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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Les choses de la technique de l'école au collège

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Academic year: 2021

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LES CHOSES DE LA TECHNIQUE DE L’ÉCOLE AU COLLÈGE :

RENCONTRES, FAMILIARISATION, APPRÉHENSION.

Christophe LASSON

UMR-STEF ENS Cachan/INRP et IUFM Nord/Pas-de-Calais

MOTS-CLÉS : FAMILIARISATION PRATIQUE – ÉDUCATION TECHNOLOGIQUE – OBJET TECHNIQUE – ÉCOLE – COLLÈGE

RÉSUMÉ : Répondant à des préoccupations pour l’éducation scientifique et technologique en France dans la scolarité obligatoire, cette contribution s’intéresse aux occasions et aux moyens qui sont donnés aux élèves d’exercer une familiarisation pratique aux objets. Il s’agit plus précisément de mettre au jour le parcours des écoliers et des collégiens en termes de rencontres avec les objets considérés comme « techniques ». Cet itinéraire éducatif comporte des ruptures et de continuités que nous avons pu mettre en évidence.

ABSTRACT : Answering concerns about scientific and technological education in France in the compulsory schooling, this contribution is interested in the occasions and means which are given to the pupils to exert a practical familiarisation with objects. It is more precisely a question of bringing to light the primary and secondary schoolboys’ course in terms of meetings with the objects considered as « technical ». This educational path comprises ruptures and continuities which we would have been able to highlight.

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1. INTRODUCTION

S’inscrivant dans les missions de l’école obligatoire en France, l’éducation technologique répond à une double visée de socialisation et d’acculturation. Fondamentalement, l’éducation technologique vise le développement de capacités de lecture et d’intervention dans le milieu sociotechnique contemporain. « Sans cela, elle n’a pas de raison d’être » rappelle fermement J.-L. Martinand (1995a, p. 344-345). Pour cela, les activités scolaires renvoient à des activités professionnelles, domestiques, sociales hors de l’école. Par l’école, on cherche à développer chez les élèves des savoirs, des habitudes, des capacités qui leur permettront de participer à ces activités (J.-L. Martinand, 2002). C’est pour cela que la nature des activités techniques à l’école porte sur un double registre : familiarisation pratique et élaborations conceptuelles. Familiarisation pratique et élaborations conceptuelles ne correspondent donc pas à des démarches ou des méthodes d’enseignement, mais peuvent se retrouver au travers des tâches prescrites aux élèves par les enseignants.

La familiarisation pratique vise à faire pénétrer dans l’école des objets, des procédés voire la spécialisation des individus dans les organisations (entreprises, administrations…) afin que les élèves les rencontrent sans détour (scientifique, par exemple). Nous avons cependant plus particulièrement étudié la familiarisation pratique aux objets dans un travail de recherchei. Cette fonction de l’éducation technologique contemporaine n’est pas sans rapport avec les « leçons de choses » de l’entre-deux-guerres qui pouvaient s’appuyer facilement sur la familiarité pratique des enfants d’alors avec les objets de l’époque pour les discuter en classe. Cependant, l’environnement technique contemporain est devenu moins accessible : les produits actuels sont généralement indémontables, « capotés » et fonctionnellement très complexes. À l’école et au collège, la familiarisation pratique aux choses peut alors jouer un rôle de compensation.

2. PROBLÈMES ET ORIENTATIONS DE LA RECHERCHE 2.1. Familiarisation pratique aux objets

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l’objet, d’expériences de l’objet, envisage un rapport d’usage avec ce dernier et s’oppose, par exemple, à la contemplation des choses. La familiarisation pratique repose sur l’expérience dans un processus de domestication des choses.

2.2. Point de vue curriculaire

Comment rendre alors intelligibles ces rendez-vous des élèves avec les objets à l’école et au collège ? Il s’agit de « s’extraire » en quelque sorte d’une approche stérile de relevés d’objets simplement juxtaposés au fil du parcours scolaire. Les travaux récents de J. Lebeaume (1999, p. 80 et s.) sur le curriculum disciplinaire nous ont servis de référence à ce sujet. La notion de curriculum disciplinaire permet ici de rendre possible une démarche d’examen comparatiste pour examiner les ruptures et continuités en terme de familiarisation pratique entre différents niveaux et ordres d’enseignement. La cohérence recherchée ne peut justement être saisie que dans la dimension curriculaire de cet itinéraire éducatif dont l’organisation est partiellement construite sur une progressive différenciation disciplinaire (« découverte du monde » et « sciences et technologie » à l’école, « technologie » au collège). Cette perspective curriculaire de l’éducation technologique doit nous permettre de mettre au jour l’itinéraire ou les itinéraires (fondé sur les rapports scolaire et éducatif entre les objets et l’élève) tracé(s) dans les trois segments scolaires. Nous ne nous situons pas au « niveau » d’une séance ou d’une séquence d’enseignement mais nous mettons l’accent sur l’itinéraire scolaire emprunté par l’élève dans le monde de la technique et plus particulièrement sur son parcours singulier dans le monde des objets.

2.3. Questions de recherche

Il s’agit donc d’examiner sur quels objets portent ces rencontres et, si possible, comprendre comment elles s’enchaînent ou au contraire s’opposent, se chevauchent ou se heurtent, se recouvrent ou laissent des vides entre elles. Que suggèrent ces présences ou absences au fur et à mesure d’un parcours scolaire ? Réalisées en contexte scolaire, ces fréquentations sont marquées par leur intention éducative, leur guidage et leur contrôle par l’enseignant. Aussi, comment les maîtres organisent-ils ces rencontres ? Comment s’y prennent les enseignants ? Peut-on mettre au jour une cohérence longitudinale entre ces activités scolaires successives ?

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3. CHOIX MÉTHODOLOGIQUES – CONSTITUTION DU CORPUS 3.1. Recensement des objets

Pour effectuer le recensement des objets, deux questionnaires d'enquête (un pour les E.M.F.ii et M.A.T.iii d’écoles maternelles et primaires, un pour les professeurs de collège) ont été construits. Ils ont été testés auprès d'une vingtaine de praticiens-formateurs au cours de stages de formation continue dans l'Académie de Lille, stages organisés par l'I.U.F.M. Nord/Pas-de-Calais.

Le taux de réponse a été de 13 % pour les 416 professeurs des écoles sollicités et issus de 8 I.U.F.M. différents. Ils devaient indiquer les objets qu’ils donnaient à utiliser aux élèves au cours d’activités technologiques. L’enquête en collège a rencontré nettement plus de succès. Plus d’un professeur de technologie sur deux (54 %) – parmi les 210 enseignants sollicités répartis sur 7 I.U.F.M. – a répondu.

3.2. Modalités des rencontres des élèves avec les objets

Comment mettre au jour les modalités mises en œuvre par les enseignants pour organiser la rencontre des élèves avec les objets techniques ? Différentes approches et démarches pédagogiques susceptibles d’être mises œuvre lors des activités d’initiation technologique ont été formulés de façon à les rendre signifiantes pour les praticiens. Pour assumer cette responsabilité vis-à-vis de l’élaboration de ces descripteurs, deux ouvrages ont été particulièrement utilisés : Découverte de la

matière et de la technique (J.-L. Martinand et al., 1995b) pour le premier degré et Enseigner la technologie au collège (Lebeaume & Martinand, 1998) pour le collège. Ont été sollicités les

enseignants qui ont répondu à la première vague de questionnaires (55 enseignants du premier degré et 112 professeurs de technologie) après avoir été informés des résultats précédents.

4. RÉSULTATS

4.1. Les objets de la familiarisation pratique en technologie

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processus de croissance ou leur organisation biologique. Plantés par des professionnels dans le but d’agrémenter le paysage, ils sont bien le résultat de la volonté humaine. Si l’on considère la technique comme la manifestation de l’action humaine, ces arbres sont des objets techniques. Dans la même veine, il est tout aussi hasardeux d’estimer que les disciplines scolaires seraient propriétaires d’objets qui leur appartiendraient en propre. La délimitation des champs disciplinaires tels que nous les connaissons est un artifice délimitant nos connaissances du monde qui nous entoure en collection d’objets donnés à rencontrer, à étudier aux élèves. En ce sens, l’enseignant oriente le point de vue des élèves pour qu’ils établissent une relation au monde des choses : c’est en posant un regard technique sur l’objet que celui-ci devient technique.

4.2. Ruptures entre l’école et le collège

À l’école maternelle, il y a quantitativement moins d’objets qu’au collège (440 objets recensés dans les écoles maternelles de l’échantillon ; 4368 objets recensés dans les collèges de l’échantillon). Mais sur le segment pré-élémentaire, les objets sont très différents selon les maîtresses alors qu’au collège, il y a peu de variations. À l’école maternelle, la familiarisation pratique aux objets dépend complètement de l’enseignante. Cette familiarisation est purement locale, personnelle, identifiée au maître ou la maîtresse. Elle n’est pas à l’échelle d’une école. Au collège, au vu de leurs déclarations, tous les professeurs de technologie familiarisent les élèves à un ensemble identifié d’objets, considérés comme techniques. Cet ensemble est actuellement stabilisé. C’est une double discontinuité qui s’établit entre l’école maternelle et le collège. L’école élémentaire accompagne « en douceur » ces variations en s’inscrivant en « intermédiaire » dans ce double mouvement. Progressivement, ce qui se construit de par les interventions des enseignants, c’est un processus de standardisation d’un ensemble d’objets considérés comme techniques au fur et à mesure du cursus. Ce processus débouche sur une norme d’objets techniques pour les professeurs de technologie de collège.

La variation des objets qui entourent les enseignants de l’école maternelle porte la marque d’une appréhension large des objets techniques par les praticiens de ce segment scolaire. Nous avons recensé 17 familles d’objets considérés comme techniques. Nous qualifiions cette appréhension de « large » précédemment car 11 de ces familles deviennent vides à l’issue du recueil des déclarations des professeurs de technologie. Ce changement de focalisation sur les objets converge vers les outils mécaniques simples et quelques instruments et machines vus comme des opérateurs techniques permettant les réalisations-fabrications de technologie. Les professeurs de technologie sont intimement persuadés qu’il y a des objets techniques qui appartiennent à la technologie, qu’on ne rencontre nulle part en dehors des salles de la discipline.

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4.3. Modalités des rencontres des élèves avec les objets : ruptures entre l’école et le collège L’école et le collège se distinguent dans les modalités que les enseignants mettent en œuvre pour organiser la rencontre des élèves avec les objets. Nous repérons cette variation par les différentes approches que mettent en œuvre les enseignants dans le cadre de la découverte du monde des objets à l’école maternelle, de l’initiation technologique à l’école élémentaire et de l’enseignement de la technologie au collège. Sur le plan quantitatif, nous distinguons 10 modalités différentes d’approche des objets à l’école : questionner ; collecter, regrouper ; utiliser ; démonter, remonter ; découvrir l'environnement technique ; expérimenter, tester ; constituer des répertoires, des catalogues ; produire et utiliser des représentations (dessins, schémas, photos…) ; utiliser des documents ; produire des objets. Certes, il faut compter sur des nuances entre les écoles maternelle et élémentaire mais cet ensemble d’activités s’oppose nettement à la quasi-unicité de l’approche des objets que proposent les professeurs de technologie aux collégiens. Rappelons toutefois que cette approche nettement privilégiée combine trois modalités ordonnées. Pour autant, il ne s’agit pas d’une norme. Elle ne concerne que 60 % des praticiens interrogés.

Ce résultat nous apparaît cohérent avec le précédent. La variabilité de l’environnement « objectal » de l’enseignant de maternelle implique certainement des approches des objets elles aussi variées. Les objets qui entourent le professeur de technologie et qui forment presque un tout en un ensemble fondé sur le caractère opératoire de ceux-ci conduisent à une approche de ceux-ci qui admet peu de variations.

5. CONCLUSION

À l’école, la familiarisation pratique est locale, personnelle et non à l’échelle d’un établissement. Elle se réalise au travers d’un spectre d’activités larges qui correspond à des découvertes, des rencontres de nombreuses familles d’objets. Au collège, la nature de la familiarisation pratique change au point de se demander si les professeurs de technologie s’y situent effectivement. La nature de la relation aux objets vus comme des outillages techniques est de faire que les élèves apprennent à les utiliser, ce qui suppose des apprentissages, en vue de réaliser et de fabriquer. Les

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différentes, l’enseignant accompagne et l’écolier davantage acteur dans son rapport aux objets, agissant dans un registre de découverte.

BIBLIOGRAPHIE

LASSON C. (2004). Ruptures et continuités dans la familiarisation pratique en technologie de

l’école pré-élémentaire au collège. Thèse de doctorat de l’École Normale Supérieure de Cachan

(sous la direction de J.-L. Martinand), 233 p.

LEBEAUME J., MARTINAND J.-L. (dir.) (1998). Enseigner la technologie au collège. Paris : Hachette. 334 p.

LEBEAUME J. (1999). Perspectives curriculaires en éducation technologique. Mémoire d’habilitation à diriger des recherches. L.I.R.E.S.T. – G.D.S.T.C., E.N.S Cachan, 116 p.

LEBEAUME J. (dir.) (2001). Réalisations-productions et objets-produits en technologie au collège. Rapport de recherche en réponse à l'appel à association de l'Institut National de Recherche Pédagogique. G.D.S.T.C. - L.I.R.E.S.T. E.N.S. Cachan – I.N.R.P. – I.U.F.M. Orléans-Tours. 71 p. MARTINAND J.-L. (1986). Connaître et transformer la matière. Des objectifs pour l'initiation aux

sciences et aux techniques. Berne : Peter Lang. 322 p.

MARTINAND J.-L. (1995a). « Éléments d'épistémologie appliquée pour une discipline nouvelle : la technologie ». In Develay, M. (dir.), Savoirs scolaires et didactique des disciplines : une

encyclopédie pour aujourd'hui, (pp. : 339-352). Paris : E.S.F. 355 p.

MARTINAND J.-L. (dir.), COUE, A., VIGNES, M. (1995b). Découverte de la matière et de la

technique. Paris : Hachette. 256 p.

MARTINAND J.-L. (2002). L’éducation technologique à l’école moyenne en France. Problèmes

de didactique curriculaire. Cachan : L.I.R.E.S.T. - G.D.S.T.C. - E.N.S. de Cachan, tapuscrit. Paru

dans la Revue canadienne de l’enseignement des sciences des mathématiques et des technologies. Vol. 3, 1. Toronto : O.I.S.E. – Université de Toronto.

i Cette contribution s’appuie sur un travail de recherche mené sous forme de thèse à l’École Normale Supérieure de Cachan (Unité Mixte de Recherche Sciences, Techniques, Éducation, Formation) sous la direction de J.-L. Martinand et soutenue en décembre 2004. Le mémoire a pour titre : Ruptures et continuités dans la familiarisation pratique en

technologie de l’école pré-élémentaire au collège.

ii Enseignant Maître Formateur. iii Maître d’Accueil Temporaire.

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