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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Les méthodes d’apprentissage de l’enseignement technique (suite et fin).

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Les méthodes d'apprentissage

de l'Enseignement Technique

(Suite et- fin)

VI. — LA TENU E ET L'ORGANISATION DES ATELIERS

Le désordre sur les établis, dans les tiroirs, dans les allées, dans les magasins, ne doit pas être toléré. Il donne de mauvaises habitudes, crée un état d'esprit déplorable, entraîne une détérioration toujours gravé de l'outillage, provoque fréquemment des accidents.

On ne peut admettre que les meules d'affûtage, les outils de coupe, les marbres de traçage soient mal entretenus, que les outils soient mal emman-chés, les instruments de vérification faussés ou laissés sans entretien.

Si l'atelier est propre, ordonné, bien éclairé, confortable, l'élève travaille avec joie dans le calme et son attitude témoigne application et respect. La bonne tenue des ateliers contribue à la formation morale du personnel et des élèves.

Les ateliers doivent être organisés rationnelle-ment comme toute entreprise. On considérera successivement les problèmes qui se posent au sujet des outils, des machines, des appareils et outils de vérification et de contrôle.

Pour réaliser l'approvisionnement en matières premières dans les meilleures conditions, les chefs de travaux et professeurs d'atelier réunissent une documentation sur les fournisseurs éventuels, sur les produits commerciaux nécessaires à l'école, sur les moyens propres à assurer la conservation de ces derniers. (Exemple : pour la conservation des bois, assurer l'aération et la ventilation des magasins.) Une inutile variété de matières premières est nuisible à l'approvisionnement, au stockage et à l'utilisation des produits. Il est nécessaire de nor-maliser les formes, les dimensions, les qualités, et par suite d'établir des exercices, avec des échan-tillons de départ inspirés des mêmes principes.

Après réception, c'est-à-dire contrôle en quan-tité et qualité, les matières premières et fournitures sont rangées dans un magasin général où des ca-siers assurent un classement méthodique avec grou-pement d'unités. Des fiches, dites d'inventaire permanent, permettent un contrôle d'entrée et de sortie. Les casiers, rayonnages, râteliers horizon-taux et verticaux, dcjivent être étudiés et réalisés pour faciliter le classement, le stockage, les manu-tentions et réduire l'encombrement.

L'opération de débit de la matière doit être faite avec soin, d'après les instructions formelles 62

fixant la qualité, le nombre, les dimensions des pièces brutes avec tolérances. Il en résultera un gain de temps et de matières premières. Les retouches et ébauches successives seront évitées.

Les outils sont rangés comme les matières pre-mières d'après les mêmes principes. Leur nombre et leur type doivent répondre à l'emploi qui pourra en être fait et aux conditions de normalisation du travail. L'outil doit être de la meilleure qualité et, tout particulièrement, quand le degré de fini dépend de cette qualité.

Dès que possible, l'élève est entraîné à remettre ses outils en état, même s'il s'agit d'outils tran-chants pour le bois, ou d'outils de coupe pour métaux. L'atelier est équipé en moyens mécaniques permettant d'effectuer les réfections.

Les outils individuels sont placés dans des tiroirs ou des casiers dont l'agencement a été spéciale-ment étudié. Us y sont rangés dans un ordre rigou-reux constamment apparent.

Dans le magasin des outils collectifs, le classe-ment, l'ordre et la tenue ne souffrent aucune négligence. Il est souhaitable que la distribution puisse être assurée par les élèves à tour de rôle. Dans ce but, il conviendra d'enseigner la termino-logie afin que l'élève demandeur et l'élève distri-buteur désignent, par les mêmes termes, les outils, les formes, les dimensions, les qualités. Tout outil sortant du magasin doit être en parfait état d'em-ploi. A chaque instant, le professeur doit pouvoir dire, d'un outillage quelconque, où il se trouve et qui en est responsable (employer un système d'identification : jetons, bons, fiches, etc.). Un outillage, composé d'une série d'outils nécessaires pour réaliser une opération, peut être délivré contre un seul bon.

Les machines-outils seront choisies après une étude minutieuse découlant des besoins de l'appren-tissage et d'une documentation étendue sur les possibilités du marché. Par souci d'économie à l'achat et d'adaptation pédagogique, il convient d'installer des machines simples pour la première année d'apprentissage. Elles doivent être cependant de haute qualité.

Pour faciliter les déplacements éventuels des machines, on évitera, sauf nécessité absolue, de les sceller sur des massifs de maçonnerie. Les machines, choisies de préférence à commande individuelle, seront implantée? dans l'atelier de telle sorte que

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l'alimentation en force motrice soit simple, que l'en-tretien des locaux soit facile, que les dégagements soient suffisants pour éviter les accidents. Des protecteurs envelopperont les mécanismes en mou-vement, suivant les règlements du code de la sécu-rité. U faudra veiller à leur maintien en place. Lorsque plusieurs machines voisineront, les dispo-sitifs de mise en marche seront placés de façon qu'il n'y ait pas de confusion possible entre eux.

Pendant les réglages dangereux, il est recom-mandé de supprimer les fusibles sur la ligne d'ali-mentation. U est souhaitable que tous les moteurs de machines soient protégés par un contacteur-disjoncteur général et un interrupteur général à commande manuelle.

Mis en bonne place, auprès de la machine, des tableaux simples ou des fiches de caractéristiques rappelleront les instructions du maître. Facilement lisibles, ces fiches doivent être établies, pour toutes les machines, de façon uniforme. Sur chaque ma-chine le poids et la puissance seront indiqués en gros caractères.

Le professeur dressera un plan d'entretien du matériel, notamment de graissage, visites, change-ments d'huile, etc. En fin d'année, il procédera à une vérification géométrique de chaque machine, permettant d'en chiffrér l'usure et d'établir un programme de réparations. Les appareils de levage (ponts roulants, moufles, élingues) seront vérifiés chaque année avec les surcharges réglementaires. On aura soin d'observer les prescriptions légales d'utilisation et d'entretien des appareils de produc-tion et de transport de force motrice, thermique et électrique.

Les appareillages des machines seront rangés dans des casiers de service ou sur des panneaux muraux de façon à assurer un inventaire et un contrôle permanents. Les machines-outils et appa-reillages seront obligatoirement mis à la disposition de tous les élèves.

Les instructions relatives au classement et à l'entretien des outils s'appliquent intégralement aux appareils de mesure, de vérification et de contrôle. Le plan de répartition et d'avancement du travail doit permettre un contrôle permanent de l'effort de chaque élève et de chaque section.

VII. — QUALIFICATION. POLYVALENCE SPECIALISATION

L'Enseignement Technique donne à ses élèves une qualification, d'un degré élevé, qui devient complète après un stage dans l'industrie. Il rejette le pur dressage manuel qui consiste en un montage de réflexes, répondant à quelques consignes peu nombreuses et bien déterminées. L'Enseignement Technique forme des ouvriers capables de réfléchir, de faire appel à leur intelligence, à leurs connais-sances, à une pratique manuelle assez étendue, pour résoudre des problèmes techniques plus ou moins compliqués.

Tout élève doit recevoir une formation polyva-lente qui lui permette d'acquérir une vue assez large sur l'ensemble des opérations exigées dans une famille de métiers. Tout ouvrier doit avoir des

données valables sur les métiers les plus voisins du sien.

Pour acquérir suffisamment de pratique ma-nuelle et intellectuelle, pour approcher la perfection dans l'exécution, tout élève doit un certain moment se spécialiser sur un groupe d'opérations présentant une unité, et constituant un métier. La spécialisa-tion de l'ouvrier achève la qualificaspécialisa-tion. Elle est plus ou moins accessible selon les métiers. Elle trouve sa forme la plus élevée dans la haute spé-cialisation de l'ingénieur. L'importance relative de la polyvalence et de la spécialisation varie d'une famille de métiers à une autre, d'un métier à l'autre et même d'une fonction à une autre dans un même métier.

L'orientation professionnelle pratique, c'est-à-dire le « papillonnage » de l'élève entre les ateliers les plus divers (mécanique, forge, menuiserie, cordon-nerie, reliure, etc.), peut occuper toute l'année pré-paratoire des C. T. (classe de 5e) ou des E. N. P. (classe de 4"). Les nécessités de l'apprentissage empêchent qu'on lui consacre plus d'un trimestre dans les établissements qui ne disposent pas d'une année préparatoire.

POLYVALENCE

La formation donnée en première année sera polyvalente, quelle que soit la spécialité future. Elle portera sur l'ensemble des métiers d'une même famille. Elle se proposera de donner une formation générale technique de base. Accessoirement, elle permettra de déceler des aptitudes et constituera une forme précise d'orientation à l'intérieur d'une famille de métiers.

Pour les métiers de la mécanique, en première année d'études, la même formation sera donnée aux futurs ajusteurs, tourneurs et fraiseurs. Elle com-prendra des travaux à l'étau et aux machines (per-ceuse, raboteuse), un court stage au tour et à la fraiseuse ; éventuellement, un stage aux métaux en feuilles.

Pour les métiers du bois, formation commune, en première année, des futurs menuisiers, ébénistes, charpentiers, modeleurs.

Pour les métaux en feuilles, même formation pour tous les élèves pendant la première et la deuxième année.

Pour les électriciens-monteurs, la formation est celle des ajusteurs pendant la première année. Les électro-mécaniciens recevront aussi la formation de l'ajusteur pendant les première et deuxième années.

SPECIALISATION

Dans les métiers de la mécanique on distinguera, dès le début de la deuxième année et jusqu'à la fin de la troisième, trois spécialités : ajustage-montage, tournage, fraisage. 80 % environ de l'activité sera consacrée à la spécialité. Il est bien entendu que les travaux à Pétau-limeur, à la perceuse, la rectification plane, entrent normalement dans la spé-cialité ajustage-montage. Une part de 20 % sera réservée à la polyvalence : l'ajusteur fera des stages importants au tour et à la fraiseuse ; le tourneur et le fraiseur se livreront aux activités 63

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complémentaires de leur spécialité ; en deuxième année, ajustage, affûtage des outils, forge et trai-tements thermiques ; en troisième année, rectifica-tion, décolletage..., éventuellement, tours spéciaux pour les tourneurs.

Dans les métiers du bois on distinguera, dès le début de la deuxième année, quatre spécialités : la menuiserie, l'ébénisterie, la charpente, le modelage ; la menuiserie et l'ébénisterie auront au cours de la deuxième année une forte proportion de travaux communs.

L'électricien-monteur se spécialise au début de la deuxième année. La formation de l'électro-mécanicien devrait s'étaler sur quatre années : les deux premières consacrées à l'ajustage, les deux dernières à la spécialité.

Dans les métaux en feuilles la spécialisation aura lieu au début de la troisième année, les élèves se répartissant entre les sections suivantes : alliages légers, soudure, tôlerie-chaudronnerie.

La quatrième année, dans les établissements où elle serait susceptible d'exister, pourrait être une année de polyvalence ou de spécialisation, selon le but recherché ; spécialisation, pour les métiers de haute qualification (modeleur, électro-technicien, radio-électricien, horloger, etc.) ; poly-valence, pour la formation des futurs agents de maîtrise (contremaître, chef d'atelier) ; spéciali-sation, pour les agents des fonctions techniques (dessinateur d'outillage, chronométreur-analyseur, préparateur de fabrication, ceci étant plus particu-lièrement du ressort des E.N.P.).

CONCLUSION

1. Le professeur d'atelier est un éducateur averti, un technicien qui aime et connaît son métier! un homme cultivé qui conserve très vive sa curio-sité d'esprit.

2. Le maître dévoué est avare du temps de ses élèves et prodigue du sien. Il réalise autour de lui une atmosphère de travail, d'ordre, d'application et recherche le meilleur rendement pédagogique. Il organise son enseignement de manière à faire tra-vailler efficacement tous les élèves. Le maître et l'enseignement sont au service de l'élève.

3. Les méthodes d'éducation de l'Enseignement Technique sont fondées sur la connaissance de l'élève. Le professeur d'atelier aime ses élèves et s'efforce de les connaître et de les comprendre.

4. L'élève qui a l'ambition de s'élever par le métier et le désir ardent de bien faire, voit ses moyens décuplés. Le maître a le souci d'éveiller constamment l'intérêt de l'élève, de le stimuler, de le renouveler. Très vive au début de l'apprentissage, l'attirance du travail manuel et du métier doit se maintenir jusqu'à la fin de la scolarité.

5. L'apprentissage est autre chose qu'un dres-sage manuel. L'enseignement donné aux ateliers s'adresse à la fois à la main et au cerveau Le plus puissant allié du maître est l'intelligence de l'élève. L'apprenti est naturellement curieux et désireux de connaîtrai L'essentiel est de savoir faire appel à son intelligence. Tout travail nouveau est d'abord travail de pensée : il comporte des

données, des recherches, une ou plusieurs solutions. Il devient ensuite un problème pour la main qui doit faire la preuve de son adresse. L'Enseigne-ment Technique développe l'esprit d'initiative et met en jeu toutes les ressources du caractère et de l'intelligence.

6. La progression comprend la liste des opéra-tions de travaux exigées d'un bon ouvrier et d'une bonne ouvrière dans l'industrie, ce qu'il ne faut pas confondre avec la liste des exercices permettant de préparer un examen. Après la période d'initia-tion, la progression est essentiellement constituée de travaux utilitaires ou industriels choisis en fonc-tion de leur valeur pédagogique. La progression doit être revisée fréquemment. Les buts pédago-giques seront atteints dans la mesure où l'on se rapprochera des résultats industriels normaux.

7. L'enseignement collectif s'adresse à la fois à tous et à chacun. Il serait à condamner s'il laissait les élèves passifs ou indifférents. Le maître doit exiger que l'élève, par les mains et par l'esprit, travaille au moins autant que lui.

8. L'enseignement individuel permet au profes-seur de mieux connaître l'élève, de le mettre en confiance, de multiplier les contacts entre l'élève et le métier. Il permet de constater les insuffisances de l'enseignement collectif et d'y remédier.

9. La décomposition du geste, suivie de l'asso-ciation de ses éléments, doit mener rapidement à son exécution correcte. Le geste professionnel s'acquiert par de courtes séances d'entraînement et non par un exercice continu. Les automatismes et les habitudes du métier, contrairement à une opinion courante, n'éliminent pas l'intelligence, mais la rendent disponible et lui permettent de s'exercer au cours même du travail sur un plan supérieur. L'ouvrier qualifié accomplit des tâches délicates et difficiles où l'intelligence doit fairte face aux difficultés qui surgissent à une cadence rapide. La main en possession de toute son habi-leté et merveilleusement assouplie devient aussi libre et aussi prompte que l'esprit.

10. La technologie et le desin sont parties fonda-mentales de la formation technique. Les cours dictés sont interdits. La leçon de technologie est avant tout explicative et fonctionnelle. Sans négliger la mé-moire, elle s'adresse surtout à l'intelligence. Elle doit être présentée d'une manière aussi vivante, concrète, imagée, expérimentale que possible.

11. L'apprenti doit s'initier à une « langue » nouvelle : le dessin industriel. Il doit être métho-diquement entraîné à la lecture, à la compré-hension du dessin, au tracé rapide de croquis simples, à l'exécution soignée des dessins normaux de la profession.

12. L'Enseignement Technique rejette la méca-nisation de l'apprenti, il laisse à l'entreprise la spécialisation rapide « sur le tas ». Il donne à tous ses élèves une qualification que quelques années de pratique industrielle mettent pleinement en valeur. Son système d'éducation fait, de ses élèves, des producteurs, des citoyens, des hommes capa-bles de rendre dç grands services à leur pays.

Paris, le 1" octobre 1948. 64

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