l'âge
&
Fe&périenpeeurptrç miir|ces principes, Pierrefut
un
desplusredouta- pies Paladins. Il ofà défier les Chevaliers les plusrenommés;
aucun ne put le vaincre, ni àlalqte, nià la cqurfe, niàl'épée, niàlq[|ançe. LesTrôuba4ours les plus célèbres, les Jongleurslesplusagiles
&
Içs plus ^droitslui cédaient la viâoire. Pierre, parvenu à H|vingtième année, faiibit les délices
4e
fes 1>arens,&
danstoutelaProvenceon
ne par- oitque delui. Saréputation parvintauCôm-
te régnant-, il fut aflarmé de t^ntde rnérite: flcraignitqu'unjour cejeune
bpmme
qç fît.yaloir les prétentions de fpn père.
H com-
muniqua fesaliatmçs au jeuneRobert,cpufîn germain dePierre,&
filsde Jacquesde Pro- vence, frère -de Jean,'Robert étoit beau, maisrem'plide
préfqmptippj
il.fg\*Wa
de Phefrë de
Provmcàj
&c<f ou
tu*homme
quin
avQiu jamais paraà U
Çour
, eu*mte
réputation ptlus brillantequô
lui;
U
piofmt.au-GoiQtç que,quels,que
fuiTcao le» triomphesde
Pierre, il trouverait h*ipoyeii
de
Vhumtfier.En
effet» au premiest tournoisque Jean fiepublie*>Robert
> cou*vert
de
toutes pièces, ferendit à CavaiUonifen
p&e,
qui iaimoit beaucoup&
qui né-»toitpas moins préfomptueux
que
lui,voulue ftre témoinde
fa victoirej ils'armaauffi cta foutes pièces,&
partit le lendemain, (ans que Robert pûts'en douter,ileuegrand(oknde
ne fenommer
à performe,&
iarmuredont il s'étoit couvert étok inconnue
à
Jean&
à fon fils.Chacun
{èrendit de foncoté fur lechamp de
bataille. Robert fitun
défi à fon coufin, qui acceptafansle connaître-,ilsfontle touijdu
champ.La
taille ma)eftueufe deRobert,
fon air fier
&
intrépideétonnèrentlesJuges&
lesSpectateurs. Enfin,le fignal eftdonné,
chacun courtde (on coté>Pierre pattcommq un
éclair,baiffe la tête fur lecoldu
cheval,&
la lance de Robertne
frappe que l'air»Pierrelui
donne
letemps deferemettre-,Ror»bert revient
une
féconde fois,Pierre lévite, fait unevoltfe,&
lejette fur lapouflïcre.lh
en viennent à Tépée,lecombat
futopiniâtre*mais Pierreleterrafle,
&
lefarcede
s'avauec yaincu : il le prie de lever la vifièrede
foa çafqueRobert
fumeux, y.confient, CiPtetrQ5 Nouvelle Hifioire
veut
commencer
ancombat
à outrance. Ilsdemandent
des armes offenfives; Ifabelle&
fbn mari s'y oppofent,
&
les Juges refufent le combat. Alors lepère de Robert fepré- fente,&
faitun
défià Pierre5il veut que file
nouveau
combattant eftdéclarévainqueur, Pierre&
le Chevalier vaincu reftent en fon pouvoir*,&
quefi , au contraire* laviétoiredemeure
àPierre,il foit lemaîtrede
difpo-fer de l'un
&
de l'autre. Pierre accepta lesconditions.
Robert
ne peut fouffrir qu'unin-connu
, qui n'étoit pour rien dans leurque-
relle, viennelui impoferdesloix.S'il
m
avoit vainçu,difoit-il,ceferoitxout.eequ'iloferoic propofer-, qu'il fedécouvre, qu'ilcombatte*6
u la fortune lui eft Favorable,ce que j'aibien de la-peine à croire, je verrai ce
que
je dois faire.
Le Comte
Jacques fut picquéde
l'orgueilde fon fils \ il faifït l'occafîonde
l'humilier. Jacquesavoitbrillé dans touteef- pèce d'exercices,
&
depuispeu il àvoit rem-portéle prix lur
un
grandnombre de Che-
valiers,dans
un
caroufel célèbre cjue leRoi
d'£fpagneavoit
donné
pour les noces de fa fille. Il ne douta point qu'il ne vînt à boutde Robert &
dans cecas,fans fe découvrir,il felèroit contentéd'exiger
du
vaincu , que devant tout lemonde
il fe fît reconnoître.Puifque cejeunetéméraire, dit-il en dégui- iânt toujours favoix, refufe
mes
conditions,
Je le forcerai d'en recevoir
de
plus dures.de PierredeProvencej&c.
Je demande
aux Juges qu'on lui permette, quoique vaincu,de rompre
une lance avec moi. Pierreauffi-tôt remet la fienne àRo-
bert, qui s'élance fur fon cheval. Malgré la fureur qui l'anime, Robert fènt palpiter fon cœur-, Jacques,de Ton côté,
dompte
fa ten- dreflè. Les Spe&ateurs prennent ces divers fentimenspour une crainte mutuelle. Robert s'approche de fon rival,& demande
à lui parler.Chevalier, luid^t-A, je fuis fâché d'avoir à combattre contré vous je fuis réfolu
dé
me
venger fur vous ;de
la hontedema
dé-faite-, ainii vous devez vous attendre que je
ne
vousménagerai pohit. Je ne fài pourtant quel penchant fecret rnintéreffe a vous: croyez-moi, il en eft temps encore, décou- vrez-vous àmoi
y&
fimes
preflêntimensnéme
trompentpoint,je nepuis vousépargner,
non
la honte d'être vaincu, mais des coupsque
je ferois au défefpoir d'avoir portes.Infenfé, lui répondit le Chevalier inconnju,
dre que, fans la modeftic, la valeur neft qu'un
don
funefte:Situ avois moinstpmpté
fui*
toi-même
,Pierre ne t'eût point rerraffé:défends-toi. Auffi-tôt les
deux
combattonsfe féparent,&
reviennent l'un contre l'autre,comme
desflotspou
(lés par des vents con-traires*
Au
premierchoc, leurs armesfebrî- fenten
éclats, leurschevaux reculent,&
les;éce combat
fo
Nouvelle M/faireÇhçvtketsfont déforçonn^s ; ilsjie fe
don*
oentpasle tempsde fe remettre-, ils
mmmti
pied kterre, prenantleurs épées*
&
por«»tent lesplus rudés çoqp&; leur adrefleà tes aarer eftégale, leur*bra^font plti$icftigig^
blesque leur fer, <wi s'émoufle
&
fe btifo dans leçrs mains. Alors ilss'accolent,Rebert
ler^affefonrival, q«i. enfin,fansqueperfpn*
lie l'entende» a le temps de fe faire cen*
noîtreàfonfils, Auflî-tôt Robert fe dégage,
|e relevé,
& tombe
kfespieds:ciel! s'écrie- ç-il,qui? moi! j'auroispu
}ah! jelui cède la vidoite!le$fpe&ateqtedépurent
confondus,te Comte
Jean&
fon fils s'approchentvRot
J>ert les priede faire retirertout le
mwde
;|l prendfon père par la main%
& k
prçéfémeau Comte
Jean,comme
le Chevalierle plus généreux&
le,plusbrave^e Comte
Jacques préfenteà fon tour Robert à Ifabelle \ mai*|ls neveulentfe faireconnokee que torfqu
3
il%
feront arrivésau Château,
On
lesy
conduit,
àpeine peuvent-ilsfe foucenir oâr lescoups
qu'ils fe font portés. Quelle foi la furprife
du Comte
Jean,lorfqu'ilreconnut fon frère',Robert
nofoitfedécouvrir-, Ifabelle&
Pierreparoiffoientindignés contre
un
inc©nn*i,qui pour s'être battu avec courage&
loyauté x n'enavoit pas moins malmené
leur,parent, Jacques luiordonnede
leverlavificrede
foi|çafque»
â
obéit, 8ç fe yue produit furteut*la
ÊMk>
leffçtde
1* ifeç $cMédMfçt
de Pierre de Provence^&c, %*
Robert
ne conçoit pas par cjuel événementil a combattu contre Ton père. Jacques leur explique une énigme auin furprenante,
&
ajoute qu'il n'a eu d'autre motifque de con-r
fondrel'orgueildefonfils. Ilfaitleplusgrand éloge de Ion neveu,
&
lui perfuade devoya- ger.Ce
n'efl: pasque Jacques nevît avec desyeux
auffijalouxqueceux de Robert,lemé-
rite de Pierre-, maisilcrutquedanscetteoc- cafionil nepouvoit,lans injuftice, luirefufeç ton approbation foitafin de mortifier encore plus ion fils, fo;t pour l'écarterdu
Comte de
Provence régnant. Ifabelle&
Jeanvouloient retenir Robert&
fonpère^ ilsrefusèrent, de crainte que le lecret de leur combat ne fût connu. Ilspartirent dans la nuit, lar.s Page&
fans Ecuyer,comme
ilsétoient venus.On
futdans la
Cour
duComte
de Provence, que Robert avoit été vaincu par Pierre,&
l'onignoratoujours lecombatdu Père
& du
Fils.CHAPITRE
I J.premières avantures de Pierre à la
Cour
du.Roi
deNaples;fon
entrevue avecMague»
lonne ; premiers effets de Uurs amoursi mpdejlie de Pierre de Provtnçe.
J^lçrrçsetoitfajjt une figrande%épuration
^
quç
lç$Sejgneycslesplusrenommés
venoiçnj:^
tputçspa«v
féliciter £bp père& pççndçÂ
il
Nouvelle Riftolrepart àfè joie. Jean réfolut
de
l'armerCheva-
lier. Il fît publier dans toute laProvence
un
tournois général, pour que cette cérémonie fe fit avec plus de folemnité.
Le
jour fixé,
ilarrivades Chevaliersdetouslespais. Jean
les reçutavec une magnificence digne d'un Souverain. Robert l'envieux ni Ion père
ne
s'ytrouvèrentpoint-,ilsenvoyèrent
un
Ecuyer pour s'excufer. Pierre gagna bien fes épe- rons:ilremporta leprixà tous lesexercices,&
furtouslesChevaliers. Ilfutarmé &
décla-réundesplusvaillansqûieût encoreparu.
Un
feftin fplendide~fuivit la cérémonie-, chacun buvoit à fa
dame
\&
Pierre, qui n'en ^voicpas encore, buvoit triftement à celle qu'il auroit. Il étoitdansl'âgeheureux,
où
le be- ibind'aimerdonne
àl'âmeunenouvelleexif- tence,faitd'uncaractèreheureux uncara&ère excellent, ou d'un naturel vicieuxun naturel attroce.Ilfentoitfedévelopper dans foncœur
desmouvemens
inconnus, quileplongeoient dans une ivreflè délicieufe -, quelquefois cesmouvemens
devenoient impétueux-,&
dansces inftans, fa tendreflè pour fes parens, 'ùt
complaifance pour fes anlis, fadouceur en- vers tout le
monde,
fembloientaugmenter;la nature lui pàroiflbit plus riante
&
plusbelle, toutce qu'elle lui offroitlattçrïdriflQ|i|'
Généreux &
compâtifïànt, il étôit alorsunlle#foisplusfenfibleauxplaintesdés mâïheiit^âï^
&
plusardent à les ^oulager.^I^nt1lîian^îoî{;îJePierre JeProvence*&c. ri
1
Pierre, pour devenir plus parfait, qu'unobjet qui pût fixer fesdéfirs.
Pierre croit dansces dîfpofitions, lorfqu'à la fin
du
repas on vint à parler deMague-
lonne, fille
du Roi
deNaples,dontlabeauté attiroît à laCour
de ion père tous lesCheva-liers, quipour la mériter., tentoienc les :taits
d'armes les plus inouïs.
On
parla beaiicoup de les charmes&
de labonté defon caractè- re.On
traça fon portrait, que Pierre fe fierepéter vingt fois.
Un
desChevalierslui de-manda
s'il necomptoitpasallercourir un peule
monde
,&
toutes les aventures. Pierre ne répondit rien,&
demeuraconfus&
penfif.La beautéde
Maguelonne
étoit empreinte dans foncœur
: il brûloitd
ailleurs de voir les CoursdesPrinces&
d'acquétirde la gloi- re.Ce
qui l'inquiétoit le plus étoitcomment
en obtenir
k
permilTïon de fes parens. Il craignoitnon
feulement de lesaffliger, maisil fentoitcombien cette féparation lui coûte- roità lui-même', fon cœur étoit déchiré par mille pallions diriérentes.
La
confiance qu'il a voit dans la mère , le portoit à s'adretferd
abord à elle-,& quand
ilétoit fur le point de lui ouvrir fon cœur, il étoitarrêté parla crainte de lui déplaire. Enfin, sarmantun
jour de courage, il va fe jetter auxgenoux
de fonpère, illui témoigne la plus vive re- connoiuance de tous les foins qu'il a prisde
fon éducation-, il lui rappelle avec modeftie les avantagesqu'il en a recueillis, larépuu-i4
Nouvelle Hiftoirétiôn qu'il seft faite maisà quoi,ajouta-t-iï>
aboutiront,
&
les principes que vousm
avez donnés,&
le peu de talensque jepuis avoiracquis, Ci je parte
ma
vie dansl'inaâion? ce n'eft pas pour foi, c'eft pour être l'exempledu monde,
ledéfenfeur desopprimés,leven- geur des injures, le prote&eur des malheu- reux* qu'un Chevalier doit vivre. J'ai forméle defleîn de remplir les devoirs quece titre
nYnnpofe: daignez confentir que j'aille pu-
blier vos bontés,
&
mettre en pratique vos fages préceptes. Jean neput entendrecepro- jet fansfrémir, quoiqu'il en lentît la nécefli- té", ilfitvenirIfabelle,&
le luicommuniqua.
Cette tendre
mère
reftacomme
frappéede
la foudre.
Ah! mon
fils, dit-elle,mon
cherfils, nous n'avons que vous feul, vous faites toute notre confolation,
&
vous auriez lacruauté de nous quitter!
&
pourquoi iriez-vous chercher de contrée en contrée, à tra- vers mille travaux
&
mille périls,une gloirequi vient au-devant de vous? vousjouifl'ez dela réputation la
mieux
établie*, fi ceft aux dons de la fortune que vous afpirez,à moins d'unecouronne, que pouvez-vous defirer de plus?Nous fommes
bien éloignés de vous fuppofer cette efpèce d'ambition : fi vous voulez remplir les devoirs de la Chevalerie,
où
lepouvez*vousmieux
quedans votrepais?Croyez-vousqu'ilne vous offre pasallez d'in- juftices à réparer, affezde malheureux à fe- courir, 8cde bienfaitsàrépandre.
Non
,mon'àt
PiméSt
Provtncé>&c. Tt%Ayante
neronfpntonsfpoint àmotrë départ*la feule idéem'en fait horreur: vouiez*rouf appefantir les
maux
quela vieilleriecommen-
ce de ralfembler fur nos têtes, lorfquau mi-
lieu
de
vos triomphes , vousvousrappellerez le chagrinoù
vous nous plongez?Comment
votre
âme
pourra-t-elles'ouvrir àlajoie?Oh
!ma mère,
s'écria Pierre, ce n'étoitque pour combler vos joursde
gloire&
de félicité,que
j'avois deiîré deme
faire connaître:l'honneur que les pères acquièrent ne pro- duit aux enfans que de l'honneur\ les pères recueillentdesaftions glotieufesde leurs en- fans, l'honneur
&
la volupté la plus pure. Sima
vie offre quelque traitdigned'être imité, pourquilajouiilanœ de l'éclatqu'il feradans lemonde
fera-t-elleplusdouce? Sera-cepourmoi
>qui aurai iatisfaitmon
ambition,&
peut-êtrele penchantde
mon cœur
?ou pourvous,
qui verrez le fruit des bons principes
que
vous m'avez donnés ? Balancez le plaifirque
vous trouverez àme
voir languir auprès de vous, dans une obfcure oifivetéj&
lafa-tisfaécion que pourravous procurer la répu- tationà laquelle j'afpire-,
&
lorfque vous au-rez bien pefé l'un
&
l'autre,fi vous trouvez plus avantageuxdeme
retenir,je renonce àmon
projet -, mais, fur-tout, compenfez lapeineque vousfera
mon
départ, aveclecha- grin que j'auraiame
féparer de vous,&
quim'a
empeché
jufqu acemoment de
vous de-j6 . ?> ,Nouvelià Jtijloite
mander
Ja?|>ermiffioji que je vousdemande
encore malgré moi. i , rLe Comte
Jean&
IfabeHe fondoiehten
larmesj& ne
pouvoient blâmer Pierre, qui Earoiffqir aufllaffligéqu
eux. Enfin, ils l'etn- ralsèrenr, Seluiaccordèrentcequ'ildeman-
doir.:Ikepcigirentfeulementde.luiqu'en^juel*
que^lietjvde laterrequ'ilallât, illeurdonnât
de
£esNouvellesautantqu'il lepourrait,iDès
ce moaacnc
k Comte
nesoccupaplusque du
foin»des équipages
de
Ton fils,&
luirappeilaamis^esobQnsprincipesqu'illuiavoitdonnés:
il kiixhèifitdes domeftiqueSfidèles
&
âges»&.
taii-fitij^réfint'de
fes meilleurs chevaux.Jfabeflei'âccabla
de
;dons& de
careflès,&
luirecorbéaandafur-tout troisrichesanneaux»
qu'elfe luicfemin '. .t. z
*. Pjetr erpanit enfin,
&
dirigea iamarche
vers ritafiejjil^trivsLàNaples,où
règnoitle pèrede
la belle- tyagudoîute. Quoiqu'il eûtune
fuite^brillante.,ilnevoulut pointêtre
connu
$ - il défendis à fesgens;de
prononcer fonnom
dans.rhôpeUerie; Il prîtdes informations fur léptra&ère
du
Rot,;furlescoutumes&
les ufa^efrdupais,i&ïtt^lesiGhffvaîiers<piétoient alors dansjMaplçs.»,Son hôtej, jquilinftruifoit deitoucj/itîi* apprit que depuis peu, il étdiç arrivéunCbe
v<aiier,d'amievaleur&
d'uncou*rageà
toute iprefivejàquiifîRoi
rémoignoit beabCQqpt;d'dftimc:,& eo
faveur duquel il«voit orckÉQnc des
jô&e$\pourle Dimanche
fuivanti
de Pierre de Provente, $tc.
iy
ïùivant,
&
que laPrinceflèdevoitleshônorctde
fa préfence.Pierreattenditce jouravecla plusVîvèim-
}>atience-,ilprit
deux
clefe pour fadevife, rl esfit broder fur fes habits&
fut lesharmoisde
lès chevaux.Dès
le pointdu
jour parédè
tout cequ'ilavoitdeplusprécieux, ilferçndifcau
camp
\ il attendit l'heuremarquéë
£otfr les joutes.Le Roi &
la Reine, accompagnésde Maguelonne &
detoutelaCour
,arrivèrent enfin. Pierre reconnut aifémentlaPrinceflèatl portraitqu'onluienavoitfait,&
trouvaqu^éllè étoit au-dêflùsde tout ce qu'on luien avoit dit.Suivid'unEcuyer&
d'unPage, ilfeplaçamodeftement
dans l'endroit le plus éloigne,&
néanmoinsà portéede
confidérerMague*
Ione.
Le
Herâùt criaque
les Chevaliers qui vôu- droient combattre en l'honneur des Dames;, pouvoient fepréfenter. Henri de Caprafâpa*-Tut auffi-tôt,
& un
des Chevaliersdu Roi marcha
contre lui mais Caprara d'un cou£de
falance qui fe rompit, le renverfa lui&
fon chevals celle
du
Chevalier lui échappa desmains,& tomba
entrelesjambesdu
che- valde
Caprara qui fut renverfé à fon tour.Quelques amis
du
Chevalier publièrent que Capraraavoiteudu
dé/avantage-, cefoupçon l'indigna,ilnevoulut point combattre. Pierre fe difoit tout bas 5 l'orgueil eft une paffiori bien inconféquente }un
fécondcombat
eâcB
ïSr Nouvelle Hilloire
bien
mieux
juftifié Caprara, que fa retraite'.Le
Chevalier qui avoit renverfé Caprara,étoic letenant : leHéraut criaques'ily avoit quelque Chevalier qui voulût combattre, il
pouvoit fepréfenter. Pierre s'avance avec
une
modefte fermeté, défie le Chevalier,&
luiporte un fi rude coup qu'il le jette à dixf>as
de fon cheval. Les ipedhateurs fontétonnés; le
Roi
veutlavoir queleft cebrave étranger\un
Héros vient le luidemander
de fa part- Dites au Roi, répondit Pierre, queje fuisun
pauvreChevalier François,qui ne chercheque
rhonneur,qui afaitvœu
de ne dire fonnom
à perfonne,
&
qu'illefupplie de nepasexige*qu'il le lui dife.
Le Roi
loin de lui favoir mauvais gré decette réponfe, louafa modef-tie-, iladmira bien plus (oncourage, lorfquil lui vit abattre tous les Chevaliers qui fepré- fenterent , pouffant vigoureufement les uns de fa lance, frappant les autres de fon épée
,
évitantavec une légèreté furprenantetous les coups qu'on lui adreiToit, foit en voltigeant, foiten lesparant\fonagilité n'étoitpasmoins redoutable que fa force.
Le Roi
ne put s'em- pêcher de convenir que jamais il n'avoirvu
'
un
Chevalier auffi vaillant,&
qui eut autant degrâces.Maguelone
encherilfoitfurleséloges.LesChevaliers
même
qu'ilavoit vaincus, pre- noient part à fa gloire ; Caprara fur -tout devint dès cemoment
fon meilleur ami.Ma-
gueloneétoitficharmée dele voircombatre,àé Pierre àe Provence> &c.
«|
tju'àfaprière,le
Roi
ordonna plusieurs autres tournois -,il en fdrtittoujours aveclemenié
éclat,
&
la rinceflène
leyoyoit jamaisqu'elfene
fentîtaugmenterfon eftime. Elle avoitvu
bien des chevaliers, aucunn
avoit fait fur elle lamême
impreffion. Elle juftifia fe xlefirde
lavoir fonnom,
parl'envie que fon pèreen
avoir témoignéelé premier -,il avoir jrépéré plufieurs foisque l'inconnu avoit des manières tropnobles>un
courage tropfiifié-rieur, pour
n
être pasdune
ilîuftre origine§&
elle en conduoit qu'il"falloir le traitereliconféquence>
&
prendre tous lesmoyens de
découvrir fonnom. Maguelone
réunifToit la douceur&
la vivacité-, elle avoit toutes les vertusd
uneame
tendre,&
toutes lesqualités
d un
efprit aâif&
pénétranr ymais dans cemoment,
le fentiment qui làdomi-
noitiétoit la crainte que fon pere neman-
quât aux bienféances. Elle eût defiré
de
pouvoir dire à fon pere d'attirer l'étranger à(àCouf
$elle n'ofoit luitracerlesmoyens
lurs qu'ellecroyoitavoirpourfatisfairelacuriofîréde
fon pere,carellemettoittout furlecompté du
Roi.Tandis qu'elle rouloir dans fà tête mille defleins, qu'elle voyoit partout des obftacles
,
qu'elle aceufoiten fecret lepeud'égârdsqu'on avoit pourl'inconnu,qu'elles'enprenoitàfon J>ere, fi l'on ne favoit pasencorequi ilétoit*
e
Roi
, faqs recouriràaucundesprojetsinu-âfc" Nouvelle Hiftoïre
tiles que fà fille formoit, envoya retenir le Chevalier avec plufieurs de ceuxqui avoienc combattucontrelui,à dînerpourlelendemain dans fon palais.
Si
Maguelone
futcharméede
cette invita- tion,quelplaifirenrefïentitPierre,quibrûloirde
lavoirdeplus près! leRoi
le plaça à côtéde
fafille pour lui témoignerplus particuliè- rementlecasqu'ilfaifoitde
lui. Lesrepasdes RoisnefontpastoujourslesfeftinsdesDieux;
le cérémonial
incommode,
lacontrainte&
lerefpedfc en banniflènt fouvent le plaifir
&
lagaieté. Pierre, fans oublier qu'il étoit affis à côté
du Roi
, ne fitattention qu'àlabeautéde
fa fille il dévoroit fes foupirs,
&
foncœur
étoit déchiré par la paillon la plus vive.
Ma-
gueloneéprouvoitlesmêmes
fentimens& n en
vouloit rien croire >elleprenoitfes tranfports {>our de fimplesmouvemens
d'une admiration égitime,&
fa tendreflèpourun
eftimequ'onne
pouvoir refuferà tant de vertus. Lorfque ledînerfutfini, laconvention
devenantplus générale,Maguelone,
après avoir dit quel- quesmots qu'elle crut tres-flateurs auxautres Chevaliers,s'adreflaà Pierre d'un tonqu'elle croyoit marquer beaucoup d'indifférence, L'impreffionquevotre valeur&
votrefageflè*lui dit-elle, ont faites fur le
Roi &
lur laReine, eft fi forte, que fi elle a échappé
à
^votre